tell me everything -- @Edward Rhodes  

☽ 20 mars 2021. Joy avait passé la matinée aux urgences pour donner un coup de mains. Tout avait commencé quand elle était tombée sur une Laurel paniquée dans les couloirs de l’hôpital. L’interne avait mis quelques secondes avant de reconnaître la jeune femme. Les deux avaient des antécédents mais sur le moment, Petterson fit son travail. Elle tenta de rassurer la maman avant de s’occuper de l’enfant. L’interne était spécialisée en pédiatrie, donc elle se sentit apte à prendre le petit Alex en auscultation. Joy avait lancé quelques œillades à la petite brune, légèrement intriguée de la voir ici à Brisbane. En effet, les deux se connaissaient de Perth à la base. Elles s’étaient rencontrées alors que Joy avait fugué quelques semaines là-bas avec un ami à elle. A l’époque, Joy était une adolescente turbulente, une vraie peste qui n’avait pas su développer d’atomes crochues avec la jeune fille qu’était Laurel. Cette petite animosité ne s’était pas calmée lorsqu’il y a quelques années, elles avaient travaillé toutes deux sur un cas avec leur mentor qui reliait les deux hôpitaux de Perth et Brisbane. Ces retrouvailles n’avaient pas été chaleureuses, de toute manière, les deux jeunes femmes ne comptaient pas se revoir donc c’était inutile de faire des efforts.

Aujourd’hui, l’interne tombait encore sur elle mais cette fois-ci, chez elle – à l’hôpital de Brisbane. C’étaient trop de coïncidences, et après avoir pris le temps d’ausculter son fils, elles échangèrent quelques bavardages. Ainsi, elle apprit qu’elle était en réalité la femme de Edward. Joy n’en revenait pas, cela faisait plusieurs mois qu’elle connaissait le médecin spécialisé en oncologie, elle savait qu’il était marié mais de là à imaginer que Laurel était sa femme… C’était une grande surprise. Elle en tombait dénue. Elle l’avait bipé pour qu’il soit au courant que son fils était aux urgences, mais il n’était jamais venu… La brune avait ensuite été occupée avec ses patients avant de pouvoir se mettre à chercher sérieusement Rhodes. Elle s’inquiétait même de n’avoir eu aucun retour de sa part. Elle finit par monter pour rejoindre les salles de recherches, elle vit par la petite vitre qu’il était dans l’une d’elles, la tête baissée dans ses papiers. Elle soupira avant d’ouvrir d’un coup sec la porte :  « Rhodes ! » lâcha-t-elle en s’avançant, le battant de la porte se refermant.  « Je sais déjà que si un jour je suis en train de mourir, ce n’est clairement pas toi que je biperai ! » finit elle par dire en s’avançant jusqu’au bout de la table pour poser ses deux mains dessus, ne lâchant pas le médecin du regard, les yeux écarquillés, elle attendait clairement des explications de son silence.

tell me everything -- @Edward Rhodes  

☽ 20 mars 2021. Joy avait passé sa matinée à aider aux urgences, et n’avait pas eu une minute pour elle. Elle gardait quand même à tête qu’elle devait trouver Rhodes pour 1) le mettre au courant de l’état de son fils, même si une petite voix lui disait qu’il était déjà très bien au courant 2) lui parler de Laurel, lui dire qu’elle la connaissait. Edward avait toujours été évasif sur sa vie de famille, même si Joy avait vite compris qu’il n’était pas le plus heureux des hommes dans ce ménage. La jeune femme s’était prise d’affection pour le médecin qui semblait vouloir aussi changer de voie, elle le conseillait encore aujourd’hui sur la chirurgie et tout ce qui avait à prendre en compte lors d’un tel changement. Joy n’avait généralement pas la langue dans sa poche, elle disait toujours ce qu’elle pensait, parfois sans y mettre les formes – même si elle essayait de se soigner sur ce dernier point.

La brune prenait enfin le temps de chercher Edward partout, elle savait qu’elle ne mettrait pas longtemps à le retrouver à moins qu’il se soit subitement enfui de l’hôpital peut-être… Elle finit par le trouver, soupira en le voyant à travers la vitre, elle entra et sans introduction aucune, elle lui fit une réflexion qui était faite pour le faire réagir. « Bonsoir, Joy. Moi aussi, je suis content de te voir. Apparemment, tu as l’air en forme. J’en déduis que tu n’avais pas vraiment besoin de moi.» Joy fronça les sourcils à une telle réaction. Elle s’attendait à ce qu’il se confonde en excuses, pas à ce qu’il la contre-attaque…  « Je suis pas convaincu d’avoir à t’expliquer pourquoi je ne suis pas descendu voir mon fils. Parce que je suppose que c’est pour ça que tu es là, je me trompe ?» Joy croisa les bras, peut-être en signe de défense.  « Je n’ai pas l’impression que ça soit réellement ton problème. » Elle pencha la tête, tentant d’analyser son visage, ce n’était pas son genre de se montrer aussi susceptible.  « Range tes crocs, Touffu. » dit-elle, référence au chien à trois-têtes dans Harry Potter, aussi une manière subtile de lui faire comprendre qu’elle n’était pas là en tant qu’ennemie. Bien au contraire, et il devrait le savoir.  « Et figure-toi que je suis ton amie, donc que ça te plaise ou non, c’est mon problème que mon ami ne vienne pas voir son fils pour… quoi ? Pour éviter ta femme ? C’en est à ce point-là entre vous ? » demanda-t-elle alors d’une voix beaucoup plus douce.  « Je connais ta femme d’ailleurs. Laurel. Et pas que ça t’intéresse, mais je la détestais à l’époque. » confia-t-elle finalement, dans un élan de confidences, et peut-être aussi pour mettre à l’aise Edward qui semblait tendu comme un string. L’interne n’était pas là pour juger quoique ce soit, elle voulait juste comprendre. Edward devrait pourtant savoir que Joy était toujours de son côté, mais la brune comprit qu’il n’était pas forcément à l’aise de parler de son ménage avec sa femme.

tell me everything -- @Edward Rhodes  

☽ 20 mars 2021. Depuis son arrivée en 2015, Joy s’était destinée à se spécialiser en pédiatrie, même si encore aujourd’hui elle devait s’armer de patience lorsqu’elle devait prêter mains fortes aux urgences, ou aux autres services qui l’intéressait beaucoup moins. Les joies du programme de l’hôpital… Elle n’avait pas caché sa surprise quand Edward lui avait parlé de son envie de changer de spécialisation. Elle n’en avait pas fait un flan car elle trouvait que c’était une idée géniale, et qu’elle le verrait bien en chirurgie. Depuis qu’il était arrivé à l’hôpital courant 2020, elle l’avait pris sous son aile, lui parlant parfois de cas particuliers, aussi un moyen pour elle de le faire rêver. Il avait toutes les capacités pour faire ce pas de géant… Même si ça impliquait beaucoup de changements. C’était donc pourquoi elle s’étonna de le voir planter là sur sa chaise après avoir tenté en vain de le contacter suite à l’admission de son fils aux urgences. « Touffu. Je l’attendais pas celle-là.» Elle s’était avancée au bout de la table pour le fixer, les bras croisés sous sa poitrine, il devait bien savoir qu’elle n’était pas une ennemie – elle lui rendit alors son sourire, soulagée de voir que les traits de son visage se détendaient peu à peu. « Et, tu as raison en plus. J’ai été sur la défensive.» Ceci n’était pas un scoop, mais pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu, elle hocha la tête doucement, toujours en attendant un peu plus d’explications…  « J’étais persuadé que tu venais me remonter les bretelles. » « Comme si c’était mon genre… » souffla-t-elle en levant les yeux au ciel (oui, clairement c’était son genre mais pas dans ce contexte...). Mais Joy n’était pas là pour juger son ami, mais bien pour comprendre les raisons d’un tel agissement, qui ne lui ressemblait pas étant donné qu’elle savait à quel point son fils comptait pour elle. « Et ouais. C’est pour ça que je ne suis pas venu voir Alex. Je me rattraperai en rentrant ou demain. Mais, Marsh et moi, on a de plus en plus de mal à se trouver et j’avais pas envie de l’entendre m’expliquer toutes les raisons pour lesquels je fais pas ce qu’il faut ou que je prends toujours les mauvaises décisions.» Toujours à l’autre bout de la table, Joy le fixait d’un air curieux. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point leur relation était si tendue. D’ailleurs, elle comprit un peu mieux les remarques cinglantes de Laurel un peu plus tôt de la journée, elle avait bien décelé une certaine lassitude dans sa voix… « Et, je ne suis pas surpris. Enfin, que tu la connaisses oui, mais que tu la détestais… c’est l’effet qu’elle fait parfois. Je ne l’aimais pas beaucoup non plus. Mais, tu l’as rencontré où ? Comment ? ---  Si tu me dis tout, je t’expliquerai comment je n’ai pas encore osé dire à la mère de mon fils que je veux quitter l’oncologie pour la chirurgie parce que je sais qu’on va encore se disputer et que je suis fatigué de tout ça.» Elle vint alors décroiser ses bras pour venir tirer une chaise à roulettes vers elle et s’installer. Était-ce le temps des confidences ? Et bien si parler du temps où elle détestait Laurel pouvait aider son cher collègue à délier sa langue, alors elle commencerait : « Disons qu’on s’est rencontrées à un moment de nos vies où nous étions diamétralement opposées et qu’elle avait tendance à avoir le jugement facile. » dit-elle en venant joindre ses mains pour croiser ses doigts, les coudes appuyées sur la table, elle posa son regard dans celui d’Edward : « Pour tout dire, j’ai eu une jeunesse… mouvementée. » expliqua-t-elle finalement parce qu’elle était bien loin des déboires qu’elle avait l’habitude de vivre quand elle avait encore seize ans. A première vue, personne ne pouvait deviner que Joy revenait de loin. Elle eut un petit sourire car elle savait qu’Edward ne pouvait pas imaginer une seconde le genre de filles dépravées qu’elle avait pu être à l’époque. « C’est une tête brûlée ta ‘Marsh’, mmh ? » finit-elle par dire en souriant, drôle de surnom d’ailleurs. « Je ne m’étais pas rendue compte que c’était aussi compliqué avec ta femme. » dernier commentaire pour introduire le sujet, elle le fixait toujours, elle était curieuse d’en savoir plus mais elle ne savait pas si Edward serait prêt à vraiment se livrer comme il avait pu le teaser un peu plus tôt…

tell me everything -- @Edward Rhodes  

☽ 20 mars 2021. Elle était rentrée dans la pièce comme un taureau dans l’arène, la tête la première, prête à en découdre. Elle ne s’était pas préparée à un Edward grognon et virulent. L’interne avait battu en retraite tentant un trait d’humour pour apaiser la situation. Elle n’était pas venue là pour lancer une guerre, elle lançait donc un drapeau blanc, espérant que cela suffise pour qu’il redescende de ses grands chevaux. Joy se justifiait comme elle pouvait, et Edward s’affaissa dans sa chaise en signe de retraite. La jeune femme n’était pas venue là pour lancer un conflit, elle voulait juste comprendre pourquoi il n’était pas venu. Au fond, elle s’inquiétait pour lui, n’était-ce pas un signe d’amitié plutôt mignon ? Bon, Edward ne l’interprétait clairement pas ainsi, soit. « Evidemment que c’est ton genre. » Elle fronçait les sourcils en le fixant alors que ça semblait l’amuser. « Tu adores jouer les moralisatrices. » Une main portée au cœur, la brune eut une expression de surprise figée sur le visage. « Comment oses-tu ! » Faussement vexée, elle secoua la tête négativement avant de s’enfoncer dans sa chaise à roulettes. Ce n’était de toute façon pas le sujet qui intéressait Joy, elle était venue pour comprendre le comportement de son collègue, et elle était aussi impatiente de lui avouer connaître sa femme. Après avoir passé des semaines à lui parler de sa femme, la mère de son fils, sans jamais émettre un commentaire biaisé à son égard, Joy pouvait mettre enfin un visage à ce statut d’épouse. Et pas n’importe lequel ! Celui de Laurel. « Elle l’a toujours. Et, crois-moi, ça complique grandement les choses entre nous, surtout quand elle pense à ma place.» Joy se mordit l’intérieur de la joue, l’écoutant, tentant d’interpréter le moindre signe pour comprendre la situation sans devoir poser des questions inutiles ou bien qui pourraient éventuellement remuer le couteau dans la plaie. « Alors, si par mouvementée, tu fais allusion à sortie, pétard et alcool, clairement, vous ne pouviez pas vous entendre. »  Joy continuait de le fixer en hochant la tête. « C’est un fait. »  conclut-elle avec un mince sourire amusé, même si cette vie était bien derrière elle maintenant. Et ce n’était pas le genre de choses dont elle aimait parler de toute façon. « A sa décharge, je suis aussi tête brûlée qu’elle, mais clairement, c’est compliqué entre nous, autant que ça. Et le plus triste, c’est que j’ai difficile à définir ce qui ne va pas : si c’est mon boulot… ou si c’est la naissance du petit ou si elle ne m’aime plus tout simplement. » Joy inspirait un coup, un froncement de sourcils pour exprimer son attention portée sur ce qu’il disait. Cela ne semblait pas facile. « Tu l’aimes toi ? » En voilà une question pertinente, peut-être un peu abrupte à première vue mais si déjà lui l’aimait c’était signe que tout était possible. « Elle compte intégrer le programme, m’a-t-elle dit ce matin, non ? Cela ne risque pas de poser encore plus de problèmes ? » Et en voilà une seconde de question, elle était en train d’avancer ses pièces sur son échiquier tout doucement pour en savoir plus sur le couple Rhodes. Ils étaient amis après tout, et le brun était resté si secret sur cette relation, que si Laurel était amenée à arriver à l’hôpital, elle pourrait donc lui partager son expérience d’être en couple avec un collègue de travail. Elle l’avait été pendant cinq ans, elle savait ce que c’était quand tout le monde s’en mêlait.  « Elle t’en a parlé ? » Elle croisa son regard, un air interrogateur. « De ? Que c’est tendu entre vous ? Non non, elle ne m’a rien dit mais bon… ça se comprend à la manière dont vous parlez l’un de l’autre. » avoua-t-elle sans ménagement. L’interne avait décelé de l’agacement dans la voix de Laurel, et au regard et réflexion d’Edward, elle comprenait que ce n’était pas tout rose au sein de leur relation. Elle n’avait pas vocation à creuser plus dans ses problèmes, elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise, mais s’il avait envie de se confier à elle, elle saurait l’écouter.

tell me everything -- @Edward Rhodes  

☽ 20 mars 2021. Edward prenait un malin plaisir à tacler Joy mais en réalité, l’interne préférait le voir ainsi plutôt que de le voir bouder avec son air renfrogné dans le coin de la pièce.  « En effet, madame, j’ose. Au contraire, je ne pourrais être qualifié d’ami.» qu’il ose ajouter en la regardant, Joy plissa les yeux d’un air vexé en secouant la tête, les bras croisés sous sa poitrine, elle le fixait d’un air soudainement plus sérieux. Joy était quand même curieuse et intriguée d’en savoir plus sur son mariage avec Laurel. C’était fou que deux mondes se rencontrent de la sorte, une fille qu’elle avait pu détester dans le passé mariée à un collègue qui peu à peu semblait prendre la place d’ami dans son cœur. Ce matin même, Joy avait mis ses rancœurs de côté car au fond, le petit Alex avait juste été sa priorité. Maintenant qu’elle se retrouvait face à Edward, elle eut l’instinct inné de vouloir se ranger de son côté. Ce n’était peut-être pas la bonne réaction face à un homme qui semblait, sans aucun doute, perdu. Toutefois, elle le mit en confiance lui expliquant qu’elle n’avait jamais porté Laurel dans son cœur jusqu’ici. C’était peut-être une confidence qui lui servirait à se réconforter. Joy resterait une oreille attentive à ses plaintes lasses émises contre sa femme. Mais la brune était tout de même curieuse de connaître les états d’âme de son ami, elle avait besoin de les connaître pour savoir comment agir face à lui, et pour lui, si jamais dans l’avenir, tout ce beau monde devrait cohabiter ensemble sous le toit du Vincent’s hospital.  « Le plus souvent, je vais te dire oui. Mais quand elle fait des choses comme ça. Quand elle essaie de faire croire que c’est moi qui ne sais pas m’occuper d’Alex correctement, j’aurais envie de te dire que je la déteste.» Joy soupira, penchant légèrement la tête sur le côté pour le regarder.  « Et, si, bien sûr que ça va créer des problèmes. Je veux pas la priver de ses rêves, mais on a déjà pas le temps de se retrouver. Il y a le petit qu’il va falloir caser, qui va être trimballer d’une chapelle à une autre. Evidemment que je vais mal le vivre. Mais, j’ai pas envie qu’elle m’en veuille… ou en tout cas, plus qu’elle ne le fait déjà.» Rien ne semblait facile dans cette relation, et elle avait l’impression de retrouver une part de chaos qu’elle-même semblait connaître dans tous ses schémas affectifs. « Y aurait-il cruellement pas un manque de communication entre vous ? » se permit-elle de demander, parce que très souvent c’était ce qui manquait dans un couple.  « Elle ne t’a pas parlé de nos soucis, mais elle t’a bien parlé de moi. Allez, balance. Dis-moi tout. Je répéterai pas. Je ne lui en voudrai pas, je raconte à tout le monde. » Elle eut un sourire curieux sur le visage, lui adressant une œillade, elle secoua la tête finissant par émettre un petit rire. « Elle n’a rien dit, je te rappelle qu’on n’a jamais pu se voir en peinture jusqu’ici. La seule chose qui l’agaçait était que tu ne te présentes pas aux urgences, mais je suppose que c’est normal. Elle était inquiète pour Alex et elle aurait probablement apprécié ta présence. » qu’elle répondit en venant poser son regard sur lui, ce n’était pas un reproche, mais elle partageait le sentiment qu’elle avait pu ressentir à travers les propos de Laurel ce matin même. Joy ne se permettrait pas de juger leur relation. « Tu sais que je resterai dans ton camp ? » finit-elle par ajouter d’un air un tantinet espiègle, juste pour le rassurer. Joy resterait à son écoute. Docteur Petterson au rapport.