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Lucia Whitemore & @Swann McGrath

« Je crois qu’il reste plus que quelques cartons, on peut faire l’aller retour tous les deux je pense non ? » Matt et Lily sont adorables, Lily et Matt nous aident depuis ce matin à faire des aller retours entre l’appartement à Fortitude, celui à Logan City où nous étions installé temporairement, et Princess Stress où se trouve notre nouveau chez nous. Matt et Lily ont aussi certainement d’autres choses à faire - je me sens coupable dès qu’il est question de demander de l’aide, c’est dans ma nature, et je dois avouer que j’ai hâte de nous retrouver enfin seuls tous les deux. Tous les trois. C’est un jappement de Pancake qui me rappelle qu’il est là lui aussi, et un coup d'œil sur le chiot qui se roule déjà dans le jardin qui m’apprend qu’il se sent également déjà chez lui ici. Je dois dire que moi aussi. J’ai proposé à Gabrielle de m’accompagner pour une seconde visite - parce que j’ai toujours du mal à prendre des décisions - mais j’étais déjà conquise à l’instant où Swann et moi avons visité la petite maison à louer au 336 Princess Street, dans le même quartier que le DBD mais également dans le même quartier que la nouvelle maison du frère de mon petit ami et de son épouse.

Pourtant, nous n’avions pas restreint le champ des possibles et, je le jure, nous avons cherché la perle à nos yeux dans tous les quartiers résidentiels de la ville. Adieu le centre puisque nous voulions tous les deux un peu plus d’espace , nous n’avons pas particulièrement tenté de nous rapprocher de l’une de nos deux familles, mais nous nous sommes toutefois retrouvés bien malgré nous à habiter à un pâté de maison des siens, et bien plus proche de Wynnum également : mes parents sont ravis. Ils sont ravis de me voir avancer, ils sont ravis de me voir faire les choses dans l’ordre (la sainte trinité à leurs yeux, maison puis mariage et enfin bébé, exclusivement dans cet ordre là), ils sont ravis de me voir emménager plus sérieusement avec un homme qu’ils peuvent rencontrer et qui ne ressemble en rien à mon ex. Swann, je n’ai pas peur de le ramener à la maison à l’occasion des barbecues dominicaux. Je l’ai surpris du coin de l'œil et à plus d’une reprise en grande conversation avec mon paternel, et je crois que même Gabrielle et ma mère l’aiment bien. Hannah est différente, Hannah restera certainement méfiante toute sa vie, mais Hannah est Hannah et j’ai cessé de tenter de la changer surtout quand, je ne peux le nier, elle m’a beaucoup aidée ces derniers mois.

Loin d’être une villa dans laquelle se perdre, la maison possède tout de même deux chambre - pour les amis - une pièce de vie aux dimensions respectables et surtout, comble du luxe, un petit jardin de tout juste soixante mètres carrés - pas de quoi installer un terrain de foot - mais qui promets d’agréables dimanches et d’immenses barbecues. Une fois les déménageurs de l'extrême partis - je note dans un coin de ma tête de trouver une bouteille de vin à leur offrir, je sens les bras du blond se refermer autour de ma taille, et alors que j’appuis ma tête contre son torse, ses lèvres embrasser mes cheveux. « Il va pas tarder à faire nuit. Tu veux qu’on aille chercher ce qu’il la bas aujourd’hui ou demain matin ? » Demain “matin”, puisque je doute que quoi que ce soit puisse nous faire sortir du lit de bonne heure. Du lit, ou plutôt du matelas par terre, si on ne se motive pas à monter les meubles ce soir. « Pancake a l’air heureux. » Et c’est un euphémisme. Seulement, ce n’est pas uniquement là que je veux en venir et, à voix basse, je rajoute. « Je suis heureuse aussi... » Le mois de février a été compliqué, le mois de mars aussi à bien des égards mais à présent que les moments les plus difficiles sont derrière nous - j’y crois en tout cas dur comme fer - je respire un peu mieux. « Et là. » Je pointe du doigt la petite terrasse en bois. « Je vois bien une immense table à manger et deux chaises longues en bois. » Avec en supplément un kilo de crème solaire par personne pour nos deux peaux de blonds.

Mais en vérité, je pourrais me satisfaire de l’avoir lui, seulement lui.

La maison est belle, grande et, surtout, elle est à eux. Ils en ont les clés et bientôt ils placeront leur nom sur la boîte aux lettres pour que tout soit plus officiel encore. Ils ont enfin avancé, ils ont fait ce dont ils ont commencé à parler il y a plusieurs longues semaines déjà. Un an plus tôt, ils étaient occupés à faire des crêpes. Aujourd’hui ils pourront les faire dans leur cuisine - quand tout sera réellement installé, oui, d’accord - sous l'œil expert d’un Pancake encore occupé à découvrir la maison en courant de partout depuis des heures. Swann ne saurait pas dire lequel des trois est le plus heureux et avoir des doutes de ce genre dans sa vie ne le rend que plus heureux encore. Si c’est réellement le plus gros problème de son existence, il peut le gérer sans mal. « Il va pas tarder à faire nuit. Tu veux qu’on aille chercher ce qu’il la bas aujourd’hui ou demain matin ? » Son frère s’en va déjà, leur concours de blagues nulles prend enfin fin, sûrement pour le plus grand plaisir des deux femmes pour qui la journée a dû être particulièrement longue. Eux aussi ont l’air heureux; eux aussi ont déménagé il y a peu. Swann qui avait toujours l’impression d’être en retard sur ses frères et sœurs se veut quelque peu rassuré, désormais. “On continuera demain, t’en fais pas.” Ils ont fait des allers retours toute la journée et devraient avoir le droit de profiter de leur matelas à même le sol, synonyme de leur confort rudimentaire de nouveaux locataires trop pressés d’emménager. Ses paroles s’agrémentent d’un baiser de plus contre ses cheveux alors qu’il a déjà posé ses mains autour de ses hanches. Ils ont passé la journée ensemble mais ce n’est qu’en cet instant qu’il peut enfin profiter de sa petite amie et du retour de leur intimité. « Pancake a l’air heureux. » Devant eux, l’animal est encore occupé à courir et à lancer en l’air sa petite corde. Ils n’ont même pas pris la peine de ranger son jouet préféré dans le carton marqué au nom du chien, sachant par avance qu’il allait rapidement lui trouver une utilité sans se soucier de savoir s’ils avaient l’électricité ou même les meubles de montés. « Je suis heureuse aussi... » - “Je le suis aussi.” Il peut l’assurer sans aucun doute, n’hésitant pas à la serrer un peu plus contre lui en même temps qu’il parle. Il est heureux et c’est grâce à elle, à sa présence et à sa patience.

« Et là. Je vois bien une immense table à manger et deux chaises longues en bois. » Une immense table pour toujours pouvoir inviter leur famille et amis, pour toujours recevoir du monde. Deux chaises longues pour agir comme s’ils n’étaient pas tous deux plus blanc que neige, comme s’ils pouvaient décemment bronzer sans brûler. “Avec une petite piscine pour Pancake.” Lui qui ira ensuite se sécher contre les jambes des invités ou les leur, selon son humeur du moment. “On devrait leur faire un cadeau ou les inviter à manger, ils nous ont bien aidé.” Ils se sont proposé d’eux même, c’est vrai, mais ils auraient très bien pu partir dès qu’ils en ont eu marre de transporter meubles et cartons d’un bout à l’autre de la ville sur leur jour de congé. Swann se sent d’autant plus redevable du coup de main depuis que son frère l’a mis au courant du récent état de santé de sa femme: elle attend un enfant. Ils en attendent un. Depuis que ce secret a été porté à sa connaissance, il meurt d’envie de le dire à Lucia à son tour mais s’est juré d’attendre quelques jours pour s’assurer que la grossesse se passe sans heurts. Son frère l’a averti de leurs peurs et, sans même ne jamais avoir vécu une telle expérience, il ne peut que le comprendre. Le cap des trois mois n’est pas encore passé mais la jolie blonde mérite d’être tenue au courant - il la soupçonne d’être bien trop observatrice pour ne pas le découvrir par elle-même sous peu. “Surtout Lily. Mon frère m’a dit qu’ils attendaient un enfant, elle devait être fatiguée.” Il sourit dans les cheveux de sa petite-amie, sincèrement pour eux autant qu’il l’est pour lui: il va être tonton à nouveau, mais pour la première fois à propos de Matt. S’il espère un jour recevoir le titre de papa pour palier à tous les tontons dont il est affublé, il est hors de question pour lui de presser les choses ou de mettre une quelconque pression à Lucia. Ils ont le temps d’en discuter, c’est une évidence. “On pourra aller faire du baby sitting avec Pancake, on sera les meilleurs de toute la ville.” Et cette fois-ci, aucun des deux parents n’aura de dent contre Lucia. Il ne s’agira ni de Jillian elle-même, ni du mari de Ginny.

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« On continuera demain, t’en fais pas. » Mes muscles réclament un peu de répit (je ne risque pas de l’avoue à voix haute sous peine que l’on me dise que ça c’est parce que je ne fais plus de sport) et je ne peux retenir un soupir de soulagement. Presque aucun meuble n’est monté mais il y a le principal : Swann, notre chiot, un matelas dans la chambre et un canapé sur lequel s’installer. « On pourra aller faire un tour chez Ikea pour acheter ce qu’il nous manque. » Et dépenser tout notre argent en bibelots inutiles qui feront de la maison un chez nous à notre image. Et acheter un nouveau dressing, plus grand que celui de Swann dans lequel mes affaires à moi ne rentrent déjà pas, cela va de soi. « On pourra passer récupérer le lit que j’ai laissé à la colocation aussi, pour la chambre d’amis. » J’ai déjà dit aux filles que je viendrais un jour où l’autre récupérer mes meubles, de toute façon.

On pourra, on pourra, sur l’heure, j’ai juste envie de profiter de cette sensation de repartir à zéro avec lui et d’observer, dans ses bras et sur notre petit bout de terrasse, le soleil qui se couche. Je pourrais rester là sans bouger pendant des heures. Les bras de mon petit ami, la chaleur de sa respiration dans ma nuque, ses baisers dans mes cheveux et le chiot qui se roule dans l’herbe à quelques mètres de là : je n’ai pas besoin de grand chose de plus. « Je le suis aussi. » Un sourire étire mes lèvres et, me dégageant doucement, je me retourne entre ses bras. « Promis ? » Ma main lâche la sienne et je lui tend mon petit doigt. Swann est quelqu’un de bien, quelqu’un qui n’oserait jamais, jamais rompre une pinky promise. Je me hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser contre ses lèvres, avant de sourire. « On sera encore plus heureux avec une livraison de burger et de brownies, tu crois pas ? » Puisqu’après tout, nous pouvons utiliser l’excuse des cartons pour commander à manger plutôt que de lever le petit doigt. « Avec une petite piscine pour Pancake. » Je hoche la tête et ajoute la piscine à l’image que je me fais de la maison dans ma tête. « Il va adorer ça. » Il grandit vite, je m’en fais la réflexion en posant les yeux sur le chiot en réalisant que nous l’avons depuis déjà deux mois. Deux mois qui sont passés à une vitesse effrayante étant donné tout ce que nous avons vécu. Toutes ces choses auxquelles je n’ai plus envie de penser.

« On devrait leur faire un cadeau ou les inviter à manger, ils nous ont bien aidé. » Rien ne me semble plus normal que ça. « Ça fait des années que mon père essaye de refourguer son vieux barbecue. Il marche encore très bien mais Gabrielle n’en veut pas et jusqu’ici ni Hannah ni moi n’avions de jardin. On pourra les inviter et l’utiliser. » Je suis australienne : j’ignore si Swann comprend notre adoration et notre dévotion pour les grillades, mais en tout cas il n’a jamais fait mine de la juger. « Surtout Lily. Mon frère m’a dit qu’ils attendaient un enfant, elle devait être fatiguée. » Mes yeux s’allument de plusieurs lueurs : la première, c’est une joie immense, sans la moindre limite. La seconde, elle est plus dure à déceler et je la refoule immédiatement : il s’agit de la jalousie. L’instinct maternel est plus prononcé chez certaines que chez d’autres et, me concernant, il a frappé tôt : j’envie toutes ces femmes qui à mon âge ont déjà construit quelque chose et ont un bébé dans les bras pour le prouver. J’envie aussi Swann d’être entouré d’une famille - ils sont sa famille, quoi que l’ADN en dise - où je n’arrive même plus à compter les bébés. Depuis ce qu’il est arrivé à Gabrielle, c’est un sujet tabou chez nous et j’ai une pensée pour elle : comment réagira-t-elle en apprenant la nouvelle ? Je la sais profondément douce et bonne, elle se réjouira pour son amie, mais je sais aussi que cela la blessera. « C’est une superbe nouvelle ! Tu aurais dû me le dire, on aurait demandé à quelqu’un d’autre de porter les cartons ! Depuis combien de temps ? » Mes yeux pétillent, et je m’imagine l’espace d’un instant remplir la chambre d’amis avec un bébé à moi, à nous. Je dois me faire violence pour reconnecter avec la réalité. « On pourra aller faire du baby sitting avec Pancake, on sera les meilleurs de toute la ville. » « On sera les meilleurs de tout le Queensland. » Timidement, je rajoute. « Ils ont beaucoup de chance... »

Swann n’a jamais été un adepte du changement et bien au contraire mais cette fois-ci tout est réellement différent. Il souhaitait déménager sans doute presque autant que Lucia et sait pertinemment que c’était la meilleure décision à prendre. Les futurs locataires de l’appartement ne sauront jamais ce qui a pu se passer dans leur salle de bain et tant mieux pour eux. Le jeune couple, lui, ne sera jamais capable de l’oublier, et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Ils ont dû se rendre à l’évidence et vivre chez Matt pour un temps, ce qui prouve bien l’urgence de la situation et le besoin pressant de s’en aller. Leur nouvelle maison n’a pourtant pas été choisie au hasard et elle correspond à chacun de leurs critères, quand bien même ces derniers n’avaient rien d'extravagant. Ils restent des personnes simples qui veulent des chambres d’amis ainsi qu’un petit jardin, rien de bien sorcier à trouver dans ce quartier. Face à eux se dessine désormais la perle rare et, sur leur visage, des sourires qui n’en finissent plus. Lucia leur prévoit déjà des journées entières à arpenter les magasins d’ameublement, chose dont Swann a apparemment toujours minimisé la joie que ça allait lui procurer. Dans leurs mots se dessinent déjà les différentes pièces, avec une attention toute particulière pour la chambre d’amis dont tous les deux ont envie qu’elle soit tout sauf une chambre d’amis, justement.

« Promis ? » - “Promis.” En atteste la pinky promise à laquelle il répond sans douter un seul instant, ne lâchant son auriculaire que lorsqu’elle vient l’embrasser et qu’il en fait de même en retour, la gardant près de lui quelques secondes supplémentaires. “Peut-être qu’une livraison est déjà en cours, à vrai dire.” Peut-être qu’effectivement il avait anticipé les mots de la blonde en commandant leurs plats préférés, lesquels ne sont pas non plus difficiles à trouver, eux non plus. Il arbore un sourire plus fier encore, comme s’il avait accompli un exploit en ne prenant que quelques minutes d’avance sur sa petite amie qu’il commence à réellement connaître bien mieux que lui-même encore. “Supplément milkshake.” Pour elle, bien sûr. Il n’est même pas certain que leur frigo soit en état de marche mais ne doute pas qu’elle a assez d’appétit pour dix dès qu’il s’agit de sucreries. Au pire, il se sacrifiera pour ne pas gâcher la nourriture, bien sûr. Ce serait vraiment dans le pire des scenarii, de toute façon.

Lucia lui dresse toute la chronologie du barbecue Whitemore, histoire que le blond écoute avec un simple sourire sans qu’il n’y ait de raison à cela. “Je lui dirai que j’en prendrai soin.” Il s’entend plutôt bien (voire même très bien?) avec le père de sa petite-amie, raison pour laquelle il ne prend pas même la peine de lui demander de faire passer le mot à sa place. Il remerciera son beau-père de lui même, faisant fit du fait qu’il souhaite apparemment se débarrasser de l’appareil. Eux seront très heureux de le reprendre, surtout si cela leur donne une raison supplémentaire pour inviter amis et familles - et utiliser la chambre d’amis tant qu’elle peut encore l’être. Il a toujours jugé son appartement trop petit pour ce genre de petites fêtes mais ne craint pas que leur maison, elle, sera parfaite. Chacun pourra inviter ses proches et n’être que plus heureux encore, parce qu’ils commencent à vivre un rêve éveillé et que ses bras le font de moins en moins souffrir. “Mais mon frère va vouloir faire des concours de grillades à peu près tous les deux jours.” Il prévient tout de même, se voulant avenant. Si l’esprit de compétition de son frère est le pire qu’ils puissent attendre de leur futur alors autant dire qu’il n’y a justement rien à craindre. C’est l’état d’esprit dans lequel il se trouve, volant sur son petit nuage malgré ses muscles endoloris par la journée qu’ils viennent de passer - d’où l’importance du festin divin en route vers eux.

Il profite du sujet de son frère et sa belle-soeur pour parler à Lucia de l’état de santé actuel de son amie, lequel reste encore un secret de polichinelle. Il a respecté le souhait des futurs parents durant quelques semaines mais maintenant qu’il juge le temps venu, il se permet enfin de mettre à son tour sa petite amie dans la confidence, un sourire au coin des lèvres - les leurs, à tous les deux. Il n’est que plus heureux encore de voir ses yeux bleus s’illuminer, réaction qu’il avait eu l’audace d’anticiper. « C’est une superbe nouvelle ! Tu aurais dû me le dire, on aurait demandé à quelqu’un d’autre de porter les cartons ! Depuis combien de temps ? » Lucia ne le savait pas mais lui et son frère veillaient de leurs regards sombres sur la trentenaire et chacun de ses gestes. Ils s’assuraient des poids qu’elle portait et bien souvent leur venait subitement l’envie de porter exactement le carton qui était le sien. Aucune crainte à avoir: ils veillaient au grain, sans avoir à dire un mot. “T’en fais pas, elle connaît ses limites.” Il y a de ça, aussi, parce qu’il a rarement connu une personne aussi sérieuse et avisée que l’australienne. “Ça doit faire un peu plus de deux mois. Ils veulent attendre le premier trimestre pour en parler à tout le monde.” Autrement dit, cela doit encore rester leur secret et il n’est pas question d’en parler à aucune de ses soeurs, chose que Swann ne juge pas utile de préciser Lucia saura très bien comprendre ses mots et lire entre les lignes, il n’a aucun doute. « Ils ont beaucoup de chance... » Il resserre doucement son étreinte près de sa petite-amie et dépose un baiser suivi d’un autre contre son front, un sourire (heureux) ancré sur le visage. “Je crois qu’il m’a demandé quand est ce qu’il allait pouvoir être tonton à nouveau, d’ailleurs.” Désolé Matt, c’est tout à fait faux mais tu fais une très bonne excuse. “J’aime bien l’idée.” Ne reste plus qu’à savoir si elle l’aime, elle aussi, chose dont il ne doute finalement que peu. Tout ce dont il a besoin, c’est de l’entendre de ses propres mots et non à partir d’une histoire alambiquée impliquant son frère qui n’y est bien sûr pour rien.

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« Peut-être qu’une livraison est déjà en cours, à vrai dire. »
« T’es parfait. »
« Supplément milkshake. »
« Je corrige : t’es l’homme de ma vie. »

La conversation est sur le ton de l’humour, il est question de nourriture (comme souvent avec nous en fait) mais la déclaration n’en est pas moins sincère pour autant : c’est ce qu’il est Swann, à mes yeux. Tant pis si cela va trop vite pour les normes, tant pis si, normalement, j’aurais dû attendre un peu plus longtemps avant de dire ce genre de chose au risque de me brûler les ailes mais je les ressens comme ça et je suis aussi entière que je suis timide, avec lui en tout cas. Un sourire gêné étire mes lèvres et, alors que mon auriculaire est encore noué avec le sien, je plisse le nez en relevant les yeux vers lui. « Tu l’es. » Pour de vrai. Pas uniquement parce qu’il a déjà passé la commande pour le dîner. Pas uniquement parce qu’il a pensé à mon milkshake et que, j’en suis sûre, il connaît par contre mes parfums favoris. Je délace nos doigts pour enrouler mes bras autour de ses épaules et je reste là, ma joue posée contre son torse.

« Je lui dirai que j’en prendrai soin. »
« De toute façon je suis certaine qu’il sera encore plus content de savoir que c’est toi qui le récupère. Il le dit pas, mais je suis sûre qu’il aurait aimé avec un fils. » Et je suis sûre qu’avec le temps et si mon petit ami le laisse entrer, c’est ce qu’il aspire à devenir pour lui. Le conjoint de Gabriel et mon père entretiennent une relation plus compliqué, parce qu’il ne vient pas du même monde, parce qu’il a un petit côté roi du monde qui comble peut-être ma soeur (et ma mère, qui ne tarit pas d’éloges sur son gendre), mais qui passe mal avec l’homme simple qu’est mon père. Mais il adore Swann, et je ne pourrais être plus heureuse puisque c’est de lui que j’ai toujours été le plus proche, c’est à lui que je ressemble le plus. « Mais mon frère va vouloir faire des concours de grillades à peu près tous les deux jours. » J’observe mon petit ami et je suis sincèrement heureuse pour lui : habiter près de chez Matt, je suis sûre que c’est d’un côté ce qu’il a toujours voulu. « Ils peuvent venir quand ils en ont envie. » Tous autant qu’ils sont. Même Jill, puisqu’en m’engageant avec Swann je suis consciente d’avoir signé pour la famille McGrath au grand complet. La famille est sacrée à mes yeux, et celle de Swann sera toujours la bienvenue chez nous.

Lily est enceinte. Ces trois petits mots me remplissent de joie. Ces trois petits mots me donnent encore plus envie que mon tour vienne. Celui d’Hannah ayant visiblement été volontairement sauté, c’est à moi non ? Est-ce trop tôt aux yeux de mon petit ami ? Je ne pourrais pas le blâmer si c’était le cas, mais ça ne l’est pas pour moi. Nous avons beau être ensemble depuis moins d’un an, je n’ai pas besoin de plus de temps pour savoir que c’est avec lui que je me projette, bien plus que je ne me suis jamais projetée avec quiconque. Et puis, Matt et Lily se sont rencontrés le jour de leur mariage, et c’est également à cette date que nous avons commencé à nous rapprocher, Swann et moi. « T’en fais pas, elle connaît ses limites. » Je suis sûre que Lily sera la plus parfaite des femmes enceintes. Qu’elle prendra ses vitamines à heures fixes et de façon millimétrée et qu’elle n’aura pas la moindre journée de retard pour ses rendez-vous de contrôle. « Ça doit faire un peu plus de deux mois. Ils veulent attendre le premier trimestre pour en parler à tout le monde. » « Je le dirai à personne. » Mes yeux pétillent, c’est indéniable. « C’est merveilleux. » Ils ont de la chance. Une chance que j’aimerais avoir, mais je ne le précise pas pour qu’il ne ressente pas la moindre pression : je n’en ai pas envie. Les choses se feront quand elles se feront et, être dans ses bras, ceux qu’il resserre sur moi pour m’embrasser le front, c’est déjà le plus beau des cadeaux. « Je crois qu’il m’a demandé quand est ce qu’il allait pouvoir être tonton à nouveau, d’ailleurs. » Un sourire étonné sur les lèvres, je lève un sourcil en relevant les yeux vers le blond. Est-il en train de sous-entendre ce que je pense qu’il sous-entend ? « J’aime bien l’idée. »

Il aime bien l’idée.

Il aime bien l’idée et moi, je le serre un peu plus contre moi avant de chercher sa main pour enrouler nos doigts. « Oui, moi aussi j’aime bien l’idée. » Celle de faire de Matt un tonton. Celle de devenir mère pour la première fois. Il était trop tôt lorsqu’une phrase de Ginny nous a poussé à avoir cette discussion, nous n’avions même pas passé le cap de notre première étreinte charnelle. J’ai l’impression qu’un siècle est passé depuis, et mon état d’esprit est totalement différent. Mon désir de fonder une famille et de le faire avec lui n’a plus rien d’hypothétique. « Je l’aime beaucoup même. » Plus question de tourner autour du pot, ni de parler de chambre d’amis. « Tu te sens prêt ? » Je noue un peu plus nos doigts en plongeant mes yeux dans les siens. Ils seront beaux nos enfants. Ils auront mes yeux et ses boucles blondes. Ils brûleront plus qu’ils ne bronzeront, mais je promets de leur étaler religieusement de la crème solaire à chaque fois qu’ils mettront un pied dehors.

« Je corrige : t’es l’homme de ma vie. »
« Toi aussi. » - « Enfin, la femme de ma vie, je veux dire. T’as compris. » Un rire mi-gêné mi-amusé.

Puisqu’il se perd dans ses mots, l’anglais décide de noyer le poisson en l’embrassant amoureusement. Il ne fait pas partie de ce type d’hommes qui peinent à avouer leurs sentiments et le fait qu’ils soient en public ou en privé n’y change rien. Il n’est pas simplement en train de lui dire qu’il l’aime, mais bien qu’il l’aime beaucoup, dans le genre ‘est ce que c’est ok si je continue à te parler de Doctor Who jusqu’à tes 127 ans?’. C’est l’âge jusqu’auquel elle vivra, c’est certain. La faute à cette règle qui dit que les personnes que vous aimez ne meurent jamais. Au fil des mois, il s’est attaché à la jeune femme bien plus qu’il ne l’aurait cru possible, au point où elle a rapidement su gagner une place dans ce cercle très restreint d’immortels. Aujourd’hui, il le lui témoigne par ses gestes tendres allant de pair avec ses mots.

La joie étant de mise, Swann en profite pour annoncer à sa petite-amie la grossesse de Lily qui fera de lui un oncle pour la 127e fois, là encore. Loin d’être lassé de voir arriver autant de marmots dans son entourage, Lucia n’aura aucun mal à déceler le bonheur et l’excitation dans ses mots. En réalité, c’est surtout pour son frère qu’il est heureux, parce qu’il sait qu’il a toujours voulu être père et fonder une famille, lui aussi. Il faut croire que les frères McGrath ont bien plus de mal à y arriver que leurs sœurs, toutes deux déjà mères et comblées. « De toute façon je suis certaine qu’il sera encore plus content de savoir que c’est toi qui le récupère. Il le dit pas, mais je suis sûre qu’il aurait aimé avec un fils. » Les paroles de Lucia ont sans aucun doute bien plus d’impact qu’elle ne le pense et si Swann arbore difficilement un sourire, ce n’est que parce qu’il se retrouve ému et touché par ses mots. Il aurait aimé avoir un fils et Swann, lui, aurait aimé avoir un père. Ils ne se diront jamais les choses ainsi mais ce n’est pas pour autant qu’elles n’existent pas, bien au contraire. “C’est vraiment quelqu’un de bien.” Il répond de travers mais cette fois-ci il n’y a aucun quiproquo, c’est promis. Il prendra soin de ce barbecue sur sa vie puisqu’il représente désormais beaucoup et qu’il le relie à Lucia et à toute sa famille dans laquelle il a l’impression de se frayer une place à chaque jour qui passe.

Leur quotidien enfin rentré dans l’ordre et puisqu’ils n’ont plus à se focaliser sur le passé, le blond se permet de tenter d’apprivoiser un futur. Un futur à trois (Pancake, n’oubliez pas Pancake), et peut-être même à quatre. Son frère et le nouvel état de sa femme devient une bonne raison pour lentement changer de sujet et en venir à parler d’eux. Les mots restent toujours maladroits, bien plus parce que Swann craint de vouloir avancer trop vite que parce qu’il doute d’eux. Après les récents événements, il a surtout peur de brûler les étapes et qu’elle le regarde autrement. « Oui, moi aussi j’aime bien l’idée. » L’idée d’un enfant. L’idée d’un enfant qui serait le leur, qui plus est. Swann sourit un peu plus encore maintenant qu’il comprend qu’ils pensent à la même chose. « Je l’aime beaucoup même. » C’est toi que j’aime beaucoup, qu’il aurait lancé s’il n’avait pas jugé la semie-blague un peu trop à côté de la plaque pour un instant aussi important que celui-ci. « Tu te sens prêt ? » Pour une personne dans son genre qui en vient toujours à douter de tout, la question est d’autant plus légitime. Pour autant, à ses yeux, il n’existe qu’une seule réponse. “J’ai toujours voulu fonder une famille.” Connaître ce qu’il n’a jamais eu, être bien meilleur que ses parents à qui il voudrait reprocher tous les maux du monde sans qu’aucun ne soit exagéré. “Et tu serais parfaite.” Elle fera(it) une mère parfaite. Elle a la patience et la douceur, elle a toutes les qualités qui soient pour ce rôle. Swann, lui, tiendra toujours sa main même lorsqu’elle aura mal lors de l’accouchement et en viendra à les détester de cette stupide idée. Plus tard, il racontera qu’il a survécu à la guerre en montrant la trace de ses ongles laissée contre sa chair. “Je sais que c’est une grosse décision et que ça changerait beaucoup de choses.” S’il joue éternellement au gamin qui a quinze ans depuis quinze ans, ce n’est pas pour autant qu’il prononce ces mots à la légère. Swann sait que leur vie serait changée à tout jamais et leurs destins liés mais il n’en a pas peur. Une vie à ses côtés n’a rien de mauvais, bien au contraire. “Mais je sais aussi qu’on a le temps avant de réellement avoir un enfant, pas vrai?” Il ne repousse pas les choses par peur, simplement par envie de faire au mieux, pour tout le monde. “Mais l’idée me plaît vraiment beaucoup, si tu veux savoir.” Raison pour laquelle il l’embrasse à nouveau, dans la nuque cette fois.

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« Toi aussi. Enfin, la femme de ma vie, je veux dire. T’as compris. »
« J’ai compris. »

Je veux bien être la femme où l’homme de sa vie, tant que je suis quelque chose dans sa vie si on me le demande. Tant que je suis la personne la plus importante - rien que ça, je n’ai pas de si hautes exigences - à ses yeux. Il l’est aux miens, cela va sans dire, il l’est même depuis longtemps et ça tient autant en l’amour que j’éprouve pour lui qu’en le fait qu’il est mon support au quotidien, qu’il me donne la force d’avancer et de me relever quand je trébuche. (Et je trébuche souvent, au sens propre comme au figuré.)

Mais tout va bien aller maintenant. C’est certain, nos problèmes tenaient dans le fait que nous vivions encore dans l’ancien appartement, témoin de la tragédie. Aujourd’hui et dans cette maison qui ne ressemble en rien au deux pièces de Doggett Street, rien ne peut mal se passer, j’essaye autant de me le promettre que de m’en convaincre à vrai dire. « C’est vraiment quelqu’un de bien. » « C’est le meilleur. » Je n’ai pas besoin de forcer ou de prétendre pour ça. J’aurais été plus nuancée concernant ma mère - je l’aime, mais elle a toujours tant exigé de moi et du reste de la fratrie que nous avons une relation plus compliquée - mais je ressemble à mon père comme deux gouttes d’eau et avec lui les choses ont toujours semblé si simples. « Et il t’aime beaucoup. » Si ce n’était pas déjà assez clair avant, je rajoute qu’en plus d’avoir toujours rêvé d’avoir un fils c’est bien Swann et pas n’importe qui qu’il rêve de considérer comme le sien.

« J’ai toujours voulu fonder une famille. » Mes lèvres s’étirent et mon grand sourire dévoile mes canines. Moi aussi, j’ai toujours voulu fonder une famille, et ça fait plusieurs mois que c’est avec lui et avec personne d’autre que je veux le faire. « Et tu serais parfaite. » Je rougis et je disparais dans ses bras. Je m’enivre de l’odeur de sa peau pour graver le souvenir, pour m’en rappeler avec précision quand je repenserai à ce moment où nous avons parlé de famille un peu plus sérieusement et de façon plus assurée que la dernière fois. « Tu seras parfait aussi. J’envisage personne d’autre que toi pour Swann et Lucia junior. » Pour les peluches, comme pour les enfants qui bien sûr ne porteront pas ce prénom là. « Je sais que c’est une grosse décision et que ça changerait beaucoup de choses. » « Je sais que la chambre rose si c’est une fille et bleu si c’est un garçon c’est démodé et sexiste, mais j’aime pas le jaune. » Grosse décision vous avez dit ? Je l’ai réfléchi toute ma vie cette décision, elle ne me paraît plus comme la suite logique de toute histoire d’amour. « Mais je sais aussi qu’on a le temps avant de réellement avoir un enfant, pas vrai ? » Doucement, je hoche la tête avant de déposer mon menton contre son torse pour relever les yeux vers lui avant de me tourner à nouveau dans ses bras pour coller mon dos contre son corps. « Mais l’idée me plaît vraiment beaucoup, si tu veux savoir. » Il embrasse ma nuque et je la laisse basculer en arrière sur son épaule. « Tu en veux combien ? D’enfants ? » Tout le monde se doute que je ne parle pas de chiens ou de burger pour le dîner mais la précision me semble toutefois nécessaire. « Je t’ai jamais posé la question. » Mes joues rosissent légèrement et je viens chercher ses doigts, ceux qui sont enroulés autour de ma taille, pour les attraper dans les miens. « Quand j’étais petite... » Je t’entends venir Swann avec ta remarque sur le fait que je ne sois pas beaucoup plus grande. « J’avais une sortie de boîte à bijoux où je glissais des petits bouts de papiers dès que j’avais une idée de prénom. » Autant dire qu’on y trouve certainement des prénoms plus farfelus les uns que les autres. « Il doit y avoir une majorité de Barbie, Princesse arc-en-ciel et Raiponce, mais je suis sûre qu’on peut y trouver quelques éclairs de génie. » Je n’ai pas vraiment l’intention de retourner ma chambre chez mes parents pour retrouver la boîte à bijoux en question, n’est-ce pas ? « C’est à ce point là que l’idée me plait. C’est ça que j’essaie de dire. » Pas dans plusieurs années. Pas hypothétiquement. Au point de repenser à mes petits bouts de papier et surtout, à mes rêves d’enfant.

« C’est le meilleur. Et il t’aime beaucoup. » Ces mots ont un grand impact sur Swann et il ne doute pas un seul instant que la jeune femme le sait. Elle sait à quel point son rapport à la famille est difficile, et surtout celui à la paternité et sa relation (inexistante) avec ce dernier. Lui annoncer qu’il est bien vu par son beau-père et, plus encore, qu’il l’aime beaucoup, suffit à renverser son cœur et lui faire gagner un large sourire au coin des lèvres. Ses yeux brillent et il n’ajoute rien, justement parce que ce n’est pas nécessaire. Tout son visage parle pour lui. Il a déjà hâte de pouvoir les retrouver lors d’un nouveau repas de famille lors duquel le père de Lucia lui apprendra de nouvelles expressions typiquement australiennes qu’il ne comprendra jamais.

Le père de Lucia est parfait et il espère qu’un jour, leurs enfants pourront dire pareil de lui, d’eux. Ses bras ne relâchent pas sa petite amie qu’il entoure aussi doucement qu’amoureusement alors qu’ils se confient peu à peu au sujet de leur envie de fonder une famille. Beaucoup diraient qu’ils vont trop vite puisqu’ils ne se connaissent qu’à peine depuis un peu plus d’un an mais c’est une discussion importante qui n’exige pas une application immédiate. Maintenant, au moins, ils sont assurés d’être sur la même longueur d’onde et peuvent parler ‘enfants’ le coeur plus léger que jamais. Leurs amis ont intérêt à venir les visiter rapidement parce que leur chambre sera rapidement occupée par un petit eux, aux yeux clairs de sa mère et à la tête blonde commune au couple. « Je sais que la chambre rose si c’est une fille et bleu si c’est un garçon c’est démodé et sexiste, mais j’aime pas le jaune. » Il aime bien toutes les couleurs que porte la Reine, alors cela veut dire qu’il aime toutes les couleurs du monde. Il n’a rien contre le rose, le bleu ou même le jaune mais si c’est assez important pour sa petite-amie au point où elle lui en parle dès maintenant, alors il ne posera jamais son veto. “Bleu ou rose pastel c’est très joli.” Au moins, ils auront un peu moins l’air d’être des parents du siècle dernier. Le pastel c’est joli, non? Il n’est pas doué en décoration et il est capable de rater même un sapin de Noël, mais pour le pastel il est au moins assuré de son coup.

« Tu en veux combien ? D’enfants ? » Ses doigts glissent dans la chevelure blonde de Lucia, juste avant qu’il ne se mette à compter dessus et à lui montrer, allant de un en un jusqu’à cinq, dix, quinze, vingt. Fier de sa blague, il en rigole brièvement et en profite pour l’embrasser de nouveau. “Plusieurs. Pas dix non plus, mais au moins deux pour qu’ils puissent jouer ensemble.” Avoir une fratrie est quelque chose d’important à ses yeux. Il ne se voit pas élever un enfant unique qui ne pourra compter que sur lui pendant toute sa vie. ‘Au moins deux’ semble être un bon chiffre mais il n’a pas de désirs bien précis. Tant qu’ils seront heureux et en bonne santé, il n’en demande pas plus. Son attention est rapidement détournée par l’histoire de Lucia et ses différentes idées de prénom. Il sourit, attendri par son récit, l’imaginant ranger avec soin chacun de ces petits mots dans une boîte dont elle prend plus encore soin. “On pourrait avoir notre boîte à bijoux à nous, sans Barbie et Arc-en-ciel.” Il propose délicatement. Même s’il ne souhaite pas devenir père demain, Swann tente de faire comprendre à sa petite-amie que ce n’est pas un énième moyen pour lui de gagner du temps et de tout repousser, comme il en a tant l’habitude. La boîte à bijoux pourrait se transformer en boîte à cookies, d’ailleurs, si vous voulez vraiment entendre son avis sur la question. Personne ne s’en serait douté, vous me direz. « C’est à ce point là que l’idée me plait. C’est ça que j’essaie de dire. » Elle se rapproche toujours un peu plus de lui et il en profite, s’enivrant à son tour de son odeur, laissant son nez se perdre contre ses cheveux et ne plus en bouger. L’idée leur plait à tous les deux, c’est désormais une évidence. "On aurait besoin de combien d'idées de prénoms, dans ton monde idéal?" Combien est-ce qu'elle veut avoir d'enfants? Après tout, elle sera la seule à les porter, alors son avis prévaut sans aucun doute sur celui de Swann, lequel n'aura de toute façon aucun mal à accorder ses idées sur les siennes. "Je crois que je vais remplir la boîte qu'avec des prénoms de la Monarchie. C'est incurable." Il rigole et pouffe contre sa nuque, qu'à moitié désolé de son patriotisme débordant. Promis, il fera au moins un peu de tri. "Tu te sentirais prête quand?" Au fond de lui, Swann se dit que "maintenant" est une réponse à laquelle elle va penser.

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Lucia Whitemore & @Swann McGrath

Mon père est parfait et il aimera Swann comme il aurait aimé un fils, avec le temps. Je l’ai déjà lu dans ses yeux et, d'un père à un autre, nous changeons de sujet pour parler de Matt, puis de nous. Swann, il sera un papa parfait et je n’ai pas besoin de le voir dans ses yeux pour le savoir : il est parfait avec moi, parfait avec ses frères et soeur, et parfait avec son armée de neveux et nièces. « Bleu ou rose pastel c’est très joli. » Mes lèvres esquissent un sourire puisqu’au delà de la couleur des murs de la chambre d’amis qui n’en restera pas une bien longtemps, ce sont des sujets sérieux que l’on aborde sans trop oser y toucher. Moi, je ferme les yeux et j’imagine une image nouvelle, une qui supplante celle de Swann et moi allongés sur les chaises longues en train de boire une citronnade bien fraîche : celle de mon premier enfant, notre premier enfant, en train de courire et de rire entre les murs de la petite maison que nous venons d’emménager. Cette fois-ci, j’espère que plus rien ne viendra contrarier mes plans. Plus rien ne doit venir contrarier mes plans puisque mon horloge biologique commence déjà à me jouer des tours. « Plusieurs. Pas dix non plus, mais au moins deux pour qu’ils puissent jouer ensemble. » Je hoche la tête doucement. Nos désirs sont accordés puisque, si je n’ai pas de chiffre exact en tête, je veux assez d’enfant pour que l’on puisse les qualifier de fratrie. Trois ou quatre, c’est bien trois ou quatre. « On pourrait avoir notre boîte à bijoux à nous, sans Barbie et Arc-en-ciel. » Sa tête est posée sur mon front mais je n’ai pas besoin de sonder son regard pour savoir qu’il est honnête. « Promis, j’essaierai de réfléchir un peu mieux cette fois-ci. » Je nous imagine déjà glisser des petits bouts de papier dans notre boîte à nous et les découvrir pendant ma grossesse. Je me projette peut-être déjà trop loin, c’est en tout cas ce que beaucoup me diraient. « Un prénom par jour maximum. Comme ça on pourrait tous les découvrir plus tard. » Un plus tard que j’imagine arriver vite. « Pas question de tricher et d’ouvrir la boîte avant. Et j’ai des post-it multicolores au bureau, je les ramènerai. » Couleur pastel évidemment.

« On aurait besoin de combien d'idées de prénoms, dans ton monde idéal ? » Doucement, je penche ma tête à droite et à gauche, toujours un peu trop timide à l’idée de le confier, mon monde idéal. « A dix ans, je t’aurais répondu ”plus que Hannah et Gabrielle” pour gagner au moins un concours contre elle. » Puisque celui de la réussite scolaire était perdu d’avance, puisque je les ai toujours trouvées plus grandes, plus belles, plus tout que moi. « Mais aujourd’hui j’en veux juste autant qu’il en faudra pour qu’on soit heureux tous les deux. » Puisque je ne les envisage qu’avec lui. « Mais trois. Ou Quatre. Quand il y en a trois il y en a toujours un qui se sent exclu. » C’était le cas de Gabrielle lorsque nous étions plus jeunes. Quatre, ça permet de faire des équipes de tennis. Quatre, ça permet de jouer à la belote. Mais quatre ça veut aussi dire qu’ils se disputeront pour choisir leur personnage dans Harry Potter puisqu’il n’y a que trois héros. Cruel dilemme. « Je crois que je vais remplir la boîte qu'avec des prénoms de la Monarchie. C'est incurable. » « C’est joli Diana. » Et si je passe les autres prénoms dans ma tête, j’ai du mal à en trouver un autre acceptable que celui-là. Kate et Meghan ne doivent pas compter aux yeux de mon petit ami. « Tu te sentirais prête quand ? » « Bientôt. » Je n’ai pas de date, je n’ai pas d’exigence non plus à ce sujet. « Dans un monde idéal, j’aimerais être mariée avant. » Parce que c’est comme ça que j’ai été élevée, pour faire les choses dans l’ordre, mais réalisant qu’il va peut-être penser que je lui mets la pression, je rougis comme une pivoine. « Mais je dis pas ça pour te faire passer un message. » Je peine à trouver mes mots et, comme souvent lorsque je suis gênée, je cache mon visage dans mes mains. « Je me fiche du monde idéal. Je veux juste vivre dans le nôtre. »

Ils auront une boîte à prénoms, donc. A côté des épices en tous genres et des thés venus des quatre coins du monde, ils auront une boîte dans laquelle ils rangeront rêves et idées les plus folles, comme si de rien n’était. Le périmètre autour de l’objet sera farouchement gardé pour que personne ne le touche par mégarde et encore moins qu’ils le fassent tomber, dévoilant dans sa chute les papiers porteurs du prénom idéal. Swann a déjà quelques milliers d’idées en tête mais il ira petit à petit pour ne pas brusquer sa petite-amie. Souvent gauche, il sait pourtant que ce sujet-là est bien trop important pour qu’il puisse faire trop de faux-pas à la fois. Sa mère lui a dit bien des mensonges mais en ce qui concerne le ‘une connerie à la fois’, elle avait bien raison et c’est au moins une règle qu’il tente d’appliquer à la lettre, maintenant plus que jamais. « A dix ans, je t’aurais répondu ”plus que Hannah et Gabrielle” pour gagner au moins un concours contre elle. » Il pourrait lui faire la liste de tous les concours qu’elle gagne contre ses sœurs. Swann est loin d’avoir une imagination débordante (sauf lorsque cela concerne des idées de prénoms liés à la Monarchie Britannique) mais s’il est question de rassurer sa petite-amie, il sait qu’il en est capable sans aucun effort. Est-ce qu’Hannah et Gabrielle gagnent le concours du retourné de crêpes face à Lucia? Non, sûrement pas, elle est la meilleure à ce jeu là! « Mais aujourd’hui j’en veux juste autant qu’il en faudra pour qu’on soit heureux tous les deux. » Ce sont beaucoup de mots qui semblent pouvoir se résumer à ‘beaucoup’ et si l’Anglais a toujours rêvé de fonder à son tour une famille et de compter un nombre d’enfants au pluriel, il ne se voit pas non plus acheter un mini-van et en avoir assez pour être qualifié de “famille nombreuse”. Il aurait bien trop peur d’en venir à délaisser certains, à les oublier. Il souhaite être le père qu’il n’a jamais eu, pas répéter les mêmes erreurs que le sien. “Je suis déjà heureux juste avec toi.” Il souligne, répète, appuie ce qui semble être le plus important à ses yeux. Trop de choses peuvent venir mettre à mal leurs plans de famille et il ne souhaiterait pas qu’elle en vienne à penser que c’est une condition sine qua non pour être heureux auprès d’elle. « Mais trois. Ou Quatre. Quand il y en a trois il y en a toujours un qui se sent exclu. » Il rigole doucement, sincèrement amusé par la sincérité de ses paroles. “Je vois. Il faudra aller vite entre numéro trois et quatre, alors.” C’est ce qui lui semblait être le plus important à préciser en l’instant mais il prend tout de même le temps d’ajouter un rire après ses paroles, signe qu’il sait lui-même qu’il est parfois un peu stupide. Tout ça pour dire qu’il sera heureux d’être trois ou quatre fois père, si jamais cela peut ravir Lucia aussi et toute leur future famille avec. “Pancake aura plein d’amis.” Les enfants aiment toujours les chiens et puisque le leur ne sera jamais bien grand, il ne risque pas d’être trop brute avec les bambins en bas âge. Le futur semble parfait.

« C’est joli Diana. » Et Diana aussi était jolie, ce qui signifie que selon la Règle de Swann, leur fille le sera tout autant. Il faut au moins une fille parmi la fratrie, alors. Il apprendra à faire des couettes dignes de ce nom pour l’occasion, c’est promis. « Bientôt. » Rectification: il apprendra à faire des couettes dignes de ce nom pour bientôt, et pour se préparer à toutes éventualités, il risque même de commencer une formation express dès maintenant, sûrement en utilisant les cheveux de sa petite amie comme tests en grandeur nature. Une fille a toujours les mêmes cheveux que sa maman, c’est bien connu non? « Dans un monde idéal, j’aimerais être mariée avant. » Diana était plus belle encore le jour de son mariage, oui. Oh mais non, pas question que leur fille se marie, elle terminera vieille fille et vivra au sommet d’une tour ou rien du tout. Oh, on ne parlait pas de ça? « Mais je dis pas ça pour te faire passer un message. » Elle est gênée, elle se cache et il est certain qu’elle est même en train de rougir. Étonnamment plus assuré qu’elle, Swann se contente de sourire doucement, trouvant la scène aussi amusante qu’attendrissante. Il est certain qu’un jour ils en rigoleront, quand ils conteront des histoires de leur vie d’avant à leurs quatre enfants. « Je me fiche du monde idéal. Je veux juste vivre dans le nôtre. » - “Ça tombe bien parce que j’ai toujours trouvé que le mariage c’était une idée stupide.” Il assure, lève les sourcils et se veut aussi crédible que possible alors qu’il tente de capter son regard. L’Anglais ne tient pourtant son sérieux que quelques secondes à peine avant de sourire de nouveau de toutes ses dents et y ajouter un éclat de rire. “Je rigole, je rigole.” Finalement, il finit même par se répéter pour assurer sa petite-amie qu’il est juste très stupide et très peu doué pour faire des blagues dignes de ce nom. “Je sais que t’as sûrement même déjà en tête ta robe.” De mariée. La confession se fait contre son oreille alors qu’il y fait doucement remonter ses doigts, juste après avoir embrassé sa peau au même endroit. "Tout comme je sais que je suis de ton avis aussi." Parfois conformiste, il est vrai qu'il avait toujours lui aussi eu en tête l'idée que le mariage avant les enfants est une bonne idée. Il pourrait très bien vivre sans, mais l'idée lui plaît quand même beaucoup. "Mais toi, tu sais que la coutume veut qu'un bébé arrive dans l'année qui suit le mariage?" C'est une coutume qui n'existe que dans la Monarchie Britannique, certes, mais il n'a sûrement pas besoin de le spécifier. Puisque cela vient de lui, Lucia s'en doute déjà sûrement, tout comme elle sait qu'il serait bien le dernier à vouloir presser quoi que ce soit, pas même un mariage qu'il souhaite vouloir arriver en temps voulu. "Et s'il n'y en a qu'un seul il va s'ennuyer, alors il faudra se dépêcher de faire le second. Après on a un peu de répit, mais trois et quatre doivent arriver à la suite." Et voilà le résumé peu romantique des années à venir, version Swann McGrath qui a appris à compter sur ses doigts et à faire ses lacets. Lui se trouve plutôt drôle et même aventureux alors qu'il redouble de baisers contre la nuque de la blonde. "Je t'aime." De tout ce qu'il peut dire, c'est ce qui compte le plus.

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« Je suis déjà heureux juste avec toi. » « Moi aussi. » Et si cela peut sembler idiot ou accessoir comme remarque, c’est tout sauf ça. Swann est déjà heureux juste avec moi et moi, j’ai un peu moins peur qu’il soit rattrapé par ses démons. Si j’aspire à devenir son tout, c’est moins par possessivité et pour l'étouffer que parce que j’espère qu’ainsi, même si un jour tout le reste de sa vie venait à dysfonctionner, il s’y accrocherait pour nous deux et parce que je suffis à le rendre heureux. J’aspire à faire en sorte que plus jamais il n’ait l’impression d’être enseveli sous son mal-être au point d’envisager le pire. Je veux que la prochaine fois qu’il souffre, ce soit l’image de mon visage qui l’aide à ne pas perdre pied.  

« Je vois. Il faudra aller vite entre numéro trois et quatre, alors. Pancake aura plein d’amis. » Je hoche la tête. « Quand numéro trois sera là, il faudra prendre un autre Pancake. Comme ça ça lui fera une sorte de petit frère et nous ça nous laissera un peu de répit. » Je suis sûre que j’aurais aimé avoir un chiot en grandissant. Je suis sûre qu’un chiot aurait été la solution à mes complexes et au sentiment de Gabrielle d’être parfois mise de côté. L’autre Pancake n’a pas même pas besoin de s’appeler Pancake - sinon bonjour la confusion - il suffit qu’il soit aussi attachant que le premier du nom et surtout aussi petit, pour ne pas blesser les enfants. On parle, on parle, et si je ferme les yeux je peux imaginer la fratrie courrir devant mes yeux. Je veux une fille, pour avoir ma poupée, mais j’aime tant Swann que pour les autres je vois des petits garçons qui lui ressemblent trait pour trait. Ou peut-être qu’il faudrait une soeur à ma poupée, qu’elle ne se sente pas perdue dans ce monde masculin. « Ça tombe bien parce que j’ai toujours trouvé que le mariage c’était une idée stupide. » Sans quitter ses bras je fronce les sourcils et décale légèrement mon visage pour l’observer. Lui, il finit par éclater de rire avant de refermer un peu plus ses bras autour de ma taille et mon cœur rate un battement. Swann plaisantait. Swann ne trouve pas le mariage ridicule et la romantique en moi respire à nouveau. « Je rigole, je rigole. Je sais que t’as sûrement même déjà en tête ta robe. » Ses lèvres se posent dans mon cou et ses doigts aussi : au moins, je peux prétendre que c’est à cause des chatouilles que je souris, gigote entre ses bras et que je rougis, absolument pas parce qu’il a raison et que je corne déjà toutes les pages qui m’intéressent dans les magazines à l’agence. « C’est facile aussi pour vous, tous les costumes se ressemblent. » Pas exactement, mais il leur suffit de choisir entre deux pièces et trois pièces et bleu ou noir, au delà de ça ils n’ont à se soucier de rien. « Tout comme je sais que je suis de ton avis aussi. » Mon sourire devient un peu plus franc. Swann est prêt à avoir des enfants et Swann préfèrerait être marié avant. Les choses avancent à leur rythme, mais dans la bonne direction. « Mais toi, tu sais que la coutume veut qu'un bébé arrive dans l'année qui suit le mariage ? » « Non c’est vrai ? Bon bein si c’est la coutume alors on sera obligés. » Et si je veux un mariage de princesse, je n’ai déjà plus la patience d’attendre plus d’un an pour la préparation avant de me projeter avec mon petit ami et de nous imaginer une vie de famille. J’utiliserai mes contacts pour que ça puisse aller vite, si c’est ce qu’il veut aussi. Quand il m’aura demandé de l’épouser bien sûr, puisque je n’envisage pas les choses autrement et qu’il est vrai que je m’avance peut-être un peu.

« Et s'il n'y en a qu'un seul il va s'ennuyer, alors il faudra se dépêcher de faire le second. Après on a un peu de répit, mais trois et quatre doivent arriver à la suite. » C’est un bon résumé et s’il embrasse ma nuque à chaque remarque, j’attrape ses mains pour jouer avec ses doigts.

« Il nous faudra une maison plus grande. »
« Je t'aime. »
« Je t’aime aussi. »

J’ai eu peur de le dire au début, j’ai cru qu’il était trop tôt, mais aujourd’hui c’est aussi simple qu’un bonjour tout en ayant bien plus de sens. Je l’aime et je ne le dis jamais à la légère : c’est la plus stricte des vérités. « Il faudra qu’on leur dise à tous que leur ordre de naissance change rien à la façon dont on les aime. » Qu’ils auront tous la même place dans notre cœur. « Faudra qu’on leur répète à tous que moins réussir à l’école ça veut pas dire être moins intelligent. Qu’ils ont tous beaucoup de valeur et qu’ils sont pas moins bien que leur grand frère ou leur grande sœur. » Là, c’est la Lucia de dix ans en moi qui parle. C’est ce qu’elle aurait aimé que sa mère lui répète plus souvent. « Qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. De la danse, de l’équitation ou du rugby, ça n’a pas la moindre importance. » Qu’ils peuvent suivre leur cœur et ce qu’il leur dit. « Et il faudra qu’on leur dise qu’on les aime au moins deux fois par jour. » Deux fois par jour chacun à chaque enfant et, ça, c’est non négociable.

A force de nommer leurs futurs enfants par des numéros, Swann va finir par en prendre l’habitude et ira sans doute même jusqu’à réellement les appeler comme ça le jour J. Après ça, Lucia fera de nouveau les gros yeux et il se ravisera bien rapidement en précisant que tout ceci était bien sûr une simple blague (même si quand même, des numéros ça serait hyper pratique pour les nommer et les reconnaître). Le plan ne tombe à l’eau qu’en cas de grossesse multiple mais à en juger par la rareté d’une telle chose, Swann ne se fait aucun souci. A vrai dire, en cet instant, il ne pense même à rien de négatif. « Quand numéro trois sera là, il faudra prendre un autre Pancake. Comme ça ça lui fera une sorte de petit frère et nous ça nous laissera un peu de répit. » Ce n’est pas une famille qu’ils veulent fonder mais bien une ferme qu’ils veulent créer, apparemment. L’idée le laisse souriant, elle le gagne même d’un simple rire. Ses doigts jouent rapidement avec les joues de sa bien aimée pour venir l’embrasser de façon joueuse. Il sait être sérieux quand il le faut, mais il sait aussi que ce genre de plan en vient toujours à être modifié au fil des mois et des années qui s’écoulent. Ce n’est pas quelque chose qui lui fait peur lorsqu’il s’agit de Lucia et leur avenir à deux, trois, quatre, un million. Il a confiance en elle autant qu’il croit en un eux. « C’est facile aussi pour vous, tous les costumes se ressemblent. » - “Mais c’est pas toi qui va devoir trouver un endroit où faire rentrer Matt, Ginny, Jill, Ariane, Noa et Noah pour qu’ils donnent leur avis, lequel sera toujours différent.” Ils vont créer une véritable cacophonie et rendre fou le moindre vendeur; et ça c’est dans l’idée où Matt, Ginny, Jill et Ariane ne ramènent pas chacun leur dernier bambin né. Si tel est le cas, il y aurait cacophonie avant le moindre essayage et cravate de travers. « Non c’est vrai ? Bon bein si c’est la coutume alors on sera obligés. » Obligés d’avoir leur premier enfant dans l’année qui suit le mariage; si c’est vraiment la seule obligation qui le lie à leur avenir, alors l’Anglais serait heureux de l’honorer avec Lucia.

La jeune femme, elle, semble avoir des milliers de projets bien précis pour leurs lendemains et il peine quelque peu à tous les garder en mémoire tellement ils semblent précis. Elle les a sûrement en tête depuis longtemps et la première chose qu’il se dit c’est qu’il est heureux qu’elle ose aujourd’hui lui en parler sans barrières ni gêne. “Hey, Lucia.” Il cherche son regard et utilise la voix la plus douce qu’il ait en réserve, un fin sourire au coin des lèvres. Il a entendu et écouté, c’est promis, il a même pris des notes dans un coin de sa tête: l’ordre, l’école, les activités, l’amour - deux fois par jour. Pour autant, ce ne sont pas des choses dont il a un jour été amené à douter et il s’est toujours promis de ne jamais réitérer les erreurs commises par ses parents si un jour il venait à avoir des enfants à son tour. A défaut d’avoir eu un bon exemple, il en a eu un mauvais et il sait qu’il ne marchera pas dans ses pas. “Tu seras une mère formidable. Pas besoin de se répéter la liste, d’accord?” Ce n’est pas un protocole à suivre à la lettre, ce sont autant de choses qu’elle fera par instinct sans même y penser. Elle leur dira qu’elle les aime et qu’ils sont parfaits, elle leur dira que ce qu’ils font à l’école ne décidera pas de leur avenir (mais faites vos devoirs quand même, c’est important!) et s’il faut se scinder en deux équipes pour emmener numéro un et deux au tennis puis à la natation et trois et quatre au poney puis au rugby, alors ils n’hésiteront pas. “T’aurais préféré ne pas être la dernière de la fratrie, pas vrai?” Ils ne feront aucune différence entre numéro un et quatre, peu importe qu’ils naissent à neuf mois d’intervalles ou à neuf ans. Désormais, il préfère laisser ses doigts glisser entre les mèches de la jeune femme pour la rassurer au sujet de leur avenir qui ne pourra être que parfaitement heureux. “Mais par contre s’ils n’aiment pas le thé, il faudra retourner à la maternité et trouver avec quel enfant le notre aura été échangé.” Oui, bon.

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On parle d’enfant au bout d’un an et beaucoup seraient surpris, choqués, où nous pointeraient du doigt en nous trouvant bien rapide. Mais à mes yeux, il n’est pas question de délai lorsque cela touche ces sujets-là : il n’est question que de personne et Swann est la bonne. Je n’ai jamais parlé d’enfant avec Lawrence. Bien sûr, j’en ai toujours voulu, mais rapidement j’ai cessé de dessiner un futur pour nous deux puisque me focaliser sur le présent était déjà bien assez prenant et axiogène. J’ai composé avec chaque nouvelle journée en espérant qu’elle n’amènerait pas son lot de cris et de reproches, en espérant aussi qu’un jour les choses s’arrangeraient et que nous trouverions notre équilibre. Il n’était question que de ça pour la jeune femme qui se voilait les yeux que j’étais : d’équilibre. Sauf que ce n’est pas supposé être un combat et je le comprends chaque jour depuis que je suis avec Swann : l’équilibre, c’est naturel. L’équilibre, c’est l’indicateur de santé d’un couple et je suis heureuse de réaliser une fois de plus que les désirs de l’anglais sont alignés avec les miens : nous sommes en parfaite harmonie.

« Mais c’est pas toi qui va devoir trouver un endroit où faire rentrer Matt, Ginny, Jill, Ariane, Noa et Noah pour qu’ils donnent leur avis, lequel sera toujours différent. »
« Et moi, j’aurais pas le droit de t’aider à choisir ton costume ? »

Il y a beaucoup trop de monde dans cette liste de gens supposés l’aider à s’habiller pour le jour J, il ne manque plus que Rory et ce serait le pompom. Ma remarque, elle n’est toutefois pas amère : je suis incapable de l’être au sujet du jour de notre mariage qui pour l’instant est toujours hypothétique. Cela porte malheur si le marié voit la mariée dans sa robe avant la cérémonie, l’inverse est-il également vrai ? Moi qui pensait être incollable sur le sujet, je tombe sur un os.

De toute façon, notre mariage sera le plus beau et nos enfants seront également les plus parfaits, cela va de soi. Ils hériteront malheureusement de nos peau de blonds et il faudra leur faire porter des t-shirts à la plage, mais ils seront heureux parce que j’y veillerai. Pas de complexe, pas de compétition entre eux pour notre amour ou pour quoi que ce soit d’autre : je veux une famille de couverture de magazine. Heureusement, Pancake est déjà là pour venir la compléter mais qui dit plus grande famille dit aussi plus grande maison, plus grand jardin, et plus grand frère pour le chiot également. « Hey, Lucia. » Sa voix m’apaise et je réalise que mon coeur s’était emballé. L’éducation de cette future famille qui n’existe que sur papier, c’est important à mes yeux. « Tu seras une mère formidable. Pas besoin de se répéter la liste, d’accord? » Ma respiration se fait plus calme, plus profonde alors que j’entends ces quelques mots. Mes parents étaient des parents formidables, loin de moi l’idée de sous entendre le contraire, mais j’étais une enfant heureuse mais pétrie d’angoisses, des angoisses que j’ai envie de savoir adresser chez mes futurs enfants à moi. « T’aurais préféré ne pas être la dernière de la fratrie, pas vrai ? » Mes joues rosissent et je constate une fois de plus que Swann commence à me connaître par cœur. « Aucune place était facile. Gabrielle se sentait exclue parce qu’Hannah et moi étions toujours fourrées ensemble, et moi je peinais à trouver ma place à moi avec deux sœurs exceptionnelles qui réussissaient tout et que les professeurs encensait. » Être la dernière de la fratrie Whitemore, c’était sans conteste un poids sur mes épaules que j’aurais préféré ne pas avoir. « Elle étaient brillantes et moi non. » C’est un fait, je n’ai jamais eu la facilité de mes deux sœurs à réussir tout ce que j’entreprenais. J’ai échoué et je suis tombée bien plus souvent qu’elles deux réunies. « Je les trouvais jolies et moi non. Quand on commence à se comparer, ça s’arrête jamais. » Mais je ne devrais pas me plaindre, pas alors que Swann a souffert d’être un enfant unique. « Mais par contre s’ils n’aiment pas le thé, il faudra retourner à la maternité et trouver avec quel enfant le notre aura été échangé. » J’esquisse un sourire amusé : elle sent bon cette discussion. « Ils aimeront forcément le thé puisque t’en mettras dans leur biberon. » Il en est presque capable. Les yeux accrochés aux siens, un sourire timide au coin des lèvres, je lui tends le petit doigt pour entériner notre discussion et nous faire une promesse. « Bientôt ? » Bientôt pour la famille, pour le mariage, pour les enfants, pour être heureux, c’est tout ce dont nous avons besoin l’un comme l’autre.

« Et moi, j’aurais pas le droit de t’aider à choisir ton costume ? »
“Absolument pas, on ne doit pas voir pas la tenue de l’autre avant le mariage.”

Son ton apparaît dur mais ses paroles ne le sont pas le moins du monde, au contraire. Il a déjà envie de découvrir Lucia dans une belle robe blanche, quand bien même aucun mariage n’est officiellement prévu à l’horizon. S’il aurait sans doute aimé choisir sa tenue dans une certaine intimité, il anticipe pourtant déjà que ses proches ne seront pas de cet avis et continueront à le traiter comme le cadet de la famille qui a besoin des conseils de tout le monde - et oui, d’accord, c’est quand même beaucoup le cas. Après tout, c’est surtout eux qui observeront son costume et il y a fort à parier que leurs goûts assemblés puissent retrouver celui de Lucia. Il a déjà tiré un trait sur le fait d’arriver avec un nœud papillon et un fez sur la tête, même si Matt, Jill et Ginny auraient compris la référence, eux.

Le mariage, les enfants, la maison à grandir. Jamais il n’aurait imaginé que déménager provoquerait autant de nouvelles questions, surtout pas alors qu’ils vivaient déjà ensemble depuis plusieurs mois. Ce n’est pas pour lui déplaire non plus, même pour lui l’éternel pragmatique incapable de voir plus loin que le jour d’après. Avec Lucia, il s’ose à quelques rêves, et quels rêves. Doucement, il l’interroge sur la façon dont elle a vécu sa place de petite dernière d’une fratrie de trois. Lui aurait dû avoir la même expérience, plus ou moins, mais c’est une vie d’enfant unique qu’il a toujours vécu. « Aucune place était facile. Gabrielle se sentait exclue parce qu’Hannah et moi étions toujours fourrées ensemble, et moi je peinais à trouver ma place à moi avec deux sœurs exceptionnelles qui réussissaient tout et que les professeurs encensait. » Hochant de la tête, il essaye au mieux de comprendre ses mots, se demandant comment c’était que de grandir à sa place, dans la famille qui est la sienne. Leurs histoires sont différentes et jamais il n’oserait les comparer, tout simplement parce qu’elles n’ont rien de comparables. « Elle étaient brillantes et moi non. » - “Vous êtes toutes différentes.” Ce n’est pas son rôle que de les comparer et bien au contraire, ses mots ne peuvent se rapporter ni à un reproche, ni à un compliment. Si Lucia est bien sûr la plus belle et parfaite à ses yeux, il sait que ses sœurs ont aussi de belles qualités qui sont les leurs. Ce n’est pas parce que sa petite-amie ne les coche pas toutes qu’elle n’est pas incroyable pour autant. « Je les trouvais jolies et moi non. Quand on commence à se comparer, ça s’arrête jamais. » Alors ne le fais pas, c’est ce que demande silencieusement le baiser qu’il dépose contre son front. Lui, il la trouve toujours jolie, même quand elle rate son mascara et qu’elle papillone frénétiquement des paupières pour mieux ressembler à un panda en formation ensuite. Il s’en moque, il en rigole, puis il lui répète qu’il est bien heureux de ne pas avoir à en faire autant parce qu’il se serait assurément crevé un oeil à force d’utiliser autant de pinceaux et d’outils de torture si près de ces derniers.

Swann cherche à changer de sujet en parlant de nouveau de leurs futurs enfants qui ont sûrement déjà un nom dans son esprit, à défaut de réellement exister. Il est encore trop tôt pour qu’ils rejoignent leur vie de couple mais cela finira par arriver; même s’ils n’aiment pas forcément le thé. « Ils aimeront forcément le thé puisque t’en mettras dans leur biberon. » Il aura un rire pour seule réponse. Ce n’est ni un ‘oui’ et encore moins un ‘non’, mais force est de constater que l’idée est tentante et s’il était certain que cela n’aurait aucune conséquence sur la santé de ses enfants, il n’hésiterait pas. « Bientôt ? » Ses yeux ne quittent plus les siens, surtout pas maintenant qu’elle a aussi retrouvé un sourire après que ce dernier ait été voilé suite à leur discussion sur ses sœurs. “Très bientôt.” C’est une promesse. Désormais, ce sont ses lèvres que celles du blond viennent embrasser.