« Non, non, pas les secours. Sauf si y’a vraiment le feu, ». Drôle de réponse qu’Isy donne à Gabrielle lorsqu’elle lui demande s’il est là. D’ailleurs, elle a un mouvement de recul quand il lui répond cela, mais elle se contente de lever les yeux au ciel, chose qu’il ne peut pas voir, et de ne pas répondre. A la place, elle interpelle Dani et Kane qui sont partis dehors à la recherche de l’homme égaré. « Ouiiiiiiiiiiiii ! Je suis làààààà ! Vous m'avez trouvé ! ». Sa réponse en décalée la fait sourire alors qu’elle vient à taper un petit coup sur la porte en approchant à nouveau sa tête de celle-ci pour lui demander d’ouvrir « J’y arrive pas ! J’ai tout essayé mais elle ne se déverrouille pas ». Elle roule des yeux et n’est pas vraiment surprise qu’il ne parvient pas à se libérer de la salle de bain au vu de l’état dans lequel il se trouve. Alors qu’elle s’apprêtait à reprendre la parole, Dani semble avoir une idée de génie « Attendez, j’ai une idée ! Je reviens ! ». L’avocate la regarde s’éclipser et revenir avec une baguette chinoise « Sérieusement Dani ? ». Gabrielle la regarde de manière incrédule. Visiblement, le vin a eu un effet immédiat sur sa voisine et amie. « Alohomora ! ». La jeune femme est limite bouche bée entrain de la regarder faire « J’ai dit Alohomora ! (…) Je… je ne comprends pas, ça marche toujours ». « Mais Dani, on est pas dans Harry Potter là tu sais… Tu t’es prise pour Hermione Granger ? » demande-t-elle alors non sans avoir un sourire moqueur sur les lèvres. En tout cas, c’est certain, ce n’est pas sa baguette qui va ouvrir la porte derrière laquelle se trouve Isy qui doit certainement s’impatienter. « On fait comment les gars ? ». Gabrielle se repositionne devant la porte, incitant Dani à se décaler avant de s’adresser à Isaac « Est-ce que tu as tout simplement essayé d’actionner le poussoir ? ». C’est certain qu’il n’a pas fait attention à ce petit mécanisme, qui n’a rien de futuriste d’ailleurs pour le coup « Sur la poignée, appuie dessus et actionne la porte ». Et puis, elle a ce petit sourire malicieux qui s’affiche sur ses lèvres « Mais quand tu le fais, n’oublie pas de dire "que la Force soit avec toi". Elle aime bien qu’on s’adresse gentiment à elle ». Gaby réprime un rire et attends qu’Isy passe à l’action.

Non sans difficultés, je parviens à me remettre sur mes deux jambes, titubant de plusieurs pas. Je m'assure que mes poches contiennent bien mes possessions - soit mon téléphone et mon sachets d'insectes grillés - et je m'enthousiasme de ne pas être totalement oublié dans ces toilettes modernes. Le confort est présent pour s'y sentir bien : la pièce est éclairée, il y a de l'eau à volonté, même une baignoire qui pourrait être employée comme lit ainsi qu'une limace en guise de compagnie qui me contemple de ses vitreuses ocelles. Néanmoins, je n'aspire pas à y demeurer pour le reste de ma vie. Alors, je m'efforce d'être attentif à ce qui se passe derrière la porte me séparant des autres humains à proximité.

« J’ai dit Alohomora ! Je… je ne comprends pas, ça marche toujours, » j'entends Dani se lamenter et mon rictus décrit toute la tristesse et le désarroi que son échec invoque en moi. Je pose mon front contre la porte, dépité. « Je suis condamné, » je me désole d'une voix brisée, considérant sérieusement à communiquer mes dernières volontés. « Mais Dani, on est pas dans Harry Potter là tu sais… Tu t’es prise pour Hermione Granger ? » « Et moi j'suis Isaac Jensen, un moldu, » je rappelle spontanément. « On fait comment les gars ? » Je grimace, redoutant que personne n'ait la clef pour m'extraire de ce geôle.

« Est-ce que tu as tout simplement essayé d’actionner le poussoir ? » « Le poussoir ? » Je questionne, perplexe. « Actionner le poussoir, » je répète, tentant de connecter mes neurones inhibés tout en analysant le mécanisme de verrou de la porte. Comment ai-je pu parvenir à m'enfermer ? Comment puis-je faire l'inverse de ce que j'ai fait plus tôt, la vessie pleine, dans la hâte qui plus est ? « Sur la poignée, appuie dessus et actionne la porte » Je concentre mon attention sur la poignée, tâtant le métal sous tous ses angles. « Mais quand tu le fais, n’oublie pas de dire "que la Force soit avec toi". Elle aime bien qu’on s’adresse gentiment à elle » « D'accord, Leïa... » Je hurle à l'attention de l'hôte. Je continue de masser en toute indécence la poignée puis murmure en sentant un mécanisme qui pourrait bien être appuyé. « "Que la Force soit avec toi !" » Et comme par magie, un « clic » se fait entendre et la porte glisse sur ses gonds.

Ravi de ma liberté de nouveau acquise, je serre affectueusement et gonflé de reconnaissance Gabrielle et Dani, véritables héroïnes m'ayant libéré de mon donjon. « Mille mercis les filles. Vous m'avez sauvé ! » Puis je cherche Kane du regard, avant d'apercevoir sa silhouette vers la piscine. « KANE ! JE SUIS LIBRE ! » je beugle à son attention tout en me précipitant vers lui pour le prendre dans mes bras, comme si cela faisait des décennies que nous nous étions perdus de vue, arrachés cruellement l'un l'autre par le destin. Une scène digne d'Hollywood.

Gabrielle n’aurait jamais pensé que l’ouverture des portes de sa demeure pour cette fête des voisins aurait pris une tournure pareille. Si tout a commencé paisiblement en compagnie d’Eddie qui s’est permis de remettre en question ses goûts musicaux et le petit incident de vase d’une dénommée Eleonor, tout a été chamboulé par l’arrivée de Kane et Isy. Les deux, complètement éméchés, ont amené tous les invités présents à se laisser aller en matière de vin, enfin surtout Dani, et à se déhancher sur la macarena. Si la soirée avait pu s’en tenir à ça, il a fallu qu’Isy ait une envie pressante qui le mène dans les soi-disant toilettes du futur de Gabrielle desquelles il est désormais prisonnier. « Je suis condamné », lance-t-il alors que Dani se tente à un peu de magie « Et moi, j’suis Isaac Jensen, un moldu, ». Gabrielle est autant désespérée qu’enjouée de la situation alors qu’elle indique la véritable marche à suivre à Isaac pour qu’il se libère seule des toilettes. Parce que le mécanisme, lui, n’est pas si futuriste que ça puisqu’il s’agit d’un système de poussoir qui se trouve au milieu de la poignée. Un système traitre cependant, surtout dans l’état actuel d’Isaac qui a dû s’enfermer en claquant certainement trop fort la porte. « Le poussoir ? ». « Oui, le poussoir Isaac », fait-t-elle en répétant après lui alors qu’elle est proche de la porte dans cette épopée difficile. « Actionner le poussoir, ». Gabrielle lui donne un peu plus de précision et se permet même d’entrer dans leur délire de magie/futurisme et elle ne sait quoi d’autre en lui disant de prononcer une certaine phrase pour que la porte veuille bien se déverrouiller « D’accord, Leïa… ». Isaac hurle de l’autre côté de la porte ce qui fait avoir un mouvement de recul à Gaby qui est bien trop proche de celle-ci. « Que la Force soit avec toi ! ». C’est un Isaac stupéfait qui apparait derrière la porte coulissante et qui vient à étreindre Gabrielle et Dani pour les remercier. « Mille mercis les filles. Vous m’avez sauvé » « De rien, Isy » lance-t-elle non sans rire, surprise par cette étreinte. Elle le regarde ensuite se diriger vers la piscine pour dire à Kane qu’il est enfin libéré en l’étreignant à son tour. Gaby lève les yeux au ciel non sans rire doucement avant que Dani lui indique qu’elle va rentrer, les effets du vin l’ayant achevé « Je vais m’occuper de tes housses t’en fais pas, je te les rapporterai demain ». Vu l’état dans lequel elle se trouve, Gaby préfère s’en charger. Il ne reste que Kane et Isaac dans la demeure, elle se dirige alors vers eux alors qu’Isy semble lui conter ses malheurs dans les toilettes « Bon, les gars, non pas que je n’apprécie pas votre présence mais je pense qu’il est temps que je ferme les portes de ma… maison du futur. Princesse Leïa est fatiguée », fait-t-elle avec un sourire amusé au bout des lèvres « Mais, si vous souhaitez revenir, c’est avec grand plaisir ». Peut-être dans un état normal cette fois, pour qu’ils puissent vraiment faire connaissance même si elle a passé un très bon moment grâce à eux. C’est certain, cette soirée restera gravée dans sa mémoire pendant longtemps. Elle les raccompagne alors qu’Isy la remercie encore et encore de l’avoir libéré et finit par fermer la porte derrière eux, poussant un soupir presque de soulagement même si elle ne regrette en rien d’avoir participer à l’événement.