Cela faisait longtemps que les deux femmes ne s’étaient pas déchirées de cette manière. Ce n’était pas prévu, c’était arrivé bien trop vite sans que Danika ne comprenne comment la conversation avait pu prendre une telle tournure. Après tout, cela avait commencé parce qu’elle avait vu Mia avec Alec Strange. La conversation aurait dû rester sur toutes les raisons pour lesquelles cette relation était une mauvaise idée et elles avaient fini par parler de Lawrence et des sentiments que Danika refusait d’admettre depuis longtemps.
Elle était partie sans rien dire aux dernières piques lancées par son amie, sachant pertinemment que s’il restait une seconde de plus sur la plage, elle prononcerait des mots bien pire, laisserait place à violence qu’elle ne voulait pas montrer face à la personne qui la soutenait depuis des années. Alors elle s’était échappée dans la foule, les poings serrés, l’envie d’en découdre la rongeant de l’intérieur. Elle avait accordé un regard au feu de joie, avait ignoré les rires et la musique et toutes ses couleurs flamboyantes et était allée évacuer cette rage au fight club.
Ce n’était que lorsqu’elle s’était vidée de son énergie qu’elle avait fini par y voir plus clair, par regretter en partie ce qu’elle avait dit. Elle avait toujours eu du mal à admettre ses erreurs. Mais Mia faisait partie des rares personnes pour qui elle essayait de mettre sa fierté de côté. Ce soir-là, lorsqu’elle était rentrée tard, prétextant un entraînement au dojo et le besoin de se défouler, se glisser dans les bras de Lawrence n’avait pas eu le même sens alors que les paroles de son amie ne cessaient de raisonner dans son esprit, soulignées par les battements de son cœur.
Alors le lendemain matin, elle avait déposé un baiser sur la joue de son amant encore à moitié endormi, murmurant qu’elle allait voir Mia, le laissant avec le petit pour aller cherche une offre de paix. Les viennoiseries achetées, elle avait pris la direction de Spring Hill pour se rendre chez la journaliste, se battant contre son instinct qui lui disait qu’elle ne pouvait pas admettre la défaite aussi facilement. Mais Mia était son amie et cette amie lui importait trop pour qu’elle se laisse aveugler par sa fierté.
Lorsque la porte s’ouvre, elle ne sait pas si elle est prête mais au moins elle est là. « J’ai apporté des viennoiseries. » dit-elle en soulevant le paquet comme un drapeau blanc. Son ton est neutre, son visage aussi. Il n’y a plus de traces de la colère de la vieille.
Le plus gros de la tempête est passé. Le bruit au loin de la musique, du feu de joie qui crépite n’attire même plus mon attention. Je me suis éloignée de l’agitation de la foule. Eloignée de ce lieu qui est marqué aussi par cette dispute que j’ai eu avec Danika. Ma meilleure amie est celle qui a décidé de quitter le navire en premier. Ce navire, qui est celui de notre amitié, a beaucoup tangué sous les flots de paroles que nous avons pu avoir l’une envers l’autre. Tangué au point où je me demande si celui-ci n’a pas totalement chaviré et n’a pas été réduit à néant. Parce que notre échange a été virulent, les mots s’enchaînant et sortant d’entre nos lèvres sûrement trop vite. Elle n’a pas apprécié me voir au bras d’Alec Strange, cet homme avec qui je sors depuis plus d’un mois désormais, Cet homme au lourd secret, celui d’appartenir à un gang criminel. Danika ne le voit que comme ça, quand elle a été celle qui m’a mise sur la piste pour découvrir son secret. Elle qui m’a aussi fait promettre de me tenir éloigné de lui, une promesse que je n’ai pas pu tenir. Parce que les sentiments ont été beaucoup plus fort que la raison. L’incompréhension dans ses yeux, les reproches qu’elle a pu me faire résonnent encore alors que cette colère ne me quitte plus. Elle a fait un pas en arrière quand cette fois, c’est moi qui l’ai mise devant le fait accompli, lui rappelant qu’elle n’était pas la mieux placé pour me donner des leçons. Quand elle n’a pas su dire la vérité à son ex sur sa paternité, quand elle ne sait pas assumer ses sentiments pour cette même personne, qu’elle est incapable de comprendre parce qu’elle s’interdit d’être heureuse… Je regarde les vagues se fracasser sur le rivage, ressassant encore et encore cette discussion, les mots que j’ai pu lui adresser, les siens… Et ces interrogations qu’amènent tout de même cette conversation.
Ce soir-là, je préfère rentrer chez moi quand j’aurai pu me rendre chez lui. En quittant la plage, il me propose de le rejoindre mais je refuse, prétextant être fatiguée et ayant appris qu’une grosse réunion avait lieu demain matin tôt au journal. J’ai envie de le retrouver mais je sais que je serai incapable de savourer l’instant. Je ne voulais pas lui montrer ma colère, je ne voulais pas non plus lui montrer mes doutes. Parce qu’elle a su éveiller ceux-ci quand, jusqu’à maintenant, j’ai préféré peut-être les ignorer. Alors, ce soir, je rentre seule chez moi, ne montrant rien à mon meilleur ami avec qui je cohabite quand je pénètre dans l’appartement, filant vite me coucher pour oublier cette discussion pendant quelques heures.
Le lendemain matin, c’est un soupir qui s’échappe de mes lèvres alors que j’ouvre les yeux. Knox quitte l’appartement alors que je sors de la salle de bain, se rendant à l’hôpital pour suivre son traitement contre sa leucémie. Alors que je regarde le café s’écouler dans la tasse, j’entends quelqu’un toquer à la porte. Je me dirige alors vers celle-ci, m’attendant à y voir Alec, à qui je n’ai toujours pas donné de nouvelles depuis la veille. Mais lorsque j’ouvre la porte, ce n’est pas lui que je retrouve derrière celle-ci « J’ai apporté des viennoiseries ». J’observe alors ma meilleure amie agiter son petit sachet blanc. Je la fixe quelques secondes sans vraiment réagir puis ouvre un peu plus la porte pour la laisser entrer « Entre ». Je suis tout autant inexpressive, refermant la porte juste derrière elle.
« Tu veux un café avec ? » je demande alors que je me dirige vers la cafetière. Il y a un certain malaise, une tension quelque peu palpable. Je lui tourne le dos alors que je la laisse prendre place sur l’un des tabourets face au comptoir. Je me retourne enfin, « Tu es là pour qu’on fasse la paix ? ». Il y a ce petit sourire en coin sur mes lèvres pour lui montrer qu’il n’y a pas d’animosité dans ma question. Parce que, malgré tout, je reconnais aussi mes torts quand j’ai eu des mots durs à son encontre alors que, je le sais, les siens l’ont été parce qu’elle s’inquiétait pour moi et cette relation que j’ai avec Alec.
Il n’y a pas beaucoup de gens pour qui Danika était prête à mettre sa fierté de côté, à retourner sur les mots prononcés, pire à s’excuser. Mia en faisait partie, les deux femmes s’étaient déchirées à de nombreuses reprises par le passé mais rarement à ce point. Cela datait en
« Entre. » Au moins elle ne lui claque pas la porte au nez c’est déjà ça. Elle est inexpressive et Danika passe la pas de la porte, son regard parcourant l’appartement peut être à la recherche de trace de la présence d’Alec Strange dans la vie de Mia.
« Tu veux un café avec ? » « Oui s’il te plait. » Le malaise est palpable alors qu’elle la suit dans la cuisine, se retenant de fuir à vitesse éclaire. La brune s’installe sur la chaise haute, posant son sachet sur le plan de travail. « Tu es là pour qu’on fasse la paix ? » Danika remarque son sourire, la tension disparaissant un peu de ses épaules alors qu’elle se lève pour sortir une assiette pour mettre les viennoiseries dedans, habituée à prendre ses aises dans cet appartement.
« J’ai pas envie de me battre avec toi Mia. » Dit-elle sans la regarder, concentrée sur ses gestes plutôt que sur son amie. Non elle avait envie de se battre avec tout le monde sauf avec elle. Elle avait besoin d’elle, elle était un de ses piliers, elle s’était construite en s’appuyant sur elle et elle détestait se battre contre elle. Alors qu’elle s’installe de nouveau sur la chaise haute, qu’elle plante enfin son regard dans celui de Mia, elle marmonne « Je suis désolée. Pour ce que j’ai dit. » C’est déjà énorme pour elle, la phrase demandant bien plus d’efforts qu’elle ne veut l’admettre alors qu’elle se force à faire abstraction des mots prononcés par Mia. « Je n’ai juste pas envie que tu sois blessée Mia. » Elle n’approuvera jamais cette relation, pire la peur est toujours bien présente, inquiète de ce qui pourrait arriver à la jeune femme si elle devait un jour être utilisée comme moyen de pression sur le bras droit du Club.
Les mots que l’on a pu échanger hier soir, la virulence de ceux-ci résonne encore. Au réveil, la rancœur est toujours présente et pourtant, quand elle se trouve sur le pas de ma porte, je me refuse de lui claquer la porte au nez. Parce qu’elle reste ma meilleure amie, parce qu’on a déjà eu des disputes de la sorte et qu’elle n’est jamais revenue dès le lendemain. Je pense notamment à cette dispute après le décès de son père, où elle a préféré me rejeter que d’avouer qu’elle avait besoin d’aide. Je connais Danika, je la connais par cœur, je sais comment elle agit, je sais aussi pourquoi elle le fait. Même si j’ai pu lui reprocher cette froideur qui est sienne, c’est aussi comme ça que je l’accepte.
Nous nous avançons dans la cuisine, un air impassible me contentant de lui proposer un café pour accompagner les viennoiseries qu’elle a apporté « Oui s’il te plait ». Je m’approche de la cafetière, faisant couler un premier café tout en sortant une deuxième tasse du placard. Il y a un petit moment de silence, rompu uniquement par le bruit du café qui s’écoule dans le contenant, avant que je ne vienne le rompre totalement en demandant à Danika si elle est là pour qu’on fasse la paix. Il y a ce sourire au bout des lèvres comme pour la rassurer un peu dans son choix. Je la regarde se lever prendre une assiette alors que j’enclenche le deuxième café. « J’ai pas envie de me battre avec toi Mia ». Mon regard se tourne vers elle, alors qu’elle s’affère à déposer les viennoiseries dans l’assiette. Je ne réponds rien alors qu’elle reprend place sur le tabouret et que je lui dépose la tasse de café fumant devant elle. « Je suis désolée. Pour ce que j’ai dit ». Les mots sont à peine audibles mais cette fois, elle me regarde. J’ai ce regard un peu attristé en repensant à l’échange de la veille « Je suis désolée aussi Danika, je n’ai pas été tendre avec toi… ». Mon regard ne quitte pas le sien, juste un instant pour attraper ma tasse de café. Je fais le tour du comptoir et vient m’installer à ses côtés « Je n’ai juste pas envie que tu sois blessée Mia ». J’acquiesce doucement, comprenant son inquiétude. « Je le sais. Je comprends tes inquiétudes, vraiment… Mais j’aime Alec, il m’aime aussi et je sais qu’il fera tout pour me protéger… ». Je laisse échapper un soupir avant de reprendre « Je suis consciente du risque. Mais je préfère ne pas y penser… j’essaye de faire abstraction… de cette vie qu’il a choisi ». Je me voile la face, je le sais, tout comme j’essaye d’ignorer les inquiétudes que je peux avoir sur l’avenir de notre relation avec Alec.
« Je suis désolée aussi Danika, je n’ai pas été tendre avec toi… » Non, elle n’a pas été tendre, mais elle a été réaliste. La jeune femme ne répond rien, haussant les épaules. Ce n’est pas comme si elle allait changer.
« Je le sais. Je comprends tes inquiétudes, vraiment… Mais j’aime Alec, il m’aime aussi et je sais qu’il fera tout pour me protéger… ». Elle sert les dents, se forçant à ne pas répliquer, à accepter cette situation. Même si l’homme l’aime véritablement il reste le bras droit d’un gang, il reste quelqu’un qui vient de trahir son frère et qui en subira certainement les conséquences.
« Je suis consciente du risque. Mais je préfère ne pas y penser… j’essaye de faire abstraction… de cette vie qu’il a choisi. » Elle observe les traits de la jeune femme, y voit la volonté d’aimer cet homme peu importe les conséquences.
« Et tu y arrives vraiment à faire abstraction ? » Il est stupide l’espoir qui nait dans son cœur. Il est stupide parce qu’elle ne peut s’empêcher de se demander si Mia ferait abstraction si elle savait pour tous ses propres mensonges. Si elle connaissait la véritable raison des bleus sur sa peau, si elle savait à quoi elle occupe ses soirées et ses journées, si elle savait pourquoi le nom des Strange ne lui est pas inconnu.
Mais il est encore plus stupide de penser que Lawrence pourrait lui aussi abstraction. Parce qu’elle le connait. Et elle sait pertinent que si Mia prétend qu’elle peut ne pas y penser, ne pas accorder d’importance à ce « détail », ça ne sera pas le cas de Lawrence. Il n’arrivera pas à prétendre et il ne lui pardonnera pas ce nouveau mensonge. Il n’acceptera jamais cette vie dans laquelle elle s’est laissée embarquer. Elle ne sait même pas pourquoi elle se berce l’illusions que ça pourrait fonctionner quand cette relation est vouée à l’échec.
« Il s’est repassé un truc entre Law et moi. » finit-elle pas avouer, sa tasse brûlante entre les mains. « Et pas qu’une fois. » murmure-t-elle avant de boire une gorgée du café. Et les mots de Mia ne cessaient de raisonner dans ses oreilles, parce que oui, peut-être qu’elle aime ce type depuis des années et peut être que oui elle est incapable d’assumer.
« Et tu y arrives vraiment à faire abstraction ? ». Elle pose la question à laquelle je n’ai pas forcément envie de répondre. Parce que je pourrais me contenter de lancer un « oui totalement » et passer à autre chose, clore la discussion sur cette note. Mais ce serait d’une mentir à mon amie et de deux me voiler la face. Parce que, malgré tout, je n’arrive pas toujours à faire abstraction et j’ai moi-même des inquiétudes face à cette vie à laquelle Alec est lié. « Quand je suis avec lui, qu’on se retrouve le soir ou que je me réveille le matin dans ses bras, oui. Il n’y a pas de Club, il y a juste… nous deux ». Je marque une pause, remuant mon café doucement avec la cuillère, et poursuit tout en gardant fixer le liquide noir « Mais, dès que son téléphone se met à sonner, qu’il doit s’éclipser, évidemment non je ne peux pas faire abstraction. Tout comme la journée où je ne suis pas avec lui, que je crains qu’il puisse lui arriver quelque chose… Que j’apprenne aux informations qu’il a été arrêtée ou… ». Je ne prononce pas la fin de ma phrase mais Danika le comprendra avec le regard que je lui jette, celui d’une jeune femme inquiète « Mais c’est aussi le mensonge auquel finalement je fais partie qui m’empêche de faire abstraction. Quand je ne peux pas dire à mes proches qui il est vraiment… ».
« Il s’est repassé un truc entre Law et moi ». Mes yeux s’écarquillent alors, retournant mon regard sur elle « et pas qu’une fois ». Je suis partagée entre lui crier dessus parce que j’avais raison la veille ou me marrer parce qu’elle n’a pas pu se retenir. Et à vrai dire, c’est un peu des deux qu’elle aura « Je le SA-VAIS ! ». Je vois Danika un peu mal à l’aise et redevient un peu sérieuse « Ca veut dire que vous essayez à nouveau d’être… un couple ? Ou c’est juste du bon temps que vous prenez ? ». J’amène ma tasse de café à mes lèvres pour en boire un peu, mon regard ne quittant pas Danika d’une semelle, attendant avec impatience sa réponse.
« Quand je suis avec lui, qu’on se retrouve le soir ou que je me réveille le matin dans ses bras, oui. Il n’y a pas de Club, il y a juste… nous deux. » Bien sûr que Danika peut comprendre ce sentiment-là, c’est exactement ce qu’elle ressent ces derniers jours dans les bras de Lawrence. Cela renforce l’espoir que cela pourrait fonctionner. Alors elle acquiesce la tête, plus compatissante que la dernière fois une fois la colère passée.
« Mais, dès que son téléphone se met à sonner, qu’il doit s’éclipser, évidemment non je ne peux pas faire abstraction. Tout comme la journée où je ne suis pas avec lui, que je crains qu’il puisse lui arriver quelque chose… Que j’apprenne aux informations qu’il a été arrêtée ou… » Pire. Danika n’est absolument pas inquiète pour Alec Strange qui a l’air de s’en sortir parfaitement bien malgré la chute de son frère. Non Danika n’est inquiète que pour son amie qui risque gros, qui ne tiendra jamais dans son monde-là, qui pourrait être un dommage collatéral à n’importe quel moment. Pourtant elle se force à ne pas se lancer de nouveau dans ce discours, ferme une demie seconde les yeux en soupirant. « Sois prudente Mia, c’est tout. » Elle ne recommencera pas cette dispute qui ne mènera à rien. Pas aujourd’hui du moins.
A la place elle avoue que Lawrence et elle ont de nouveau repris leur relation, ou plutôt qu’il s’est de nouveau passé quelque chose entre eux. « Je le SA-VAIS ! » Un léger sourire amusé étire ses lèvres alors qu’elle boit unegorgée de café, fuyant son regard. « Ca veut dire que vous essayez à nouveau d’être… un couple ? Ou c’est juste du bon temps que vous prenez ? ». Le sourire se transforme en grimace, tant de questions auxquelles elle n’a pas envie de répondre parce que l’idée de mettre des mots sur les sentiments qu’elle a pour Lawrence la terrifie. « J’en sais rien…On s’engueule pas depuis des semaines…Maddox a appelé Law Papa la dernière fois pour la première fois. » Ca ne répond pas à sa question mais laisse entendre à quel point elle est perdue, son regard ne pouvant s’empêcher de pétiller pourtant alors qu’elle mentionne l’homme qui fait battre son cœur un peu trop vite ces derniers temps. « Si ça foire, il y a Maddox maintenant, je…c’est compliqué. »
« Sois prudente Mia, c’est tout ». Ses mots sont plus apaisés que la veille, elle est plus calme et semble accepter, ou du moins prétendre accepter, cette relation que j’ai décidé d’avoir avec Alec. Je comprends son inquiétude, elle qui m’a mise sur la piste qu’Alec pouvait me cacher quelque chose. Elle qui m’a permise au final de découvrir le secret duquel il a tenté de me tenir éloignée. Elle aussi qui est la seule à qui je vais pouvoir me confier à ce sujet « Je te le promets Dani’ » je fais alors en posant ma main sur la sienne. « Je comprends ton inquiétude et ton opposition face à cette relation. Mais j’ai besoin malgré tout de ton soutien. Parce que tu es la seule à qui je peux parler ouvertement de tout ça et la seule sur qui, je le sais, je pourrais compter… quoi qu’il arrive ». Je lui demande cette faveur, celle d’être là pour moi malgré tout ce qu’elle peut penser de cette relation. Je lui demande peut-être aussi que cette fois nous inversions les rôles, quand j’ai toujours respecté les choix qu’elle a pu faire, en étant à ses côtés malgré mon désaccord sur certain.
Danika passe aux aveux à propos de sa relation avec Lawrence, m’avouant qu’il s’est bel et bien repassé quelque chose entre eux. Elle ne me donne pas plus de détails, j’essaye d’en savoir plus en lui demandant s’ils essayaient de reconstruire quelque chose ensemble ou s’il s’agissait d’une relation sans attache… Ce que je crois difficilement, connaissant leurs antécédents… « J’en sais rien… On s’engueule pas depuis des semaines… Maddox a appelé Law Papa la dernière fois pour la première fois ». Elle reste assez évasive, ce qui me fait arquer un sourcil. Malgré ça, un mince sourire étire mes lèvres quand elle m’annonce que mon filleul semble avoir accepter Lawrence comme étant son père « Si ça foire, il y a Maddox maintenant, je… c’est compliqué ». Ses explications ne sont pas claires, elle ne répond pas à ma question et pourtant, je comprends où elle veut en venir « Vous vous donnez une chance… tu lui donnes une chance », je dis alors en toute bienveillance, doucement, pour l’inciter à parler davantage de cette relation de couple qu’ils tentent de reconstruire. « Laisses-toi aller Dani… Arrête de te poser dix milles questions. Ca marche, tant mieux, ça ne marche pas… tant pis. Tu auras essayé au moins ». Parce que les regrets de ne pas avoir essayé la rongeront davantage que les regrets d’avoir tenté à nouveau avec Lawrence. « Et pour Maddox, prenez le temps avant de l’inclure dans le « vous » que vous êtes en train de construire. Et je suis persuadée que même si ça foire, vous trouverez un moyen de vous entendre au moins pour le petit, sans qu’il en pâtisse. ».
Cette relation est tout sauf une bonne idée. Mia s’y brûlera les ailes, Danika en est persuadée. D’une manière ou d’une autre elle sera blessée à cause de ce Alec Strange, peu importe qu’elle arrive à accepter sa vie, peu importe qu’il l’aime, elle deviendra un dommage collatéral, une cible utilisée pour le blesser lui. Car s’il l’aime autant qu’elle le prétend, il n’y a pas de doute que blesser Mia sera une cible de choix pour atteindre le Strange.
« Je te le promets Dani’ » Elle pose sa main sur la sienne et Danika retient les mots durs qu’elle pourrait prononcer, qu’elle ne s’inquiète pas du fait que Mia sera prudente mais du fait qu’Alec ne le sera pas, que les gangs ne le seront pas. Elle n’est pas là continuer l’engueulade qu’elles ont eu la veille, aussi se force-t-elle à rester silencieuse. « Je comprends ton inquiétude et ton opposition face à cette relation. Mais j’ai besoin malgré tout de ton soutien. Parce que tu es la seule à qui je peux parler ouvertement de tout ça et la seule sur qui, je le sais, je pourrais compter… quoi qu’il arrive » Elle se contente d’hocher la tête doucement, plantant son regard dans le sien. Bien sûr qu’elle ne l’abandonnera pas, bien sûr qu’elle sera là pour elle. « Je serai toujours là. » Peu importe le reste.
Danika soupire lorsqu’elle parle de Lawrence, peu à l’aise à l’idée d’exprimer ses sentiments vis-à-vis de l’homme. « Vous vous donnez une chance… tu lui donnes une chance » Alors pourquoi a-t-elle l’impression d’être sur un bateau en train de couler ? Un bateau qui ne flottait déjà pas dès le moment où ils étaient montés dessus. « Laisses-toi aller Dani… Arrête de te poser dix milles questions. Ca marche, tant mieux, ça ne marche pas… tant pis. Tu auras essayé au moins. Et pour Maddox, prenez le temps avant de l’inclure dans le « vous » que vous êtes en train de construire. Et je suis persuadée que même si ça foire, vous trouverez un moyen de vous entendre au moins pour le petit, sans qu’il en pâtisse. ». Son regard fuit et elle ne dit rien. Tout simplement parce qu’elle refuse de lui donner raison après les paroles qu’elle a prononcé la veille sur le fait d’être incapable de s’ouvrir et d’être heureuse. Elle ne les a pas oubliées, aussi se contente-t-elle d’hausser les épaules. « On verra.. » Mais elle en a envie cette fois, d’essayer.
Elle ne veut plus parler de ces sujets qui fâchent, souhaite simplement manger ses viennoiseries et discuter de tout et de rien avec la jeune femme, au moins la tempête est passée.
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Le plus gros de la tempête est passé. Le bruit au loin de la musique, du feu de joie qui crépite n’attire même plus mon attention. Je me suis éloignée de l’agitation de la foule. Eloignée de ce lieu qui est marqué aussi par cette dispute que j’ai eu avec Danika. Ma meilleure amie est celle qui a décidé de quitter le navire en premier. Ce navire, qui est celui de notre amitié, a beaucoup tangué sous les flots de paroles que nous avons pu avoir l’une envers l’autre. Tangué au point où je me demande si celui-ci n’a pas totalement chaviré et n’a pas été réduit à néant. Parce que notre échange a été virulent, les mots s’enchaînant et sortant d’entre nos lèvres sûrement trop vite. Elle n’a pas apprécié me voir au bras d’Alec Strange, cet homme avec qui je sors depuis plus d’un mois désormais, Cet homme au lourd secret, celui d’appartenir à un gang criminel. Danika ne le voit que comme ça, quand elle a été celle qui m’a mise sur la piste pour découvrir son secret. Elle qui m’a aussi fait promettre de me tenir éloigné de lui, une promesse que je n’ai pas pu tenir. Parce que les sentiments ont été beaucoup plus fort que la raison. L’incompréhension dans ses yeux, les reproches qu’elle a pu me faire résonnent encore alors que cette colère ne me quitte plus. Elle a fait un pas en arrière quand cette fois, c’est moi qui l’ai mise devant le fait accompli, lui rappelant qu’elle n’était pas la mieux placé pour me donner des leçons. Quand elle n’a pas su dire la vérité à son ex sur sa paternité, quand elle ne sait pas assumer ses sentiments pour cette même personne, qu’elle est incapable de comprendre parce qu’elle s’interdit d’être heureuse… Je regarde les vagues se fracasser sur le rivage, ressassant encore et encore cette discussion, les mots que j’ai pu lui adresser, les siens… Et ces interrogations qu’amènent tout de même cette conversation.