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 wild man soul (scarlily & cie)

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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyVen 23 Avr 2021 - 0:34

Et hier tout allait bien encore. Bon c’est pas une figure de parole, c’est vraiment le cas. Hier, c’étaient les semaines depuis que le test était ressorti positif. C’étaient les heures passées à perdre mes doigts dans les cheveux soyeux de Lily pendant qu’elle calculait chaque centimètre carré dont on aurait besoin pour rendre sécuritaires toutes les pièces de la nouvelle maison. C’était la nouvelle maison, celle qu’on avait trouvée si rapidement, qui avait fait directement office de signe du destin nous disant que pour de vrai, on pourrait recommencer à faire les choses bien. Hier, c’était l’appel avec Jill, Swann et Ginny qui a duré pendant des heures, où j’étais le plus grand des cons à sourire comme un idiot et à leur annoncer ce qui se tramait à l’aube de notre petite nouvelle famille. J’ai encore mal aux joues bordel, c’était pas hier, c’était y’a des jours déjà, des mois ? C’était y’a longtemps mais ça me donne l’impression d’être passé en claquant des doigts.

Puis y’a rien qui va. Y’a rien qui fonctionne, à commencer par la machine à espresso qui fait des siennes au DBD. Elle me nargue la conne, elle grince, elle craque, elle raille encore. Elle cède pas sous un premier coup du revers du poing, pas plus la fois d’après, et certainement pas si je l’insulte dans mon parfait accent d’anglais furieux l’instant qui suit. Le café est quasi vide, Deklan a sursauté devant l’écho du coup, des jurons. La seconde d’après les quelques maigres conversations qui prenaient vie en trame de fond ont fini par reprendre. Tantôt des murmures, tantôt à tâtons, finalement le ton est redevenu normal, naturel. Pas moi. Ce qu’il y a de bien avec le fait d’être le patron de l’endroit, c’est que je peux me cloîtrer dans le bureau et y faire des trucs d’adulte, signer des papiers, en ranger d’autres. Je sers à absolument rien aujourd’hui sauf à creuser des tranchées dans le plancher, et si je pars plus tôt pour aller surfer, c’est au plus grand soulagement de Dek qui a pas l'air d’être le plus grand fan de ma gueule ces derniers temps. Qui pourrait le blâmer d’être ainsi sur ses gardes : même moi, je suis pas fan de ma gueule aujourd’hui. Je suis fan de rien. Ni de ma planche qui reste là, passive entre mes cuisses, à recevoir les vagues qui cognent sur la coque sans que je nage, sans que je remonte, sans que j'aile à contre-sens ou à l’inverse. J’ai bien tenté, sur une ondée et une autre, mais ça surfe pas bien la tête ailleurs. Ça fint par basculer de sa planche, se taper la tête sur l’eau, rager encore plus, crier sous les flots.

Quand je rentre à la maison, me faut une bonne poignée de minutes pour capter ce qui se passe. Elles sont installées toutes les deux sur le canapé. Comme si elles allaient m’annoncer qu'elles divorçaient, ce qui a absolument aucun foutu sens. J’ai du sable dans les cheveux, du sel dans les yeux, de l’eau qui pique ma langue et pas de mots, absolument aucun qui sait faire autre chose que gratter ma gorge. Y’a Lily à gauche, Scarlett à droite. Et si la perception d'avoir tout faux me cloue sur place, celle d’être celui à ramasser quand à mes yeux c’est ma femme qui vit un putain de calvaire ces derniers temps est pas du tout ce dont j’ai envie. C’est ma faute tout ça et encore pire, je suis un boulet à leur yeux là, juste là. Hochant de la tête pour je sais même pas quoi, mes clés tombent sur la table de l'entrée dans un vacarme aussi sourd que métallique. Mes pas, eux, les quittent pour filer à la cuisine, de là où une des bières au frigo me semble être le bon compromis pour faire comme si Scar était juste passée prendre un verre avec nous, et visiter notre nouveau quartier général avec.


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@lily mcgrath
@scarlett warren
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyVen 23 Avr 2021 - 15:25

N’importe quel idiot pouvait remarquer quand Matt n’était pas en forme. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Ce Matt-là, qui irradiait toujours de bonne humeur, avait le don de tout rendre plus joyeux autour de lui. Alors quand il se renfermait dans son mal, il devenait comme un trou noir qui aspirait toute lumière. Toutes les émotions autour de lui, qu’il corrompait d’ordinaire avec une blague puérile ou n’importe quelle manœuvre opportune, restaient inéluctablement mornes. Un nuage gris et menaçant, qui s’étirait à l’infini dans un ciel d’hiver, sans laisser poindre le moindre rayon de soleil. Scar n’était pas la première idiote du coin. Si la morosité de Matt n’échappait à personne, elle était certainement celle, avec Dek, qui s’en inquiétait le plus entre les murs du café. Et l’état d’alerte était d’autant plus grand que deux jours plus tôt, Scar ne l’avait jamais vu aussi radieux. Elle n’avait pas creusé, estimant que c’était probablement lié à ses projets de vie avec Lily auxquels cette dernière lui avait clairement fait comprendre qu’elle n’avait pas à être informée. Leur emménagement récent, les préparatifs du mariage et toutes les successions logiques que ce schéma conventionnel impliquait. Ne pas adhérer au plan de vie traditionnel auquel était attaché sa mère ne rendait pas Scarlett plus crédule que n’importe quel autre cul béni de sa paroisse. Évidemment que la conception d’un enfant était l’ambition secrète d’un couple comme en formait Matt et Lily. Maintenant qu’ils étaient installés, et que même le nid qu’ils avaient choisi les prédisposait à agrandir la famille, ce n’était plus qu’une question de temps. Et de chance, sans doute. Scar avait courbé l’échine quand son patron avait commencé à frapper et insulter la machine à café. Elle avait machinalement plié les jambes, prête à se couvrir la tête comme si une bombe menaçait de leur tomber dessus. Elle l’avait laissé maugréer, puis rejoindre son bureau comme si de rien n’était. L’avait laissé disparaître aussi, sans leur accorder le moindre mot ni la moindre explication. Matt savait qu’il pouvait compter sur elle après tout. La jeune femme était devenue anormalement docile. Pas même sa fougue coutumière ne pouvait rivaliser face à un Matt en colère. « Dek est-ce que je peux te laisser gérer ? J’ai un truc à régler. Appelle Alma en renfort s’il-te-plait. » avait-elle poliment édicté en se dirigeant d’un pas lourd vers la sortie.

Matt et Lily avaient fini par prendre leurs quartiers à Logan City. Si ce n’était pas une preuve de leur désir pas si secret de mener une vie paisible et rangée. Scar n’avait de fait pas mis très longtemps avant de parvenir devant la façade de leur modeste mais chaleureuse maison. Elle ne s’attendait pas à y trouver Matt, et c’était à peine si elle croyait à la possibilité que Lily lui accorde à nouveau le privilège de lui ouvrir la porte. Pourtant, tout au fond d’elle, Scar avait tout de même l’espoir que son expression grave et tourmentée lui arrache le peu de compassion qu’elle était encore capable de ressentir à son égard. Les quelques secondes qu’il avait fallu à Lily pour rejoindre l’entrée lui avaient semblé une éternité. Un temps infini pendant lequel elle avait eu tout le loisir de repenser à toutes les bonnes raisons que la brune avait de la laisser là, comme l’étrangère qu’elle était en droit de bannir de sous son toit. L’ouverture fut timide, sans surprise, et la mine de Lily pas franchement plus ravie qu’elle ne l’était ce jour où elle l’avait accueillie à l’appartement. Scar trouva judicieux de se justifier avant de lui laisser une chance de la congédier. « Lily, j’ai besoin de rentrer. Je me fais du soucis pour Matt, et je sais que tu crois que ce sont pas mes affaires mais j’ai besoin de rentrer. » Son ton était pressant. Son inquiétude sincère. Si Lily en avait un jour douté, les trémolos de sa voix ne trompaient pas. Sa vie était suspendue à cette foutue autorisation de rentrer, qu’elle aurait pu avoir avec toute l’aisance du monde si elle n’avait pas été si odieuse avec la principale concernée. Lily s’écarta sans un mot. Comme un fantôme qui hantait déjà ce lieu. Scar lui emboîta le pas, et s’assit près d’elle en silence dans le salon. Elles étaient restées un moment comme ça, sans ressentir la nécessité de parler. Droites et immobiles. Des coquilles vides et égarées, privées de leur hôte. Leurs visages désemparés s’étaient relevés au moment où la porte s’était ouverte, laissant apparaître un Matt encore tout couvert de mer. Comme un zombie il se dirigea vers le frigo et Scar, enfoncée dans son malaise, n’était pas certaine de savoir par où commencer. « Je suis désolée de débarquer à l’improviste. Je me fais du soucis pour toi Matt. Pour vous en fait. Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ? » dit-elle implorante, le regard glissant de l’un à l’autre.  

@Matt McGrath @Lily McGrath wild man soul (scarlily & cie) 4014933344
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyVen 23 Avr 2021 - 17:48

Le pire dans tout ça, c’est que même après avoir déjà perdu un enfant et connu cette peine, cette dernière n’en est qu’exacerbée. Elle pensait au moins savoir à quoi s’attendre mais la chute n’en a été que plus douloureuse alors qu’elle n’a rien su voir venir. Le monde s’est effondré sur eux, il les a englouti à des kilomètres sous terre, sous l’eau - et pas la moindre trace d’Atlantide à l’horizon. Le retour chez eux a été difficile mais y vivre et voir la chambre vide à chaque instant l’a été plus encore. Leur enfant n’est jamais né mais c’était tout comme. Lily vit un deuil et, pour la seconde fois, c’est encore celui de son propre sang. Si elle tente de rester forte pour eux, pour lui, il y a bien des occasions durant lesquelles elle oublie soudainement comment faire. Ce n’est pas sa faute à lui, bien sûr que non. Cela ne l’empêche pas de parfois (souvent) se dire que c’est la sienne propre, par contre.

Ce sont une partie des raisons pour lesquelles elle n’a pas la force de se battre contre qui que ce soit et encore moins Scarlett. La jeune femme est bien intentionnée, seulement à une année lumière de ce que Lily conçoit. En réalité, tout ce qui importe c’est qu’elle soit une amie de Matt et que sa présence soit une bonne chose pour lui - peu importe ce qu’en pense sa femme, ce n’est déjà plus le sujet. Finalement, lorsque sa silhouette se dessine à l’entrée de la maison, Lily ne tente pas d’agir comme si tout allait bien ni même de lui sortir son éternel sourire resplendissant. Tout dans son attitude indique qu’elle sait, chose que ses mots ne font que corroborer. La brune s’efface de l’entrée pour qu’elle fasse son chemin, elle en profite pour lui montrer la voie d’un simple signe de la main. Aucun mot n’est nécessaire en cet instant et elle de toute façon a perdu tout don de parole dans leur maison.

Ses pas la guident jusqu’au frigo d’où elle sort cette fois-ci deux bières, une pour chacune d’elle. Le canapé devient leur tranchée, le drapeau blanc est temporairement hissé en l’honneur de Matt. Il a trop de choses à gérer ces derniers temps pour qu’elle soit égoïste au point d’y ajouter ses ressentis personnels et autres mauvaises idées. Maintenant, les yeux clairs de Lily ne dévisagent même plus l’amie de son mari. Elle est occupée à observer le vide et regarder l’heure, se disant que cela suffira pour que Scarlett comprenne qu’il rentrera bientôt. Normalement. Il est sûrement parti surfer, ou rouler jusqu'à Dieu ne sait où - boire quelque part? non il ne le ferait pas en ce moment, pas alors qu’elle est là?

Quand la porte d’entrée s’ouvre, Lily n’a toujours pas trempé ses lèvres dans sa bière désormais tiède mais cela ne l’empêche pas de se redresser aussitôt. Son regard parcourt la silhouette de son mari, l’analyse, joue au jeu des sept différences depuis la dernière fois qu’elle l’a vu. Son cœur se serre face au visage fermé qu’il arbore, lui qui représente pourtant la joie incarnée et tout ce qui rime avec. Il est un androïde formé pour se diriger vers le frigo, ce qu’il fait sans même les regarder, ni elle ni Scarlett. La seconde trouve la force de parler, la première trouve le besoin de retrouver la chaleur du corps de Matt. Chacune de ses mains vient trouver son homologue séchée par le sel marin, ses talons décollent à peine du sol pour que ses lèvres viennent embrasser les siennes et son front se coller à son semblable. Elle reste dans cette position une seconde et une seule, les paroles de Scarlett revenant en écho dans son crâne. “Ces derniers jours sont compliqués.” Lily commence par céder. Avouer que sa vie n’est pas parfaite lui coûte bien plus qu’à n’importe qui et Matt le sait. Pour autant, si elle ne dévoile encore rien à propos de l’échographie ayant mal tourné, c’est aussi et surtout parce qu’elle ne sait pas s’il veut que tout le monde en vienne à le savoir - et cela commence par Scarlett. D’un hochement de tête assuré alors qu’elle cherche à trouver ses yeux des siens, elle assure à son mari être prête à laisser Scarlett entrapercevoir leurs failles. Ce qu’elle sait au moins faire, c’est faire glisser sa bière de ses mains aux siennes. Il en prendra bien plus soin qu’elle ou il ne la touchera pas, peu importe. Elle a encore bien trop l’habitude de ne pas pouvoir boire d'alcool.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyMar 27 Avr 2021 - 18:32

Elles sont sur le canapés. Quand j’arrive, je les vois dans l’angle mort, installées l’une à côté de l’autre, personne ne crie sur personne, personne ne parle. Les seuls bruits ambiants sont mes pas vers la cuisine, et les ongles d’une des deux brunes qui tapent sur sa bouteille de bière pleine. La mienne dans le frigo, je la vois pas. Je la cherche, elle est directement devant mes yeux, en plein sous mon nez mais j’arrive pas à réaliser. Je capte plus rien, c’est ça le problème. Je capte pas les fréquences, elles passent d’une oreille à l’autre en totale sourdine. Y’a des pas, derrière moi. Je les entends trop tard, souffle sans faire le moindre bruit. Une bière arrive entre mes doigts, ceux de Lily s’égarent. Pas pour marquer son territoire devant Scarlett, pas pour faire genre elle a besoin de le montrer à qui que ce soit dans notre périmètre. Juste pour s’assurer que je ressens quelque chose j’imagine. C’est vide à l’intérieur. Pour elle aussi, fatalement.

« Je suis désolée de débarquer à l’improviste. Je me fais du soucis pour toi Matt. Pour vous en fait. Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ? »

Fuck. J’étais pas censé laisser ça passer le pas de la porte. J’étais pas censé traîner mon mal-être à l’extérieur du périmètre. C’était supposé partir après un moment, comme tout. Même quand Lily et moi on a rompu ça avait fini par décanter, le temps avait fait ce qu’il avait besoin de faire. Elle a vu Scarlett, tout le monde voit. Mais pas moi. J’ai pas le droit, pas le droit de serrer un peu plus les doigts de Lily contre les miens, encore moins que de serrer la mâchoire quand elle annonce un “Ces derniers jours sont compliqués.” que je déteste avant même qu'elle ait fini sa phrase. Compliqué, quel euphémisme. Compliqué comme dans on sait plus du tout par où aller depuis qu’on a perdu le bébé et tu sais quoi, c’est ma faute celle-là, je suis sûr, je le sens jusque dans mes os, jusque dans mes nerfs, jusque -

Viens.” c’est à toutes les deux que je parle, d'une voix rauque de ne pas avoir articulé le moindre mot depuis des heures. Même si ma main reste ancrée à celle de Lily mon coup d’œil invite Scarlett à suivre mes pas. Le sillage est horrible, il l’est encore plus parce que je dis rien. Pas par caprice, pas par crainte de parler, pas par manque de confiance, quand elles sont à elles deux les personnes à qui je me confie de tout sur tout depuis aussi loin que je me souvienne. Elles sont des points d’ancrage de ma vie mais pour le moment, j’en veux pas de repères. Je veux aucun référent, aucun historique, rien, rien du tout, surtout pas quelque chose qui frôle de près ou de loin la porte devant laquelle on finit tous les trois par se poser. La porte close. La porte de la chambre du bébé. “Je suis pas capable.” Matt et ses explications qui ne font aucun sens. Pas capable de quoi ? De l’ouvrir. D’avancer. D’oublier. D’accepter. De. Pas capable, tout court.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyLun 3 Mai 2021 - 18:39

Rien n'allait. L'atmosphère était pesante, le silence assourdissant. Scarlett avait imaginé le foyer McGrath plus joyeux. En temps normal elle se serait attendu à débarquer dans une maison animée, vivante, emplie de rires et de cris. La maison de Matt était forcément un lieu de passage, un refuge dans lequel tout le monde consentait à un détour pour le simple plaisir de sa compagnie. Pourtant, à travers son regard triste, que Lily fuyait involontairement, la déco avait l'air austère et les couleurs ternes. Elle aurait pu jurer qu'un nuage venait d'assombrir le ciel en même temps qu'il venait de doucher ses espoirs. La bière que Lily avait sortie du frigo avec un automatisme effrayant, et une nonchalance qu'elle méritait de toute manière, trônait tristement sur la table basse, intacte et sans doute tiède et insipide. Elle l'avait remerciée d'un signe de tête, avant de se replonger dans un mutisme qu'elle aurait détesté d'ordinaire. L'entrée de Matt manqua de fracas. Scar l'aurait remarqué si elle n'était pas si soulagée de le voir, en dépit de son air absent et de la frayeur qu'il lui avait inspirée toute la journée. Elle le toisa un court instant, de la tête au pied, comme on détaillait une personne perdue de vue depuis longtemps. Cette impression étrange ne la quittait plus. Entre hier et ce jour, Matt n'était plus tout à fait le même. Une version amoindrie et dépouillée de son ami, égaré quelque part dans la vallée du chagrin. Le voir si éteint lui brisait le cœur. Il n'y avait pas de justice dans ce monde, si même Matt McGrath devait subir les vicissitudes de la vie. Si elle avait pu, Scar aurait absorbé toute cette peine à sa place, ne serait-ce que pour lui permettre égoïstement d'être meilleur qu'elle dans ce rôle réconfortant. Elle avait suivi son parcours machinal jusqu'à la cuisine, et celui de Lily qui se trouvait attirée à lui comme une vague refluait dans le lit de la mer. Dans un dialogue muet, le couple sembla se résigner à quelques explications. La réponse de Lily, quoique nécessaire pour la rassurer de ne pas être devenue sourde, lui avait paru modeste et plutôt évidente. Un euphémisme duquel elle aurait dû se contenter, si Matt n'avait pas accepté d'en dire plus. Son ton était plus fataliste qu'autoritaire, mais Scarlett aurait obéi dans tous les cas. Elle se leva, boudant sa bière sans le moindre scrupule. L'heure était grave à ce point. Lourde, elle marchait dans leur sillage, une inconnue à qui ils concédaient quelques aveux. Bizarrement, malgré toute la défense orgueilleuse qu'elle avait opposée à Lily des semaines plus tôt, Scar n'avait pas l'impression d'être tout à fait légitime dans ce couloir, plantée devant cette porte comme si on s'apprêtait à lui confesser un meurtre. Matt flancha, et au fond d'elle Scarlett avait compris. Compris que ce qui se trouvait de l'autre côté de cette porte était l'aperçu d'un avenir qu'on leur avait arraché d'une manière ou d'une autre. Que l'ouvrir, c'était y renoncer en quelque sorte. C'était se remémorer des souvenirs déjà construits qui n'avaient plus lieu d'être. « Vous êtes pas obligés. » avait-elle protesté, le regard soudainement embrumé par le poids de cette vérité inexprimée. Elle ne voulait pas les forcer. Pas les obliger à ressasser une douleur qu'elle n'était même pas capable d'imaginer. Elle voulait simplement les soutenir. S'asseoir là, avec eux, dans le silence, et juste les soutenir de toute sa plus maladroite volonté.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyMar 4 Mai 2021 - 9:27

Viens.” Sa main est moite contre la sienne, ou peut-être que c’est celle de Lily. Elle ne le sait même plus et ne cherche pas à obtenir de réponse non plus. Cela n’a aucune importance, maintenant. Tant qu’elle peut passer ses doigts entre les siens et s’assurer qu’il reste au moins capable de marcher et se tenir droit, c’est déjà bien assez. Lily a cessé d’en espérer beaucoup. Elle n’espère même plus rien, d’ailleurs, mais elle ne se serait pas doutée de l’envie de Matt d’avancer jusqu’à la chambre qui aurait dû être celle du bébé. La trentenaire a des hauts le cœur et des nausées qui se perdent; des larmes qui lui montent directement aux yeux, aussi. Elle ne leur laisse pas le loisir de couler mais n’est pour autant pas assez forte pour faire comme si de rien n’était. Pas cette fois. Maintenant elle en est certaine: ce sont ses mains qui serrent davantage celles de Matt. S’il a besoin de venir jusqu’ici alors elle ne lui en fera jamais le reproche, mais pour sa part elle aurait préféré continuer à fermer les yeux en approchant de la porte en bois éternellement close. “Je suis pas capable.Oh, Matt. La mâchoire de l’infirmière est serrée et tous les muscles de son corps sont tendus mais elle fait exception pour sa main libre qui vient se poser contre son dos, aussi rassurante que possible. Ils sont une équipe et ils se relaient, c’est pour ça qu’elle est là. « Vous êtes pas obligés. » que Scarlett annonce dans le même élan, sûrement tout aussi émue qu’eux alors qu’elle n’a même pas encore eu le droit à l’histoire complète. Toute la rancune de Lily contre la brune s’est volatilisée sans qu’elle ne sache quel mot poser sur le sentiment qui l’a remplacé. En cet instant, elle a tout d’une amie et d’une confidente et pour le temps que cela durera, l’infirmière l’utilisera à bon escient.

Cela commence donc par lui raconter la vérité la plus entière possible. Elle aurait préféré garder leur histoire privée pour eux mais elle aura besoin de la connaître pour faire au mieux avec Matt. Le meilleur étant tout ce qu’elle souhaite à son mari, elle concède d’entacher son apparente perfection. Pour cette journée et celle-là seule. “Ça aurait dû être la chambre du bébé.” Doucement, difficilement, elle aligne les mots pour qu’ils fassent du sens et éclairent un tunnel sinueux. Elle déglutit de nombreuses fois, cherchant à gagner du temps bien malgré elle. La porte reste close et Lily n’ose même pas la toucher, de peur de la voir elle aussi voler en éclats. “J’ai fait une fausse couche alors qu’on s’apprêtait à mettre tout le monde au courant.J’ai. Pour la première fois, elle laisse la faute reposer sur ses seules épaules, refusant catégoriquement de laisser Matt jouer sa part là dedans. Il n’y est pour rien, c’est un fait. “J’ai pas su voir les signes. J’y croyais réellement.” Ses yeux brillent de sa seule tristesse alors que sa tête vient trouver refuge contre l’épaule de son mari. Jamais elle n’aurait pensé pouvoir en dire autant à une tierce personne, encore moins Scarlett qui n’a jamais ô grand jamais fait partie de son entourage, encore moins ses proches.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptySam 15 Mai 2021 - 0:50

« Vous êtes pas obligés. » ouais bah si c’était le cas penses-tu que je forcerais pas à faire ces pas-là ? Ça sert à rien d’être sur la défensive. Ça sert encore moins à quoi que ce soit que de croire qu’elle veut mal faire. Je suis pas obligé Scarlett. J’ai pas le choix. De passer devant la porte close à tous les jours depuis, de voir le bois qu’on aurait dû graver des encoches qui suivaient les années de petit mec ou de la petite poupée qui aurait été des nôtres dans quelques mois. J’ai pas le choix de me dire que de l’autre côté y’a toute une vie et un autre univers qui nous attend, en suspens, qui stagne et qui ne vaut plus rien. C’est pas moi, d’être désespéré. C’est pas moi de pas voir la moindre issue, de rester figé dans le statu quo. Les limbes sont foutument confortables quand on a trop mal pour faire le moindre pas. Et si c’est pour ça, qu’elle s’inquiète, qu’ils s’inquiètent, alors faudra prendre patience avant que je recommence à jouer l’imbécile heureux, les blagues à la clé. Faudra attendre un bordel de temps avant que je m’oblige pas à rien faire aussi. M’obliger à me lever le matin, à me coucher le soir. M’obliger à rester ici quand je veux que partir, m’obliger à quitter la maison quand je me noie cruellement à rester.

Tiens, on est devant la porte. Fais pas comme si tu savais pas Matt, fais pas comme ça t’avais pas enregistré chaque sensation, des doigts de Lily qui se serrent de plus en plus entre les miens, les nœuds qui deviennent impossibles à chasser plus notre sillage se rapproche de la chambre dont on ne doit pas tenir compte quand y’a à peine quelques miettes de semaines elle contenait tous nos espoirs de beau et de simple pour la suite. “Ça aurait dû être la chambre du bébé.” certains diraient qu’elle me trahît, de le dire à ma place, de prendre le poids des paroles, de s’attribuer tout le contrôle de la scène. Certains auraient tort, elle a le droit de tout dire Lily, elle pourrait m’en vouloir pour cette vie et les prochaines que je serais même pas étonné. À force de la laisser tomber, à force de la laisser tout assumer et tout dire, à force de ne plus avoir de forces, non plus. “J’ai fait une fausse couche alors qu’on s’apprêtait à mettre tout le monde au courant.” on aurait dû s’en tenir aux trois mois réglementaires, on aurait pas dû peindre la chambre. J’aurais pas dû la meubler et j’aurais encore moins dû croire que pour une fois tout pouvait bien se passer. “J’ai pas su voir les signes. J’y croyais réellement.” “On.” ça suffit, Lily.

Sa tête pèse autant sur mon épaule que le poids des derniers jours, mais je pourrais jamais l’imaginer la retirer de là où elle fait autant mal qu’elle soulage. C’est un soupir de ma part qui se noie dans ses cheveux à elle, c’est un coup d’œil qui passe par-dessus sa tempe et qui s’accroche à celui de Scarlett. Elle a voulu venir, elle a vouloir voir, elle a voulu jouer aux grandes personnes et aujourd’hui, il est plus que temps que j’arrête de la voir comme une gamine mais plutôt comme une égale, une alliée. Rien ne va et si elle veut vraiment que tout rentre dans l’ordre, aussi tragiquement impossible le raisonnement puisse me paraître, faudra qu’elle y mette du sien. “Il y a des cartons vides dans la remise.” ceux du déménagement, ceux qu’on a gardés pour que le bébé en fasse des forts et des châteaux dans quelques temps. L’affreuse l’ironie. “Si tu veux aider tu peux aller les chercher, qu’on remballe tout ça.tout ça. Oh Matt, t'es tellement pas prêt à aller là.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyLun 24 Mai 2021 - 12:01

Elle avait beau avoir compris depuis un moment, Scarlett réalisa l’étendue de la situation que lorsqu’on la flanqua devant la porte, comme si on attendait un geste précis de sa part, ou un discours bien trop solennel pour sa légèreté coutumière. Scar en avait pourtant déjà eu, des mots réconfortants pour Matt. Lorsque ça n’allait pas dans sa famille, ou encore quand Lily l’avait trompé. Cette anecdote qui semblait bien loin désormais. Aussi loin qu’on pouvait enfouir la rancoeur quand elle n’était plus au goût du jour, plus que l’ombre d’un sentiment que d’autres, plus puissants encore, avaient évincés. Il n’y avait pas de manuel pour ce genre de circonstances. Pas de dictionnaire de la justesse, pas de trame à suivre. Seulement de la compassion à avoir, et des mots à peser. C’était Lily qui, étrangement, mâchait les siens, tandis que Matt l’écoutait, crispé par une colère qui ne désenflait pas. Les yeux de Scarlett étaient rivés sur cette porte, qui renfermait un bonheur qu’on leur avait arraché. A leur place, elle non plus n’aurait pas pu se résoudre à y entrer. Elle n’aurait pas pu la débarrasser, et renoncer ainsi à tout ce qu’elle avait symbolisé l’espace d’un instant. Personne ne leur en demandait autant, d’ailleurs. L’idée d’un enfant avait fini de germer dans leur esprit, et si c’était un deuil dont personne ne parlait jamais, ils n’étaient pas le seul couple à avoir l’avoir enduré. Ils étaient juste assez courageux pour le partager, comme ils avaient été naïfs de s’emballer trop tôt, trop vite. La réalité la rattrapa lorsque Lily dissipa enfin des doutes qu’elle n’avait jamais eus. Ça aurait dû être la chambre du bébé, avait-elle affirmé avec résignation. En fait, ce serait la chambre du bébé. Peut-être pas celui-ci, mais c’était assurément la chambre du bébé. La pièce qu’ils avaient dédiés au bébé bien avant sa conception, et qui continuerait d’incarner cet espoir. Si Matt demeurait silencieux, il semblait porter le même fardeau que sa femme. Scar ne doutait pas qu’il lui avait déjà répété à quel point il était cruel et inutile de se blâmer dans cette histoire, mais en même temps elle ne pouvait que comprendre la responsabilité que Lily se pensait légitime à endosser seule. Pour une femme, perdre un enfant était un mal aussi inavouable qu’indescriptible. Et une source énorme de culpabilité. Cet enfant, elle l’avait porté, aussi éphémère fût le moment. Et elle l’avait perdu. Elle. Son corps à elle. Pas celui de Matt, qui avait perdu tout responsabilité à partir du moment où il s’était désamarré du sien. « Je suis tellement désolée pour vous. Je sais même pas quoi dire. » Rien Scarlett. Peut-être valait-il mieux ne rien dire. Se contenter de suivre le courant, et de les accompagner en silence, docilement, comme un rocher auquel ils pouvaient s’agripper. « C’est pas votre faute. C’est la faute de personne. Et vous avez le droit d’être tristes. Vous avez le droit d’être tristes et en colère. Tout ça en même temps. Mais c’est pas votre faute, et vous êtes pas seuls, d’accord ? » avait-elle jugé bon de préciser malgré tout. Trop de gens banalisaient ce genre de situations. Les médecins les premiers. C’était un fœtus, il n’était même pas vivant. Alors pourquoi est-ce que ça faisait si mal ? Scarlett la ressentait cette douleur, au plus profond de sa chair. Et Matt et Lily étaient si forts, si dignes de ne pas la garder pour eux comme un secret honteux qu’on laissait sous scellé. Il n’y avait aucune honte à avoir. Le ton de Matt était plus sec. Résigné lui aussi. Scar l’avait cherché, et à vrai dire elle n’avait pas plus envie de se dérober à sa mauvaise humeur qu’à la soulager un peu de sa présence. On mesurait un ami à son implication dans les bons moments, mais surtout dans les mauvais. Scar n’était pas là par obligation, ni même pour pouvoir se vanter un jour d’avoir eu la bonne réaction. Elle était là parce qu’elle ne se voyait pas être autre part. Et parce que Matt avait toujours été là quand elle aussi avait voulu se terrer dans la culpabilité. Il avait insisté, l’avait tellement agacée. Il avait fallu des semaines pour se rendre compte qu’en réalité, elle lui devait une profonde reconnaissance. Les gens tendaient à être bien plus lucides sur les besoins de ceux qui prétendaient n’en avoir aucun. « Vous êtes sûrs que c’est ce que vous voulez ? Je suis pas là pour vous dire ce dont vous avez besoin. Je m’exécuterai si c’est vraiment ce que vous voulez. Si c’est ce qu’il vous faut pour que ça aille mieux ne serait-ce qu’un peu. Je le ferai, et vous n’aurez qu’à m’attendre dans le salon. » insista-t-elle. Il n’y avait pas de bonne ou mauvaise façon de vivre un deuil. Et surtout, il n’y avait rien d’irréversible à mettre l’attirail de leur future parentalité dans des cartons.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyMar 25 Mai 2021 - 21:44

On.On.

Scarlett fait elle aussi au mieux. Elle est douée dans son rôle, il faut bien le concéder. Elle qui a été subitement projetée au milieu de problèmes qui n’auraient jamais dû être les siens, elle a au moins le mérite de s’en sortir admirablement bien, à défaut que les mariés puissent en dire autant. Matt n’est plus que l’ombre de lui-même et Lily, elle, ne sait plus comment tenir le cap. Elle ne sait plus comment faire semblant, ce qui en revient à dire qu’elle ne sait plus comment être elle-même. Tout ce à quoi elle réfléchit, c’est savoir quel genre de fleurs elle pourrait bien envoyer à Scarlett pour la remercier de sa présence. Peut-être que si elle ferme assez les yeux, elle pourrait lui envoyer son alcool préféré - voire même le lui livrer en personne. Matt connaît sans doute bien plus la réponse à cette question plutôt qu’à la première, d’ailleurs, ce qui est plutôt significatif. « Je suis tellement désolée pour vous. Je sais même pas quoi dire. » Ils ne savent plus quoi se dire non plus, de toute façon. Ceux qui disent que le silence est d’or n’ont jamais connu une telle situation. Le silence est une mort lente et douloureuse. “Tu n’as rien à dire. Ce n’est pas ta faute.” Et on lui dira que ce n’est pas sa faute non plus, que ce n’est même la faute de personne si ce n’est celle à pas de chance. Lily connaît la musique, ne vous en faîtes pas. Elle sait aussi comment faire semblant de l’accepter. « C’est pas votre faute. C’est la faute de personne. Et vous avez le droit d’être tristes. Vous avez le droit d’être tristes et en colère. Tout ça en même temps. Mais c’est pas votre faute, et vous êtes pas seuls, d’accord ? » La brune resserre ses doigts autour de Matt, sincèrement émue par les paroles d’une Scarlett qu’elle ne savait que critiquer et détester. “Merci.” Pour ses mots, pour sa présence, pour tous les efforts qu’elle fournit pour eux alors qu’elle aurait pu se contenter de tourner les talons et juger que tout ceci n’est en rien son problème. Elle pourra s’endormir de nouveau ce soir et sa vie n’aura pas changé et si une partie de Lily en vient à la jalouser, l’autre refuse catégoriquement qu’une autre personne connaisse le sentiment qu’est celui de la perte d’un enfant.

Il y a des cartons vides dans la remise.” La brune se dérobe à peine de son mari pour mieux l’observer. Prise de court, elle n’a aucune idée d’où est-ce qu’il veut en venir avec de telles paroles mais lorsqu’il en vient à préciser le fond de sa pensée, elle ne peut que froncer les sourcils, incapable de s’aligner avec ses idées. “Si tu veux aider tu peux aller les chercher, qu’on remballe tout ça.” - « Vous êtes sûrs que c’est ce que vous voulez ? Je suis pas là pour vous dire ce dont vous avez besoin. Je m’exécuterai si c’est vraiment ce que vous voulez. Si c’est ce qu’il vous faut pour que ça aille mieux ne serait-ce qu’un peu. Je le ferai, et vous n’aurez qu’à m’attendre dans le salon. » Lily a esquissé un premier pas en arrière puis un second. En plus de ne pas vouloir la même chose que Matt, elle sait qu’elle ne peut tout simplement pas faire ce qu’il dit. Entrer dans la pièce est déjà pour elle un effort surhumain mais s’il est question de tout remballer et effacer, c’est pire encore. C’est surtout au-delà de ses forces, même si elle porte son plus beau masque. “Non. Fais le si tu veux Matt, mais moi je peux pas.” Sa tête se secoue frénétiquement de droite à gauche, bien que le geste reste éternellement lent; trop lent. Elle n’a pas la force de se faire plus virulente et ne veut pas non plus brusquer son mari. Désormais, même ses yeux peinent à rester posés dans ceux du brun ou de son amie plus d’une seconde et elle n’arrive plus à se sentir à sa place dans sa propre maison. Elle peut comprendre qu’il veuille tourner la page et elle ne fera jamais rien contre, mais ce n’est pas son cas. “Je vais te donner des tupperware Scarlett, on a des cookies et des lasagnes pour un régiment.” Alors elle s’occupe, elle trouve une seconde vie aux plats qu’elle ne cesse de préparer alors qu’ils ne font que picorer. Il faut avouer qu’elle cuisine non pas pour deux voire trois, mais bien pour dix. C’est sa façon à elle de s’occuper, quand elle ne se tue pas au travail et qu’il n’en fait plus de même. Rester dans une maison trop calme est difficile, le bruit du four l’apaise, aussi cliché cela puisse-t-il être. C’est aussi sa façon d’enfin enterrer la hache de guerre avec l’amie de Matt, quand bien même cette dernière n’aurait simplement jamais du exister.

Qu’ils s’occupent de vider la chambre, elle fermera parfaitement les yeux et comptera aussi longtemps qu’il le faut. Pour se donner un peu de force ou la transférer à Matt, peu importe, l’infirmière éprouve le besoin de partager avec lui un simple baiser avant de les laisser vaquer à des occupations auxquelles elle n’a pas même envie de penser.
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Message(#)wild man soul (scarlily & cie) EmptyDim 13 Juin 2021 - 20:33

Il pleut pas mais c’est tout comme. Et c’est complètement à chier de sortir ça comme métaphore mais que voulez-vous, je fais avec. Ça goûte salé sur mes lèvres, et y’a une poignée de minutes c’étaient celles de Lily qui s’y ancraient et je veux pas être celui qui relie le point A au point B aussi facilement mais soit, vous avez compris. Je savais même pas qu’il nous restait des larmes à pleurer. Je savais même pas qu’il me restait des mots à dire, quand la majorité des minutes passées ici se font vite, trop, éparpillées dans des couloirs où on regarde pas les murs ni la déco ni les portes, la porte est toujours fermée. La poignée me brûle les doigts.

« Je suis tellement désolée pour vous. Je sais même pas quoi dire. »
Tu n’as rien à dire. Ce n’est pas ta faute.
« C’est pas votre faute. C’est la faute de personne. Et vous avez le droit d’être tristes. Vous avez le droit d’être tristes et en colère. Tout ça en même temps. Mais c’est pas votre faute, et vous êtes pas seuls, d’accord ? »
Merci.

Dire que je les entends serait un énorme mensonge, dire que je sais qu’elles sont là est un peu plus véridique. Les voix de Lily et de Scarlett se confondent, elles donnent l’impression d’être dans un aquarium ou alors c’est moi qui y est, et elles sont en dehors. Je tape pas sur les vitres, j’aurais trop peur de tout casser, tout est tellement fragile ici. Tout s’effrite, tout est du papier de soie fait en cristal et il s’appellerait Owen. C’était un garçon, la chambre aux murs jaune poussin le rendait bien. Il aurait piqué les desserts de Sloan avant même qu’il sache marcher et les jumeaux l’auraient protégé envers et contre tout. À la place, c’est moi qui a pas réussi à faire office de bouclier, il s’en envolé sans que j’ai même pu voir de quoi il pouvait avoir l’air à l’écran. C’était noir, et blanc, et gris, et vide. Comme à l’intérieur. Dehors aussi, partout en fait. « Vous êtes sûrs que c’est ce que vous voulez ? Je suis pas là pour vous dire ce dont vous avez besoin. Je m’exécuterai si c’est vraiment ce que vous voulez. Si c’est ce qu’il vous faut pour que ça aille mieux ne serait-ce qu’un peu. Je le ferai, et vous n’aurez qu’à m’attendre dans le salon. » non jamais de la vie. Je suis pas sûr de rien et au-delà de ça je veux même jamais être sûr de quoi que ce soit parce que ça voudrait dire que tout ça est vrai.

Mais je peux juste pas. Je peux pas passer devant la porte et savoir qu’on l’ouvrira jamais. Je peux pas laisser la poussière faire comme si c’était le meilleur pansement qu’on pouvait avoir sous la main. Je peux pas enterrer ce qui était définitivement devenu la seule priorité dans le coin comme de rien. Faut que ça se fasse. Faut que ça aide. Faut que sortir tout ça enlève la pression sur mes épaules et faut qu’on passe à autre chose parce que je pourrai jamais subir ça pour une seconde de plus. Lily veut pas. Tout son corps le dit bien avant ses mots, et autant je sais qu’elle se forcera jamais comme je vais le faire de mon côté, autant je sais qu’elle ne m’en empêchera pas si ça veut dire avancer de quelque manière que ce soit dans un deuil que je déteste à chaque étape du processus. C’est trop chirurgical, trop procédural. Ils nous parlent d’étapes et ils nous disent qu’on doit tout faire dans l’ordre, mais on a tout fait dans l’ordre pour avoir un bébé et ça a pas marché, alors pourquoi est-ce que leur recette de merde pour aller mieux fonctionnerait mieux, justement ? Respire, Matt. Non. Fais le si tu veux Matt, mais moi je peux pas.” je peux pas non plus, elle comprend pas. Je lui demanderai jamais de comprendre. “Je vais te donner des tupperware Scarlett, on a des cookies et des lasagnes pour un régiment.” qu’elle parte ne me donne pas l’impression qu’elle s’en va. Pas quand sa main se resserre un peu plus contre la mienne, ou alors c’est l’inverse, mais pour l’heure on se confond un peu plus l’un à l’autre et c’est pour notre bien commun.

Je t’aime.” qu’elle entendra, Lily, alors que je la vois faire quelques pas en retrait, un peu plus. “Je suis désolé.” ça pourrait s’étendre pour des dizaines de milliers d’autres éléments, mais mes excuses portent le poids de ce moment. Ce n’est que lorsque je vois sa silhouette se décaler complètement vers la cuisine que mes prunelles recroisent celles de Scarlett pour ce qui me semble être la première fois depuis des années. “J’en ai besoin.” pas de je veux, pas de je peux avec elle. Elle sait à quel point je vais détester chaque seconde qui vient, presque autant que je vais m’haïr de le lui imposer. Mais s’il y a bien quelqu’un en qui j’ai confiance pour faire ça, pour me tenir quand je fais ça, c’est elle. Les boîtes attendront une seconde, une miette de. Quand ma paume se cale contre la poignée de la chambre dont on ne doit pas prononcer le nom, et que de ma main libre je cherche et trouve les doigts de Scarlett comme s’ils pouvaient stupidement me donner de l’oxygène. Qu’on ouvre, qu’on voit, qu’on statut. Qu’elle me suive alors que j’esquisse les premiers pas dans une pièce qui étouffe chaque geste tant les meubles et les décorations sont déjà toutes à leur place. Personne ne bouge rien pour un instant. Je suis trop occupé à regarder ce qui aurait pu être, et à montrer à Scarlett ce qui ne sera jamais.
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