« Non plus maintenant, elle s’est achetée une maison. » Oh, cool, et c’est comment dedans ? Cozy, mignon, adorable, tout blanc, bien rangé, bien propre, chiant à en mourir ? Autant dire qu’autant que tu sois concernée, tu t’en fiche qu’elle ait achetée une maison. Tant mieux pour elle. Au moins, ça signifie que l’appartement de Will est de nouveau safe pour y retourner et ça, c’est la seule information que t’enregistres. Tu t’étales pas sur le sujet parce que Will et toi savez à quel point tu as désapprouvé toutes les étapes de ses retrouvailles surprises avec Sofia et que ce n’est pas le moment d’en rajouter. Car apparemment, tu en as trop fait, t’en as trop dit, t’as laissé les paroles anodines pour toi mais importantes pour eux dépasser tes pensées volatiles et, pour des gars chill, ils ne le sont pas tant que ça. Et alors, qu’il a été cocu ? Et alors, qu’il pensait se prendre un pain dans la tronche ? Des détails, insignifiants, absurdes, dont tout le monde s’en fiche - et par tout le monde, tu penses à toi en priorité donc tu englobes naturellement l’humanité entière. Est-ce que cela empêchera l’épicier d’ouvrir son store demain ? Au sordide gamin de faire tout un raffut pas possible à sa génitrice parce qu’elle ne l’écoute pas ? Non et non, y a rien qui change, le monde continue de tourner, move on.
Mais non, eux ont plus conscience des tes propos et ils en ont plus touché que t’aurais pensé. Si t’avais prévu le début de tout ça, tu n’en avais planifié ni le milieu ni la fin. T’avais beau d’être faite mille et un scénarios en tête, t’avais aucune idée comment ça pouvait tourner. Tu n’es malheureusement pas magicienne et non, malgré ce que t’as pu faire croire dans le passé, tu ne lis pas dans les boules de cristal. Tu tires sur ton mégot avec énergie, les yeux naviguant sur les voitures, les façades, la poubelle matraquée non loin, les graffitis en hauteur, les gens marchant et se prélassant tranquillement. Tes doigts tapotent ton bras replié contre l’autre alors que t’essaie de rembobiner le tout pour tenter d’y comprendre quelque chose. T’es allée trop loin mais pourquoi ? Et surtout, en quel honneur tu te laisses submerger comme ça par les émotions alors qu’il t’en faut beaucoup plus pour te rendre aussi chafouine ? Tu t’adosses à un poteau en soupirant, en grimaçant aussi. Que Will et Jordan s’apprécient n’était pas ta priorité. Tout ce que tu voulais, c’était de prouver à Jordan qu’il pouvait te faire confiance, que la bague ne signifie rien hormis son affection débordante pour ton meilleur ami, la seule que t’es visiblement capable d’assumer. Avec Heather, ça ne c’était pas du tout passé comme ça, alors que la situation était beaucoup plus critique, alors qu’est-ce qui est différent cette fois ? Voilà ce qui arrive quand on ne planifie rien. Pour une fois, t’aurais dû parler, t’exprimer, expliquer à Will en amont la situation ; tu ne l’as pas fait parce qu’un, ça aurait bousillé la curiosité et deux, à quoi bon le prévenir avant quand on peut le faire en direct devant la personne concernée ? Au moins, Jordan a eu la réponse spontanée de son mari, il ne peut qu’en être rassuré - oui mais t’es partie comme une furie en les plantant tous les deux, pas certaine que Fisher s’en soit vraiment rassuré, de ça.
« Bon, allez ma licorne multicolore, si tu veux aller à cette soirée on va y aller, hein. » Le surnom te fait grogner alors que t’as encore ta clope au bec, presque finie, et t’allais pour prendre tes bonbons - parce que mine de rien, Will a un vrai talent pour appâter les gens avec la bouffe et que t’es sa proie la plus facile au monde de ce côté-là - que t’es coupée dans ton élan par un tronc bien plus grand qui vient t’engloutir complètement et te cacher de la face du monde. « Tout ça c’était une mauvaise idée… » T’as le réflexe de bouger le reste de ton mégot sur le côté alors que tu plaques ton visage contre son sweat dans un soupir las - ils font chier tous les deux, vraiment. Ils exploitent prodigieusement tes faiblesses alors que t’aurais bien continué à les détester un peu encore juste pour la forme. « J’ai plus envie d’aller à la soirée non plus. » C’est dommage qu’il te contrarie pas, ça t’aurais donné une raison de le repousser. T’aurais pu avoir une excuse pour tempêter comme t’aimerais, simplement pour te défouler, mais non. Faut que Jordan soit d’accord, qu’il cherche à t’apaiser à coup de caresses dans le dos et de baisers sur la tête, sans bouger d’un micro millimètre et, ugh, tu te laisses juste bercer parce que fuck it et fuck him. “Je sais que t’aimes pas les soirées, Will. Et puis, pour une fois, personne ne veut y aller, tu devrais être content.” Tu tournes quand même la tête pour t’adresser à ton mari tout en tendant une main, la libre, pour gigoter les doigts vers les paquets bien trop éloignés pour toi. “T’es pas obligé de rester. Personne n’est obligé de rester, d’ailleurs.” Même toi, tu peux prendre tes cliques et tes claques là maintenant tout de suite en partant avec pour seule compagnie tes bonbons. Et pourtant, tu restes plantée contre Jordan. “Je voulais juste que vous vous rencontrez, c’est tout.” La version officielle, c’est celle que Jordan et toi évoquez depuis le début. Si y a une version officieuse, il est certain que t’es pas prête à l’assumer ni même à la voir. Par contre, ce que tu réalises quand tu lèves la tête, c’est que t’as toujours pas embrassé Jordan depuis des semaines. Y aurait pas Will et la sensation d’être la bitch de service que t’aurais réglé ce problème à cette seconde près. Mais non. A la place, tu te retires gentiment de ses bras, t’écrases pour faire mourir ta cigarette contre le poteau et tu jettes la carcasse dans la poubelle non loin avant d’ouvrir ton paquet de bonbons. “Mais je compte pas rentrer non plus. Mason avait déjà un plan cul chez lui quand je suis partie, j’ai pas envie d’entendre ce qu’il se passe de l’autre côté du couloir.” que tu dis en grimaçant avant de fourrer une fraise dans ta bouche. “Enfin au moins, j’espère que t’es plus rassuré, Jordan, maintenant.” Rien que le fait que tu ne prends pas la peine de sortir des surnoms aussi ridicules qu’imaginatifs est le symbole même que t’es pas encore complètement remise. De quoi ? A définir plus tard, il faut croire. Mais t’espères que le grand blond ne va pas trouver ton comportement excessif ou, pire, flipper complètement et disparaître à tout jamais. T’as la sensation qu’il en serait capable, lui qui part des semaines consécutives déjà pour son travail très souvent. Un alibi parfait pour fuir, en somme.
Birdie part, elle disparait, elle quitte le magasin sans réelle explication, telle la dramaqueen qu’elle est. Non parce que soyons honnête et sérieux deux minutes ; Birdie, elle a peut-être une grande place dans ma vie et dans mon cœur mais niveau dramaqueen elle est à un niveau plutôt élevé. Moi aussi, vous dites ? Non, je ne vois pas de quoi vous parlez, mes réactions sont toujours appropriées et totalement justifiées. Jamais disproportionnées non plus, non. Mais Birdie est partie, me laissant en plan avec son sextoy. Même si après l’avoir vu avec Jordan je peux vous assurer qu’il est bien plus qu’un sextoy pour elle, mais elle s’en est pas encore rendue compte, elle est un peu longue à la détente, Birdie, il faut pas lui en vouloir pour ça.
Blasé, étonné, choqué, j’arpente les rayons avec Jordan dans le but de trouver de quoi amadouer ma meilleure amie. Et c’est franchement pas très compliqué, je sais très bien qu’en lui achetant environ un kilo de langues de chat et un autre kilo de fraises tagada je vais partiellement réussir à me la mettre en poche. Presque. Plus ou moins. Même si au fond je ne vois pas ce qu’on a fait de mal et ça serait presque à nous de nous rebeller. Elle nous a affiché. Surtout Jordan, le pauvre. « Une soirée. Deux soirées en fait. Ou même trois. Enfin… en soirée… » Une soirée ? Ou deux ? Ou trois ? C’est une réponse un peu étrange mais je ne lui en veux pas, je lâche même un petit rire amusé et je me contente de retenir qu’ils se sont rencontrés en soirée, je crois que c’est ça l’information principale. « Je suis désolé… » Je ne comprends même pas pourquoi il s’excuse alors je me retourne vers lui pour le regarder l’espace de quelques secondes avant de lui répondre. « Si tu commences à t’excuser à chaque fois que Birdie a une réaction bizarre, t’as pas fini. » Je lui assure en tapotant doucement son épaule de manière amicale et même presque compatissante. Presque, oui.
Tous les deux dehors avec notre dramaqueen préférée, le câlin que lui fait Jordan frôle l’abus. Sérieux, c’était vraiment utile ça ? La dernière fois qu’ils se sont vus c’était il y a littéralement cinq minutes et certes, Birdie nous a tous les deux laissé bien perplexes en nous quittant comme ça mais quand même. Je me sens presque de trop là, comme un con avec mes paquets de bonbons. Je lève les yeux au ciel tout en soupirant. « Y a un hôtel pas loin, hein. Si vous voulez je vous paie une chambre. » Oui parce que les baisers et les caresses c’est bien mignon deux minutes – non – mais là, c’en devient presque gênant. “Je sais que t’aimes pas les soirées, Will. Et puis, pour une fois, personne ne veut y aller, tu devrais être content.” Mouais. Content. C’est vite dit. Je ne bouge pas d’un centimètre et je suis toujours droit comme un piquet sauf que je lui donne les paquets de bonbons quand elle a enfin fini les bisous les caresses et les câlins avec son mec. “T’es pas obligé de rester. Personne n’est obligé de rester, d’ailleurs.” Je regarde un peu autour de nous tout en lui répondant presque au tac-au-tac. « Ouais, bah je vais sûrement vous laisser tous les deux de toute façon c’est sûrement mieux comme ça. » Il y a pas de méchanceté ou encore moins de rancunes c’est juste un constat qui me semble assez correct. Et on va pas se mentir c’est certainement ce que tout le monde veut et s’ils passent la soirée collés l’un à l’autre comme ils le sont depuis – presque tout à l’heure, je ne sers pas à grand-chose. À part faire le clown de service. “Je voulais juste que vous vous rencontrez, c’est tout.” Oui et d’ailleurs pourquoi, Birdie ? Moi je sais pourquoi. Je sais pourquoi elle tenait tant à me présenter Jordan, mais elle n’est pas prête à s’en rendre compte ou à l’assumer. Elle l’aime bien, Jordan. Oh que oui. Il m’a suffi de la voir vingt minutes avec lui pour m’en rendre compte. Je la connais, Birdie, par cœur, depuis qu’on portait des couches. Elle est presque mignonne leur petite histoire parce qu’aucun des deux ne semble se rendre compte qu’ils sont – en train ? – se développer des sentiments l’un pour l’autre alors que jeez ça crève les yeux. “Mais je compte pas rentrer non plus. Mason avait déjà un plan cul chez lui quand je suis partie, j’ai pas envie d’entendre ce qu’il se passe de l’autre côté du couloir. ” Il y a aussi une grimace sur mon visage. C’est quoi ce délire avec les plans cul sérieux ? Je suis le seul à ne pas en avoir ? “Enfin au moins, j’espère que t’es plus rassuré, Jordan, maintenant.” « T’aurais pu lui dire que je le frapperais pas et que je suis cool, franchement t’abuses. » Oui, on me dit souvent que je devrais apprendre à la fermer, mais de toute façon je ne compte pas rester encore très longtemps. Ils ont clairement envie d’être seuls.
« Y a un hôtel pas loin, hein. Si vous voulez je vous paie une chambre. » Tu n’as pas l’impression que ce que cette étreinte soit autant indécente mais tu comprends que Will est du genre sensible quand il s’agit de Birdie et des effusions. Malaise? Tu te demandes si c’est chose rare que Birdie soit aussi proche de quelqu’un sous ses yeux. Loin de toi l’idée de surenchérir à sa phrase. Le silence est ton allié là. Assez de connerie ont été dites. Tu veux minimiser les malaises. Birdie n’a pas l’air de se plaindre du contact et c’est bien là le plus important au fond. “Je sais que t’aimes pas les soirées, Will. Et puis, pour une fois, personne ne veut y aller, tu devrais être content. T’es pas obligé de rester. Personne n’est obligé de rester, d’ailleurs.” Qu’elle annonce grand seigneur alors qu’elle commence à manger des sucreries. « Ouais, bah je vais sûrement vous laisser tous les deux de toute façon c’est sûrement mieux comme ça. » Il est vrai que s’il est mal à l’aise juste pour ça, il y a des chances que ça aille crescendo si soirée il y a. Pas que tu ne puisses pas enlever tes mains de Birdie mais elle a beaucoup de mal de son côté - et t’en es bien content. “Je voulais juste que vous vous rencontrez, c’est tout.” Tu es surpris de l’entendre. A la base c’est toi qui voulait le rencontrer mais elle met le tout sur ses épaules. Voilà pourquoi elle a accepté en fait. Bien sûr. Birdie a été si encline parce qu’elle le voulait elle avant tout. Tu trouves ça assez curieux mais en même temps t’es très touché qu’elle ait voulu te présenter son mari. Elle se défait de toi pour aller écraser sa cigarette qu’elle a gentiment pas laisser brûler sur ton hoodie. Tu restes silencieux parce que, tout ça reste assez étrange comme moment et tu veux pas avouer que tu préfères aussi passer la soirée avec Birdie comme cela a été suggéré. “Mais je compte pas rentrer non plus. Mason avait déjà un plan cul chez lui quand je suis partie, j’ai pas envie d’entendre ce qu’il se passe de l’autre côté du couloir. ” On peut arranger ça. Tu le penses mais tu ne le dis pas. L’idée de faire la compétition avec ce Mason est pourtant bien tentante.
“Enfin au moins, j’espère que t’es plus rassuré, Jordan, maintenant.” Qu’elle ajoute en mangeant des fraises. Tu te contentes d’hocher la tête. « T’aurais pu lui dire que je le frapperais pas et que je suis cool, franchement t’abuses. » Tu te mordilles la lèvre. « Elle l’avait dit mais… J’étais curieux de rencontrer le mari. » Tu dis ça comme si c’était une chose exceptionnelle. Ca l’est. Birdie n’a pas l’air d’être de celles qui se marie et pourtant voilà qu’elle l’est. « Je kiffe que tu aies pris son nom de famille. » Que tu ajoutes sans vraiment y penser. C’est un détail qui t’a beaucoup plu quand tu l’as appris et t’aimes souligner ce genre de chose aux gens. Juste parce que ça fait du bien les compliments sincères. Surtout que tu te sens bien mieux de savoir que la suite de la soirée va être en duo visiblement. Tu vas piquer une fraise également parce que vos chemins vont se séparer et que tu n’en as pas chez toi. Car oui, tu visualises bien la fin de la soirée avec Birdie entre tes murs.
« Y a un hôtel pas loin, hein. Si vous voulez je vous paie une chambre. » “La suite royale avec la bouffe et le bar à volonté, spa et tout le bazar ?” Parce que ça, la princesse Cadburry ne dirait pas non, en tout état de cause. Elle aurait presque envie de répliquer que ça tombe bien car Jordan et elle ont des semaines de rattrapage à faire mais il est clair que ce n’est pas le message que Will veut faire passer. Pourquoi, il devrait avoir l’habitude des effusions de sa femme et il pourrait même constater quand même que les deux autres sont plutôt sages ; du point de vue de la blonde, en tout cas, elle qui ne fait que de rester dans ses bras, il n’y a rien de très alarmant. Mais comme elle aime son meilleur ami plus que n’importe qui sur terre, Birdie ne réplique rien en ce sens. Elle ne cherche même plus à comprendre le pourquoi du comment, de toute façon, l’espèce humaine étant bien compliquée par moment. « Ouais, bah je vais sûrement vous laisser tous les deux de toute façon c’est sûrement mieux comme ça. » Il a l’air direct et presque froid, la jolie blonde fronce les sourcils d’incompréhension. Elle pourrait presque croire que c’est lui qui lui en veut alors qu’à la base, c’est elle qui est fâchée contre lui - mais il faut croire que les sucreries restent une valeur sûre pour apaiser la frustration de ses états d’âmes face à une situation qui a totalement échappé à son contrôle. “Okay.” qu’elle répond sur le même ton que lui et, not again. C’est parfois hallucinant de comprendre comment ils ont pu rester amis aussi longtemps sur la durée quand chaque conversation peut tourner en dispute à la moindre occasion. C’est sûrement la preuve de la solidité de leur amitié, ceci dit. Imparfaite dans sa perfection. « T’aurais pu lui dire que je le frapperais pas et que je suis cool, franchement t’abuses. » Elle allait pour protester mais- « Elle l’avait dit mais… J’étais curieux de rencontrer le mari. » Mmh, elle préfère. Elle regarde Will en mode “fuck you” de Lily Allen tout en lui tirant la langue. Evidemment qu’elle avait prévenu Jordan, elle s’en était même moquée mais ce n’est pas de sa faute si Jordan a douté d’elle - même si au final, ça ne l’a pas empêché de continuer à la fréquenter pour des scènes qui sont allées bien au-delà de baisers.
« Je kiffe que tu aies pris son nom de famille. » “Il faut vivre avec ton temps.” qu’elle conclut le sujet en picorant une fraise. “Et puis, c’est un Cadburry de sang. Rien de plus naturel.” Vraiment, il n’y a aucun souci nulle part. Non seulement cela lui a amené une jolie bague à son doigt, mais en plus elle peut faire fuir les lourds dont elle ne souhaite pas la présence tout comme attiser ceux qui veulent jouer avec le feu. Et elle peut même prétendre qu’elle est mariée à Jordan pour avoir des entrées gratuites au parc d’attraction. Il n’y a rien de plus bénéfique comme situation. Birdie soupire légèrement avant de lâcher Jordan pour aller prendre Will dans ses bras. “On te raccompagne, mon soleil de guimauve.” Il est venu jusque là avec elle donc il rentrera avec la surveillance de sa femme que rien ne lui arrive. Will reste important, après tout, et c’est une façon comme une autre de lui montrer qu’elle est désolée. Et puis, dix minutes de trajet pour une soirée avec Jordan, le calcul est vite fait ; tout le monde y trouve son compte.