Mettre les petits plats dans les grands était sa spécialité. Ou tout du moins celle des personnes à qui Micah déléguait volontiers sa folie des grandeurs. Concernant sa définition de la sobriété, l'acteur devait définitivement revoir sa copie, car il n'y avait rien de très informel dans une villa côtière de plusieurs centaines de mètres carré. C'était pourtant le mot d'ordre : sobriété. A ses yeux, elle n'impliquait que lui, Penny, et un cadre propice à l'éclosion de sentiments que la jeune femme réprimait avec beaucoup de brio. La convaincre d'accepter ce rendez-vous n'avait pas été une mince affaire, malgré la promesse qu'elle lui avait faite à la volée des semaines plus tôt, comme si elle avait un seul instant été assez naïve pour croire qu'il allait l'oublier. Micah avait peu de scrupules à se montrer insistant, et il lui avait peut-être laissé entendre que c'était une dernière chance qu'elle serait bien aimable de lui accorder. Il ne s'était pas plus épanché que ça sur ses attentes. Penny n'était pas candide au point d'ignorer qu'un homme comme lui se donnait rarement autant de mal par charité. Des motivations secrètes, il en avait, quoiqu'il doutait lui-même parfois de leur nature. Bien entendu que ce baiser de désespoir, qui remontait déjà à plusieurs mois, continuait de l'obséder jour et nuit. Une partie de lui demeurait attachée à Penny, aussi peu conciliante pouvait-elle parfois se montrer, et Micah avait l'impression qu'il était foncièrement prêt à accepter n'importe quelle forme d'attention qu'elle pouvait lui porter. Il avait fait envoyer un chauffeur chez elle, sans forcément donner l'instruction de garder la destination privée : une villa de Gold Coast, tout juste rénovée, qu'un ami agent immobilier lui avait  prêté de façon tout à fait confidentielle pour honorer une dette. L'intérêt tout particulier de ce bien d'exception résidait dans cette parcelle de sable privée, qui longeait la mer, enclavée entre deux bosquets. A cette période de l'année, les plages n'étaient pas encore tout à fait désertées, et Micah avait préféré la discrétion de ce petit lopin de littoral plutôt que de devoir composer avec la nervosité d'une Penny sur ses gardes. C'était dire à quel point il l'estimait, pour lui épargner les clichés que les paparazzi auraient pu vendre à prix d'or à la une du prochain numéro de potin magazine. Pourquoi était-il le seul à les remarquer, tous ces petits détails qui faisaient de lui l'homme sensible que Penny était une des rares personnes privilégiées à connaître ?

Le jour déclinait à l'horizon. Le ciel offrait encore quelques doux éclats, mais Micah devait admettre que les caprices de la saison avaient pesé dans le choix de l'adresse. En cas d'averse, ils auraient toujours une solution de repli, quoique la scène lui était apparue romantique. Pour le coup, le trentenaire était resté sobre dans sa tenue : une chemise en lin bleue et un pantalon blanc. Il avait laissé ses chapeaux adorés au dressing, et ne portait que les bracelets et bagues qui ornaient habituellement ses poignets et ses doigts. Assis sur les marches qui raccordaient la terrasse à la piscine, il attendait nerveusement l'arrivée de Penny. Cette dernière venait à reculons, comme elle lui avait fait entendre dans leurs échanges téléphoniques, aussi les impératifs de Micah pour récupérer les clés de la villa avaient été le prétexte idéal pour se dérober à un trajet en sa compagnie. Telle la flamme vacillante d'une bougie, on ne savait jamais dans quelle direction Penny prévoyait de se diriger. Micah préférait l'accueillir ici, et s'épargner ainsi l'éventualité d'un regret de sa part, plutôt que de devoir faire demi-tour en voiture, ou arriver fâchés au point de rendez-vous. S'il n'en montrait rien, il était bien moins vexé qu'il était émoustillé à l'idée qu'elle le fasse tourner en bourrique. Les choses avaient toujours fonctionné de cette manière entre eux. Un ballet incessant de je t'aime moi non plus, où les rôles s'inversaient à l'apparition d'une certaine lassitude. Au final, elle était la seule à blâmer dans tout ce cirque. C'était elle qui se retrouvait otage d'une fausse promesse balancée à la mer, diversion efficace qu'elle avait imaginée vierge de conséquences. Micah avait mordu à l'hameçon, et elle n'avait eu d'autre choix que de se résigner à son menu fretin. Une voix s'éleva derrière lui, annonçant l'entrée de Penny, et il se leva aussitôt. « Bienvenue dans mon humble demeure. » avait-il ironisé en indiquant le jardin démesuré d'un geste pompeux de la main. Bien orienté, il baignait encore dans les dernières lueurs dorées du soleil. Et ce n'était pas le clou du spectacle ! « Je suis content que tu sois venue. T'as été difficile à convaincre. J'espère que le trajet n'a pas été trop long. » D'autres auraient fait moins de manières, songeait-il. Mais Penny n'était pas les autres.

Tu ne savais pas dans quoi tu t’embarquais quand tu aperçus la voiture se garer devant chez toi, mais quelque chose te disait que ce rendez-vous risquait d’être haut en couleurs. Il avait insisté Micah, longuement, te rappelant à plusieurs reprises que tu lui avais promis après tout et que tu te devais de tenir parole. Si tu savais que le jeune homme était de retour à Brisbane depuis plusieurs mois maintenant, vos chemins ne s’étaient croisés qu’à deux occasions bien distinctes. Et étonnamment, les deux fois semblaient plutôt floues dans ton esprit, l’une par tout le champagne bu ce soir-là, l’autre par l’état de fatigue dans lequel tu te trouvais quand tu avais décidé de te rendre avec Chloe à la fête foraine, en cette journée chaude de janvier. C’est la nuit du gala qui restait la moins précise dans ton esprit toutefois, comme s’il te manquait des morceaux de ce qui s’était ce soir-là. Tu ne te souvenais de presque rien quand Micah t’avait ramené chez toi, sauf de ses lèvres sur les tiennes et du fait que tu t’étais endormie dans ses bras, confuse et particulièrement gênée surtout quand le moment avait été interrompu par Rory. Tu n’avais même pas cherché à savoir ce qui s’était passé ce soir-là, tu n’avais posé aucune question à Micah, préférant nié l’existence de ce moment échangé sachant pertinemment que tu n’avais pas la force de revisiter un passé avorté avec l’acteur désormais mondialement connu. Alors qu’est-ce qui avait bien changé depuis novembre pour que tu te retrouves dans cette voiture toute seule vers une direction inconnu pour le retrouver? Tu ne saurais l’expliquer, peut-être t’étais tu lassée de l’échange, peut-être que céder une fois et lui prouver une bonne fois pour toute que votre histoire n’était qu’une partie de ton passé était la seule solution. Alors pourquoi étais-tu si nerveuse en chemin? Tu ne cessais de tourner ton téléphone entre tes doigts, incapable de te concentrer sur quoique ce soit alors que la route défilait sous tes yeux. Ça faisait déjà un moment que vous rouliez le long de l’autoroute, tu avais compris que la destination finale ne se trouvait pas à Brisbane, mais le chauffeur était demeuré vague avec chacune de tes questions alors tu avais tout simplement abandonné l’idée de deviner, te laissant plutôt par le moment sachant que Micah ne manquerait pas de te surprendre de toute façon.

Et elle est grande la surprise lorsque la voiture s’arrête devant une immense villa. Tu hochais déjà la tête alors que tes yeux se promenaient sur la façade, bien peu surprise devant les idées de grandeur de Micah. Tu ne l’avais jamais connu autrement le Tomlinson, fervent de sa célébrité et de tous les bénéfices qui pouvaient s’y rattacher. Tu étais beaucoup moins flamboyante dans tes envies et dans la manière que tu avais d’utiliser ton statut de célébrité, quelque chose qui avait toujours créé un fossé entre Micah et toi malgré tous vos rapprochements. Tu remercies le chauffeur alors que tu fermes la portière de la voiture derrière toi, fais les quelques pas qui te mènent jusqu’à l’entrée. Tu pourrais cogner, mais tu sais que Micah t’y attend seul, tu prends donc la décision d’ouvrir la porte. Un léger rire s’échappe de tes lèvres alors que tu analyses sommairement l’intérieur de la villa dans toute son extravagance. Tu ne savais pas à quoi t’attendre, mais jamais tu n’aurais pu t’imaginer que Micah irait à de tel extrême pour votre date, même si une autre partie de toi n’était pas moindrement surprise par l’ampleur de la situation. Tu traverses la villa d’un bout à l’autre, remarquant que la porte menant à la terrasse est entrouverte. « Micah? » que tu appelles alors que tu t’approches et bientôt tu fais face au jeune homme. Tu lui offres un mince sourire alors que tu conserves une certaine distance avec le jeune homme, peut-être un vieux réflexe pour lui montrer que même si tu es là, ça ne veut pas dire que les choses sont redevenues ce qu’elles ont toujours été entre vous. « Bienvenue dans mon humble demeure. » Tu secoues doucement la tête, échappe un nouveau rire. C’est qu’il se plaît dans cette grande production Micah, il faut croire que certaines choses ne changeront jamais. « T’as pas trouvé plus grand? Considère-moi surprise Tomlinson. » que tu ironises toujours sans t’approcher. Elle semble soudainement loin, l’époque ou tout était naturel entre vous deux. « Je suis content que tu sois venue. T’as été difficile à convaincre. J’espère que le trajet n’a pas été trop long. » « J’avais rien de mieux à faire de ma journée de congé. » Tu réponds toujours sur un ton faussement sarcastique, mais il y a un fin sourire qui se place sur tes lèvres qui vient trahir malgré toi l’amusement que tu ressens de te retrouver dans cette situation. Tu oses finalement briser légèrement la distance et vient te placer à la hauteur de Micah. « Je reste d’avis que ce n’est pas une bonne idée, mais une promesse est une promesse. » Ton regard vient temporairement se planter dans le sien, avant que tu ne te retournes vers la vue qui s’offrait à vous : une plage qui semblait complètement fermée au reste du monde, infini de sable juste à vous et l’océan qui s’étendait à perte de vue. C’est que tu aurais presque oublié qu’il te connaît par coeur, le Tomlinson. « Je suis surprise que tu sois encore dans le coin pour être bien honnête. J’étais persuadée que la vie de star hollywoodienne te manquerait après quelques semaines à peine. » C’est que malgré tout, il pouvait encore te surprendre, Micah.

@Micah Tomlinson

Micah aurait pu jurer que le soleil avait frémi pile à l'instant où il avait posé les yeux sur Penny. L'apparent étonnement qui avait arrondi le regard de la jeune femme dissimulait un air renfrogné qu'il était bien déterminé à chasser. Son talent d'actrice n'était plus à démontrer. Que ce fût inconscient ou non, elle appliquait à la lettre les postures les plus académiques destinées à lui faire comprendre, sans un mot de travers, que ses sentiments n'étaient pas si facilement corruptibles. Dans les yeux de Micah étincela une lueur de défi. A la fin de cette soirée, il espérait non pas regagner le cœur de Penny, mais au moins une partie de l'estime qu'il avait dû abandonner derrière lui, accessoire dans les bagages encombrés d'ambition qu'il avait emportés à Los Angeles. Sa démesure avait au moins eu le don de l'amuser. En dépit de ses efforts, Penny luttait à réprimer quelques sourires flattés par des attentions toujours plus grandiloquentes. A l'évidence elle n'avait pas changé sur ce point, et ne boudait pas les quelques passe-droits que lui octroyait sa célébrité grandissante. Même les plus humbles se laisseraient prendre au jeu de l'exagération. Elle concéda être surprise, suscitant chez Micah la satisfaction d'une première victoire. « Eh non je suis désolé, je ne suis qu'un modeste acteur. Bon je vais pas te mentir, cette villa ne m'appartient pas. Mais s'il te prend l'envie de rapporter un petit souvenir de l'argenterie, je doute que le futur propriétaire tienne les comptes. » avait-il rétorqué du bas des marches, laissant à Penny le luxe de le surplomber de sa hauteur. De là-haut, elle avait une vue imprenable sur le jardin qu'il avait inspecté avant elle, et sur l'horizon dégagée, où le ciel chatoyant côtoyait l'océan. Là où ils ne surprenaient personne, c'était en se réfugiant tous les deux derrières leurs sarcasmes ordinaires. Micah n'était pas dupe, et savait très bien lire entre les lignes de ces compliments enrobés d'ironie. Arracher la moindre gentillesse à Penny lui semblait plus difficile encore que de ne pas se formaliser des petits défauts qu'elle lui prêtait dans ses discours. A commencer par la vanité de ses intentions. « Ouch. C'est toujours un plaisir d'être votre plan Z miss Stringer. » avait-il ironisé à son tour, malgré une fierté foncièrement offensée. Ce qui était d'autant plus amer à avaler que Rory aurait très certainement fait un meilleur effet avec la plus grande simplicité. Heureusement, leurs sourires respectifs dissipaient aussitôt les contrecoups attendus de leurs moqueries. Leurs ego égratignés se contentaient très bien d'un peu de pommade. Penny combla enfin la distance qu'il avait laissée entre eux par galanterie. Micah sourit un peu plus. Puis, comme dans une valse infinie, elle s'éloigna de nouveau. Pas physiquement cette fois, mais en affirmant ses doutes. Un pas en avant, deux pas en arrière. Micah n'avait pas dit son dernier mot. « Pourquoi ce serait pas une bonne idée ? Tu as si peur que ça de succomber à mon charme ? Entre nous, je veux juste passer du temps avec toi. Alors même si tu décidais de rester là en silence, je m'en contenterais. » Il hocha les épaules, suivant son regard fuyant vers l'horizon. Il mentait à peine. S'asseoir près d'elle, et se muer dans la contemplation du paysage était une option suffisamment séduisante pour s'en satisfaire. « Cela dit ce serait très bête, parce que je t'ai quand même réservé un coin sympa, et que je suis sûr que tu as des tas de choses intéressantes à raconter. » se défendit-il. Elle avait remarqué la plage. Micah la connaissait assez pour savoir que le bruit des vagues avait un pouvoir apaisant. Qu'elle associait l'océan à ses plus tendres souvenirs. La villa était certes à l'image de son orgueil, mais Micah cachait des desseins bien plus nobles et modestes que celui de lui prouver avec outrance son attachement. Il espérait que Penny verrait au-delà des apparences. « Je t'avais dit que j'étais parti pour rester. Alors autant te faire à l'idée de m'avoir dans les parages. Surtout que j'ai passé une audition pour un film qui se tournera dans le Queensland. Je pense avoir fait forte impression, en toute modestie. » conclut-il en hochant la tête. Était-ce encore la crainte de Penny ? De le voir partir, voguer vers de plus grandioses ambitions, comme il n'avait eu aucun scrupule à le faire autrefois ? Cela ne cachait-il pas une peur pas si enfouie que ça de s'attacher à sa présence si elle était conditionnée à un inéluctable abandon ?

Pendant tout le trajet qui t’avait mené jusqu’à la villa, tu t’étais répétée une simple et unique consigne : de n’avoir aucune attente. Tu ne pouvais pas être déçue si tu n’avais pas d’attente envers le Tomlinson et ainsi, tu évitais de te faire des scénarios sur ce que cette journée passée avec lui voulait dire. Le mot date avait été utilisé, autant lors de votre dernier face à face à la fête foraine que par message texte récemment, mais tu préférais te faire croire qu’il s’agissait d’un catch up entre deux vieilles connaissances. C’est bien ce que vous étiez après tout, non? Deux vieilles connaissances partageant plusieurs souvenirs, à l’histoire rocambolesque et quelque peu complexe qui avait fini sur une note amère, certes. Mais tout ça, ça appartenait au passé, ou du moins, c’est ce que tu continuais de te faire croire alors que ton regard se perdait sur l’immensité de la villa avant de finalement trouver la silhouette d’un Micah toujours aussi modeste. « Eh non je suis désolé, je ne suis qu’un modeste acteur. Bon je vais pas te mentir, cette villa ne m’appartient pas. Mais s’il te prend l’envie de rapporter un petit souvenir de l’argenterie, je doute que le futur propriétaire tienne les comptes. » Tu secoues la tête en échappant un léger rire. Est-ce que tu es vraiment surprise de réaliser jusqu’où Micah est prêt à aller dans ses idées de grandeur? Non, pas le moins du monde. « Je crois pas que ça irait avec le set que j’ai déjà chez moi. » que tu répliques toujours aussi sarcastique mais amusée, continuant de faire le tour du propriétaire du regard. Tu te demandes si Micah a pris le temps de tout visiter avant que tu arrives, tu ne pourrais même pas dire de combien de pièces est composée la villa tant ton attention est tout de suite attiré par l’extérieur et quelque chose te dit que c’est là que vous allez passer la majorité de la journée. « Ouch. C’est toujours un plaisir d’être votre plan Z miss Stringer. » « J’aurais pas été jusque là… Disons plutôt le plan T? » Ils sont de plus en plus difficiles à dissimuler, les sourires qui se font des chemins jusqu’à tes lèvres devant l’air semi renfrogné de Micah devant ta réticence d’être ici. Il ne devrait pas être surpris pourtant vu l’acharnement qu’il avait dû mettre pour que tu acceptes enfin ce que tu lui avais pourtant promis.

« Pourquoi ce serait pas une bonne idée? Tu as si peur que ça de succomber à mon charme? Entre nous, je veux juste passer du temps avec toi. Alors même si tu décidais de rester là en silence, je m’en contenterais. » « Tu te crois trop irrésistible Micah et ça fait l’effet contraire. » que tu pouffes, ne lui accordant même pas un regard. C’est ce qui était difficile avec Micah, ce qui avait toujours été difficile avec lui d’ailleurs. Tu peinais toujours à comprendre qu’elles étaient ses vrais motivations, car même si ça sonnait bien agréable le je veux juste passer du temps avec toi, tu peinais à y croire. Tu restes tout de même à proximité du Tomlinson, le regard tourné vers l’océan. « Cela dit, ce serait très bête, parce que je t’ai quand même réservé un coin sympa, et que je suis sûr que tu as des tas de choses intéressantes à raconter. » Un autre léger rire suivi d’un soupir. Ici et maintenant, tu as deux choix : soit tu continues sur cette lancée de remarques sarcastiques, au risque que les choses dégénèrent entre vous plus rapidement que nécessaire, ou alors tu te laisses prendre au jeu et tu suis le courant, tout en restant sur tes gardes. « Ça dépend ce que tu as envie d’entendre. » que tu concèdes avec un sourire. Autant tu as l’impression que les choses ne se sont pas vraiment calmées pour toi dans les six derniers mois, voir même la dernière année, tu n’es pas certaine d’avoir quoique ce soit d’intéressant à raconter, du moins selon les standards du Tomlinson. Mais tu as décidé de jouer le jeu, ça veut aussi dire de lui donner une chance et de mettre tes idées préconçues de côté, du moins en partie. « Je t’avais dit que j’étais parti pour rester. Alors autant te faire à l’idée de m’avoir dans les parages. Surtout que j’ai passé une audition pour un film qui se tournera dans le Queensland. Je pense avoir fait forte impression, en toute modestie. » Chaque fois que Micah disait le mot modestie, tu ne pouvais t’empêcher de rire. Il n’en demeurait pas moins que tu étais surprise d’apprendre qu’il avait bel et bien l’intention de rester. Tu peinais à comprendre sa décision, lui qui n’avait pas hésité une seule seconde pour tout laisser derrière – toi y compris – pour la chance de faire carrière à Hollywood. « J’ai seulement du mal à comprendre pourquoi tu as décidé de revenir ici définitivement alors que les choses allaient bien pour toi à Los Angeles. Je croyais que c’est ce que tu voulais, la grosse carrière internationale. » Tu avais descendu les quelques marches qui menaient jusqu’au jardin, et puis sans même savoir si c’est là-bas que Micah avait prévu son coin comme il l’avait mentionné, tes pieds te guidèrent jusqu’à la plage, incapable de résister bien plus longtemps à l’appel du sable blanc. Tu ne tardes pas à enlever tes sandales, laissant tes pieds s’enfoncer dans la chaleur du sable avant de te retourner vers Micah qui a lentement suivi le mouvement. « Alors c’est quoi ce projet sur lequel tu as fait bonne impression? »

Elle avait beau combattre, se montrer aussi insensible qu'il était têtu, une part de Penny restait attachée au passé. C'était par fierté qu'elle se débattait, parce qu'elle avait été blessée aussi, attristée par son départ prévisible, mais Micah la soupçonnait d'être trop curieuse pour ne pas se laisser tenter par quelques beaux gestes. C'était elle qui avait employé le terme de rendez-vous, et le cadre aurait pu tromper, mais Micah était prêt à dissiper toute connotation romantique si cela pouvait la rassurer d'avoir l'ombre d'une emprise sur la situation. Après tout, un rendez-vous n'était galant que lorsque la séduction était réciproque, et le jeune acteur avait encore assez de dignité pour calmer ses ardeurs si elles étaient reçues par la froideur de l'indifférence. Sa fausse modestie semblait faire son effet. Les sourires de plus en plus inconscients de Penny, qui semblait soudain perdre de vue sa réticence initiale, faisaient fondre la distance qui s'étaient interposée entre leurs corps et qui avait teintée leurs discours railleurs. « C'est toi qui vois. Ça doit se vendre facilement sur eBay. » dit-il en suivant son regard, impatient de savoir ce qu'elle pensait réellement de la villa. L'intérieur était luxueux mais sans intérêt. Lui-même ne s'était pas encombré à le visiter. Ses yeux avaient souri quand Penny s'était attardée sur la parcelle du jardin qu'il avait spécifiquement esquissée pour elle. Quelques années n'avaient pas suffi à anéantir les souvenirs qu'ils gardaient précieusement de l'autre. Son amour de l'océan en faisait partie. « Plan T c'est déjà mieux. Je vais me contenter de ça pour le moment. » La concession était timide, mais Penny se détendait à vue d’œil. Ses répliques étaient moins cinglantes et ses réactions plus spontanées. Au fond, Micah était satisfait d'avoir réussi à l'embarquer dans ce paysage qu'il avait trouvé si propice à un dialogue sincère. Ils semblaient loin, les ressentiments qui avaient ponctués leurs récents échanges.

Ses mots disaient tout le contraire de ses gestes. Nerveux, flattés. Si elle ne cédait pas à la grandiloquence de son charme, c'était simplement pour le plaisir de minauder, et se targuer d'avoir plus de volonté que les filles qui lui avaient précédées. C'était d'ailleurs cette résistance qui la rendait si attrayante à ses yeux. « Tu mens Elsie. » avait-il rétorqué en souvenir de leurs vieux tournages. C'était exactement ce que Benjamin lui avait dit quand elle avait feint avoir tourné la page de leur relation. Une relation digne du destin, que pas même l'orgueil ne pouvait briser. Il la voyait bien fuir ses regards comme on se détournait d'une tentation. Ce n'était pas de l'indifférence mais de la peur. La peur de sombrer dans d'anciens travers. « Rien en particulier. Tout. Comment va ta famille ? » demanda-t-il alors qu'elle lui concédait ses premières paroles honnêtes de la soirée. Depuis quand craignait-elle de décevoir ses attentes d'acteur capricieux ? Il ne lui demandait pas plus qu'un peu de normalité. Celle qui n'avait jamais fait partie de sa vie à lui. Comme un taureau, elle revint à la charge. Micah avait pourtant eu l'impression d'avoir été convaincant, toutes ces fois où il avait prétendu revenir pour profiter d'un peu de simplicité. Elle le connaissait trop, c'était dangereux. Trop pour gober son discours détaché et ses desseins ordinaires. « C'est ce que je voulais oui. Et tu as raison, les choses allaient plutôt bien pour moi là-bas. Parfois ça fait pas tout, même pour un ambitieux comme moi. » avait-il conclu, laissant la vérité en suspens. Son ton n'était pas décisif, comme s'il faisait une promesse silencieuse de combler les failles de ses aveux plus tard.

Machinalement, leurs pas les avaient menés sur la plage. Micah imita la jeune femme et se déchaussa avec un peu plus de difficultés, tandis qu'elle humait les premiers embruns. « Tu vas m'en vouloir, mais j'ai pas le droit d'en dévoiler beaucoup. C'est un film assez intimiste et je sais pas... le script m'a parlé. La prod a même pas commencé mais je suis super enthousiaste. Le réal est plutôt novice mais il a su vendre sa vision du film. Ça m'a fait penser à du Malick. » répondit-il en se redressant, abandonnant ses chaussures à la lisière du jardin. Le sable était encore chaud. Avec Penny à ses côtés, c'était comme si le soleil irradiait sur les moindres parcelles visibles et invisibles de sa peau. Un silence contemplatif avait suivi. Aussi concis que bienvenu. « Tu sais par rapport à mon retour à Brisbane. J'admets que j'ai pas été tout à fait honnête. Et même si ça me fait extrêmement plaisir de passer du temps avec toi, j'aurais préféré revenir pour d'autres raisons. » avait-il enfin confié, le regard vissé sur ses pieds enfouis dans le sable. « Mon père a appris en novembre dernier qu'il développait une forme précoce d'Alzheimer. Et je voulais rien dire pour un tas de raisons. A commencer par ce regard compatissant que t'es probablement en train de me jeter. J'ai pas envie que tu me tolères dans ta vie juste par pitié. » Son regard s'était relevé, mélancolique. Il n'avait pas envie de jouer cette carte pour justifier le bien-fondé de leur présence, ici, ensemble, tous les deux. « C'est juste que... j'ai besoin de m'accrocher à un élément du passé. Quand tout allait bien, tu vois ? »

Un pas en avant. Deux pas en arrière. Telle était la danse qui avait bercé l’entièreté de votre relation des années durant, une familiarité qui semblait reprendre place avec bien trop d’aisance alors que l’échange se fait moins réfractaire, plus aisé. « C’est toi qui vois. Ça doit se vendre facilement sur eBay. » Tu ne pus t’empêcher de pouffer de rire devant le commentaire de Micah. Tu n’étais pas le genre à t’approprier de choses qui n’étaient pas tiennes, même si tu ne doutais pas un seul instant qu’un peu d’argenteries manquantes passeraient sans aucun doute inaperçu dans une telle villa ou s’accumulait les richesses matérielles en tout genre. La vérité c’est que tu n’avais pas grand intérêt à te perdre dans les différentes pièces de la villa. Peu d’intérêt à commenter la décoration ou alors t’attarder sur les différents tableaux qui ornaient les murs quand du coin de l’oeil, tu avais perçu un extérieur qui t’étais déjà bien plus fascinant. La plage, l’océan, il jouait de tes points faibles le Tomlinson et tu le laissais faire tant la vue était toujours aussi époustouflante à tes yeux. « Plan T c’est déjà mieux. Je vais me contenter de ça pour le moment. » Pour le moment. C’est cette dernière partie qui te fait hocher la tête, qui te pousse à retenir un énième rire alors que déjà, la distance entre vous semble diminuer à vue d’oeil. Alors que les vieilles habitudes reprennent leur place entre vous, alors que les regards échangés se font plus long, plus soutenus. « Je suis là après tout. C’est bien ce que tu voulais, non? » C’était clair depuis le départ et pourtant, voilà que tu redemandais à nouveau, bien moins sûre de toi désormais que tu avais pu l’être cinq ans plus tôt.

Il charme et tu résistes et soudainement, on pourrait croire que rien n’a changé tant cette scène a été joué des dizaines de fois entre vous. « Tu mens Elsie. » qu’il réplique comme une preuve irréfutable que certaines choses ne changeront jamais complètement et voilà que tu frisonnes sans pouvoir t’expliquer le pourquoi à l’entente de ce prénom qui n’est pourtant pas le tien. « Il y a longtemps qu’elle ne me colle plus à la peau. » Des années maintenant que tu l’as laissé derrière et lui aussi, mais tu le sens déjà que cette soirée risque d’être teintée des souvenirs, autant de ceux de ces personnages qui ont propulsé votre popularité respective dans le coeur des australiens, tout comme vos souvenirs à vous qui se sont mêlés, quand la fiction s’est entremêlée avec la réalité de la plus clichée des façons. « Rien en particulier. Tout. Comment va ta famille? » Un sourire plus sincère vient habiter tes lèvres devant la simplicité de la question, alors que tes pensées vaguent déjà jusqu’à ton unité familiale à des kilomètres de là. Tu n’étais pas allée à Melbourne depuis le début du mois d’avril et tu connaissais assez ta mère pour savoir que d’une journée à l’autre maintenant elle commencerait à insister pour que tu viennes leur rendre visite. « Ils vont bien. Tu devrais voir David, je pense qu’il est rendu plus grand que toi. » que tu annonces avec un sourire nostalgique alors que tu repenses à toutes ses fois ou Micah a passé des weekends avec toi à Torquay, chez tes parents. Le lien qu’il a pu développer à cette époque avec un David dans la fleur de l’âge, tout juste au début de l’adolescence. Ton frère ne communiquait pas beaucoup à cette période, mais tu avais vu la patience avec laquelle Micah avait essayé de le comprendre, de se faire comprendre, de connecter avec lui au maximum du possible. Un côté de lui qui semblait parfois étranger tant il était privé. « Il signe beaucoup plus aujourd’hui. » que tu renchéris alors que les souvenirs continuent de t’assaillir. Le sable sous tes pieds te garde dans le moment, évites que tu te perdes trop dans le passé parce que les doutes restent les mêmes, tes peurs aussi et tu cherches toujours à comprendre. « C’est ce que je voulais oui. Et tu as raison, les choses allaient plutôt bien pour moi là-bas. Parfois ça fait pas tout, même pour un ambitieux comme moi. » Tu écoutes attentivement, mais tu ne peux t’empêcher de croire qu’il ne te dit pas tout, le Tomlinson. Tu ne pousses pas toutefois, pas tout de suite, pas comme ça. Tu oses croire qu’il puisse encore se confier à toi s’il en ressent l’envie ou le besoin. Les choses ne sont peut-être pas simples entre vous, mais encore, quand ont-elles vraiment été simples? « Et tes ambitions, elles veulent quoi maintenant? » Saura-t-il vraiment se contenter de ce que l’Australie peut offrir maintenant qu’il a goûter à plus ou si est-ce seulement une question de temps avant que l’ambition reprenne le dessus et lui fasse comprendre qu’il aspire à plus?

« Tu vas m’en vouloir, mais j’ai pas le droit d’en dévoiler beaucoup. C’est un film assez intimiste et je sais pas… le script m’a parlé. La prod a même pas commencé mais je suis super enthousiaste. Le réal est plutôt novice mais il a su vendre sa vision du film. Ça m’a fait penser à du Malick. » Tu hoches doucement la tête, définitivement intriguée par le projet. « T’as une idée de quand la prod va commencer ou bien si ça aussi, c’est top secret? » que tu lui demandes avec un léger rire dans la voix, les orteils désormais bien enfoncés dans le sable, Micah marchant pas loin derrière toi. Tu t’arrêtes, laisse ton regard se perdre sur l’horizon, sur les reflets du soleil sur l’océan, sur le ciel sans nuage qui s’étend sans fin devant vous. Le silence n’est pas lourd, ni inconfortable et pour une fois, tu te laisses complètement a apprécié la familiarité de ce moment, de sa compagnie. « Tu sais par rapport à mon retour à Brisbane. J’admets que j’ai pas été tout à fait honnête. Et même si ça me fait extrêmement plaisir de passer du temps avec toi, j’aurais préféré revenir pour d’autres raisons. » Tu tournes la tête légèrement pour lui faire face alors que son regard a lui est baissé, chose qui est drôlement atypique du Tomlinson. « Mon père a appris en novembre dernier qu’il développait une forme précoce d’Alzheimer. Et je voulais rien dire pour un tas de raisons. A commencer par ce regard compatissant que t’es probablement en train de me jeter. J’ai pas envie que tu me tolères dans ta vie juste par pitié. » Tu ne t’y attendais pas et quand le regard de Micah se relève, tu fais de ton mieux pour te défaire de ce dit regard compatissant que tu sais que tu lui lances malgré toi. Parce que tu sais ce que c’est que d’apprendre une nouvelle comme celle-là, que de voir un être cher se perdre au passage d’une maladie neurologique qui est sans compassion. « Je suis désolée Micah. » que tu souffles quand même, à défaut d’avoir de meilleurs mots à lui offrir. « Comment il va? » que tu lui demandes. Six mois ont filé depuis que la nouvelle est tombée, six mois que Micah porte le secret et s’il y a des dizaine de questions qui te viennent, tu lui laisses le temps de partager ce qu’il se sent capable de dire. « C’est juste que… j’ai besoin de m’accrocher à un élément du passé. Quand tout allait bien, tu vois? » Tu hoches doucement la tête parce que tu peux trop facilement comprendre. Tu lui offres un sourire et t’approches doucement de lui, brisant complètement la distance entre vous alors que tes bras viennent enlacer sa taille. Ce n’est pas grand-chose, ce n’est pas exactement le passé et tu ne sais pas non plus ce que ça peut bien vouloir dire ni même quelle forme ça peut prendre, mais c’est déjà un pas de géant quand on considère ton arrivée glaciale. « T’es pas tout seul. » que tu souffles avant de te décoller légèrement, ton regard venant trouver le sien à nouveau. « Comment tu prends ça? »

Maintenant que l'heure était à la décontraction, Micah percevait toute la chaleur du jardin. Les rayons du soleil, déclinant à l'horizon, offraient une dernière caresse aux parterres de nérines qui bordaient les escaliers, et où quelques roses s'étaient introduites. Il ne leur prêtait qu'une vague attention, obnubilé par la mission qu'il s'était fixée d'arracher un sourire à Penny. Le petit jeu auquel ils s'adonnaient lui rappelait leurs bons moments, à l'aube de leur carrière, quand ils vivaient encore une passion naïve au mépris de leur notoriété. Dans cette villa coupée du monde, ils n'étaient plus que deux jeunes adultes comme tous les autres, profitant du répit de leur solitude et du murmure apaisant de l'océan. A mesure que les murs s'effondraient, que les masques tombaient, Micah s'allégeait du poids de l'incertitude. S'il avait donné le change, il avait douté des capacités de Penny à le considérer comme un allié. Depuis son retour à Brisbane il n'avait cessé de se heurter à l'indifférence des fantômes de son passé, qui lui faisaient payer l'ordre de ses priorités. La roue finissait par tourner. « Oui je t'en demandais pas plus. Le reste est mon affaire. » avait-il répondu à l'affirmation de Penny. Sa volonté comptait autant voire plus que la sienne, aurait-il aimé ajouter, avant de se raviser de peur de ne pas aimer la riposte.

Jouer sur la corde de la nostalgie était facile. Micah avait beau ne pas reculer face à un défi, il savait comment faire avancer ses pions sans se mettre en danger. Penny pouvait le nier, faire tout ce qui était en son pouvoir pour s'en détacher, Elsie resterait ancrée en elle à tout jamais. Un morceau d'âme inconscient, qu'on finissait par oublier avec le temps, et qui refaisait surface à des moments précis comme celui-là. Cette série représentait bien plus que la naissance d'une gloire méritée. C'était plusieurs années de leur vie. C'était le dépassement de la fiction, à une période où leur perception du monde se consolidait. Ils s'étaient égarés, puis s'étaient trouvés, confortés dans la certitude qu'ils savaient s'aimer pour de faux, alors pourquoi pas pour de vrai ? Alors quand Penny objecta avec une incohérente nonchalance, Micah la soupçonna de faire semblant. « Tu crois ? Je me dis qu'on aura beau tout faire, on gardera toujours une part de ces personnages en nous. Ça fait plus de 5 ans et on continue de m'associer à Benjamin. Je saurais pas dire si j'ai laissé un peu de moi dans ce rôle ou l'inverse. » dit-il, le regard perdu dans le vide, quelque part entre le ciel et l'éclat des cheveux de Penny au soleil.

Pour Micah, la normalité avait un côté réconfortant. Son idéal à lui, bien loin des flashs et des paillettes dont il maîtrisait tous les rouages. La curiosité avec laquelle il questionna Penny sur sa famille n'était pas plus anodine qu'elle était sincère. Il lui était reconnaissant de l'avoir inclus dans ce tableau, même si l'époque lui paraissait bien lointaine désormais. Et il adorait comme elle s'épanouissait instantanément à l'évocation de son frère. David avait beaucoup de chance de se voir autant estimé. Hormis pour ses rôles, personne n'avait parlé de lui avec autant de fierté et d'affection. « Un mannequin en devenir. Ça me ferait plaisir de le voir un de ces jours. Si tu l'autorises. » dit-il en tournant vers elle un regard implorant. David l'avait apprécié dans le passé, et n'était pas plus une porte d'entrée qui menait droit au cœur de Penny qu'un garçon extraordinaire auprès duquel il s'était senti rarement humble. Peu épanoui dans sa propre famille, Micah chérissait la bienveillance que celles des autres lui tendaient parfois, et savourait les quelques aperçus qu'elles lui en offraient. Il percevait dans chacune des interrogations de Penny la conviction – ou était-ce une crainte – de le voir partir à nouveau. Il était plus obstiné qu'elle encore, et ne se lasserait jamais de lui répéter, ou du moins insinuer, que son ambition l'avait déjà consumée. Aujourd'hui, ses aspirations étaient modestes. Profiter de son père tant qu'il le pouvait. « Je sais pas encore. Profiter de Brisbane, continuer de bosser sur des projets qui m'enthousiasment. Il y a plein de gens talentueux ici. Los Angeles est un vivier, mais une fois qu'on a percé il reste plus grand-chose à faire là-bas. » Malgré les tristes raisons de sa présence à Brisbane, Micah avait achevé de se convaincre que le destin l'aurait de toute manière ramené ici. Parce qu'il grandissait, et que Los Angeles demeurait à jamais la même, à l'image d'une jeunesse à laquelle il était attaché. Il était parti à Los Angeles pour obtenir des rôles, et désormais les rôles venaient à lui. Finalement, il avait réussi.

Comme leurs regards, leurs pieds vagabondaient entre les grains de sable. Cette sensation d'infini avait le don de le remettre à sa place de simple mortel. Comme il l'aurait fait, Penny testa la limite des informations qu'il était en capacité de lui divulguer. « Aucune idée. Ils doivent encore se décider sur des rôles. Et il me semble qu'ils attendent au moins le printemps pour démarrer le tournage. Mais j'en ai déjà trop dit. T'es forte. » Il avait hoché la tête, puis esquissé un sourire en coin. Le silence paisible et serein qui avait suivi lui avait paru propice à de plus profondes confessions. Le timing aurait pu être calculé si seulement son chagrin n'était pas si authentique. Aussi prévisible que sa nostalgie, la compassion de Penny était inéluctable. « Je sais que tu l'es. Il va bien. La maladie stagne, mais ça peut vriller à tout moment. » Micah n'avait pas anticipé le contact de Penny. La peau de ses mains qu'il pouvait sentir à travers la légèreté de sa chemise. Et il n'avait jamais imaginé un jour penser à autre chose au moment où elle l’enlacerait, luttant de toute ses forces pour réprimer les larmes qui donnaient déjà des allures d'aquarelle à la mer. « Merci. Je suis désolé, j'avais pas prévu de t'annoncer ça aujourd'hui. » avoua-t-il alors que leur étreinte se relâchait déjà. Micah ignorait ce qui pouvait bien traverser l'esprit de Penny. A quel point son empathie influait tous les sentiments qu'elle éprouvait et avait éprouvé pour lui. Leurs regards s'étaient néanmoins croisés sans équivoque. « Je garde la face mais ça me fait un peu peur. Il est toute ma vie Penny. Il a toujours été là. Qu'est-ce que je vais devenir quand il sera plus qu'une coquille vide ? » avait-il ajouté, déglutissant, tandis qu'une larme lui chatouillait la joue. « Est-ce que c'est cynique de dire que j'aurais préféré le voir mourir ? »

« Oui, je t’en demandais pas plus. Le reste est mon affaire. »
« Tu sonnes comme quelqu’un qui a une idée machiavélique en arrière de la tête. »

Tu dis ça sur un ton humoristique, mais tu ne serais pas complètement surprise d’apprendre que Micah a bel et bien une idée derrière la tête, un plan quelconque qu’il tente de mettre en place parce que c’est ainsi que tu le connais après tout. Un brin calculateur, il pense à tout et si tu ne sais pas réellement sur quel pied danser avec lui depuis son retour en ville, tu as bien compris quelque chose dernièrement : il tente réellement de se refaire une place dans ta vie, d’une manière ou d’une autre. Tu te protèges, de peur de souffrir encore, et aussi parce que t’es plus certaine d’être encore la Penny qu’il a connu, pas certaine non plus qu’il demeure le Micah pour qui tu as autrefois éprouvé des sentiments. Il joue sur la corde sensible de la nostalgie toutefois, reparle de cette époque ou Elsie et Benjamin se sont entremêlés avec Penny et Micah, période ou tout était cruellement plus simple, ou votre vie privée vous appartenait encore, bien que Micah ne se serait pas opposé à en partager quelques extraits dans le but de faire mousser votre popularité déjà grandissante. Depuis, il est devenu un gros nom de part ses multiples rôles et toi de part les multiples rumeurs qui te collent encore à la peau un an plus tard. Vous n’êtes plus à la même place, du moins vis à vis de vos carrières, et sans doute pour tout le reste aussi, t’en sais trop rien. Il faut dire que tu ne lui as pas vraiment donné la chance de te montrer quoique ce soit depuis cette première soirée de novembre. « Tu crois? Je me dis qu’on aura beau tout faire, on gardera toujours une part de ces personnages en nous. Ça fait plus de cinq ans et on continue de m’associer à Benjamin. Je saurais pas dire si j’ai laissé un peu de moi dans ce rôle ou l’inverse. » « Faut dire que t’es aussi insupportable que lui. » que tu rajoutes toujours dans ce ton d’humour, refusant de laisser la conversation devenir trop sérieuse, par peur de découvrir ce qui pourrait en ressortir. « Je sais que je dois beaucoup à Elsie. » Pour ta carrière et pour ta personne aussi. Tu sais qu’elle est venue teintée ta personnalité d’une douceur nouvelle, et comme Micah, il est bien impossible par moments de dissocier le personnage de l’actrice.

Parler de ta famille t’apporte toujours une grande fierté et puis un certain sens de contrôle qui est des plus appréciés au sein de cette situation ou tu as l’impression que tout pourrait t’échapper d’une seconde à l’autre. « Un mannequin en devenir. Ça me ferait plaisir de le voir un de ces jours. Si tu l’autorises. » T’as presque l’impression que c’est une question piège et tu hésites pendant quelques instants avant de lui répondre. Parce que dire non directement, c’est confirmé qu’après cette soirée, t’as réellement l’intention de couper les ponts une bonne fois pour toute et t’as pas l’impression que vous en êtes là. Tu sais pas ce que vous êtes, encore moins certaine de ce que vous pourriez être, mais tu sais que Micah aura toujours une certaine place dans ta vie. Dire oui toutefois, c’est de prendre un risque plus gros que celui que tu étais prête à t’autoriser ce soir. Alors tu te contentes de hausser les épaules doucement et d’offrir un sourire au Tomlinson. « On verra bien. » Ce n’est pas oui, ce n’est pas non. C’est une porte à moitié entrouverte, une possibilité. De quoi? Seul l’avenir saura le dire. Tout comme seul l’avenir pourrait réellement dire de quoi serait faites les ambitions de Micah et de quoi se composerait son parcours maintenant qu’il était de retour pour de bon. Il ne cessait de te le dire et tu ne cessais de le remettre en doute, simplement incapable de croire qu’il n’allait pas disparaître à nouveau comme il l’avait fait par le passé. T’es de ceux qui pardonne mais qui n’oublie pas, la confiance brisée difficilement réparée. « Je sais pas encore. Profiter de Brisbane, continuer de bosser sur des projets qui m’enthousiasment. Il y a plein de gens talentueux ici. Los Angeles est un vivier, mais une fois qu’on a percé il reste plus grand-chose à faire là-bas. » « Reste que les opportunités sont plus grandes là-bas qu’ici, non? » Commentaire venant d’une fille qui avait vu deux de ses derniers projets annulés, il fallait dire que tu n’étais peut-être pas la plus optimiste sur les opportunités qui se trouvaient ici. « Je suis désolée, j’essaye pas de te repousser ou de te convaincre que tu devrais repartir à LA, j’ai juste du mal à comprendre je pense. » que tu finis par avouer, sans savoir que la vraie raison de son retour était sur le point d’éclater une bonne fois pour toute.

« Aucune idée. Ils doivent encore se décider sur des rôles. Et il me semble qu’ils attendent au moins le printemps pour démarrer le tournage. Mais j’en ai déjà trop dit. T’es forte. » Tu lâches un éclat de rire, tout en hochant la tête d’un côté et de l’autre, comme une gamine trop fière d’avoir réussi à lui soutirer plus d’informations sur le fameux projet top secret. « Ça a l’air intéressant en tout cas. J’espère que ça va bien marcher. » Tu es sincère parce que tu sais qu’il a travaillé fort pour être ou il est dans sa carrière et que c’est important pour lui. Tu n’avais pas prévu le tournant que prendrait pourtant la conversation et soudainement, tes pieds semblent bien lourds dans les grains de sable alors que tu comprends beaucoup de choses sur les six derniers mois. Tu ne quittes pas Micah des yeux alors qu’il étale une vérité que tu devines difficile à dire, une vérité qu’il garde pour lui depuis un long moment déjà. « Je sais que tu l’es. Il va bien. La maladie stagne, mais ça peut vriller à tout moment. » Tu te contentes de hocher de la tête et de t’approcher parce que les mots manquent et tu ne sais quoi lui offrir de plus que tes bras qui l’entourent, dans un geste d’une compassion vieille comme le monde et nouvelle à la fois. Le moment ne dure pas longtemps alors que tu reprends ta place, à quelques pas de lui seulement, relevant la tête dans sa direction. La tristesse que tu lis sur son visage te chavire et tu voudrais pouvoir l’effacer sans toutefois savoir comment. C’est qu’il n’y a pas de formule magique pour ce que Micah est en train de vivre malheureusement. « Merci. Je suis désolé, j’avais pas prévu de t’annoncer ça aujourd’hui. » « T’as pas à t’excuser. » que tu le reprends aussitôt alors que tu lâches un léger soupir. « Pourquoi tu m’en as pas parler avant? J’aurais compris beaucoup de choses.. » que tu demandes, même si tu te doutes bien des raisons qui l’ont poussé à retarder cette annonce. Il ne voulait pas de ta pitié, tu le connaissais assez pour savoir. Sans nécessairement parler de pitié, tu aurais sans doute été plus compréhensive avec lui, si tu avais su. « Je garde la face mais ça me fait un peu peur. Il est toute ma vie Penny. Il a toujours été là. Qu’est-ce que je vais devenir quand il sera plus qu’une coquille vide? » Tu secoues la tête, incapable de trouver les mots pour répondre à ses questions. Celles qui font trop mal, celles qui n’ont aucune bonne réponse. « Est-ce que c’est cynique de dire que j’aurais préféré le voir mourir? » Tu hausses les épaules, secoues la tête, réponds de gestuelle contradictoire parce que t’en sais rien. « Je pense que t’aurais voulu pouvoir lui épargner des souffrances, et à toi aussi. Je pense pas que ce soit cynique… » Le sujet est lourd, inconfortable. Tu ne sais plus ou te mettre, tu ne sais plus quoi dire. Dans un geste cruellement familier, tu viens essuyer la larme qui vient couler sur sa joue, tes yeux ne se détachant pas des siens. « Je pense que le mieux que tu puisses faire maintenant, c’est profiter pleinement du temps que tu as avec lui. » Que pouvais-tu lui dire de plus après tout? « Je suis désolée, rien de tout ça n’est juste... » Ce n’était que les aléas de la vie, malheureusement. « Qui d’autres le sait? »

Plus qu'une façade, le sarcasme unissait leur passé. Indépendant ou commun, il était lié d'une certaine façon, si bien que le cœur de Micah s'allégeait chaque fois que Penny travestissait ses véritables sentiments derrière l'humour, comme si c'était sa façon à elle de se rappeler les barrières qu'elle avait érigées entre eux. Sans cet humour, ils n'étaient que deux êtres qui tenaient sincèrement l'un à l'autre, deux amoureux transis qui n'avaient cessé de croire que leur histoire n'avait jamais eu droit à un dénouement dans les règles de l'art. « Ou juste comme quelqu'un d'un peu trop sûr de lui... en vérité je fais semblant mais je suis sûr de rien avec toi. Il y a 30 minutes je me demandais encore si tu allais venir. » avait-il répondu, tiraillé entre l'impératif de garder ce même ton léger et toute la joie contenue que lui inspirait sa présence. En évoquant Benji et Elsie, ils avaient débloqué une tendresse réprimée. C'était leur madeleine de Proust à eux. L'âge d'or de leur relation, quand tout paraissait si simple dans sa complexité. Aujourd'hui ils marchaient sur des œufs, et devaient vivre dans l'ombre d'un succès qui leur avait échappé. Parfois Micah se demandait si les choses auraient évolué autrement si Penny n'avait pas voulu étouffer leur flamme en la préservant du public. Si finalement ils ne s'étaient pas aimés si fort qu'ils s'étaient brûlés, asphyxiés dans cette réalité confinée à leur seul jugement. « Je suis aussi insupportable que lui ou il est aussi insupportable que moi ? » avait-il questionné un brin malicieux. Penny elle-même n'avait pas la réponse à cette question. Il était Benjamin autant que Benjamin était lui. « Tu aimerais la rejouer un jour ? » demanda-t-il finalement, un peu naïvement, comme une pensée intime qu'on laissait s'exprimer à voix haute. Il connaissait la réponse à cette question en revanche. Penny avait mis autant de distance entre eux qu'elle en avait mis entre elle et cette époque que le monde s'acharnait à lui rappeler. Il ignorait pourquoi. Pas de la honte. Certainement pas des regrets. Peut-être simplement un désir légitime de s'affranchir d'un rôle qu'elle n'était plus capable d'endosser. Celui d'un modèle pour la jeunesse australienne.

L'éclat qu'il avait vu luire dans ses yeux à l'évocation de son frère s'était aussitôt dissipé. Penny avait flanché et il l'imaginait facilement secouer la tête pour se défaire de son emprise. Sa réponse n'était pas plus catégorique que laconique. Micah se contenta de lui renvoyer un sourire obligé. Il n'avait de toute façon pas le choix de s'en remettre à sa décision. Le chapitre fut clos aussi vite qu'il avait été ouvert, sur une note évasive mais à laquelle il s'accrochait. Penny ne faisait que protéger sa famille après tout. Un réflexe qui, s'il lui était étranger, ne lui échappait pas totalement. Lui-même était capable de sortir les griffes quand il était question de l'intégrité de son père, ou encore de défendre la rancune tenace et ferme qu'il nourrissait envers sa mère. Elle insista néanmoins sur les mérites de Los Angeles. Micah l'aurait mieux pris si elle lui avait suggéré de le suivre cette fois, mais il avait plutôt l'impression qu'elle tenait à se débarrasser d'une compagnie à laquelle elle avait peur de prendre goût. « Si les opportunités sont là-bas j'aurai qu'à prendre un avion le temps du tournage. Tu l'as fait avant moi, non ? » s'était-il justifié, glissant par la même occasion, et non pour la première fois, sa déception d'avoir appris sa visite sur le sol américain par le biais des journaux plutôt que de son propre chef. Comme elle deux minutes plus tôt, il s'était surpris à faire preuve d'un enthousiasme candide en lui dévoilant les bribes de son prochain projet. « J'espère aussi. J'ai peur de m'emballer. » avait-il tempéré en durcissant le regard.

Puis le temps s'était figé. Dans ses bras, plus rien d'autre ne comptait. Il n'avait pas consenti à cette vérité pour le plaisir de lire un peu de compassion dans ses yeux. Elle s'était juste imposée à lui, comme Penny dans sa vie. Son regard vagabondait, pourtant il n'avait pas pu réprimer toute la tristesse qu'il s'était empêché de manifester depuis leurs retrouvailles sur le tapis rouge. Subitement, il n'était plus qu'un fils dévasté par l'inéluctable agonie de son père. « J'aurais voulu t'en parler bien avant mais j'avais peur qu'on m'accuse d'être manipulateur. Puis le dire à voix haute ça rend la chose tellement vraie. Tu connais les étapes du deuil... je crois que j'ai déjà commencé le mien d'une certaine façon. » La larme qu'il avait laissé couler n'était déjà plus qu'un vestige de la main que Penny avait laissé glisser sur sa peau. Un frisson avait parcouru son échine. Un peu plus et il réalisait à quel point sa vulnérabilité était aux antipodes du personnage qu'il jouait quotidiennement devant les objectifs. Mais Penny savait déjà qu'il n'était jamais plus entier qu'en sa présence. « Tu as raison. Et c'est pour ça que je suis bien résolu à rester ici. Pour profiter du temps qu'on a. Toute ma vie mon père s'est plus occupé de ma carrière que de moi. On a perdu trop de temps. Et le pire c'est qu'il fait comme si tout allait bien. » Comment pouvait-il faire la paix avec un constat que son père refusait lui-même d'accepter ? Le voir prendre ses visites de suivi par-dessus la jambe l'aurait mis hors de lui s'il avait lui-même surmonté le déni. « Peu de gens le savent. Surtout pas la presse. Ma mère bien entendu... Je l'ai dit à Nolan et ça s'arrête là. J'aimerais bien que ça ne s'ébruite pas. Pas encore. Tu me le promets ? » dit-il en vissant son regard encore humide dans le sien. Le soleil qui leur offrait de magnifiques couleurs dénotait avec le bleu orageux de ses iris. L'ironie était aussi belle que celle qui avait ruiné tous ses efforts. « J'avais imaginé ce rendez-vous autrement... Mais ça m'a fait du bien de me confier. » Nichée dans le sable, une table de fortune faite d'une planche et de palettes n'avait attendu qu'eux. Dressée avec goût, décorée de bouquets de fleurs séchées et de bougies qui brillaient dans de petites lanternes bleues, elle était bordée de coussins beiges qui se fondaient sur le sol. « On peut quand même trinquer à l'avenir. » avait-il proposé en invitant Penny à s'asseoir face à lui.

« Ou juste comme quelqu’un d’un peu trop sûr de lui… en vérité je fais semblant mais je suis sûr de rien avec toi. Il y a 30 minutes je me demandais encore si tu allais venir. »
« J’aime te garder en alerte. »

Si tu continues de plaisanter, d’user de sarcasme et de witty comebacks, c’est surtout pour te protéger des véritables intentions de cette soirée et surtout, de ce qui se cache derrière chaque chose que tu n’oses pas avouer. C’est bien plus simple de prendre le tout avec des pincettes, de jouer d’un humour qui a toujours su prendre une place si prédominante dans votre relation quand cette dernière vacillait sans cesse entre répliques salées, disputes sans but et retrouvailles sous les draps. C’est des sentiments éternellement inavoués qui vous ramenaient constamment l’un à l’autre quand tout semblait vous séparer et voilà que cinq ans plus tard, rien ne semble complètement résolu et le passé coule sur votre présent sans jamais savoir s’il y a là un quelconque futur possible. Mais tu es là ce soir et c’est un pas de plus dans sa direction que tu ne pensais même pas prendre il y a de ça quelques semaines à peine. C’est d’oser sans jamais savoir à quoi t’attendre lorsqu’il s’agit de Micah Tomlinson. Il dira que tu es celle qui a mis un frein à votre relation dès le départ, mais tu sais que vous avez joué tous les deux de cette liberté qui venait avec votre incapacité à statuer pleinement sur quoique ce soit entre vous. La nostalgie prend toute la place quand il s’agit de parler de Neighborhood, mais comme pour tout le reste, tu préfères rester sur ce ton plus léger, refusant encore et toujours de te mettre plus à découvert devant l’acteur. « Je suis aussi insupportable que lui ou il est insupportable que moi? » Tu ne peux que rire à la question, bien incapable de dissocier l’un de l’autre. « Tu aimerais la rejouer un jour? » Tu hausses doucement les épaules. La vérité c’est que tu ne sais pas vraiment comment répondre à cette question. Autant tu savais qu’Elsie aurait toujours une place particulière dans ton coeur et dans ta vie, tu n’étais pas certaine d’un jour être capable de remettre ses souliers. « Je sais pas. Je pense pas. Peut-être pour un épisode retrouvailles ou quelque chose du genre, mais je pense avoir fait le tour avec elle. » Toutes les intrigues autour du personnage avait été bouclé d’une belle façon et contrairement à votre histoire à vous, Elsie n’avait pas de loose ends. « Et toi? Tu te verrais reprendre le rôle de Benjamin si on te le proposait? » Si ton départ avait été planifié longtemps d’avance, la sortie de Benjamin quant à elle avait été plus rapide de part le départ de Micah pour Los Angeles. Peut-être cela allait-il influencer sa réponse, tu n’étais plus vraiment certaine de quoique ce soit en ce moment.

« Si les opportunités sont là-bas j’aurai qu’à prendre un avion le temps du tournage. Tu l’as fait avant moi, non? »
« Mais tu ne pouvais pas faire ça il y a cinq ans. »

T’es injuste quand tu insistes de cette façon, utilisant soudainement un ton froid et détaché alors que la situation était à l’époque complètement différente. Tu te pinces légèrement les lèvres alors que tu secoues doucement la tête, regrettant déjà le commentaire, bien que tu ne puisses pas le reprendre. Tu échappes un léger soupir, contente que la discussion diverge légèrement sur le potentiel prochain projet de Micah, qui lui serait tourné ici de toute façon de ce que tu en comprends. Le sujet tourne finalement et voilà que plus rien n’a d’importance, la rancoeur disparaît pour laisser place à quelque chose de bien plus doux et de bien plus sincère alors que tu brises toute distance avec lui dans une tentative de lui témoigner un réconfort qui ne peut temporairement panser les blessures. « J’aurais voulu t’en parler bien avant mais j’avais peur qu’on m’accuse d’être manipulateur. Puis le dire à voix haute ça rend la chose tellement vraie. Tu connais les étapes du deuil… je crois que j’ai déjà commencé à faire le mien d’une certaine façon. » Tu peux trop facilement comprendre, quand bien même la situation était complètement différente entre ce que tu avais vécu avec ton oncle et ce que Micah vivait depuis quelques mois avec son père. « Ne le fais pas trop vite. Ton père est encore là. » Tu étais d’avis qu’il devait profiter de chaque instant maintenant plutôt que de sauter les étapes et tu ne manquais pas de lui dire, même si tu te doutais bien que ce n’était rien qu’il n’avait pas déjà entendu par le passé. « Tu as raison. Et c’est pour ça que je suis bien résolu à rester ici. Pour profiter du temps qu’on a. Toute ma vie mon père s’est plus occupé de ma carrière que de moi. On a perdu trop de temps. Et le pire c’est qu’il fait comme si tout allait bien. » Tu échappes un léger soupir. Tu ne pouvais t’empêcher de faire le parallèle avec ton oncle qui lui aussi avait vécu une longue période de déni avant d’être contraint d’admettre que plus rien ne serait jamais comme avant. « C’est pas une réalité qui est facile à accepter. Et puis parfois jouer la comédie est plus facile que de faire face à comment l’on se sent vraiment. » Et ça, Micah le savait parfaitement. Vous étiez tous les deux des pros à ce jeu après tout. Une question te brûle les lèvres et si tu hésites d’abord à la poser, tu sais que tu ne pourras être sereine tant que tu ne saurais pas ou le jeune homme se positionne face à cette dernière. « Est-ce que tu as l’intention de passer des tests génétiques? Pour savoir si tu es porteur du gène toi aussi... » Cette question avait fait débat chez les Stringer quand il avait été question de s’assurer que ton père, ton cousin et toi n’étiez pas porteurs du même gène que ton oncle. Si tu avais fini par passer le test pour la paix d’esprit, c’était encore aujourd’hui une source de conflit entre Hunter et toi.

« Peu de gens le savent. Surtout pas la presse. Ma mère bien entendu… Je l’ai dit à Nolan et ça s’arrête là. J’aimerais bien que ça ne s’ébruite pas. Pas encore. Tu me le promets. » Tu hoches la tête rapidement, un mince sourire sur les lèvres. « Évidemment, je te le promets. » Tu savais trop bien ce que c’était que d’avoir un secret, une vérité que l’on n’était pas prêt à partager avec le reste du monde et jamais tu n’irais à l’encontre des volontés de Micah à ce sujet. « Comment est-ce que ta mère le prend? Ou bien est-ce qu’elle demeure un sujet interdit? » C’est une tentative d’humour quelque peu déplacée, c’est la nervosité qui parle pour toi alors que tu n’arrives pas à retenir tout commentaire qui te passe par la tête. Ça demeure tout de même plus aisé de parler de sa mère que de parler de Nolan dans tous les cas. Tu ne le lâchais pas du regard, tu ne te souvenais pas de la dernière fois ou tu l’avais vu si vulnérable et tu détestais être incapable de faire quoique ce soit pour faire disparaître cette tristesse dans le fond de ses yeux. « J’avais imaginé ce rendez-vous autrement… Mais ça m’a fait du bien de me confier. » « Je suis contente que tu l’aies fait. » Il y a tellement de choses que tu comprenais mieux désormais, surtout cette volonté nouvelle de rester dans les parages, pour un temps du moins. Micah se déplace soudainement et tu le suis alors que vous vous retrouvez face à face avec un petit set-up digne d’un épisode du Bachelor (ton petit plaisir coupable en terme de télé réalité) et tu ne pus réfréné un énième sourire. « On peut quand même trinquer à l’avenir. » Et évidemment, tu ne pus t’empêcher de faire un énième commentaire, sans doute dans l’espoir que si tu reprenais tes piques et tes frasques comme si de rien était, tu ferais comprendre au jeune homme que tu n’avais pas l’intention de laisser sa confidence alourdir le moment. « Tu prépares ton audition pour être le prochain Bachelor c’est ça? » Tu échappes un léger rire alors que tu viens tout de même t’installer en face de lui sur l’un des coussins, lui laissant le plaisir de vous servir deux verres alors que ton regard se perd de nouveau sur la mer dont les vagues montent doucement contre le sable. « Parle-moi de LA. De ce que tu as fait, de ce que tu as vu. » Parle-moi de toi. De qui tu es devenu et de ce que tu veux. Remplis le silence des mots qui te plaisent encore un peu Micah.

La soudaine désinvolture de Penny brouillait les pistes. Impossible pour autant de réprimer un sourire satisfait, car si elle ne confessait pas ouvertement son désir de l'avoir dans sa vie, elle admettait au moins prendre un certain plaisir à le faire languir. Micah avait déjà planifié toutes les issues de cette relation qu'ils se décarcassaient à remettre sur les rails, et se réjouissait dans tous les cas d'avoir au moins l'opportunité de profiter d'instants comme celui-ci en sa compagnie. Il avait concédé à Nolan quelques jours plus tôt, par fierté surtout, qu'il finirait par lâcher l'affaire si jamais la jeune femme continuait de mépriser les perches qu'il tendait avec affection, et toujours énormément de dévotion. Il s'était persuadé d'en être capable, mais à en juger par tout le soulagement qui le transperçait à chaque petite victoire, il devait bien admettre que c'était faux. L'évocation de leurs vieux souvenir de tournage était une solution de facilité, ce genre de réconfort auquel on revenait toujours par peur de n'avoir plus aucun souvenir à construire. Micah pouvait au moins se rassurer d'avoir ce lien éternel avec Penny. « Comme toi, je dirais pas non à un épisode de retrouvailles. Juste pour le fun et voir un peu où en sont certains autres membres du cast. Il y en a peu avec qui j'ai encore des contacts. » avait-il confié en hochant les épaules avec un détachement feint. En fait, cette perspective l'enchantait à peu près autant qu'elle lui faisait peur. Lui-même avait eu du mal à se défaire de l'image de Benjamin. Heureusement qu'il avait un agent  pour mesurer ce genre de décisions à sa place.

La frivolité céda à l'amertume. Penny était injuste, mais Micah s'accrochait seulement à l'aveu silencieux qu'elle faisait d'avoir imaginé un avenir différent pour eux. Celui qu'ils auraient vécu s'il n'était jamais parti. Il avait fantasmé cet avenir lui aussi plus d'une fois. Amour ou succès, il avait fait son choix. « Tu sais bien que non, Penny. » Il avait délibérément ponctué sa phrase de son prénom, comme s'il y avait le moindre doute qu'il s'adressait à elle. Par expérience du script, il connaissait toute la teneur dramatique de ce réflexe. « Tu imagines pas le nombre de portes qu'on ma claqué au nez, juste parce qu'on m'a jamais pris au sérieux. En restant ici j'aurais jamais pu obtenir ces rôles et je me serais cantonné à ce qu'on attendait de moi. » Lui avait toujours rêvé plus grand, plus fort, plus retentissant. Mais peut-être qu'on fond il se serait contenté d'être un Benjamin toute sa vie si son père n'avait pas conditionné ses ambitions démesurées. Il continuait d'ailleurs d'influencer tous ses choix, à commencer par son retour à Brisbane. Toute sa vie menait inéluctablement à lui, et même au-delà de sa prétendue mort, celle qu'il avait déjà anticipée. « Physiquement il est là, mais personne peut prédire combien de temps il va garder ses souvenirs. Il y a aussi un parcours de soin pour les proches. On m'a déjà préparé à la suite. » Les larmes avaient définitivement séché, ne laissant dans leur sillage que le sel du ressentiment et de la résignation. Dans cette maladie comme dans la mort, les victimes étaient toujours celles qui restaient. « T'as raison. Je me dis qu'au moins c'est pas son anxiété qui fera progresser la maladie. Je préfère garder ce stress pour moi. » Au-delà de tout ce qu'elle représentait à ses yeux, Penny était ironiquement bien placée pour comprendre. C'était ce qui la rendait si précieuse à cet instant. « Non. Il semblerait que ce soit pas une forme familiale, comme on l'appelle. Et dans tous les cas j'ai pas envie de savoir. Au moins un autre avantage à être fils unique. » avait-il tranché, comme on le faisait quand on avait mûri ses convictions. Bien entendu c'était une question qu'on lui avait déjà posée et dont la réponse lui avait semblé évidente. Jamais il n'accepterait de laisser cette éventualité dicter sa vie. Si tout le monde se préparait au hasard d'une mort imminente, personne n'avait envie d'en connaître les détails sordides. Le hasard était le maître mot.

La promesse de Penny n'était rien d'autre qu'une formule, car jamais Micah n'avait douté de sa capacité à garder un secret aussi lourd et personnel que celui-ci. Encore une chose qui la rendait si précieuse. Et si elle le connaissait assez pour éviter les sujets tabous, elle n'hésitait pas non plus à s'y risquer de temps en temps.  « J'en sais rien à vrai dire, je lui ai pas adressé la parole depuis que je suis rentré. Elle est toujours à Sydney je crois. Je peux pas m'empêcher de penser qu'elle est un peu contente au fond. Comme si c'était sa porte d'entrée pour revenir dans ma vie. » avait-il répondu avec un cynisme à toute épreuve quand il était question de sa génitrice. Peu de gens pouvaient comprendre la haine qu'il éprouvait pour celle qui l'avait pourtant mis au monde. Pour beaucoup ce sentiment était contre nature. Puisqu'il ne dépréciait jamais l'amour convenu que la plupart des enfants ressentaient pour leurs mères, il estimait avoir le droit à une tolérance réciproque. Penny était assez lucide pour comprendre que son rôle n'était pas de lui donner raison ou tort. Simplement de le soutenir.

Le décor lui sembla soudain anachronique. Micah réalisa après cette discussion à cœur ouvert toute sa tendance à la surenchère. Si les bougies lui semblaient bien moins pertinentes, elles avaient au moins le don de détendre encore un peu plus l'atmosphère. « Rigole pas, ça pourrait bien être le cas un jour. » avait-il rétorqué. Il se verrait bien jouer un jour une caricature de Bachelor. L'auto-dérision n'était pas une qualité qu'on lui prêtait à première vue. Ils s'installèrent, profitant des embruns et des derniers rayons de soleil comme deux amis qui auraient soudainement balayé l’ambiguïté de leurs sentiments, avant de rattraper le temps perdu. « LA... c'est comme l'école... le paradis pour ceux qui sont intégrés, l'enfer pour les autres. » entama-t-il, prêt à lui conter une période de sa vie qu'elle avait si longtemps fait mine de négliger par rancœur.

C’était facile, de se perdre dans les souvenirs de ce qui étaient. De retrouver le confort que tu avais si longtemps trouvé auprès du Tomlinson, tout comme celui qui t’habitait automatiquement lorsqu’il s’agissait de te remémorer cette série qui vous avait rendu populaire tous les deux, pour laquelle tu avais travaillé six ans. C’était agréable, de savoir que c’était toujours là, à porter de la main si tu le désirais. C’était après tout ce que Micah semblait vouloir, ce pour quoi il avait insisté pour cette soirée, ce rendez-vous ou peu importe comment la soirée se devait d’être qualifiée.  Pourtant, tu n’étais pas certaine que de faire ce retour en arrière était la meilleure des idées, pas certaine que tu savais aujourd’hui comment tu te sentais réellement face au jeune homme, la rancœur d’hier se mélangeant trop aisément avec des sentiments que tu croyais morts et enterrés. Tu ne pouvais que prendre les choses avec prudence, garder une certaine distance, même si tu lui envoyais clairement des signaux mixtes, incertaine de tes propres intentions. « Tu sais bien que non, Penny. » Tu te mords les lèvres, regrettant déjà d’avoir mentionné ce passé qui vous englobe tout le temps, mais qui est bien plus facile quand il se contente de se dissimuler au travers de nombreux non-dits. « Tu imagines pas le nombre de portes qu’on m’a claqué au nez, juste parce qu’on m’a jamais pris au sérieux. En restant ici j’aurais jamais pu obtenir ces rôles et je me serai cantonné à ce qu’on attendait de moi. » « Je sais, je suis désolée. J’aurais pas dû dire ça. » que tu t’excuses aussitôt, consciente qu’il avait fait un choix qui avait ultimement bon pour lui, bien qu’il avait signé la fin d’une histoire qui ne faisait autrefois que commencer et qui semblait désormais vouée à rester une parcelle de votre passé commun.

La vérité sur son retour et la maladie de son père te frappe de plein fouet et tu fais ton possible pour rester forte devant lui alors qu’il se montre plus vulnérable qu’il ne l’a jamais été devant toi. « Physiquement il est là, mais personne peut prédire combien de temps il va garder ses souvenirs. Il y aussi un parcours de soin pour les proches. On m’a déjà préparé à la suite. » Tu hoches la tête doucement, te souvenant être passer au travers de quelque chose de similaire quand la nouvelle sur la maladie de ton oncle s’était abattue sur votre famille comme un coup de massue. C’était un processus, difficile, parfois long, imprévisible et chacun vivait la maladie à sa façon. Tu pouvais essayer de le conseiller au mieux de tes connaissances, de ta propre expérience, mais au final, ses sentiments étaient valides, peu importe comment il se sentait et tu espérais seulement pouvoir lui apporter un peu de réconfort dans une période que tu devinais compliquée. « T’as raison. Je me dis qu’au moins, c’est pas son anxiété qui fera progresser la maladie. Je préfère garder ce stress pour moi. » « Tu peux toujours me parler, si t’as besoin. » que tu lui répètes, ne serait-ce que pour lui rappeler qu’il  n’a pas besoin d’être tout seul à travers cette épreuve. La situation n’était peut-être pas la plus claire entre vous, vis-à-vis de ce que vous aviez été autrefois, mais rien n’empêchait qu’une amitié ne se forme entre vous. Il resterait une personne très importante dans ta vie, peu importe la suite des évènements. Et c’était sans doute pour cette raison que tu ne pus t’empêcher de lui demander si la génétique jouait une part dans la maladie de son père et si lui avait pris une décision face à la possibilité de savoir s’il pouvait lui-même en être porteur. « Non. Il semblerait que ce soit pas une forme familiale, comme on l’appelle. Et dans tous les cas j’ai pas envie de savoir. Au moins un autre avantage à être fils unique. » Tu fais une légère grimace, bien que tu sois soulagée d’apprendre que la maladie de son père ne soit pas héréditaire. Son statut de fils unique toutefois te rappelait une fois encore qu’il était seul à gérer avec ça, et c’est sans grande surprise que tu apprends qu’en plus de ça, sa relation avec sa mère demeure plutôt tendue. « J’en sais rien à vrai dire, je lui ai pas adressé la parole depuis que je suis rentré. Elle est toujours à Sydney je crois. Je peux pas m’empêcher de penser qu’elle est un peu contente au fond. Comme si c’était sa porte d’entrée pour revenir dans ma vie. » « Dis pas ça. Je suis persuadée que ça doit être difficile pour elle aussi… » Mais tu savais qu’il valait mieux ne pas insister plus longuement sur ce sujet qui était sans doute le plus sensible de tous.

L’installation que Micah avait créé pour l’occasion de la soirée devient l’échappatoire parfait alors que vous prenez place sur les coussins, vin et amuses-bouches à votre disposition. Tu ne peux t’empêcher de faire un commentaire sur son potentiel statut de Bachelor, ce qui ne semble pas choqué le Tomlinson le moins du monde. « Rigole pas, ça pourrait bien être le cas un jour. » « Tu ferais un excellent Bachelor. » que tu répliques, amusée. Tu ne doutes pas que Micah se plairait sans doute dans ce rôle, avec une vingtaine de filles prête à tout pour gagner son cœur dans un setting d’extravagance comme il les aime. Pour changer le sujet de la discussion, tu lui demandes de te parler de ces années qui vous ont séparé, celles où il vivait le rêve hollywoodien, que tu avais toi-même aspiré à toucher du bout des doigts depuis si longtemps que tu peinais à savoir si tu le voulais encore ou si c’était seulement ancré en toi, comme une habitude dont on ne savait réellement se défaire. « LA… c’est comme l’école… le paradis pour ceux qui sont intégrés, l’enfer pour les autres. » « Et pour toi alors, paradis ou enfer? » que tu demandes, prête à écouter toutes les parcelles de son aventure qu’il se sentait prêt à partager avec toi, comme tu ne te gênerais pas pour lui parler de ta propre expérience sur les plateaux de tournage de Netflix en décembre passé pour cette série quétaine à souhait qui allait sortir d’ici la fin de l’année. Tout compte fait, tu ne regrettais pas d’avoir accepté de passer la soirée en sa compagnie, réalisant que sa présence dans ta vie t’avait manqué bien plus que tu n’étais prête à l’admettre à voix haute.