| clockscared (ginauden #106) |
| | (#)Mar 13 Avr 2021, 21:30 | |
| Il est en bas. Il est à la cuisine ou au salon, ou au jardin ou, ou, ou, ou je n’en sais rien. J’entends les placards qui s’ouvrent et les tiroirs avec. J’entends la vaisselle qui fait du vacarme et j’entends en acouphène, tout est amplifié. Il pourrait simplement expirer que j’aurais l’impression que la maison est secouée par lui. La maison, c’est étrange ça. Le concept m’est de moins en moins familier, dès lors que je ne reconnais plus les couleurs aux murs, la disposition des meubles, les angles des couloirs. Je me suis perdue la nuit dernière, en rentrant sur la pointe des pieds, en cherchant les escaliers. C’est stupide et il en rirait, Auden. Il me dirait d’arrêter de passer ma vie à l’atelier, il me confisquerait le calendrier à desserts rien que pour me forcer à dormir, un peu, mieux. Il t’empêcherait de partir, aussi. Il a tenté. Pas vraiment. Il n’a pas réussi.
Ce qui est un exercice tantôt fâchant pour certains, tantôt thérapeutique pour d’autres n’est pas grand chose de bien laborieux pour moi. J’ai peu de vêtements, ils sont déjà tous fripés, les attraper par-delà la penderie et les enfouir dans ma valise suffit à ce que la chose se remplisse presque d’elle-même sans que je ne le réalise. La réalité, c’est que j’oublierai probablement la moitié des affaires dont j’ai besoin là-bas ici. La réalité, c’est que j’oublierai probablement la moitié de moi ici. Je sais pas, s’il a remarqué que rien ne va. Sûrement, il n’est pas aveugle même si on ne se voit plus. Pas. Je n'en sais plus beaucoup le concernant, nous concernant aussi. J’ignore où on en est tant tout me rappelle avant, tant tout était à mes yeux resté derrière, si loin devant le chemin qu’on s’était tracé à deux y’a plus d’un an de ça, déjà. Sloan a 6 mois, notre mariage le double. Et pourtant quelque chose change à tous les jours, pourtant les morceaux et les miettes s’envolent, et il ne reste que de la poussière. Ma main passe sur le dessus d’une tablette, des livres que j’emporte bien plus que des t-shirts. J’ai vu le hoodie de Auden, laissé sur la chaise à côté du lit. Mes doigts l’ont à peine effleuré alors que fût un temps, il m’appartenait bien plus qu’à lui, même s’il se faisait une joie de le cacher rien que pour que je l'enfile la première.
Quand je finis par me poster devant ma valise close, mon pouce joue nerveusement avec mon alliance. Il la tourne et la retourne, il s’adapte au métal presque aussi froid que ma peau. Lentement, avec toute la douceur du monde, j’en viens à retirer la bague dans le seul et unique but de la regarder de plus près, d’y voir les détails, les angles, les couleurs. Le bijou qui a laissé une marque sur ma peau, qui n’a pas été retiré de là depuis la journée où il l’y a mis, de la farine sur ses joues et du caramel sur les miennes. Derrière mes paupières qui battent la mesure se rétracte mon coup d’œil, un filtre qui passe simplement pour constater à quel point tout ça a pris des proportions que je n’aurais jamais pu imaginer. Ce n’est que deux mois. Ce ne sont que des kilomètres. J’aurais pu revenir tous les week-ends, il aurait pu y passer des semaines avec Sloan et Noah. On aurait pu vivre ça à deux, à quatre, on aurait pu en faire une aventure rien qu’à nous et un souvenir de plus. Maintenant tout n’est que corde raide, silences acides et pointe de pieds. Je croyais que de passer quinze ans à se battre pour pouvoir être ensemble suffirait à terrasser n’importe quelle épreuve. Il ne faut qu’un grain de sable dans l’engrenage pour tout bloquer.
Ou un sursaut pour tout casser. C’est un placard qui s’ouvre, ou un tiroir. De la vaisselle ou des portes qui claquent, ou des pas dans les escaliers. C’est ma bague aussi, qui tombe par terre, comme si je l’avais lâchée. J’ai juste sursauté. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23733 POINTS : 350 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Mer 14 Avr 2021, 21:03 | |
| L'ambiance est pesante, surtout quand vous commencez à refuser toute discussion avec une personne qui partage chaque minute de votre vie. J'ai échangé bien plus de mots (sons) avec Sloan durant l'heure passée que Ginny dans la semaine. Elle n'a pas changé d'avis et moi non plus; cela ne risque pas. Je crois qu'elle essaye de faire des efforts même si en réalité je n'en ai aucune idée puisque c'est à peine si je la regarde, maintenant. Je vais bien devoir m'habituer à ne plus l'avoir dans le paysage, non? Autant commencer à s'entraîner dès que possible. J'ai vécu bien assez de décennies sans elle, je peux reprendre ce rythme de vie sans aucun mal, sans même sourciller. C'est à peine si je verrai la différence, c'est à peine si Sloan remarquera l'absence d'une mère qui ne le regarde déjà plus comme avant. Il paye pour les erreurs de ses parents, ce qui est sûrement la première chose dont je voulais le préserver. C'est cool de voir que je fais toujours des erreurs avec mes fils mais que j'innove, au moins. Ouais, cool.
Elle est en haut, je suis en bas. Elle a son étage, j'ai le mien. Chacun vaque à ses occupations. Elle est occupée à préparer son grand départ, j'espère qu'elle a maintenant compris que je ne risque pas de m'appliquer autant pour son retour - et à force, je doute qu'il y en ait réellement un. Pour autant, personne n'a encore eu l'idée de construire un mur pour séparer nos deux vies et j'ai besoin d'un croquis dans la chambre, d'un putain de croquis pour me concentrer sur autre chose et ne surtout pas penser à tout ça. Mes gestes n'avaient pas été prémédités alors qu'elle clame à qui veut bien l'entendre me connaître par coeur. Foutaises. Si tel était le cas, elle ne serait pas partie, pas maintenant, pas comme ça.
Je n'ai pas envie de la voir, pas envie de lui parler, pas envie de l'entendre non plus. Et pourtant, lorsque l'anneau rebondit contre le parquet, c'est sur elle que mon regard se pose aussitôt. J'imagine que mon coeur se serre, aussi, mais cette information ne sera jamais relayée à personne et surtout pas elle. "Tu vas au moins faire semblant de vouloir la rattraper ou pas?" J'accuse, froid, intransigeant. Je reste sur le pas de la porte, déjà prêt à repartir alors que je ne suis même pas rentré. Elle ne touchait jamais à sa bague, avant. En une année, elle ne l'a jamais touchée. Elle l'a encore moins retirée. Je sais que les choses sont compliquées mais ne me doutais pas qu'elles pouvaient l'être à ce point, pas déjà. Un an me semble énorme, alors que ce n'est qu'un grain de sable au milieu de tout ce que j'avais imaginé avec elle, pour elle. Il faut croire qu'on se connait encore moins que ce que j'en étais venu à penser. Elle a trop de la gamine que j'ai connu le premier jour, pas assez de la femme qu'elle a su devenir au fil des années et des épreuves. Je sais que l'histoire se répète, je ne pensais simplement pas qu'on se ferait prendre à notre propre jeu, à stupidement croire qu'on pouvait être heureux ensemble. On est trop différents, qu'ils disaient tous. Peut-être qu'ils ont raison. |
| | | | (#)Jeu 15 Avr 2021, 16:23 | |
| "Tu vas au moins faire semblant de vouloir la rattraper ou pas?" faire semblant, dans les faits, c’est ce que je sais faire de mieux. Faire semblant que tout va bien. Faire semblant que je peux encaisser tout ce qui tombe à mes pieds. Faire semblant que rien en dérange, faire semblant que tout est à sa place. Faire semblant n’a jamais été une option, une fois la porte d’ici passée. Même y’a des années, la maison d’Auden avait toujours été une de nos cachettes, un des seuls endroits dans cette ville où je n’avais pas besoin de porter le moindre masque, de faire comme si pour quoi ou qui que ce soit. Faire semblant. C’est devant mes parents, que je fais semblant. Devant Matt et Jill, devant Noah, devant la Terre en entier. J’ai tenté, avec Auden, dans les bas plus que bas, jamais dans les hauts. J’ai tenté mais jamais réussi ; peut-être que je serais meilleure aujourd’hui.
Ça ne ressemble pas à nous. Même aux pires moments, jamais il n’évitait mon regard à ce point. Jamais je ne l’évitais autant. Même quand rien n’allait et qu’on mettait plus qu’une poignée de futiles kilomètres entre nous deux, jamais l’indifférence n’avait été une part du contrat. Il reculait pour lui, j’avançais pour deux. Il secouait mers et mondes, j’essayais de le comprendre. Je ne me souviens que de peu de nos silences, toujours en proie à ce que l’un ou l’autre prenne la parole, tantôt pour rassurer même si on savait tous les deux que ça ne changerait rien, souvent pour secouer les choses, poser les mauvais questions, insister encore, provoquer à travers aussi peu on arrivait à s’en sortir. Auden n’évitait en aucun cas mon regard et s’il le faisait, ça n’était qu’une raison de plus pour que je cherche avidement le sien.
Maintenant, sa voix m’est inconnue. Je ne sais même plus combien de nuances de noisette il a au creux de ses yeux. Si j’ai envie de la rattraper, la bague, c’est relatif. La gaffe est probablement juste un déni de plus. Le sursaut un joli alibi sur papier, une belle lettre à l’en-tête dorée qui stipule que Ginny McGrath est juste une gamine empotée qui ne sait pas faire grand chose de ses dix doigts correctement sans se tacher. T’as oublié le Williams, dans ton nom. Le Williams dans ma pièce a l’air de vouloir m’oublier, lui aussi. La bague est toujours au sol. Mes doigts accompagnent mon soupir, ou alors c’est l’inverse, quand ils dérivent de sous le lit pour attraper le cardigan de laine illogique à cette période de l’année pour n’importe qui sauf pour moi. Qu’il passe sur mes épaules n’est qu’un sablier de plus, un décompte que j’ai abandonné parce que je n’ai jamais été douée avec les chiffres, et parce qu’il en reste si peu avant que je parte qu’ils me semblent loin d’être une priorité. La bague est au creux de ma paume. Ma valise elle, nargue posée savamment sur le lit. Pour la première fois de ma vie, elle s’est fermée sans le moindre effort de logistique. Sans m’écraser dessus parce que j’ai abusé de livres et de souvenirs et de trucs idiots achetés sur un coup de tête et des vêtements d’Auden qui y jouent les kidnappés dans mes affaires. Ça doit être un signe, à quelque part. Des gens y verraient une métaphore, un encouragement. Certains diraient que ce n’est pas étonnant. La bague se retrouve cachée par mes doigts repliés. Ma valise s’est fermée aussi facilement que les mots franchissent enfin mes lèvres.
« J’ai pas envie de me rappeler d’aujourd’hui de cette façon-là. » dans les faits, je n’ai pas envie de me rappeler d’aujourd’hui tout court. Ni d’hier, et probablement pas plus de demain. Je n’ai pas envie de me rappeler que je lui fais toujours dos. Je n’ai pas envie que les dernières heures passées ici ressemble aux dernières semaines. Je n’ai pas envie de me rappeler du fait que je pose l’alliance aussi, sur la table de chevet, sans même me poser la moindre question, sans même le nier. Au-delà de tout ça, je n’ai pas envie de me rappeler de nous de cette façon-là. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23733 POINTS : 350 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Jeu 15 Avr 2021, 21:57 | |
| Je suis matérialiste. Bien sûr que je le suis. Mon métier et ma vie toute entière se résument à être matérialiste. Certains imbéciles diraient que ce n'est qu'un minuscule objet et que j'en fais trop. Je les emmerde. On n'a pas besoin d'avis extérieurs, on n'a même besoin de personne. J'ai posé une question simple et claire, elle n'y a pas répondu. Elle a repris la bague dans sa main, certes, mais je m'en moque. Ce n'était même pas le plus important. Elle l'a fait comme si elle ramassait une touffe de poils qui n'avait pas sa place là. Elle l'a fait comme si, justement, l'alliance n'était qu'un vulgaire objet de plus à empaqueter dans sa valise - de merde, sa valise de merde. Mon regard n'en est que plus sombre et mon visage, lui, toujours plus fermé. Elle débute un jeu que je connais par coeur et auquel je peux participer pendant bien plus longtemps qu'elle. Ginny enchaîne les erreurs et, comme toujours, je la laisse faire. A la seule différence que cette fois-ci, je ne serai pas là lorsqu'elle aura commis celle de trop et ne s'en sera rendue compte que trop tard.
Déjà, l'alliance n'est plus dans ses mains. Elle se retrouve sur la pile de livres, déposée là sans un mot, sans un regard. Ma mâchoire se serre, la sienne ne connaît pas le moindre changement. Elle n'en fait pas des tonnes, Ginny. Elle s'en moque totalement, même, et il est bien là le problème. Là, juste là, on va me reprocher de donner trop de symbolique aux objets. Vous voulez que j'en pense quoi, de la putain de bague créée pour elle et offerte lors de notre mariage? Vous voulez qu'il vous dise quoi, mon putain de cerveau d'artiste qui ne passe sa vie qu'à faire ça: donner du sens aux choses. « J’ai pas envie de me rappeler d’aujourd’hui de cette façon-là. » J'ai un rire gras et amer. Ginny qui a retrouvé la parole. Vous m'en direz tant. Je t'ai posé une question est la première et la seule chose que j'ai envie de lui répondre mais j'imagine que ses gestes sont bien plus parlants que tout le reste. Elle n'a même pas fait semblant de vouloir la ramasser; elle l'a juste fait, tout comme elle l'a aussitôt remise ailleurs. "Et tu penses qu'on va faire les choses selon tes envies pendant combien de temps encore?" Elle va répondre à cette question-ci ou est ce qu'elle se contentera d'un minable regard de chien battu, une fois de plus? J'ai pas envie de me rappeler d'aujourd'hui, ni d'hier, ni de bien de tout ce qu'il s'est passé depuis qu'on a parlé. Vous voyez, c'est justement pour ça que j'aime pas échanger des mots. C'est de la merde. Comme son idée de Sydney. Comme tout, en cet instant. |
| | | | (#)Ven 16 Avr 2021, 20:34 | |
| Y’a son livre préféré, tout en haut de la pile. Celui qu’il m’a interdit de noyer de notes en bas de pages, de barbouiller jusque dans les marges. Celui que j’ai pas le droit de toucher sauf si j’ai lavé mes mains quinze fois et quinze autres, et prouvé à Auden que j’ai pas la moindre trace de caramel sur les doigts, sous les ongles. Je l’ai lu et relu, ces derniers temps. Stupidement accrochée au fait que même si je filais hors du lit dès que je réalisais être incapable de m’endormir – à toutes les nuits, en somme – voler ce bouquin-là était presque la même chose que de lire dans le hamac, calée entre ses bras. À chaque matin le livre reprenait sa place exactement au même endroit, comme s’il n’en avait pas bougé. À chaque matin, je quitte la maison avant qu’Auden soit réveillé.
"Et tu penses qu'on va faire les choses selon tes envies pendant combien de temps encore?" « On? »
D’une question à une autre, d’une attaque à une suivante même si ça ne fait aucun sens de piquer sur des mots qui n’ont même pas de sens eux-mêmes. Il n’y a plus de on ici depuis des semaines. Il y a lui, il y a moi, il y a Sloan, Noah, Pizza. Des lignes parallèles qui ne se touchent jamais. Si j’avais été capable de faire autre chose que de planter mes prunelles dans les siennes une bonne fois pour toutes, j’aurais sûrement entendu s’échapper un rire d’entre mes lèvres. Un ris las, fatigué. Le même qu’il a laissé percevoir d’entre les siennes il y a à peine quelques secondes de ça, ou la veille, ou je ne sais même pas. « Depuis la première seconde où j’ai parlé de Sydney, t’as rendu ça très clair que c’était moi et moi seule qui allait faire les choses selon mes envies. » ma silhouette s’installe sur le lit, jambes croisées, dos posé contre le mur. À peine un mètre de distance entre lui et son embrasure de porte et moi et mes coussins, mais j’ai l’impression qu’on est plus loin ici qu’on ne le sera lorsque je serai là-bas. Il s’est dissocié de tout, Auden. Il fait sa vie, il avance et il prend tous les chemins les plus éloignés possibles des miens. Ce n’est pas juste un couloir qu’il esquive quand j’y arrive ou une pièce qu’il quitte quand j’y entre. C’est plus creux que ça et il le sait, et ça ne va pas.
« On vit dans un entre-deux Auden. On s’était promis de ne plus jamais se faire ça. » parce qu'on l’a trop fait. Quand on devait se cacher, quand j’étais avec un autre. Quand on ne savait plus ce qu’on pouvait faire, dire. Quand il m’attendait, quand c’était à mon tour à moi de l’attendre. Quand aucun regard faisait plus mal que tout le reste. Quand un seul coup d’œil était encore pire. Quand on s’aimait mais que ça n’était pas suffisant. Tout le temps. Maintenant. La bague qui nargue, le livre préféré. L’absence de soupir, la difficulté à respirer. C’est bien plus calme que ce que j’aurais pensé mais c’est surtout avec de la résignation, je pense, que je comprends que peu importe ce dont j’ai envie de me souvenir d’aujourd’hui ça n’y changera rien. On a échoué. On s’était promis que la journée où on le faisait, on le faisait pour vrai. On s’était juré que c’était fini, les zones grises. Il était épuisé, j’étais vidée. Quand on a finalement accepté de laisser les barrières de côté et d’être ensemble pour de vrai, on laissait tout le reste derrière avec. Pourtant c’est un aller simple dans les limbes et l’incertitude que je constate, lorsque n’importe quels mots ne suffiraient pas à expliquer d'où ni de comment et surtout de pourquoi on a fini par tomber aussi bas. « Quand je vais passer la porte, qu'il y ait une prochaine fois ou non, c'est fini n'est-ce pas? » puis, ce sont ces mots-là qui sortent. D’une question à une autre. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23733 POINTS : 350 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
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willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
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| Si jamais quelqu’un se pose encore la question: ce n’était pas supposé se passer comme ça. Maintenant, pourtant, je sais que je ne pose que des questions qui mèneront à des mauvaises réponses. Qu’elle dise quelque chose de positif et je l'interpréterai mal, qu’elle dise quelque chose de mauvais et je n’en retiendrai que le pire. Mon esprit est biaisé, mon avis l’est plus encore. Quelque chose s’est imiscé entre nous et peu importe le nom qu’il peut bien porter, la douleur est bien pire encore que celle accumulée de ces dix dernières années. Avant, au moins, aucun de nous deux n’avait la certitude que notre histoire marcherait, qu’il y aurait même la moindre histoire. Aujourd’hui on sait que ça marche, que ça nous rend heureux, que c’est voué à durer. Était. (?) Choisissez la ponctuation qui vous arrange parce que si je ne suis pas réputé pour mon optimisme, je le suis au moins pour ma force de caractère. "Et tu penses qu'on va faire les choses selon tes envies pendant combien de temps encore?" - « On? » Oh. Il n’y a déjà plus de ‘on’, alors. Les choses changent vite et je ne parle même pas de la vitesse à laquelle les promesses se brisent. Je ravale difficilement ses mots, elle le verra, tout comme elle observera plus encore mon expression se durcir pour se rapprocher de celle que j’avais avant, dans un temps que je pensais sincèrement révolu. Je pensais stupidement qu’il y avait toujours un on même dans les moments difficiles mais j’ai dû rater le coche lorsque nous sommes redevenus deux entités à part. Elle de son côté, moi du mien, et avec assez de mauvaise foi je serai capable de croire en un ‘c’est mieux comme ça’.
L’absence de réponse de ma part n’a rien d’une bonne chose. Si elle évite sans aucun doute une remarque cinglante, il aurait sans doute mieux valu pour tout le monde que je ne la laisse pas mariner dans mon esprit, surtout pas alors que j’écoute avec colère ce qu’elle ajoute ensuite. « Depuis la première seconde où j’ai parlé de Sydney, t’as rendu ça très clair que c’était moi et moi seule qui allait faire les choses selon mes envies. » Elle se pose contre le mur, je me décale de la porte. Je peux encore me porter seul, sa présence m’énerve. Il ne vaut mieux pas que je me lance dans la liste de tout ce qui m’énerve, d’ailleurs. Dans celle-ci au moins, ma femme tiendrait une place de choix. Elle serait sans doute bien plus intéressé par ça que par tout le reste, elle qui se revendique soudainement indépendante et tout le bordel, elle qui n’a besoin de rien ni personne, elle qui décide pour un ‘on’ qui finalement n’existe pas. Non, bien sûr, pourquoi même est-ce qu’il aurait jamais existé, d’ailleurs? Désolé Sloan, apparemment il n’y a jamais eu de team, et je crois que le synonyme de cela est ‘famille’. Maman fait selon ses envies, désormais, et elle ne s’encombre pas d’autres voyageurs. Autre chose, Ginny?
« On vit dans un entre-deux Auden. On s’était promis de ne plus jamais se faire ça. » “On?”
Je suis mauvais joueur et j’ai la rancune tenace. Autant dire que le ménage est explosif et amer. Elle devrait le savoir mieux que personne et alors qu’elle se lance dans un je-ne-sais-quoi moralisateur, je lui rappelle sans délicatesse aucune les mots qui avaient été siens quelques secondes plus tôt. Le ‘on’ n’existe pas (plus?) et si la seule chose qui lui fait peur dans tout ça c’est le fait que la vie ne soit pas toute blanche ou toute noire, elle va regretter de s’être mariée avec un artiste dans mon genre. Les gris de mes palettes sont créés avec les couleurs primaires mais les noirs, oh, les noirs. Elle n’a jamais voulu en poser sur les siennes, de peinture. Aujourd’hui elles risquent de lui être imposées, et je n’aurai aucun mal à dire qu’elle l’a cherché. On s’était promis bien d’autres choses mais faut croire qu’on est de sacrés bon menteurs, ou de sacrés cons. Je pense correspondre aux deux termes et elle au moins à l’un d’entre eux, ma colère de l’instant et des semaines passées penchant pour le ‘con’, bien sûr.
Ginny sait comment désamorcer la bombe que je représente, et elle fait exactement tout le contraire. J’imagine donc qu’elle n’aura aucun mal à assumer les conséquences de ses actes, parce que pour ma part il n’y a rien d’impossible là dedans. « Quand je vais passer la porte, qu'il y ait une prochaine fois ou non, c'est fini n'est-ce pas? » Sa valise comporte absolument tous ses habits, sa bague trône sur mes livres, notre fils n’a pas été dans ses bras depuis de longues heures. Elle a mis à mal ce qui ressemblait pour moi à un effort surhumain, réduisant à néant l’existence d’un ‘on’. La conclusion semble évidente, non? “Tu as répondu à la question avant moi.” Mes yeux lancent des éclairs à l’anneau abandonné sur la pile de livres, premier indice qui a fait déraper le cours de la soirée. J’aurais pu faire de biens meilleurs efforts, je le jure, mais pas après ça. J’en ai rien à foutre de la symbolique de bien des choses, mais celle-ci était (est, ouais, pardon) toute particulière, au point où elle me tient à cœur. Et ça, elle le sait. Elle le sait comme elle sait tout de moi, comme elle peut anticiper la moindre de mes réactions, comme je ne comprends pas pourquoi elle adopte une attitude qui lui ressemble finalement si peu.
Ce n’est même pas un ‘si’, c’est un ‘quand’. Pourquoi est-ce qu’elle me pose des foutues questions qui ne changeront rien à sa décision, hein? “Si tu passes cette foutue porte, t’es morte pour moi.” Elle restera la mère de Sloan et jamais je ne compliquerai la vie de mon enfant, mais elle n’aura plus rien à craindre qu’un ‘on’ puisse se reconstruire d’une quelconque façon. Elle existera pour Sloan seulement, mais certainement plus pour moi. J’ai donné quinze années de ma vie à l’attendre, je n’en donnerai pas davantage. Ma respiration s’accélère et tout mon corps me hurle de fermer ma gueule mais il y a encore bien trop de choses à lui dire et un monde tout entier à la mettre en garde contre. “Quand, pardon.” Je me corrige avec ironie. Qui aurait cru que j’allais devenir l’optimiste du groupe, hein? Ouais, groupe, c’est l’étape nécessaire avant de passer de mariage à il n’y a pas de ‘on’. “Il n’y aura plus d’entre-deux comme ça, tu vois. Promesse tenue.” Pour celles échangées lors de nos vœux, par contre, on repassera. Je suis bien trop occupé à la détester pour me rappeler d’ô combien je l’aime. |
| | | | (#)Dim 18 Avr 2021, 16:26 | |
| On vit dans un entre-deux Auden. On s’était promis de ne plus jamais se faire ça. “On?”
Certains diraient qu’on exagère. Certains diraient que ce n’est que quelques semaines à peine, qu’il n’y a pas à s’en faire. Que c’est une miette dans le temps, que c’est une opportunité à saisir maintenant et à assimiler plus tard. Certains comme tout le monde, personne ne comprend. Personne ne comprend que c’est bien plus creux que Sydney et Sloan, personne ne capte que ce sont les accumulations d’années à jouer la balance débalancée qui nous ont amenés ici. Je le comprenais à peine il y a des jours de ça. Je le comprends de mieux en mieux au fil des propos acides d’Auden, de ses regards encore pires. Ce n’est de partir mais de chercher ailleurs qui pose problème, ce n’est pas de vouloir plus mais d’avoir besoin de mieux qui bloque. C’est de laisser mes pas dériver des siens qui jurent avec le sillage qu’on avait enfin réussi à creuser ensemble, durant la dernière année. J’ai été à contrecourant, il est allé dans toutes les directions sauf la mienne. J’ai couru vers l’avant, il s’est précipité vers l’arrière. On marchait les doigts noués ensemble si fort qu’ils en faisaient mal. Marchait. “Tu as répondu à la question avant moi.” j’ai répondu à bien des questions en décidant d’y aller. J’en ai amené d’autres aussi, par dizaines de milliers. Des questions à la réponse parfois évasive, tantôt synthétisée. Pourquoi est-ce que tu veux y aller, Ginny? Facile. Pourquoi est-ce que tu veux partir, Ginny? Facile aussi, à inspirer dans cette pièce quand il n’y a plus la moindre once d’air. Pourquoi est-ce que son avis comptait autant qu’il ne compte plus du tout maintenant? C’est là que les choses se corsent. Ce n’est pas parce que j’avais peur de le confronter que je ne lui ai pas demander de signer mes recommandations. Ce n’est pas pour éviter une dispute non plus, surtout alors que je semble être particulièrement douée à les initier ces temps-ci. Ce n’est pas parce que j’avais peur d’un non, le non si clairement tatoué sur son front que j’aurais été bien plus aveugle qu’on peut l’être en détournant la tête. Je ne voulais pas d’Auden. Je ne voulais pas de lui pour aucune des phases du projet. Je voulais que ce soit Ginny, juste Ginny. Ginny qui réfléchit et Ginny qui avance, Ginny qui fait ses démarches et Ginny qui titube par dix fois avant de se relever une onzième. Je ne voulais pas juste me prouver que j’étais capable de faire quelque chose tout seule, je voulais me prouver que je pouvais faire quelque chose sans lui.
Et ça n’a rien à voir avec lui. Oui, je sais, c’est difficile à suivre mais au final c’est clair, parfaitement. J’ai passé ma vie à m’occuper des autres. J’ai passé ma vie à dépendre des autres. Parfois même sans le savoir, la plupart du temps par défaut, très souvent par envie. C’est beaucoup plus facile de se réveiller le matin en sachant qu’on a les erreurs des autres à réparer pendant que les nôtres se cumulent, c’est beaucoup plus évident de savoir qu’on existe parce qu’il y a quelqu’un quelque part qui a besoin de nous. J’ai jamais eu besoin de moi. J’ai jamais voulu m’occuper de moi. J’ai jamais même pensé que c’était une option, de ne pas éviter les yeux de mon reflet dans la glace pour m’assurer que la Terre en entier tout autour mérite bien plus de mon attention que mes prunelles voilées. Auden est un dommage collatéral, je me confonds à lui, je me confonds à tout le monde. Ils pensaient et moi la première que j’étais l’ombre de moi-même. Mais je suis celle de mes parents. Je suis celle de mes frères, de ma sœur. Je suis celle d’Auden. Je suis celle de mes enfants. J’ai jamais été la mienne. Je sais même pas de quoi elle aurait l’air, mon ombre. Je sais pas quelle serait sa couleur, son parfum. J’ai été une mère, j’ai été une fille. J’ai été une étudiante, j’ai été une femme, j’ai été une ex, j’ai été une amante, j’ai été une femme à nouveau. J’ai été des tas de choses mais j’ai jamais été Ginny. J’ai pas eu le temps. J’ai pas eu le temps quand à l’Académie j’étais celle qui décevait ses parents, puis qui cherchait les clés de la salle pour ne pas le décevoir, lui. J’ai pas eu le temps quand on m’a mise dans un avion vers Londres et je l’ai encore moins eu, le temps, quand on m’a glissé une bague au doigt et un enfant dans les bras. J’ai pas eu le temps quand le chevet de Noah était constamment mon port d’attache, j’ai eu aucune seconde pour m’en remettre quand entre un divorce et un couple de béquilles j’ai donné toutes les secondes qu’il me restait pour retrouver Auden à la cabane, toutes les nuits. J’ai cru avoir le temps de reprendre mon souffle quand on est partis d'ici, je l’ai pas plus repris quand on est revenus. Jamais je regretterai où ni comment ni pourquoi, pourtant maintenant que je n’ai plus à courir, maintenant que je n’ai plus rien d’autre à faire que de constater, que de le vivre, il manque quelque chose. Il ne manque pas d’amour, il ne manque pas de souvenirs. Quand je regarde Auden, quand mon menton son redresse et que ses paroles frappent et frappent encore, la seule chose qui manque dans la scène, c’est moi.
“Si tu passes cette foutue porte, t’es morte pour moi.” “Quand, pardon.” “Il n’y aura plus d’entre-deux comme ça, tu vois. Promesse tenue.”
Ses yeux quittent la bague, reprennent les miens. Qu’ils le fassent, qu’ils s’y ancrent, qu’ils y restent. Mes doigts eux, s’allongent, un stigmate de plus et la bague qui les retrouvent, dès lors que je me redresse, fais un pas et tous les autres vers lui. Il manque de moi. Il manque de Ginny en Ginny, à quel point c’est ironique, à quel point c’est triste. Je sais pas qui je suis, quand je ne suis pas sa femme, son secret. Je sais pas qui je suis quand je suis pas leur mère, leur fille. Je sais rien de ce que Ginny est, quand elle est justement. Ça manque de Ginny dans la chambre, et ça manque de Auden quand mes doigts lui redonnent l’alliance sachant très bien qu’il ne le verra pas ainsi. Il le recevra comme une attaque, comme la guerre. La vérité, c’est que je ne veux pas être mariée à lui s’il est marié à moi, à ça. À celle que je ne suis pas, à celle que je ne retrouve pas. Erreur 404 et page introuvable, et si j’ai besoin de mourir dans ses yeux pour vivre dans les miens, alors soit.
La seule raison qui vaille que je passe la porte, que je quitte la chambre, c’est pour rejoindre celle de Sloan. Il est endormi, ses poings sont fermés, ses yeux aussi. Sa respiration me chatouille même si elle est difficile à déceler, au rythme des battements de mon cœur qui tape sur mes tempes. Lorsque son corps se love contre ma poitrine, que sa tête vient se nicher au creux de mon cou et que son nez se cale derrière mon oreille, c’est à lui que vont tous mes mots. Toutes mes déclarations d’amour et toutes mes promesses. Tout ce que je veux lui assurer, tout ce qui pourra le rassurer. Quand maman reviendra, les choses seront différentes mais tu pourras être fier de moi Sloan. Parce que je te montrerai que peu importe les gens qui t’aiment, peu importe le monde qui t’entoure, c’est toi le joueur principal et c’est toi le protagoniste. Dépend jamais de personne Sloan, dépend juste de toi. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23733 POINTS : 350 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Lun 19 Avr 2021, 11:35 | |
| Je pensais la connaître et je le pensais sincèrement, vous savez. Ce n’était pas un moyen pour moi de prouver une fois de plus que je suis le meilleur et qu’il n’y a aucun doute à cela. Ce n’était pas un exemple de plus dans lot. Ce n’était pas ça. A mes yeux, c’était la seule vérité. J’ai été con au point de croire qu’elle allait remettre son alliance, qu’elle allait changer d’avis, qu’elle allait faire machine arrière et qu’on aurait tôt fait de ne plus parler des derniers jours passés. Lorsque ses doigts, trop longs et trop fins, se retrouvent autour de l’objet, je comprends que j’ai eu tort, à nouveau. Lorsque ce sont ses pas qui viennent à ma rencontre sans que ses lèvres ne s’apprêtent à me donner aucune excuse ni explication, j’ai déjà peur de comprendre la suite. Là encore, j’aurais préféré avoir tort et ne pas voir arriver le moment où son alliance se retrouve entre mes seuls doigts. Mes yeux brillent et ça n’a rien à voir avec une métaphore à la con pour expliquer à quel point je l’aime. Ma gorge est nouée et ma mâchoire plus serrée que jamais dans le seul but de ne rien la laisser voir de plus. Elle agit comme si de rien n’était, Ginny, comme si elle venait de me dire qu’elle préfère faire du graff au lieu de la peinture, ce soir. Elle agit comme si elle n’avait pas rencontré le moindre caillou sur son chemin, comme si elle ne venait pas d’entendre de ma propre voix qu’il n’y aurait plus jamais de nous si elle continuait à s’entêter dans cette voie. Trop occupé à la détester autant qu’à réellement comprendre ce qu’il se passe, aucun son ne franchit le cap de mes lèvres éternellement scellées et amères. Mes yeux cherchent les siens plus que jamais sans arriver à la trouver pour autant. Je la perds, à bien des niveaux, si ce n’est peut-être tous.
Son alliance brûle ma paume et si je crève d’envie de la laisser retomber et rouler au sol, je ne sais pourtant que la resserrer un peu plus contre ma chair. Je sais que c’est tout ce qu’il me reste d’elle et que tout sera pire demain encore, quand son placard sera vide, quand sa valise sera enlevée, et quand je prendrai grand soin de virer n’importe quel autre objet qui puisse me la faire rappeler, elle. L’exercice sera long quand on sait le nombre d’années écoulées et partagées entre ces murs. J’ai le réflexe de vouloir la rattraper une ultime fois mais ma main se referme dans le vide: elle est déjà partie. De colère et d’amertume, je fais claquer la porte de notre chambre au moment de la refermer. Désolé Sloan. Désolé pour tout. Des parents soudés était la seule chose que j’étais assuré de pouvoir lui donner mais une fois de plus, rien ne s’est passé comme prévu et j’en suis venu à échouer. Pour l’instant encore, c’est seul que je gère ma colère, assis contre la porte, mes yeux occupés à tout observer sauf sa valise trônant sur le sol, beaucoup trop pleine à mes yeux. Sloan gazouille en bas. Qu’il profite, c’est peut-être la dernière fois.
Comme un adolescent en colère, je ne bouge plus jusqu'à la tombée de la nuit et après encore. En bas, elle fait sa vie. Moi, je m'occupe de la mienne, comme je devrai de toute façon le faire sous peu. Retour dix ans en arrière, deux inconnus face à face. Elle va coucher Sloan, elle va caresser Pizza, et elle va revenir se coucher parce qu'elle sera toujours moins butée que je le suis. Son alliance trône sur les livres de mon coté du lit, désormais, tout comme je m'applique à prendre le moins de place possible, bien décidé d'agir comme si elle était déjà morte. A mes yeux, c'est tout comme. |
| | | | (#)Ven 23 Avr 2021, 06:13 | |
| J’ai inventé des mélodies que Sloan est désormais le seul à connaître. Je lui ai confié des notes, des paroles, des secrets, j’ai tout dit et plus encore à son oreille pendant une heure, peut-être dix autres. À un moment je pense que le soleil a fini par se coucher. C’est qu’on le voit parfaitement bien, le ciel dégagé, allongés tous les deux dans le hamac au fin fond du jardin. À son petit corps blotti contre le mien, j’essaie de partager tout ce que j’ai de beau, de bon à l’intérieur. Parce que justement, à l’intérieur, rien ne va. C’est stupide d’avoir froid au doigt, à ce doigt-là. C’est ridicule de croire chaque mot et chaque regard, d’être persuadée que ce n’était pas la colère qui parlait mais Auden, bel et bien lui. J’ai laissé la poussière retomber pas par lâcheté, pas par désintérêt. Simplement parce que c’était parti d’une bonne raison qui me manque, maintenant que la brise se lève et que mes bras se resserrent un peu plus contre Sloan endormi, calé, calmé. En deux mois il aura le temps de voir des dizaines de milliers de couleurs. De goûter des centaines d’infinité de saveurs. Il grandira de partout, il sera émouvant et ridiculement adorable dans toute son évolution de bambin et c’est ça, que je lui souhaite. Y’a rien qui ressemble de près ou de loin à des adieux, quand mes lèvres s’éparpillent sur son front. Personne n’est triste ici, pas quand il bave sur mon épaule et que je papillonne du bout des lèvres sur ses tempes. Il y a quelque chose de foncièrement rassurant dû au fait que je parte maintenant. Parce que je sais que lorsque je reviendrai on aura des dizaines d’histoires à se raconter, moi avec mes mots, lui avec ses grands yeux. Il aurait autant de paillettes dans ses sourires que j’en aurai dans les miens. La vie sera douce, parce que Sloan aura une maman qui s’aime autant qu’elle l’aime lui.
À l’étage, il n’y a qu’un faible faisceau de lumière qui se dégage de sous la porte de la chambre. Je ne dis pas notre, parce que bien avant aujourd’hui j’ai commencé à m’y égarer moins souvent. Les nuits sont courtes, presque complètement absentes depuis des semaines. Les nuits commencent à laisser mes orteils faire la course avec eux-mêmes entre les couvertures. Elles se poursuivent entre un livre et un autre entre les mains, amenés avec moi au salon, sur la terrasse. Elles dérivent à l’atelier et mes pieds nus avec, des toiles et des canevas et des dizaines de négatifs à développer, d’idées à peindre et à créer. Parfois, je finis par aller gratter quelques heures de sommeil lovée contre Noah dans son lit. À d’autres reprises, c’est dans la rocking chair que Auden déteste, placée toute en angle de la chambre de Sloan, que je finis par faire une tentative de sieste. Ce soir, une fois mon fils couché et le traditionnel texto de bonne nuit en emojis envoyé à Noah qui campe dans le salon d’Ezra, c’est devant la porte de la chambre, que je finis. Je sais même pas s’il y est. Pour le peu que je puisse savoir, Auden est peut-être même pas à la maison, envolé avant moi. Il l’a déjà fait, s’assurer de tourner le dos et de filer le premier, ramenant ainsi une quelconque forme d’équilibre que ce soit. J’ai dérivé à la douche. À mes doigts qui grattaient le bois d’une porte close se sont ajoutés mes pas en sens inverse, la salle de bain comme manière de relativiser un point final quand il en a probablement déjà apposé un. Je regrette pas mon choix, pas plus lorsque je file sous la douche, pas plus lorsque le jet d’eau bouillante me brûle la peau. Je regrette pas de vouloir aller à Sydney ni d’y avoir tenu à ce point, je regrette pas de m’écouter et de me permettre de faire ça. Il a pas le droit. Il a pas le droit d’agir comme il le fait, de me parler comme il le fait, de tenter de tout contrôler, comme il le fait. Il a pas le droit de vivre sa vie en entier en m’encourageant à faire de même avec la mienne, et de me retirer mes privilèges le jour où ça ne l’arrange pas. Tout est trop compliqué et quand je finis d’essorer mes mèches d’une serviette sèche qui sent bon l’eucalyptus, je peux jurer que voir mon reflet dans la glace embuée me donne le courage nécessaire de constater s’il est encore là, ou s’il n'est pas resté.
Auden dort peut-être, qui sait. Ma silhouette se faufile vraisemblablement sous les draps, ma tête aux couettes encore trempées se pose contre l’oreiller et je visse mes iris au plafond. Quand bien même la pièce est plongée dans l’obscurité, ce n’est pas une tentative de reprendre une conversation qui me donne l’impression d’être un dialogue de sourds, qui motive ma voix à s'élever dans la pièce. La raison derrière ce pourquoi je brise le silence, c’est simplement pour faire les choses bien, pour tenter de. Non Ginny. La raison pour laquelle tu brises le silence, c’est parce qu’il ne le fera jamais si t’oses pas la première. « Est-ce que tu veux savoir quand je partirai, ou je dis rien ? » c’est demain, c’est demain que je pars. Demain à huit heures tapantes, et quelque chose me dit que ces mots-là ne franchiront pas mes lèvres ni ce soir ni jamais. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23733 POINTS : 350 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Sam 24 Avr 2021, 11:30 | |
| J’ai l’impression qu’elle a entendu des centaines d’heures avant de revenir dans la chambre. Pour autant, je ne me fais pas de soucis pour Sloan. Ginny s’est sûrement occupée de lui à merveille et elle lui a susurré bien plus de mots en cinq minutes que nous n’en avons échangé en cinq jours. Le gamin (notre) gamin mérite de toute façon mieux et je n’ai pas le droit de le jalouser pour ça. Il a été voulu, espéré, attendu, il est impensable qu’aujourd’hui j’en vienne à regretter quoique ce soit qui se rapproche de près ou de loin à lui, pas même les instants partagés avec sa mère. Cette nuit en est encore un, j’imagine. A sa façon. Elle fait infiniment moins de bruits que d’habitude, elle n’allume pas sa lampe pour continuer à lire, elle n’a pas une idée soudaine à peine couchée dans le lit. Et moi, je ne dors pas. Il n’y a déjà plus rien qui ressemble à un quelconque d’habitude. L’air de déjà vu me prend à la gorge et la brûle, il tord les muscles de mes mains et les paralyse douloureusement. « Est-ce que tu veux savoir quand je partirai, ou je dis rien ? » Dis rien, Ginny. Même ça, t’aurais toujours pas dû le dire. J’ai toujours été la grande gueule de nous deux (et de n’importe quel groupe) mais elle est toujours la seule à parler, ces derniers temps. Elle dit n’importe quoi, certes, mais il n’y a que la douceur de sa voix qui occupe les murs de cette maison. La mienne, implacable, tente au maximum de ne pas aggraver une situation déjà au bord du gouffre. Ginny a perdu quelque part le ‘guide pour comprendre Auden’, elle ne sait déjà plus comment y faire. Après tout, il ne lui sera d’aucune utilité à Sydney et toujours pas à son retour non plus. Elle ne devrait pas partir mais son avis sur la question ne change pas, peu importe à quel point je m’y oppose, peu importe à quel point elle a pu lire entre les lignes de mon visage et de mon corps tout entier que cette décision me faisait (fait) mal.
Il y a pourtant des habitudes d’un siècle passé qui n’ont aucun mal à revenir et se faufiler, surtout pas alors qu’elle consiste en quelques gestes d’une simplicité absolue pour la plupart des gens. Son oreiller a eu le temps de sécher, ses cheveux tout autant. Elle sent les fruits et je sais que c’est une des dernières choses que je garderai en mémoire, ça, et le toucher de sa peau sous mes empreintes. Je suis pas le putain de genre de personne qui a besoin de se sentir aimé et tout le bordel, j’ai encore moins besoin qu’on vienne m’étreindre et surtout pas au milieu de la nuit alors que vous risquez surtout de vous prendre un coup de coude dans le nez. Mais là, juste là, tout est différent. A Berlin, tout était déjà différent. C’était notre lumière perdue au milieu du tunnel alors qu’aujourd’hui on s’apprête à retourner dans ce même tunnel, sans savoir si on retrouvera la sortie. Une part de moi n’en a même plus envie: elle a trop donné pendant trop longtemps, elle est fatiguée et éreintée. Elle se dit même que le jeu n’en vaut pas la chandelle, la conne. Tout ce dont j’ai besoin en cet instant, c’est d’oublier.
C’est aussi de faire comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait jamais eu le moindre problème. Ce sont mes mains qui viennent se poser contre ses hanches, mon visage contre sa nuque que j’embrasse. Depuis combien de temps est-ce que je n’ai pas embrassé ma femme, déjà? J’en sais rien et je n’ai pas envie de le savoir. “Je t’aime.” Ça non plus, ça ne changera pas. Ce n’est pas faute d’en avoir envie, parfois. Ces mots appartiennent au passé mais je suis incapable de les rayer de mon esprit. |
| | | | (#)Lun 26 Avr 2021, 23:49 | |
| “Je t’aime.” alors pourquoi on en est là ?
Il ne me donne pas le temps de rien, Auden. Pas le temps de dire à quelle heure je pars, pas le temps de ne pas le dire non plus. Quand je sens son souffle se casser contre ma peau, c’est le mien qui renchérit sur la sienne. Je ne sais pas où il était y’a une seconde de ça. J’ignore ce qu’on était aussi, mais ça c’est une autre histoire dès lors que mes doigts se chargent de faire la course avec eux-mêmes le long de sa colonne vertébrale. Sa chair est brûlante et la mienne est glacée, le contraste est à l’origine des frissons qui papillonnent de ma nuque à la sienne. La chorégraphie est apprise par cœur, mémorisée depuis des années parce qu’avant, c’était tout ce qu’il nous restait quand il partait ou quand c’était moi qui disparaissait. Y’avaient que les souvenirs et la nostalgie amère qui se chargeaient de nous rappeler qu’on avait eu le droit sans l’avoir à des moments comme ça. L’urgence, c’était l’urgence qui était devenue le moteur entre nous, l’urgence de se perdre, l’urgence de se retrouver. Maintenant que tout va bien et que tout est calmé, la seule urgence qui stagne c’est celle qu’on perde tout ce qu’on a construit. Est-ce qu’on a été stupides, est-ce qu’on a été naïfs ? Est-ce qu’on a bâti un royaume en entier sur des bases en papier de soie ?
Ma peau, c'est le papier de soie. C’est elle qui s’effrite des baisers qu’il y laissent, qu’il y perd, on perdra tout le temps du monde s’il s’est décrit comme ça. Lorsque mes ongles s’ancrent de la plus douce des manières à ses épaules, il n’y a plus de bague, il n’y a plus de Sydney. Il n’y a plus de calendrier et il n’y a plus rien, en dehors de la porte de la chambre. On est revenus en arrière, on a couru dans la même direction le plus loin possible de la ligne d’arrivée parce que passé le ruban ce qui se trouve de l’autre côté est horrible. Est ignoble. J’ai pas envie de gagner si ça veut dire que son parfum n’envahira plus mes narines. J’ai pas envie de courir si ça veut dire courir loin de lui.
« On oublie tout. » je t’aime et je t’aime encore, juste pour être sûre, juste pour y croire. Mes mots chuchotent partout sur sa peau, cherchent à réduire le peu de distance qui reste même alors qu'il n’y en a plus aucune et que j’étouffe, contre lui. Je n’étouffe pas, le mot est mal choisi, j’étouffais plus tôt, il m’étouffait et il le sait, même qu’il faisait peut-être exprès. J’ai oublié, ça, j’ai tout oublié et mes lèvres trouvent les siennes et ma bouche dessine celle sur laquelle il a craché tout le venin qu’il pouvait lâcher sur tout ça, sur moi. Même muet, il fait plus mal que qui que ce soit Auden. Mais rien ne fait mal, là de suite. Tout est à sa place, tout est là où il doit l’être, tout se résume en un souffle, « Y’a rien d’autre que… » et en une phrase qui ne veut rien dire mais qui dit tout. En suspens, et ma silhouette qui se confond à la sienne. |
| | | | | | | | clockscared (ginauden #106) |
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