2010, Melbourne Ca fait quelques mois que Birdie est la troisième personne vivant sous ce toit. Vraiment t’as aucun soucis avec ça, c’est même totalement inespéré qu’elle reste aussi longtemps. Tu pensais pas et tu te doutes bien que ça doit pas être très joli à Brisbane pour qu’elle soit toujours à Melbourne et pas là bas. Mais c’est tout autant de moments où tu l’as que pour toi - ok et pour Johnny aussi. Johnny est un gars bien et tu as toute confiance en lui. Tu le connais depuis avant que tu te bouges ici, c’est grâce à lui que tu es à présent dans un groupe de musique. C’est grâce à ce groupe que tu t’exprimes sur bien des choses sans en parler directement et ça fait un bien fou ça. Tu pensais pas que ta vie tournerait de la sorte mais faut croire que tu t’en sors pas si mal. En plus tes parents désapprouve complètement. T’es peut être plus en couple avec Naomi - ce qu’ils désapprouvaient avec force - mais au moins t’as encore de quoi les faire chier avec tes choix de vie. La technique passive agressive c’est ta préféré parce que tu n’oses pas les affronter directement. T’es bien mieux quand tu ne leurs parles pas du tout même si là, tu fais un minimum parce que c’est eux qui remplissent ton compte en banque.
Vous avez joué dans un bar la veille, tu as bu énormément. Tellement que tu t’es cru invincible et t’es parti avec une fille qui te faisait les yeux doux toute la soirée. Elle a fait tout le travail, te t’adresser la parole, te filer encore quelques verres, t’embrasser en premier aussi. Y’a toujours tellement de choses qui se passent dans ta tête dans ces moments là qui sont vraiment très rare. Ce soir là tu t’es laissé entrainer et voilà qu’il est près de 9h quand tu mets les pieds chez toi. Tu es déjà en train d’enlever tes chaussures à peine la porte passée. Tu sais que tout le monde a bien fêté hier, ils étaient tous là. Tu vas directement dans la salle de bain sans déranger personne, laissant le silence de l’appartement régner. T’es d’ailleurs content d’avoir vu en un clin d’oeil que personne n’a l’air de dormir sur le canapé. Aucun de vos potes n’a fini la soirée ici. Tu te prends une bonne douche avant de retourner dans ta chambre, en serviette, sans faire de bruit car Birdie est sûrement en train de dormir. Tu laisses ta serviette tomber au sol quand tu enfiles un boxers, toi face à ton armoire. Tu vas ensuite te glisser dans ton lit, dans ta couette chaude de la présence de Birdie.
C’est brinquebalant. Pas l’appartement, pas les gens autour, juste ton existence entière. T’es encore au stade où t’angoisses de sortir toute seule, où tu n’es pas bien si tu laisses trop tes pensées t’envahir, où chaque douche est une épreuve ; les traces ont peut-être disparu, la coloration de ta peau est redevenue normale il y a des mois de cela et pourtant, t’as toujours la sensation qui reste là où t’as été agrippé, touché, malmené. T’as confiance en Asher, t’essaies d’avoir autant confiance en ses gars, en ses amis, en Johnny notamment qui habite le même toit. Il y a encore du chemin à parcourir, clairement. Mais tu fais des efforts, tu te plonges totalement dans l’univers d’Asher pour oublier le tien et c’est un train de vie qui te plaît malgré la grande inconnue que c’est. Heureusement que tu n’as pas de problèmes pour l’improvisation et encore moins d’adaptation ; t’es pire qu’un caméléon.
La veille, le groupe a joué, tu les as évidemment accompagné et c’est avec un regard absolument pas discret que t’as observé le manège d’une fille qui tournait autour d’Asher. T’es pas jalouse, loin de là, mais t’as toujours le sentiment que quelque chose va s’abattre sur lui si jamais il se laisse charmer par la mauvaise personne. Un cas de conscience que tu n’as plus quand il déguerpit des lieux, du bar et que tu râles, des paquets de minutes après, quand t’es dans son lit. T’aimes pas être seule. T’aimes pas entendre les battements de ton coeur qui bourdonnent jusqu’à tes oreilles. L’absence de la présence d’Asher, de son soupir endormi, de sa silhouette que tu peux étouffer de tes membres laisse beaucoup trop de place à une quiétude que t’as toujours eu en horreur. Encore plus maintenant. T’as tourné beaucoup trop dans le lit, le sien, trop froid, trop calme, trop différent, et t’as râlé, t’as maudit le Buckley d’être aussi faible que son frère, de courir après de la première paire de sourcils au mascara trop criard - okay, t’es pas très fair, Birdie. Tu ne l’as jamais été. Mais encore moins quand tu dois te contenter de lui voler son oreiller pour t’en faire une pâle copie contre toi, que tu entoures de tes bras et que tu sers bien trop fort ; si t’espères étouffer tes pensées en même temps, c’est raté. Parce qu’elles viennent, les sournoises. Elles virevoltent, elles s’abreuvent de ta solitude et tu finis par trouver le sommeil bien trop tard dans la nuit - ou bien trop tôt dans la matinée.
Alors quand tu sens le lit bouger, t’ouvres même pas les yeux. T’attends ce qui te semble être cinq minutes avant de te retourner et d’enfouir ton museau dans le creux de son épaule, un soupir simple lâché. T’es à Melbourne, y a Asher, tout va mieux. Y a plus qu’à espérer que ça ira encore mieux demain.
Demain qui arrive rapidement, vers midi parce que t’avais foutu un réveil - au cas où - sur ton téléphone et que celui-ci se rappelle joyeusement à toi. “Shit.” Tu grommelles, tu tends la main pour tâter et trouver ton cellulaire, ouvrant un œil pour désactiver ce foutu réveil avant de te retourner sur le dos dans un soupir las. “Désolé. J’avais oublié que j’avais mis un réveil.” T’as été bien trop occupée à te meurtrir le cerveau - mmh. “La nuit a été bonne ?” T’essaie de ne pas être trop amère mais la tienne ne l’a pas franchement été et il est à blâmer - Birdie. T’es vraiment qu’une idiote.
Soit elle ne dormait pas, soit tu l’as réveillé, mais dans tous les cas, elle ne se plaint pas et se cale contre toi. Tu passes ton bras autour d’elle, comme tu le fais tous les soirs, toutes les nuits. Tu vas être bien triste quand elle repartira, car elle repartira, et tu seras de nouveau complètement seul au monde. Un monde meilleur que celui de Brisbane, certes, mais t’as l’impression qu’à un certain niveau c’est Birdie et toi contre le reste du monde. T’as besoin de chaleur humaine et de tendresse bien plus que tu ne l’avoueras jamais. Et elle te donne ça sans que tu demandes rien du tout. Tu t’endors en un temps record.
Un alarme te réveille. “Shit.” Tu te demandes si elle doit aller quelque part. T’es généralement au courant de ce qu’elle fait sans que tu demandes rien et tu ne te souviens pas de quoi aujourd’hui. Mais vu la grosse soirée de la veille, ça ne t’étonne pas si t’as oublié. Tu ouvres les yeux, tournes la tête vers elle. La lumière du jour qui entre dans ta chambre car il fait bien jour dehors et tes rideaux ne rendent pas la pièce dans le noir total. “Désolé. J’avais oublié que j’avais mis un réveil.” Tu sais toi par contre que tu n’as rien de prévu aujourd’hui alors tu n’as que faire de savoir quel heure il peut bien se faire. Tu te frottes les yeux, t’étirant un peu.
“La nuit a été bonne ?” Deux options s’offrent à toi. Dire la vérité et ne pas dire la vérité. « Hmmm… Toi ? » Et tu décides d’aller sur une troisième option, tu es vraiment exceptionnel Asher. Ni bonne ni mauvaise donc la nuit ? Je crois. En fait elle prendra la réponse qu'elle veut car ton hmm peut vouloir tout dire. Tu tournes la tête vers Birdie. « Tu dois aller quelque part ? Je t’ai utilisé comme excuse pour esquiver un truc aujourd’hui, alors si on te demande, j’étais avec toi. » C’est l’excuse que tu as donné à Bonnie, la fille d’hier, quand elle a vraiment voulu que tu restes pour la journée en plus de la nuit. T’as pas du tout mauvaise conscience de lui avoir menti, mais en même temps, c’était un plan qui te plaisait, passer la journée avec le petit oiseau qui est dans ton lit en ce moment même. Tu vois sûrement trop loin à lui dire de rester cohérente avec ton alibi mais la meuf avait l’air de s’accrocher bien trop à toi. Tu ne serais pas étonné qu’elle trouve où tu habites.
Tu bouges un peu plus et y a du mouvement à côté aussi ; le réveil a fait un peu trop bien son travail et t’es presque dépitée qu’Asher n’est pas pu profiter d’une bonne grasse matinée après l’énergie de la veille et nocturne aussi, à en juger par l’heure de son retour et le parfum féminin qui flotte dans l’air, et qui n’est pas du tout le sien. Tu ne vas pas le blâmer de profiter, de sa jeunesse, de son pouvoir de séduction naturel qui vient des gènes et encore moins de l’attrait de l’artiste qui monte qu’il est. Mais t’espères quand même qu’il est prudent et qu’il fait gaffe de qui il s’entiche. T’es bien placée pour savoir qu’une femme peut vite se monter des scénarii en tête et devenir complètement dingue sans qu’on s’en aperçoive ; il ne manquerait plus que le Buckley se retrouve avec des groupies insupportables collées aux chevilles par-dessus le marché.
« Hmmm… Toi ? » Il ne répond pas vraiment mais t’es pas vraiment surprise. Depuis quand Asher sait faire une réponse droite et cohérente de toute façon ? Il connaît bien trop les chemins de traverse mais vu qu’il est rentré tard, qu’il n’a pas de marque quelconque sur le visage et qu’il a l’air d’avoir bien dormi, la nuit a dû être bonne, effectivement. “J’ai pas traîné donc plutôt ennuyante.” T’avais pas envie, pas hier soir, tout comme les autres soirs d’avant. T’as perdu ton attrait pour la fête et tu ne laisses personne t’approcher - même les membres du groupe d’Asher savent que tu peux sursauter et être en mode furie instantanée si jamais tu es prise par surprise. Donc tu n’as aucune raison de rester à traîner dans les environs, surtout pour sentir des corps se coller à toi alors que non, merci, restez loin de moi pour l’instant. « Tu dois aller quelque part ? Je t’ai utilisé comme excuse pour esquiver un truc aujourd’hui, alors si on te demande, j’étais avec toi. » Tu tournes la tête en jumelage avec la sienne et t’éclate de rire tout en pivotant le reste de ton corps vers Buckley junior. “T’as tiré ton coup, elle a voulu que tu restes et tu as utilisé une autre fille pour lui mettre un stop, c’est ça ?” Il n’est pas un Buckley pour rien, il faut croire. “Et on est censé faire quoi, du coup ? T’es allé dans les détails ou pas ? C’est vraiment moche, le mensonge, Ashie, tu le sais. T’iras en enfer pour ça.” Mais il doit sûrement penser qu’il y est déjà, le connaissant. “Elle l’a pas mal pris ?” Un coup d’un soir qui prendrait mal ce genre d’arguments, c’est totalement le genre qu’il faut éviter pour la suite des évènements. “Et non, je n’ai nulle part où aller. J’ai juste mis une alarme au cas où.” Qu’Asher ne soit pas encore entré et que tu te mettes à paniquer, en somme. Mais maintenant, il est bien là et t’auras pas besoin de t’inquiéter, c’est une très bonne chose. “Je ne représente que ça pour toi, alors, mon abricot rosé. Un alibi. Je suis blessée.” Autant que tu peux l’être en faisant ta dramaqueen.
“J’ai pas traîné donc plutôt ennuyante.” Hmm. T’aimes pas que Birdie s’ennuie. T’aimes pas non plus que tu aurais préféré passer la soirée avec elle qu’avec l’autre en plus. Tu te sens bête de t’être laisser enrôlé, mais l’alcool et la pression que tu te mets tout seul dans ta tête, ça fait pas bon ménage. Au moins tu la fais rire avec ta connerie. Tu préfères la voir comme ça. En plus elle se tourne vers toi. “T’as tiré ton coup, elle a voulu que tu restes et tu as utilisé une autre fille pour lui mettre un stop, c’est ça ?” Oh fuck. Pourquoi elle est obligé de toucher dans le mil comme ça ? Tu roules les yeux pour toute réaction. Tu tentes de faire le type outré qu’elle puisse soupçonner ça alors que… c’est exactement ça. “Et on est censé faire quoi, du coup ? T’es allé dans les détails ou pas ? C’est vraiment moche, le mensonge, Ashie, tu le sais. T’iras en enfer pour ça.” Tu roules des yeux une nouvelle fois.
“Elle l’a pas mal pris ?” « Je crois pas. »
Ca t’énerves qu’elle soit si sûr alors que t’as rien dit pour incliner dans cette direction. Pourquoi t’es si perspicace Birdie? C’est pour ça que tu finis par lui confirmer sans tous ces mots, qu’elle a vu juste. “Et non, je n’ai nulle part où aller. J’ai juste mis une alarme au cas où.” Tu hoches la tête. « Au cas où fallait venir me sauver. » Tu n’en imaginais pas moins venant de Birdie. Elle est très maternelle avec toi. C’est d’ailleurs ce qui fait que votre relation est si parfaite. Elle ne veut pas te sauter dessus elle. “Je ne représente que ça pour toi, alors, mon abricot rosé. Un alibi. Je suis blessée.” Elle te fait sourire avec son petit cinéma. « Nan t’es plus que ça… » T’es redevenu sérieux deux secondes avant de reprendre avec un air de petit con sur les lèvres. « T’es aussi un super chauffage. » Tu dis ça en te rapprochant d’elle sous la couette. Il fait super froid à Melbourne contrairement à Brisbane, la chaleur humaine la nuit n’est pas négligeable. Tu te marres en l’emprisonnant dans tes bras. Vous faites peut être quasi la même taille, mais t’as un peu plus de force qu’elle et il est très facile de la maintenir. T’es pas encore giga réveillé du coup tu cherches pas à l’embêter physiquement plus. Tu préfères la garder contre toi - de force oui oui.
« Je crois pas. » Tu hoches la tête. “J’espère pour toi. T’as pas besoin de groupies étouffantes. Tu m’as déjà moi pour ça.” que tu ajoutes avec un sourire amusé non dissimulé, parce que t’es pire qu’étouffante par moment. T’as juste la sensation qu’Asher vit pour toi, il vit pour deux, tu vis au rythme de ses concerts, sous le joug de sa maisonnée, entourée de ses amis, de son groupe, de son cercle. T’es l’intruse, celle qui s’est incrustée absolument partout ; donc forcément, en guise de vie par procuration, il n’y a pas mieux que ce qu’il se passe depuis quelques mois. Même si tu n’es pas une groupie, le terme te fait rire tellement qu’il est loin de la réalité.
« Au cas où fallait venir me sauver. » Le petit con. Depuis quand il peut lire ton esprit comme ça ? Tu fais la moue mais ça ne dure pas bien longtemps parce que tu soupires et que tu lèves les yeux sur le plafond. “Prudence est mère de sûreté.” C’est la seule chose que t’es capable de donner. Une sorte de justification qui n’en est pas vraiment une. T’as pas besoin de te justifier, de toute façon. T’es juste prévoyante et prévenante, voilà tout. Et puis, les filles qui ne voient ton ami que comme une espèce rare à aller conquérir, non, tu refuses catégoriquement que cela prennent des proportions hallucinantes. Même si t’as aussi consciente que non, Asher ne te foutra pas sur le banc de touche demain. Qu’importe les filles qu’il voit, il n’a pas l’air de vouloir faire durer les relations. Ce qui te convient très bien. « Nan t’es plus que ça… T’es aussi un super chauffage. » Le petit con bis alors qu’il vient se coller en te prenant dans ses bras. Pour la forme, tu te débats quand même un peu en le traitant joyeusement d’être un joli “enfoiré” mais Asher ne joue pas beaucoup le jeu en retour alors tu finis par lâcher prise et le laisser faire. Dans un soupir parce que vraiment, “je suis plus que blessée. Je suis outrée. Même si je comprends mieux pourquoi tu me laisses squatter dans ton lit.” Tu recules ta tête, une main sur son épaule, pour le regarder droit dans ses prunelles encore ensommeillées. “Je suis pourtant sûre que la fille de la nuit dernière aurait brûlé père et mère pour te réchauffer.” L’arcade qui se soulève avec le petit sourire de coin ; tu sais pourquoi Asher l’a abandonné, pour les mêmes raisons que toutes celles d’avant. Mais cela ne t’empêche pas de t’en amuser, bien au contraire. Car ça prouve que c’est différent avec toi et c’est bien connu que Birdie Cadburry adore avoir l’exclusivité.
“J’espère pour toi. T’as pas besoin de groupies étouffantes. Tu m’as déjà moi pour ça.” En plus tu sais bien le fonctionnement de Birdie contrairement à toutes ces autres filles qui ne t’intéressent même pas avec leurs personnalités. T’es juste sûr qu’elles vont parler de votre moments à vos potes respectifs et ça fera parler de toi en bien si tu peux formuler ça comme ça. Tout n’est que stratégie de ce côté là. Tu te penses tranquille quelques semaines, peut être mêmes mois. T’as pas envie que tes potes commencent à se demander pourquoi t’as pas encore trouvé de copine. T’esquives toujours la réponse mais ça revient quand eux racontent leurs ébats régulièrement. Alors tu bois pour faire n’importe quoi sans aucune répercussion logique car quand tu bois, tu te laisses le droit à tout. A ne rien leur donner surtout comme explication sur ta vie. Tu ne la comprends pas toi même.
Elle lit en toi mais l’inverse est aussi vraie et ça la fait chier, t’en es bien content. “Prudence est mère de sûreté.” Et tu lui en es très reconnaissant d’être si attentive à ta personne, même si tu ne le lui dis jamais. Elle sait. Vous vous connaissez trop bien tous les deux. D’ailleurs elle l’avait sûrement vu venir ton petit coup puéril là. “enfoiré” La bataille n’est que de courte durée. Il est trop tôt pour ces conneries. T’es bien calé dans ton lit avec elle si proche. “je suis plus que blessée. Je suis outrée. Même si je comprends mieux pourquoi tu me laisses squatter dans ton lit.” Tu hoches la tête l’air de confirmer ses propos. Ses yeux qui se plantent dans les tiens. “Je suis pourtant sûre que la fille de la nuit dernière aurait brûlé père et mère pour te réchauffer.” Un bref rire sort franchement de tes lèvres. « Si elle veut aller brûler les miens au passage je lui filerai l’adresse. » Oh t’es savage Asher et t’es même pas désolé. Ta vie ici est tellement mieux loin d’eux. T’es super ingrat quand on sait qu’ils paient pour tout. Si ils meurent j’aurai des sous. Dans la logique oui. Mais dans la logique ton père n’est pas un vieux con homophobe aussi parce qu’il est sensé aimé son prochain quoi qu’il arrive. Aimer son fils. Mais tu n’es pas sûr qu’il en soit capable. « On reste dans le lit toute la journée ? » Que tu proposes. Ça ne serait pas la première fois. Vous êtes deux loques Birdie et toi. Deux personnes profondément dépressive mais qui savent cacher les apparences. Tu as réellement envie de rien faire. Tu te sens pas top de la nuit que tu viens de passer. « J’ai encore sommeil. » Une façon de justifier comme si tu avais une bonne raison de vouloir rester dans le lit. Un besoin physique et pas psychologique. Tu es déjà en train de fermer les yeux, tu fais l’acteur un peu mais pas tant que ça en fait.
Il a découché, le gamin, et tu sais assez ce qui arrive quand il découche. Cela ne te plaît pas forcément parce que la proie a été trop facile. Une groupie, le pire fléau de l’univers. Les Buckley te donnent de quoi te rendre dingues avec ces filles qui seraient prêtes à vendre âme et corps pour avoir ne serait-ce qu’un minimum de leur attention. Aucune fierté, aucun respect pour elle-même. Tu n’apprécies pas vraiment qu’Asher en profite non plus mais ça, ce n’est pas de ton ressort. Il mérite de s’amuser aussi - il n’est pas aussi imbus que Dan, même si son comportement peut être aussi douteux envers ses conquêtes que son aîné. Mais encore une fois, c’est aux risques et périls des filles en question qui ne se font passer pour plus cruches qu’elles ne doivent l’être dans la réalité.
« Si elle veut aller brûler les miens au passage je lui filerai l’adresse. » Tu lâches un rire malgré le fait que la situation familiale des Buckley est plus triste à tes yeux qu’autre chose. Ta famille est tellement tout pour toi que voir celle de tes amis proches se déchirer de la sorte te brise un coeur qui ne paraît pas si émotif aux premiers coups d’oeil. C’est que tu peux être empathique quand tu le veux, encore plus quand tu décrètes que les problèmes des autres sont un bon échappatoire pour oublier les tiens, les mettre de côté ; ce n’est pas la meilleure des techniques, mais elle te convient parfaitement. “L’appât de l’héritage, c’est moche.” Tu ne cherches pas à le reprendre sur ses mots ; tu es bien placée pour savoir toute la rancœur qu’Asher a envers ses géniteurs, inutile de débattre sur un sujet pareil, encore moins au lever.
« On reste dans le lit toute la journée ? » Tu te camoufles dans ses bras, la tête à moitié dans l’oreiller et contre lui tout en hochant la tête. « J’ai encore sommeil. » Tu souris légèrement alors que tes yeux sont déjà fermés. “T’es pas obligé de prétendre avec moi.” Il n’y a pas besoin d’excuse ou de faux semblant entre vous. Vous parlez beaucoup pour ne rien dire, il faut l’avouer. Ni l’un ni l’autre ne se confie sur ses états d’âme, les réels, les profonds, mais vous semblez quand même vous comprendre dans votre mal-être. L’autre n’est pas au meilleur de sa forme et vous le ressentez. Tes jambes se collent aux siennes - parce que c’est un bon chauffage aussi. “On peut rester au lit et regarder un truc. Ou plusieurs. T’es attendu quelque part, aujourd’hui ?” Entendre là s’il a une représentation prévue plus tard dans la journée, dans la soirée. S’il faudra que vous bougiez ou pas. Tu préfères le savoir d’avance. Histoire de te préparer psychologiquement.
Ta boutade fait rire Birdie et ça entraine une plus grande longévité de ton sourire sur ton beau visage. “L’appât de l’héritage, c’est moche.” Tu hausses une épaule avec un air qui veut dire ‘not sorry’. Tu sais que tu ne l’emporteras pas au paradis de dire autant de saleté sur tes parents mais tu ne penses pas finir au paradis dans tous les cas. Alors un peu plus ou un peu moins… Tu n’en as que faire. Tu proposes de rester dans le lit pour de très longues heures à venir et elle fait oui de la tête. Calés l’un contre l’autre. T’as l’impression que Birdie est une des rares qui te comprenne vraiment. Elle et Naomi si tu cites toute la très courte liste. Penny, ta petite soeur, c’est encore autre chose car tu lui caches bien que tout n’est pas rose dans ta petite tête de blondinet d’un mètre soixante dix. Parait que ça va être ta taille définitive car parait que ta croissance est terminée depuis quelques années déjà. Parait que ça te fait un peu chier aussi mais parait que tu fais genre que non dans tous les cas. C’est juste fatigant qu’il n’y ait pas grand chose que tu aimes chez toi Asher dans le fond. Tu t’aimes bien mieux quand tu bois, quand tu chantes, quand t’es sur scène, quand t’écris tes pensées, quand on te dit que c’est pas si nul aussi, quand ça finit par être de vraies chansons. Ta vie d’ici en somme. C’est la meilleure partie de toi et tu apprécies de partager un bout de ce chemin avec Birdie. Tu t’es habitué facilement à sa présence et tu aurais bien envie qu’elle reste pour toute la vie. “T’es pas obligé de prétendre avec moi.” Tu sais. Mais tu sais pas faire non plus. Etre dans le déni c’est plus simple. Elle comprend de toute façon. Elle mélange vos jambes ensembles et tu apprécies la sensation.
“On peut rester au lit et regarder un truc. Ou plusieurs. T’es attendu quelque part, aujourd’hui ?” Tu fais non de la tête pour sa dernière question. « On peut regarder un truc ouais. » Tant que vous bougez pas du lit, vous pouvez bien faire tout ce qu’elle veut. Ca te fait un bien fou d’être dans ses bras. Tu découches peut être quelques fois oui, mais c’est la Cadburry qui remplie tes batteries de tendresses. Tu donnes pas ça à n’importe qui. Encore moins à la première venue. « J’ai quelques films sur l’ordi. » T’as aussi quelques porno sur l’ordi qui restent bien caché dans des sous dossier de sous dossier de sous dossier. Tu habites dans une autre ville, à des milliers de kilomètres de ta famille et absolument personne ne peut mettre la main sur ton ordinateur mais quand même, t’as honte de ça. T’as honte de toi. « Pas Hocus Pocus s’te plait. Ni Harry Potter. » Vous les avez regardés beaucoup trop de fois déjà. La vérité c'est que tu vas pas bouger d'un poil et qu'elle pourra mettre ce qu'elle veut parce que tu ne vas rien faire pour aller à l'encontre.
Le temps semble suspendu à Melbourne. C’est une fuite que tu as opérée mais tu vois cela comme une façon de respirer mieux ailleurs. De tenter de voir si l’air pollué d’une autre ville vaut mieux que celle qui t’a vu grandir. Celle qui t’as vu t’épanouir, celle qui t’as laissée virevolter comme le petit papillon bruyant que tu es devenue. Mais c’est aussi la ville qui n’a pas su te protéger. Les bâtiments ont camouflé ta peine, le quotidien a étouffé ton mal-être. La ville qui t’as faite évoluée mais qui t’as aussi détruite. Tes ailes ont été coupées là-bas et tu portes le fardeau de leur absence tous les jours. On t’a fauché en pleine ascension et tu n’as jamais su te réparer là-bas ; alors naturellement, tu espères que Melbourne sera la délivrance. Une solution sur le court ou le long terme, tu l’ignores encore. Tu ne prévois pas l’avenir. Tu ne vois pas l’avenir. Ce qui est normal mais qui te pétrifie. Ne pas savoir si tu aurais le courage de venir le lendemain. Les jours n’ont pas été heureux mais au moins, il y a de quoi t’occuper la tête ; Asher et ses amis en premier. Mais les nuits… Que les nuits sont douloureuses. Affreuses. Tu paniques presque à l’idée d’éteindre la lumière. Tu as pris l’habitude de la laisser allumée pas longtemps après… Ce qui t’es arrivée. Après la première crise nocturne qui t'a ensevelie le cœur et alourdie ta peine. Tu es la victime et tu te traites toujours en coupable. Partager le lit d’Asher te réconforte. Sa respiration, sa main que tu peux tenir, ou même tes bras que tu peux entourer autour de lui te réconfortent. Son odeur familière aussi. Votre relation est proche mais jamais l'ambiguïté n’a eu sa place. Tu gardes ça avec Dan, il faut le croire. Avec Asher, cela semble si simple. Comme s’il sentait ta douleur et tes fissures sans avoir rien à dire. Il n’a jamais posé de questions et cette réserve est plus qu’appréciable, même si parfois, tu sens que le vase est rempli et qu’il menace d’éclater à tout moment. Mais c’est Asher ; si tu ne parles pas de toi-même, jamais il ne viendra à poser de questions. Alors pour l’instant, tu te contentes d’apprécier sa présence - et de bouder son absence pour un cul qui s’est dandiné dont il se fout royalement.
« On peut regarder un truc ouais. » c’est qu’il n’est pas exigeant au moins, voilà une bonne chose. T’as déjà ta sélection dans la tête alors que tes phalanges vont machinement caresser ses mèches. Asher a beau être du même âge, tu le traites comme si c’était ton gamin. Il l’est un peu parce que tu sens que c’est ta responsabilité, quelque part. Que Dan n’ayant pas fait un job fabuleux de ce côté-là, il faut bien quelqu’un pour veiller sur la version junior. Penny te remercie à chaque fois que tu la croises. « J’ai quelques films sur l’ordi. » Tu cherches déjà l’ordinateur dans la pièce avant de le voir qui trône sur sa table de chevet. Tu te penches par-dessus Asher pour l’attraper, toute souriante en l’allumant. « Pas Hocus Pocus s’te plait. Ni Harry Potter. » “Heeeeey!” Parce que là, non. Non, non et non. “Y a le dernier film qui sort l’an prochain, un peu de respect!” tu fais la moue en cherchant le dossier de ses films. “Y a pas des photos compromettantes ? Ou encore mieux, des vidéos ?” Asher va sûrement te faire une remarque à la con et tu vas sourire encore plus fort alors que t’ouvres le dossier “Vidéos” parce que ça te semble logique de placer les films ici. “J’ai pas encore commencé mon marathon annuel de Potterhead.” Tu en as soudainement gros sur le cœur, tes épaules s'affaissant. “Que je fais normalement avec Will.” que tu penses à voix haute, lentement, tristement ; t’as abandonné ton meilleur ami. T’as laissé Will sans explication, sans lui retourner un message et encore moins ses appels. Il doit t’en vouloir, te détester, s’inquiéter aussi. Tu n’es jamais partie aussi longtemps sans donner de nouvelles. Mais tu ne peux pas affronter ses questions. Pas encore. Tu n’es pas prête. Quand le seras-tu, Birdie ?
Elle est déjà en train de s’emparer de ton ordinateur. Elle est bien plus friande de cinéma que toi mais il est vrai que c’est un moyen comme un autre de passer du temps en ayant un bruit de fond. Ce qui sous entend aussi qu’aucune conversation n’est nécessaire. Le silence ne t’a jamais dérangé mais tu sais aussi que ce n’est pas ce que Birdie préfère. Alors tu mets ta pseudo limite aussitôt sur le choix du film. “Heeeeey!” Et voilà qu’elle est déjà en train de réfuter. Tu savais. Tu sais aussi que tu ne vas pas y louper, que ce soit l’un ou l’autre. Will be Harry Potter. Car son obsession est immense et ta volonté de réellement regarder un film est très loin à côté de la sienne. Au moins qu’un de vous deux apprécie ce qu’il y aura à l’écran. “Y a le dernier film qui sort l’an prochain, un peu de respect!” Tu sais à peu près la chrono des films par rapports aux périodes d’excitation bien trop expansives de la Cadburry. “Y a pas des photos compromettantes ? Ou encore mieux, des vidéos ?” Tu lui fais confiance, elle n’ira pas jusqu’à fouiller les tréfonds de tes sous dossiers. « Pas de moi. » Car oui. Il y a des vidéos compromettantes et oui tu viens de lui demander de ne pas fouiller sans même le dire. Please. Mais tu vois par dessus son épaule qu’elle est dirigée vers le dossier Vidéos et tu n’es pas stupide au point de cacher tes porno dans le bon dossier non plus.
“J’ai pas encore commencé mon marathon annuel de Potterhead.” Tu relâches ton corps que tu tenais sur ton bras pour voir l’écran. Tu t’allonges de nouveau correctement, te laissant tomber. “Que je fais normalement avec Will.” Car tu sais ce qu’elle est en train de faire. « J’ai que le deux sur l’ordi. » Car c’est ton préféré. Tu lui fais comprendre par là que t’es ok pour le marathon mais tu n’as pas les films. Elle les a sûrement sur son ordi, ou sur une clé, ou un disque dur ou même les DVD. Tu sais pas. « Johnny en a peut être un en DVD. » Car il en a des films lui, dans le salon. Birdie doit déjà le savoir si y’en a car c’est le genre de détail qui la font apprécier plus une personne ou non. Vous avez passé une soirée à faire vos répartitions dans les maisons. T’as été Gryffondor la première fois, Serdaigle la deuxième. Tu sais même plus pourquoi t’as fait le test deux fois mais du coup tu te mets dans la team que tu veux quand ça t’arrange. « Il reste des donuts? » Vous en aviez acheté un paquet de 10 y'a quelques jours. Tu en as mangé plus de la moitié déjà. T'as beau être déprimé, ton estomac est toujours d'attaque.