mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021. Le début de semaine avait été compliqué pour Joy, revoir Aiden l'avait complètement bouleversé. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce que son ex fasse surface après plus d'un an sans nouvelles. L'interne s'était retrouvée face à lui, complètement sans voix. Elle avait tout de même réussi à trouver la force de paraître totalement impassible face à lui. Pourtant, il en était rien. Le chirurgien avait débarqué à l'hôpital comme si de rien était. Tout le monde était heureux, seuls certains avaient pris la température auprès de l'interne pour savoir comment elle gérait ça. Et bien, elle ne gérait rien du tout. Elle faisait semblant que tout allait bien. Elle s'était promise de rester professionnelle. La jeune femme avait donc fait en sorte de ne rien transparaître, elle ne voulait pas qu'Aiden croit qu'il avait réussi son coup. Joy était trop fière pour ça. La brunette avait donc continué sa semaine sur le même tempo.

C'était déjà vendredi. Elle avait travaillé toute la journée, et sur le chemin elle avait acheté une pizza, n'ayant pas la force de cuisiner quoique ce soit. Arrivée à l'appartement, elle prit une part de pizza, et descendit avec Hope pour la promener, la sortie du soir c'était son moment préféré. Elle finit par remonter, prendre une douche, manger à nouveau de la pizza avec un bon verre de vin. Joy réalisait qu'elle avait vraiment des habitudes de vieux... Pas grave. Elle aimait sa routine, et tentait de chasser Aiden de ses pensées. La brune enfila son pyjama en satin bleu marine, et fila au lit. Elle avait tenté d'apprendre à Hope de ne pas venir sur le lit mais même Joy avait fini par céder. Elle mit son alarme pour le lendemain matin avant de caresser Hope une dernière fois alors qu'elle se mit en boule au bout du lit. L'interne ferma les yeux un peu avant minuit, le sommeil l'embarquant sans attendre.

3h30. Joy sentit un souffle sur elle, elle ouvrit un oeil et Hope était en train de lui renifler le visage, elle remuait la queue et n'arrêtait pas de tourner en rond. Elle jeta un oeil au réveil... « Hope ! Sérieux ? Pipi, maintenant ? » dit-elle, en constatant l'heure. Pourtant, Hope ne l'avait jamais réveillé la nuit pour aller faire ses besoins. Elle soupira, la tête encore endormie alors qu'elle entendit toquer à sa porte - Joy fronça les sourcils et adressa un regard interrogateur à Hope comme si la chienne pouvait lui dire ce qui se passait... Elle souffla avant de sortir péniblement du lit. Elle arriva à la porte après avoir allumé quelques lumières sur son passage. Joy mit son œil dans le judas avant de voir une femme qu'elle connaissait. Elle ouvrit les loquets avant de tirer sur la porte. « Danika ? Qu'est ce que tu fais là ? » lâcha-t-elle, les yeux encore froncés, Joy n'était pas tout à fait réveillée. Etait-elle en train de rêver ? Hope était restée en retrait sur le canapé, elle regardait vers la porte. Niveau chien de garde, on repassera.

Le poing s’abat sur son visage,  elle tombe sous la force du coup, si elle tente de se rattraper comme elle peut, c’est l’articulation de son épaule qui encaisse son poids, qui se déboite alors qu’elle crie de douleur. Elle grimace, elle est en train de perdre. Elle n’est pas concentrée, chaque minute qui passe apporte son lot de coups qu’elle encaisse. L’adversaire est particulièrement violent,  il est aussi plus grand et plus fort, il a l’avantage.  Quelques minutes plus tard elle a perdu et dans les applaudissements de la foule autour du ring elle serre les dents, serrant la main du combattant, s’éloignant en tenant son épaule.  

« Ca va. » crache-t-elle pour empêcher tout commentaire d’un habitué qui la regarde d’un air inquiet. Danika déteste perdre et le déteste encore plus quand elle sait que la faute vient d’elle, de son manque de concentration. Elle a enchaîné des erreurs qui n’avaient pas lieu d’être. Mais c’est comme ça depuis plusieurs semaines, elle le sait pertinemment. Car à chaque coup donné et à chaque coup porté les mots de Lawrence raisonnent dans son esprit, amènent son lot de culpabilité. Elle ne devrait pas être là. Elle devrait être avec son fils. Mais le fight club du BB8 est devenu le seul endroit où elle se sent bien, le seul endroit où elle arrive à réfléchir et surtout à oublier le reste de ses problèmes.  

Dans les toilettes, elle observe son visage amoché, crache un peu de sang, ayant réussi à se mordre la joue, elle grimace en touchant l’articulation de son épaule. Elle ne pourra pas remettre ça en plus toute seule. Il est tard ce soir. Elle n’a aucune intention d’aller à l’hôpital mais il va falloir qu’elle aille voir un médecin et vite, quelqu’un en qui elle pourrait avoir confiance, quelqu’un à qui elle pourra sortir l’excuse du dojo, du moins c’est ce dont elle essaye naïvement de se persuader.

Il n’y a pas beaucoup de candidats. Il est hors de question qu’elle aille voir Enoch, trop proche. Non il lui faut quelqu’un de détaché, qui n’est pas proche d’elle, qu’elle respecte mais qui aura plus de distance. Danika se souvient vite de Joy qui l’avait soignée la dernière fois et qui n’avait pas posé trop de questions.  Son adresse est facilement trouvée dans les fichiers du dojo sur ton téléphone et peu de temps après elle se retrouve à frapper à sa porte sans avoir réellement réaliser l’heure qu’il est.


« Danika ? Qu'est ce que tu fais là ? » L’interne était clairement en train de dormir et soudain Danika ne sait pas par où commencer.   « Hm… » elle regarde Joy sans réellement savoir quoi dire. Elle n’a pas réalisé, n’a pas pensé à tous les détails.

« Salut. Ca va ? » On est au beau milieu de la nuit,  est-ce vraiment le moment de faire la conversation ? Apparemment oui.   Elle se force à faire un pas en avant vers la jeune femme, son visage sortant de l’ombre.

« Tu crois que tu pourrais m’aider ? » Elle a la main sur son épaule. Déboitée, elle ne ressemble plus à rien. Mais c’est surtout son visage qui trahit les marques du combat, l’arcade sourcilière ouverte cette fois. Rien de grave mais un peu trop visible. Elle respire douloureusement. Ses cotes n’ont pas l’air cassées heureusement mais elles font un mal de chien, probablement dû au coup de pied encaissé avec violence.  Elle n’a pas fière allure et en est parfaitement consciente. « Je savais pas qui allait voir. » elle murmure doucement. L’hôpital était hors de question, pas encore, pas cette fois et elle ne voulait pas de questions.

@Joy Petterson  

mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021. En temps normal, Joy n'était pas une femme stressée, elle arrivait à bien gérer son stress justement. Avec le boulot qu'elle avait, il valait mieux que ça soit le cas. Mais ces derniers temps, la vie, le Destin, les énergies qui pouvaient exister sur cette Terre, avaient décidé de la mettre à l'épreuve. Ce n'était pas forcément du stress qu'elle ressentait mais un tout plein d'émotions qui faisait qu'elle était un peu à fleur de peau... La brune était particulièrement sensible, surtout en côtoyant maintenant au quotidien son ex qui avait refait surface la fleur au fusil. L'interne tentait de s'aérer l'esprit comme elle le pouvait : des balades entre amis, des soirées dans des bars qu'elle n'avait pas l'habitude de fréquenter. L'interne était prête à tout pour oublier que son ex avait fait surface, qu'Adam était parti dans un autre Etat et que son meilleur ami lui faisait la gueule. En faisant le résumé, Joy avait vraiment une vie de merde.

La trentenaire se disait quand même qu'elle avait de la chance d'avoir Hope maintenant auprès d'elle. Cette petite boule de poils lui permettait de se sentir moins seule... Elle était en plus parfaitement accommodée au rythme particulier de l'interne. La jeune femme arrivait pour le moment à avoir le contrôle sur sa vie, mais ce n'était pas tous les jours faciles, encore moins depuis le début de semaine... Elle s'était finalement endormie rapidement après une rude journée, elle savait qu'elle aurait besoin d'être en forme pour continuer à être la reine du faux sourire... Elle pensait passer une nuit tout à fait normale jusqu'à ce que Hope la réveille. Joy mit du temps avant de comprendre qu'en réalité, quelqu'un attendait derrière la porte. Joy était inquiète, elle avait vu l'heure et ce n'était pas une heure pour annoncer une bonne nouvelle. Quand elle ouvrit la porte après avoir reconnu Danika, Joy eut un air à la fois curieux et inquiet. « Hm… » Joy tentait doucement de se réveiller et de réaliser qu'elle n'était pas en train de rêver... « Salut. Ca va ? » Joy secoua brièvement la tête, elle était venue pour savoir comment elle allait à 3h du matin ? « Qu'est ce qui ne va pas ? » demanda-t-elle finalement, c'était Enoch ? C'était son fils, peut être ? Lawrence ? La brune avait entendu pour son ko il n'y a pas si longtemps que ça... Tout un tas d'idées lui traversait l'esprit. « Tu crois que tu pourrais m’aider ? » La bouche de Joy s'entrouvit en voyant l'état de la jeune femme. « Mon Dieu, Danika ! » s'exclama-t-elle en ouvrant son bras pour l'inviter à entrer. Elle referma la porte derrière elle. « Hope ! Va te coucher ! » dit-elle d'un ton plus réveillé tout à coup, alors que la chienne s'était approchée pour accueillir l'invité imprévue. L'interne lui ordonna de repartir illico dans son coussin, ce n'était clairement pas le moment pour des mamours.  « Je savais pas qui allait voir. » Joy l'accompagna jusqu'au canapé lui faisant signe de s'asseoir. « Qu'est ce qui t'es arrivée, Danika ? » Joy était restée debout pour s'approcher de la jeune femme, elle posa sa main sur son épaule alors que Danika semblait se la soutenir, Joy grimaça, cela ne semblait pas bon tout ça... Elle s'attendait encore à une excuse sortie tout droit du... Dojo ?

Peut être que c’était une erreur. Venir ici, débarquer chez la jeune femme, prendre le risque d’être face à des questions auxquelles elle n’avait pas de réponses. Elle aurait probablement pu demander à ses contacts dans la Ruche, certains devaient connaître des médecins ou des infirmières. Cela aurait peut-être été plus intelligent. Mais ce n’était pas des gens à qui elle faisait confiance. C’était pour ça qu’elle était là. Elle avait confiance en Joy Petterson, au secret professionnel qu’elle garderait. Alors elle avait pris la route vers son appartement.

Mais maintenant que la jeune femme avait ouvert la porte elle ne savait plus comment réagir. Elle se rendait bien compte que l’image qu’elle renvoyait n’était pas…bonne. Une femme blessée débarquant chez elle au beau milieu de la nuit, sans explications, comme si tout était normal.

« Qu’est ce qui ne va pas ? » Elle grimace, effectivement, ce n’était peut-être pas le moment de faire la conversation au vu de l’heure.  Danika se force à faire un pas en avant, à sortir de l’obscurité, à dévoiler l’épaule désarticulée,  l’arcade entaillée. « Mon Dieu, Danika ! » La jeune femme la suit à l’intérieur entrant rapidement dans l’appartement, observant le chien avec un air désolé alors que l’animal se fait envoyé au panier.

« Qu'est ce qui t'es arrivée, Danika ? » Elle ne voit pas quelle excuse crédible elle va trouver, il n’y en a pas. Et pourtant elle se lance malgré tout. « Un combat qui a mal tourné, rien de grave. » Minimiser, tenter de rassurer. La jeune femme est parfaitement calme alors qu’elle entre dans l’appartement. Lorsque Joy pose sa main sur son épaule elle eut un léger mouvement de recul de douleur. « J’ai l’épaule déboitée . C’est pour ça surtout que j’ai besoin de ton aide. » Le reste, l’arcade ouverte, les cotes qui avaient l’air d’avoir pris un coup un peu trop fort, elle pouvait faire avec. Quoique peut être que l’arcade nécessitait des points de suture. Ce n’était pas elle la médecin, c’était bien pour ça qu’elle était venue voir la jeune femme. « Je sais de quoi ça a l’air Joy. » Elle est parfaitement calme, son ton presque doux. « Je suis venue te voir parce que je ne veux pas aller à l’hôpital. » Elle soupire. « Mais je ne suis pas une femme battue et je ne suis pas en danger quelconque. » L’interne allait-elle la croire ? Elle n’en savait rien. Il faut dire que la situation appelait un peu trop aux questions et qu’elle n’avait pas d’autres réponses. Le dojo à trois heures du matin, pas ce qu’il y avait de plus crédible. « J’ai juste besoin que tu me remettes cette épaule je ne te dérangerais pas plus longtemps. » Danika grimace, la respiration difficile ses cotes lui faisant un mal de chien. Elle voit déjà venir l’hématome sur sa peau.


@Joy Petterson  

mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021. La trentenaire enchaînait les bourdes ces derniers temps, comme si elle se reprenait un revers de bâton qu’elle n’avait pas prévue. En effet, la brune croyait au karma et elle se disait qu’elle avait dû en faire des choses dans une vie antérieure pour être autant mise à mal. C’était le cœur lourd qu’elle se couchait tous les soirs dans ce lit bien vide. Elle n’oserait jamais avouer qu’elle se sentait seule ces temps, mais c’était un sentiment qui l’habitait bien plus qu’auparavant. Pourtant, elle n’avait jamais mal vécu le célibat, mais aujourd’hui cela dépassait bien plus que le fait de n’avoir personne avec qui partageait un lit. Nick, son meilleur ami, lui faisait la tête, les relations avec sa sœur demeuraient encore timides car malgré le temps qui passait, Joy n’arrivait pas à oublier le passé. Le retour d’Aiden ne faisait qu’accentuer ce sentiment de solitude malgré le fait qu’elle faisait en sorte de ne pas montrer ses faiblesses, l’interne était consciente que la solitude lui pesait. Heureusement, depuis quelques semaines maintenant, Hope lui tenait compagnie, et elle ne regrettait pas de l’avoir adoptée, bien au contraire.

C’était d’ailleurs sa petite chienne qui lui indiquait qu’il y avait quelque chose de bizarre… On venait de frapper à sa porte au beau milieu de la nuit et la brune mit un petit moment avant de réaliser qu’elle n’était pas en train de rêver. En ouvrant la porte, les yeux encore mi-ouverts, elle découvrait une Danika blessée derrière sa porte. Joy s’écarta légèrement pour qu’elle rentre, elle n’allait pas la laisser sur le pas de la porte. Elle ordonna à sa chienne de s’écarter, ce n’était ni le moment ni la personne pour faire des fêtes. Elle se dirigea vers le salon pour permettre à Danika de s’installe. Elle avait allumé la grande lumière, et elle découvrait une Danika amochée, inquiète Joy la fixait en lui demandant ce qui lui était arrivé. « Un combat qui a mal tourné, rien de grave. » Les yeux froncés, au vu de son état, l’interne avait dû mal à y croire. Elle s’approcha pour venir la toucher mais l’australienne eut un mouvement de recul. « J’ai l’épaule déboitée. C’est pour ça surtout que j’ai besoin de ton aide. » Joy restait muette, abasourdie parce que Danika semblait lui dire, il fallait dire qu’elle n’y croyait pas une seconde et son regard devait en dire long sur ses pensées puisque Danika continua dans les explications : « Je sais de quoi ça a l’air Joy ---Mais je ne suis pas une femme battue et je ne suis pas en danger quelconque. » « Tu me permettras d’en douter » dit-elle d’un ton assez inquiet. Les sourcils froncés, elle regardait Danika souffrir : « J’ai juste besoin que tu me remettes cette épaule je ne te dérangerais pas plus longtemps. » « Ne bouge pas. » dit-elle alors qu’elle fit volte-face pour aller dans la salle de bain, elle récupéra son kit de soins, ainsi que plusieurs serviettes, elle allait en avoir pour remettre en place l’épaule luxée – et pour différentes raisons.

Après quelques minutes, la jeune femme revint avec tout son matériel dont une bouteille de vodka. Elle servit un shot et le tendit à Danika alors qu’elle semblait perplexe :  « Fais-moi confiance. Avec la douleur que tu vas ressentir, l’alcool va peut-être t’aider. Mais je ne te promets rien. » parce que tout le monde réagissait différemment à la douleur… Et elle n’avait pas de morphine ici. Si Danika venait ici et non à l’hôpital, l’interne comprenait qu’il y avait quelque chose de louche.  « Ecoute-moi Danika, je ne suis pas bête. Je comprends qu’il y a quelque chose de louche dans ton histoire. » dit-elle alors qu’elle était en train de tout installer sur la table basse.  « Je veux bien t’aider, mais j’aimerais en contrepartie que tu arrêtes de me prendre pour une idiote. » finit-elle par dire alors qu’elle était accroupie près de la table, elle leva la tête pour regarder dans la direction de la boxeuse.  « Procédons dans l’ordre. » dit-elle finalement en se relevant alors qu’elle prenait une serviette pour l’enrouler sur elle-même et faire un boudin avec.  « Je vais d’abord te remettre ton épaule, et ensuite je vais te désinfecter tes plaies au visage. » ajouta-t-elle finalement en la regardant dans les yeux. Joy était maintenant parfaitement réveillée… Elle prit une seconde serviette, qui était quant à elle plus petite, et elle tendit le bout de tissu vers Danika :  « Prends ça, tu vas en avoir besoin. J’ai pas envie que mes voisins pensent que je suis en train de tuer quelqu’un. » dit-elle, les yeux toujours rivés sur elle, Danika allait crier et valait mieux qu’elle l’étouffe son cri dans cette serviette. Joy ne comptait pas passer par quatre chemins, et lui mentir. Elle allait souffrir, et Joy savait que Danika en était parfaitement consciente.

C’est le plus abimé que son corps a été depuis longtemps.  « Tu me permettras d’en douter » Bien sûr qu’elle ne la croit pas, ça commence à faire beaucoup et même Danika ne sait plus quoi dire pour la convaincre que tout va bien.

« Ne bouge pas. » Elle s’installe sur une chaise en grimaçant, patientant le temps que Joy revienne dans le salon.  « J’suis pas là pour boire un verre Joy. » dit-elle en haussant les sourcils sans comprendre, attrapant par réflexe le shot de vodka que l’interne lui tend.   « Fais-moi confiance. Avec la douleur que tu vas ressentir, l’alcool va peut-être t’aider. Mais je ne te promets rien. » « Je suis habituée. » dit-elle malgré la grimace qui étire ses lèvres. Le corps s’habitue à la douleur, à encaisser les coups, la peau se durcit, la douleur devient secondaire, quelque chose qu’elle arrive à bloquer de son esprit. Pourtant elle a poussé son corps trop loin cette fois, elle le sait pertinemment. L’épaule est lancinante, elle mettra des semaines à pouvoir combattre de nouveau correctement. Elle déteste se sentir trahie par la faiblesse de ses muscles et de ses os, plus que tout elle déteste paraître faible devant quique ce soit même Joy. Pourtant, elle boit cul sec le shot à contre cœur, consciente que cela aidera.

« Ecoute-moi Danika, je ne suis pas bête. Je comprends qu’il y a quelque chose de louche dans ton histoire. »  Le regard de la métisse fuit,  ses dents serrées, elle ne répond pas. « Je veux bien t’aider, mais j’aimerais en contrepartie que tu arrêtes de me prendre pour une idiote. » Leurs regards se croisent et lentement Danika hoche la tête. « D’accord. » soupire-t-elle doucement.  Elle se convint qu’elle ne lui avouera rien, mais qu’elle arrêtera de lui mentir. Elle ne sait pas encore comment, tout ce qu’elle sait c’est qu’elle ne peut plus lui sortir des excuses qui ne tiendront pas la route et qu’elle lui fait confiance. Après tout, elle ne serait pas venue ici sinon.

« Procédons dans l’ordre. Je vais d’abord te remettre ton épaule, et ensuite je vais te désinfecter tes plaies au visage. » Hochement de tête, Danika suit chacun de ses gestes, le visage pale, le corps fatigué.  « Prends ça, tu vas en avoir besoin. J’ai pas envie que mes voisins pensent que je suis en train de tuer quelqu’un. » Un léger rictus étire ses lèvres. « J’en ai pas besoin. » Mais elle en a besoin,  il est temps de mettre la fierté de côté une demie seconde et face au regard insistant de Joy elle soupire et attrape la serviette consciente qu’elle serait bien contente de mordre dedans dans quelques secondes.

Danika laisse glisser le gilet qu’elle avait sur ses épaules avec difficulté, le souffle douloureux. « Putain. » grogne-t-elle.  « Ok va s’y, qu’on en finisse. » Plus vite Joy aura remis en place cette épaule, moins la douleur sera forte.  Alors elle attrape la serviette entre ses dents, et lorsque les mains de l’interne se posent sur ses articulations son corps se tend de douleur et son cri est étouffé dans la serviette. Lorsqu’elle a terminé, Danika attrape la bouteille de vodka, sans se servir un verre, buvant directement au goulot une longue gorgée. « Putain, j’avais oublié à quel point ça faisait mal. » La combattante avait connu de nombreuses blessures depuis qu’elle était adolescente et elle se souvenait d’une fois où son épaule avait été déboitée. Heureusement une fois que l’articulation était remise en place, la douleur devenait bien plus supportable. Son regard croise celui de Joy. « Je suis désolée…de débarquer chez toi comme ça… » murmure-telle doucement. « C’est juste que….je te fais confiance. » Et c’est déjà beaucoup pour quelqu’un qui refuse de s’appuyer sur quique ce soit.




@Joy Petterson  

mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021. Joy n’était pas vraiment le genre à fabuler sur les autres, et à se faire des films facilement. Toutefois, le cas de Danika l’intriguait et elle avait l’impression d’être menée en bateau. Elle n’avait pourtant pas hésité à ouvrir la porte pour la laisser pénétrer chez elle. Elle semblait avoir besoin d’une grande aide, et Joy n’allait pas la laisser agoniser toute seule. Elle ne savait pas si elle pourrait l’aider complètement, mais la boxeuse semblait vouloir se faire toute petite. Ce n’était pas normal, et Joy le savait. Elle aurait pu facilement se rendre à l’hôpital, mais elle n’arrivait pas encore à comprendre pourquoi elle ne le faisait pas. En constatant l’état de Danika, l’interne comprit vite qu’elle aurait besoin de quelques ustensiles, et surtout d’une bouteille de vodka. « J’suis pas là pour boire un verre Joy. » Et ça, l’interne le savait pertinemment, mais elle la somma de lui faire confiance, elle savait parfaitement ce qu’elle faisait même si ce n’était pas dans ses habitudes d’agir à l’extérieur de l’hôpital. Elle était mieux équipée là-bas d’ailleurs, et n’était pas sûre de pouvoir soigner parfaitement la brune ici. « Je suis habituée. » qu’elle répondit d’un air fort même si la douleur semblait s’emparer de tout son corps. Joy savait qu’elle ne jouerait pas la femme forte très longtemps, elle ne préférait même pas imaginer la douleur qu’elle ressentait avec une épaule luxée, et les plaies qu’elle avait sur le visage ne présageait rien de bon non plus. Elle laissa tout de même Danika l’opportunité de prendre ce shot de vodka, pour se donner un peu de force, peut-être que ça lui permettrait aussi d’endormir sa douleur.

Joy s’affairait à tout préparer, repérant déjà tout ce qu’elle devrait faire pour soigner Danika. La seule chose qu’elle lui demanda c’était d’arrêter de la prendre pour une idiote. Elle était, de toute manière, soumise au secret médical, donc elle souhaitait que Danika arrête de la traiter comme une femme naïve. « D’accord. » Joy était probablement très loin de s’imaginer ce qui avait pu amener Danika dans cet état-là, elle avait pourtant toujours cette idée d’homme violent en tête même si elle avait l’impression que c’était encore pire que ça. Joy restait tout de même sérieuse, et concentrée. Elle avait été réveillée au saut du lit ce qui ne l’empêchait pas de se sentir pourtant hyper réveillée. Ce choc en voyant Danika au pas de la porte l’avait apparemment électrocutée pour la maintenir éveillée, et tout à fait consciente de faits et gestes. Elle préparait Danika à ce qu’elle comptait faire, pour ne pas non plus la surprendre. Elle lui tendit une serviette pour qu’elle puisse s’en servir afin d’étouffer ses cris de douleur car Joy savait…. Oh oui. « J’en ai pas besoin. » C’était Joy qui eut un petit rire, soutenant le regard de la jeune femme pour lui faire comprendre que ce n’était pas négociable car, elle allait en avoir besoin. Sans aucun doute possible. Danika finit par prendre la serviette à contrecœur.

« Putain… - Ok vasy qu’on en finisse. » Joy lui adressa un dernier regard avant de tapoter ses doigts entre ses os pour trouver le point d’appui, elle lui tint le poignet de son autre main, et après quelques secondes elle finit par tirer un grand coup. Ce n’était clairement pas le truc préféré de la brune, un comble pour une nana qui avait été en couple si longtemps avec le chef de l’ortho. Sans surprise, Danika avait étouffé son cri dans la serviette, et cela arracha une grimace à Joy ce n’était pas facile pour elle de voir les gens souffrir, encore moins lorsqu’elle connaissait plus ou moins la personne qu’elle soignait… Sans plus attendre, Danika se pencha pour attraper la bouteille de vodka et venir boire au goulot. Ce n’était pas étonnant, Joy la regarda faire avec un air attentif« Putain, j’avais oublié à quel point ça faisait mal. » Joy soupira en rageant un peu avant de s’arrêter un instant pour la regarder : « Tu vas devoir ménager ton épaule quelques jours, si ce n’est semaines. » indiqua-t-elle avant de se retirer, et fouiller dans le fond de son placard de salle de bain. Elle revint sur ses pas : « Tiens, c’est une écharpe de bras, mets-la au moins quelques jours, si tu ne veux pas avoir de séquelles. » La brune n’était pas sûre que Danika écoute ses conseils mais soit… Joy ne pourra pas se reprocher de ne pas avoir fait du mieux qu’elle pouvait. « Je suis désolée…de débarquer chez toi comme ça…  C’est juste que….je te fais confiance. » Elle se tourna un instant pour la regarder alors que Danika avait murmuré ces quelques mots… Elle vint s’asseoir à côté d’elle, et ouvrit son kit de soins. Elle balança les cheveux de Danika en arrière pour avoir une vue dégagée de son visage, son attention était complètement jeté sur ses plaies ouvertes. « Qu’est ce que tu fous Danika…  Je ne pense pas qu’il voudrait voir sa maman rentrer comme ça à la maison… » dit-elle avec une certaine inquiétude dans la voix alors qu’elle commença à désinfecter l’une de ses plaies. Elle ne cherchait pas forcément à savoir la vérité, mais elle espérait que Danika savait parfaitement ce qu’elle faisait… Au fond, Joy était surprendre de l’entendre dire qu’elle lui faisait confiance, elle se demandait comment et pourquoi… Mais bon, l’interne saurait de toute manière garder ses questions pour elle. « Tu peux me faire confiance. » finit-elle par assurer, peut-être pour aussi la mettre à l'aise, pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas là pour juger, loin de là, et que si elle ressentait le besoin de parler, elle pouvait aussi être une oreille attentive pour cette nuit.

Le cri de douleur est étouffé dans la serviette, elle est incapable de le retenir alors qu’elle a l’impression que Joy lui brise les os plutôt qu’elle répare l’articulation.  Pourtant dès le moment où l’articulation est remise en place, la douleur se fait moins intense et elle s’empresse d’attraper la bouteille de vodka pour tenter de l’effacer complètement.

« Tu vas devoir ménager ton épaule quelques jours, si ce n’est semaines. » Une grimace étire ses traits. Elle sait ce que cela veut dire. Elle ne pourra pas combattre, pas avant un moment et c’est en cet instant qu’elle se rend compte à quel point elle est devenu accrocs au jeu quand la perspective de ne pas combattre sur ce ring serre bien trop fort son cœur.  L’interne s’éclipse pour revenir avec une écharpe. « Tiens, c’est une écharpe de bras, mets-la au moins quelques jours, si tu ne veux pas avoir de séquelles. » Danika soupire en hochant la tête, enfilant difficilement l’écharpe, consciente cette fois de ne pas avoir le choix. Elle ne peut s’empêcher de s’excuser pour cette intrusion nocturne. Elle laisse le médecin repousser ses cheveux en arrière, accéder à son visage pour réparer les dégâts causés.  « Qu’est ce que tu fous Danika…  Je ne pense pas qu’il voudrait voir sa maman rentrer comme ça à la maison… » Son corps se crispe à la mention de son fils alors qu’elle ferme les yeux. « J’ai pas besoin d’une remontrance. » articule-t-elle lentement, ne pouvant s’empêcher de laisser la froideur revenir avec facilité, bien trop habituée à se braquer. Trop de personnes ont commenté sur les marques laissées sur sa peau, de ce rythme de combat qui s’accélère bien trop en ce moment comme si elle essayait de combler sa solitude, d’enfermer tous ses sentiments à l’intérieur de ses poings. La culpabilité qu’elle ressent envers son fils qu’elle ne voit que trop peu son fils qu’elle protégerait bec et ongle, elle, est bien présente.  

« Tu peux me faire confiance. »  Et c’était le cas, étrangement. Le regard sombre de la métisse se plonge dans celui de Joy. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle lui faisait confiance, peut être était-ce parce qu’elle l’avait entraîner pendant un moment, qu’elle avait cerné la brune au détour du tatami.  Elle soupire, restant immobile pour que Joy puisse désinfecter sa peau. « Je ne suis pas une femme battue. Je fais juste des combats. Des combats non officiels. »  murmure-t-elle à défaut de prononcer le mot « illégaux. » « Ca n’a rien de différent de l’époque où je faisais des compétitions. » essaye-t-elle de la rassurer ou peut être de se rassurer. A la différence que les combats ne sont pas légaux, qu’ils ne sont pas encadrés et donc plus violents et qu’elle se fait bien plus d’argent de cette façon. A la différence qu’elle est entrée dans l’engrenage de la Ruche avec sans avoir eu vraiment le choix. De ça elle ne parlera pas à Joy, ses confidences se limiteront aux combats.  Danika attend le jugement qui lui viendra inévitablement elle en est persuadée. Elle l’attend dans le regard dans la brune, prête à réagir et pourtant ce soir face au médecin elle prie pour l’absence de remontrance, elle prie pour l’absence de jugement dans ce regard car elle n’a plus le courage de se battre ce soir ne serait-ce que verbalement.


@Joy Petterson  

mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021. Joy ne s’était pas attendue à une telle visite, encore moins à cette heure-ci. Elle avait l’impression de faire quelque chose d’illégal alors qu’en soit, elle rendait juste service à une femme qu’elle connaissait, et qui, sans le savoir, l’avait aidé lors de ses périodes les plus sombres quand plus rien n’allait avec Aiden. Elle l’avait donc accueilli dans son appartement, mais cette fois-ci, elle serait probablement beaucoup plus insistante qu’auparavant. La dernière fois à l’hôpital, elle n’avait pas voulu faire de vagues, mais c’était bien différent maintenant, Danika empiétait sur sa vie privée. Elle avait dû retrouver son adresse dans son dossier au DOJO et avait donc sûrement dû enfreindre tout un tas de lois en franchissant le pied jusqu’ici. Avant de s’exprimer réellement sur ses inquiétudes, Joy prit tout de même le temps de la soigner. Danika semblait mal en point, et ce n’était pas beau à voir. Joy lui remit l’épaule en place et revint même avec une écharpe pour qu’elle puisse la mettre quelques jours pour maximiser sa guérison. La métisse semblait réticente, mais le regard de Joy suffit pour la convaincre.

Une blessure de plus ou moins réparée, l’interne s’attaqua aux plaies sur son visage, toujours aussi étonnée de voir à quel point Danika pouvait se mettre en danger. Elle ne put s’empêcher de faire une réflexion sur son fils, se doutant bien que c’était un terrain glissant. « J’ai pas besoin d’une remontrance. » Joy leva les yeux au ciel, debout devant elle, elle était concentrée sur sa plus grande plaie qu’elle désinfectait. « Je ne juge pas, et ne donne encore moins une remontrance. Tu viens chez moi au beau milieu de la nuit et tu crois vraiment que je ne vais rien dire ? Je m’inquiète pour toi, Danika. » dit-elle d’un ton plus ferme, ne laissant pas vraiment le choix à la boxeuse que de baisser sa garde. Pourquoi serait-elle venue chez l’interne si c’était pour être sans cesse sur la défensive ? L’interne était en train de se demander pourquoi elle avait accepté qu’elle entre, si c’était pour se sentir attaquée au moindre mot de la brune.

Elle finit tout de même par dire qu’elle pouvait lui faire confiance, d’un ton plus doux et avenant qu’auparavant. « Je ne suis pas une femme battue. Je fais juste des combats. Des combats non officiels. Ca n’a rien de différent de l’époque où je faisais des compétitions. » Joy s’arrêta un instant dans ce qu’elle faisait pour se reculer d’un pas, et fixer Danika un instant, les yeux plissés elle avait dû mal à la croire. Elle cherchait à lire entre les lignes car elle sentait que la boxeuse n’arrivait pas à dire purement et simplement la vérité. « Il me semble qu’au contraire, tout semble différent. » dit-elle alors d’un trait, en cherchant des réponses dans son regard. « T’as si besoin de fric que ça ? » demanda-t-elle alors tentant de savoir pour quelles raisons la boxeuse se lancerait dans ce genre de plan. Il n’y avait que l’argent qui pouvait justifier ses actions, ou bien alors le goût du risque… Mais prendrait-elle autant de risque en ayant un enfant ? Joy en doutait.

« Je ne juge pas, et ne donne encore moins une remontrance. Tu viens chez moi au beau milieu de la nuit et tu crois vraiment que je ne vais rien dire ? Je m’inquiète pour toi, Danika. » La combattante reste silencieuse, bien trop consciente de réagir comme un chien blessé mordant la première personne cherchant à l’aider. Mais c’est elle qui a choisi de venir ici, elle qui est venue demander de l’aide à la médecin car étrangement, elle fait confiance à cette dernière, peut-être parce qu’elle l’a vu au plus bas quand cette dernière est arrivée au dojo.

C’est peut-être pour ça qu’elle s’ouvre, explique les combats  et tente tant bien que mal de la rassurer en minimisant la chose. Pourtant Joy s’arrête dans ses gestes pour mieux l’observer.  « Il me semble qu’au contraire, tout semble différent. T’as si besoin de fric que ça ? » Il n’y a pas de jugement dans le regard de la jeune femme et cela la rassure.

La conclusion est facile, les combats illégaux sont le plus souvent liés aux bookmakers qui profitent du goût de la violence pour se faire de l’argent. Les combattants en tirent une somme, mais ce n’est pas pour ça que les gens y participent. C’est rarement la première raison. Le regard de Danika s’ancre dans celui de Joy, un sourire triste étire ses lèvres. Bien sûr qu’elle a besoin d’argent mais ce n’est pas pour ça qu’elle a commencé les combats. Et elle a bien trop de fierté pour avouer ses problèmes d’argent à la médecin. Non, il est étrangement plus facile d’avouer la première raison qui l’a poussé vers le fight club en premier lieu.

« T’as jamais été en colère ? » murmure-t-elle en ouvrant et desserrant ses poings, les mains marqués par les traces de combats. « Pas une petite colère, pas du genre tu passes une mauvaise journée. Non vraiment en colère. Contre le monde entier. » elle attrape la bouteille d’alcool pour en boire une nouvelle gorgée, reste silencieuse un instant avant de reprendre. « C’est comme ça que je me sens les trois quarts du temps Joy. Avec l’envie d’en découdre. Avec tout le monde. Constamment. Avec l’envie d’écraser mon poing dans la figure de la première personne qui croise mon chemin. » Les mots sont amers, elle ferme les yeux un instant pour cacher la rage qui brûle dans ses yeux. Elle ne sait pas quand elle a commencé à être consumée par cette dernière. Est-ce la mort de son père ? Non cela a commencé avant, avec la maladie, la naissance de son fils, la fin de sa carrière. La mort de son père, la découverte de ses dettes et de l’homme qu’il était n’avaient fait qu’attiser le brasier déjà présent, le rendant incontrôlable. « Pourquoi tu es venue au dojo la première fois Joy ? »  demande-t-elle doucement en essayant peut être de lui faire comprendre les parallèles, ce qu’elle ressent aujourd’hui. « Ce que je ressens, ça ne s’apaise que lorsque je combats. » Sur ce ring, avec son cœur qui bat à la chamade, ses poings qui s’écrasent sur la chaire, la violence qui prend possession de son corps, ce n’est que là qu’enfin elle respire.




@Joy Petterson  

mayday, mayday, we have a problem-- @Danika Riley  

☽ 9 avril 2021.  Si Joy avait ouvert la porte, et laisser entrer Danika chez elle ce n’était pas par simple devoir professionnelle. Elle faisait assez confiance à la boxeuse pour la laisser entrer chez elle, et plus encore, l’interne s’inquiétait pour elle. La laisser entrer était aussi un signe de sa part, une main tendue vers la trentenaire. Elle s’en voudrait s’il devait finir par lui arriver quelque chose sans avoir rien tenté. Elle s’était donc mise aux soins, ne prenant pas la défensive de Danika comme une mauvaise chose. Elles se connaissaient peu, mais depuis quelques années déjà. Joy et elle ne s’étaient jamais vraiment ouvertes l’une à l’autre, mais quand Joy avait fait sa fausse couche et que plus rien n’allait dans son couple, elle s’était réfugiée au dojo et avait repris la boxe plus sérieusement. Danika avait été sa coach, et l’avait énormément aidé à canaliser sa colère, et devenir encore plus forte. En y repensant, ce soir, Joy lui rendait la pareille, prêtant une oreille attentive à la métisse si elle le souhaitait.

Joy ne voulait pas jouer les curieuses, mais elle avait besoin de comprendre. Danika ne semblait pas idiote, bien au contraire. Et parler de son fils n’était pas anodin, Joy essayait de comprendre pourquoi elle mettrait sa vie en danger quand un petit garçon était dans l’équation. Bien sûr, la première idée fut l’argent, Joy restait bien naïve quant à l’arrière boutique de Brisbane. Elle n’était au courant de rien concernant les gangs, et tout ce qui s’y trafiquait. « T’as jamais été en colère ? » Danika reprit finalement la parole, ce qui soulagea la brune ayant eu peur de l’avoir braqué. Joy posait ses yeux sur les mains de la boxeuse. « Pas une petite colère, pas du genre tu passes une mauvaise journée. Non vraiment en colère. Contre le monde entier. » Danika prit la bouteille d’alcool pour en reprendre une gorgée, et la jeune maman savait pertinemment à l’avance la réponse de Joy à cette question... « C’est comme ça que je me sens les trois quarts du temps Joy. Avec l’envie d’en découdre. Avec tout le monde. Constamment. Avec l’envie d’écraser mon poing dans la figure de la première personne qui croise mon chemin. » Joy avait relevé son regard vers elle, la tête légèrement penchée alors qu’elle l’écoutait attentivement. L’interne comprenait que Danika se cachait derrière cette armure, et qu’elle pouvait imploser à tout moment. « Pourquoi tu es venue au dojo la première fois Joy ? » Joy eut un sourire triste ; bien sûr que Danika s’était doutée que la femme perdue qui s’était présentée à elle en 2019 avait eu besoin de se raccrocher à quelque chose avant de couler définitivement. Joy se demandait même si Enoch avait parlé à Danika de sa fausse couche, et donc des raisons pour lesquelles il l’avait amené là-bas. Elle regardait ses mains à elle, un instant, cherchant la force de lui répondre. Voilà quelques jours seulement qu’elle avait refait face à Aiden, son fantôme du passé… « Ce que je ressens, ça ne s’apaise que lorsque je combats. » Joy recroisa finalement son regard, hochant doucement de la tête. « Je peux comprendre ce que tu ressens. » dit-elle d’abord, s’étant arrêtée dans les soins, elle fixait la jeune femme face à elle. « Pas cette envie suicidaire de vouloir combattre, pas non plus cette envie de vouloir recevoir des coups que… Que tu ne mérites pas Danika – quoiqu’il ait pu se passer dans ta vie. » ajouta-t-elle d’un ton bienveillant, et doux. « Mais je comprends ta colère – celle qui te donne la rage au fond de l’estomac, et cette flamme au fond des yeux. » Celle qu’elle voyait en ce moment même au fond du regard noir de la métisse. « J’ai perdu mon frère jumeau alors que je n’avais que douze ans. Mes parents ont divorcé, j’ai dû recommencer toute une vie dans un pays qui n’était pas le mien. Mon père ne nous a pas suivi, et tous les gens que j’ai croisés sur mon chemin par la suite, m’ont finalement, eux aussi, abandonné tour à tour. » expliqua-t-elle brièvement, ne voulant pas forcément raconter les détails de sa vie, mais cette peur bleue de l’abandon, c’était vraiment quelque chose qui l’habitait et qui faisait ce qu’elle était aujourd’hui. Que cela soit sa sœur, sa mère, Lawrence, Maxence, Aiden, et même cette fausse couche, ce bébé... tous avaient fini par lui tourner le dos. « Tu m’as appris à me battre Danika, à garder la tête haute, à canaliser mon énergie dans le bon sens… Je me suis relevée grâce à toi. Alors, je te dois bien ça aujourd’hui, s’il y a quoique ce soit que je puisse faire, hormis te soigner tes blessures, tu peux compter sur moi. » C’était avec un fin sourire qu’elle avait fini sa phrase, venant terminer une énième désinfection de plaie. La jeune femme sentait une drôle de connexion avec la jeune femme ce soir, deux âmes blessées qui semblaient se comprendre.

Les deux femmes se connaissaient peu et pourtant pendant un temps où elle l’entraînait elle a pu lire la douleur et la colère dans le regard de la brune. Elle l’a entraîné pendant des mois et si elles n’ont pas discuté plus en détail, Danika a toujours su que la jeune femme ne revenait pas par hasard à la boxe. Elle savait pertinemment que Joy avait eu besoin de ce raccrocher à ce sport comme aujourd’hui elle avait le terrible besoin de s’accrocher à la violence du ring illégal. Et face à cette femme, elle a le sentiment qu’elle va être comprise. Peut-être parce que Joy lui a ouvert la porte au beau milieu de la nuit, peut-être parce qu’il n’y a pas eu de jugement dans son regard.  Peut-être aussi parce qu’elles ne sont pas assez proches et cela lui permet ici de parler plus librement. « Je peux comprendre ce que tu ressens. »   Ce sourire triste, Danika s’y reconnait que trop bien et son regard s’ancre dans celui de la brune avec le besoin désespéré d’entendre ces mots-là, ceux qui la font ce soir se sentir un peu moins seule. « Pas cette envie suicidaire de vouloir combattre, pas non plus cette envie de vouloir recevoir des coups que… Que tu ne mérites pas Danika – quoiqu’il ait pu se passer dans ta vie. » Si seulement ce n’était que le besoin de recevoir des coups, mais la métisse sait pertinemment l’envie de violence qui l’habite, celle qui lui donne envie de fracasser ses poings contre le corps des autres. Celle qui devient petit à petit incontrôlable. « Mais je comprends ta colère – celle qui te donne la rage au fond de l’estomac, et cette flamme au fond des yeux. » Elle ne dit rien ses mains se serrant l’une dans l’autre. « J’ai perdu mon frère jumeau alors que je n’avais que douze ans. Mes parents ont divorcé, j’ai dû recommencer toute une vie dans un pays qui n’était pas le mien. Mon père ne nous a pas suivi, et tous les gens que j’ai croisés sur mon chemin par la suite, m’ont finalement, eux aussi, abandonné tour à tour. » Elle relève la tête surprise, ne s’étant pas attendu à en savoir plus sur la vie de Joy, d’apprendre ce qu’elle avait vécu. « Je suis désolée pour ton frère… » Elle avait été si proche de son père qu’elle connaissait parfaitement le deuil que pouvait ressentir la jeune femme.

« Tu m’as appris à me battre Danika, à garder la tête haute, à canaliser mon énergie dans le bon sens… Je me suis relevée grâce à toi. Alors, je te dois bien ça aujourd’hui, s’il y a quoique ce soit que je puisse faire, hormis te soigner tes blessures, tu peux compter sur moi. » La gorge de la brune se serre, peut-être parce que ce soir elle n’a pas l’impression d’être aussi seule. Mais aussi parce que c’est pour cette exacte raison qu’elle donnait des cours. Elle laisse sa fierté de côté, celle qui l’inciterait à se protéger de tout sentiment d’affection, pose simplement sa main sur le bras du médecin. « Merci, de ne pas m’avoir laissée sur le pas de ta porte. » Un sourire étire doucement ses lèvres. Ce soir son regard dit un peu plus cependant, la remercie pour l’absence de déception et de pitié, l’absence d’incompréhension dans son regard. Et pour réparer ce corps qu’elle s’évertue à détruire.


@Joy Petterson