Tout le monde en avait entendu parlé, de cet article sur ce blog sortie de nulle part. Quelle crédibilité accorder à ces pseudos journalistes qui pop comme des champignons ? Ils se disent tous indépendant, ils ont tous leur propre ligne éditorial, éthique, anticorruption, pour un monde meilleur, sans fonds d’investissements obscures. Dinis avait souvent tendance à dire que ces pseudos journalistes n’avaient surtout pas réussi à faire leurs places dans les médias qu’ils convoitent et que leur frustration et leur égo les avaient poussés à leur cracher dessus et faire bande à part. Pour autant, maintenant qu’il s’agissait de Byers, il s’y était intéressé de prêt, à ce blog. Conviction, l’introduction correspondait tout à fait à ce qu’il pensait, mais s’était donné la peine d’y accorder un peu de crédit et à tout lire. Lorsqu’il eut terminé, son ordinateur se coupa d’un clique assez brutal. L’Irish n’avait qu’une idée en tête : aller trouver Penny et lui en toucher deux mots.

Ca fait bien deux semaines que j’entends parler de cette affaire de Byers, mais j’avoue qu’avec le décès récent de Nicholas, j’avais un peu lever le pied et pris de la distance avec mon métier et toutes les histoires à la con de ces petites starlettes en quête de reconnaissance. Ces derniers mois, j’me faisais royalement chier, si quelques clichés de Cynthia qui trompe Andrew sont toujours un peu intéressants financièrement, lui coller au cul était d’un ennuie à mourir. J’en avais ras le cul de tout ça, j’avais besoin de quelques choses de plus croustillant, de plus intéressant, avec un réel enjeu derrière. Et là, j’ai l’impression qu’on est pas loin du compte.
Byers sera à peine déstabilisé par cet article, personne ne donnera du crédit à une équipe de journaliste – soi-disant – anonymes du net. Les chevaliers qui se donnent bonne conscience, qui se croient intouchables parce qu’ils ne dévoilent ni leurs noms, ni leurs visages. Ça m’fait bien rire. (C’est qu’il en oublierait presque que lui-même exerce sous anonymat, notre Dinis.)  Et tant que Powlanski réalisera toujours des films, ce genre d’article continuera de faire rire tout l’monde. Quel monde de merde !
Pour trouver Penny, j’ai deux options. Aller faire un tour du côté des plages où elle devrait faire la crête pour parfaire sa teinte de blanc un peu moins blanc que blanc. Ou quand elle veut être un peu plus intéressante que ça, elle se cache chez le Barista le moins distingué de Brisbane. Ex candidat à l’émission marié au premier regard, toujours à rire à gorge déployée, chouchou de ses demoiselles en chaleur. Matt McGrath qui n’avait rien d’intéressant mais qui était fascinant par sa connerie. Pousser la porte du Death Before Decaf m’était toujours un supplice, et avant d’y entrer, je m’étais assuré, d’un œil avisé, que Penny soit bien à l’intérieur. La blonde, cachet d’aspirine - malgré ses heures au soleil, n’oublions pas – était bien là.
« Je m’attendais à te voir six pieds sous terre. » que je glisse, toujours aussi délicat, en m’installant à côté d’elle. Pas besoin de se présenter, Penny et Oz, une vieille histoire. « Quand est-ce que tu compte porter plainte ? » pourquoi passer par quatre chemins ? Penny se doutait de l’objet de ma présence à ses côtés.

@Penny Stringer

Les choses s’étaient finalement calmées.
Tu avais l’impression que pour la première fois depuis des mois, tu n’étais plus un point d’intérêt pour la presse australienne.
Jusqu’à ce que cet article anonyme soit publié et vienne tout gâcher, évidemment.

Si ce n’était qu’un article anonyme sans grande valeur, tu savais toutefois que les propos énoncés par ce dernier se rapprochait plus que jamais d’une vérité que tu avais voulu garder secrète aussi longtemps que possible. Ça faisait des semaines que tu tentais d’amasser le courage nécessaire pour franchir la dernière étape : porter plainte officiellement contre Byers. Des semaines que tu relisais le dossier que Victoire avait monté, avec tous les emails qu’elle avait envoyé à d’autres potentielles victimes et les maigres réponses qu’elle avait reçu. Et puis tu avais appris la terrible nouvelle de son meurtre et soudainement, tu n’avais plus eu le courage de penser à ça. Plus le courage de mettre ton nez dans ces dossiers, plus le courage de penser à elle, à la manière abrupte dont s’était terminée votre dernier rendez-vous, incapable de penser au fait que jamais tu n’aurais la chance d’arranger les choses avec elle. Son histoire avait refait la manchette dans les nouvelles, rappelant au monde qui avait été cette mannequin à la réputation détruite par son agresseur qui s’en était tiré d’affaires. Tu connaissais la vérité, toi. Et plus que jamais, tu avais peur que l’histoire de Juliette se répète en partie, qu’on ne te croit pas à ton tour, que ta carrière tombe et que plus jamais tu puisses vivre sereinement ta vie en tant que Penny Stringer. C’est qu’elles filaient à vive allure, les pensées contradictoires dans ton esprit, passant de Byers, à Victoire, à Rory qui souffrait encore des contre-coups de ton silence, Clyde qui attendait ton go pour mettre à bout son investigation et tes quelques amis proches désormais au courant qui attendaient un quelconque signe de ta part. Tout était trop et cet article n’était que la goutte de trop dans un vase qui débordait déjà.

Si l’envie de rester enfermée chez toi et de te cacher du monde entier comme tu l’avais fait des mois durant après l’agression était forte, tu ne pouvais pas te permettre de refaire tous ses pas en arrière. Tu avais le tournage de ce nouveau long-métrage qui demandait toute ton attention en plus des quelques cours de danse d’appoint que tu devais prendre auprès d’Eddie, tu n’avais tout simplement pas le temps de te laisser abattre. Alors tu vivais dans le déni. Évitais autant que possible de discuter de cet article paru quelques semaines auparavant, évitais le sujet de The Trail’s End ou de Byers, jouais à la perfection le rôle de l’actrice qui se remet en action, celle qui préfère encore obséder sur les problèmes de sa vie amoureuse plutôt que de faire face aux vrais problèmes qui te guettent de trop près. C’est au Death Before Decaf que tu t’arrêtes pour un café et une pâtisserie, comme tu as pris l’habitude de le faire entre le tournage le matin et les cours de danse l’après-midi. T’es toute seule et tu profites de quelques minutes de silence pour ne penser à rien, complètement concentrée sur la musique qui émane de tes écouteurs. Mais les minutes sont écourtées quand tu aperçois une silhouette que tu reconnais trop facilement, une silhouette dont tu préférerais ignorer l’existence d’ailleurs.Mais il rentre dans le café Dinis et tu as à peine le temps d’enlever tes écouteurs et de les ranger dans tes poches que déjà, il est assis devant toi, le fameux paparazzi. « Je m’attendais à te voir six pieds sous terre. » Charmant. « C’est que ça fait longtemps que t’es pas venu me faire des misères Irish. » Pas assez longtemps clairement, mais t’es pas idiote. Tu sais pourquoi il est là et tu sais de quoi il veut parler. « Je t’attendais pour le coup de grâce. » Celui qui te mettrait finalement six pieds sous terre, comme il le suggérait si gentiment. Et il ne met pas longtemps à venir, le fameux coup de grâce alors qu’il va droit au but. « Quand est-ce que tu comptes porter plainte? » Tu te raidis sur ta chaise, perds automatiquement le mince sourire qui était venu habiter tes lèvres lorsque Dinis s’était installé à tes côtés. « Je vois pas de quoi tu parles. » Oh qu’il a mal choisit son moment, le paparazzi. Tu voulais simplement quelques minutes de paix, était-ce trop demandé? « T’as pas mieux à faire que de lire des articles anonymes sur le web Dinis? Vraiment? » Tu roules des yeux légèrement. « Et puis je dois certainement pas être la seule actrice de Brisbane sur ta liste, va faire chier quelqu’un d’autre. » T’es pas assez naïve pour croire que tes quelques plaintes vont suffire à le faire fuir, mais t’es pas d’humeur et t’as bien l’intention de lui faire comprendre.

@Dinis Irish

Elle a une petite mine Penny, je l’ai connu bien plus robuste quand même. Faut croire que de faire ressortir les vieux démons n’est pas toujours bon. Elle est quand même bien plus en forme que ce que j’avais imaginé, mais, pas au top de sa forme. Elle a surement passé quelques nuits difficiles ces derniers temps. « C’est que ça fait longtemps que t’es pas venu me faire des misères Irish. » la misère, les grands mots. J’ai bien envie de lui dire que chacun gagne sa croute comme il le peut. Elle fait la belle devant les caméras et moi je me contente d’appuyer sur un bouton de temps en temps. Ça fait partie du packaging, ne me dites pas que Blondie n’avait pas été mise au parfum en se lançant dans sa carrière. Elle avait sans doute grandit avec les magazines peoples, la naissance des réseaux sociaux, d’internet, elle savait où elle mettait les pieds. Et elle avait bien de la chance de tomber sur moi aujourd’hui. « Je t’attendais pour le coup de grâce. » quelle drama queen. « Je viens en paix. J’ai pas mon drapeau blanc, mais presque. » je fais en secouant ma main, comme si j’avais bel et bien un drapeau entre les doigts. J’suis là pour la bonne cause, elle s’en rendra compte bien assez vite.
Et quand je dis bien assez vite, c’est maintenant. Les pieds dans le plat, sans détour, j’aime pas perdre de temps. Sauf quand il s’agit de cuisiner un peu Elise, Oh, ça j’adore. Mais il, en réalité, il ne s’agit pas de moi. J’ai rien à gagner dans toute cette histoire, j’veux rien gagner. J’veux juste que ce connard de Byer finisse par payer pour ce qu’il fait. Et malheureusement, si un article sur un blog anonyme de petit révolutionnaire est sorti, ça ne suffit pas. Aucun crédit ne leur sera accordé. Enregistrement ou pas, preuves ou pas. Pour faire tomber ce porc, une chose : porter plainte. Et j’suis persuadé qu’elle est pas la seule. C’est pas une plainte qu’il faudra, c’est bien plus que ça. Le combat ne fait que commencer. « Je vois pas de quoi tu parles. » ah la menteuse. « T’as pas mieux à faire que de lire des articles anonymes sur le web Dinis? Vraiment? » j’hausse les épaules, j’avais surement mieux à faire si. Mais, cet article m’est tombé entre les mains sans que je n’ai rien à demander à personne. « Et puis je dois certainement pas être la seule actrice de Brisbane sur ta liste, va faire chier quelqu’un d’autre. » c’est là qu’elle se trompe. « Justement. T’es la seule. » mais est-ce qu’elle serait pas entrain d’me dire qu’elle sait quelques choses de plus. « Par contre, si t’as une liste Penny, je la veux bien. Et là, j’aurai de quoi m’occuper pour les prochains jours, voire les prochaines semaines. » si elle m’en dit plus, peut être que mes soupçons pourront être confirmés. « Déconne pas Penny. » que j’enchaine, avec une voix plus grave. « Franchement, j’suis pas là pour t’emmerder. » j’avoue que c’est toujours un peu tentant, de jouer sur leurs nefs. « J’suis sûre que t’as pas envie que ça arrive à d’autres. » aucun scrupule à appuyer sur sa culpabilité. Si ça peut lui permettre de se bouger. Pour moi, si elle reste dans le silence, elle est complice.

« Je viens en paix. J’ai pas mon drapeau blanc, mais presque. » Tu fronces les sourcils parce que tu ne le crois pas, Dinis. Il est bien rare de voir le paparazzi faire quoique ce soit sans avoir une idée derrière la tête, une manière de bénéficier de la transaction. T’as rien à lui offrir toutefois, pas la moindre envie que le sujet s’approche de la seule chose qui fait de toi une personnalité qui fait jaser dans les dernières semaines. C’est que t’as beau repousser le moment d’en finir autant que tu repousses les souvenirs de cette horrible soirée, ça fini toujours par te rattraper dans les moments les moins opportuns. Tu étais tout de même parvenue à garder le secret pendant plus d’un an. Certes, il y avait eu les rumeurs, des dizaines toutes plus rocambolesques les unes des autres. Il y avait eu les spéculations et les j’ai entendu dire que et le blâme placé à mauvais escient majoritairement sur un Rory qui avait avalé la majorité du tort sans jamais se plaindre, sans jamais te presser à avouer tout fort ce secret qui te torturait depuis trop longtemps déjà. C’est long, un an. C’est plus long que tu ne l’avais prévu, bien plus long que tu ne te l’étais imaginée. Tu avais commencé à l’avouer à tes proches. Chaque fois que le secret filait entre tes lèvres, c’est comme si un poids s’enlevait doucement de tes épaules. Ça faisait mal de le faire, mais tu te sentais mieux ensuite. Là par contre, c’est différent. Quand c’est Dinis qui exige une vérité que t’as pas envie de lui donner. Quand il presse, quand il n’y va pas de main morte et qu’il s’attend à ce que tu coopères comme si vous étiez en train de parler de la pluie et du beau temps et non pas de ton pire cauchemar. « Justement, t’es la seule. » La seule mentionnée dans le putain d’article. La seule avec qui la corrélation s’est fait trop facilement. Mais pas la seule victime, et il sait Dinis, il connaît le milieu assez bien pour savoir que ce genre de choses, c’est jamais des cas isolés, malheureusement. « Par contre, si t’as une liste Penny, je la veux bien. Et là, j’aurai de quoi m’occuper pour les prochains jours, voire les prochaines semaines. » « Et tu vas faire quoi Dinis, dis-moi? Supposons que j’ai une liste, c’est quoi ton plan? Faire chanter des actrices en échange de quelques confessions? Poster quelque chose de bien scandaleux? » T’es complètement renfermée parce que tu saisis pas qu’il puisse avoir de bonnes intentions, le paparazzi. Tu le sais qu’il est pas mauvais, qu’il fait son boulot comme un autre, mais ça te touche de trop près cette histoire pour que tu t’ouvres tout simplement à lui comme il voudrait que tu le fasses. « Déconne pas Penny. Franchement, j’suis pas là pour t’emmerder. » « Et pourtant. » Tu soupires. Ça tourne en rond tout ça, c’est désagréable et t’as qu’une seule envie : y mettre fin, au plus vite. « J’suis sûre que t’as pas envie que ça arrive à d’autres? » Il t’aurait giflé que tu serais sans doute en train de tirer la même tête, le choc et le dégoût habitant tes traits se multipliant secondes après secondes. « C’est ton argument, vraiment? » Tu secoues la tête, échappant un rire tout ce qu’il y a de plus sarcastique. Tu devrais te lever, tu devrais partir parce que si tu parles, tu lui donnes exactement ce qu’il veut. Mais t’es fatiguée de toujours fuir. Fatiguée de devoir démentir ce qui n’est pas faux pourtant. Fatiguée des gens comme Dinis qui pensent qu’ils peuvent tout comprendre après la simple lecture d’un article à la con sur un blog sans intérêt. « Tu crois que j’y pense pas à tous les jours? À savoir s’il est pas en train de faire à une autre ce qu’il aurait pu me faire si Rory était pas intervenu? » La ferme Penny, tu parles trop. Tu vas regretter. « T’as pas le droit de venir ici et de me parler comme ça. » que tu te rétractes finalement, l’air sévère. T’as trop parler. T’en as trop dit. S’il t’a enregistrer, t’es dans la merde. « Si tes intentions sont bonnes, tu vas pas utiliser ça contre moi. »

Je suis du genre tenace, quand je veux quelques choses, je finis par l’avoir, et la fin justifie les moyens. Faire pression ne me dérange pas. Porter sur ma casquette l’étiquette de connard ne me dérange pas, si c’est pour faire tomber pire ordure que moi. Je suis pas un enfant de cœur, je suis pas le petit fils du bon dieu et je cherche pas à l’être. Mais y a certaines choses que je pourrais pas laisser passer, certaines choses qui me rendent dingue, et tout ce que j’ai lu sur ce blog me rendent dingue. « Et tu vas faire quoi Dinis, dis-moi? Supposons que j’ai une liste, c’est quoi ton plan? Faire chanter des actrices en échange de quelques confessions? Poster quelque chose de bien scandaleux? » J’lui dirai bien de fermer sa gueule à Penny, j’lui dirai bien qu’elle est totalement à côté d’ses pompes, qu’elle a rien compris, qu’elle pouvait garder ses conneries pour elle, mais si j’ose lui dise un seul mot de ce genre, elle restera fermée comme une huitre, et le jeu deviendra plus que corsé. Si j’étais bon joueur et que je pouvais me montrer patient, là, il fallait pas s’amuser à faire durer le plaisir. Y avait aucun plaisir à faire durer. « J’vais faire chanter personne. » connasse, mais ça ,c’est gratuit et j’le garde pour moi. « Est-ce que au moins, y en a une seule qui a pensé à appeler une autre, juste pour en discuter ? » est-ce que au moins, l’idée de faire Un contre lui tout seul, ça leur était venu à l’idée ? Est-ce qu’elles avaient vraiment besoin d’être prises par la main et guidées à ce point ? Penny avait rien à perdre, elle était au pied du mur, elle devait motiver d’autres à la rejoindre et pour ça, j’étais prêt à lui venir en main forte. Mais fallait qu’elle arrête de m’envoyer chier comme ça.
Si la faire culpabiliser pouvait être un de mes atouts, aucun scrupule à l’faire. « C’est ton argument, vraiment? » je hoche la tête, bien sûre que c’est un argument, bien sûre que j’vois déjà dans ses yeux qu’elle aime pas ça et que pourtant, j’appuie là où ça fait mal. M’oblige pas à te dire que garder le silence fait de toi une complice, j’le pense pas, mais ça te fera bien trop mal. Peut être que là, j’aurai au moins un nom supplémentaire. Elle a la hargne, elle a la haine, Penny. Sauf que c’est moi l’objet de tout ça et là, elle se trompe de cible.
« Tu crois que j’y pense pas à tous les jours? À savoir s’il est pas en train de faire à une autre ce qu’il aurait pu me faire si Rory était pas intervenu? » culpabilité 1, Penny, 0. « T’as pas le droit de venir ici et de me parler comme ça. » reste chez toi si tu veux que personne t’adresse la parole. « Si tes intentions sont bonnes, tu vas pas utiliser ça contre moi. » Je lève les yeux au ciel. « J’utilise rien contre toi. » qu’elle est fatiguante à jouer sa drama queen. « En ce moment même, y a surement une victime de plus. Donne moi juste un nom. » et l’effet domino jouera son rôle. En cascade, Penny me donne un nom, cette autre nana m’en donnera un autre et ainsi de suite. « J’me casse après et tu me revois plus. » jusqu’à la prochaine fois. En tout cas, pour cette affaire, ce sera terminé, sauf si elle a vraiment compris que j’étais pas dans le camp opposé.

Dinis s’impose, Dinis demande, Dinis n’y va pas de mains mortes et tu voudrais simplement pouvoir cligner des yeux et le voir disparaître. Parce que t’es pas prête et puis t’as pas envie. Le sujet de conversation diverge trop facilement sur celui qui hante encore tous tes cauchemars et le paparazzi ne se gêne pas pour utiliser n’importe quelle tactique dans l’espoir que tu lui confirmes ou que tu lui offres la moindre information sur le sujet. Mais à quel but? Tu ne parviens pas à croire qu’il puisse avoir de nobles intentions, probablement parce que tu es trop habituée désormais à ce qu’il utilise des clichés plus ou moins flatteurs de ta personne pour faire mousser n’importe quelle rumeur entourant ton nom. Alors non, t’as pas envie d’envoyer des pauvres filles dans la cage aux lions, pas envie d’être la raison pour laquelle d’autres filles se sentent aussi mal que toi en ce moment. Peut-être qu’il veut bien faire Dinis, mais il s’y prend bien mal. « J’vais faire chanter personne. » Tu roules des yeux parce que t’y crois pas une seule seconde. Tu échappes un soupir. Tu voulais juste boire ton café en paix, mais apparemment, même ça c’est trop demandé dernièrement. « Est-ce que au moins, y en a une seule qui a pensé à appeler un autre, juste pour discuter? » Ça, ça t’arrache un rire mauvais. Il a vraiment aucune idée de ce que c’est, de comment vous pouvez vous sentir, de la honte qui se propage de partout à simplement y réfléchir. « Bien sûr Dinis, c’est exactement le genre de sujet qui s’aborde facilement entre deux gorgées de café. » Tu pourrais pas être plus sarcastique, mais juste au cas qu’il ne comprendrait pas l’ironie, tu reprends. « Si c’était si facile d’en parler, même entre nous, ça ferait longtemps que ce serait pas juste des rumeurs, tu penses pas? » Mais ce l’est pas. Tout n’est encore spéculation tant qu’une d’entre vous n’ose pas poser de plaintes officielles. Tant que la nouvelle n’est pas sortie officiellement, publiquement. Il veut te mettre la culpabilité des actions de ton agresseur contre toi et c’est sans doute le move le plus dégueulasse qui soit et tu lui en mettrais une, au paparazzi, si t’avais pas si peur que ça se retourne contre toi et que ça aussi, ça finisse par faire la manchette. Tu t’énerves par contre, tu parles plus vite, plus fort aussi. Tu le trouves sacrément culotté et son air fendant te donne envie de lui jeter ton café à la gueule. « J’utilise rien contre toi. En ce moment même, y a sûrement une victime de plus. Donne-moi juste un nom. » « Va te faire foutre Dinis. » que tu pestes alors qu’il insiste encore un peu plus et la culpabilité te joue trop fort dans la tête. « J’me casse après et tu me revois plus. » « Fais pas de promesses que tu peux pas tenir. » Tu te pinces les lèvres et tu hésites, une seconde et puis une autre alors que le seul nom qui se trouve là, au bout de tes lèvres, en est un qu’il connaît trop bien. « Y’a quelqu’un de qui on est proche tous les deux. » C’est tout ce que tu lui dis, au paparazzi. Il est pas con, tu le sais qu’il tardera pas à faire le lien. Et bientôt, tu vas te prendre une autre dose de culpabilité à la gueule de pas avoir su tenir te promesse envers ta meilleure amie.

Pour moi, la solution était simple, l’union fait la force et le seul moyen de foutre Bayer au pied du mur, qu’il soit boycotté et que la justice prenne le relai, c’était que Penny parle et que les autres nanas concernées parlent aussi. Mais, la blonde ne semblait pas y voir la même évidence que moi. « Bien sûr Dinis, c’est exactement le genre de sujet qui s’aborde facilement entre deux gorgées de café. » y a pas de sujet tabou, y a pas de sujet à éviter, y a rien qui mérite de laisser ce connard continuer à profiter de son statut pour intimider des femmes et abuser d’elle, y a rien. « Entre deux cosmo alors. » l'alcool délie les langues, non? C'est tout de suite plus convivial. « Si c’était si facile d’en parler, même entre nous, ça ferait longtemps que ce serait pas juste des rumeurs, tu penses pas? » « Vous voulez pas faire ça en mode réunion des alcooliques anonymes ? Bonjour, je m’appelle Penny, j’suis victime et toi ? » et ainsi de suite. « Putain, si entre vous, vous êtes pas foutue de vous soutenir… » Personne le fera. J’la vois venir, avec son poing levé en l’air, me parler de culpabilité. « Va te faire foutre Dinis. » Here we are. Elle peut pas porter cette responsabilité sur le dos de garder le silence alors que maintenant, la lumière est sur elle. On lui fera porter le chapeau si d’autres victimes surviennent après tout ça. Elle le sait, je le sais, c’est le moment d’en dire plus. La vie est injuste, les victimes deviennent coupables et c’est ça le système dans lequel on vit. Elle a pas l’choix.
« Fais pas de promesses que tu peux pas tenir. » J’ai bien assez de taf à Brisbane, pour pouvoir faire l’impasse sur les thunes qu’elle pourrait me rapporter, parce que la vérité, c’est aussi qu’elle me rapporte plus tant que ça, Stinger. Et en même temps, cet article la remis au-devant de la scène. Putain de conflit d’intérêt, putain d’attrait pour les billets, faut dire, si l’argent ne fait pas le bonheur, bordel, il me met bien depuis toutes ces années. Ca serait juste pire, sans thunes. Mais son air me laisse penser qu’elle a juste envie que j’lui foute la paix et qu’au final, elle aurait rien à perdre à me lâcher un petit morceau. Juste de quoi me contenter, elle va craquer. « Y’a quelqu’un de qui on est proche tous les deux. » et y a pas milles personnes dont on peut être proches tous les deux. La, ca m’suffit. Voilà le sourire satisfait qui apparait sur mon visage. Satisfait qu’elle ait craqué, pas satisfait d’me dire que les raisons du silence de Chloé et de sa disparition des radars est liée à tout ça. Et en même temps, pourquoi j’avais pas émis un seul doute à ce propos ? C’que j’peux être con et aveugle parfois. J’ai surement pris trop de flash dans la gueule, moi aussi. Et ça, ca m’emmerde bien plus que tout le reste. Chloé, j’ai plus qu’à savoir où elle est maintenant. Ca fait trop longtemps que j’ai plus aucune info sur elle.  « Tu vois, quand tu veux. » maintenant, encore une petite chose. « Dis-moi où elle se cache. Dans trois minutes, tu m’vois plus. »  

Tu sais pas s’il fait exprès de pas vraiment comprendre ce que tu lui dis ou si c’est seulement qu’il est idiot à ce point, mais chaque mot qui quitte les lèvres du paparazzi te donne envie de rouler des yeux et de disparaître sur place. Il ne comprend pas, il ne peut pas comprendre. Il n’a aucune idée de la douleur qui existe dans le fond de ton ventre au simple fait d’en parler. Il pense que c’est le genre de choses qui se discutent autour d’un café ou d’un cosmo comme il dit, mais il a vraiment aucune idée de tout le courage que ça prend juste de ne pas t’effondrer devant lui, là tout de suite. Mais en ce moment, la douleur n’est pas l’émotion que tu ressens avec le plus d’intensité. C’est de la colère et du dégoût avec la manière dont il aborde le sujet, comme s’il s’agissait seulement de parler de la météo ou de ce qu’il a mangé la veille. En même temps, c’est de Dinis dont il s’agit, tu ne devrais pas être si surprise. « Vous voulez pas faire ça en mode réunion des alcooliques anonymes? Bonjour, je m’appelle Penny, j’suis victime et toi? » « M’appelle pas comme ça. » S’il y a bien un titre que tu détestes par dessus-tout, c’est celui-là. T’as jamais voulu être une victime et tu veux pas non plus qu’on te regarde de la sorte, même si tu sais qu’éventuellement, ce sera impossible de l’empêcher. « Putain, si entre vous, vous êtes pas foutue de vous soutenir... » Tu te contentes de secouer la tête. Essayer d’expliquer quoique ce soit à Dinis est d’une inutilité flagrante et tu le sais trop bien. Pourtant, quand il insiste, quand il te demande des noms, tu hésites, il y a ta carapace qui se fait moins épaisse alors que tu laisses sous-entendre qu’il y a quelqu’un que vous connaissez tous les deux qui a elle aussi été malmenée sous la main du réalisateur. « Tu vois quand tu veux. » Un autre soupir. Tu t’en veux d’avoir parler de Chloe, même si tu ne l’as pas directement nommée. « Dis-moi ou elle se cache. Dans trois minutes, tu m’vois plus. » « Qu’est-ce qui te fait croire que je le sais? » Évidemment que tu le sais, mais t’es pas non plus conne au point de lui donner son emplacement exact. « C’est pas ton job ça, de trouver les célébrités et de nous faire chier dans les pires moments? » Genre, comme en ce moment. « J’t’ai déjà donné bien assez, maintenant laisse-moi boire mon café en paix tu veux? » T’as besoin d’être toute seule et surtout, t’as besoin d’avertir Chloe que t’as fait une bêtise, une grosse bêtise.

 « M’appelle pas comme ça. » Comment, Penny ? C’est pas son prénom ? Ah nan, peut être qu’elle me demande de pas dire d’elle qu’elle est une victime ? Si c’est pas ça, c’est quoi alors ? J’en ai marre du politiquement correct, franchement, c’est d’un ennui à mourir. D’ailleurs, j’ferai pas ce taf si j’avais du scrupule pour la moindre des mes actions. Les paparazzis avec trop d’état d’âme finissent par mourir à petit feu, jusqu’à disparaitre, tant mieux, ca laisse plus de place pour les vrais, comme moi. Les autres n’ont qu’à retourner photographier des bébés tout juste sortis du vagin d’leur mère ou ces couples qui s’embrassent à longueur de temps pour montrer à tout le monde Ô combien c’est beau l’amour. A gerber. J’ai passé mon temps à faire ça, toujours les mêmes photos, toujours les mêmes histoires, on s’emmerde et ca pue le faux. L’authenticité, y a que ça de vrai, le cliché pris au bon moment, l’instant présent et la spontanéité, c’est ça mon fond de commerce. Et faire tomber des pourris comme Byers, c’était aussi ça mon fond de commerce mais pour la cause, j’avais besoin de soutien et d’une bonne collaboration. Penny, elle était déjà dans ma poche, c’est juste qu’elle le savait pas encore. Doucement, on y vient. « Qu’est-ce qui te fait croire que je le sais? » tout.  « C’est pas ton job ça, de trouver les célébrités et de nous faire chier dans les pires moments? » sauf que concernant Chloé, j’avais l’impression d’avoir fait tout c’que j’pouvais et j’avais pas envie de la traquer sans fin, si j’peux avoir des infos, je prends. « J’t’ai déjà donné bien assez, maintenant laisse-moi boire mon café en paix tu veux? » je marque un silence, mon regard bien ancré dans le sien et ma main qui vient titiller ma moustache, j’en tirerai rien de plus. Elle culpabilise déjà pour le peu qu’elle a donné. « On va s’revoir. » plus vite qu’elle ne le pense. « J’te laisse mon numéro. » j’ai pas de carte professionnelle, comme si ca allait m’servir à quelques chose. J’lui laisse là, sur ce qui lui sert de serviette. « La jette pas à la poubelle. » elle le fera pas. Parce qu’elle est déjà plein de culpabilité et qu’elle finira par comprendre qu’elle a un allier devant elle, pas un ennemi. Je finis par souffler, emmerdé, mais le temps commençait à être long par ici. Le temps, c’est d’l’argent et j’suis déjà en train de perdre du fric. J’me barre.