| weatherline + when did we get so normal ? |
| | (#)Mar 6 Avr 2021 - 21:46 | |
| | ► When did we get so normal ?
I was psychic 'til I met you Somehow I just knew that I'd get you Said that I would always protect you But only let you down, down, down
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Elle ne se lassait pas de ces entrées remarquées. Sa robe sortait d’une friperie vintage, elle avait volé ses cuissardes aux déguisements du Rocky Horror lorsqu’elle y travaillait, ses cheveux avaient probablement besoin des bons soins d’un coiffeur ; pourtant Lou avait l’impression de valoir des millions et cela se devinait à l’aisance avec laquelle elle affrontait les regards qui se posaient sur elle. Ce qui se cachait dans son petit sac à main valait littéralement son poids en dollars. La coke avait été son moyen de réintégrer la haute, après avoir été ce qui l’en avait éjectée. Et d’un coup d’oeil sur les invités présents ce soir, la jeune femme savait exactement qui allait la supplier de lui fournir un ou deux grammes d’ici quelques minutes. Elle avait retrouvé sa confiance en elle, Aberline, après le fiasco Strange et le face à face avec Blackwell. Elle frissonnait, pliait, mais ne se brisait jamais comme on dirait dans les fables. Son univers n’avait rien d’un conte pour enfants, mais elle s’y sentait princière quoi qu’on en dise. Elle, son chevalier noir et sa petite armée.
Lou ne se laissait pas embrasser ni étreindre. Avoir été la chose de personnes telles que celles qui l’entouraient avait forgé un mur entre elle et leurs paluches. Elle ne voulait pas être touchée par eux, encore moins leur donner l’occasion d’en profiter pour glisser une main trop bas ou frôler son épaule avec insistance. Elle en était vaccinée et se fichait que cela lui donne un air suffisant ou impoli ; si cela alimentait son personna, pourquoi pas. Elle souriait peu dans ces soirées, semblait éternellement lasse et parfois absente. La dizaine d’années qui la séparaient de ses dernières apparitions publiques autorisées par ses parents n’avaient pas effacé l’impression de ne pas appartenir à ce milieu. Lou vivait dans un monde parallèle, aussi intouchable que sa silhouette. Un monde qui lui semblait plus réel que les bulles de champagne qui pétillaient contre son palais à chaque gorgée goulue qu’elle engloutissait. C’était ici, l’illusion, bien plus que dans les seringues et les kilomètres de poudre qu’on trouvait dans les rues.
On la retrouva bien assez tôt dans les toilettes. Entourée d’une flopée de jeunes femmes, elle coupait, alignait et distribuait les rails de cocaïne sur le bord des vasques. Les demoiselles en question se ressemblaient toutes, à ses yeux ; blanches comme des culs, des jambes comme des échasses, certainement l’estomac plein de boules de coton. Elles étaient soi-disant mannequins, mais uniquement sur les réseaux sociaux -narcissiques professionnelles, qualifiait Lou, mais cela lui importait peu. En quelques minutes, les dollars entre ses doigts s’aditionnaient en un nombre à quatre chiffres. C’était ce que l’australienne appelait une bonne soirée. Satisfaite, elle s’accorda finalement sa propre dose d’une vive inspiration. Après s’être noyée dans de trop grands excès, soumise à ses démons sous la pression que ses ambitions lui imposaient, elle s’était donnée une seule règle ; être sobre pendant les transactions. Maintenant que son sac était vide de came et rempli d’argent, plus rien ne l’empêchait de s’offrir ce petit plaisir. Une ligne, c’était une heure de patience supplémentaire pour supporter le bain de foule.
De retour auprès des autres invités, une personnalité de marque avait fait son entrée. Ce fut sans doute la première fois de la soirée que Lou esquissa un sourire sincère, lorsqu’elle aperçut James. Elle approcha félinement de lui, se planta devant sa silhouette au milieu de ses interlocuteurs et croisa les bras ; “Tu comptes te laisser monopoliser par cette bande de snobs pendant longtemps ou tu viens m’aider à vider le buffet de toutes les mignardises à la truffe ?” Sa rancœur envers lui n’était pas à la hauteur des heures qu’il avait passées à la laisser pleurer sur son épaule, tremper sa chemise et utiliser ses manches comme mouchoir. Elle pouvait prétendre que c’était de sa faute si elle allait fini par renouer avec sa mère contre tout bon sens. C’était ses paroles qui l’avaient convaincue de donner une chance à Lauren de rattraper le temps perdu. Ils avaient tous changé, au fond, et tous devaient réapprendre à se connaître, s’apprivoiser. Et Lou donnait le ton ; elle demeurerait indomptable, quoi qu’on fasse.
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| | | | (#)Mer 21 Avr 2021 - 21:50 | |
| when did we get so normal ? James avait une dizaine d'années la première fois qu'il avait accompagné son père à une réception et découvert un monde fait d'invités prestigieux, de poignées de mains formelles et de sourires de façade. Il avait comme qui dirait grandi dans l'ombre de ces élégants messieurs en costumes ajustés, qui lorsqu'ils ne congratulaient pas son père lors d'un de ces vastes galas venaient parfois directement dîner à la maison, pour s'émerveiller de la sensationnelle collection d’œuvres d'art de Norman Weatherton. Avec les années, James avait découvert que c'était rarement l'amitié qui valait à ces hommes de se réunir autour d'une même table, mais bien souvent les affaires et leurs intérêts communs. Et s'il n'avait pas l'âme d'un business man aguerri mais plutôt celle d'un artiste indomptable, contrairement à son père qui lui était tout l'inverse, il avait aussi très tôt appris à appliquer les mêmes codes que ce dernier pour briller en société et préserver sa réputation. Il ne portait pas seulement aujourd'hui le nom d'une des plus prestigieuses maisons de Haute Couture du continent, il était aussi celui qui représentait Weatherton à l'international chaque fois qu'un défilé mettait en lumière ses créations et le projetait un peu plus sur le devant de la scène. Il n'y avait donc aucun scandale qu'il puisse se permettre de subir, aucun sourire qu'il puisse se permettre de ne pas rendre et aucune invitation qu'il puisse se permettre de refuser, même lorsqu'il resterait bien volontiers chez lui à penser aux collections de l'an prochain.
Vêtu d'un impeccable costume bleu nuit, il se fondait parmi les invités et prenait part aux conversations tout en feignant, lorsque c'était nécessaire, d'éprouver un intérêt sincère pour les récits de vacances des uns et les anecdotes familiales des autres. Si la plupart des épouses de ces richissimes interlocuteurs n'étaient pas présentes ce soir, une partie d'entre elles captaient tous les regards à chacune de leurs apparitions sans qu'on ne se prive de faire remarquer à James que certaines avaient même revêtu l'une de ses robes. Oh, il l'avait noté dès son arrivée, le styliste avait toujours l’œil pour détecter ses créations même au milieu d'une foule. Il avait ainsi tout le loisir d'observer les silhouettes de ces femmes donner vie à ses œuvres tout en songeant qu'il n'aurait peut être pas choisi cette paire d'escarpins à bride pour agrémenter le tout mais qu'en revanche, cette pochette en cuir grainé était du plus bel effet. Parce qu'aussi triste que ça puisse paraître, juger du bon goût des invités était parfois son occupation la plus excitante au cours de ces interminables soirées où même le champagne finissait toujours par être insipide. C'est dans ces moments-là qu'il regrettait systématiquement d'être venu seul, puis qu'il se rappelait que c'était l'un des principaux désavantages au fait de consacrer le plus clair de son temps à son boulot plutôt qu'à cultiver une vie sociale épanouie : forcément, quand venait le moment de proposer à quelqu'un de lui tenir compagnie pendant un gala, les volontaires étaient peu nombreux et – il faut le dire – aussi assez peu enthousiastes. Et ce n'était pas à son père qu'il aurait proposé une telle chose, quand il revenait déjà suffisamment dans la conversation pour rappeler à James qu'il avait encore du chemin à faire avant de gagner le même respect de la part de ses contemporains que son père à l'issue de plus de deux décennies à diriger Weatherton. James adorait son père, mais il n'était plus le gamin qui le suivait docilement à ces réceptions sans avoir le droit de participer aux conversations.
Levant le nez de son verre pour la première fois depuis cinq bonnes minutes, ses lèvres se parèrent d'un sourire surpris lorsqu'une silhouette familière se glissa à ses cotés. La présence de Lou à cette soirée avait tout d'inattendue mais était surtout loin d'être une mauvaise surprise, alors qu'elle était la seule dans cette salle qui ne lui inspire ni dédain ni ennui. Il se serait peut être figé sur place s'il avait eu des raisons de croire qu'elle lui réserverait le même accueil que lorsqu'il s'était présenté chez elle après quinze années de silence, mais James savait que ce qui s'était implicitement renoué lorsqu'il avait laissé Lou sécher ses larmes sur son épaule vaudrait à cette rencontre d'être bien moins inconfortable et bien plus agréable. Ça ne rattrapait peut être pas tout, mais il lui semblait de nouveau faire face à une amie ou, du moins, quelqu'un avec qui il puisse sincèrement se réjouir de passer le reste de cette soirée. « Et manquer le prochain chapitre des péripéties du divorce de Monsieur Lewis ? Tu n'y penses pas. » Il railla, un sourire sarcastique au coin des lèvres, et suffisamment bas pour que Lou soit la seule à l'entendre. Oh, c'est qu'il prendrait presque goût à entendre ces hommes se raconter leurs petites misères autour d'une coupe de champagne pendant que lui songeait qu'au moins il n'avait pas ce genre de problèmes. Feignant de réfléchir à la situation, James secoua finalement la tête. « Boarf. J'ai toujours pensé qu'il avait une tête à se faire plumer par son ex-femme, de toute façon. » Peut être parce que les hommes comme Lewis étaient toujours entre deux jets, deux réunions et deux maîtresses. On pouvait certes reprocher à James de vivre pour son boulot, mais il n'avait pas choisi de se retrouver seul tandis que ces types feignaient de s'étonner lorsque les papiers du divorce leur étaient mis sous le nez. « Que moi je passe la soirée au milieu de cette bande de snobs n'a rien de très étonnant, mais toi ? Tu es venue leur donner une leçon de style et choquer les plus puritains d'entre eux par la même occasion ? » Son sourire s'étira tandis que ses yeux détaillèrent attentivement la tenue de Lou. « Intéressant, le choix des cuissardes. » Assurément le genre de tenue qui avait du en faire s’étouffer plus d'un, et l'idée ne pourrait pas davantage amuser James. Choquer l'assistance était un concept qui lui avait toujours plu et pas seulement lorsqu'il créait, il suffisait de le voir maquiller ses yeux avant certaines réceptions pour comprendre qu'il s'amusait lui aussi à l'idée de troubler les plus conservateurs du lot.
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| | | | (#)Jeu 13 Mai 2021 - 18:06 | |
| | ► When did we get so normal ?
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Elle sentait les regards de l’entourage de James la détailler et, imperturbable, n’accordait son attention qu’à lui. Que les jeunes, les vieux, les mariés se rincent l’oeil, Lou se fichait et appréciait de servir d’attraction. Cirque du coin ou art contemporain, chacun se faisait son idée sur la jeune femme à l’assurance terrassante ; rien ni personne ne saurait la faire rougir de son allure ou son attitude. Elle s’imposait, coupait la parole, jaugeait d’un regard aiguisé. On la voyait comme une crevette au milieu des requins, mais elle, elle avait conscience d’être le plus gros poisson de la salle et agissait comme si elle n’avait guère besoin de le prouver à qui que ce soit. Bande de snobs, elle le dirait à nouveau et le répéterait plus fort s’il le fallait, juste pour sentir une nouvelle vague de scandalisation autour d’elle. Mais James, lui, préférait chuchoter et baigner dans la décence qu’elle avait en horreur. « Et manquer le prochain chapitre des péripéties du divorce de Monsieur Lewis ? Tu n'y penses pas. » Les yeux de Lou roulèrent dans ses orbites, son soupir hurlait un “who cares ?” implicite à plein poumons. Elle ne savait pas qui était Monsieur Lewis et s’en fichait comme de son premier tampon. Peut-être l’avait-elle connu un jour, plus jeune, lorsqu’elle passait ce genre de soirées à raser les murs en faisant la tête, exclue et morte d’ennui. Cela n’avait aucune importance. Elle insista lourdement du regard ; allô, ne l’avait-il pas entendue mentionner les amuse-bouches ? « Boarf. J'ai toujours pensé qu'il avait une tête à se faire plumer par son ex-femme, de toute façon. - Je savais pas que Weatherton faisait aussi du conseil conjugal. » Mais il fallait bien quelqu’un pour trouver le parfait ensemble pour signer les papiers du divorce et réclamer une pension exorbitante après tout, autant confier la mission à la même maison ayant pensé la robe du mariage, juste pour l’ironie du geste.
La jeune femme avait troqué les flûtes de champagne pour la vodka on the rocks depuis un moment. Elle n’avait jamais trouvé de grand intérêt au pétillant et préférait les alcools francs, ceux qui ne prenaient pas au dépourvu. Faisant tourner les glaçons dans son verre dans un long tintement, Lou humait le contenu avant d’en prendre une fine gorgée. Cette vodka là n’avait rien à voir avec ceux qu’elle trouvait dans les bars où elle avait ses habitudes, elle devait le reconnaître. « Que moi je passe la soirée au milieu de cette bande de snobs n'a rien de très étonnant, mais toi ? Tu es venue leur donner une leçon de style et choquer les plus puritains d'entre eux par la même occasion ? » Difficile de dire si James était sarcastique ou non ; Aberline n’avait rien d’une icône de mode, ni en physique ni en goût. Non pas que l’avis du styliste sur sa tenue lui importait le moins du monde. “Je me suis découvert une vocation pour le jaw dropping.” admit-elle en haussant les épaules. Positif, négatif, l’important était de faire une forte impression, et cela passait par les jupes trop courtes, les décolletés trop plongeants, les talons trop hauts, les tissus trop transparents et un certain abus de paillettes et de laçages. « Intéressant, le choix des cuissardes. » Cette fois, il plaisantait forcément. “Elles sont plus confortables qu’elles en ont l’air.” souligna Lou. C’était un véritable enfer d’y glisser la jambe et resserrer les lacets œillets par œillets, et la jeune femme n’avait aucune hâte de se coller à la tâche de nouveau une fois rentrée chez elle, mais l’effet en valait le coup. Une fois armée, il lui semblait marcher sur de la moquette tant la semelle intérieure était rembourrée. Se tenir debout pendant des heures n’avait rien de la torture que s’imposait le reste de ces dames guindées aux escarpins façon Première Dame. Et des collants chair par-dessus le marché ?
"Ça m'avait pas manqué, tout ça.” lâcha la brune avec franchise, sans prendre la peine d’en chuchoter le moindre mot. Si elle avait songé se trouver un goût pour les mondanités maintenant qu’une dizaine d’années la séparait de ses derniers bains de foule, le charme ne prenait pas, la magie n’opérait pas. Seuls les portefeuilles des personnes présentes la poussaient à venir et la conviction que chaque invité qui s’intoxiquait avec sa marchandise était un pantin supplémentaire à sa solde. Elle ne pouvait pas les séduire avec sa délicieuse personnalité, mais elle pouvait les mettre à ses pieds avec les produits de la Ruche. Chaque rail les mettait en dette envers elle, chaque ligne lui donnait droit à une faveur dont elle abuserait plus tard, chaque cachet était un futur levier de chantage. Le regard de Lou glissait sur la masse mouvante de convives ; elle y voyait de petits soldats qui s’ignoraient. “Tout ce beau monde d’hypocrites superficiels tourne à la coke pour tenir debout alors j’y gagne.” intimait-elle à James avec un sourire. La poudre était partout à Brisbane, en Australie, dans les nez des mannequins aux bureaucrates ; tout le monde le savait. Elle ne doutait pas que si le jeune homme ne consommait pas, miraculeusement, il était probablement cerné de junkies.
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| | | | (#)Mer 19 Mai 2021 - 19:52 | |
| when did we get so normal ? L'arrivée de Lou le tira de son ennui profond et lui valut d'afficher pour la première fois depuis le début de cette soirée autre chose qu'une expression vague et fermée. James ne s'imposait pas ce marathon de galas par plaisir, mais parce qu'ici se trouvaient des contacts fort intéressants pour lui et pour Weatherton, qui venait tout juste de redresser la barre après quelques mois difficiles. Et au milieu de cette foule d'hommes aux sourires figés, il lui manquait de toute évidence un acolyte avec qui commenter cette absurde mise en scène entre deux petits fours plutôt goûteux. L'idée l'avait d'ailleurs au départ effleuré de proposer à Archie de l'accompagner, après tout il n'y avait ici aucune main que l'actionnaire refuserait probablement de serrer tant il avait l'habitude de nouer des contacts partout où il passait. Mais les choses étant ce qu'elles étaient entre eux depuis quelques semaines, James n'avait pas osé. Le risque était trop grand de passer la moitié de la soirée à se dévisager en silence pendant que des sentiments confus lui serreraient le ventre chaque fois qu'ils se retrouveraient un peu trop proches l'un de l'autre. Avec Lou, ce serait différent, quand bien même il lui suffisait de poser son regard sur elle pour être frappé par le souvenir des larmes que la jeune femme avait laissé couler sur son épaule quelques mois plus tôt. Ce soir, pourtant, elle semblait pouvoir mettre le monde à ses pieds et c'était une image nettement plus satisfaisante à voir, c'est certain. Lou n'avait jamais été le genre à se laisser abattre, et elle illuminait cette soirée par sa présence rien qu'en parvenant à le dérider, lui. « Et notre directrice des collections est aussi prof de yoga à ses heures perdues. » James avait peut être un humour bien à lui, mais il demeurait bien plus proche de celui de la brune qu'on pourrait le penser. « Se renouveler ou périr. Les temps sont durs pour tout le monde. » Bien sûr, et c'était l'ironie parfaite que de ponctuer sa phrase d'une gorgée de champagne probablement hors de prix.
Lou, elle, avait opté pour quelque chose de plus fort. Un choix qui lui ferait presque regretter le sien, mais James savait qu'il pourrait toujours se rattraper d'ici la fin de cette soirée. Elle s'annonçait longue, après tout, et c'était une perspective bien moins déplaisante à présent qu'il était bien accompagné. « Je dois reconnaître qu'on s'ennuyait un peu avant que tu arrives. » Un peu étant un euphémisme quand le peu de conversations qu'il s'efforçait de suivre un minimum lui filaient de l'urticaire. Vraiment, il se moquait de leurs histoires de riches autant que du prénom de leurs enfants. Leur labrador, passe encore. « J'ai pas signé pour me retrouver au milieu d'une bande de snobs tous moulés dans le même costume. » Un peu d'originalité, que diable. Est-ce que c'était si amusant de ressembler trait pour trait à son voisin ? Où était passée l'audace ? James n'avait certes jamais rien eu d'un original qui danse sur les tables après trois verres d'alcool en faisant honte à sa famille sur six générations, mais au milieu de ces types engoncés il se sentirait presque déluré. Le monde à l'envers. Mais c'était Lou et les cuissardes qu'elle portait qui attiraient tous les regards, ce soir. Un choix audacieux qui séduisait bien plus le créateur qu'il était qu'en apparences. Entre la banalité affligeante du reste de l'assemblée et l'impétuosité de la jeune femme, il avait fait son choix. « Habillée comme ça, on jurerait que tu es prête à botter des fesses. Je devrais m'inquiéter ? » Il questionna, amusé et pas peur fier de jouir d'une compagnie plus intéressante que le reste des invités. Il y avait bien sûr une certaine part d'affection pour altérer son jugement, mais il ne nierait.
James acquiesça silencieusement aux prochaines paroles de Lou, résistant à l'envie de fausser compagnie à tout ce beau monde depuis assez longtemps pour qu'il ait même réfléchi à terminer sa soirée ailleurs, dans un bar bien choisi ou dans le calme de son chez-lui. Mais c'est sa prochaine remarque qui valut au styliste de reposer son regard sur elle, d'un air songeur. C'était bien moins la première partie de sa phrase que la deuxième qui attira son attention, parce qu'il était depuis le temps parfaitement lucide sur certaines choses. « Je sais, ce sont ces mêmes hypocrites qui ont pris un air scandalisé le jour où Kate Moss a été épinglée avec un rail de coke. » La une de magazine la plus scandaleuse de son époque, en tout cas dans le milieu de la mode où elle avait l'effet d'un véritable cataclysme. Tout à coup, tout le monde semblait surpris et personne n'avait bien sûr la moindre idée que la mannequin se droguait régulièrement. « Des filles comme elle, j'en vois tous les jours. » Et il n'irait pas prétendre qu'il était ravi à l'idée que les mannequins qui popularisaient ses créations sur les podiums sniffent de la cocaïne dans les toilettes entre deux défilés, mais c'était ni plus ni moins que la réalité de ce milieu qui comme beaucoup d'autres voyait cette consommation devenir un authentique mode de vie pour beaucoup. « Mais toi, tu vaux mieux que ce monde-là. Justement parce qu'il est peuplé d'hypocrites. » Et parce qu'elle valait mieux, tout court. Son regard retrouva le sien et si pas une once d'émotion ne transparut sur ses traits, sa voix fut teintée d'une sincérité rare. Bien sûr qu'il avait compris, et Lou n'avait pas cherché à le cacher non plus. Ce serait mentir que de prétendre qu'il n'avait pas déjà songé au fait que c'était peut être dans ce monde-là qu'elle évoluait depuis leur avant-dernière rencontre, quinze ans plus tôt, mais le constat n'en était pas moins amer pour autant. A défaut d'avoir pu l'empêcher de suivre ce chemin, il aurait peut être pu faire quelque chose s'il n'avait pas disparu de sa vie du jour au lendemain. « C'est pour ça, le pseudonyme ? » Ça aussi, une partie de lui s'en doutait peut être depuis qu'il l'avait retrouvée. Lou avait toutes les raisons du monde de haïr ses parents, son retour avait après tout remué toute cette partie de son passé, mais était-ce seulement son aversion pour les Grimes qui avait motivé ce changement de nom ? Ou la drogue n'était-elle arrivée que plus tard dans sa vie ? « J'ai voulu t'appeler, après les obsèques. Mais j'ai pensé que t'avais sûrement besoin de temps. » De temps pour digérer l'annonce de la mort de ce père qui avait fait les mauvais choix jusqu'au jour où il avait rendu son dernier soupire. « Comment tu vas ? » Elle pouvait décider de balayer sa question d'un revers de la main, ils n'étaient sûrement pas plus à l'aise l'un que l'autre à l'idée de faire dans le sentimentalisme. Mais il se devait de le lui demander, peut être pour s'assurer que ce n'était pas la drogue qui elle l'aidait à tenir debout. Ou peut être par besoin de se rassurer sur la façon dont elle vivait les choses depuis qu'il était revenu pour bouleverser sa vie et raviver un passé douloureux.
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| | | | (#)Lun 5 Juil 2021 - 21:51 | |
| | ► When did we get so normal ?
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« Je dois reconnaître qu'on s'ennuyait un peu avant que tu arrives. » J’espère bien. “Vile flatteur.” Fausse modestie assumée, le sourire de Lou en disait long sur ce qu’elle en pensait. Bien sûr qu’ils s’ennuyaient tous comme des rats morts, évidemment qu’elle était un divertissement comme un autre pour ces âmes désespérées de trouver un détail les arrachant à leur zone de confort. C’était l’effet qu’elle faisait, elle l’avait remarqué, noté et fait son atout, une carapace, une armure pour plonger de nouveau dans ces fichus bains de foule. Dans ses souvenirs, James faisait partie intégrante de l’esprit de la fête, mais l’argent et le succès avaient conquis son enthousiasme. Il semblait lassé, comme le reste des hôtes, habité par un brin de spleen qu’il n’y avait que les riches pour se permettre de s’attarder dessus. « J'ai pas signé pour me retrouver au milieu d'une bande de snobs tous moulés dans le même costume. » La jeune femme lâcha un rire ironique, dénonçant tacitement l’hypocrisie du postulat. Weatherton était pourtant bien content de la réputation lui permettant de faire partie des gros poissons ; on ne pouvait pas choisir quels aspects du package prendre et ceux à jeter. S’il voulait rester au sommet de son art, les snobs en costume faisaient partie du deal et il le savait. “T’as signé pour ça, leurs mariages ratés, leurs familles à problèmes et leur gros portefeuilles.” C’était les deux facettes d’une même pièce, à prendre ou à laisser, et chacun jouait le jeu, y laissait des plumes et de la joie de vivre pour chaque rire qu’il fallait forcer pour continuer à exister dans le bling. « Habillée comme ça, on jurerait que tu es prête à botter des fesses. Je devrais m'inquiéter ? - Tout le monde devrait. » La vodka caressa ses lèvres, brûlait le fond de sa gorge ; l'australienne semblait faire glisser son regard sur un champ de bataille, de la revanche plein les yeux. Les années ne lui avaient pas fait digérer la manière dont on l’avait cataloguée et enfoncée lorsqu’elle aurait encore pu être sauvée d’elle-même. Avec tous ces ados façonnés aux reproches et à la pression, rien d’étonnant à ce que la majorité se transforme en sociopathes nombrilistes. Elle voudrait tous les mettre devant un miroir, les forcer à regarder en eux-mêmes, puis leur péter le nez sur la glace. « ...Mais toi, tu vaux mieux que ce monde-là. Justement parce qu'il est peuplé d'hypocrites. » Obviously. Lou avait choisi sa voie, il y avait bien longtemps de cela. Elle se trahissait peut-être en faisant trempette chez les requins, désormais bien plus calquée sur leur modèle qu’elle ne voulait bien l’admettre. Comme si son monde était différent, alors qu’en termes de profits et d’exploitation, la seule chose qui changeait était la légalité de leurs manœuvres. “Je vais là où l’argent est. C’est du business tout ce qu’il y a de plus honnête.” S’il existait quoi que ce soit d’honnête dans la notion de business. Elle notait que James s’assimilait à cet environnement, faute de s’en être exclu en parlant d’un “nous”. Il aurait pu prétendre que lui aussi, il était meilleur que tout ceci, il aurait pu s’arracher à la masse des hypocrites ; il ne l’avait pas fait, et au fond Lou en était triste. Ils l’avaient eu, qu’elle déplorait. Ils le tenaient depuis longtemps. Depuis la naissance, sûrement. « C'est pour ça, le pseudonyme ? » Lou haussa un sourcil ; on ne lui posait jamais cette question. Peut-être parce que personne n’osait, ou peut-être parce qu’ils comprenaient sans avoir à demander. Il y avait une forme de fracture dans le fait de remplacer un nom par un autre, une volonté d’effacer une identité jadis imposée. Un besoin d’être un peu plus soi, ou un peu moins ce que le monde veut que l’on soit. “Tu dois savoir mieux que personne, un nom c’est comme un uniforme, fit-elle, se disant qu’avec la métaphore vestimentaire, James saisirait d’autant plus. Grimes, c’était comme un bustier que je pouvais pas remplir. Aberline, c’est du sur-mesure.” Il comprendra d’autant plus le jour où l’ombre de son papounet lui donnera la sensation d’étouffer, songea-t-elle. Lorsque les chaussures ne seront plus à sa taille et le bocal trop petit. A moins que se recroqueviller dans une boîte et s’efforcer de ne pas prendre plus de place que ce qui lui était donné faisait partie du nouveau James. Si élégant, si sobre, si triste. « J'ai voulu t'appeler, après les obsèques, il reprit. Mais j'ai pensé que t'avais sûrement besoin de temps. Comment tu vas ? » En voilà une question large à laquelle la brune ne pouvait pas répondre. J’ai traqué un chef de gang, lui ai tiré dessus, l’ai laissé partir. J’ai voulu disparaître, ai bien failli, me suis laisser sauver malgré moi. J’ai confronté ma rivale, pris une claque, suis repartie la queue entre les pattes. Je reconstruis, lentement, sûrement, otage de mes doutes en mes capacités à mener tout projet à bien. “J’ai été très occupée. Ça a été mouvementé.” résuma Lou. Elle n’avait pas eu le temps de faire son deuil que le monde s’était accéléré autour d’elle avant de s’effondrer avec pertes à fracas. Elle était tombée de haut et reprenait du poil de la bête. Mais au fond, le décès de son paternel était un signe de la providence, une grande flèche éclairant la direction à prendre. Renouer avec les hautes sphères renouvelait ses ambitions. “Tu sais, je voulais pas le voir quand il était en vie, et maintenant qu’il n’y aura plus jamais d’opportunités de ce genre, ironiquement, il me manque. L’esprit de contradiction à son plus haut, hein ?” Elle haussa les épaules. La mort laissait en cadeau ce genre de regrets aux vivants. C’en était cliché. “Mais j’ai suivi ton conseil, j’ai recontacté Lauren. Elle… gère tout ça à sa manière. J'essaie d’être… dans le coin, disons.” Tout ce politiquement correct lui brûlait la pulpe des lèvres. Elle préférerait dire que sa mère n’avait pas changé et qu’elle se montrait toujours aussi imbuvable, qu’elle détestait l’accompagner partout comme un animal de compagnie issu d’un refuge, qu’elle s’était imaginée lui crever les yeux plus d’une fois. C’était ça, ou plus de regrets sur la conscience le jour où, elle non plus, ne serait plus là. “On a découvert que Dex la trompait, qu’il avait eu un autre gosse.” elle confessa, la bouche dissimulée derrière son verre. La théâtralité du jour où le notaire avait mentionné Lawrence sur le testament resterait probablement l’un des moments de sa vie les plus emplis de dramaturgie. C’était ironique, presque comique, de se dire que son père avait attendu la sûreté du caveau pour avouer son infidélité. Six pieds sous terre était un écart convenable pour échapper à la colère de deux femmes blessées. “Tu crois que je pourrais peser dans le game des mondanités avec une info comme ça au point que Lewis se tairait enfin ?” Elle lâcha un rire qui parut en décalage avec la gravité du sujet. Malgré toute son aversion pour Lauren, elle ne lui aurait jamais souhaité d’avoir le coeur aussi brisé.
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| | | | (#)Mar 3 Aoû 2021 - 3:14 | |
| when did we get so normal ? Si Lou avait été la première à lui tirer l'esquisse d'un sourire lorsqu'elle avait fendu la foule des invités avec son brin d'audace habituel, elle fut aussi la première à lui tirer un rire digne de ce nom. C'est vrai, aussi désespérant soit d'entendre Lewis et le reste des convives se congratuler pour leur élégance la bouche pleine de petits fours au saumon, James ne pouvait pas prétendre être déçu d'avoir droit au même cirque que les centaines d'autres fois où il avait participé à ce genre de soirées. « Laisse-moi croire que cette partie de mon boulot n'est pas toujours aussi ennuyante. » Il haussa les épaules, l'air de ne vouloir s'associer à tout ce beau monde que lorsque ça l'arrangeait. Ce qui était le cas lorsqu'on connaissait le paradoxe entre son envie de rester dans la lumière à travers son art et son besoin d'être cet artiste taciturne qui se traînait à ces soirées avec un air bougon et capricieux. Ne payait-on pas des gens pour faire bonne figure à sa place face à ces gros poissons ? James était sans doute trop privilégié depuis trop longtemps pour concevoir qu'on ne pouvait pas toujours avoir le beurre et l'argent du beurre. Lou, quant à elle, pourrait littéralement mettre le monde à ses pieds d'un coup de talon bien placé. « Fais-toi plaisir. Il faut bien qu'ils aient quelque chose d'intéressant à raconter au sujet de cette soirée. » Une jeune femme sème la terreur dans une salle remplie de gros bonnets au point que plusieurs de ces messieurs ont été surpris entrain de mouiller leur pantalon. Il n'en fallut pas plus pour que l'image façonnée par son esprit n'amuse le styliste, qui rêvait d'un peu d'animation pour pimenter tout ça. Beaucoup d'hypocrisie régnait dans l'air, alors que les rires de certains paraissaient bien trop forcés et leur hâte à vider leur coupe de champagne, elle, bien trop suspect. « Beaucoup de l'argent qui a un jour atterri entre les mains de ces types était de l'argent sale, de toute façon. » Avoir un père qui fréquentait ces hautes sphères depuis toujours lui avait valu de constater que des gens véritablement honnêtes, le monde des affaires en comptait finalement peu. Lui-même se sentait finalement assez peu concerné par tout ça, n'étant là ce soir que parce que son visage représentait Weatherton auprès du public. Si ça ne tenait qu'à lui il n'aurait pas troqué la quiétude de son atelier contre une soirée que seules Lou et quelques bulles de champagne parvenaient à sauver. C'est finalement par un hochement de tête qu'il acquiesça aux paroles de la brune, conscient lui-même qu'un nom prenait parfois la forme d'une ombre qui vous suivait où que vous alliez, qui que vous décidiez de devenir. « Un uniforme parfois lourd à porter. » Il connaissait ça, aussi fusionnelle avait toujours été sa relation avec son père. Il était un Weatherton et on attendait pour ça de lui qu'il soit irréprochable et qu'il travaille dix fois plus dur pour faire oublier le spectre de son grand-père. Un nom dont il avait toujours été particulièrement fier, mais qui le desservait aussi parfois. « Je comprends. » Que son nom à elle ait probablement symbolisé un frein dans l'évolution qu'elle tâchait de suivre et le chemin qu'elle voulait d'emprunter. Grimes lui rappelait les erreurs de ses parents, la renvoyant à un passé qu'elle avait très certainement voulu laisser derrière elle. Il la voyait ce soir, métamorphosée en une jeune femme qui pouvait regarder chacun de ces hommes droit dans les yeux sans rougir. « Ça fait probablement de moi un privilégié d'avoir connu Lou Grimes avant qu'elle ne se change en cygne. » La métaphore était volontairement positive, après tout elle avait revêtu cette nouvelle identité et ça semblait plutôt bien lui convenir. Aussi conscient soit-il que ses activités n'étaient sans doute pas aussi légales qu'elle aimait le dire, il ne se la jouerait pas grand-frère en lui faisant la morale. Ils n'avaient jamais partagé ce genre de relation, et James se trouverait franchement mauvais dans ce rôle.
Prendre de ses nouvelles après ce qu'il devinait avoir été une période compliquée, par contre, était bien plus dans ses capacités. Il l'avait quitté très affectée d'apprendre abruptement le décès d'un père qu'elle n'avait pas revu depuis de nombreuses années, il n'y avait rien d'étonnant à ce que tout ça la travaille encore. « J'imagine que la mort a le don de transformer la plus grande des amertumes en regrets. On se dit toujours qu'on aurait du mettre sa fierté de coté quand on le pouvait. » Il était passé par là en quelques sortes au décès d'Alessandro, ayant longtemps repensé à ce qu'il aurait pu dire quand il en avait l'occasion, comme au fait qu'il aurait pu se montrer plus démonstratif et ne pas autant traîner la patte pour certaines choses. Une fois seul, les regrets lui avaient assailli le cœur. « Tu as bien fait de la recontacter. » Lauren, sa mère, l'autre âme endeuillée que Dexter avait laissé derrière lui. « Vous serez sans doute jamais les plus proches du monde et elle va sûrement pas devenir une mère modèle du jour au lendemain, mais au moins tu l'as, elle. Et elle t'a, toi. » Il fallait connaître son attachement particulier envers les Grimes pour comprendre qu'il fasse peut être ici preuve d'un peu moins de distance que s'il n'était question que d'inconnus dont le sort lui importerait bien peu. Ses rapports avec Lauren étaient loin d'être réguliers depuis maintenant de nombreuses années, mais pour une raison qu'il ne parvenait pas totalement à s'expliquer il avait longtemps idéalisé la famille qu'ils formaient tous les trois. Tout ça, avant d'apprendre ce que le couple Grimes avait osé faire à leur fille. A partir de ce moment-là, ce tableau si parfait n'avait plus eu son allure d'antan, quand bien même il était rassuré de savoir que Lou pouvait au moins se raccrocher à sa seule famille. Seule, ou pas totalement. A entendre ses confessions, un secret avait aussi éclaté au milieu de cette histoire, laissant le styliste pantois de stupéfaction un court instant. « Du Dexter tout craché. Toujours plein de surprises. » C'en était déjà une d'apprendre que le père de Lou s'était détourné de sa propre fille, puis qu'il avait gardé sa maladie pour lui sans même juger bon d'en informer Lou alors qu'il se trouvait sur son lit de mort. Définitivement, le père de la jeune femme avait toujours su ménager son petit effet, ce qui forçait autant l'admiration que la rancune de James. Alors donc, il avait eu un fils. Le blond était attristé de devoir se l'avouer, mais l'image de l'époux irréprochable en prenait de nouveau un coup. A croire qu'on ne connaissait jamais vraiment ceux qui nous entouraient, ou qu'il était le seul à mener une vie complètement ennuyante et dénuée de la moindre surprise. « Clairement. Avec ça le club des futurs divorcés a aucune chance de faire le poids. » Et parce qu'il la connaissait suffisamment bien pour savoir que c'était bien plus évident d'en rire et de prétendre que rien de tout ça ne l'affectait, il entra volontiers dans son jeu. Lou avait laissé parler son chagrin devant lui le soir où elle avait appris le décès de son père, mais James le savait elle n'était sûrement pas prête de laisser de nouveau ses émotions la contrôler. Ils s'étaient toujours beaucoup ressemblés sur ce point. « T'as l'intention de le rencontrer ? Si c'est pas déjà fait. » Il l'interrogea du regard, sa coupe de champagne portée à ses lèvres. La question n'était pas anodine et la réponse ne coulait pas de source lorsqu'on connaissait Lou. C'était d'autant plus vrai que de toutes les façons dont elle aurait pu apprendre l'existence de ce demi-frère, celle-ci était sans doute la plus sordide. « Qu'est-ce que tu sais de lui ? » A part qu'il était le fruit d'une liaison extraconjugale et n'avait sans doute dans le meilleur des cas pas beaucoup pu compter sur son père. « Au cas où, j'ai toujours le numéro du détective qui m'a aidé à remonter ta trace. Même si j'ai aucun doute que tu saurais t'en sortir seule. » On parlait de Lou, probablement la personne la plus tenace qu'il connaisse et certainement pas quelqu'un qui avait besoin qu'on lui mâche le travail. Qu'elle ait déjà entrepris ou non des démarches pour rencontrer ce type, et qu'elle en ait ou pas l'intention un jour, elle avait suffisamment de ressource pour débusquer les infos qui lui manqueraient. Il ne s'en faisait pas le moins du monde, elle arriverait à ses fins.
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| | | | (#)Lun 16 Aoû 2021 - 21:04 | |
| | ► When did we get so normal ?
I was psychic 'til I met you Somehow I just knew that I'd get you Said that I would always protect you But only let you down, down, down
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Le vilain petit canard. La comparaison était presque trop parfaite -trop classique surtout. Le petit de la portée trop différent des autres qui se révélait finalement supérieur à ses anciens détracteurs. Une preuve par la fable que les gens jugent sur les apparences et le succès matériel, superficiel. Elle en avait horreur. L’oiseau n’était dit vilain qu’en se basant sur la couleur de son pelage et méritait l’estime des autres lorsqu’il affichait un blanc immaculé, il n’y avait que quelqu’un comme James et ses pairs pour ne pas voir le problème là-dedans. Plutôt que de promouvoir l’acceptation des différences, on faisait l’apologie de l’admiration par la jalousie. Répondre à des critères pour être accepté, satisfaire le regard des autres. Non, Lou ne savait pas en quoi elle s’était changée, mais certainement pas en cygne. Elle n’avait pas changé, d’ailleurs. Elle avait toujours été trop sauvage, égoïste, fière. C’était le regard que les autres posaient sur elle qui était différent. Elle avait quelque chose qu’ils désiraient désormais, alors elle n’était plus paria. Elle avait appris à s’accepter elle-même, à aimer tout ce qu’elle était, à imposer son identité et à balayer du revers de la main ceux qui essaieraient de la faire douter. Elle ne s’encombrait plus de l’éternelle quête de la validation par des paires d’yeux extérieures. La jeune femme relevait sûrement plus de l’araignée ou de la mante que d’un joli oiseau, et cela lui convenait bien. Sa mère, beaucoup moins. « Tu as bien fait de la recontacter, appuyait James et récoltant un tour complet des prunelles de Lou dans ses orbites. Vous serez sans doute jamais les plus proches du monde et elle va sûrement pas devenir une mère modèle du jour au lendemain, mais au moins tu l'as, elle. Et elle t'a, toi. - Ce qu’elle va avoir c’est de la mort au rat dans son vin si elle continue de me marcher sur les nerfs. » Cela sonnait parfois comme le meilleur plan qui soit. Après tout, que pouvait bien faire Lou d’un demi-héritage ? Mais il semblait que certaines lignes ne pouvaient décemment pas être franchies.
L’australienne n’avait pas d’affection pour sa mère, pourtant elle avait de la peine en songeant à la dernière surprise que son père avait laissée derrière lui. Lauren avait non seulement perdu son mari mais également toute illusion de l’avoir vraiment connu un jour. La fierté était de famille, l’avocate n’avouait jamais l’affect que cela lui causait. Elle se murait dans la colère et le déni, Lou savait de qui elle tenait. « T'as l'intention de le rencontrer ? Si c'est pas déjà fait. Qu'est-ce que tu sais de lui ? Au cas où, j'ai toujours le numéro du détective qui m'a aidé à remonter ta trace. Même si j'ai aucun doute que tu saurais t'en sortir seule. » Elle portait sa vodka à ses lèvres lorsque James avait commencé à l’assaillir de questions. Un rire soufflé du bout du nez glissa sur la surface du verre. “Regardes-toi, tout passionné par ma petite anecdote.” Définitivement un meilleur cru que n’importe quel divorce. Sur ce, la vodka roula tout rond sur sa langue jusqu’à son gosier accompagnée de l’habituelle brûlure sucrée. “Je l’ai déjà retrouvé. Je l’ai rencontré. Je ne lui ai pas dit qui j’étais.” Le déguisement avait fait son effet ; rien de plus efficace qu’un tailleur et quelques cartes de visite pour faire croire au premier péon venu que l’on faisait partie d’une quelconque entreprise. Tant que l’allure matchait la qualité du papier, c’était crédible. Un prétexte cohérent -l'héritage- et la porte lui était ouverte. Et même alors qu’elle passait le pas de l’appartement de Lawrence, Lou n’avait pas encore acté qu’elle ne lui révélerait pas qui elle était réellement. Rapidement, cela apparu comme la meilleure chose à faire. “Il vit du côté de l’université. Il a hérité de tous les centimètres de hauteur dont mère nature m’a privée. Il ressemble à Dex. Il a un caractère de merde.” En somme, l’air de famille était indéniable malgré leurs plus flagrantes différences. “Il a un fils.” Ce n’était pas pour elle de se faire appeler tata Lou de toute manière. “Et il a déjà une soeur.” Le rôle était pris. Il n’y avait pas de place pour elle dans ce joli petit tableau. Clap de fin. “N’en parle pas à Lauren, d’accord ? Elle ne veut rien savoir, et franchement ça vaut mieux. Elle ne sait pas que je l’ai vu, je lui ai dit que ça ne m’intéressait pas qu’il fasse partie de notre vie non plus.” Un mécanisme de défense plus qu’un mensonge, la peur d’être rejetée par cette moitié de sang apparue de nulle part. Il avait un passé complexe, un futur marqué par la présence de ce fils. Elle avait eu tout ce qu’il n’avait pas connu, et elle avait le don de tout foutre en l’air. Chacun était simplement mieux à sa place. Elle le savait. Il le savait. “Et il ne veut pas faire partie de la nôtre, alors c’est réglé.”
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| | | | (#)Sam 11 Sep 2021 - 0:44 | |
| when did we get so normal ? Recontacter sa mère avait certainement demandé à Lou de mettre de coté sa fierté et James était bien incapable de dire s'il aurait su en faire autant à sa place, quand ses propres relations avec sa mère devaient tout juste valoir à celle-ci de se rappeler, de temps à autres, l'existence de son fils. Il était pourtant fier au fond de lui qu'elle ait fait un pas vers cette femme qu'une part de Lou devait mépriser mais qui restait sa mère, en dépit des choix qu'elle avait pu faire, mais aussi l'unique parent qu'il lui restait. Ne s'attendant pas à ce qu'elles deviennent complices après des années sans contact et un historique relationnel plus que compliqué, le créateur se satisfaisait au moins que le tempérament de Lauren ne soit pas (encore) venu à bout de la patience de sa fille. Ce serait laborieux, sans aucun doute, mais elles pouvaient au moins tenter de se reposer l'une sur l'autre. La mort au rat, elle, anéantirait toutes leurs chances de retrouver un semblant d'entente et James savait bien que Lou n'aurait pas fait tout ça si une part d'elle au moins n'espérait pas renouer et s'éviter ainsi davantage de regrets. « Ça aurait le mérite d'être radical et pas trop salissant. » Bien moins en tout cas qu'un coup de couteau dans la carotide, et pour un maniaque de l'ordre tel que lui ça n'avait rien d'un détail. « Le seul problème c'est qu'avec ce qu'elle a du toucher au décès de ton père, tu serais celle qui aurait le plus intérêt à ce qu'elle disparaisse à son tour. » Évidemment, il fallait toujours raisonner comme dans une série policière où un duo d'enquêteurs passait en revue tous les suspects, de l'amant jaloux à la fille vénale. Le plus simple serait certainement d'attendre un nombre raisonnable d'années afin qu'il soit plus difficile de faire le lien entre les deux décès. « Dans le pire des cas il lui reste quoi, quinze ans avant de se retrouver en fauteuil roulant dans une maison de retraite ? » Un peu long, c'est certain, mais le jeu pourrait en valoir la chandelle. Lou n'aurait qu'à supporter les intrusions de sa mère de temps en temps et prier pour qu'une mauvaise chute dans les escaliers abrège ses souffrances. James ne souhaiterait jamais le moindre mal à Lauren, se rappelant encore de l'époque où celle-ci se montrait bien plus maternelle à son égard que ne l'avait jamais fait sa propre mère. Cependant il y avait des fautes commises par le couple Grimes qu'il aurait du mal à pardonner, raison pour laquelle il lui souhaiterait de se reconstruire tout en restant à distance.
Apprendre que la disparition de Dexter avait révélé l'existence d'un fils jusqu'ici inconnu répandit chez James une surprise cette fois plus difficile à contenir. Comme chez tous ceux qui avaient connu le père de Lou, l'étonnement se mêlait à une part de déception. On ne connaissait jamais vraiment les personnes qui faisaient partie de notre vie. « Qu'est-ce que tu veux, j'ai toujours regretté que ma famille n'ait aucun squelette dans ses placards, alors je compense. » Il pouffa derrière sa coupe de champagne, forcé d'avouer qu'il y avait certainement une part de vrai là-dedans si on considérait que malgré un divorce précoce mais prévisible, ses parents n'avaient même pas livré la moindre guerre pour obtenir sa garde. Lou, elle, n'avait pas tardé à organiser une rencontre avec son demi-frère si tôt son identité apprise. « Je me doutais que tu tergiverserais pas. » Il n'en attendait pas moins d'elle, après tout. Il était certain qu'elle n'attendrait pas les bras croisés et saisirait la première occasion de poser un visage sur un nom. Et à l'entendre, ce type ne devait pas être inintéressant en plus, sûrement, de ne pas être désagréable à regarder. « Il est canon ? Je demande ça parce que vous avez jamais tellement été à plaindre, niveau gênes. » D'accord, sur ce coup il la faisait peut être marcher et le sourire au coin de ses lèvres en était la preuve. James avait passé l'âge de fantasmer en secret sur les frères de ses amies, qui plus est lorsqu'ils n'étaient pas techniquement leurs frères il y a encore une poignée de jours. « Je vois. Ça commence à faire du monde. » Un frère d'abord, l'équivalent d'un neveu et d'une demi-sœur ensuite. Nul doute que Lou était loin d'imaginer ça lorsqu'elle avait appris l'existence du fils de Dexter, qui de la même façon ne soupçonnait sûrement rien de l'identité de la jeune femme qui s'était présentée à sa porte. De toute évidence ils avaient en commun d'avoir été gardés dans l'ignorance toute leur vie et là où certains diraient que ça pourrait les rapprocher plutôt que l'inverse, James voyait dans toute cette histoire un tissu de complications que Lou aspirait probablement à éviter. Et il pouvait la comprendre. « Je dirai rien, c'est pas à moi de le faire et ce sont pas mes affaires, de toute façon. Si t'as bien mérité une chose, c'est de pouvoir décider ce que tu vas faire de ces informations. » Autrement dit si elle ne voulait pas que sa mère connaisse tous les détails de sa rencontre avec cet homme, ça n'était pas lui qui risquait de vendre la mèche. Il est vrai qu'il avait longtemps pris plus de place qu'il n'aurait du au sein du foyer Grimes, mais il faut croire qu'il avait acquis suffisamment de recul aujourd'hui pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. « Il le voudrait peut être s'il savait qui tu es, cela dit. » James se permit de relever après une nouvelle gorgée de champagne. Il n'était pas dans la tête de ce type, mais ça restait une éventualité. « Tu comptes faire comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu ? Comme si vous viviez pas dans la même ville et que tu risquais pas de le croiser un jour avec son gamin ? » Sa voix n'était porteuse d'aucun jugement, James se contentait ici d'énoncer les faits. Aussi grandes soient Brisbane et la volonté de Lou de garder cet homme en dehors de sa vie – et à juste titre, si on considérait qu'elle avait bien vécu trente-deux ans sans même savoir qu'il existait – il n'en était pas moins vrai qu'il aurait pu être parti vivre n'importe où à l'autre bout du monde mais qu'il était ici, aujourd'hui, et qu'elle connaissait maintenant son adresse. « Si c'est le cas, je serai le dernier à te juger. Mais juste pour être sûr, ce type on le déteste ou pas ? » Elle seule pouvait en décider, garder rien d'autre que de l'indifférence pour ce quasi inconnu ou lui vouer un mépris certain. James, lui, parierait qu'une part d'elle au moins éprouvait une curiosité sincère à l'égard de cet homme. Une part de son sang coulait aussi dans ses veines, après tout, et ça soulèverait des questionnements et un besoin de réponses chez n'importe qui.
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| | | | (#)Sam 6 Nov 2021 - 22:36 | |
| | ► When did we get so normal ?
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Elle avait son propre potin, Lou, trop bien taillé pour une soirée de ce genre, comme un diamant en coussin sur un anneau en aluminium. Un potin qu’aucune de ces paires d’oreilles ne méritait d’apprendre et de se délecter. Elle aurait probablement pu se passer de le mentionner, surtout auprès de James qui avait été un inconnu durant bien des années ; faute de thérapeute, elle n’avait pas mieux sous la main. Pourtant la jeune femme devait bien se l’avouer, se confesser à quelqu’un lui faisait le plus grand bien. Que quelqu’un de ce monde, cette autre partie d’elle qu’elle avait oublié tout ce temps, connaisse cette découverte et comprenne les bouleversements qu’elle traversait. Du moins, elle ne savait pas s’il comprenait vraiment, James ; il écoutait. Il était doué pour écouter, ça elle l’avait retenu. Il ne lui servait pas de soupe de jugement saupoudrée d’hypocrisie. Aussi fort aurait-elle voulu croire que d’autres personnes étaient comme lui et méritaient d’être rencontrées, elle en doutait et refusait de prendre le risque. Elle avait retenu la leçon, concernant ces gens. Elle ne tendrait pas une nouvelle fois le bâton pour se faire battre. « Il est canon ? demanda le styliste. Je demande ça parce que vous avez jamais tellement été à plaindre, niveau gênes. » Mentionner Lawrence avait fait un drôle d’effet à l’australienne, une soupe d’émotions sur lesquelles elle ne mettait pas de nom. Un peu de culpabilité par ici, un brin de dégoût par là, peut-être un soupçon de regret. James eut le mérite de la faire vaguement rire et balayer ces nœuds dans son estomac par la même occasion. Pourquoi regretter ? Elle l’avait rencontré. Elle pouvait mettre un visage sur ce frère qu’elle ignorait avoir. C’était mieux que rien. Ou vraiment ? “Bien sûr qu’il est canon. C’est mon frère.” Le mot sonnait encore étrangement et laissait un drôle de goût sur le bout de la langue. L’amertume de savoir qu’elle n’apprendrait jamais à le connaître, la crainte que la vérité se sache un jour dans le monde de la pègre. Elle haïssait les enfants mais ne pouvait s’empêcher de songer à la sécurité de Maddox. Ce n’était pas aussi important lorsqu’il n’était que le fils de Danika. Désormais, il était son neveu. Elle se demandait à quel point il ressemblait à Lawrence, et donc à Dex et à elle. S’il était une rustre tête de mule en devenir comme tout bon Grimes. « Je dirai rien, c'est pas à moi de le faire et ce sont pas mes affaires, de toute façon. Si t'as bien mérité une chose, c'est de pouvoir décider ce que tu vas faire de ces informations. » Lou leva les yeux vers James avec de la reconnaissance dans le regard -denrée rare. Le fait que son mari ait eu une liaison dont avait résulté un fils avait bien assez brisé le coeur de sa mère. Il venait de là, le dégoût. Une seule personne était autorisée à faire souffrir Lauren et c’était Lou, point à la ligne. Appelons ça de l’amour résiduel. Elle se demandait si la curiosité la dévorait, elle aussi, ou si elle ne faisait pas que prétendre ne rien vouloir savoir, continuer comme si de rien n’était. Au final Lauren avait fait son choix, Lou aussi, et Lawrence avait suivi. Chacun chez soi, hors de la vie les uns des autres. Ils ne pourraient jamais oublier ce qu’ils savaient désormais et cela était une bouchée déjà assez difficile à avaler. C’était un de ces moments qui marquaient un avant, et un après. « Il le voudrait peut-être s'il savait qui tu es, cela dit. - Il le voudrait encore moins s’il savait qui je suis. » Et ce verre était bien trop vide pour ponctuer ce constat avec tout le dramatisme qu’il méritait. C’était cette conviction qui l’avait poussée à mentir sur son identité et décrété que son frère ne saurait rien à son sujet, aussi déprimant que cela puisse sembler. « Tu comptes faire comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu ? Comme si vous viviez pas dans la même ville et que tu risquais pas de le croiser un jour avec son gamin ? » C’était plus que probable. Son ex, la mère du fils de Lawrence, travaillait pour elle. Pourtant Lou ne songeait jamais à l’éventualité que ces mondes entreraient un jour un collision. Danika était dans la confidence et elles s’étaient mises d’accord -ô miracle- pour garder le secret. C’était la meilleure chose à faire, pour tout le monde. « Si c'est le cas, je serai le dernier à te juger. Mais juste pour être sûr, ce type on le déteste ou pas ? - J’ai pas encore décidé. » Lui, en revanche, avait son avis sur la question. Après tout Lawrence était intimement persuadé que Dexter était l’instigateur du meurtre de sa famille et on faisait difficilement meilleure raison de détester quelqu’un -et tous ceux qui lui étaient liés. C’était abracadabrant, aux yeux de Lou. Pourtant cela rendrait enfin cohérent le tableau de famille ; l’assassin, son épouse sociopathe et leur fille la junkie. “On a très bien vécu plus de trente ans sans connaître l'existence l’un de l'autre. Lui ne sait toujours pas que j’existe. Alors j’ai juste besoin de l’effacer de ma mémoire et hop… Tout sera comme avant.” Comme par magie. Comme si cela pouvait être aussi simple. “J’ai juste l’impression que je ne connaissais vraiment pas mon père, au final. Qui sait ce qu’il cachait d’autre, quels squelettes dans les placards...” La jeune femme croisa les bras, songeuse. Elle s’entourait d’une montagne de secrets mais possédait bien peu de tolérance pour ceux des autres. Elle n’avait jamais beaucoup aimé les surprises après tout. "Ça sera pour un prochain épisode.” ajouta-t-elle en feignant un sourire. “Cette soirée craint, on se casse ?” L’electric playground n’était pas bien loin, un terrain de jeu où elle avait ses habitudes. Le besoin de s'aérer l’esprit, de se vider la tête, se faisait sentir. En toisant James de haut en bas, elle estima que cela ne lui ferait pas de mal non plus. Faire tomber la veste de costume et cet air guindé d’animal empaillé.
- Spoiler:
Sorry pour le délai Dis-moi si tu veux que j'archive, clôturer avec ta réponse ou poursuivre leur soirée, tout me va
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| | | | | | | | weatherline + when did we get so normal ? |
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