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Raphael &  @James Weatherton

Tous ces garçons sont magnifiques. Certains ont couvert leur visage d’un discret voile de poudre à paillettes et leurs cheveux sont figés dans le gel. La grande majorité porte fièrement des fringues de marque – probablement Weatherton, Raphael ne saurait dire puis qu’il ne connait pas chaque pièce par cœur, mais il semble reconnaître la patte de l’artiste. Légèrement mal à l’aise, le danseur baisse la tête et fixe les chaussures confortables qu’il a choisies : des baskets blanches et vert lime, sa paire la plus usée, celle qu’il porte quand il laisse son corps et son esprit se faire emporter par le rythme de la musique. Se raclant la gorge en relevant la tête, il constate que deux garçons un peu trop parfaits le lorgnent et il avale difficile sa salive. C’est probablement son t-shirt à motifs qui attire l’attention de tous ces hommes soigneusement vêtus. Il est bien le seul qui ne semble pas être prêt à passer une audition de mannequinat. Et pourtant, il est certain qu’il s’agit d’une occasion de danser à la télévision, ou sur les réseaux sociaux – le formulaire d’inscription n’était pas clair quant au média choisi. « Tu n’es pas un mannequin… Si ? » Ose finalement demander un garçon posé en face de lui dans la grande salle qui accueille une dizaine de chaises et une dizaine de participants. Raphael redresse la tête, les yeux grands ouverts comme des melons, et toute l’attention est posée sur lui. Ses joues virent écarlate alors qu’il secoue la tête de droite à gauche, faisant aller ses bouclettes un peu trop longues. « Eum… Non. Je suis danseur. » Il arrive à couiner en esquissant un sourire forcé pour ne pas faire mauvaise impression – si ce n’est pas déjà fait. Quelques rires s’élèvent dans la salle, le genre de rire que seuls les mecs conscients de leur beauté poussent. « Tu es certain d’avoir lu tout le formulaire ? » Ajoute l’inconnu, visiblement fier de posséder une mâchoire aussi définie et des sourcils aussi bien taillés. « Je… Je crois que ou… » Le timide n’a pas le temps de terminer sa phrase que son nom est prononcé à travers le cadre de porte qui sépare les juges des participants. Il ne bronche pas quand c’est le nom Turner qui remplace celui d’Elly. « Oui c’est moi ! » Il s’exclame en se levant, tendu comme un piquet. Quelques rires l’accompagnent jusqu’à l’entrée de la salle d’audition et il fait de son mieux pour ne pas trébucher dans ses propres pieds : la pression pourrait lui faire perdre le contrôle de son squelette, il en est conscient. Quand la porte se ferme derrière lui, il se retrouve face à trois juges qui l’analysent de haut en bas. Un sourire amusé étire les lèvres de la femme au milieu mais elle ne passe aucun commentaire quant à l’accoutrement plutôt unique du candidat qui ne semble pas avoir atterri dans la bonne salle d’audition. « Nous allons commencer par la séquence de la danse. Vous l’avez bien apprise, j’espère. » Elle tente, l’interrogeant du regard, avant qu’il n’hoche la tête de bas en haut, sûr de lui. Il a passé toute la semaine à réviser le moindre pas de danse et à apprendre la mélodie par cœur pour ne jamais louper une note. « On vous regarde, alors. » La dame conclue avant de lancer la musique.

Il ferme les yeux seulement deux secondes et, quand il les rouvre, il a perdu la moindre trace de gêne dans son visage. Il oublie les juges, il oublie la pression ; il n’y a plus que lui et la mélodie qui l’emporte dans cette danse qu’il s’est appropriée comme s’il l’avait chorégraphiée. La musique s’écoule en quelques secondes, le voilà les deux genoux posés au sol et le souffle saccadé quand il relève finalement la tête pour croiser à nouveau le regard des juges qui terminent de noter quelques mots sur leur paperasse. « Bien ! » S’exclame la femme quand les dernières notes de musique se taisent. Et c’est à ce moment que Raphael remarque qu’une quatrième personne s’est additionnée à la petite bande. Il manque de s’étouffer dans sa propre salive, son cerveau se retourne dans sa cervelle et un rire saccadé mais discret s’échappe de ses lèvres. Il doit poser une main au sol pour se relever sans tomber à la renverse. Il ne dit pas un seul mot à James Weatherton mais il le fixe un peu trop longtemps avec un air tétanisé avant que le silence ne soit fracturé. « Merci beaucoup, monsieur Turner. » La juge marque un silence pour mieux examiner tous les recoins du dossier de Raphael. Elle semble sceptique. « Je pense que vous avez oublié de nous donner votre certificat en mannequinat. L’avez-vous avec vous, sur votre téléphone, peut-être ? Et votre portfolio, aussi, vous avez omis de nous l’envoyer. » Elle précise, replaçant ses lunettes sur le bout de son nez. « Eum… » Commence l’interrogé en passant sa main dans son épaisse chevelure pour la ramener vers l’arrière. Il est tétanisé de savoir les deux yeux de l’un de ses idoles posés sur lui et ses fringues à cinq dollars. « Je n’ai rien de tout ça, je ne suis que danseur… Acteur, aussi, j’ai fait quelques publicités. » Il s’empresse de préciser, le souffle court, évitant à tout prix le regard de Weatherton. « Je pensais que vous ne cherchiez qu’un… danseur… » Il termine, la voix faible, complètement humilié devant ces quatre silhouettes qui vont certainement lui reprocher de leur avoir fait perdre leur temps.      
                   

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@Raphael Elly &  James

C'était jour de casting, et les couloirs étaient comme à chaque fois bondés. Sur chacun des visages des jeunes hommes venus tenter leur chance se lisait cette même assurance que James voyait d'habitude sur ses mannequins avant chaque grand défilé. Le contexte était différent, ici, quand bien même une majorité de postulants avaient eux aussi fait le pari de se présenter à ce casting dans une de ses créations. Fayotage ou simple ruse, chacun se ferait son propre avis mais James lui ne comptait pas se montrer moins inflexible pour autant. Il était incorruptible et bien connu pour être difficile à impressionner, il ne servait donc à rien de le brosser dans le sens du poil. Avec lui, mieux valait toujours se montrer convaincant une fois son tour venu. Aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle, Weatherton misait gros avec ce casting censé leur permettre de dynamiser leur présence sur les réseaux sociaux grâce à plusieurs vidéos promotionnelles pensées comme des courts-métrages à elles seules. L'idée était simple : faire danser un modèle vêtu de créations de leur dernière collection masculine pour rappeler que Weatherton ne se destinait pas uniquement aux femmes et comptait se réinventer sans relâche pour s'ouvrir toujours plus. James savait ce qu'il voulait pour ces vidéos et avait comme chaque fois placé sa confiance en une équipe de professionnels aguerris, chargés de dénicher la perle rare parmi ces postulants. Ce serait cependant mal le connaître que de croire qu'il ne profiterait pas d'une pause à l'atelier pour se glisser à l'intérieur de la salle d'audition pour juger en personne de leur niveau. On n'était jamais mieux servi que par soi-même, et James avait toujours aimé voir l'effet qu'il faisait à ces jeunes mannequins lorsqu'il apparaissait sous leurs yeux pour leur rappeler qu'en définitive, c'était lui qui aurait toujours le dernier mot. Les garçons étaient plus faciles à impressionner que les filles, ils avaient aussi tendance à faire du zèle ou glisser des compliments inappropriés en pensant qu'il y serait sensible. Grave erreur, et pas juste parce qu'il avait déjà quelqu'un pour occuper ses pensées et que c'était suffisamment compliqué comme ça.

C'est discrètement qu'il referma la porte derrière lui et se faufila aux cotés des autres juges, histoire de ne pas déconcentrer ni même attirer l'attention du jeune homme qui venait justement de débuter son audition. Le styliste ne rata pas une miette de son passage et, très vite, comprit qu'ils n'avaient pas affaire à un postulant comme les autres. Il suffisait d'observer les visages surpris et éberlués des juges pour le comprendre : ce garçon avait du talent et personne dans cette salle ne pourrait en douter. James n'y connaissait certes rien en danse, mais il savait ce qu'était la grâce et ce garçon en était indéniablement pourvu. Il ne semblait plus faire qu'un avec la musique et il se mouvait avec tant de légèreté que l'air semblait porter chacun de ses mouvements. L'espace d'une seconde, James se surprit même à penser qu'il avait du se tromper d'audition : ils n'étaient pas au conservatoire, ici, et ce genre de talent se devait d'être apprécié à sa juste valeur. Or, il était évident que la directrice de casting s'empresserait de tiquer lorsqu'elle comprendrait que ce postulant n'avait pas un profil tout à fait comme les autres. Pas de portfolio, pas d'expérience des shoots ni des défilés. Aucune expérience d'aucune sorte en tant que mannequin, en réalité. « L'annonce était pourtant claire à ce sujet : nous recherchons un mannequin avec des aptitudes en danse pour promouvoir le travail de Monsieur Weatherton. » Elle échangea un sourire avec le styliste, mais il ne le lui rendit pas. Une partie de lui détestait l'idée qu'elle l'utilise comme excuse pour recaler un jeune homme incontestablement talentueux et sortant simplement un peu du cadre. Quand bien même elle ne faisait ici qu'appliquer les consignes expressément données par James en personne. « Moi j'ai trouvé ça incroyable. » La voix du styliste s'éleva et capta l'attention du reste des juges. Ils tournèrent un à un leurs visages dans sa direction comme pour s'assurer qu'ils avaient bien entendu. « Raphael... Turner, c'est ça ? » James fit glisser son formulaire d'inscription jusqu'à lui et resta silencieux quelques secondes le temps de l'étudier. De toute évidence il n'avait jamais mis un pied dans l'univers de la mode et n'avait lu qu'une partie de l'annonce que les équipes de Weatherton avaient largement diffusé pour trouver celui qui incarnerait la marque sur les réseaux sociaux. « Vous dansez depuis combien de temps ? » Puisqu'il ne pouvait pas lui poser de question sur son expérience inexistante en tant que mannequin, il comptait bien en apprendre davantage sur lui et s'intéresser à ce talent qui l'avait littéralement happé tout au long de sa performance. James n'était pas quelqu'un qu'on décontenançait facilement, pourtant. « James, si je peux me permettre, ce jeune homme a beaucoup de talent mais... » Il ne la laissa pas poursuivre. « Mais il n'a pas le profil type pour ce genre de campagnes, je sais. » Il le savait d'autant plus qu'il était celui qui avait scrupuleusement insisté pour qu'ils recrutent un mannequin, tel que ça avait toujours été fait pour chaque campagne. « Cependant osez me dire que ce n'est pas le meilleur danseur que vous ayez vu jusqu'ici. » Lui n'avait pas eu besoin de voir les autres auditions pour l'affirmer, et pour une fois James aimait croire que ça n'était pas simplement son besoin compulsif d'avoir le dernier mot qui s'exprimait. « Bon, hm, vous connaissez un peu Weatherton ? Et l'univers de la mode en général ? » La juge reprit à son tour, comme si elle cherchait secrètement à piéger le jeune homme. James observa la scène avec intérêt, curieux de voir comment il s'en sortirait et à quel point il sortait peut être décidément du lot. Il avait comme le devoir de lui prouver qu'il avait raison de voir plus loin que son CV, contrairement aux autres personnes autour de cette table.

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Raphael &  @James Weatherton

Il n’avait pas entendu la star entrer dans la salle d’audition et la surprise lui avait presque fait gerber son petit déjeuner sur le sol parfaitement ciré. Heureusement, l’effort lui avait déjà rougi les rouges alors Raphael espérait que sa gêne ne se lise pas dans son visage quand il croise le regard de Weatherton une seconde, puis deux, puis trois, jusqu’à ce qu’il repose ses yeux écarquillés sur la juge principale qui s’empresse de commenter son manque d’expérience en mannequinat et l’absence de portfolio. « L'annonce était pourtant claire à ce sujet : nous recherchons un mannequin avec des aptitudes en danse pour promouvoir le travail de Monsieur Weatherton. » Lèvres pincées, il hoche doucement de la tête de bas en haut en sentant sa salive s’épaissir de plus en plus. Il se sent ridicule debout au milieu de cette salle à la fois vide et remplie alors il s’apprête à s’abaisser pour récupérer ses effets personnels qu’il a posés à côté de la piste de danse, sans jamais croiser à nouveau le regard du styliste qui doit probablement lui aussi réprimander sa présence à cette audition. Il vaut mieux pour lui de sortir le plus rapidement possible pour ne pas se faire ridiculiser davantage par ces paires d’yeux intimidantes. « Moi j'ai trouvé ça incroyable. » Il s’arrête à mi-chemin au-dessus du sol, le bras tendu vers son sac. Il reste immobile un instant et seuls ses iris rejoignent ceux de celui qui vient de lever la voix pour complimenter son talent. Tout comme les juges, il ne semble pas croire ce qu’il vient de dire et il doit cligner des paupières à plusieurs reprises même si ce serait plutôt ses oreilles qui lui ont fait défaut dans le cas où il ne s’agissait que d’une hallucination. « Raphael... Turner, c'est ça ? » L’interrogé se redresse finalement, le dos bien droit, sans oublier de bien replacer sa chemise colorée pour s’assurer qu’elle ne présente aucun pli. « Oui, c’est ça. » Il confirme, un mensonge qu’il n’a pas encore l’habitude d’utiliser. Cela fait à peine quelques jours que son véritable nom a été révélé sur internet, le salissant du même coup. Jamais il ne voudrait être reconnu comme le menteur qui a protégé un violeur. Personne ne le croirait s’il tentait de défendre sa cause. Après tout, c’est facile de poser l’étiquette de connard sur celui qui n’est pas connu du public. Celui qui l’insulte ne risque pas grand-chose. « Turner. Exact. » Il confirme une seconde fois de façon lunatique alors que ses mains se joignent derrière son dos pour soigner encore plus sa posture. « Vous dansez depuis combien de temps ? » Qu’est-ce qu’il est intimidé. Il n’arrive pas à répondre de suite, il se perd trop longtemps dans la contemplation de cet homme de renom qui lui adresse la parole, à lui, ridicule petit artiste qui n’a jamais su percer dans son domaine. « Combien de temps ? » Il répète en levant le menton pour s’assurer qu’il a bien entendu la question. Les juges ne semblent pas du tout impressionnés par son manque de confiance. La principale soupire en posant son dos contre sa chaise. « Depuis que je sais marcher. » Le jeune homme répond enfin en tentant de ne pas se laisser abattre par la gestuelle de sa principale ennemie dans la salle. « James, si je peux me permettre, ce jeune homme a beaucoup de talent mais... » Son cœur fait un bond dans sa poitrine et il s’apprête à nouveau à récupérer son sac quand monsieur Weatherton confirme qu’il ne possède pas la gueule qu’ils recherchent. Il aurait dû mieux la lire, cette feuille d’inscription, pour ne pas se retrouver dans cette situation terriblement inconfortable. « Cependant osez me dire que ce n'est pas le meilleur danseur que vous ayez vu jusqu'ici. » Un sourire, minuscule certes, mais bien présent étire les lèvres de Raphael qui passe timidement sa main dans sa tignasse bouclée pour y faire un peu d’ordre. Le compliment le rend complètement gaga. Et, contre toute attente, la juge la plus sceptique décide de donner une seconde chance à celui qui n’est pas à sa place, selon elle. « Bon, hm, vous connaissez un peu Weatherton ? Et l'univers de la mode en général ? » Il se met à hocher de la tête rapidement. « Oui, évidemment. Je suis le compte instagram ainsi que la newsletter du site mais… Je n’ai pas vraiment les moyens de… Vous comprenez. » D’acheter les créations de la marque. L’entièreté de son loyer passerait dans l’achat d’un simple nœud papillon. Légèrement mal à l’aise, il désigne l’ensemble de son accoutrement avant de glousser : « Je peux seulement me payer la mode des années 80. Dans les friperies, surtout. » Parce que c’est moins cher, là-bas. Tous les vêtements ont déjà été portés et abandonnés par leur précédent propriétaire. Jugeant que sa réponse ne sera pas assez convaincante, il décide d’ajouter : « Je suis déjà entré dans une de vos boutiques, seulement pour essayer un haut. Je savais que je ne pourrais pas repartir avec mais j’ai pu prendre quelques photos dans la salle d’essayage et… » Et quoi, Raphael ? C’est quoi cette réponse de merde. « Ça… M’allait plutôt bien… » Il finit par couiner alors que sa tête devient trop lourde pour qu’il ne puisse s’accrocher plus longtemps au regard des juges et du véritable artiste de la salle. Conscient qu’il ne fait pas du tout preuve de professionnalisme, il hausse mollement les épaules. « J’admire votre travail, c’est tout, monsieur Weatherton. Et quand j’ai vu que vous cherchiez un danseur, j’ai sauté sur l’occasion en omettant de bien lire la paperasse. » Et, comme pour vanter ses atouts en dernier recours, il ajoute : « Je peux apprendre une chorégraphie en quelques heures. Peu importe le style de danse. Classique, Hip-hop, électro, si jamais vous voulez rajeunir vos clients… » Il termine, rouge de gêne, se doutant qu’il n’est pas là pour lui proposer de nouvelles approches de vente.        
                   

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@Raphael Elly &  James

Son regard avait accroché la silhouette mouvante du danseur comme il le faisait chaque fois que James se trouvait en présence d'une personne de talent. C'était un pur hasard qu'il soit entré dans la salle précisément au moment où ce jeune homme auditionnait, pourtant le timing lui avait rarement paru aussi judicieux que lorsqu'il avait compris qu'ils n'étaient pas face à n'importe quel postulant. Si l'annonce spécifiait que Weatherton recherchait un mannequin pour promouvoir sa dernière collection masculine, personne ne s'attendait à ce qu'un danseur d'un niveau aussi avancé se présente devant eux. Jamais James n'avait vu pareille surprise sur les traits de ses collaborateurs, et le styliste lui-même n'avait pas su cacher la manière dont sa prestation était parvenue à l'impressionner. Il était maintenant curieux de découvrir le jeune homme qui se cachait derrière un tel talent, lui que la directrice de casting était prête à avaler tout cru. De toute évidence, Theresa avait quelques difficultés à entrevoir tout le potentiel du jeune homme quand c'était tout sauf le cas de James, habitué depuis des années à rencontrer des profils atypiques mais bien souvent prometteurs. Il suffisait de faire un tour dans son atelier pour y trouver des profils de tous horizons, de tous âges et de toute qualification. Et s'il voulait bien reconnaître que bon nombre de jeunes hommes derrière cette porte avaient un physique parfaitement lisse et irréprochable, ce n'était pas seulement ce qui l'intéressait. Le discours du jeune homme, lui, capta nettement son intérêt. Il aimait ça, entendre qu'il n'aurait peut être jamais cru se retrouver ici, à postuler pour une marque de Haute Couture quand, de son propre aveu, il n'avait généralement pas les moyens de se vêtir autrement qu'avec des vêtements d'occasions. Bien sûr, James était conscient que la plupart de ses créations ne s'adressaient pas à toutes les bourses, parce qu'il en avait toujours été ainsi. Mais il jugeait ce témoignage intéressant car quelque part, Raphael représentait aussi cette part de la population qu'il espérait séduire à plus long terme avec des collections plus abordables, toujours dans un souci d'excellence mais aussi d'ouverture au monde. « Vraiment ? J'aurais pensé qu'un talent comme le votre vous vaudrait de décrocher des contrats alléchants. Et bien payés. » Il nota d'une voix intrigué. Il s'étonnait simplement qu'un danseur de la qualité de Raphael ne vive pas confortablement de son art, mais peut être était-il lui-même trop privilégié depuis sa naissance pour se rendre pleinement compte que la société n'offrait pas les mêmes chances à tous. Il ne serait pas le premier dont le talent aurait été nié malgré des années de travail, James avait d'ailleurs lui-même déjà accueilli des artistes en mal de reconnaissance dans les rangs de Weatherton. L'observant depuis sa place, il reprit. « Je vais être franc. Je ne ferais pas ce métier si je ne pensais pas que tout n'est pas voué à revenir à la mode un jour... » Mais, car avec James il y a avais souvent un « mais ». « Mais je ne voudrais pas de ce que vous portez même pour faire le ménage. » Si un sourire éclaira brièvement les visages des différents juges, chacun retrouva aussitôt son sérieux lorsqu'ils comprirent que James ne cherchait en aucun cas à être drôle. C'était simplement une preuve de plus de sa franchise à toute épreuve, parfois désarçonnante pour ceux qui ne le connaissaient pas. « Cela dit, je ne suis pas surpris que vous vous soyez trouvé élégant dans une de nos tenues. Vous avez une silhouette élancée, un bon port de tête et en dehors de votre profil un peu particulier, vous n'êtes pas si différent des mannequins que je vois passer tous les jours. » Il irait même presque jusqu'à dire qu'il avait comme quelque chose en plus, quelque chose qu'on ne s'attendrait pas à trouver au détour d'un casting comme celui-ci.

« Combien vous mesurez ? 1,80 m, un peu plus ? » James quitta sa place pour s'approcher de quelques pas. Oui, Raphael était un peu plus grand que lui et définitivement, sa silhouette longiligne était un atout – y compris pour lui, qui devrait peut être défendre son choix auprès de ses équipes s'il décidait personnellement de laisser sa chance à Raphael malgré le fait qu'il ne rentre pas totalement dans le moule habituel. « Et cette gueule d'ange, je suis convaincu qu'elle pourrait vendre n'importe laquelle de nos créations. » Raphael n'avait pas des airs de mauvais garçons comme beaucoup des mannequins d'aujourd'hui et c'était cette candeur qui brillait au fond de ses yeux qui lui faisait dire qu'il se démarquait définitivement du reste du groupe. Il avait l'air de se demander ce qu'il faisait là, prêt à s'excuser à chaque fois qu'il ouvrait la bouche ou respirait un peu trop fort, et c'était exactement ce qu'il fallait pour cette campagne. Quelqu'un qui révélerait leurs créations tout en se révélant lui-même, parce que c'était là qu'avait toujours été le message qu'il voulait faire passer. La directrice de casting, elle, reprit la parole. « Car nous sommes entrain de parler de plusieurs publicités qui prendront la forme de courts métrages et qui envahiront les réseaux sociaux d'ici quelques mois. Notre équipe marketing va réaliser un travail prodigieux pour que ces vidéos soient vues par le plus grand nombre, nous ne pouvons donc pas engager n'importe qui. » Bien sûr, elle se devait de rappeler qu'ils jouaient tous gros et qu'énormément d'argent serait investi dans ces vidéos de façon à rajeunir leur clientèle, comme le disait justement si bien Raphael. C'est drôle, James ne l'aurait sûrement même pas remarqué s'il était passé à coté de lui dans le couloir, pourtant maintenant il lui trouvait un charisme presque magnétique. Il avait peut être plus l’étoffe d'un mannequin qu'ils le croyaient tous, après tout. « C'est exact. Et je me fiche personnellement que nous n'ayez jamais posé pour un photographe, ce que je recherche c'est avant tout quelqu'un qui saura mettre mes créations en valeur. » Et c'était d'autant plus vrai pour cette campagne-ci, bien moins classique que la plupart de celles qu'ils avaient monté par le passé. « Vous seriez naturellement payé à hauteur de l'importance de ce contrat. Et ce n'est pas l'unique avantage que vous gagneriez à entrer dans la grande famille de Weatherton, mais Theresa y reviendra plus tard. » Rien ne servait de le faire saliver tant qu'il n'était pas encore certain de son sort, et James avait toujours aimé ménager l'effet de surprise. Contournant le jeune homme pour l'observer silencieusement, il finit par demander. « Vous dites que vous pouvez tout danser, mais est-ce que vous pouvez monter une chorégraphie ? » La monter de A à Z et la danser ensuite. Le tout, sous la supervision des équipes créatives mais avec tout de même un certain nombre de libertés. Après tout, on ne bridait pas un artiste. James s'y refuserait plus que n'importe qui d'autre. « Avec un danseur de votre niveau, je me dis que j'économiserais sûrement de l'argent en n'engageant pas de chorégraphe pour faire un travail que vous êtes sans doute capable de faire vous-même. Je me trompe ? » Son regard ne quitta pas celui du danseur, à qui il espérait peut être faire dire que oui, il avait les compétences pour monter une chorégraphie qui convaincrait le patron difficilement impressionnable qu'il était. James n'avait jamais vraiment regardé à la dépense pour promouvoir Weatherton, mais il savait aussi qu'Archie, leur actionnaire et celui à qui James se fiait bien plus qu'il n'irait ici le prétendre, apprécierait qu'ils évitent certains écarts lorsque c'était possible. Raphael et lui avaient donc autant à gagner l'un que l'autre à ce que le danseur prenne pleinement confiance en lui.

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Raphael &  @James Weatherton

Il a capté l’intérêt d’un des plus grands créateurs de mode australien et il peine à y croire, se basculant d’avant en arrière sur ses pieds, incapable de rester immobile maintenant que trop d’paires de yeux sont posées sur lui mais, plus important, celle de Weatherton. Il devrait peut-être se pincer pour tenter de se réveiller. Il travers en ce moment, et depuis quelques semaines déjà, un orage d’événements démolisseurs et il ne peut s’empêcher de se dire qu’il s’agit d’une caméra cachée. Dans quelques secondes, James éclatera de rire et le désignera de façon moqueuse de son index avant de révéler qu’il connait sa véritable identité ainsi que tous les noms qu’on lui colle aux fesses depuis cet article qui l’a détruit. Et pourtant, les compliments continuent à fuser et à flatter le danseur dans le sens du poil, alors qu’il ricane nerveusement. « Vraiment ? J'aurais pensé qu'un talent comme le votre vous vaudrait de décrocher des contrats alléchants. Et bien payés. » Sourcils froncés, légèrement hébété et intimidé, il secoue la tête de droite à gauche. Il n’a pas choisi la voie artistique la plus stable, à vrai dire, mais il n’a jamais regretté. Pas encore, du moins. Il ne se serait jamais imaginé bosser derrière un bureau et à seulement faire danser ses doigts sur un clavier. « Je me suis blessé, à seize ans. Je voulais entrer dans une grande école de danse mais je n’ai pas pu… Depuis, je suis considéré comme un candidat trop « vieux » pour me faire accepter. Alors… Je n’ai pas vraiment de contacts dans le milieu. » Il admet, la voix basse. Il lui suffit de raconter cette histoire pour sentir la douleur chaude dans sa cheville, là où son os s’est fracturé à la suite d’une agression qu’il n’a jamais méritée. Il ne voulait pas l’embrasser, cette fille ; il ne l’aurait jamais fait. Il a été honnête, il n’a pas caché cette blessure de parcours et il espère gratter à nouveau quelques points en complimentant la patte artistique de James même s’il n’a jamais pu se payer l’une de ses œuvres jusqu’à présent. Elle est réservée à l’élite dont il ne fait pas partie. « Je vais être franc. Je ne ferais pas ce métier si je ne pensais pas que tout n'est pas voué à revenir à la mode un jour... » Il se retient de respirer. « Mais je ne voudrais pas de ce que vous portez même pour faire le ménage. » Une expression de surprise déforme immédiatement ses traits et il baisse le nez pour observer sa chemise à motifs. Un gloussement déstabilisé s’échappe de sa gorge. En temps normal, il se serait défendu parce que son égo l’aurait convaincu de le faire mais il doute que ce n’est pas le moment de plaider pour sa cause. Il ne s’en sortirait pas en un seul morceau s’il remettait en question les goûts du styliste. Alors il réussit à avaler sa répartie et son honneur et il hoche vivement la tête de haut en bas, faussement compréhensif. « Cela dit, je ne suis pas surpris que vous vous soyez trouvé élégant dans une de nos tenues. Vous avez une silhouette élancée, un bon port de tête et en dehors de votre profil un peu particulier, vous n'êtes pas si différent des mannequins que je vois passer tous les jours. » Décidemment, il préfère les compliments. Pourtant, il se sentait particulièrement dévisagé dans la salle d’attente et il se doute qu’il n’a pas beaucoup de points en commun avec ces garçons qui vivent de leur apparence. « C’est la danse classique. » Il répond, avant de s’expliquer timidement : « J’ai appris à me tenir droit, comme s’il y avait un fil qui m’attachait au plafond. » Et, à force de se l’imaginer, il a pris l’habitude de toujours déambuler avec la grâce d’un cygne.

L’artiste amenuise la distance qui le sépare du candidat et, aussitôt, Raphael sent une vague de nervosité lui traverse l’équine, du coccyx à la nuque. Même quand il réalise qu’il est un peu plus grand que lui, d’à peine quelques centimètres, il ne perd pas une once d’appréhension. Il attend encore que le caméraman sorte de sa cachette et lui annonce qu’il vient d’être piégé. « 1,83m. » Il se permet de préciser en ne détachant pas ses yeux intimidé des siens. Il a une beauté authentique, ce garçon, presque plastique et surnaturelle. Il n’a définitivement pas le profil des passants dans la rue et de ceux que croise Raphael dans son quartier. Il serait presque jaloux, s’il ne savait pas que ce genre de don n’apportait pas que des avantages. « Et cette gueule d'ange, je suis convaincu qu'elle pourrait vendre n'importe laquelle de nos créations. » Surpris, il ricane nerveusement. Il est conscient qu’il n’a pas la tête à jouer le méchant d’un film mais jamais on ne l’a comparé à un ange. Est-ce qu’il doit le remercier ? Heureusement, il n’a pas le temps de trop réfléchir que la principale juge se lance dans des explications interminables. Il a l’impression qu’elle le défi, en précisant le projet de la marque, mais il est certain de pouvoir y arriver. S’il n’a pas beaucoup confiance en ses capacités sociales, il sait que son talent est remarquable. Il ne serait pas venu auditionner aujourd’hui s’il n’en avait pas conscience. « C'est exact. Et je me fiche personnellement que nous n'ayez jamais posé pour un photographe, ce que je recherche c'est avant tout quelqu'un qui saura mettre mes créations en valeur. » Il hoche vivement la tête à la positive. Oui, il peut faire ça, évidemment. Quelques secondes plus tard, Weatherton évoque le salaire plus qu’intéressant et le cœur de Raphael manque un battement. « Je suis pris ? » Il demande naïvement, l’air perdu. Ce n’est pas le genre de réponse qu’il obtient habituellement. On ne le rappelle jamais parce que personne ne connait son nom. « Vous dites que vous pouvez tout danser, mais est-ce que vous pouvez monter une chorégraphie ? » Ses mains se joignent devant son ventre et il s’humecte les lèvres. Malgré le regard terriblement intimidant de son futur supérieur (peut-être), il réussit à puiser assez d’énergie dans le peu qu’il lui reste pour se vendre une dernière fois. « Oui, évidemment. J’ai enseigné la danse, je peux le faire. » Il veut le job alors il ne réfléchit pas assez. Il n’a jamais participé à ce genre de projet. Il a toujours été seul avec lui-même. Il semble oublier qu’il y aura certaines contraintes à respecter, mais les lumières dans ses yeux lui brouillent les esprits. « Je serais honoré de faire les chorégraphies. Je peux vous envoyer quelques vidéos que j'ai faites dans le passé, si vous voulez. » Qu’il ajoute, enthousiaste, encouragé par la chaleur des projecteurs rivés vers lui. Il est le centre d’attention dans cette pièce même s’il la partage avec un grand artiste ; il se sent presque comme un dieu à qui on jette de l’or.  
       
                 

Unknown

@Raphael Elly &  James

Le parcours d'un danseur qui à première vue ne partageait pas son goût pour les vêtements raffinés aurait pu profondément indifférer James, mais bien au contraire le créateur éprouvait une certaine curiosité pour ce jeune homme semblant par moments débarqué d'une autre planète. Comme s'il avait poussé cette porte par hasard, alors même qu'il éblouissait le jury par sa présence et son talent quelques minutes plus tôt. Intrigué, James se demandait forcément d'où pouvait lui venir cette tendance à baisser les yeux même quand personne autour de la table ne pourrait indéniablement reproduire ce qu'il venait de réaliser. Soudain, il comprit. Une blessure, des rejets, des désillusions. Probablement une frustration bien enfouie et l'impression que s'il ne saisissait pas sa chance aujourd'hui, peut être ne se représenterait-elle pas. James n'était certes pas le mieux placé pour s'identifier à son récit, mais il connaissait suffisamment d'artistes écorchés par ce genre de mésaventures pour le comprendre bien mieux que quiconque irait sans doute le soupçonner. Et puis, lui aussi avait connu son lot d'épreuves, peu importe à quel point il arrivait presque systématiquement à se convaincre du contraire. « La vie sait parfois se montrer injuste. » James souffla sans rien laisser paraître de plus qu'un soupçon d'empathie qu'on lui connaissait rarement. « Avec un aussi grand potentiel, vous auriez sans doute suivi une brillante carrière. Heureusement il n'y a pas qu'une seule façon d'exploiter un talent comme le votre. » Le parcours de tout artiste était jalonné d'obstacles et dans certains cas, des échecs consécutifs venaient anéantir des rêves et des perspectives. Raphael était incontestablement doué, il n'avait simplement pas connu le succès qu'il aurait sûrement mérité et ça faisait aujourd'hui les affaires du créateur. S'il avait été à l'affiche des plus prestigieux spectacles de danse du pays, jamais il ne se serait présenté à cette audition et Weatherton serait passé à coté d'un authentique talent. « Intéressant. Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de profondément gracieux dans votre manière de danser. » Il observa, croyant reconnaître dans les mouvements du danseur une rigueur similaire à celle que lui avaient demandé à une époque ses longues années d'apprentissage du piano. James n'avait certes jamais joué le moindre concerto mais la dextérité manuelle que lui avait demandé ces années de travail lui servait tous les jours dans la maîtrise de son travail. Tout était une question de précision, de persévérance et de plaisir, bien sûr. « J'aime la discipline et que tout soit irréprochable. Je suis certain qu'avec votre parcours nous n'auront pas de problème. » Ou bien il pouvait si besoin dégainer un bâton pour imposer directement le tempo et s'improviser Maître de ballet. Mais ça n'était pas son domaine et aussi perfectionniste soit-il, James comptait laisser toute la partie qui concernait la danse à Raphael. Ce qui ne l'empêcherait pas d'avoir des yeux partout.

Des yeux qui n'avaient mis qu'une seconde à noter que si le danseur n'avait pas l'expérience d'un mannequin confirmé, il en avait par contre la silhouette. Élancé et gracile, il serait parfait pour la campagne qu'ils avaient imaginé. Parler salaire pourrait paraître prématuré mais James n'avait jamais apprécié de tourner autour du pot et son temps était toujours plus que précieux. Il avait probablement su dès l'instant où son regard s'était posé sur lui que Raphael était celui qu'il leur fallait, depuis toujours bien plus attiré par les profils atypiques que par des visages que l'on pouvait voir partout. Le sien l'était, ça ne faisait aucun doute, et sa personnalité l'intriguait suffisamment pour qu'il veuille tenter de voir celui qu'il pourrait devenir une fois sous pression. « A l'essai, oui. A vous de me prouver que je prends la bonne décision. » Son regard s'ancra une seconde à celui du jeune homme. James était un homme et un patron exigeant, le fait qu'il soit prêt à laisser sa chance à un talent qu'il jugeait prometteur ne signifiait pas qu'il hésiterait une seule seconde à revenir sur sa décision si on la lui faisait regretter. Pour autant Raphael semblait empli d'une envie de bien faire, sans doute que ses échecs passés ne le rendaient que plus déterminé encore à briller lorsque quelqu'un plaçait sa confiance en lui. C'était le cas du créateur, qui voulait croire que son instinct ne l'avait pas trompé cette fois encore. Il prenait des risques en le choisissant lui, tout le monde dans cette pièce aurait après tout écarté sa candidature sans même y regarder à deux fois, il incombait donc au danseur de faire ses preuves et de lui donner raison. Sinon, leur collaboration s'arrêterait aussi vite qu'elle avait commencé. « Bien. C'est ce que j'espérais entendre. » C'était une bonne chose qu'il puisse à la fois s'occuper de monter et de danser la chorégraphie qui contribuerait à mettre en valeur les créations Weatherton sur les réseaux sociaux. Dans un milieu où la plus petite dépense atteignait facilement quatre chiffres et où chaque campagne représentait des centaines de milliers d'euros d'investissement, la plus petite économie était toujours bonne pour les affaires. L'enthousiasme de Raphael, lui, tira presque un sourire au styliste qui s'affaira à remballer les quelques papiers étalés devant lui. « Vous pouvez, oui. Theresa vous communiquera l'adresse email à laquelle vous pourrez me joindre. Elle va aussi préparer votre contrat. » Un contrat qui engagerait Raphael à tout un tas obligations vis à vis de Weatherton, mais son assistante se chargerait de lui faire lire chaque page attentivement. James n'avait guère le temps de parler paperasse. « Quant à moi je ne peux rester, le travail m'attend. » Il avait un atelier à faire tourner, des commandes à honorer et des dizaines de deadlines à respecter rien que pour cette seule semaine. James avait vu ce qui l'intéressait et il avait fini par trancher, il laissait maintenant ses collaborateurs prendre le relais pour retourner là où sa présence était la plus nécessaire. « Monsieur Turner, ce fut un plaisir. Vous savez ce que j'attends de vous, alors il me reste à vous dire à bientôt. » Tendant une main vers lui dans un geste professionnel, James lui offrit une dernière poignée de main avant de s'éclipser par la même porte que celle par laquelle il était apparu. Dans le couloir, de nombreux postulants attendaient encore sans imaginer que le créateur en personne avait déjà fait son choix. Il ne briserait pas leurs espoirs lui-même, il y avait du personnel pour ce genre de choses. « Félicitations, Monsieur Weatherton ne laisse pas sa chance à n'importe qui. Vous avez vraiment du l'impressionner. » L'assistante de James offrit un sourire bienveillant à Raphael tandis que le reste du jury quittait progressivement la table pour retourner à leurs diverses occupations. « Suivez-moi, je vais vous faire signer un peu de paperasse. » Le genre de paperasse qu'on était plutôt content de signer lorsqu'on se voyait offrir la chance de faire partie d'une campagne de cette ampleur. Raphael comprendrait bien assez tôt à quel point il était chanceux et à quel point ce cadeau s'avérait aussi empoissonné : à partir de maintenant, il n'avait plus le moindre droit à l'erreur. James veillerait au grain.