| return to innocence (ft Lou) |
| | (#)Sam 1 Mai 2021 - 13:00 | |
| Certains et certaines narrent que l’ambition donne une santé morale des plus précaire. A défaut de pouvoir dire si les personnes ayant dicté ces mots sont ou non des visionnaires, cette phrase caractérise parfaitement le cas de Garrett Craine. Mortel parmi les mortels, incapable de se satisfaire à un seul instant de sa propre condition, en quête perpétuelle d’objectifs qui ne le satisfairont jamais sont un ensemble de descriptions qui lui conviennent parfaitement. Non content d’être -presque- à la tête d’un grand empire financier, d’avoir une famille qui d’apparence semble parfaitement joyeuse, des enfants merveilleux qui excellent à l’école, il fallait qu’il aille butiner de l’autre côté de la barrière, là où les interdits sont légions. Depuis qu’il est tout jeune, l'aîné de la famille Craine s’est toujours amusé à tester les frontières flous des règlements, en grandissant c’est avec les limites de la loi qu’il a fricoté. Jusqu’ici il était resté relativement loin du monde criminel, ou du moins les pratiques qu’il usitait ne permettait certainement pas de le faire tomber lui et son armée de d’avocats. Ce n’est pas en respectant les codes et autres us que l’ambitieux avait atteint sa place. Derrière le mirage de son intégrité et de sa blancheur, voire de son purisme, se dissimulait un individu ayant usé de moyens plus retors les uns que les autres pour arriver là où il en est. Le banquier éprouvait peu de remords à l’égard de ses victimes et s’il devait recommencer -ce qu’il faisait- il le referait. C’était presque devenu un jeu pour lui bien qu’il ait conscience que les conséquences, elles, étaient bien réelles. Et peut-être que c’est parce que le jeu devenait trop ennuyeux, trop insatisfaisant, trop néant, qu’il avait décidé de son propre chef de se mettre en porte à faux vis-à-vis de la Loi. Ce jeu, comme il se plaît lui-même à l'appelait, est le rempart qui lui permet d’éviter de craquer face à une pression quotidienne trop intense. Une méthode pour éviter de trop rationaliser sa vie qui ressemblerait plus à celle d’un robot ou d’un esclave que celle d’un humain. Cependant a-t-il vraiment conscience de toute l’ampleur de ses choix récents ?
Tout avait débuté par un simple contrôle de la SunCorp visant à endiguer le blanchiment d’argent. Des anomalies avaient été repérées dans les comptes d’un bowling, et pour une raison qui lui était inconnue, le brun avait décidé de s’occuper de l’affaire lui-même. Son intuition avait été bonne, cependant au lieu de dénoncer la chose, il s’était laissé séduire par la proposition de Lou et à vrai dire il l’avait attendu cette demande. Peut-être s’en doutait-elle, peut-être que non. Dans tous les cas, il ne lui avouerait jamais ouvertement qu’il avait voulu traverser cette frontière. De fait, il était devenu le conseiller financier de la ruche, celui qui s’occupait de placer les capitaux dans des investissements à fort potentiel capitalistique. Non seulement l’argent était blanchi, mais en plus il y avait une plus value. Ainsi les deux partis pouvaient être satisfait de la situation. Toutefois, et il n’est guère moindre, jusqu’ici Garrett avait marché sur des œufs faisant suffisamment attention pour ne pas trop se compromettre. Si son statut en tant que tel était relativement épargné, cela créait en lui une frustration certaine. Il était sur un entre-deux, dans une zone opaque où l’équilibre était relativement précaire ce qui n’était pas sans amener son lot de conséquence. Il ne savait pas encore s’il franchirait définitivement cette ligne rouge ou non.
Il devait rencontrer Lou aujourd’hui. Pour parler travail, affaires et il ne savait quoi d'autre. Jusqu’ici, le brun s’était tenu relativement à l’écart de la Ruche et devait apparaître comme relativement inconnu au commun des abeilles. Comme dit avant, il n’était que le simple conseiller financier et demi-intendant ou quelque chose dans le genre. Ce n’est pas sans une certaine anxiété, bien que son flegme ferait croire le contraire, qu’il se rendait sur les lieux du rendez-vous. Il avait demandé à choisir spécifiquement l’heure et l’endroit non sans quelques idées derrière la tête, la principale étant la visibilité. Le mirage qu’il fallait faire croire est que Lou Aberline est une cliente importante donc il fallait un traitement suffisamment digne sans pour autant attirer excessivement l’attention et lui offrir un privilège que d’autres n’auraient pas. Le choix du lieu devait avant tout être professionnel. Si la cheffe de gang venait de la haute société, le brun savait que son affinité avec cette dernière était faible et il n’avait pas pour ambition de la mettre mal à l’aise plus que ça. Ce n’était pas dans ses intérêts imminents. Le choix d’un lieu proche de la SunCorp, voire même son bureau, aurait pu être intéressant toutefois, il avait bien vite refusé cette solution afin de garantir l’imperméabilité de la frontière entre ces différentes vies, tout du moins autant que possible. Finalement c’est sur un choix classique, peut-être trop, que Garrett avait porté son attention. Le Goma, un restaurant gastronomique, qui équilibrait suffisamment bien discrétion et visibilité. Un peu cher certes mais il permettrait d’éviter qu’une oreille indiscrète ne vienne s’immiscer dans leur conversation puisque une salle leur avait été réservée.
Il était le premier à arriver sur les lieux, peut-être car il avait presque un quart d’heure d’avance. Il avait refusé l’offre du serveur de se faire servir un rafraîchissement. Avant de s’installer, par réflexe, le banquier vérifiait que tout était bien en ordre. Il n’hésitait pas à utiliser son portable du travail pour répondre à certains mails, le boulot ne le quittait jamais vraiment. Le Craine en profita également pour jeter un œil à quelques dossiers qui intéresserait probablement sa comparse du midi. Il était hors de propos de venir les mains vides même s’il ignorait la nature exacte de la rencontre.
Puis finalement, elle arriva. Le bruit de la porte qui s'entrouvrait fit ranger son portable au banquier. Il se leva, presque militairement, pour accueillir son invité, même si Gary ne pouvait s’empêcher au fond de se demander qui était vraiment le guest dans le cas présent. Lui était habillé en complet bleu avec une chemise blanche agrémentée d’une cravate rouge. L’image la plus traditionnelle qu’il soit possible d’avoir de la tenue d’un banquier et bien loin de toute excentricité, chose rare pour Garrett. A vrai dire, ce trop plein de sérieux traduisait ironiquement un manque certain de sérieux. « C’est que j’ai failli attendre. » Le ton est sarcastique malgré le franc sourire que dessine ses lèvres. Qu’importe qu’elle soit à l’heure ou non, il courra toujours après le temps. « Comment vont tes affaires ? Tout ton petit monde va bien ? » L’homme d’affaire l’invite à s’installer à la tablée et à choisir le vin qu’elle désire.
@Lou Aberline
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| | | | (#)Jeu 20 Mai 2021 - 7:44 | |
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Maintenant qu'elle avait connu les bas très bas et les hauts très hauts que la vie avait à proposer dans son grand panorama de l'existence, Lou n'était plus ni impressionnée ni émue par tout ce qui relevait du statut et du porte-monnaie. Malgré les dollars qu'elle accumulait désormais, la jeune femme avait appris une chose fondamentale, et il s'agissait de la valeur de tout ce qui n'était pas matériel. La force de caractère, la loyauté, la débrouillardise, la volonté, l'instinct. Tout ce que la pression de la misère, la peur et la survie pouvaient extraire des hommes et des femmes, former le diamant dans leur cœur, leurs tripes ou leur crâne. Elle voyait plus de richesse dans une personne déterminée et dévouée que dans un chèque à six zéros. Mais l'argent faisait tourner le monde et même Aberline devait se soumettre à cette force là. La jeune femme profitait d’une vie confortable sans excentricités ni étalage. Ce serait mentir de prétendre que le montant de ses comptes en banque n'étaient d'aucune satisfaction et que la Ruche n'avait jamais eu pour but de l'enrichir au passage. Renverser le Club, traquer Mitchell, tout cela avait un prix. Celui de l'âme, d'abord, et l'abandon au feu de toute bonne conscience, puis celui du portefeuille permettant ainsi quelques raccourcis dans la moisson de faveurs ici et là. Mieux que la télépathie ou de respirer sous l'eau, le pouvoir de faire pleuvoir les billets était aussi utile qu'enivrant. Et Lou en avait besoin plus que jamais pour étendre l'influence du gang, à Brisbane et ailleurs. C’était dans ce but qu’elle avait contacté Garrett quelques jours plus tôt, maintenant que ses aspirations pour l’avenir de la Ruche se précisaient. Le financier serait assurément la clé de voûte de toute cette entreprise.
Ainsi, non, le lieu choisi par Craine ne l’impressionnait pas. Ce n’était pas la hauteur de plafond ni la baie vitrée qui allaient l’intimider, l’uniforme des serveurs et les noms compliqués des plats non plus. Son récent retour en tant que Grimes dans les hautes sphères, depuis le décès de son père quelques mois plus tôt, l’avait replongée dans le bain de cet univers qui ne lui avait jamais vraiment manqué. Lou mettait un point d’honneur à démontrer qu’elle demeurait en marge. Entre les escarpins et la blouse fleurie, un jean à grands trous, uniquement pour le principe de faire un affront au code vestimentaire implicite du restaurant et de sa clientèle. Been there, seen that, traduisait sa moue désabusée par les pirouettes du maître d’hôtel à l’entrée de l’établissement. Marchant devant, elle se contentait de tolérer que celui-ci lui emboîte le pas jusqu’à la table où elle avait aperçu Garrett. A son approche, le brun se leva ; l’australienne le détailla de haut en bas, ne sachant pas ce qui lui prenait. Elle était gangster, pas reine d’Angleterre. « C’est que j’ai failli attendre. » plaisantait-il avec un sourire commercial, blanc et plein de dents. Lou, sans cérémonie, prit place sur la chaise libre. “Me tente pas de me faire désirer la prochaine fois.” Parce qu’elle le ferait, par simple esprit de contradiction. Juste pour prouver que si elle voulait le faire attendre, elle le pouvait tout en se sentant pleinement dans son bon droit.
« Comment vont tes affaires ? Tout ton petit monde va bien ? » Son petit monde. Sifflant un rictus ironique par le bout du nez, la jeune femme poursuivit sa lecture de la carte d’un air distrait. Elle n’avait aucune idée de ce qu’était une bisque, mais cela sonnait cher. Quant au vin, qu’on lui serve la meilleure cuvée ou le fond d’une bouteille ouverte depuis le début de la semaine, il était certain qu’elle ne saurait pas faire la différence. “C’était… agité, dernièrement. Tu en as peut-être entendu parler.” La descente de police au domicile de Strange avait été relayée dans tous les médias. L’homme était toujours recherché ; on aurait pu retrouver son cadavre si Lou était allée au bout de son dessein. La pensée de cet échec, cette craquelure, lui faisait toujours autant serrer les dents. Depuis, l’australienne avait découvert que Blackwell l’avait coiffée au poteau en reprenant les rênes du Club. Aberline avait perdu sur tous les tableaux et avait pansé son égo en faisant profil bas. “Mais les choses vont bien mieux maintenant.” assurait-elle en relevant ses yeux. Les doutes l’avaient quittée, son assurance était réapparue ; la force de la certitude lui conférait une aura sereine, un regard franc. Finalement, elle opterait pour le plat à base de mouton et un verre de whisky, annonça-t-elle au retour du serveur après lui avoir rendu le menu. Puis Lou se pencha vers Garrett, les avant-bras appuyés sur la table, le sourire aux lèvres. “On passe à la vitesse supérieure, le système actuel ne brasse pas assez. Il est temps de voir grand.” Certes, le bowling marchait bien. Certes, l’emprise de la Ruche sur des commerces locaux en dette participait à la croissance de leur influence. Les moyens mis à disposition par les chinois avaient été un tremplin, désormais ils devaient l’utiliser pour sauter plus haut, plus loin. Enthousiaste, espérant avoir le soutien de Garrett, Lou mordillait sa lèvre inférieure. “On parle acquisitions, expansion, et bien sûr une plus grosse part pour toi. J’ai besoin de savoir si t’es prêt à suivre.” Un acte de foi, vraiment, car le financier n’en saurait guère plus avant d’accepter d’en être.
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| | | | (#)Dim 25 Juil 2021 - 9:00 | |
| Pour les prunelles du banquier, la tenue de la gangster détonnait largement avec le standing de l’établissement. Est-ce qu’il en est vraiment surpris ? Certainement pas, chacun a sa propre manière de marquer la réalité de sa propre existence et certain ou certaine avait besoin visiblement de se faire plus remarquer. Bien évidemment que le Craine aurait préféré une tenue plus décente qui satisferait mieux les standards de la haute société, ne serait-ce que pour avoir un peu plus de discrétion, cependant ce n’est pas réellement comme s’il allait avoir d’autres choix de parlementer avec “ Lou au jean troué”. “Me tente pas de me faire désirer la prochaine fois.” Fredaine d’esprit libre, la remarque lui fait lâcher un léger rire contenu. « Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude avec toi. » En réalité, il n’en avait pas vraiment l’habitude mais certainement que cela en deviendrait une si le cours du temps continuait son écoulement normal et que rien ne venait l’entraver. L’homme d’affaires commence par une simple banalité pour marquer les apparences tout en usant à dessein d’un qualificatif marquant une certaine distance -et un dédain- vis-à-vis du monde de la pègre et tout ce qui pourrait s’en rattacher de près ou de loin. Peut-être pour se donner l’impression qu’il est encore au dessus alors que dans les faits, il y a déjà un pied dans le plat et que le second tarde à la rejoindre. Une crise de conscience ? Non, ce n’est pas le genre de la maison. “C’était… agité, dernièrement. Tu en as peut-être entendu parler.” « Seulement ce qui était dit aux infos. Soit tout et en particulier rien.» Son regard se portait peu sur les nouvelles du monde de la pègre ou du moins pas encore. « Triste fin pour un tyran. Tu penses qu’il repose au fond du Brisbane ou sous une dalle de béton ? » Garrett se demandait quelle mort était la plus agréable entre se faire noyer vivant dans un fleuve ou mourir d’étouffement sous une dalle de béton. Quelle était la plus courte et la moins douloureuse. Peut-être aucun des deux après une brève réflexion.
“Mais les choses vont bien mieux maintenant.” Etait-ce un prompt instant de faiblesse que Garrett avait observé chez la jeune femme ou simplement un moyen de l’attendrir temporairement pour le mettre en confiance. Visiblement, elle ne semblait pas manquer d’hardiesse ni de ressources. Après cette courte introduction, voilà que la louve était de sortie. Il n’y avait rien d’étonnant qu’elle jette son dévolu sur de l’agneau. Le banquier appréciait chercher des symboles là où il n’y en avait pas forcément et surtout jouer avec des images d’épinal pour ponctuer un monde qui perdait en saveur. Pour lui, ce serait un plat de la mer avec un vin fruité. A peine le serveur fut-il partie qu’un large sourire carnassier s’afficha sur le visage de la déchue ayant récupéré un trône. “On passe à la vitesse supérieure, le système actuel ne brasse pas assez. Il est temps de voir grand.” L’homme d’affaires lève un sourcil et l’écoute attentivement. Visiblement, elle a un plan ou du moins des ambitions. Il aime ça, les ambitions démesurées et c’est certainement à cause de ça qu’il s’était rapproché de femme pour le moins atypique. La démesure est l’aiguille du métronome qui cadence l’évolution du monde. “On parle acquisitions, expansion, et bien sûr une plus grosse part pour toi. J’ai besoin de savoir si t’es prêt à suivre.” « Est-ce que l’on t’a déjà dit que tu aurais pu faire une excellente trader ? » C’est un sourire qui se dessine sur ses lèvres. « Si je récapitule, au nom d’un grand projet que tu as et auquel tu sembles ne pas vouloir me partager de détails, je devrais céder et te rejoindre. En échange de quoi, ma redevance serait plus grande. Hmmm » Cela aurait tout l’air d’un pari comme ça, mais en réalité c’était bien plus. Ce que Lou voulait, c’était entamer un processus de baptême, consacrer pleinement et entièrement le banquier dans le monde du crime. Il était inutile qu’il demande des détails supplémentaires, elle ne lui en fournirait aucun. Ce n’était pas de loyauté que Lou demandait présentement mais bel et bien un acte de fidélité. Il n’y avait aucun contrat, pas même tacite, qui gravait leur relation “professionnelle”. Toutes supputations seraient inutiles. « J’accepte à une condition. Si nous réussissons notre première expansion, conquête ou premier gros je serais entièrement dévoué à ta… non notre cause. Dans le cas contraire, nos chemins se séparent. » En somme, c’est un droit de retrait que réclame le Craine. Si elle est certaine de ses ambitions et de ses capacités à élargir son pouvoir, cela ne devrait aucunement lui poser de souci. Cela lui permettait également d’avoir un aperçu de sa volonté à vouloir conquérir et étendre les territoires de la Ruche. « Je suppute que tu as une cible ou une idée en tête qui dépasse les magouilles actuelles. Je suis tout disposé à entendre quelle est notre première cible partenaire. »
@Lou Aberline vraiment désolé pour le retard |
| | | | (#)Mer 4 Aoû 2021 - 15:15 | |
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« Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude avec toi. - Et t'as pas tout vu, je peux faire durer dans tous les domaines. » Elle ponctua la provocation d’un clin d’oeil, manque de finesse assumé, vulgarité si peu sous-entendu, le tout détonnant un peu plus dans l’environnement chaste du restaurant. Lou n'hésiterait pas une seule seconde à s’adonner à un remake de Quand Harry rencontre Sally si on lui en donnait l’occasion, juste pour faire pâlir la clientèle et embarrasser un peu plus ce Garrett tout à l’étroit dans son costume. Mais la taquinerie passée, la jeune femme changeait aisément de ton pour passer à d’autres sujets plus sérieux. L’heure n’était pas à l’amusement mais aux affaires, elle la première le savait parfaitement. Elle balaya vaguement le sujet des récentes chaises musicales dont les gangs rivaux avaient été le théâtre, juste sous le nez des médias qui s’étaient focalisés sur la fuite de Strange. « Triste fin pour un tyran. Tu penses qu’il repose au fond du Brisbane ou sous une dalle de béton ? - Je l’espère en tout cas. » Lou prétendrait bien que le lieu ne se prêtait pas à plus de détails, mais il s’agissait avant tout d’esquiver ces contrariétés avant que sa propre conscience ne lui agite sous les yeux une nouvelle fois la liste de ses récents échecs. Cet entretien avait pour but d’aller de l’avant, de faire table rase de ces erreurs et d’assumer ses ambitions. Trop d’heures, de jours, avaient été gâchés en ruminements et regrets, en honte et en doutes, et il était temps de relever le menton.
Dès lors qu’une direction se dessina, puis devint une idée et enfin un plan, la brune avait décroché son téléphone pour faire appel à Craine. Néanmoins, avant de lui faire part du tableau, elle attendait de sa part une preuve de confiance. De confiance aveugle. Elle n’avait aucune raison de se préparer à lui planter un couteau dans le dos ou à le piéger d’une quelconque manière ; ils avaient des intérêts communs qu’un simple échange de bons procédés pouvait concrétiser. Il aimait le contact du gang, elle avait besoin d’argent ; il travaillait dans la banque, elle lui offrait sa dose de frissons. D’une certaine manière, Garrett avait tout du junkie. Et s’il était une chose que Lou savait gérer, c’était les addicts en constante recherche d’un nouveau niveau de défonce. La promesse d’une dose d’adrénaline supplémentaire ferait marcher le brun, elle n’en doutait pas vraiment ; si cela n’était pas suffisant, l’appel des billets finirait le travail. De là, il se condamnait à s’enfoncer toujours plus profondément dans cette dépendance. « Est-ce que l’on t’a déjà dit que tu aurais pu faire une excellente trader ? - Merci, je crois. » Il souriait, cela devait être bon signe. Elle lui rendit son rictus en attrapant le whisky que le serveur déposait face à elle. Les glaçons vibraient en glissant contre les parois du verre entre ses doigts. « Si je récapitule, au nom d’un grand projet que tu as et auquel tu sembles ne pas vouloir me partager de détails, je devrais céder et te rejoindre. En échange de quoi, ma redevance serait plus grande. Hmmm. » L’index de l’australienne se détacha du verre et pointa vers Garrett, un peu pirate, un peu diable. “T’as tout compris, hun’.” Comme il lui rappelait les trop nombreux hommes d’affaires qui s’étaient payé sa compagnie, fut un temps. Elle naviguait auprès d’eux à force de battements de cils, de sourires, de promesses ; elle avait appris quoi dire et comment le dire pour leur plaire, comment les faire languir, miroiter. Des leçons durement apprises qui avaient la vie dure. La sensation de se vendre ne disparaissait jamais vraiment. C’était peut-être ça, son côté trader. « J’accepte à une condition. Si nous réussissons notre première expansion, conquête ou premier gros coup je serais entièrement dévoué à ta… non notre cause. Dans le cas contraire, nos chemins se séparent. » Son sourire s’élargit. “Notre cause ? J’aime le son que ça a.” Après tout, Lou n’avait croisé encore personne en ayant assez dans le pantalon pour la suivre dans sa folie des grandeurs. Les uns ne voulaient pas se mêler d’histoires de vendettas, d’autres se complaisaient dans une entreprise à taille humaine comme ils disaient dans le monde des startups. A part Solas et son dévouement aveugle, la jeune femme n’avait pas souvenir d’avoir entendu un vrai “nous”. "Ça me paraît… raisonnable.” Une provocation supplémentaire, pas un compliment. Ceci étant, Lou approuva d’un signe de tête, sans crainte ; les termes de l’accord proposé par Garrett étaient équitables. Une fois impliqué jusqu’au cou, il ne pourrait plus retourner sa veste et s’adresser à la police ; dans le cas où il se détournerait de la Ruche, cette complicité dans leurs manigances se retournerait contre lui. Il n’avait absolument pas intérêt à ce que son business avec la pègre se sache, cela ferait mauvais genre dans son corps de métier. Elle l’avait, son acte de foi.
Lou s’attendait presque à ce qu’il lui sorte un bout de papier et un stylo Mont Blanc pour lui faire signer un contrat en bonne et due forme, mais pour sceller leur accord, elle se contenta de faire tinter son verre contre le sien d’un mouvement détaché se poursuivant dans une grande gorgée. « Je suppute que tu as une cible ou une idée en tête qui dépasse les magouilles actuelles. Je suis tout disposé à entendre quelle est notre première cible partenaire. » Un rire spontané et incontrôlable lui échappa. “Tu supputes ? Parle anglais, mate.” Elle parlerait probablement d’une manière approchante si elle n’avait pas quitté l’école aussi tôt, trop occupée à être la honte de ses parents à plein temps. Il serait mentir de prétendre que cet arrêt brutal du lycée ne lui portait pas préjudice parfois, ou que cela ne faisait pas l’objet d’un certain complexe. C’était plus simple de tourner les autres en ridicule que d’admettre qu’elle ne comprenait pas, de paraître plus stupide qu’elle ne l’était. “Mais, oui, tu supputes correctement, or whatever.” Une nouvelle fois, le serveur approcha, avec les plats cette fois. “Tu fais du golf ? T’as l’air de quelqu’un qui joue au golf.” lança-t-elle en attendant que toutes les paires d’oreilles non-invitées se détournent de la table. Garrett avait aussi l’air de quelqu’un qui avait un miroir au-dessus de son lit afin de s’admirer lui-même pendant l’acte. Juste une pensée, comme ça. Sans faire de manières, Lou vida ce qui lui restait de whisky d’une traite avant de prendre la parole. “Il y a un hôtel au nord de la ville, le Eaton Hills. Quatre étoiles et tout le petit confort qui va avec, un petit bijou. Sa particularité, c’est qu’il se situe littéralement à deux pas d’un golf, et que ce golf a un Country Club pour ces Messieurs. Quand toute cette bande de joyeux drilles à gros portefeuilles et encore plus gros égos se sent conforté dans sa virilité après dix-huit trous, ils sont généralement d’humeur à en ajouter un dix-neuvième, si tu vois ce que je veux dire. Et pour ça, ils se rendent au Eaton.” Garrett saisissait sans nul doute tout l’intérêt de l’endroit aux yeux de Lou. Cependant, il n’était pas seulement question de servir de fournisseur officiel de filles et de poudre aux clients de l’hôtel en question. “Tout le monde sait que les chambres sont beaucoup trop chères pour ce qu’elles sont, mais la discrétion a un prix. Mais dernièrement, une énorme vague de mauvais commentaires ont fait chuter les affaires.” Leur avocat travaillait dans le cabinet Grimes, les oreilles baladeuses de l’australienne avaient saisi une conversation diablement intéressante à ce sujet au travers des portes du cabinet familial. “On doit mettre la main sur cet endroit, Garrett. Je me fiche de comment.” L’Eaton était une machine à fric en perspective pour la Ruche, mais surtout, pour la jeune femme, un premier pas vers de plus grands projets. S’ils tiraient correctement leur épingle du jeu, elle imaginait déjà d’autres acquisitions dans d’autres villes d’Australie. Autant de pied-à-terre pour la Ruche qui étendrait peu à peu son influence. En faisant main basse sur ces garçonnières de luxe, c’était non seulement du pain béni pour les escorts et les dealeurs ; c’était surtout le meilleur moyen de réunir mille et unes manières de compromettre ces gros bonnets. Ils récolteront des faveurs comme on fauche les blés. Ce n’était pas l’école qui apprenait ce genre de choses.
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| | | | (#)Mer 11 Aoû 2021 - 7:06 | |
| - Et t'as pas tout vu, je peux faire durer dans tous les domaines. »« Vraiment hâte de le voir. Le visage de Garrett affichait un air mi-circonspect mi-railleur. Quelque chose lui disait qu’il avait bien fait de réserver une salle privée. Mais après tout quel besoin y avait-il de maintenir les apparences dans un lieu clos, où aucune oreille ou regard ne peut se poser sur le duo de truand. Après tout, la reine de la Ruche l’avait vu dans des situations bien moins professionnelles que celle-ci. Pourtant cela n’empêchait en rien Garrett de rester de marbre pour le moment, comme un pantin figé dans son rôle, incapable de changer son comportement. Peut-être qu’au fond de lui-même une petite voix tentait de le prévenir qu’il allait commettre un dernier sacrilège avant de tomber définitivement de l’autre côté ; que son état présent incarnait ce mirage auquel il s’était tant accroché depuis maintenant plus de deux décennies. Il resterait, ou au moins essayerait, droit dans ses bottes durant ce repas comme si c’était une lambda réunion de travail pour un contrat pouvant rapporter gros à la SunCorp. Ce n’est qu’une couleuvre de plus qu’il essayait de se faire avaler…
Le ton plaisantin de Lou fut chassé rapidement par l’évocation de la disparition du poids lourd des cartels de drogue de Brisbane : Mitchell Strange. La nature avait horreur du vide et il était naturel que lorsqu’un superprédateur disparaît, d’autres prennent sa place. Les médias n’avaient pas mis longtemps pour mettre en évidence la recrudescence d’incidents violents liés à la drogue sans vraiment s’intéresser plus que cela au fond du problème pour savoir si c’était des cas isolés ou bel et bien le sommet d’une cime pouvant permettre de remonter jusqu’au racine d’une organisation criminelle. Les pouvoirs publics eux semblaient guère s’agiter plus que ça, ou du moins le Craine n’avait pas plus d’information que ça. Et à vrai dire, le sujet n’était pas vraiment dans ses préoccupations actuelles. L’homme d’affaire évoquait avec un peu d’humour morbide la mort de l’ancien baron de la drogue. - Je l’espère en tout cas. » Cette simple réponse indiquait à l’australien que son interlocutrice n’avait pas mis la main sur l’individu et que par conséquent, elle n’était pas à l’origine de sa disparition. Ou alors Lou mentait très bien, chose dont il ne doutait pas même si pour le moment le banquier penchait plutôt pour la première hypothèse même si dans le fond, qu’importe la vérité, cela ne changerait rien à ses avis, ses préconçus ou motivations.
La tournure des évènements bascula brusquement lorsque Aberline fit une proposition des plus détonantes au Craine. C’était autant prévisible qu'inattendu dans son esprit. Inattendu car il ne s’attendait pas à ce qu’elle aborde aussi rapidement et brusquement un sujet aussi important. Prévisible car cela allait bien arriver un jour et que la demande pressante de la cheffe de gang pour rencontrer le président de la SunCorp ne pouvait que déboucher sur une demande au mieux considérable au pire arrogante et prétentieuse. Garrett tenta de synthétiser au mieux la proposition de son interlocutrice afin d’être certains de bien comprendre les enjeux. Il ne le fait d’ailleurs pas tant pour elle que pour lui finalement, afin de bien comprendre tous les enjeux de cette situation et de pouvoir y répondre au mieux. Au vu de la réaction de sa comparse, le patricien borderline avait vu juste. “T’as tout compris, hun’.” Peut-être qu’il aurait mieux valu ne pas comprendre. Qu’une décision avec un choix binaire aurait été plus simple et que malgré lui, il pesait déjà la balance de ses actions présentes, passées et à venir. En tant que père de famille, homme de loi et droit -après tout, son ascension s’était illustré par des campagnes anti-corruption- et surtout cherchant à s’afficher (faussement) comme un parangon de vertu, Garrett devrait refuser. Toutefois derrière toutes les apparences qu’il créait ou qu’on lui prêtait, ce n’était finalement qu’une mufle dont l’essence était un égoïsme majeur. Il n’était pas dupe et savait pertinemment que Lou jouait sur l’un de ses défauts principaux : l’ambition et l’envie d’avoir toujours plus. La cheffe de gang ne faisait que le titiller pour le faire rentrer dans un cercle dont il ne pourrait probablement plus sortir. Mais lui remettre l'entièreté de la faute sur le dos n’était qu’un mirage de plus auquel il ne pourrait pas croire. Une partie de lui, loin d’être infime, souhaitait connaître ce milieu en dehors des règles pré-établies et ressentir de nouveau cette sensation de vie qui l’avait abandonnée depuis quelques années. Ce n’est pas le bonheur que cet homme cherchait mais la sensation. De plus, même si Lou ne faisait que lui vendre un autre type de came, il y avait une chose que les deux partageaient malgré leurs parcours très différents : le désir d’exercer une influence sur un monde manquant de sens et de se laisser guider par la folie des grandeurs.
C’est pour toutes ses raisons qu’il offrait un gage à son interlocutrice malgré sa clause qui dans le fond ne devrait être qu’un simple détail. Aucun de ces mots n’étaient choisis par hasard et tout indiquait qu’il allait franchir un cap en considérant la cause de Lou comme sa propre cause. En acceptant de se lier ainsi, si un ou une des deux tombait, l’autre aurait de grande chance de le suivre. “Notre cause ? J’aime le son que ça a.” "C’est bien ce que c’est après tout, un partenariat.” Un duumvirat, espérons que les deux “consuls” parviennent à faire naître un empire aussi grand que celui de Rome. Après tout leur rencontre, leurs échanges et même leur coalition avaient été le fruit d’un rapprochement d'intérêts qui semblait connaître la fin de sa convergence. "Ça me paraît… raisonnable.” Elle acceptait la contrepartie imposée ce qui témoignait de sa volonté d’aller jusqu’au bout de sa tâche. La volonté était le moteur de tout et tant qu’elle en aurait, il la suivrait dans ses projets. Comme le voulait la coutume, l’accord vu sceller par le tintement du choc entre deux verres afin de célébrer cette alliance naissante. Une façon bien plus saine de célébrer que de marquer à la cigarette ou au pistolet chaud l’autre.
Garrett demanda directement à sa partenaire s’il elle avait déjà un projet en tête. S’il y a bien une chose qu’il n’avait pas prévu, c'est sa réaction à un mot de vocabulaire vaguement soutenu. ll ria de bon cœur avec elle en ne pensant pas moins ceci-dit que le niveau d’anglais de Lou était déplorable. “Tu supputes ? Parle anglais, mate.” Certainement croit-il encore à ce moment qu’elle cherchait juste à le charrier. Lui qui devait apprendre et réciter à sa mère au moins une poésie par semaine durant sa petite enfance… il en aura palabrer du Blake, du Shakespeare ou du Byron. Toutefois il comprit bien rapidement qu’en fait elle n’avait pas vraiment compris le mot et n’avait pas d’idée de sa signification. “Mais, oui, tu supputes correctement, or whatever.” Il ne lui fera pas de remarque cette fois, uniquement car le serveur arrivait avec les plats et qu’il ne tenait pas à la mettre plus que ça dans l’embarras face à une autre personne. “Tu fais du golf ? T’as l’air de quelqu’un qui joue au golf.” “ Tu dis ça car je suis snob et riche et que donc je rentre parfaitement dans la case du joueur de golf ? ” Le ton était ironique mais non railleur. D’ailleurs il répond lui même à sa question “ Et bien t’as raison, j’en fais de temps en temps. Mais je préfère la voile ceci-dit. Et toi c’est quoi ton sport préféré ?” Autant rester dans les banalités jusqu’à ce que le serveur finisse de présenter les plats en adressant son très protocolaire bon appétit.
Le sujet divergeait encore une fois et Garrett avait du mal à suivre la connection entre les différents propos jusqu’à ce que le golf soit de nouveau invoquer par sa comparse. “Il y a un hôtel au nord de la ville, le Eaton Hills. Quatre étoiles et tout le petit confort qui va avec, un petit bijou. Sa particularité, c’est qu’il se situe littéralement à deux pas d’un golf, et que ce golf a un Country Club pour ces Messieurs. Quand toute cette bande de joyeux drilles à gros portefeuilles et encore plus gros égos se sent conforté dans sa virilité après dix-huit trous, ils sont généralement d’humeur à en ajouter un dix-neuvième, si tu vois ce que je veux dire. Et pour ça, ils se rendent au Eaton.” Il ne lui fallut pas trois secondes pour comprendre là où Lou voulait en venir et cela ne manquait pas de faire croître son intérêt pour la situation. Elle visait gros, très gros. Certains et certaines diraient trop gros. Au contraire pour Gary, la cible était parfaite et la cheffe de gang était à la hauteur des attentes du banquier. “Tout le monde sait que les chambres sont beaucoup trop chères pour ce qu’elles sont, mais la discrétion a un prix. Mais dernièrement, une énorme vague de mauvais commentaires ont fait chuter les affaires.” Il l’écoutait attentivement, sans la couper, prenant soin de mesurer chacune des infos qu’elle lui fournissait. Après tout, il ne serait pas là présentement si elle n’avait pas besoin de lui pour quelque chose. “On doit mettre la main sur cet endroit, Garrett. Je me fiche de comment.” Ainsi s’était par un siège que Lou voulait commencer leur partenariat. “La conclusion est déjà toute trouvée, une des entreprises fictives dont tu es propriétaire achète l'hôtel dont le prix aura dégringolé. ” Spéculation quand tu nous tiens… L’une des questions qui était à poser c’est de savoir de quelle nature serait la transaction : argent sale, argent blanchie, argent classique… et si ce serait un virement bancaire ou bien un payement en cash directement. Ce sujet, se serait plutôt à Garrett de trancher dessus et c’est bien pour ça qu’il n’en fait pas directement part à Lou, jouer avec la porosité de la finance c’était son domaine après tout. “Est-ce que tu y es pour quelque chose dans la pluie de commentaires acides qui touchent l’hôtel ?” Le meilleur moyen d’anéantir une place forte, c’est de faire croire que c’est l'assaut extérieur qui est le plus menaçant alors qu’en réalité la menace se trouve entre les quatres murs du lieu assiégé. “Le meilleur moyen que cet hôtel tombe rapidement entre nos mains, c’est de provoquer un scandale qui éclabousserait la sécurité des lieux et le directeur. ” Garrett réfléchissait tout en découpant un morceau de viande de son plat. “Une série de vols permettrait certainement d’arriver rapidement à cela, qui plus si c’est des personnes importantes qui sont mises en cause. ” Cependant pour ce genre de cas, les hôtels avaient le droit à des assurances et elle était loin d’être inefficace. “Je pense pouvoir réussir, par le biais d’une des sociétés affiliées à la SunCorp, à leur proposer un contrat d’assurance qui permettrait de le mettre dans une position particulièrement délicate si une série de mauvais incidents se produisait. ” Cependant, et elle l’aura compris, si Garrett pouvait s’occuper de tout ce qui touchait aux structures spéculatives et économiques, il faudrait des gens de terrain pour affaiblir les fondations. “Tu as du monde à infiltrer et qui soit potentiellement prêt à faire un gros coup ? ” Et par gros coup, il sous-entendait plus que simplement voler dans les chambres. “Va falloir voler des documents, pirater, corrompre et s’en prendre à des coffre fort, c’est donc d’une équipe dont je parle. ” Et autant dire que le tout nécessiterait une frappe chirurgicale suffisamment bien rodée. Tous les objectifs ne seront pas forcément atteignables, mais plus il y en aura d'accomplis, plus les chances seront grandes que l'hôtel tombe rapidement. “Mais si tu as d’autres idées ou infos que je n’ai pas à ma connaissance, je t’écoute. ” @Lou Aberline |
| | | | (#)Dim 22 Aoû 2021 - 17:36 | |
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Si Lou avait appris une chose, dans sa position et depuis qu’elle côtoyait le monde secret de l’illégalité, c’était de ne pas accorder sa confiance aveuglément. Une leçon apprise à la dure, il fallait bien l’avouer, imprimée dès le jour où sa naïveté avait mis Strange derrière les barreaux. Elle était méfiante, depuis. Elle ne l’était pas à moitié. Mais les choses étaient plus nuancées avec Garrett, et Dieu savait que Lou ne faisait pas dans les nuances habituellement. Il avait forcé sa confiance. Il s’était imposé à elle. La raison importait peu en réalité, l’intérêt du brun pour la Ruche étant une aubaine sur laquelle la jeune femme n’aurait sû cracher. Elle ne se sentait pas à sa merci, face à celui qui aurait pu aisément offrir à la police toutes ses découvertes sur le bowling et l’organisation propriétaire. Elle ne se sentait pas menacée, ni regardée de haut. Et il fallait dire que cela était chose rare de la part d’un homme blanc d’âge moyen face à une femme comme elle ; d’autres ne se seraient pas gênés pour tenter d’asseoir une quelconque domination sur elle, à leurs dépends. Il était tellement tentant et doux pour l’ego d’écraser l’autre sous sa semelle, de mener la danse -elle le savait, elle le faisait constamment. Garrett ne lui rappelait pas qu’elle était un poids plume haute comme trois pommes qu’il pourrait briser comme une allumette si l’envie lui venait. Il ne lui secouait pas sous le nez la possibilité de la dénoncer tous les quatre matins. Il ne demandait pas de faveurs, d’avantages quelconque, qu’ils soient physiques, matériels, monétaires. Rien qu’il n’ait pas mérité en collaborant. Et cela était plaisant, il fallait bien l’avouer, d’être perçue comme un égal, comme un partenaire, d’être prise au sérieux de la manière dont elle le méritait. Alors, et c’était rare, Lou avait non seulement confiance en l’australien, mais elle l’estimait. Elle avait le pressentiment que grâce à lui, elle accéderait au niveau supérieur ; que sous son ombrelle, la Ruche allait s’épanouir et atteindre son plein potentiel. Alors elle se rapprocherait d’un pas supplémentaire de la couronne du Club. Et cela passait, étonnement, par le golf. “Tu dis ça car je suis snob et riche et que donc je rentre parfaitement dans la case du joueur de golf ? - Absolument. - Et bien t’as raison, j’en fais de temps en temps. Mais je préfère la voile ceci-dit. Et toi c’est quoi ton sport préféré ?” La jeune femme esquissa un sourire, haussa les épaules. “Sport de chambre. Un peu de surf de temps en temps. Yoga pour les nerfs.” Ils en avaient bien besoin, ses nerfs. Le surf était devenue une activité plus rare depuis un certain temps ; c’était leur truc, avec sa meilleure amie, lorsqu’elle en avait encore une. Désormais prendre la vague lui rappelait ces moments passés avec douleur, et Lou n’avait pas besoin d’un rappel supplémentaire de l’ampleur de sa solitude. Il paraissait que c’était comme ça, le sommet. Esseulé. Même Solas ne pouvait pas réparer cela chez elle, même sa présence ne comblait pas entièrement le vide. Un vide qu’elle avait creusé elle-même, en tournant le dos à ses amis, en les décevant, en les trahissant, en les regardant mourir par sa faute. Elle était un trou noir, Lou. Aspirer la lumière des autres était son moyen de survivre. Elle n’avait jamais eu besoin de le faire exprès.
Son plan, la jeune femme l’exposa avec une assurance que tous ceux qui avaient pu la croiser dans le passé ne lui auraient probablement jamais soupçonné avoir au fond d’elle. Au placard la naïve, l’influençable, la biche égarée. Lou avait mené son enquête, creusé son sujet, pensé à tous les angles. Ce plan, il était la somme de toutes ses expériences. C’était sa jeunesse dans la haute, petit poisson en stage d’observation chez les requins, gosse de riche qui écoutait les bribes de vies décadentes de ces hommes et ces femmes qui planaient comme des albatros au-dessus de la société. C’était ses années au Club, toutes les chambres qu'elle avait arpenté, leur literie hors de prix partagée avec tant de clients qu’elle ne se souvenait plus du nombre, le souvenir de leurs mains autoritaires, des langues qui se liaient et se déliaient le moment venu. C’était les leçons apprises de Mitchell, l’exemple qu’elle niait dont elle avait retenu l’importance du patrimoine immobilier, des investissements intelligents qui blanchissaient et rapportaient à la fois. Tout menait à cet hôtel. C’était l’évidence même. Ce qui lui manquait, c’était l’expérience de Garrett afin de mener le projet à bien. “La conclusion est déjà toute trouvée, une des entreprises fictives dont tu es propriétaire achète l'hôtel dont le prix aura dégringolé.” Bienvenue à bord. Satisfaite d’entendre d’ors et déjà les rouages de l’esprit du banquier s’affairer à concrétiser cette vision, Lou se recula confortablement au fond de son dossier, sourire aux lèvres. “Est-ce que tu y es pour quelque chose dans la pluie de commentaires acides qui touchent l’hôtel ? - Pas initialement. Ils ont sûrement énervé la mauvaise personne. Je me suis juste engouffrée dans la brèche.” D’un geste distrait, elle déplia sa serviette et la déposa sur ses cuisses. Elle n’allait quand même pas laisser son agneau refroidir. “Le meilleur moyen que cet hôtel tombe rapidement entre nos mains, c’est de provoquer un scandale qui éclabousserait la sécurité des lieux et le directeur.” Garrett tira le fil de son idée jusqu’au bout. Absorbée par la stratégie qu’il déroulait, Lou oublia finalement son plat au profit de son whiskey au bout d’une bouchée. Voilà pourquoi elle avait besoin de lui. Elle était maligne, Aberline, elle avait du bon sens, de la logique, de l’instinct ; tout ce qu’il fallait pour toujours se dépêtrer de toutes les situations. Un autre genre d’intelligence. Ce qu’elle n’avait pas, c’était le savoir -ni la patience d’apprendre tout ce genre de choses. Elle ne savait pas comment les assurances fonctionnaient, encore moins comment tourner un élément pareil à leur avantage, mais la réflexion de Craine derrière tout ceci, elle comprenait. Elle n’y aurait pas pensé seule et elle n’avait pas honte de rendre à César ce qui appartenait à César. “Je comprends maintenant pourquoi certains disent que l’intelligence rend sexy.” commenta-t-elle sur un ton plus léger, le visage reposant dans la paume de sa main tandis qu’elle observait Garrett détailler son idée. Elle espérait lui arracher peut-être un sourire, un rictus, une touche de rose sur les pommettes. Il était si sérieux, si concentré, que tenter de le désarçonner rien qu’une seconde était un petit défi que la jeune femme s’était mise en tête de relever. “Tu as du monde à infiltrer et qui soit potentiellement prêt à faire un gros coup ? - J’ai tout un tas de petites mains qui ne demandent que ça, ce sera pas un problème.” Voler, pirater, corrompre. Voilà qui sonnait comme la saint trinité d’un plan qui roulait. Un rail ferait décemment office de l'eucharistie pour finaliser le sermon du jour. Livre de Garrett, 1:1, la parabole de la mainmise sur l’Eaton.
“Je t’ai dit tout ce que je savais, partenaire. Y’a plus qu’à s’y mettre.” Même si elle s’y voyait déjà, Lou avait conscience que la partie n’était pas gagnée d’avance. En revanche, elle ferait tout pour mettre toutes les chances de son côté. Elle enverrait des abeilles dans chaque recoin de l’hôtel, chambres, restaurants, hall d’accueil, administration. “Il y a deux choses qui peuvent rapidement pousser le directeur vers la sortie : fuite de données personnelles et détournement de fonds. Bizarrement les gens n’aiment pas trop que leur numéro de carte bleue apparaisse sur le dark web. En ayant un gars à la réception et un au service comptable, c’est deux cartes qu’on pourra jouer rapidement.” Et rapidement était le maître mot. La jeune femme n’était pas connue pour sa patience. Son hôtel, elle le voulait pour hier. “Pour ma part, je vais me rapprocher de leur avocat, j’ai un contact qui peut me mettre en relation.” Coucou maman. “Il est également bon ami avec le propriétaire. Quelques battements de cils et un paquet de cash devraient le convaincre de faire pencher la balance de notre côté le moment venu.” Hors de question de risquer que l’établissement leur passe sous le nez une fois mis en difficulté. Par ailleurs, s’il était possible de négocier sans recourir à des menaces ou une arme à feu, cela serait pour le mieux. “En tout cas, je suis ravie de voir que tu sembles emballé par ce petit projet.” Il ne regrettera pas d’avoir accepté de plonger un peu plus loin dans les profondeurs avec elle, Lou n’en doutait pas.
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| | | | (#)Lun 6 Sep 2021 - 7:03 | |
| - Absolument. La franchise et le manque de tact de sa future partenaire de crime ne manquait pas de faire esquisser un rire à l’homme d'affaires. “Sport de chambre. Un peu de surf de temps en temps. Yoga pour les nerfs.” S’il y avait bien une chose que Garrett regrettait comme défaut chez son interlocutrice c’est ce manque de finesse mais après tout, sa vie n’avait pas était aussi douce que la soierie d’une dentelle. L’un et l’autre venait du même monde à l’origine mais leurs routes ont drastiquement pris des voies différentes pour finalement se retrouver ici. C’était comique, ironique, presque une fatalité. C’était presque comme si leurs différences se couplaient harmonieusement comme le Yin et le Yang, du moins c’est ce que penserait Garrett s’il était un tant soit peu porté sur la spiritualité ce qui était loin d’être le cas. De son point de vue, les champs de compétences de Lou étaient complémentaires avec les siens et permettaient donc de couvrir de très larges ambitions. Cela n’allait guère plus loin. Pour l’homme d’affaires, seul importait l’efficacité et l’utilité des gens. Qu’importe leur croyance, leur position sociale, ou leur nature même. Tout ce qui comptait à ses yeux, c’était l’excellence qu’une créature mortelle pouvait donner à l’un de ses talents. “ Il faudra que nous fassions une séance de surf l’un des ses quatres à alors. Sauf si tu crains trop de devoir me repêcher à plusieurs reprises. Simple proposition qui servait bien plus à décorer une discussion manquant cruellement d'intérêt mais permettant de gagner suffisamment de temps pour que le serveur s’en aille.
Lou exposait son plan avec grande assurance et faisant comme-si la chose à réaliser n’était qu’une bagatelle. Cela plaisait fortement au banquier. Dès lors que l’on considérait quelque chose comme insurmontable indubitablement cela le devenait. Toutefois, il fallait nuancer un peu la chose et c’est ce qu’il ferait plus tard. Avoir de l’ambition c’est bien, mais savoir la sécuriser et se donner les moyens c’est mieux. La finalité était simpliste, le parcours serait plus ardu. Pas initialement. Ils ont sûrement énervé la mauvaise personne. Je me suis juste engouffrée dans la brèche.”. “C’est une bonne chose, cela nous permettra d’avancer plus facilement nos premiers pions. Toutefois la situation indiquait quelque chose de fondamental sur le caractère de son interlocutrice. Elle savait discerner avec acuité les faiblesses des gens et des structures. C’était quelque chose d'impressionnant mais également de terriblement inquiétant. La cheffe de gang ne s’était certainement pas hissée aussi haut par hasard, mais la voir s’attaquer à un hôtel vacillant donnait bien le ton. “Je comprends maintenant pourquoi certains disent que l’intelligence rend sexy.” “Je pourrais te retourner le compliment. Mais il ne le fait pas, préférant terminer de dérouler le fil de sa pensée. Après tout, il était en quelque sorte au travail et il était excessivement difficile de le perturber dans ces cas-là. Cependant, si elle voulait lui faire décrocher un sourire, c’était gagné. - J’ai tout un tas de petites mains qui ne demandent que ça, ce sera pas un problème.” . “Et bien parfait alors.” Il restait plus qu’à l’orchestre à jouer sa symphonie.
“Il y a deux choses qui peuvent rapidement pousser le directeur vers la sortie : fuite de données personnelles et détournement de fonds. Bizarrement les gens n’aiment pas trop que leur numéro de carte bleue apparaisse sur le dark web. En ayant un gars à la réception et un au service comptable, c’est deux cartes qu’on pourra jouer rapidement.”. Le Craine écoutait attentivement le propos de la mafieuse et il ne pouvait nier qu’elle avait de la suite dans ses idées et que ces dernières étaient bonnes. “Ma foi, une petite recommandation d’une entreprise pourrait aider pour incruster une abeille dans la compta de l’Eaton. Pour le reste, cela sera à toi de disposer tes troupes où tu l’entends. Après tout c’est toi leur Reine.”Derrière ces mots se cachaient surtout une disposition des tâches et le fait que Garrett acceptait, pour le moment, de n’avoir aucune autorité sur les castes inférieures de la Ruche. “Pour ma part, je vais me rapprocher de leur avocat, j’ai un contact qui peut me mettre en relation.” Il semblait bien que la détermination de Lou était entière et que c’était une vraie Blitzkrieg que la demoiselle voulait organiser. “Il est également bon ami avec le propriétaire. Quelques battements de cils et un paquet de cash devraient le convaincre de faire pencher la balance de notre côté le moment venu.” . “C’est que cela en serait presque trop soft. Mais si la douceur marche, nous n’allons certainement pas nous en priver. Cependant, de part son expérience, Garrett savait qu’un grain de sable venait toujours se mettre dans les rouages les mieux huilés. Cependant inutile encore de faire des hypothèses sur de futures complications. . “De mon côté, je me chargerai de créer de toute pièce notre compagnie d’assurance qui défiera toute concurrence ainsi que de m’assurer que c’est bien nous qui rafflions la mise lorsque les propriétaires de l’hôtel mettront la clef sur la porte.
“En tout cas, je suis ravie de voir que tu sembles emballé par ce petit projet.” . “Il faut bien commencer modestement avant de lancer dans de plus vaste projet.” L’homme d’affaires terminait son verre de vin. “ Peut-être devrions nous nous offrir quelque chose pour trinquer à ce radieux futur.” Puis une idée un peu folle lui vint en tête. “Et si nous allions célébrer notre partenariat directement là-bas, histoire de voir si les lieux sont à nôtre goût ou s’il faudra penser à refaire l'esthétique des lieux ? @Lou Aberline |
| | | | | | | | return to innocence (ft Lou) |
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