| | | (#)Mar 30 Mar 2021 - 18:42 | |
| Les vacances approchaient à grand pas, ça faisait plus d’un an maintenant que je n’avais même pas eu plus de quatre jours consécutifs de repos et là, c’est deux semaines, oui, deux belles semaines qui m’attendaient. Il me reste une semaine à tirer et j’étais quand même assez crevée ces derniers temps. Je me remettais tout juste de mes émotions personnelles, ces derniers mois avaient été intenses et petit à petit, ça allait bien mieux. Ma dernière dispute avec Greg remontait à plusieurs semaines – on dirait un exploit et franchement, ç’en était un mais tant mieux et pourvu que ça dure. Je m’étais fais une belle frayeur, deux semaines auparavant avec un retard de mes périodes de quelques jours alors que j’étais normalement réglée comme du papier à musique. Mais aucun accident de bébé à gérer, tout était finalement rentré dans l’ordre, je pense que ma fatigue joue également sur mes hormones. Il est bien temps de prendre du temps pour moi : détente. Je n’avais rien prévu de particulier d’ailleurs pour ces deux semaines, si ce n’est que Greg a pu aussi se dégager un peu de temps et qu’on allait sans doute décider de partir au moins deux ou trois jours pour prendre le large, mais rien de bien concret pour le moment. Ce soir, j’étais conviée à une soirée particulière, toujours pour le travail. L’emporium Hotel était l’endroit qui nous accueillait pour cette réunion avec le staff de la mairie de Brisbane. Monsieur le maire en personne et quelques-uns de ses adjoints, une réunion en somme pas si intéressante, pas si importante, mais James m’avait juste demandé de bien vouloir m’y rendre, pour représenter l’association Beauregard. Ecouter parler politique libérale pendant des heures ne m’enchantait guerre mais il fallait bien se faire violence, les subventions allaient tomber rapidement et la ville de Brisbane faisait partie de nos financeurs privilégier et bien entendu de nos partenaires principaux. Alors quand nous sommes invités à un événement, bien entendu qu’il faille répondre présent. En tant que directrice de la branche Brisbane, je n’avais pas le choix que de m’y rendre. Trois longues heures à table, trois longues heures à regarder l’aiguille bouger au ralentie sur cette horloge en face de moi. Je souriais, riais parfois en me raclant la gorge après avoir un peu trop forcé. Heureusement que le vin était bon, heureusement que Greg devait venir me chercher d’ailleurs après ça. En parlant de lui… sms reçu il y a une demie heure déjà, je n’avais pas fait attention plus tôt. Il avait du partir en renfort sur une intervention et me disait ne pas pouvoir venir me chercher. Il ferait venir un taxi… je répondis rapidement que j’allais me débrouiller et que je ferai une note pour l’association. C’était bien le minimum. Je profitais donc de cette excuse de dernière minute pour m’échapper, en saluant tour à tour toutes les personnes autour de cette table, Monsieur le Maire en dernier, le remerciant pour cette hospitalité… une fois les courbettes faites, je pouvais disparaitre. Détour par les toilettes avant de sortir prendre mon taxi. « Si tu savais… j’en ai eu pour mon argent, sans faute oui. » je m’excusais auprès de cette femme seule au téléphone, appuyée contre le lavabo. Un sourire gêné sur le visage, je lui fis un signe pour qu’elle se décale afin de me laisser passer pour accéder aux cabinets. Elle se bougea à peine, bien trop occupée par sa conversation que j’ai pu suivre tout le long, pas du tout gênant. « Je te donnerai ses coordonnées… » faisant mon affaire, je ressors deux minutes plus tard. « 600 dollars… pour toute la soirée, je vais devoir rentrer, Alex n’arrête pas de m’appeler, il est insupportable. » pauvre Alex. J’avais rapidement compris de quoi elle parlait et alors que je me lavais les mains, elle s’éclipsa juste après avoir raccrocher son téléphone. Je la suivi peu de temps après, tombant sur elle dans le hall de l’immeuble au bras de l’homme dont elle parlait plus tôt. Je préférais ne pas trop trainer par-là, ils se dirigeaient vers la sortie, quand ils s’arrêtaient tous les deux net devant moi, ma poitrine percuta alors le dos de cet homme bien plus grand que moi. « Désolée. » ca pue le sexe à milles kilomètres par ici. Alors que j’allais juste me décaler pour les dépasser et sortir, mon regard croisa celui de. « Byron ? ! » oh merde. Est-ce que c’est une vanne ?
@Byron Oberkampf |
| | | | (#)Jeu 8 Avr 2021 - 9:02 | |
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Un téléphone se cesse de vibrer. Son téléphone. Exaspérée. Elle le jette loin du lit. Son mari. Il n’arrête pas d’essayer de la joindre. Elle est occupée. Trop occupée pour répondre. Elle est avec moi et ne pense à rien d’autre.
Bagatelles accomplies. Je file sous la douche. Elle me rejoint. Elle en veut encore. Nous remettons le couvert, dans l’humidité ambiante.
Je me rhabille. Nous sortons de la chambre. Comme si de rien n’était. Nous prenons l’ascenseur. Nous sommes seuls. Nous nous regardons. Un sourire aux lèvres. La même idée nous traverse l’esprit. Est-ce bien sérieux ? Nous avons suffisamment brûlé de calories pour la soirée. Une prochaine fois, peut-être. N’abusons pas trop des bonnes choses. Nous arrivons au rez-de-chaussée. La porte s’ouvre. Malgré l’heure tardive, beaucoup de monde se trouve dans le grand hall de l’hôtel. Nous sortons, un de mes bras enserre ses hanches. « Oups, j’ai oublié de me refaire une beauté. Tu m’attends ‘Chéri’ ? ». Elle se libère de mon étreinte et marche vers les toilettes. Avant qu’elle ne tourne et disparaisse. Seul dans le hall, je regarde les va-et-vient du personnel aux petits soins avec la clientèle. De vrais professionnels. Serviables et discrets. Je jette un coup d’œil à la réception. À la recherche d’un visage familier. Noé. Lors de ma précédente venue, pour affaire, il me semble l’avoir aperçu. Réceptionniste ici, est-ce son nouveau job ? Je vais devoir faire attention, assuré mes arrières. Même si nous nous sommes perdus de vue.
Je vois revenir ma cliente. Toute pimpante. Elle s’approche, elle dépose un baiser sur ma joue. Je remets ma main autour de ses hanches. Nous avançons et traversons le hall majestueux. Devant nous, un groom traverse, poussant un chariot sur lequel sont disposés quelques sacs de voyage. Nous stoppons net. Sans prévenir. Derrière moi, je sens quelqu’un me heurter, probablement surpris par notre arrêt brutal. J’entends une voix féminine. Un « Désolée ». Je ne fais pas attention. Je vois simplement une femme à la trentaine flamboyante me déborder sur la gauche. Au premier coup d’œil, je ne la reconnais pas. Puis nos regards se croisent. À défaut de tomber sur Noé, me voilà mal embarqué avec Noa. Elle me reconnaît. Que dois-je faire ? L’ignorer ? Pour qu’elle aille tout raconter à Grégory. À son regard posé sur moi, je sais qu’elle sait. Comment ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne peux la laisser partir. De peur qu’elle lâche le morceau. Et que Grégory arrive comme une trombe chez lui. L’engueule et lui fasse des leçons de morale. Je dois circonscrire l’incendie avant qu’il ne soit trop tard. Je m’arrête. Je prends une profonde respiration. Je tourne le visage vers ma cliente. Je lui glisse quelques mots au creux de l’oreille. Je retire ma main de sa hanche et la laisse prendre de l’avance. Je tourne le visage vers la compagne de mon parrain, feignant l’étonnement : « Noa ! Quelle bonne surprise ! ». J’affiche un sourire de façade, pour garder une certaine prestance. J’ai peur, mais je préfère ne pas paniquer. « Je suis ravi de te voir ! Tu as une mine radieuse ! » Tente-je, pour arrondir les angles et éviter qu’elle ne prenne la mouche. Peut-être que le sujet de ma présence en ces lieux, en charmante compagnie, ne va pas être au cœur de la conversation. Je retiens mon souffle. « Greg est là ? » Je balaie le hall du regard pour reposer mon regard sur Noa. Il ne manquerait plus que ça… Et il ne me resterait plus qu’à me faire sauter la cervelle.
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| | | | (#)Sam 24 Avr 2021 - 6:37 | |
| « Noa ! Quelle bonne surprise ! » Je suis pas certaine que ce soit réellement le terme, bonne surprise. Parce que pour moi, même si je suis ravie de revoir Byron, dans ces circonstances, j’en suis pas vraiment sûre. Est-ce qu’il imagine une seconde que j’ai pu entendre la conversation de cette nana qui est à son bras ? Est-ce qu’il se doute un instant que j’ai de gros doutes sur ce qu’il fait avec elle ? Est-ce que je me suis un peu emballée avec des conclusions hâtives ? Aucune idée, mais bon, elle avait été assez clair au téléphone et d’ailleurs, peut-être un peu trop ? Je suis gênée, j’ai pas envie d’être là, j’ai pas envie d’être confrontée à ça. Je sors un sourire qui est loin d’être spontané. « Je suis ravi de te voir ! Tu as une mine radieuse ! » Mes yeux vacillent entre lui et elle, je mets un instant avant de répondre. « Merci. » machinalement, je remets en place le moindre de mes cheveux qui joue le rebelle, comme pour gagner du temps. De toute façon, je n’allais pas interrompre leur moment. Quel moment, d’ailleurs ? « Greg est là ? » il a pas l’air très confiant non plus Byron. Est-ce par précaution ? Est-ce qu’il se demande si son parrain allait débarquer pour lui demander de lui présenter sa copine ? Qu’il se rassure, Gregory n’était pas dans le coin, la situation n’en serait que plus gênante. « Non, non, je suis venue pour le travail, je suis seule. » pas d’inquiétude, de ce côté-là, en tout cas. Mon œil est forcément attiré vers cette femme et il m’est de plus en plus difficile de cacher mes interrogations. « Je voudrai pas vous interrompre… » J’ai l’impression de voir sur son visage qu’elle me remet rapidement, la femme qu’elle a croisé dans les toilettes peu de temps avant, c’est bien moi. « On allait se quitter. » qu’elle lance assez froidement, comme si effectivement, j’allais interrompre quelques chose ou alors, peut-être qu’il allait simplement la raccompagner pour prendre un taxi et empocher son argent ? Elle se tourne vers Byron et dépose ce qui ressemble à un doux baiser sur sa joue avant de s’éloigner un peu de lui. « A bientôt. » et la voilà qui disparait en dehors de l’hôtel. C’est comme ça que ça s’passe alors ? Un bisous et on se quitte ? Et à bientôt ? « Tu fidélise. » que je lance alors sans vraiment avoir pris conscience de ce que je venais de lâcher. Je le regarde, désolée pour cette remarque déplacée. « Excuse-moi… j’étais aux toilettes y a deux minutes avec elle, elle a eu une conversation téléphonique plutôt explicite sur tes activités… » c’était peut-être mieux que je sois franche avec lui… |
| | | | (#)Mar 27 Avr 2021 - 1:52 | |
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Lorsque je la vois, je feins la surprise. L’heureuse surprise. Néanmoins, dans le fond, j’aurais préféré ne pas la croiser ici. Pas elle. Je vois ses yeux passer d’elle à moi. Petit à petit sa réflexion se construit. Aucun doute. Elle comprend. Je ne suis pas à l’hôtel pour rien. Avec une femme d’âge mûr. De vingt ans mon aînée. Je tente de faire bonne figure. Je la complimente. Avant de craindre le pire. Qu’elle découvre les choses. Ça passe encore, même s’il y a moyen d’en douter. Une chose est certaine, je ne veux pas que Gregory déboule et découvre le pot aux roses. Je ne le supporterais pas. Il ne comprendrait pas. Il serait véhément. Il me ferait la morale. Comme souvent. Je m’enquis de sa présence. Une montée de stress. Elle me rassure. Elle est seule. Les traits de mon visage se détendent. Elle observe ma cliente. Leurs regards se croisent. La connaît elle ? Faussement, elle s’excuse de nous interrompre. Comme un ultime coup de grâce. Ma cliente se sent de trop. Fautive et prise la main dans le sac de l’infidélité ? Peut-être. Elle préfère s’éclipser. Nous laisser seuls. Elle dépose un baiser sur ma joue, me dit à bientôt. J’aurais pu garder le silence, le moment étant suffisamment gênant. À quoi bon ? Elle sait. « On s’appelle ! » Je pose une main, quelques instant sur ses fesses, avant qu’elle ne file dare dare. Nous ne sommes plus que nous deux. Presque seuls dans ce grand hall. « Tu fidélise. » Me sort-elle. Cash. Je la défie du regard. Je ne dis mot. Je reste impassible. Ses yeux la trahissent. Elle regrette déjà ses propos. Si justes. Et si violent à la fois. Je m’apprête à lui répondre lorsqu’elle poursuit. Sans ambages, elle met tout sur la table. Tout ce qu’elle sait. « Excuse-moi… j’étais aux toilettes y a deux minutes avec elle, elle a eu une conversation téléphonique plutôt explicite sur tes activités… » Au moins, elle ne prend pas de chemins de traverse pour arriver à son but. Nerveux, je souris nerveusement et passe une main dans les cheveux. Mon cœur s’emballe. Toujours silencieux. Je cherche mes mots. « Chacun combat avec ses propres armes... » Je ne vais pas rechigner à me faire de l’argent facile, même si cela implique de me rabaisser aux désirs et exigences d’autrui. De perdre de ma superbe et de me transformer en objet sexuel. « L’argent rentre, c’est ce qui compte ! » Même si cela m’entraîne en dehors des sentiers battus. Je ne fais que suivre la voie tracée par ma mère. Un point commun qui noue lie. Cela, Noa l’ignore, probablement. Je respire doucement, avant de poursuivre. « Tu vas le dire à Greg ? » Gregory. Toujours lui. La crainte qu’il apprenne mes activités pas très licites ne me réjouis pas. J’ai peur de le voir débouler, en rogne, remonté comme un coucou. Pour m’engueuler comme un gamin de quatre ans pris sur le fait, les poches pleines de bonbons. Comme s’il avait encore prise sur moi… Juste parce qu’il est mon parrain. Je mène ma vie comme ça m’enchante. Il n’ a rien à dire. Pourtant, son ombre plane toujours sur moi. À la fois terrifiante et protectrice. Comme si j’étais une petite chose fragile. Sans défense.
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| | | | (#)Mar 11 Mai 2021 - 7:09 | |
| Le visage de Byron est tout de suite moins crispé lorsque je lui dis être seule. Pas d’inquiétude, Greg n’est pas dans le coin et ne risque pas de venir. Il est en mission et est en train de vivre ses dernières heures sur le terrain, il a une tonne de dossier à boucler – ou essayer de boucler – avant de quitter ses fonctions, autrement dit, vraiment Byron n’a aucune crainte à avoir. Quant à moi, ça allait aussi devenir mon problème, parce que je sens à dix kilomètres sa demande à venir : ne rien dire. Et là, ca va être compliqué. Autant, je comprends que Byron n’ai pas envie que ses activités se sachent et encore moins pour Greg, mais si Greg fini par l’apprendre et sait que j’étais au courant… c’est moi qui vais passer un sale quart d’heure. Bon, pas la peine d’être alarmiste, nous n’en étions pas encore là… « Chacun combat avec ses propres armes... » je voulais pas être dans le jugement, mais forcément, entre avoir des belles paroles sur la liberté des uns et des autres, lorsque ça ne nous concerne pas vraiment et restée objectives lorsque, tout d’un coup, ça touche quelqu’un qu’on connait, y a un fossé… Mais qu’est-ce que Byron avait bien à devoir combattre, comme il le dit ? « L’argent rentre, c’est ce qui compte ! » un problème d’argent ? Je le croyais avec un travail stable, cuisinier, il me semblait… peut être que c’était sa couverture, pour qu’on ai pas à lui poser de question. Pour que Greg n’ait pas à lui poser de question. « Tu vas le dire à Greg ? » la voilà la question. Il ne me dit pas directement de ne rien lui dire, mais il suffit de savoir lire entre les lignes, d’observer son attitude à la seconde même où il avait prononcé le prénom de mon petit ami. Je fronce les sourcils, mal à l’aise, sans trop savoir quelle réponse lui apporter. « Il faudrait ? » que je lui demande, qu’est ce qu’il en pense. « Tu voudrais pas qu’on aille se poser ? » est-ce qu’il avait réellement envie de s’installer autour d’un verre pour évoquer tout ça ? « Ce serait plus simple que dans un hall d’hotel avec tout ce passage… » on gêne les gens qui veulent passer, on est en plein milieu du hall. « Qu’est-ce que j’suis censée faire ? » qu’il me le dise, c’était ses histoires, pas les miennes au finale… mais j’avais quand même besoin de comprendre pourquoi il faisait tout ça. S’il avait des soucis, si on pouvait l’aider d’une manière ou d’une autre… |
| | | | (#)Ven 14 Mai 2021 - 14:48 | |
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Je suis soulagé d’entendre que Greg n’est pas là. La rencontre fortuite se serait transformé en moment extrêmement gênant. Plus qu’actuellement ? Probablement, avec des testostérones en plus. Je sens son regard sur moi. Celui d’une personne qui découvre un terrible secret. Qui peut impacter sa propre vie. Son cerveau mouline. Elle est dans une situation délicate. Elle connaît mon secret. Elle n’est pas dupe. Son ‘Tu fidélises ?’ raisonne dans ma tête. Sa proximité avec Greg me fait craindre le pire concernant la suite. Saura-t-elle tenir sa langue ? Déjà son regard en dit long. Elle est dans le flou total. Mon image se brise. « Il faudrait ? » Demande-elle. ‘A ton avis… Nooooooooon !’ Mon teint devient blafard. Je suis grillé. Elle ne va pas pouvoir garder sa langue dans sa poche. Elle va lui dire. C’est certain. Je ne me fais pas d’illusion. Ma relation avec Greg, qui n’a jamais réellement été au beau fixe, va imploser. Il va me réprimander comme si j’étais un gamin de huit ans, pris la main dans le pot de confiture. « Hors de question ! Il s’agit de ma vie privée. Il n’a pas son mot à dire. Toi non plus d’ailleurs ! » Dis-je assez sèchement. Ils n’ont pas à interférer dans ma vie. Je la mène comme je l’entends. Je n’ai plus à rendre compte à personne. Je suis majeur. J’ai pris mon envol, mon indépendance depuis des années. Et je subviens à mes besoins, à ma guise. Même si je dois perdre en dignité. Finalement, elle propose que nous en discutions. Dans un endroit plus à découvert. Moins à la vue de tout le monde, de toute la clientèle de l’hôtel. « Si tu veux. On peut aller au bar. On sera plus tranquille. Ça sera plus cosy ! » Je ne sais pas si un lieu est plus ‘sympathique’ qu’un autre pour parler plaisir tarifé et prostitution. « Qu’est-ce que j’suis censée faire ? » Je l’observe. Je plonge mes yeux azur dans les siens. Je reste bouche bée. Je hausse les épaules. « Faire comme si tu ne m’avais pas vu ? Après tout, beaucoup de monde gravite en ces lieux… Tu peux m’avoir juste croisé, comme ça. Au bar ! » Silence. « Scénario simple mais efficace ! » Silence. « Ça te va ? » Il le faut. Assis au bar, je hèle le barman. « Tu veux boire quoi ? J’vais prendre un Cosmo ! » Un ange passe. Elle ne dit rien. Je ne fais pas mieux. Je regarde mes mains, en attendant mon verre. J’ai une montée de stress. Je déglutis. Difficilement. Avant de lâcher. « Je ne fais pas ça de gaîté de cœur. Au moins c’est de l’argent facile. Cela me permet d’arrondir mes fins de mois ! » Surtout que je choisis ma clientèle. Je ne me mets pas à l’horizontal simplement pour un petit billet. Je fais payer mes services au prix fort. Tant aux hommes qu’aux femmes. Pour avoir de la liquidité. Depuis la fermeture du restaurant d’Alec, je vivote et je tente de garder la tête hors de l’eau. Il faut savoir prendre des risques, se mouiller, pour arriver à ses fins. Et remplir le frigo.
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| | | | (#)Lun 7 Juin 2021 - 6:14 | |
| « Hors de question ! Il s’agit de ma vie privée. Il n’a pas son mot à dire. Toi non plus d’ailleurs ! » le ton sec, employé par Byron a le mérite d’être très clair. Un peu vexant d’ailleurs, parce que je n’avais pas l’impression de lui dire ce qu’il avait à faire. Et à la fois, tout ça m’étais imposé sans que je ne demande rien à personne, et qu’il me croit ou non, je pense que j’aurai préféré rester dans l’ignorance. Il m’a un peu pris de court d’ailleurs, me laissant bouche bée par une telle injonction, mais le message était clair : je m’occuperai de mes affaires et pas des siennes. Je pensais que l’histoire serait close, que j’allais donc le laisser dans le coin, sans me soucier davantage de tout ça, puisqu’il n’avait de toutes évidences, pas envie d’aborder le sujet et de s’étayer, pensant donc qu’il allait rejeter ma proposition d’aller en parler ailleurs. « Si tu veux. On peut aller au bar. On sera plus tranquille. Ça sera plus cosy ! » Bon, je n’y comprenais plus grand-chose. Mais dans ce cas, j’acquiesçais, Un bar dans le coin serait plus intimiste que cet hôtel qui restait pour moi un lieu de rencontres professionnelles. Nous nous dirigions alors vers le bar le plus proche sans chercher à ce que l’endroit nous convienne vraiment à tous les deux. Mais c’était déjà ça. De mon côté, je restais perplexe à l’idée de rester silencieuse et de garder un tel secret : les secrets, c’est pas mon fort, je fini toujours tôt ou tard par lâcher le morceau. Justine en avait fait les frais en me confiant qu’elle était sous le charme d’Isaac. J’avais pourtant tenu plusieurs mois en gardant ça pour moi et finalement, c’était sorti. En soit, rien de bien grave, là, il s’agissait d’un autre registre, beaucoup plus tabou. Byron propose alors de faire comme si je n’avais jamais été au courant, comme si nous nous étions simplement croisé par hasard et d’occulter le passage de la prostitution. Simple et efficace qu’il dit. Surement pour lui… pas pour moi. « Tu veux boire quoi ? J’vais prendre un Cosmo ! » son naturel me perturbe, j’avoue. Il balaie tout ça d’un revers de manche, simple, efficace, encore. « Je te suis. » le malaise est tout de même palpable. Je me vois difficilement parler de la pluie et du beau temps, de lui demander comme il va depuis Noel et faire table rase de cette scène. Les Men In Black arrivent quand pour me nettoyer la mémoire ? Et finalement, c’est lui qui remet le sujet sur la table. « Je ne fais pas ça de gaîté de cœur. Au moins c’est de l’argent facile. Cela me permet d’arrondir mes fins de mois ! » il est toujours autant sur la défensive, le sujet semble quand même être délicat. Enfin, il ne semble pas l’être, il l’est. Argent facile, c’est une chose, mais pour autant, il le dit lui-même, ce n’est pas de gaîté de cœur. « tu sais que si tu as besoin de soutien, Greg et moi sommes présents… » Peut être un peu trop facile comme proposition. « Enfin, je sais que ta relation avec Greg n’a pas toujours été simple… J’ai pas l’intention de me mêler de tout ça, Byron. » Mon regard se lève contre le serveur qui s’approche de nous pour déposer nos deux cocktails. Je reste silencieuse le temps de sa présence. « Je ferai au mieux pour gérer ça. Mais crois moi, j’aurai préféré ne pas savoir tout ça. » mes mains viennent se poser sous mon menton et comprimer mes joues, témoignant de ma gêne face à tout ça. « Je gère très mal les secrets de famille, les secrets tout court, d’ailleurs… » que je le préviens, comme pour m’excuser par avance. « Mais j’vais faire en sorte de contrôler ça. Je savais pas que tu avais des soucis d'argent...» qu'est ce que je sais d'ailleurs? pas grand chose...
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| | | | (#)Ven 11 Juin 2021 - 15:03 | |
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Je propose à Noa que nous allions se poser. Au bar. Dans un coin où nous ne serions pas épié par autrui. Je serais plus enclin à discuter avec elle. À recueillir son ressenti. Nous pourrions accorder nos violons. Afin d'éviter que Gregory ne découvre la triste vérité sur mes activités. Je garde le silence jusqu'à ce que nous nous installions. Je lui explique la marche à suivre. Ne rien dire. Garder le secret. Une rencontre fortuite au bar de l'hôtel. Une vérité aseptisée, certes, mais une vérité tout de même. Elle semble hésiter. Pourtant ce n'est pas compliqué... « Tu peux le faire ! Je crois en toi ! » Ou pas. Je ne la connais pas assez pour savoir si elle sait tenir sa langue ou au contraire s'il s'agit d'une pipelette. Je l'observe longuement, scrutant son visage avant d'appeler le barman pour passer commande. Deux Cosmopolitans. Pendant que le barman s'active à la préparation des deux cocktails, un ange passe. Silence mortel. Ni elle, ni moi, ne daigne dire un mot. L'atmosphère est lourde. J'ai envie de disparaître. Que le quart d'heure précédent n'est simplement pas existé. Pour mon bien. Pour le sien.
Trouvant le silence bien trop pesant, je m'adresse à elle. Je lui explique la situation. Ce n'est pas par choix. Plutôt par nécessité que je me prostitue. Pour accumuler du cash, ne pas me retrouver le bec dans l'eau à chaque fin de mois, et continuer à monter ma boîte. Pour cela, j'ai besoin de liquidité. Je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Depuis toujours, je dois me battre pour survivre. Et ce n'est pas demain que cela changera. « Tu sais que si tu as besoin de soutien, Greg et moi sommes présents… » Silence. « Je n'ai pas envie de quémander... Et si c'est pour qu'il me fasse des leçons de morale ! » Petit regard vers le bar. Nos verres sont presque prêts. « Enfin, je sais que ta relation avec Greg n’a pas toujours été simple… J’ai pas l’intention de me mêler de tout ça, Byron. » Elle sait oui. Lors de notre dernière entrevue, à Noël, elle a assisté à une joute verbale entre nous deux, ne sachant pas trop où se mettre. « Raison de plus pour faire comme si nous nous étions pas vu... » Le serveur est en approche. Il dépose, l'un après l'autre, les cocktails. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de réagir, j'extirpe ma carte bleue de ma poche et la présente pour régler la note « C'est pour moi ! ». Tandis que le serveur encaisse, je remarque que Noa souhaite s'exprimer, elle attend simplement que l'employé soit suffisamment loin. Puis elle lâche le morceau. Elle me fait part de son malaise face à la situation, qu'elle aurait préféré ne pas savoir. Portant le cocktail à mes lèvres, j'en bois une gorgée. Il est excellent... « Moi aussi j'aurais préféré que tu ne le saches pas ! » J'ai la sensation d'avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête, retenue par un crin de cheval qui peut céder à tout moment et me fracasser le crâne. Ce qu'elle m'annonce par la suite est une véritable déflagration. « Je gère très mal les secrets de famille, les secrets tout court, d’ailleurs… » Sans me contrôler, je lâche le célèbre mot de Cambronne « Merde ! » Gregory va finir par savoir. C'est sûr. Une confidence malencontreuse sur l'oreiller ou au détour d'un repas. Je n'ai plus qu'à disparaître. Partir à l'autre bout du monde. M'enterrer dix pieds sous terre... Je ne supporterais pas les remontrances et le regard de Gregory. Je fais la moue. « Mais j’vais faire en sorte de contrôler ça. Je savais pas que tu avais des soucis d'argent...» J'écarquille les yeux. Plein d'espoir. Avant de lâcher. « Tu sais, avec une mère en taule et un père inexistant, je ne suis pas parti avec les meilleures cartes en main ! » Je saisis mon verre et le bois presque entier. Personne ne naît avec les mêmes chances dans la vie.
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| | | | (#)Mer 23 Juin 2021 - 6:31 | |
| « Tu peux le faire ! Je crois en toi ! » je sens une pointe d’ironie dans sa voix et en même temps, une espèce de supplication, il ne me donne pas vraiment le choix, et c’est très mal me connaitre. J’ai déjà la pression. Mais j’vais faire en sorte de garder ça pour moi et le jour où Greg apprendra ce qu’il fait et qu’en plus il saura que j’étais au courant et que je n’ai rien dis… ce sera sans doute la fin pour nous. Mais bon, pourquoi le saurait-il ? Après tout, même si, par hasard, lui aussi tombe sur Byron pendant ses activités, qui lui dira que je suis au courant ? C’est là que je m’embrouille, que je m’imagine trop de scénario et que je me pose bien trop de question. Le souci : je ne sais pas mentir. Je deviens rouge, je bégaye, je ne suis absolument pas crédible. Je vais finir par passer un sale quart d’heure, malgré moi. Crois-moi, Byron, je crois que j’aurais préférée ne rien savoir… Mais maintenant que c’est choses faites… « Je n'ai pas envie de quémander... Et si c'est pour qu'il me fasse des leçons de morale ! » Ah Greg et son avis sur tout, pas un avis toujours ouvert sur la tolérance, mais je le travaille au corps. « C’est sa façon de s’exprimer et de montrer qu’il tient aux gens. » aux gens qu’il aime, il est maladroit, il se rend pas toujours compte. Mais il est sensible Greg et c’est juste qu’il a du mal à l’admettre. Ma place est un peu délicate, j’ai pas envie de me mettre entre eux deux, je suis pas la mère de Byron et surtout je suis personne pour lui, en réalité. « Raison de plus pour faire comme si nous nous étions pas vu... » j’avais bien compris le message. Je crois qu’il ne pouvait pas être plus clair. De quoi me mettre un peu plus mal à l’aise à chaque fois qu’il le rappelle. Je me contente de hocher la tête pour acquiescer. Je lui avoue quand même que je suis peu fiable pour garder les choses pour moi. C’est pas du tout un moyen de me dédouaner en cas de dérapage, mais bon, j’ai envie de dire : au moins, il sera prévenu. On va gagner du temps, mais tôt ou tard, je sais déjà que Greg le saura. « Merde ! » oui, Merde. Dans quelle situation je me suis fourrée. Ca ne l’arrange ni lui, ni moi. « Tu sais, avec une mère en taule et un père inexistant, je ne suis pas parti avec les meilleures cartes en main ! » mauvais bagages, c’est sûr, mais je suis pas certaine que ça puisse tout pardonner pour autant, enfin, s’il y avait quelques choses à pardonner. On est pas toujours obligé de suivre les traces de ceux qui nous ont mis au monde. « Est-ce que au moins, ça t’aide à t’en sortir ? » et j’ai une idée… « J’ai pas besoin d’un cuisinier à l’asso… mais on travaille avec un grand groupe de restauration collective… j’peux toujours me renseigner, à savoir s’il recherche un cuisinier ? » c’est peut être pas ce à quoi il aspire vraiment, peut être pas le poste qu’un chef souhaite avoir, mais si ça peut l’aider à sortir de ça…
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| | | | (#)Dim 4 Juil 2021 - 5:13 | |
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« C’est sa façon de s’exprimer et de montrer qu’il tient aux gens. » Elle ne m'apprend rien. Je connais Gregory. Il a son petit caractère. Et nos confrontations peuvent (sont souvent) explosives. Il cherche à toujours avoir raison. Et je ne me laisse aussi facilement marcher sur les pieds. « Comment tu fais pour le supporter ? Parce que parfois, sérieux, il m'exaspère ! » Silence. « Même s'il s'agit de sa manière, bien particulière, de nous montrer son affection ! » Néanmoins, dans le cas présent, je ne suis pas certain qu'il me montre de l'attachement en apprenant que je me prostitue. J'imagine déjà son regard. Son silence assourdissant. Avant de déverser son flot de réprimandes en tout genre. Noa craint la confrontation. Son langage corporel est sans appel. Ses propos également. Elle se retrouve bon gré mal gré le cul entre deux chaises. Une seule solution est possible à mes yeux. Le mensonge. Un tout petit mensonge. Elle ne m'a pas vu. Je ne l'ai pas vu. Point. Peut-elle mentir ? Je passe son visage au crible. J'y lis son malaise. « Je suis désolé, mais c'est la seule solution ! » Elle noie rapidement mes espoirs. Elle ne sait pas garder un secret. Je me prépare psychologiquement à voir s'abattre sur moi les foudres de Gregory. Je serre les dents. « C'est pourtant simple... 'Chéri j'suis rentrée. Je suis exténuée. La réunion s'est éternisée. Et ces chaussures me font souffrir... Je file à la douche et je te rejoins !' Et s'il te pose des questions, tu n'as plus qu'à embrayer sur ta réunion passionnante dans ce magnifique hôtel ! Sans que mon nom n'apparaissent dans la conversation. » J'essaie d'être convainquant. Même moi je n'y crois pas. C'est une cause perdue. Même si elle met tout son cœur à ne pas vendre la mèche. Je peux déjà commencer à creuser ma tombe en prévision.
Tandis qu'elle reconnaît ignorer mes soucis d'argent, je lui décris ma situation familiale peu reluisante. Je ne cherche pas d'excuse. Je ne cherche pas de compassion. Je décris seulement l'état actuel des choses. « Je ne vais pas pleurer dans les chaumières. Je peux m'en sortir seul ! » Je suis majeur. Je suis vacciné. Je suis assez grand pour trouver des solutions à mes problèmes, sans venir réclamer des sous à mes proches. « Est-ce que au moins, ça t’aide à t’en sortir ? » « Oui ! Ça met du beurre dans les épinards ! » Je sors une petite liasse de billets du fond de ma poche. J'étale ma fortune sous ses yeux. « Hum... Six cents dollars en une soirée pour donner du plaisir à une cougar mal baisée par son mari... C'est pas mal je trouve ! » Dis-je avec assurance, tout en remettant les billets en lieu sûr. « J’ai pas besoin d’un cuisinier à l’asso… mais on travaille avec un grand groupe de restauration collective… j’peux toujours me renseigner, à savoir s’il recherche un cuisinier ? » Je l'écoute religieusement, tout en sirotant mon Cosmo. « Merci pour ta proposition... » Silence. Je la regarde droit dans les yeux avant de poursuivre. « Je travaille déjà dans un restaurant... Trois jours par semaine. Le restaurant du Casino... » Je reprends ma respiration. « Et je fais des extras lors de soirées, chez des traiteurs... » Silence. « Si tu veux m'aider, il faut parler de moi. Pour que ma boîte de chef à domicile décolle enfin... » Je sors mon portefeuille et en extirpe une carte de visite. 'Byron Oberkampf, cuisinier à domicile'. Je la fais glisser jusqu'à Noa. « Tu dois bien avoir un carnet d'adresses intéressant... » Conclus-je dans un souffle.
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| | | | (#)Mar 3 Aoû 2021 - 13:56 | |
| « Comment tu fais pour le supporter ? Parce que parfois, sérieux, il m'exaspère ! » Parfois, je me demande aussi ! Mais il y a certaines choses qui sont difficilement explicables. « Même s'il s'agit de sa manière, bien particulière, de nous montrer son affection ! » Et il doit bien savoir que Greg est pas toujours tendre avec moi non plus mais je peux quand même voir une nette amélioration ces dernières semaines, depuis qu’il a lâché son travail, il est beaucoup moins tendu. « Je sais qu’il est sincère. » en tout point, et Greg ne ment jamais lui. Contrairement à ce que Byron me demande de faire… un secret est-il réellement un mensonge ? Ca finira forcément par me retomber dessus, et en même temps, je n’avais pas envie de le mettre dans l’embarras non plus. C’était sa vie privée et finalement, il en faisait ce qu’il voulait. « C'est pourtant simple... 'Chéri j'suis rentrée. Je suis exténuée. La réunion s'est éternisée. Et ces chaussures me font souffrir... Je file à la douche et je te rejoins !' Et s'il te pose des questions, tu n'as plus qu'à embrayer sur ta réunion passionnante dans ce magnifique hôtel ! Sans que mon nom n'apparaissent dans la conversation. » ca lui semble si facile à Byron, on voit qu’il n’est pas au quotidien avec le Morton. Je hoche la tête. « C’est au programme. » je pense que cette discussion est close, on tourne en rond, il est au parfum et moi je vais faire au mieux pour dissimuler tout ça. La situation semble lui convenir, même si j’ai du mal à admettre qu’on choisit vraiment de se prostituer. Il s’en sort, il met du beurre dans les épinards, comme il dit, de toutes évidence, il n’a pas besoin de moi, du moins, pas pour le moment. L’important est qu’il sache que si besoin, il peut compter sur moi, sur nous. Quand il l’aura décidé et qu’il sera sans doute au pied du mur. Et lorsque je vois sa liasse de billet sous mes yeux, effectivement, il n’a pas l’air d’être mal en point, mais de mon point de vue, ca reste de l’argent sale. Je préfère ne pas trop m’éterniser sur cette fortune. « Hum... Six cents dollars en une soirée pour donner du plaisir à une cougar mal baisée par son mari... C'est pas mal je trouve ! » il est cru et c’est pourtant la réalité de ce qu’il rencontre, de ces femmes qui viennent à lui pour chercher sans doute un peu plus de réconfort que dans leur propre quotidien. J’ignore comment on en vient là, mais chacun semble y trouver son compte. Et j’imagine que ma proposition ne fait pas le poids face à cette somme astronomique que lui rapporte une soirée. « Merci pour ta proposition... » mais ? « Je travaille déjà dans un restaurant... Trois jours par semaine. Le restaurant du Casino... Et je fais des extras lors de soirées, chez des traiteurs... » j’en conclus que tout ça ne lui est pas suffisant alors… « Si tu veux m'aider, il faut parler de moi. Pour que ma boîte de chef à domicile décolle enfin... » je prends entre mes mains la carte de visite qu’il me glisse sous le nez, ce que je préfère plutôt que des billets qui me mettent mal à l’aise. visite. « Tu dois bien avoir un carnet d'adresses intéressant... » je hoche la tête. « Donne moi en plusieurs, je m’occupe de les distribuer à droite et à gauche et à faire ta publicité… » je range cette première carte dans ma sacoche professionnelle. « Et pour venter tes mérites, il faudrait aussi avoir l’occasion de gouter à ta cuisine. Tu viendrai faire une presta dans une soirée avec des amis ? » proposition en règle. « Tu seras payé. » que je me sens obligée de préciser, il ne s’agit pas d’une prestation gratuite, parce qu’il est de la famille. « Et le bouche à oreille pourra opérer. »
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| | | | (#)Ven 6 Aoû 2021 - 16:00 | |
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Je tente de lui donner les billes pour tenir tête à Gregory. Pour lui mentir de manière convaincante. Pour protéger mes arrières. Et les siens, par la même occasion. Nous sommes dans le même bateau. Je crains que mon parrain, avec son tempérament explosif, n'apprécie guère que la jeune femme ait su mon terrible secret sans lui en piper mot. Sans le vouloir, elle est impliquée. Il faut qu'elle y mette un peu du sien. Pourtant, à mes yeux, la discussion est à sens unique. Elle est dans l’expectative. Elle m'écoute, sans réellement réagir. Elle sait. Je dois l'accepter. Maintenant, advienne que pourra. Elle a les cartes en main. Je ne suis plus maître de rien. Je n'ai plus aucun pouvoir. Sauf peut-être en mettant un terme à cette activité tellement rémunératrice. La preuve. Je dévoile à la jeune femme les six cents dollars aisément gagnés ce soir, en procurant quelques menus plaisirs à une femme mur qui ne désire que ça. Argent facile pour certain... Argent tout court pour moi. Sa mine est limpide. Son opinion est tranchée. Elle considère cette entrée d'argent comme illégale. Je ne lui fais pas subir le supplice plus longtemps. Je remets le fruit de mon 'travail', en sécurité, dans ma poche, loin de son regard inquisiteur.
Elle préfère trouver des solutions. C'est tout à son honneur. Mais travailler en cuisine collective n'est pas réjouissant. Pas épanouissant. Je préfère décliner son offre. Je travaille déjà. Plus officiellement. Au casino pour la majeure partie. Auprès de traiteurs ou dans d'autres restaurants en complément. Je peux m'en sortir seul. Mais, s'il elle le souhaite réellement, elle peut m'aider à avoir de la reconnaissance. Je lui montre mes cartes de visite, de chef à domicile. Je ne suis pas dupe. Avec le travail qu'elle fait, elle connaît du monde. Elle peut facilement me faire entrer dans le sérail. « Donne moi en plusieurs, je m’occupe de les distribuer à droite et à gauche et à faire ta publicité… » Elle a la réaction que j'escompte. Je lui souris, reconnaissant. Avant de fouiller dans la poche intérieure de ma sacoche. 'Mais elles sont où bon Dieu !?' Peste-je intérieurement. J'étais persuadé d'en avoir quelques-unes. J'en ai toujours sur moi. Les secondes s'égrainent, avant que ma main saisisse les précieux rectangles cartonnés. Je les extirpe avec vigueur. « Ouf, j'ai eu peur de ne pas les avoir ! » À plat sur la table, je les fais glisser vers Noa, afin qu'elle puisse les récupérer... Et les transmettre... Et je tilte lorsqu'elle me faite une proposition alléchante. Une prestation privée... Rémunérée... Mes yeux pétillent. Du donnant-donnant. « D'accord ! C'est ok pour moi ! » Silence. « Faudra qu'on se mette d'accord sur le menu ! » Je finis mon cocktail, en l'écoutant. « Et le bouche à oreille pourra opérer. » Je joue du tam tam avec la table avant d'ajouter, joyeusement « Exactement ! » Je me tais, avant d'ajouter avec humour « Surtout si ton meilleur ami c'est le maire de Brisbane ! ». J'affiche un grand sourire, resplendissant. « Si c'est juste le PDG d'une grande entreprise, ça me va aussi... » Et qui sait, peut-être que, parmi les personnes qu'elle me présentera, certains accepteraient des extras, autres que culinaires... Et une nouvelle fois, joindre l'utile et le professionnel, à l'agréable. Je balaie cette idée de mon esprit. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. « Bon, tu veux un autre verre ? » Silence. « J'ai de quoi payer ! » Ajoute-je, en lui faisant un clin d’œil.
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| | | | (#)Jeu 2 Sep 2021 - 10:43 | |
| Dans mes expériences professionnelles passées, notamment en prévention de rue, j’avais été amenée à travailler avec des jeunes filles – jamais de garçons – qui se prostituaient, toujours sous contrainte, pour une dette, pour un service rendu, en étant sous la coupe d’un pervers, proxénètes maladifs. Des jeunes filles mineurs qui plus est, obligées de vendre leurs corps, pour n’avoir pas un centime qui leur revient en retour. Le problème n’était pas l’argent dans leur cas, le problème était l’estime de soi plus bas que terre , la dignité bafouée, la peur du monde qui les entoure, la confiance détruite, la colère, le dégoût, l’envie de mourir parfois. Une telle souffrance, qu’il m’était difficile de supporter. Une telle souffrance que je ne pensais qu’à ça et pour moi, il était impossible de choisir cette voie là. Pourtant, Byron ne semblait pas souffrir, il ne semblait pas en pâtir, il ne semblait pas y être contrait, du moins, il avait l’aplomb qui me faisait douter, qui me disait qu’il avait choisi lui-même cette voie. Je devais tout reconstruire ou plutôt déconstruire, ne pas le voir comme ces gamines qui pleurait dans mes bras à plusieurs reprises, ces gamines que je voyais repartir avec les yeux remplis de détresses. C’était pas si simple de sortir de ce système, et c’était pas moi, Noa qui avec une baguette magique allait tout arrêter du jour au lendemain. Protéger oui, mais pas par tous les moyens. Balayer les risques. Quels risques fallait-il balayer pour Byron ? Avait-il besoin de protection ? Il était majeur et responsable, il connaissait sans doute mieux que moi les risques. De mon côté, participer au bouche à oreille, faire tourner sa carte, parler de lui, c’était sans doute ce qui m’était le plus accessible. Faire en sorte qu’il ait finalement suffisamment de contrats qui lui permettront de ne plus avoir recours à ces pratiques-là. L’argent, le nerf de la guerre… ouais. Je rassemble devant moi cette petite pile de carte qu’il avait peiné à retrouver. En plus de faire les entremetteuse, si je peux me permettre, je propose à Byron d’être moi-même cliente avec mes amis. « Faudra qu'on se mette d'accord sur le menu ! » j’acquiesce d’un signe de la tête, nous semblions avoir trouvés un terrain d’entente et je préférais largement cette issue-là. Plus qu’à croiser les doigts à présent… « Surtout si ton meilleur ami c'est le maire de Brisbane ! ». son petit tour de tam tam n’est malheureusement pas suffisant pour que je réponde à de telles attentes. . « Si c'est juste le PDG d'une grande entreprise, ça me va aussi... » j’ignore pour qui il me prend réellement, mais il vise bien haut. Plus haut que mes possibilités. « J’en connais, de là à dire que ce sont des amis… » je grimace pour ensuite laisser apparaitre un sourire. « Je ferais au mieux. » au cours d’un diner d’affaire, ce sera sans doute plus approprier pour viser son public. « Bon, tu veux un autre verre ? » je crois que j’avais besoin de prendre du recul et puisque nous avions trouvé un petit marcher, dans un premier temps… je pense qu’il était temps pour moi de m’éclipser. Mon petit silence semble lui être trop long. « J'ai de quoi payer ! » je lève les yeux au ciel. Ayant bien vu sa liasse de billet auparavant. « C’est sympa, mais garde ça pour toi. J’étais sur le point de rentrer avant de te croiser, je vais y aller. » je range les cartes dans mon sac à main avant de laisser un billet sur la table. « c’est pour moi, cette tournée. » je lui laisse son argent, il a travaillé dur pour l’avoir, visiblement… « A bientôt. J’te tiens au courant. » finis-je par glisser avant de me lever et me volatiliser.
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