Je ne sais pas quoi faire. Ariane est partie de l’appartement, et elle m’a laissé seul avec le bébé. Cette petite fille qui dort à poing fermé. J’espère qu’elle ne va pas se réveiller tant que sa mère ne sera pas revenue la chercher. Je garde espoir, je veux qu’Ariane ait raison. Je veux que demain matin ce cauchemar soit terminé et qu’elle revienne chercher cet enfant qui ne peut pas être le mien. Je reste quelques minutes sans bouger, j’observe le nourrisson et je me demande à qui je pourrais demander de l’aide. Je pense à Elise, elle ne m’abandonnerait pas dans une telle situation, j’en suis persuadé. J’envoie un message et mes yeux restent vissés sur l’écran. Il faut qu’elle me réponde, aucun humain censé ne pourrait me laisser seul avec un enfant alors que je n’ai aucune idée de comment ça doit se passer. Ariane m’a donné quelques conseils, et des affaires pour pouvoir tenir toute la nuit et une partie de la matinée.

Je reçois enfin une réponse d’Elise, et je fais tout pour qu’elle vienne. Il faut qu’elle me rejoigne, je n’ai personne d’autre à appeler. Elle s’y connait, elle sait ce qu’elle doit faire et elle peut gérer la situation, j’en suis persuadé. Elle est ma seule option, et j’ai envie de croire que je peux lui faire confiance. La dernière réponse me va. Une heure, c’est pas si long. Je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir une bière et de m’allumer une cigarette en me posant à la fenêtre. Mon regard fait des allers-retour entre l’extérieur et le bébé qui est toujours allongé.

C’est l’heure la plus longue de ma vie, je fais les cents pas et j’ai l’impression d’attendre depuis des jours quand j’entends quelqu’un monter les escaliers. J’ouvre la porte avant même qu’Elise n’ait à toquer. “J’ai besoin de toi.” J’attrape son poignet sans délicatesse et je l’emmène jusqu’à la chambre, pour qu’elle se retrouve face au bébé qui dort encore par je ne sais quel miracle. “C’est une femme qui l’a laissé là en disant que j’étais le père… j’ai pas réussi à la retrouver… Ariane a dit que demain elle reviendrait la chercher… Mais je sais pas faire…” Je panique, et je pense que personne à part Ariane ne m’a déjà vu dans cet état là.

Tu montes les marches une à une lentement. Tu passes ta main dans ton visage pour arriver à te réveiller un peu. Il est sur un genre de trip d'acide Jet ou quoi ? Qu'est ce qui peut urger à ce point au beau milieu de la nuit ? Il a intérêt à avoir une bonne raison pour t'avoir tirer du lit à une pareille heure. Il fallait que tu sois chez Jack en plus. Bayside, l'autre bout du monde. Tu n'as même pas le temps d'aller toquer à sa porte qu'il l'ouvre déjà Jet. “J’ai besoin de toi.” Il vient même te chercher dans le couloir pour t'attraper le poignet, te faire presser le pas jusqu'à l'intérieur. Tu la vois l'urgence dans ses yeux. Il a pris quoi pour délirer de la sorte ? Tu ne piges rien, te laisse traîner jusque dans sa chambre. Euhhh.. ?? À quoi est-ce qu'il pense celui-là ? Et, oh, un bébé. Pourquoi y'a un bébé qui dort paisiblement dans le lit de Jet ? Ton regard se tourne instinctivement vers lui dans l'attente d'explication. “C’est une femme qui l’a laissé là en disant que j’étais le père… j’ai pas réussi à la retrouver… Ariane a dit que demain elle reviendrait la chercher… Mais je sais pas faire…” C'est une blague ? Ça ne semble pas en être une à le voir aller. « Se protéger, tu connais ? Ça l'évite ça. » Le bébé que tu désignes d'un coup de tête en refermant doucement la porte pour ne pas perturber le sommeil du nourrisson.

« Tu as du lait et des couches ? » que tu lui demandes. Vous n'avez besoin de rien d'autre pour l'instant. Les besoins à cet âge là sont assez de base. Si ça se trouve, il panique pour absolument rien et le bébé va dormir toute la nuit. C'est possible un bébé qui fait ses nuits. « Elle s'appelle comment la mère ? J'vais la retrouver. » Avec un peu d'argent, sky's the limite. Mais à voir la tête qu'il fait, tu as ta réponse sans même qu'il ne dise rien. Il ne sait même pas comment elle s'appelle. Il ne devait même pas se souvenir d'elle avant qu'elle débarque à l'improviste chez lui. « T'es sérieux ?? » Tu soupires doucement. Il est tard pour faire activer tes méninges pour lui trouver une solution. C'est pour ça que t'es là, non ? Trouver une solution. « Hey.. » Tu viens doucement poser tes mains contre ses joues pour que son regard se pose dans le tien. « Peu importe ce que tu veux, je gère. » Qu'il veuille le garder, s'en débarrasser, retrouver la mère. Il a une solution pour tout. Tu vas la trouver cette solution. Pas besoin d'Ariane, qu'elle reste chez elle.

Et, oh, finalement, c'est pas un bébé qui fait déjà ses nuits.

Je suis resté bien trop longtemps avec cette petite fille, et par miracle elle ne s’est pas réveillée tant que l’on était seuls tous les deux. « Se protéger, tu connais ? Ça l'évite ça. » Et bien évidemment Elise arrive en trombe, elle se demande ce qu’il est en train de lui arriver, un peu comme moi finalement. “Merci pour les cours d’éducation sexuelle, mais je pense que c’est un peu tard non ?” Mon regard et ma voix sont excédés, je n’ai aucune envie d’avoir à faire à des leçons de morale, je n’ai pas besoin de ça actuellement. Je l’ai appelé à l’aide, et j’espère seulement qu’elle ne va pas décider de s’enfuir en me disant de me démerder avec mes problèmes et mes conneries.

« Tu as du lait et des couches ? » Je respire un peu mieux, elle ne compte pas partir. “Je crois…” C’est certainement dans le sac qu’Ariane m’a laissé avant de partir. Je le donne à Elise comme si c’était elle le maître de la situation. Je ne me suis jamais renseigné sur comment m’occuper d’un bébé, alors je ne sais même pas ce que je suis censé mettre dans un biberon. « Elle s'appelle comment la mère ? J'vais la retrouver. » Je déglutis, et je fronce les sourcils. Je jure que j’ai tout fait pour m’en souvenir, j’ai vraiment chercher jusqu’au plus profond de mes souvenirs, mais rien n’y fait, je suis incapable de m’en souvenir. « T'es sérieux ?? » “Putain Elise je peux pas me souvenir des noms de toutes les filles avec qui je passe la nuit.” Elle semble vouloir me faire toutes les leçons possibles et imaginables ce soir alors que ce n’est absolument pas le bon moment.

Mon regard est toujours aussi paniqué, et c’est à peine si j’ose observer le bébé qui est resté allongé sur mon lit. « Hey.. » Mon regard capte celui de la brune et je cherche un point d’ancrage, quelque chose pour m’aider à y voir plus clair. « Peu importe ce que tu veux, je gère. » Ma respiration se coupe. Je ne sais pas quelles décisions je suis censé prendre. “Elle va revenir la chercher. Une mère peut pas laisser son bébé chez un inconnu pas vrai ?” C’est ce qu’Ariane a dit, et c’est la seule chose à laquelle je peux me raccrocher pour le moment. “Je peux pas gérer ça…” Ce ça qui comprend le bébé et toute la vie qui va avec. Toutes les contraintes, et le fait que ma vie rêvée ne va absolument pas avec un enfant en bas âge.

“Merci pour les cours d’éducation sexuelle, mais je pense que c’est un peu tard non ?” Bien sûr que ta remarque constructive ne lui plaît pas. Oui c'est trop tard pour ce bébé là, mais ça peut encore servir dans un futur plus ou moins rapproché. Tu refermes la porte de sa chambre pour laisser le bébé dormir dans un semblant de tranquillité. “Je crois…” Jet te donne le sac dont il semble n'avoir aucune idée de ce qui se trouve à l'intérieur. Tu fouilles rapidement. Couche. Lait. Biberon. « J'espère que ta super copine va ramener des choses demain. » oh ouais, il y a toujours un peu d'amertume dans ta voix quand Ariane vient dans le sujet, juste quand ça la concerne avec Jet curieusement, horriblement. Pourquoi il traîne encore avec elle de toute manière ? Enfin, pour ce qui est du contenu du sac,  ça devrait être suffisant pour ce soir, mais il n'en aura clairement pas assez pour toute la journée demain. “Putain Elise je peux pas me souvenir des noms de toutes les filles avec qui je passe la nuit.” Encore heureux qu'il se souvienne du tiens. Oui, tu sais, ce n'est pas pareil. C'est plus compliqué de retrouver quelqu'un qui n'a pas de nom. Plus compliqué, mais pas impossible. « Tu te souviens de quoi alors ? Ça s'est passé où ? À Brisbane ? C'est arrivé quand ? Ça concorde avec l'âge du bébé ? » Tous les détails sont bons à savoir. Et puis, comment savoir si c'est réellement le sien ? C'est facile de juste balancer la faute ailleurs sur n'importe qui. Peut-être qu'elle est du genre volage et ne sait même pas qui est le père.

“Elle va revenir la chercher. Une mère peut pas laisser son bébé chez un inconnu pas vrai ?” Il a sûrement envie d'entendre que oui, elle va revenir. T'es pas là pour lui raconter des mensonges qui font du bien. « Peut-être qu'elle est fatigué et qu'elle a besoin d'une pause. » C'est une possibilité. Peut-être qu'elle est épuisé, qu'après une bonne nuit de sommeil elle réalisera la connerie qu'elle vient de commettre. « Faudra aussi penser à l'éventualité qu'elle ne revienne pas. » Parce que peut-être qu'elle ne reviendra jamais. Peut-être qu'elle a réalisé qu'être mère n'était pas fait pour elle. Peut-être qu'elle sait dit que le bébé serait mieux avec son père qu'avec n'importe qui. On ne saura peut-être jamais la véritable raison de l'abandon. Il faudra surtout être prêt à toute éventualité. Il faut un plan si elle revient, mais aussi un si elle ne revient pas. “Je peux pas gérer ça…” À peine ses mots prononcés que le bébé se met soudainement à pleurer. Tu fouilles dans le sac, attrape une bouteille de lait - Ariane a eu la décence d'acheter du prêt à boire pour ne pas lui compliquer la vie - et un biberon que tu tends à Jet. « Tu mets tout le lait dans le biberon, et le biberon dans un verre d'eau chaude. » Quoi? Il s'attendait quand même pas à ce que tu fasses tout pour lui ? Non, il va apprendre. Tu passeras pas toutes tes nuits debout, parce qu'il peut pas gérer ça. Tu pars en direction de sa chambre là où tu viens prendre le bébé dont les pleurs se calment dès qu'il trouve réconfort dans tes bras. « Oh Jet, elle est tellement belle. » que tu lui dis en revenant dans la cuisine avec le bébé dans les bras.

Je ne pouvais appeler personne d’autre. Ariane était là quand la petite est arrivée chez moi, et Elise me semble être la meilleure personne pour m’aider à cet instant. Elle va me juger, elle va vouloir me faire tous les reproches du monde, mais elle ne me laissera pas seul dans cette galère, j’en suis certain. Je l’ai attrapé par le bras pour lui montrer quel était le vrai problème, celui pour lequel je l’ai réveillé au beau milieu de la nuit. « J'espère que ta super copine va ramener des choses demain. » Elle pense déjà à demain, elle sait exactement ce qu’il faut faire pour que ce bébé ne meurt pas dans mon lit. “J’espère que y’aura pas besoin de ça.” J’espère vraiment que demain tout ça ne sera qu’un horrible souvenir dont je voudrais rire dans de nombreuses années. « Tu te souviens de quoi alors ? Ça s'est passé où ? À Brisbane ? C'est arrivé quand ? Ça concorde avec l'âge du bébé ? » Elle pose trop de questions et je fronce les sourcils pour réfléchir. J’essaie de me souvenir de son visage et du moment où j’ai eu une aventure avec cette jeune femme. “Je crois que c’était entre mes deux tournées en Australie…” Des souvenirs que j’aimerais assez oublier. “C’était y’a…” Je compte, je cherche, j’essaie de trouver une chose qui me prouverait que je n’ai rien à voir avec ce bébé. “Dix ou onze mois je dirais, un peu moins d’un an.” Et je ne parle pas fort parce que je sais que ça coïncide précisément avec l’âge qu’a cette petite.

« Peut-être qu'elle est fatigué et qu'elle a besoin d'une pause. » C’est ça, elle est fatiguée et elle a besoin d’une pause, alors je hoche la tête. « Faudra aussi penser à l'éventualité qu'elle ne revienne pas. » Oh non, je n’ai aucune envie de penser à cette éventualité là. “Pourquoi elle ferait ça ?” C’est pas quelque chose qu’on est censé faire ça pas vrai ? On ne peut pas abandonner un bébé chez un inconnu, cette petite ne mérite pas de commencer sa vie de cette manière.

Elle commence à pleurer et je panique, tous mes espoirs reposent sur Elise qui reste à mes côtés et qui a l’air de savoir ce qu’elle fait. « Tu mets tout le lait dans le biberon, et le biberon dans un verre d'eau chaude. » Je me retrouve avec des objets inconnus entre les mains, je fronce les sourcils, elle est sérieuse ? J’allais lui tendre à nouveau mais elle s’approche de la petite pour la prendre alors je préfère m’éloigner. Je suis les instructions, et il me faut quelques minutes avant de terminer et d’arriver à avoir un biberon qui semble pas mal. Et j’entends les pas d’Elise dans mon dos. « Oh Jet, elle est tellement belle. » Je ferme les yeux une seconde. “C’est qu’un bébé.” Je l’ai prise une fois dans mes bras et c’était déjà beaucoup. Je tends le biberon à Elise, elle a l’air de vouloir s’en occuper bien plus que moi. “Tu veux pas la garder toi ?” Je dis ça sur le ton de l’humour, parce que je vois qu’elle aime les enfants et que ça pourrait me débarrasser d’un problème. “Qu’est ce que je suis censé faire ?”

“J’espère que y’aura pas besoin de ça.” Les chances pour que la mère repointe le bout de son nez à huit heure tapant demain sont très faibles. Il ne semble absolument pas le réaliser puisqu'il focus tout son espoir là-dessus. “Je crois que c’était entre mes deux tournées en Australie…” Donc à Brisbane ? Il croit. Il est pas certain. Ce ne sera pas chose facile de la retrouver. “C’était y’a…Dix ou onze mois je dirais, un peu moins d’un an.” Et le bébé doit avoir un ou deux mois donc tout ça est plausible. Jet le réalise tout seul en le disant à voix haute. Ce n'est tout de même pas parce que les dates coïncident que c'est forcément la sienne. Tu attrapes un stylo et un bout de papier qui traîne pour y inscrire une adresse.« Tu vas aller là demain avec le bébé. » que tu lui dis en lui tendant le papier. Une clinique médicale privée. Voilà ce que s'est. « Avec un test de paternité, tu seras certain qu'elle est bien de toi. » Si le test se révèle négatif, alors ce bébé ne sera pas son problème, mais celui de l'orphelinat qui tentera de retrouver la mère ou de lui trouver une nouvelle famille. Mais il faut penser aussi à l'éventualité où le test est bel et bien positif et que la mère ne se repointe possiblement jamais. Si c'est le cas, il veut faire quoi ? La garder ou la donner ? “Pourquoi elle ferait ça ?” Il y a des tonnes de raisons pour lesquelles elle ferait ça. Des tonnes de raisons que tu ne comprendras jamais tant la fibre maternelle a toujours fait partie de toi. « Je sais pas Jet. C'est pas tout le monde qui est fait pour être une mère. » Lui non plus ne semble pas vouloir prendre ses responsabilités en main. Pourquoi il pose la question ? Il fait pareil.

Le bébé se réveille en pleurant. Tu mets Jet sur la mission de faire un biberon - tu ne seras pas toujours là pour le lui faire. Pendant ce temps, toi, tu vas la prendre dans tes bras. Comment ne pas être attendri par ce petit être aux grands yeux curieux ? “C’est qu’un bébé.” T'es bien la seule à être charmée par le poupon. Tu prends le biberon qu'il te tend et va t'installer sur le canapé pour nourrir son enfant. “Tu veux pas la garder toi ?” Il tente de mettre une touche d'humour dans ses paroles, mais tu sais bien qu'il y a une vérité criante cachée derrière tout ça. Il voudrait que tu partes avec elle jusqu'à ce que la mère revienne. « J'ai assez de problèmes à gérer. J'vais pas prendre les tiens en plus. » Ton regard quitte le bébé entre tes bras pour se poser sur Jet qui semble toujours autant dépassé par la situation. Tu vas l'aider autant qu'il voudra, mais tu ne gères pas ça toute seule. “Qu’est ce que je suis censé faire ?” Tu hausses doucement les épaules. « C'est à toi de me le dire. Je peux pas prendre la décision à ta place. » Parce qu'il est clair que tu ne ferais pas les mêmes choix que lui. Qu'il te dise ce qu'il veut, tu trouveras une solution en conséquence. « Essaie de dormir un peu. Je gère pour cette nuit. » Parce qu'il paraît que la nuit porte conseil. Il en a grandement besoin Jet.