At the end it will always you and us

And I guess, and I guess it’s… Je rature les mots gribouillés dans mon cahier de chansons, me laisse tomber contre le dossier du canapé dans un énorme soupir. J’ai un projet en tête, une chanson à écrire pour ma best friend, mais je ne suis pas aussi bon qu’elle pour exprimer mes émotions sur papier. Du moins, ça risque d’être meilleur que ma chanson sur les rouleaux impériaux, qui était improvisée, aussi. J’attrape ma guitare pour pouvoir gratter les cordes un moment, des fois qu’une mélodie viendrait avant les paroles. Il y a tellement de trucs que je veux exprimer et je ne sais pas où commencer. And I know and I know… Je pousse ma guitare un peu plus loin sur le canapé et attrape tout de suite de nouveau mon cahier pour y griffonner mon inspiration du moment d’une écriture presqu’illisible que j’espère pouvoir déchiffrer par la suite. And I know and I know we only get better. YES. It’s a love that will keep me holding on… Ça y est, je me laisse porter plus facilement par l’inspiration, qui a décidé de se pointer le bout du nez aussi soudainement que possible. Au bout d’une heure, à tester des trucs sur ma guitare, faire des aller-retour dans le salon pour mieux penser, pour me dégourdir les jambes, j’en suis plus qu’à la moitié de la chanson. Il me faudra un peu de temps pour la terminer, mais je suis satisfait de mon progrès. Mais un coup d’oeil à mon téléphone m’indique qu’il serait peut-être temps que je me bouge si je ne veux pas être en retard pour aller chez Lyla. Même si bon, elle est au moins aussi ponctuelle que moi *tousse tousse*, et on a passé le pacte de ne jamais s’en vouloir d’être en retard. Pas de pression, on est chill. On n’a qu’une vie à vivre et ça ne sert à rien de se stresser pour ce genre de futilités, si?

J’arrive quand même à peu près à l’heure et j’appuie sur la sonnette, attend très peu longtemps avant d’entendre la sonnerie m’indiquant que le portail s’ouvre. Je coupe finalement le moteur après avoir stationné ma voiture et je me dirige vers la porte d’entrée. J’ai à peine le temps de lever la main pour cogner que, déjà, la porte s’ouvre et je découvre une petite tête blonde et de grands yeux bleus, le vrai portrait de sa mère. J’ouvre les bras automatiquement et Rose se rue sur moi, je la soulève du sol en la serrant contre moi. « Tontooooooon. » « Filleuuuuule! » La seule que j’ai, parce que le seul autre enfant dans ma famille, c’est Louis, le fils du plus vieux de mes frères, et Nyah et lui ne m’ont pas nommé parrain. M’enfin, si ça avait été le cas, je dois avouer que je n’aurais pas manqué d’être surpris, Théo et moi ne sommes pas particulièrement proches, non plus. Quoi que ce n’est pas la surprise qui manquait lorsque ma cousine m’a demandé d’être le parrain de sa fille alors que ça ne faisait même pas deux ans qu’on s’était rencontrés pour la première fois. Je n’ai toutefois pas mis de temps à accepter, bien entendu, excité à la perspective de prendre un nouveau rôle, me sentant chanceux qu’elle me choisisse moi. C’est quand même toute qu’une coïncidence qu’Ambre soit la marraine, surtout que je la connaissais avant de faire la connaissance de ma cousine. Ambre… que j’ai revue il y a peu de temps, Ambre dont les retrouvailles m’ont mis tout à l’envers. Je ne pourrais pas dire que ça s’est mal passé, chez elle, loin de là, mais… c’est elle, voilà. Bref, j’était également triste — mais pas inquiet — pour Lyla quand elle a appris qu’elle était enceinte parce qu’Adrian venait tout juste de mettre les voiles. Mais elle est une femme forte et ça ne l’a pas empêchée de trouver le bonheur dans son nouveau rôle de maman. Et Rose… Rose est une amour, une petite fille avec beaucoup de caractère, une leader, je n’en doute même pas. En tout cas, elle sait exactement comme s’y prendre pour parvenir à ses fins. C’est moi, aussi, qui est si faible fasse à ses grands yeux et son sourire plein de charme (je ne suis pas le seul). Mais cute pourrait être son deuxième prénom. Je la repose sur le sol et elle me tire par la main en direction de la cuisine, tout près de l’encadrement sur lequel s’appuie sa mère. Mon sac toujours dans la main droite, j’enroule mes deux bras autour de ses épaules dans une longue étreinte. « Ça sent bon », je dis en me détachant, humant l’air environnement. Reconnaissant l’odeur, et parce que je connais bien Rose, je me doute de ce que c’est qu’elles ont cuisiné. « On mange quoi? » je demande quand même, cherchant des indices autour de nous.

Je tends la main dans mon sac pour en sortir une bouteille de vin rouge que je pose sur le comptoir de la cuisine. « Pour toi et moi », je dis à Lyla dans un petit sourire. J’ai littéralement pris la plus belle bouteille que j’ai trouvée au magasin, en croisant les doigts pour qu’il soit bon. Je ne m’y connais pas du tout en ce type d’alcool et donc, voilà, j’y vais au mieux de mes capacité. Je sens le regard de Rose alors que je fouille de nouveau dans mon sac; elle me connaît trop bien et elle se doute sans aucun doute que si j’ai amené quelque chose pour les adultes, il y a aussi quelque chose pour elle. C’est de ma faute, je dois avouer, chaque fois que je revenais à Brisbane entre deux voyages, je lui rapportais un souvenir: un t-shirt, un porte-clé, une poupée russe, un minuscule set de thé… « Y’a pas un truc en particulier que tu voulais, dis-moi, Rosie? » je lui demande, les yeux pétillants. Je la vois chercher et, sans plus attendre, je sors le costume de son héroïne préférée et le lui tend. Je me tourne immédiatement vers Lyla, anticipant sa réaction, haussant les épaules, un air de pure innocence sur le visage. « Je suis désolé… t’aurais dû voir les yeux qu’elle me faisait, l’autre jour… », je dis en me mordant la lèvre. Je suis faible, je sais. La dernière fois que je suis venu dîner, elle m’a expliqué que sa meilleure amie, Lissa, l’avait et qu’elle voulait absolument avoir le même, que ce n’était trop pas juste. Je sais que son anniversaire approche, mais je n’ai pu m’empêcher d’aller le lui acheter. La lueur de pur bonheur quand je lui fais des petites attentions comme ça est juste trop addictive. « C’est bientôt prêt? Je peux aider? » je lui demande, grand sourire sur les lèvres.

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@Lyla Booth        

At the end it will always you and us

Rose m’ouvre la porte, me saute dans les bras immédiatement, avant de m’entraîner vers la cuisine. Je rejoins Lyla et la serre carrément dans mes bras, étant plutôt tactile avec les gens que j’aime. « Salut. Comment tu vas ? » me demande-elle en me donnant un bisou sur la joue. J’esquisse un sourire, qui a néanmoins un peu de misère à se rendre à mes yeux fatigués. Disons que ça pourrait aller mieux, mais voir ma cousine et ma filleule me fait instantanément du bien. « Ça va. Et toi? » je lui demande en retour avant de commenter sur l’odeur qui flotte dans la maison. C’est comme si la seule odeur avait réveillé mon estomac, que j’avais réussi à endormir à coups de café. Lorsque je demande ce qu’on mange, la réaction de Rosie, qui se met à sautiller partout, me met la puce à l’oreille. « Des brochettes au barbecue. On les a fait avec maman. C’est ton repas préféré aussi hein, tonton parrain ? Maman elle a dit qu’il fallait faire ce que tu préférais quand tu venais manger. On aime la même chose hein ? » Je ris, échangeant un petit regard complice avec Lyla, qui semble très amusée également de la situation. « Mais bien sûr que c’est mon repas préféré aussi, qu’est-ce que tu crois! » je joue néanmoins le jeu, même si mon repas préféré est en fait les lasagnes de ma mère. Et ce n’est pas totalement un mensonge, puisque j’adore les brochettes barbecue, surtout celles de Lyla (et Rose), pour y avoir goûtées avant. Alors oui, ça fait carrément partie de mes plats favoris. « J’ai hâte d’y goûter », j’ajoute, plus que sincère. Je sors la bouteille de vin rouge que j’ai apportée et je la tends à ma cousine en lui signalant que c’est pour elle et moi. Duh, Adriel. « C’est parfait, merci beaucoup. » Je souris comme seule réponse et, alors qu’elle observe et ouvre la bouteille, je me tourne vers ma filleule en lui demandant de me rappeler ce qu’elle m’avait demandé. Les emballages n’ont jamais vraiment été mon fort et je lui tends donc directement le costume de Ladybug, évitant jusque-là le regard de Lyla, anticipant sa réaction. Rose lâche un petit cri plein d’excitation, qui me perce directement les tympans, mais bon, ça me fait vraiment plaisir de la voir comme ça. Lyla se retourne et, tout de suite, je lui donne mon excuse. Comment résister aux beaux yeux bleus de sa fille? La fleuriste roule des siens. « Tu as vu maman ?? Tonton parrain m’a ramené le costume de Ladybug ! » Je hausse les épaules à l’intention de sa mère, ne pouvant réprimer un grand sourire sur mes lèvres. Rosie s’empresse, bien entendu, de lui demander si elle peut le mettre tout de suite. « Rose. J’ai pas bien entendu… » dit Lyla en fronçant les sourcils. Je ris doucement et me penche sur ma filleule qui me tend les bras. J’ai le droit à un petit bisou sur la joue qui me fait plaisir comme à chaque fois et elle enroule ses bras autour de mon cou une deuxième fois. « Merci, merci, merciiii ! » « De rien de rien de rien ! » je réplique en retour en la serrant un peu plus fort. Je n’ai jamais assez de ses câlins. Elle se détache pour filer dans sa chambre et je me redresse, sous le regard de ma cousine. « Qu’est ce que tu n’as pas fait ! » « Les adultes ont le vin… la petite, le costume. C’est juste, tu ne trouves pas? » je demande, amusé. « Merci Adriel. Tu l’as gâte trop tu sais… Ça aurait très bien pu attendre son anniversaire… C’est ce que je lui ai dit quand elle m’en a parler. J’ai horreur de ça, qu’elle vienne vous réclamer des cadeaux. » Je pose ma main sur son épaule. « C’est son anniversaire mensuel, on va dire. » Comme si ça pouvait vraiment justifier ces cadeaux à l’improviste. Je prends une pause. « Et je suis désolé, je ne savais pas que tu avais prévu de lui acheter pour son anniversaire, j’aurais dû te demander. » Je bug un instant sur le vous. Elle parle sans aucun doute d’Ambre, qui est la marraine de Rosie. Pourquoi est-ce que la seule mention de mon ex — même aussi indirect que ça — me fait quelque chose? « Mais merci. Vraiment. Elle ne va plus le quitter, je suis sûre qu’elle va dormir avec ce soir. » « Y’a pas de quoi », je réponds dans un sourire en relevant mon regard dans le sien. Elle se dirige vers le frigo et me demande ce dont j’ai envie de boire, me proposant une bière ou autre chose. « Une bière, oui, pourquoi pas, merci », je dis. Elle se sort la même chose et me tend ma bouteille. C’est la même marque que celle que j’ai bue chez Ambre… Noah, Lyla et moi avons donc les mêmes goûts. Mais bon, je ne suis pas surpris, ce n’est pas la première fois que je viens ici non plus.

Je prends la bouteille en lui demandant si je peux faire quelque chose pour aider. Pour Rose, ce sera un petit jus de pommes, et je sais d’avance qu’elle fera semblant que c’est de la bière aussi en trinquant avec nous. Lyla secoue la tête. « Tout est prêt, merci. Rose à installer l’apéritif dans le salon, les pommes de terre sont au four depuis tout à l’heure, j’irais mettre les brochettes tout à l’heure au barbecue. » Je hoche la tête en la suivant dans le salon, salivant d’avance à la mention des pommes de terre et des brochettes. « Vous formez une belle équipe », j’ajoute tendrement en voyant l’apéritif sur la table basse du salon, honnêtement impressionné que Rose ait aidé comme ça. Quand j’avais son âge, ma mère ne souhaitait pas vraiment que ses enfants l’aident dans ce genre de tâches, ayant peur qu’on casse sa belle vaisselle, par exemple. J’adore ma maman, mais ma relation avec elle est loin d’être comme celle que Lyla et Rose ont ensemble, aussi… fusionnelle que ça. « Ladybug, miraculous ! » annonce la petite blonde en nous rejoignant dans le salon. Je me retiens de ne pas rire en la voyant reproduire des gestes que je suppose font partie de l’émission. Il m’arrive de la regarder avec elle quand je la garde par exemple, mais je fais souvent de la retouche photo en même temps. On s’entend, c’est bien parce que la télé est une activité plutôt passive; sinon, mon attention est toute sur elle. « Tu es une parfaite Ladybug, mon amour. » J’approuve dans un hochement de tête. « Tu es super, Rosie! Il te va comme un gant, ce costume », j’ajoute, juste avant qu’elle ne retourne à sa chambre comme un coup de vent. « Ce fût un plaisir de t’avoir enfin rencontrée, Ladybug! » je m’exclame en riant, alors que Lyla et moi on s’installe dans le canapé, devant la table basse. « Tu vois ce que je vais devoir supporter grâce à toi ? » Je lui offre un regard plein de malice. « Quel supplice », je dis en riant davantage. « Tu as une superhéroïne qui vit chez toi, t’es chanceuse! » je muse. Avec les noms que j’ai choisis pour mes babies, on pourrait dire que moi aussi, j’ai des superhéros à la maison, eheh. Lyla prend une gorgée de sa bière et j’attrape une petite poignée de chips pour la grignoter petit à petit. « Alors, quoi de neuf ? » Quoi de neuf… Tellement de trucs et si peu à la fois. « Oh… le mois d’avril est peu chargé jusqu’à maintenant, ça fait du bien », je commence. C’était plutôt le mois de mars qui l’était. Mon regard se perd sur une étagère du salon sur laquelle se trouve un tiki qu’Ambre et moi leur avons ramené d’Hawaii; il est quasiment identique à celui qu’on s’était achetés pour nous, et qu’Ambre a maintenant chez elle. « J’ai revu Ambre, l’autre jour », je lâche avant d’avoir pu me retenir. Je tente de garder une expression neutre, mais j’ai autant envie de sourire à la mention de son nom que de laisser la culpabilité d’avoir laissé Tessa peu après avoir revu mon ex m’envahir. Peut-être que Lyla le sait déjà, que je l’ai revue, de toute manière. « Akela n’allait pas bien. Alors elle m’a appelé. » Il y a bien plus à cette histoire, bien sûr, mais j’attends de voir si ma cousine est déjà au courant, curieux de ce qu’Ambre pourrait lui avoir raconté si elle l’a fait. Et puis, bon, je tente encore de faire le tri dans tout ce que je ressens, chose qui est plutôt difficile pour moi. « Et toi, alors? T’as pensé à adopter un chat, là, finalement? » Les chips dans ma main toutes mangées, j’attrape ma bière pour en prendre une longue gorgée. La dernière fois qu’on s’est vus, je lui ai fait un long monologue sur les avantages d’avoir un animal. Les animaux, c’est la vie, après tout, non? Ça ferait des nouveaux amis pour Rocket et Peter Quill. Et Akela aussi, bien sûr.  

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@Lyla Booth        

At the end it will always you and us

Les accueils chez les Booth sont toujours chaleureux. Je ne peux pas m’empêcher de rire en entendant Rose me demander si les brochettes sont mon repas préféré aussi, mais je fais comme si oui, parce que bon, c’est pas mal la vérité de toute manière. Chose certaine, on va se régaler ce soir. Lyla ouvre la bouteille de vin que j’ai amenée et je me tourne vers ma filleule pour lui donner son cadeau à elle aussi, le fameux costume qu’elle m’a demandé l’autre jour. Alors peu de temps après, je me suis rendu au Toys R Us du centre-ville, avec pour belle excuse de m’acheter un nouveau jeu pour ma PS4 en même temps. Ah, tiens, le costume de Ladybug pour Rosie, j’avais pas vu. Je n’ai pas vraiment hésité; tout pour voir ce joli sourire sur son visage d’enfant de presque six ans. J’explique à sa mère que les adultes ont le vin, la petite a le costume. Elle hausse les épaules dans un sourire. « J’imagine qu’après une bouteille de vin on pourra refaire le monde, alors que se contentera de le sauver effectivement. » Je ris. « C’est ça, voilà », je dis comme si c’était l’évidence-même. Et puis, toutes les raisons sont bonnes pour les cadeaux, non? Pourquoi ne pas célébrer les anniversaires à chaque mois, tant qu’à y être? Mais à ma remarque, ma cousine roule des yeux dans un petit rire. J’ajoute finalement que j’aurais dû lui demander et que j’en suis désolé, mon intention n’était pas d’aller contre ses envies non plus. « Ce n’est pas ça le soucis voyons, j’aurais très bien pu te donner l’idée à toi. C’est juste qu’elle ne va pas connaître la patience si vous lui offrez tout quand elle veut ! » Je hoche la tête, compréhensif, mais un sourire espiègle se pose sur mes lèvres. « La patience? C’est quoi, ça? » je plaisante, me retrouvant bien soulagé qu’elle ne m’en veuille pas. Toutefois, bon, il va vraiment falloir que j’apprenne à dire non à Rosie, ou du moins que je tente d’être patient moi aussi.

Muni de nos bouteilles de bières, Rose partie dans sa chambre, Lyla et moi nous dirigeons vers le salon pour y discuter avec un apéritif. Je suis vraiment impressionné à l’idée que Rose l’ait aidée pour le repas, du haut de son si jeune âge, et je commente qu’elles forment une belle équipe toutes les deux. Elles ont toutes les deux une relation vraiment mignonne que beaucoup de parents envieraient selon moi. « La meilleure ! » Je hoche la tête, je ne peux faire autrement qu’agréer. Et si en plus je peux être le testeur du fruit de leur travail d’équipe, ça me va totalement, hein. Rose débarque en coup de vent dans le salon, on a à peine le temps de la complimenter qu’elle repart à vitesse éclair dans sa chambre. « Elle doit sauver le monde, excuse la ! » Je ris en secouant la tête. « Elle a un horaire chargé, c’est fou », je muse avant de prendre une gorgée de ma bière. Quel supplice pour Lyla, vraiment, d’avoir une superhéroïne directement chez elle. « Tu ne te rends pas compte combien je suis rassurée d’un coup ! Pas de super vilain qui puisse venir jusqu’ici !! » « Mais voilàààà, tu peux dormir sur tes deux oreilles avec elle dans les parages. C’est pas tous les parents qui peuvent se vanter d’avoir une superhéroïne comme enfant, tu sais. » Toujours plus, entre nous deux, on ne manque pas de bonnes séances de rigolade.

À sa question sur ce qu’il y a de neuf dans ma vie, je ne sais pas trop par où commencer et je réponds donc quelque chose de plutôt vague. Néanmoins, c’est la vérité. Avril est peu chargé, en travail — ça fait du bien, j’en avais besoin —, mais aussi en événements. Ce n’est pas pour autant qu’il est plus joyeux… déjà, Erin m’adresse à peine la parole. Je vais l’aider ici et là pour l’ouverture de sa clinique, mais depuis notre… dispute, c’est à peine si elle me regarde. D’ailleurs, il faudra que je pense à demander à Lyla si elle pourrait me conseiller une plante ou des fleurs à donner à ma meilleure amie pour l’ouverture de sa clinique. Mais c’est dans quelques semaines, on a encore le temps. « Ça te fais un peu de repos du coup », commente ma cousine dans un sourire. Je hoche la tête doucement, un peu perdu dans mes pensées. Oui, mais ces sentiments que je peine à gérer, ce froid qu’il y a entre Erin et moi, Ambre qui occupe pas mal mes pensées, ma culpabilité concernant Tessa… c’est drainant. Finalement, j’avoue à Lyla avoir revu sa meilleure amie à elle. Celle qui était, il y a quelques mois seulement, ma copine. Et celle que j’ai revue alors que je ne m’y attendais pas du tout, parce qu’Akela n’allait pas. Je remarque bien que j’ai piqué sa curiosité et une pointe d’inquiétude prend place sur son visage. « Ah bon ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? Akela va bien ?? » Comment ne pas aimer cette boule de poils? Il me manque, d’ailleurs, et je ne l’ai toujours pas revu depuis novembre. Mais le jour de son incident, ça nous a semblé une bonne idée, à Ambre et moi, que je revois notre chien. Il faudrait que je lui écrive, que je l’appelle ou je sais pas, à ce sujet… mais je n’ose pas. Autant ces retrouvailles se sont plutôt bien passées — vraiment mieux que ce que j’aurais pu imaginer —, autant je ne sais plus où j’en suis. « Il a trouvé une chaussure de ballet d’Ambre et a avalé le ruban… », je dis en roulant des yeux. « C’est Erin qui a été le chercher… le ruban. » Je grimace. Vraiment, aucune idée de comment elle est capable de faire ce qu’elle fait en tant que vétérinaire. « Il va bien maintenant, il faut pas s’inquiéter. Ensuite… ensuite, Ambre m’a invité chez elle pour une bière… », je laisse tomber, un peu nonchalant par exprès, montrant la bière que je suis en train de boire. « La même sorte que celle-là, en fait », je dis, amusé, comme si c’était important de spécifier. Tous les détails sont bons pour éviter que je m’embarque dans d’autres sortes de détails. Je repense avec un petit sourire malgré moi à notre danse, à ce regain de complicité alors que je me cachais dans sa salle de bain. En ce moment, j’envie un peu Lyla de l’avoir connue quand elle était plus jeune, de l’avoir vue faire du ballet. Je n’ai eu le droit qu’à une pirouette de sa part, et puis voilà. Mais elle était vraiment belle quand elle l’a fait… comme si elle était en plein dans son élément. Okay, je m’égare. Je détourne alors le sujet sur ma cousine, insistant sur l’adoption d’un animal. « Tu veux qu’on en ai un à ce point-là ? » Je hausse les épaules en souriant. Je n’ai aucune idée du pourquoi j’ai tant envie qu’elles aient un animal, mais voilà. « Les miens m’apportent tellement de bonheur que j’ai juste envie que vous ressentiez la même chose, je pense. « Je ne sais pas trop. Je sais que ça ferait plaisir à Rose, mais tout de même, il faut s’en occuper. Et entre le boulot et Rose justement, je ne sais pas si j’aurais assez de temps à lui consacrer. » Je prends une nouvelle poignée de chips en hochant la tête. Bien sûr, je comprends. Faut dire que c’est vraiment tentant de lui rappeler qu’un chat, ça n’a pas tant besoin qu’on veille sur lui, il faut le nourrir, changer la litière, that’s it. Les promenades sont facultatives. « Heureusement, elle a Peter Quill, Rocket, et Akela aussi… elle ne manque pas d’animaux dans sa vie. C’est une chance », j’ajoute, les yeux pétillants. « Mais hypothétiquement parlant… si j’arrivais avec un chat pour Rose, tu m’en voudrais? » je tente, éclatant finalement de rire. Bon, ça, par contre, je n’oserais pas. Ce serait vraiment dépasser les limites. « Et toi, alors, quoi de neuf? » je demande, curieux.  

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@Lyla Booth        

At the end it will always you and us

On migre au salon pour aller prendre un apéro avant de manger les brochettes un peu plus tard. Rose ne perd pas une minute pour s’éclipser dans sa chambre afin de commencer à sauver le monde, j’ai à peine eu le temps de l’admirer en Lady Bug avant qu’elle ne prenne la fuite. Ça m’amuse et je plaisante à Lyla en disant qu’elle a un horaire chargé. Cette petite, je me demande bien quand j’aurai le temps de la voir, ça prend du temps, sauver Brisbane. « Tu n’imagines pas à quel point ! » dit ma cousine en échappant un petit rire, auquel je me joins. J’imagine déjà ma filleule impliquer toute sa montagne de peluche dans ses folles aventures, leur donnant des rôles dignes des plus grands films d’action. Je finis par rappeler à Lyla qu’elle fait partie des rares parents qui peuvent se vanter d’avoir une superhéroïne pour enfant. Elle prend le temps de boire une gorgée avant de répondre. « À part tout ceux qui ont acheter ce costume tu veux dire ? » Je me retiens pour ne pas rire et je feins la surprise en prenant une gorgée de ma bière à mon tour. « Quoi? Il y a d’autres costumes pareils? » je chuchote comme si je n’en revenais pas de cette nouvelle. C’était bel et bien le dernier en magasin quand je suis allé, j’ai eu bien de la chance il faut dire.

Le sujet d’Ambre finit par se poser sur la table quand j’aborde que je l’ai revue à cause d’Akela. À voir l’expression de surprise sur les traits de ma cousine lorsque je lui explique ce qui est arrivé à notre chien me met la puce à l’oreille que la principale concernée n’a pas mis sa meilleure amie au courant. Évite-t-elle de lui parler de moi? Devrais-je me taire plutôt? Mais bon, moi aussi hein, j’ai le droit de me confier à Lyla. N’empêche, un petit quelque chose m’empêche de donner de plus amples détails, parler de la crème glacée par exemple, peut-être parce que… peut-être parce que j’ai peur de ce que ça pourrait bien vouloir dire. Entre Ambre et moi. Parce qu’alors que j’ai “laissé” Tessa peu de temps après l’avoir revue, parce que j’ai eu l’impression qu’il allait se passer quelque chose malgré qu’elle m’ait laissée il y a quelques mois. Nos visages étaient si près l’un de l’autre… notre complicité est revenue. J’ai préféré prendre du recul, ne pas la rappeler tout de suite. Je ne m’en sens toujours pas prêt. Déjà que ma meilleure amie ne me parle pratiquement pas ces jours-ci, j’ai juste besoin de me retirer un peu pour méditer sur les événements récents, mes sentiments, mes envies de partir. Je fais remarquer à ma cousine qu’on boit la même sorte de bières qu’il y avait chez sa meilleure amie, ce qui la fait sourire. L’amusement est clairement présent dans son regard. « Bon, tant mieux si tout se finit bien. Oui, c’est la marque préférée de Noah, on en buvait ensemble quand on était jeune, ça ne m’étonne pas. » Je souris d’un air malicieux. « Jeunes comment? Je veux évaluer ton taux de rébellion » je demande, parce que ça pourrait être quatorze ans comme ça pourrait être vingt ans. C’est relatif, hein. « Tu as vu sa nouvelle maison alors ? On y a pas encore été avec Rose, mais c’est prévu pour la semaine d’après normalement. Ça s’est bien passé ? » Je me cale dans le canapé en prenant une autre gorgée de ma bouteille, et je hoche la tête. Je ne peux réprimer un petit sourire un peu niais en pensant de nouveau à Ambre, à sa maison, à ce qu’on a fait à l’intérieur (bon, ça sonne très intime tout ça, mais ce n’était pas exactement ça). « Elle est vraiment jolie, sa maison », je commente. « Ça fait… elle. Elle a l’air bien. Tu m’en donneras des nouvelles en tout cas. Je suis sûr que Rose va aimer jouer avec Akela sur ce grand terrain… » Je fixe le vide un instant, un petit sourire nostalgique sur les lèvres. « Et oui… ça s’est bien passé. » Je me tourne vers Lyla, soudain tout gêné. « Vraiment plus que ce que je croyais, je t’avoue… » Notre complicité est vite revenue, comme si elle n’était pas complètement disparue avec la rupture. « La chanson de Lilo et Stitch est passée dans le haut-parleur… » Je dérive le regard, sentant le rouge me monter aux joues. « On l’a dansée », je murmure dans un souffle. Lyla sait très bien que c’est — c’était? je ne sais plus — notre petit rituel à Ambre et moi chaque fois que la chanson passait.

Je finis par dériver le sujet sur les animaux et ma cousine est catégorique, elle n’en veut pas… pour l’instant. C’est pourquoi j’insiste un peu, comme à ma chère habitude, mais sans plus. Je lui explique que les miens me rendent tellement fou de bonheur que j’ai envie que ma filleule et sa mère ressentent la même chose. Elle sourit et j’ai l’impression d’avoir gagné un point, eheh. « C’est gentil, je vais y réfléchir. » Mes yeux se plissent sous sa remarque, je me demande si elle me dit ça pour que j’arrête d’insister ou si c’est parce qu’elle y pense réellement. Elle m’a sorti exactement la même phrase l’autre jour. Hum. Bon, je finis par ajouter qu’avec Peter Quill, Akela et Rocket, Rosie ne risque pas de s’ennuyer et de manquer d’animaux dans sa vie. « Oui, c’est vrai. Et puis elle les adore donc quand elle les voit elle est ravie. » Je hoche la tête en souriant, c’est bien vrai, elle ne cesse de montrer son enthousiasme pour ses amis à fourrure quand elle les voit. Tellement que bon, Peter Quill va parfois se cacher en-dessous du lit ou au-dessus d’une armoire parce qu’il est tanné de se faire prendre et coller. Mais il fait la même chose avec moi, c’est normal; il est affectueux, mais à ses heures. Je lui pose la question dont je connais la réponse, mais qui m’amuse de la poser rien que pour voir l’expression sur son visage: si je leur ramenais un chat sans leur en parler, m’en voudrait-elle? Son expression change du tout au tout, Lyla fronce les sourcils et roule finalement des yeux. « Oui, là il y a moyen que je t’en veuille. Ce n’est pas un costume là. Donc si on en parle pas avant j’avoue que je pourrais te laisser dehors avec ton chat. » J’éclate carrément de rire. « C’est noté, j’te jure. J’oserais pas. J’aime trop tes brochettes pour risquer que je ne puisse plus venir manger ici », je plaisante. Parce que bon, j’adore sa cuisine, mais ce n’est clairement pas rien que pour ça que j’aime les voir, Rose et elle. En tout cas, je me dis que si je leur fais le coup, ça me ferait une excuse pour prendre un troisième animal chez moi, eheh. Mais je risque de briser le coeur de Rosie, alors… nope. Ce n’est pas envisageable du tout. Déjà qu’elle m’en parle régulièrement qu’elle aimerait en avoir un, mais je lui explique à chaque fois que mes animaux sont comme les siens si elle veut, mais en pension chez son parrain préféré parce que c’est plus simple comme ça.

Je retourne la question initiale à Lyla et, soudainement, elle devient toute silencieuse. Elle jette un coup d’oeil en direction des chambres comme si elle voulait s’assurer que Rose restait bien dans la sienne. Je fronce les sourcils en tendant la main pour de nouvelles chips, me disant qu’on dirait qu’il y a quelque chose qui cloche ou je sais pas, ou qu’elle veut me révéler un grand secret. Puis… « Adrian est en ville. Il est passé à la boutique hier. » J’écarquille les yeux, n’en revenant pas de la nouvelle. Adrian, vraiment? Ça fait des années que je ne l’ai pas vu. Ben comme Lyla, d’ailleurs. Je n’ai pas eu de ses nouvelles non plus. Et pourtant, le courant passait bien entre nous, quand même; mais bon, je suppose qu’il ne me contacterait pas sachant qu’il ne contacte pas son ex copine, ma cousine t’sais… Ça serait bizarre. « Okay… c’est soudain, ça. » Je ne m’y attendais carrément pas. Et Lyla non plus, apparemment. Il aurait pu la prévenir de son retour, vu qu’il y a sa fille ici, en plus… Et qui plus est, ma cousine et lui ont été ensemble tellement longtemps. Ça fait tout drôle qu’ils ne se parlaient plus du tout. « Pourquoi il est ici? » je demande, curieux de sa soudaine réapparition en territoire australien. Bon, il est peut-être passé voir sa famille. Il l’a sûrement fait dans le passé, mais pourquoi, maintenant, vient-il voir Lyla? « Sa sœur est malade, il a du revenir sur le continent et il est venu prendre des nouvelles de moi. » Je soupire en me passant une main dans les cheveux. Merde, j’aurais dû l’essuyer avant, elle est pleine de graines et de gras de chips. Je l’essuie sur mon pantalon et la passe de nouveau dans mes cheveux, cette fois-ci pour enlever de possibles graines qui s’y seraient logées. « Oh… », je dis finalement d’un air inquiet. Je n’ai pas eu l’occasion de vraiment la connaître, mais il en parlait ici et là. J’ai cru comprendre qu’ils ont une bonne relation. « J’espère que ce n’est pas trop grave… » Ça ne doit pas être un simple rhume, bien entendu, considérant qu’il a dû revenir sur le continent. Duh, Adriel. Coffee, Adriel. Et soudain, je réalise quelque chose dans sa phrase. « Et il n’a pas demandé de nouvelles de Rose? » je m’exclame, fronçant les sourcils en même temps. Je n’en reviens pas. Comment peut-il oublier sa fille? Il n’en a vraiment rien à foutre? À moins que… nan, ça ne se peut pas. Je prends une autre gorgée de bière, essayant d’observer l’expression de Lyla. « Et… comment ça s’est passé avec lui? À part le fait qu’il a clairement ignoré Rosie… » Il faut dire que quand il est parti, je lui en ai voulu de faire du mal à ma cousine, même si je la connaissais depuis peu. Je ne comprenais pas qu’il puisse s’en aller comme ça, laisser une femme qu’il aimait beaucoup. Mais pas si longtemps après, quelques années peut-être, j’ai moi-même mis fin à une relation avec une fille que j’aimais beaucoup pour vivre mon rêve, voyager partout dans le monde. Je n’ai pas regretté de poursuivre mon but ultime, mais Tessa m’a beaucoup manquée, notre relation surtout. Erin, Lyla, bébé Rose m’ont manquées aussi. Mais je devais vivre mon rêve. Je savais que je reviendrais, ce n’était qu’une question d’avoir vécu ce que je voulais vivre. Et bon, je revenais ici et là, et je gardais même contact avec Tess. Mais Adrian… bon, Adrian n’a pas repris contact avec Lyla avant cette année. Je le comprends de ne pas avoir voulu passer à côté de son rêve, mais je dois avouer que j’ai plus de misère à le comprendre sur le fait de ne pas vraiment revenir à Brisbane pour Lyla et pour Rose. J’observe la blonde attentivement et silencieusement, attendant d’en savoir plus.

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@Lyla Booth        

At the end it will always you and us

On en vient à parler de ma petite visite chez Ambre, dans sa nouvelle maison à Bayside. Une peu nerveux, je ne peux m’empêcher de plaisanter sur les bières qui sont exactement les mêmes que celles que Lyla a, et je découvre que c’est en réalité la faute de Noah. Je lui demande alors quel âge elle avait quand elle a commencé à boire de la bière — on est rebelles ou on ne l’est pas, hein. Ma cousine pouffe de rire et met quelques secondes pour réfléchir. « Mmh. J’avais quoi… Quatorze, quinze ans ? Dans ces eaux-là je pense. Alors ? J’étais une grosse rebelle tu crois ? » Je souris, amusé. Ça doit être environ l’âge où j’en ai pris pour la première fois, peut-être, quand Maxence m’amenait dans des soirées en cachette pendant que nos parents dormaient. Ça me fait tout bizarre de penser que je ne la connaissais pas quand elle avait cet âge-là — merci papa —, alors que j’ai l’impression de la connaître depuis toujours en même temps. « Oh oui, très rebelle », je confirme, me retenant pour ne pas rire. Elle me demande alors des renseignements sur la nouvelle maison de sa meilleure amie et je lui raconte qu’en effet, elle est très jolie — la maison, bien sûr (Ambre aussi, mais là n’est pas la question). Lyla ouvre la bouche pour parler, mais rien ne sort, alors je poursuis en affirmant que la maison lui ressemble, et j’aimerais bien des nouvelles quand Rose et elle iront. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de voir Akela, mais je suis persuadé qu’il aime le grand terrain. Bon, sa maîtresse me l’a confirmé, aussi. « Très bien, comme ça Akela pourra épuiser Rose, elle dormira facilement en rentrant. » Je ris en roulant des yeux. « Oui, mais surtout, elle aura du plaisir », je la corrige, surtout amusé par ses paroles. Pour les fois où j’ai gardé ma filleule pour la nuit, je peux facilement constater qu’il est en effet plus agréable quand Rose est si épuisée qu’elle s’endort presqu’aussitôt. J’adore passer du temps avec elle, mais c’est épuisant pour l’adulte quand elle sort quarante mille fois du lit parce qu’elle a soif, qu’elle a envie de pipi, qu’elle s’ennuie, qu’elle vient de penser au dernier fun fact qu’elle a appris à l’école ce jour-là. Tout ça parce qu’elle n’arrive pas à s’endormir. J’ajoute finalement que oui, ça s’est bien passé chez Lehman. Avec un peu d’hésitation, certes, parce que je repense au fait que ça s’est trop bien passé, justement. Moi qui croyait être presque totalement passé par-dessus notre rupture. Il m’est apparu clair ce jour-là que ce n’était pas réellement le cas. Je le vois dans le regard de ma cousine qu’elle s’attend à ce que je lui en dise plus. Je lui avoue que ça s’est mieux passé que ce que je pensais… la chanson de Lilo et Stitch, la fameuse, se glisse dans la conversation. Lyla en semble ravie, ça se voit à son sourire. « C’est obligatoire de toute façon, une tradition. » Je hoche la tête. « Oui… c’est fou, j’ai toujours cette impression qu’il va arriver un malheur si on ne la fait pas », j’ajoute en riant. Superstitieux, un peu? Naaaaaan, du tout. C’est à demi une plaisanterie. « En tout cas ça fait plaisir à entendre. Rose sera ravie de vous revoir ensemble j’en suis sûre ! » Mes yeux se plissent à ses paroles. « Tu pa — parles pas ensemble… ensemble, là… hein? » je bafouille en évitant soigneusement son regard. Lyla nous aime bien ensemble, je le sais. Rose aussi. Est-ce que je m’imagine qu’elle veuille vraiment dire qu’on serait de nouveau en couple? C’est peut-être juste ensemble, genre physiquement. Je prends une inspiration. Je ne sais pas où j’en suis avec Lehmann. Je l’aime beaucoup, il n’y a pas de doute… C’est une femme extraordinaire. Mais est-ce que je reviendrais avec elle? C’est encore un mystère pour moi. Déjà il faudrait que ça soit réciproque. Et puis… depuis quelques temps, je me pose toutes sortes de questions. Bref. Je relève les yeux sur ma cousine. Tente un sourire. Tout mini. « Je ne l’ai pas revue depuis l’autre jour… On verra bien. » Je ne mentionne pas qu’Ambre a essayé de me revoir, elle; après tout, on s’était dit que je pourrais passer du temps de nouveau avec notre chien. Il me manque. Elle me manque. Mais je ne mentionne pas non plus que je lui ai donné n’importe quelle excuse pour ne pas accepter ses invitations.

Désireux de changer de sujet, je passe au sujet des animaux. Même après tout ce temps, je tente toujours de la convaincre. Mon idée d’apporter un chat à l’improviste ne semble pas lui plaire et Lyla insinue même qu’elle me mettrait à la porte avec l’animal. Je lui réponds donc que j’aime trop ses brochettes pour prendre la chance de ne plus pouvoir venir ici et ça la fait rire. « C’est bon à savoir. » Je secoue légèrement la tête avec un grand sourire. Je m’attends à ce qu’elle me fasse ce genre de chantage dorénavant quand je lui parlerai encore d’adopter un bébé à fourrure.

C’est à mon tour de lui demander ce qu’il y a de nouveau dans sa vie et c’est là qu’elle m’annonce, en s’assurant que Rose n’est pas tout près, qu’Adrian est revenu à Brisbane. Sur le coup, je suis sous le choc de sa nouvelle et je ne sais que répondre d’autre que c’est plutôt soudain, ça. Je lui demande pourquoi il est ici, tout d’un coup, et mon coeur se serre en apprenant que sa soeur est malade. Mais pourquoi, là, maintenant, tente-t-il de recontacter Lyla? Il est sûrement revenu à Brisbane entre temps, question de visas et de revoir sa famille, et il ne l’a pas du tout recontactée. Pourquoi maintenant? J’espère en tout cas que ce n’est pas trop grave, ce que ça soeur a. « Je pense que si, un peu. Je n’ai pas trop posé de questions, mais elle a besoin d’une greffe, c’est pour ça qu’il est là. Je vais la voir la semaine prochaine, j’en saurais plus à ce moment-là. Je n’ai pas trop osé lui poser de questions, il est très attachée à sa petite sœur et je pense que l’idée de la perdre doit le mettre dans tout ses états. » Mon visage s’affaisse. « Ah, merde… » Ça doit être horrible. J’en oublie un instant ce qu’il fait subir à Lyla, et donc à Rose, en ne les ayant pas recontactées avant. Ça doit être horrible de savoir un être cher aussi malade que ça. Je reviens toutefois sur le sujet de Rose, car je n’en reviens pas qu’il ait juste ignoré le sujet de sa fille comme ça. Lyla secoue la tête; non en effet, il n’a pas demandé de nouvelles de sa progéniture. Je jette un coup d’oeil vers la chambre de Rosie, l’air désolé. Elle adorerait rencontrer son père, je le sais. Elle m’en parle parfois, avec toute l’innocence d’une enfant. Elle me raconte ce qu’elle aimerait faire avec lui, mais bon, sans particulièrement de tristesse, puisqu’elle ne le connaît pas. Je demande à sa mère comment ça s’est passé avec Adrian, malgré qu’il n’ait pas demandé pour sa fille. Elle se contente d’abord de hausser les épaules. « C’était… bizarre. Mais agréable ? Je ne sais pas trop en fait. On a parlé de mon boulot, du sien. De sa sœur du coup. Une conversation banale et étrange pour des gens qui ne se sont pas vus depuis six ans. Mais oui, pour Rose il a fait comme si… elle n’existait pas. » Je penche la tête. Bizarre… mais agréable. Un peu comme ma rencontre récente avec Ambre, mais différent en même temps. Lyla, ça fait six ans qu’elle n’a pas vu celui avec qui elle a été pendant des années. Mais reste qu’il a fait comme si Rose n’existait pas et ça me peine. Puis, elle passe une main dans mes cheveux et je la regarde, interloqué, me demandant pourquoi elle fait ça, avant d’échapper un petit rire nerveux parce que je me rappelle que je me suis passé la main pleine de chips dans les cheveux. Et elle pose le petit bout de chips sur la table. « Merci », je dis, avant de bien sûr reprendre une poignée de chips, parce que c’est trop bon. « T’es pire que Rose, c’est dingue ! » Je ris. « Une chance que t’es là », je réplique, malicieux, quoi que sincère.

Lyla annonce que le repas sera prêt et je me propose pour aller chercher Rosie dans sa chambre parce que ça fait quatre fois qu’elle l’appelle et elle ne vient pas, trop occupée à sauver le monde sans doute. Je cogne sur l’encadrement de la porte avant de pénétrer dans sa chambre. « Rosie, c’est l’heure de manger », je lui dis. La petite m’offre son plus beau sourire, mais elle affirme qu’elle a encore des trucs à faire en tant que superhéroïne. « Tu te rappelles, c’est ton repas préféré… ça sera froid si tu ne viens pas. » Bel argument, Adriel. Rose sait très bien que les fours micro-ondes existent. Alors spontanément, je l’attrape et la porte sur mon épaule comme un sac de patates jusqu’à la salle à manger, alors qu’elle proteste et rit en même temps. C’est drôle, elle me rappelle Erin comme ça. Je la dépose finalement sur sa chaise et lui tend le désinfectant pour les mains pour qu’elle se lave les mains. J’ai peur que si on lui dise d’aller se laver les mains à la salle de bain, elle se sauve dans sa chambre pour sauver le monde de nouveau. « C’est délicieux, merci les filles », je dis après ma première bouchée après avoir regardé tour à tour Lyla et Rose. C’est fou comme elles se ressemblent, toutes les deux. Mon ventre se serre en songeant que la petite a aussi bien des airs d’Adrian. J’aurais tellement aimé qu’elle ait l’occasion de grandir avec un père. Au moins, elle a la maman la plus aimante du monde et, entourée comme elle est, elle ne manquera jamais d’amour.

Le repas se passe dans les rires, les discussions animées, encore les rires. C’est toujours un plaisir de passer du temps avec ces deux-là, et c’est tout un bonus que d’avoir de la bonne bouffe en même temps. Ça change des lasagnes de ma mère — même si j’en raffole. Après le repas, je fais la vaisselle avec ma cousine pendant que Rose essuie un morceau de vaisselle aux deux minutes — mais elle veut nous aider, c’est l’intention qui compte —, et on finit je-ne-sais-trop-comment les trois trempés de l’eau savonneuse. Lyla propose du dessert et Rosie et moi devons avoir la même expression d’enthousiasme sur le visage. Bien sûr qu’on veut du dessert, duh. Bien que je me sente déjà très plein. Booth propose des cornets de glace et on se ramasse tous les trois avec une saveur différente. Rosie me propose de goûter la sienne et elle me tend son cornet. Plutôt que de prendre le cornet dans ma  main, je tends le cou pour en prendre directement une bouchée, et ma filleule pousse la glace pour m’en coller sur le nez… ce qui me fait légèrement buguer parce que je repense évidemment à Ambre qui m’a fait le même coup. Telle marraine, telle filleule… Mais je finis par rire et lui étamper le mien sur le front, ce qui la fait éclater de rire. On offre tous les deux un sourire de gamin à Lyla. « Tu veux essayer? » je demande, malicieux, en lui tendant mon cornet.

La soirée prend fin quand on remarque qu’il est déjà tard et que la petite devrait être au lit. Toutes deux m’accompagnent à l’entrée; je serre ma filleule dans ma bras, pour ensuite faire la bise et un câlin à ma cousine. « Merci pour la soirée », je dis avec un grand sourire. Ça m’a tellement fait du bien, après ces drôles de dernières semaines. J’en suis même arrivé à oublier mes soucis, ce soir. C’est fou de penser qu’elle et moi, on ne se connaît que depuis quelques années, et on s’est beaucoup plus rapprochés que ce que j’ai pu être proche avec Theo ou même Cleo. Surtout Theo, s’entend. « Love you les Booth », je leur dis avant de m’éloigner vers ma voiture.

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@Lyla Booth