Quand Caleb lui a demandé de venir, sa cadette a hésité pendant trois minutes avant de répondre par l'affirmative. Elle n’avait eu que quelques heures de sommeil dans les pattes, le calme régnant dans les lieux et elle n’avait pas prévu de se réveiller aussi tôt dans la matinée - à vrai dire, quand elle travaille, il est rare qu’elle voit les matinées passer autrement qu’en dormant. Un horaire intérieur complètement bousculé et c’est à renfort de bâillements et de câlins avec Nuts que Primrose délaisse le confort de son immense peluche koala pour se motiver à sortir du lit. Il faut qu’elle prenne un café et qu’elle se prépare un minimum pour ne pas faire peur à Caleb - et surtout, ne pas lui rappeler qu’elle travaille de nuit et ce qu’elle y fait. Elle se permet simplement de rester en tenue d’intérieur et c’est en envoyant des messages à Tim que la panique intérieure commence à la prendre ; comme une alerte qui se déclare, elle se rappelle qu’elle ne doit pas afficher le bonheur qui la hante depuis quelques mois maintenant. Ne pas évoquer Tim, ne pas parler de leur relation, tenter de jouer la carte du détachement. Ou est-ce que Caleb sait quelque chose et qu’il veut la confronter ? Le message n’avait pas l’air si urgent que cela, ça serait étonnant. Mais elle a un doute, comme à chaque fois, qui vient se creuser au fond d’elle-même, avant que la sonnette de la porte la fasse sursauter. Okay, très bien, respire, inspire, tout va bien se passer. Tu as juste à mentir à ton frère - non, omettre, la distinction est forte - ce n’est pas grand chose. Alors c’est avec un grand sourire - quoiqu’un peu fatigué malgré tout - que Primrose ouvre la porte sur Caleb et, oh, les jumelles.

« Je suis venu avec de la compagnie. »
“J’avais remarqué.”
« Salut. »
“Hey.”

Quand Caleb a demandé gentiment s’il pouvait passer, Primrose n’avait pas envisagé qu’il vienne avec ses filles. Non pas que cela la surprenne puisque Caleb se dévoue sûrement un peu trop à son goût dans son rôle de papa - non, ce n’est pas une jalousie absurde, c’est une simple constation. Mais après tout, elle n’arrive même pas à se gérer elle-même alors comment pourrait-elle comprendre sur quel créneau navigue en ce moment son frère, qui a l’air aussi comblé et heureux comme au premier jour ? « Regarde ma princesse, on est chez tata Prim. » Cette dernière lâche tout de même un sourire attendri face à la gamine qui se frotte les yeux alors qu’elle s’efface de la porte pour laisser entrer toute la petite tribu qui s’ajoute dans la famille Anderson. Lucy a toujours le doudou qu’elle a offert il y a quelques mois, le serrant contre ses doigts potelés de jeune bambine adorable, et ça émeut sa tante - d’accord, peut-être qu’elle comprend un peu pourquoi Caleb est aussi gaga de ses filles. Elle s’avance pour venir prendre son autre main, le sourire illuminant son doux visage alors que Lucy attrape son doigt avant que son frère ne la lui mette carrément dans les bras. Autant dire que Primrose n’a jamais eu autant de contact avec des enfants que ces derniers mois. « Elles sont étrangement trop calmes depuis cette dernière heure, j’espère que ça sera pas le calme avant la tempête. » La petite brune lâche un léger rire en s’éloignant de la poussette tout en faisant gentiment sautiller Lucy dans ses bras. “J’espère aussi. Sinon, il y a un chien et un chat prêts à les manger s’il le faut.” Nutella dort dans sa chambre tandis que le chien de Will doit être en train de profiter des derniers rayons du soleil sur le balcon. « Je ne te dérange pas ? » Primrose s’assoit sur le canapé, installant confortablement Lucy sur ses cuisses avant de lever un regard soutenu vers Caleb. “Si ça n’avait pas été le bon moment, je t’aurai dit non, Caleb. Bon, avec plus de forme que ça mais, tu comprends l’idée. Bref, non, tu ne déranges pas. J’ai même le droit à l’appartement pour moi toute seule donc autant en profiter.” Pour une fois, c’est elle qui reçoit de la visite. Cela change. Mais il faut dire que la journée est assez libre pour Primrose ; tout le monde est au travail, à cette heure-ci. “Tu n’es pas censée assister Elia ? Tu la laisses toute seule aux commandes ?” Le sourire amusé, elle n’en sait rien ; peut-être qu’Elia a acquis cette confiance auprès de son frère - ce qui serait surprenant, non ? Primrose secoue le doudou de Lucy pour embêter son nez alors que l’enfant essaie de l’attraper en riant de façon la plus adorable du monde - okay. “Même si c’est sympa de vous voir tous, je m’attendais pas à voir les filles. C’est pour me demander de les garder que t’es venu ?” La suspicion légèrement surjouée en connaissance de cause alors que ses prunelles bleutées se plissent à l’attention de Caleb, avec un air terriblement faux d’une inspectrice qu’elle ne sera jamais.

« Nutella est beaucoup trop adorable pour faire du mal à qui que ce soit. » Primrose hausse un sourcil avec un sourire amusé. “Aussi adorable qu’il peut être, ne sous estime jamais un fauve affamé ou, pire, un fauve que l’on perturbe dans sa sieste.” C’est un petit chat, un chaton de quelques mois, une vraie petite boule d’énergie qui passe son temps à courir partout, à aller là où il ne faut pas et elle remercie un peu plus chaque jour qu’il y a le chien de Will pour lui tenir compagnie et être toujours présent pour l’occuper et le distraire. Il n’est pas étonnant que sa charmante petite boule de poil passe son temps sur son lit, sur son dressing ou sur son tapis à dormir pour se remettre de toute cette énergie dépensée. “Je suis d’ailleurs surprise que vous ayez eu l’ambition d’en adopter un aussi jeune alors que vous avez des bébés. Rien que Nuts et il me rend déjà folle à me réveiller dans la nuit en prenant mon lit pour un terrain de jeu.” Peut-être qu’il l’habitue à sa façon à se réveiller en plein milieu des heures de sommeil pour le futur. Ou tout simplement pour les futures nuits passées avec Tim où le risque d’être là aussi interrompue de sa croisière chez Morphée est grand. Vivement que la sagesse du chaton arrive mais il ne semblerait que ce ne soit pas pour maintenant - cela n’empêche pas sa maîtresse d’être complètement gaga de sa bestiole. « Elle est très très douée, mais non je l’ai pas laissée seule. Pas encore. C’est mon second qui la supervise quand je ne suis pas là. » Primrose garde les lèvres closes, s’occupant de Lucy sur ses cuisses tout en hochant la tête alors qu’elle s’amuse avec son doudou. Elia est douée, elle le sait, elle a le plaisir de goûter certains de ses plats sans avoir à se déplacer jusqu’au restaurant.

« Non, non t’en fais pas. Je voulais juste profiter de ma journée off pour la passer avec ces deux petites merveilles. » Caleb a le visage amusé alors que sa sœur ne comprend pas vraiment le fil des paroles. “Et tu viens chez moi pour ça ?” Parce qu’elle n’arrive pas à trouver le sens dans la logique de son frère ; il pourrait profiter de ses deux “merveilles” au parc ou chez lui, pourquoi venir s’enfermer dans l’appartement de sa sœur où ils peuvent être interrompus par un colocataire impromptu à chaque instant ? « Je voulais te voir aussi. Savoir comment tu allais. Et j’ai quelque chose à te demander, mais rien à voir avec mes filles. » Il passe la main dans ses cheveux et dans sa nuque et Primrose relève un peu plus le buste en penchant la tête. “Ca va bien, comme d’habitude, rien de nouveau.” Absolument rien de nouveau, Caleb, nope. A vrai dire, il serait sûrement heureux de savoir que ça va mieux que bien depuis quelques mois, que pour une fois, la brunette aimerait lui balancer un peu de positivité pour changer mais non ; l’accord a été passé, rien ne doit être dit et elle doit refouler toute l’excitation de sa relation avec Tim au plus profond d’elle-même. “Qu’est-ce que tu veux me demander ? Si c’est à propos du gâteau de mariage, je suis en train d’y réfléchir. J’ai fait des recherches, des croquis, il me faudra aussi la liste de vos goûts préférés et surtout ceux que vous n’aimez pas.” Parce qu’il n’y aurait rien de plus désastreux que de faire un gâteau que les mariés n’aimeraient pas - oui, même Alex, qui doit sûrement l’attendre au tournant et dont Primrose se doit de clouer le bec de la façon qu’elle sache le mieux faire : la pâtisserie. “Il faudra que je vous prépare des échantillons à vous faire goûter.” Après tout, hors de question de s’y prendre à la dernière minute et il ne reste que cinq mois. “Tu veux quelque chose à boire, peut-être ?” Primrose a été prisée par Lucy si rapidement qu’elle en a oublié ses bonnes manières.

Evidemment que Caleb apprécie la petite boule de poils en plus de tout le reste. Malgré la fatigue, malgré les réveils, malgré les agacements passagers, que ce soit les animaux ou les enfants, tout ne résulte au final que d’un amour et une affection infinie. Bien sûr, le lien doit être plus important avec des bambins, avec une partie de soi (ou non, d’ailleurs), que l’on voit grandir et évoluer pour le monde à venir ; mais Primrose ne pouvant encore comprendre cette simple relation, elle ne peut que se contenter de rêvasser du jour où cela arrivera - un projet qui pourrait devenir plus concret si elle s’en donne les moyens. Cependant, pour le moment, l’envie d’enfants n’est pas dans ses priorités ; elle a déjà assez de quoi s’entraîner et s’occuper avec les jumelles de son frère ainsi que les jumeaux de Tim, dont elle a toujours la seule fille du lot à mettre dans sa poche, chose qui ne sera pas aisée à faire, étrangement. C’est désolant et triste de ne pas pouvoir s’enthousiasmer auprès de son frère sur ce sujet. Si Primrose n’a rien dit avant, c’est tout simplement parce que c’était si nouveau qu’il fallait y aller doucement. La mauvaise fortune peut arriver si vite, si fort qu’elle avait l’impression qu’on allait lui retirer son bonheur précaire en cours de découverte dès qu’elle se sera trop enjaillée. Et puis, le dire à son frère n’est pas comme le dire à Dani ou Amaya ; il va poser des questions, avec son regard plissé, sortant l’habit du grand frère protecteur qui rôdera à distance pour veiller au grain. Connaissant sa soeur, Caleb serait en droit de douter de ses fréquentations après tout. Déjà qu’elle a été capable de se dévêtir sur le net quand elle n’était même pas majeure, qu’elle évolue dans un club de strip depuis presque dix ans, quel mauvais choix peut-elle ajouter à sa liste ? Oh, si Caleb savait. Mais finalement, après son moment avec Tim le jour de l’anniversaire de Caleb, il est certain que la brunette a eu raison de n’avoir rien dit. Mais à présent, par souci de contrariété et de contradictions évidentes, voilà que la cadette rêve de dire à son aîné à quel point elle va très bien, ce qui est rare venant d’elle. A quel point elle flotte sur un petit nuage. Elle pourrait aussi grappiller des conseils, faire part de toutes ses inquiétudes, ses doutes. Mais non. Si Tim a affronté Alex, alors que Primrose se doit de faire la même avec Caleb. Bouche close, rien de nouveau, l’habituel. C’est dur, juste pour faire chier son cerveau et lui donner un peu plus de culpabilité. Et de frustration aussi. De contempler jusqu’où l’impact d’Alex peut aller. De voir les limites visiblement incroyables qu’elle a dans sa vie même sans avoir rien à faire. De maudire l’univers de venir encore et toujours lui foutre des bâtons dans les roues ; une sorte de karma qui lui revient en plein dans la figure et dont elle se serait bien passée.

Mais heureusement qu’elle a Lucy sur ses genoux, l’enfant réussit à accaparer son attention et à gommer les lignes contrariées qui peuvent se dessiner sur son visage. Et puis la conversation dérive sur le mariage, sur le gâteau qu’elle doit leur préparer, ce qui est une source d’angoisse autant que de fébrilité et de passion, en plus d’être honorée que Caleb lui fasse confiance pour ça. Elle n’ose même pas imaginer la tête d’Alex quand il a suggéré l’idée, ni même ce qu’elle a pu dire. « Moi je suis pas difficile, il n’y a pas vraiment des goûts qui me déplaisent. Je demanderai à Alex ce qu’elle ne veut surtout pas. » Primrose secoue la tête parce que pour le coup, elle cherche à faire plaisir au couple qu’ils forment tous les deux. Après tout, ce n’est pas parce qu’elle a de la rancœur envers sa future belle-soeur qu’elle va la laisser entacher la seule chose dont elle est capable de faire et dans un domaine où elle est douée. Donc pour cela, elle prendra aussi les avis et les goûts d’Alex sans l’ombre d’un doute et elle se tracassera de faire en sorte que l’anglaise soit encore plus émerveillée que son frère. Rien que pour avoir la satisfaction de voir que pour une fois, elle va lui clouer le bec. « Je peux voir tes croquis ? Tu avais pensé à quoi ? Tu penses qu’on pourrait pas tarder à faire une séance de dégustation pour commencer à en discuter un peu mieux ? » La jolie brune a un léger rire devant la succession de questions de son frère. “J’ai l’impression d’entendre le chef parler.” C’est un détail aussi qu’elle n’oublie pas. Convaincre une personne qui ne la porte pas de son coeur et un chef excellent en tout domaine ; autant dire que la tâche est sûrement bien trop haute pour elle mais hey, la pâtisserie est son rayon ; ça lui fait plaisir autant que ça la détend. Même si pour l’instant, ça n’est qu’une succession de petits doutes et de stress ici et là. “Ce ne sont que des premiers jets, faut que je peaufine un peu les choses. Est-ce qu’il a un thème à respecter ? Je n’ai même pas pensé à te demander ça en premier lieu. Enfin, si ça peut te rassurer, j’ai pensé à des choses assez simples mais tout serait dans le détail ; peut-être un dégradé de couleurs, des fleurs, des perles en sucre. Quatre, cinq étages maximum ? Et pour l’intérieur, j’hésite encore. Pas chocolat même si j’en crève d’envie. Pas de noix de coco car beaucoup de gens n’aiment pas. Mais les fruits, ça devrait être une bonne base ? Mangue, framboises, fraises… Et une touche de citron vert quelque part.” Elle se mord la lèvre tout en passant une main dans ses cheveux. “Je m’emballe beaucoup mais c’est terrifiant et excitant.” Puis elle gonfle la poitrine sous un excès de pression supplémentaire. “Une séance de dégustation, oui, bien sûr.” Evidemment que ça doit arriver mais, maintenant, si tôt, déjà ? « Tu penses qu’on pourrait faire ça quand ? » Visiblement oui. Primrose se pince les lèvres tout en haussant les épaules. “Quand vous voulez. Enfin, tant que c’est pas dans une semaine parce qu’il faut quand même que je prépare les échantillons, que je mette au propre mes idées et tout ça.” Autant dire qu’être sous le regard critique d’Alex et le palais exigeant de Caleb la chagrinent l’un comme l’autre de façon incroyable.

« Je veux bien un café s’il te plaît. » Alors un café il aura. Il prend Lucy pour qu’elle puisse aller le lui faire, prenant ce petit break inopiné pour lâcher un léger soupir avant de revenir en ayant retrouvé son léger sourire tout en posant la tasse sur la table basse. Elle s’est aussi pris un verre de thé glacé afin d’avoir de quoi refroidir son esprit et sa gorge si jamais y a besoin. Au cas où. « Mais je ne suis pas venu pour te parler du gâteau non plus. » Primrose fronce des sourcils tout en penchant la tête. Est-ce qu’Alex lui a parlé de sa visite chez Tim ? Est-ce qu’ils ont un quelconque doute ? Comment même pourraient- ils avoir un doute sur quelque chose ? « Ça compterait beaucoup pour moi si tu acceptais d’être mon témoin pour le mariage. » Oh. Ça n'a rien avoir avec Tim. C’est pire - c’est mieux. C’est son frère qui lui tend l’autre main vers elle. « Tu es ma sœur, et tu comptes beaucoup pour moi. J’imagine personne d’autre que toi dans ce rôle. » Si la jolie brune avait été comblée le jour où il lui a confié les rênes de la confection du gâteau, ce n’est pas surprenant qu’elle soit à présent un joli arrêt sur image, ébahie et presque choquée, mais avec les yeux qui commencent déjà s’humidifier adorablement. Primrose passe une main contre sa bouche, comme pour camoufler son sourire qui est pourtant rayonnant avant de secouer la tête et de porter ses bras autour du cou de son frère tout en entraînant Lucy dans ce hug improvisé entre eux. “Evidemment, Caleb.” Il n’a pas besoin de demander - il ne l’a pas fait d’ailleurs. Elle se pliera toujours à ses demandes, sa soeur. Et celle-là, c’est la plus belle qu’il puisse lui faire. Elle qui a assez mal pris de ne pas être la marraine d’une de ses nièces, voilà qu’elle a l’impression de gagner de nouveau des miles auprès de son aîné - et ça veut dire beaucoup pour elle. L’australienne finit par lâcher son frère et libérer Lucy qui commençait à tirer sur ses longs cheveux et elle rit légèrement, la sœur. “Désolée, Luce, mais papa me fait un grand honneur, là.” La tante tapote le nez de la gamine avant de remonter son attention sur Caleb. "Ça veut dire beaucoup. J’aurai pensé que t’aurais demandé aux jumelles ou… Quelqu’un d’autre.” Mais non, il lui a demandé à elle et c’est attendrissant de voir à quel point ça la touche quand elle vient se frotter les yeux pour faire disparaître l’eau qui menace de dégringoler en torrents. “Est-ce que ça veut dire que j’ai des missions en plus à faire ?” Il va falloir qu’elle se renseigne parce que ça donne toujours l’impression que c’est un rôle important, quand on en voit dans les films. “Est-ce que je dois organiser ton enterrement de vie de garçon ? Parce que pour ça, je suis pas sûre d’être la mieux placée pour.” Parce qu’elle est sa soeur, avec le nez qui se fronce à l’idée et que vraiment, elle ignore totalement tout ce qui doit être fait à présent. D’autant que les enterrements sont signes de fête décadente, est-ce qu’elle a vraiment envie de mettre en place tout ça et, pire, y assister ?

« Pas de chocolat, non, il faut que le gâteau soit léger parce qu’avant on aura déjà mangé tout le repas et même si ça ne devrait pas être très lourd, j’ai pas envie que les invités se sentent trop full. » Primrose hoche la tête, l’argument de son frère se rajoutant à ceux qu’elle avait déjà listé. Trop de chocolat tue le chocolat et il y aura toujours moyen d’y avoir des petits gâteaux sur le côté pour faire papillonner le palais de ceux qui ne veulent pas se contenter du gâteau principal - oui, Primrose prend son rôle très à coeur, ce qui n’est pas surprenant en soi quand on sait que c’est le plus beau jour de son frère et que donc, en conséquence, c’est un jour important pour elle aussi. « Framboise, vanille, une pointe de citron vert ça peut-être sympa. Et en décoration des fleurs ça plaira forcément à Alex, ça collera plutôt bien au thème, la passion, l’amour, le romantisme. Pour les étages je sais pas trop, je t’avoue que je n’avais pas encore vraiment réfléchis à ça mais au maximum je dirais que cinq étages ça sera largement suffisant oui. » Les fleurs, elle en sourit à y penser, la jolie brune. Elle doit se mordre la langue pour rétorquer qu’elle pourra demander conseil à Tim, car dans le monde de Caleb, Primrose et Tim ne se connaissent pas. Ils sont de parfaits inconnus qui ne savent rien l’un sur l’autre ; alors évidemment, aborder un tel sujet serait de mauvais goût. Mais cela n’empêchera pas sa cadette d’aller quérir conseil à son partenaire amoureux des fleurs qui saura toujours mieux la conseiller et en qui elle place sa confiance totale. En plus, c’est le mariage d’Alex donc elle est d’autant plus certaine que Tim souhaite autant qu’elle que ce soit une réussite. L’union fait la force, même dans les dos des concernés, n’est-ce pas ? « Ne te mets pas la pression comme ça, Prim, j’ai confiance en toi. » Elle torture ses doigts avec son sourire nerveux, Primrose, parce qu’elle ne peut pas s’en empêcher. “Tu sais ce que c’est, Caleb. Ce n’est pas une simple pâtisserie du dimanche que je dois faire. C’est celui de ton mariage. C’est important. Donc ne me demande pas de ne pas avoir de pression, tu sais que ça ne fonctionnera pas.” C’est dans sa nature d’être angoissée et toujours inquiète de chaque pas qu’elle fera. Mais c’est un domaine qu’elle maîtrise, même si l’oeil de son frère est doublement plus stressant pour des raisons évidentes. Cependant, Caleb a confiance en elle alors qu’il aurait pu confier ce genre de missions à une de ses connaissances professionnelles ; il n’y a donc pas de raison que cela se passe mal, n’est-ce pas ?

« C’est toi que je veux dans ce rôle et personne d’autre. » Il suffit simplement qu’il dise ça pour que le visage de sa sœur soit scindé en deux par son sourire rayonnant. Ils ne font pas dans l’effusion d’affection, sûrement par timidité, par pudeur surtout. Mais tout est dans les gestes, dans les regards et dans les mots qu’il y a entre les lignes. Primrose n’a jamais douté de l’amour fraternel de Caleb tout comme elle sait le sien débordant à son encontre ; c’est pour cette raison même qu’elle a été son dos, ses épaules, ses jambes à chaque étape de sa vie, les hautes comme les basses. “Merci, Caleb.” Je suis touchée, ça me fait vraiment plaisir, est-ce que je peux commencer à paniquer, maintenant ? Elle ignore en quoi consiste exactement le rôle du témoin au-delà de la signature à poser sur un registre quelconque. « Non pour ça j’ai une amie qui s’en charge. » Bon, déjà, il n’y a pas l’angoisse de l’enterrement de vie de garçon. Déjà, parce qu’elle est sa soeur. Même y participer serait un peu gênant, non ? Caleb a dit “une” donc cela veut dire que c’est une femme ; n’est-ce pas doublement étrange ? « Mais d’ailleurs elle voulait que je la mette en relation avec mon témoin pour l’aider sur quelques points de la soirée, je te passerai son numéro. » Primrose relève les sourcils. “Je ne vois pas en quoi je peux l’aider. Mais pas de soucis, j’imagine que je vais devoir… Guider ? Aider ?” A sa petite fête, à son mariage, elle va devoir s’investir plus, non ? A vrai dire, la jeune femme attrape déjà son téléphone pour pianoter dessus ce qu’être témoin signifie réellement. « Par contre, je vais avoir besoin de toi pour mon costume. J’arrive pas à me décider et je pense qu’un œil féminin pourrait vraiment m’aider. » Ce qui tombe très bien avec ce qu’elle lit dans les tâches d’une témoin, elle constate en relevant la tête vers Caleb en souriant. “Tu sais que je ne suis jamais la dernière pour une virée shopping.” Oh non, au grand damne de son portefeuille, de son compte en banque et de son banquier. “Il faudra que tu m’aides aussi dans ma tenue. Il faut que je sois en raccord avec le thème. Si thème il y a.” Autant dire que Primrose n’est pas prête de trouver son bonheur, elle qui a déjà regardé mais qui voit son rôle augmenté d’un cran et donc, sa tenue en subira les conséquences aussi, forcément. “Il me faudrait aussi le numéro du témoin d’Alex, non ? Histoire qu’on puisse se voir pour planifier certaines choses.” Comme des petites surprises pour les mariés pendant les festivités. Oh Primrose est d’un enthousiasme débordant, à ne pas en douter.

« Je sais je comprends, mais je te fais confiance aussi. Je sais que tu vas gérer. » Je l’espère. Je vais tout faire pour - je fais déjà tout pour. On pourrait presque croire que c’est mon mariage, à ce stade, et pourtant, non, c’est celui de mon frère ; alors à mes yeux, ça a encore plus de valeur. Mes preuves doivent être étalées à la vue de tous et j’avoue sans peine que j’attends de voir le visage ébloui des invités. Et d’Alex. Surtout d’Alex. Aussi étrange et absurde que cela puisse paraître, c’est pour elle que je me démène autant. Parce que si elle accepte, si elle aime, alors les autres accepteront sans contrainte ma proposition. Si la mariée est satisfaite, si la mariée réussit à approuver quelque chose que j’ai fait, alors ça sera une victoire et une réussite. Une compétition sans en être une, me voilà poussée des ailes même si le sentiment angoissant de cette affaire finira bien par me faire sentir comme incapable. Je les vois déjà, les messages de détresse que je peux envoyer à mon frère en plein milieu de la nuit parce que “c’est impossible”, “j’y arriverai jamais”. Toujours la sensation que les défis sont hors de ma portée, qu’ils sont toujours trop forts pour moi et mes frêles épaules.

« J’en sais rien, elle m’a juste dit qu’elle aurait besoin de l’aide de mon témoin. Elle s’appelle Heather. Je peux te donner son numéro si tu veux, elle pourra t’expliquer mieux que moi en quoi elle aura besoin de ton aide. » Heather… Elle s’appelle Heather. Il tend la main vers moi et je mets un peu trop de secondes douteuses avant d’y mettre mon cellulaire, écran déverrouillé par mes précédentes recherches. Elle s’appelle Heather. Je ne connais pas tous les amis de Caleb mais il me semble peu probable que ce ne soit pas la Heather que j’ai déjà croisé, cotôyé, revu il y a quelques mois. Celle-là même qui m’a affirmé être amie avec mon frère ; et visiblement, elle l’est assez pour qu’il lui confie l’organisation de son enterrement de vie de garçon. J’ai l’impression qu’on vient de m’enlever toute vitalité dans le corps et je suis à peu près certaine que si je reste stoïque comme ça, Caleb va relever la tête sur moi et se poser des questions. Alors je tente de lâcher un léger souffle, détendant mes phalanges du mieux que je peux, en espérant que ça aide aussi mes poumons à reprendre de leur vitalité. « Je suis sûr que vous pourriez bien vous entendre. » J’aurai envie de rire tellement que l’univers entier se fiche de moi. Caleb ne sait rien, Caleb est dans l’ignorance la plus totale et j’aurai bien aimé lui dire que j’en doute, qu’on s’entende bien. Il y a des années, c’était le cas. Mais maintenant, malgré le temps écoulé, Heather est toujours vexée, atteinte, et les angles ne sont toujours pas arrondies entre nous, elle me l’a bien fait comprendre. “Comment vous vous êtes rencontrés ?” que je demande avec un détachement certain, mais une curiosité réelle. “Je n’avais jamais entendu parler d’une Heather, avant.” Alors qu’elle paraît être proche. Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé, Caleb ? Parce que c’est mon grand frère et qu’il n’a pas de compte à rendre à sa petite soeur.

Alors la séance shopping proposée inopinément me déstabilise, quand bien même cela provoque des étoiles dans mes yeux. « On peut y aller quand tu veux. Moi j’ai toute la journée de libre, ou sinon on peut se trouver un autre moment dans les semaines à venir pour mon costume et ta robe. » Je refute qu’on y aille aujourd’hui en secouant la tête ; pour ça, au moins, je suis sûre de moi. “On n’improvise pas une telle journée, Caleb. Déjà, il faut le faire sans les filles. Même si je les adore, faire les boutiques avec des mini-humaines est juste impossible.” J’aime les enfants mais je déteste les entendre crier à travers les rayons. Choisir ses vêtements demande de la concentration et du calme, les enfants ne sont que des contraintes dans un environnement pareil. Encore pire pour choisir nos tenues de mariage. “Et il faut que j’aille voir la liste des magasins chez qui on peut aller pour trouver le costume parfait.” Parce qu’avec moi en qualité de témoin et sœur, Caleb se doit d’être magnifique le jour de son mariage. Même si j’avoue sans mal que j’aurai été plus à l’aise dans le choix d’une robe mais il n’existe aucun monde, réel ou alternatif, où Alex m’aurait proposé de venir l’accompagner à choisir sa tenue pour le jour J. “Il y a plein de détails à voir. Un costume deux ou trois pièces. Un nœud papillon, une cravate, ni l’un ni l’autre. En lin, en coton, en laine. Vu que le mariage sera fait au printemps, je suppose qu’on partira sur quelque chose de léger. Il ne faudrait pas que tu étouffes de chaud.” Je sens déjà que je vais lui prendre la tête avec des détails idiots ; il n’aura rien à dire, juste à donner son aval au milieu des essayages et des bavardages qu’il y aura autour de lui - un peu control freak, vous dites ? Non, je veux juste qu’il soit parfait.

Il ne peut que sentir mon enthousiasme, néanmoins, que je ne dissimule pas ; quand bien même l’idée d’accueillir Alex dans la famille me semble une épreuve en soi, force de constater que les préparatifs m’enchantent de plus en plus. « Je peux te le passer maintenant aussi si tu veux, c’est son meilleur ami. » Deux points pour l’univers, zéro pour Primrose. Je mord ma lèvre, je racle ma gorge et je laisse mon dos épouser le dossier du canapé en essayant de contenir mes traits. Son meilleur ami. A en juger par ce que je sais d’Alex, elle n’en a pas plusieurs, de meilleur ami. Comment aurais-je pu en douter une seule seconde ? Naïvement, j'aurais pensé qu’elle aurait demandé à quelque de sa famille mais visiblement non. Je retiens la réflexion horripilante “parce qu’elle en a un ?” dans mes lèvres pour préférer jouer avec mes doigts tout en demandant “il a un nom, son meilleur ami ?” J’ignore comment prendre cette nouvelle ; après Heather, voilà Tim et franchement, ce mariage a des dessous et des secrets qui m’incombent et dont les principaux acteurs du jour J n’ont aucune idée. Je vais me retrouver dans une pièce à devoir supporter une ex qui n’aura qu’envie de m’étriper à coup de couteaux et à jouer les inconnus avec mon copain, celui qui fait battre mon cœur depuis des mois. Je vous assure, tout va bien.

« JIl y a quelques années elle assistait à un cocktail/gala sur Brisbane et c’est moi qui m’étais occupé du buffet. » je ne devrai pas être surprise ; Heather présente à un cocktail, Caleb qui était le chef d’orchestre des petits fours et des apéritifs, cela me semble cohérent mais aussi abherrant. Il fallait vraiment que ça arrive, que ça me tombe dessus comme ça et qu’évidemment, ils soient restés assez en contact pour que l’actrice finisse par être celle qui va organiser son enterrement de vie de garçon. Même si je suis plus que ravie de ne pas m’incomber de cette tâche qui m’aurait donné plus de sueurs froides que tout le reste, il n’empêche que je ne suis pas non plus totalement éclectique à l’idée. Et d’après les dires de mon frère, c’est elle qui a demandé à être mise en relation avec moi - la fourbe, alors qu’elle sait pertinemment qui je suis. Elle en a fait exprès et cette fois, elle ne pourra pas geindre que c’est l’univers qui lui en veut alors que c’est elle qui force les choses dans cette histoire. Je ne réplique rien de plus sur le sujet, me contentant de garder mon désarroi et mes soupirs d’agacement à venir au fin fond de mon intérieur, l’idée même d’envoyer un message sur le numéro marqué devant mes yeux me butant plus qu’autre chose.

« JOh ne t’embête pas à faire des recherches sur ce genre de magasins, j’en connais déjà beaucoup. » et pourquoi j’y avais pas pensé avant. Evidemment qu’il a déjà une liste. Qu’il en connaît déjà. Je suis parfois stupide, ce n’est pas nouveau, me direz-vous. Mais à chaque fois que je m’y confronte, je me rends compte à quel point. Mais il n’empêche que ça me ferait plaisir de chercher quand même. Donc j’arque un sourcil mais je secoue la tête, me notant tout de même de songer à voir si y a pas de nouvelles boutiques susceptibles d’être aussi intéressantes. Celles où il n’est pas allé pour… vous voyez. « JTrois pièces. » “Au moins, c’est tranché.” et les costumes trois pièces, c’est joli. C’est très élégant mais il a intérêt à tailler un peu sa barbe mieux que ça pour que ça le soit totalement et non donner l’impression qu’il est un jeune père noël dans ses tendres années. « JJ’avais déjà un deux pièces pour... » là, je me mords la lèvre alors que ma main vient chevaucher la sienne. “Trois pièces, c’est très bien. Hyper classe.” je le rassure, j’ai compris ce qu’il voulait dire et je le soutiendrai quoiqu’il choississe - bon, sauf si ça ne lui va pas, là, il peut être certain que je ne laisserai pas la retenue ni la timidité retenir mes avis sur un sujet que je me plais à croire de connaître un minimum. « Je ne sais pas exactement tout ce que je veux mais je sais ce que je ne veux surtout pas. Ça facilitera le choix. » je souris un peu plus tout en tapotant sa main. “C’est déjà un très bon début.” j’ai l’impression d’être ma mère, à le regarder affectueusement, comme si je regorge d’idées derrière la tête - alors que non, je veux juste montrer mon soutien. Je pourrai caresser l’idée qu’au moins, grâce à Victoria, Caleb sait ce qu’il ne veut pas mais j’aurai plus envie de pleurer que de rire à cette idée donc je la ôte de mon esprit aussi rapidement que brutalement.

« Tim. » et voilà, en plein de mille. J’y ai cru jusqu’au bout que ça serait un autre nom qui franchirait les lèvres de mon frère mais non. C’est bien celui qui coupe mon souffle et fait faire des pirouettes à mon coeur que le futur marié évoque et, oh que cette situation est terrible tant que j’aimerai exploser mon propre bonheur neuf et nouveau au visage de Caleb, qui est en train de me montrer le sien un peu plus à chaque fois par la présence de ses deux filles. “Je le contacterai aussi. Histoire qu’on vous prévoit des petites surprises.” comme le fait qu’on est ensemble, par exemple, c’est une drôle de surprises, ça, non ? Mon frère va me détester de lui mentir - omettre - plus que de l’annonce elle-même mais je fais ce que je peux avec ce que j’ai. « JTu sais si tu vas avoir un +1 ? » j’aurai eu quelque chose dans la bouche - au hasard, du sel mélangé à du vinaigre amère, par exemple - je suis sûre que j’aurai tout recraché dans un étouffement peu subtile. Mais heureusement pour moi, je ne bois rien, je ne mange rien donc je suis en parfaite maîtrise de ma personne et aucune réaction ne s’échappe de mon être, à part un léger rire et un haussement d’épaule qui se veut détaché. “Je n’aurai pas le temps de chercher un +1 avec tous les rôles que j’ai.” okay, ça fait un peu prétentieux dit comme ça mais mais je n’y peux rien si j’ai vraiment deux rôles importants et tout ça, sans être ni le marié ni la mariée. Je passe une main dans mes cheveux, l’air incertain tout d’un coup. “Pourquoi, je dois venir avec un +1 ? C’est un critère requis ?” car si c’est le cas, je suis pas certaine que je vais pouvoir l’honorer. “On parle d’un +1 forcément romantique ou ça peut être amical ?” Amaya ferait un bon +1, par exemple. Un soutien mental et physique, il semblerait que j’en aurai besoin.

C’est un fait établi que je ne sais pas comment m’y prendre. La preuve en est encore une fois où j’ai omis le simple détail, la pensée futile que Caleb sait déjà ce qu’il ne veut pas car il a déjà connu ça. La préparation d’un mariage, la frénésie d’un événement pareil, il est déjà passé par là ; malheureusement, le destin s’en est mêlé de la plus affreuse et horrifique des façons, ne pouvant mener à bien la chose plus concrètement. Cette fois sera la bonne. Même si je ne porte pas Alex dans mon cœur ni dans une très grande estime, je ne suis pas assez vile et méchante pour lui sauter malheur. Elle reste la mère de mes nièces et la femme de la vie de mon frère au présent. Je n’ose imaginer ce qu’il pourrait advenir de Caleb si un tel scénario catastrophe se répétait ; tout être humain ne s’en remettrait pas, clairement. Alors je me maudis intérieurement, je me condamne d’être la pire des sœurs que l’univers n’est jamais portée et je regrette de ne pas avoir les idées plus éclairées. Mais mon sourire ne quitte pas mon visage pour autant malgré mon faux pas - il faut toujours que j’en fasse un - car cette fois, je vais avoir un double rôle majeur à jouer et je me sens aussi nerveuse qu’excitée. Une pression sur mes épaules que j’espère pouvoir gérer aussi bien que possible, même si je me connais assez pour savoir que je peux craquer à tout moment. Mais c’est important, et c’est aussi une belle occasion pour faire mes preuves face à Caleb et Alex.

Pensées qui dérivent ailleurs alors que mon frère évoque un invité qui pourrait m’accompagner, sujet qui finit par me pétrifier légèrement sur mon canapé alors que je baisse mon visage vers Lucy pour tenter de camoufler la légère chaleur qui colore dans des teintes de rose j’en suis sûre mes joues. « Bah oui, si tu n’as pas de +1 tu ne pourras pas venir au mariage. » Je tire la langue à l’encontre de mon frère car je le vois bien qu’il se moque de moi. “Si je ne viens pas, ton gâteau non plus.” Une menace futile car mon frère pourrait le faire ou il doit bien avoir assez de connaissance dans le milieu pour pouvoir demander un gâteau sublime du jour au lendemain si jamais quelque chsoe devait arriver. J’ai assez vécu avec Caleb pour reconnaître son timbre moqueur et rieur, je ne le prends pas contre moi ni pour moi, autrement que par légèreté. « Plus sérieusement non, je te posais cette question simplement pour le plan de table. » J’hoche la tête, comprenant parfaitement que la question est ligitime quand il s’agit de placer des pions ici et là sur le plan de la salle. “Ce n’est pas trop galère à faire ? Il y aura… De sa famille à elle ?” Je me risque à poser la question car je ne me rappelle pas d’avoir vu le clan Clarke dans les environs, ni même que Caleb m’en ait parlé. La valeur familiale est si présente chez les Anderson que j’en oublie qu’elle peut être autrement chez les autres.

« Mais j’en sais rien moi. » Il n’aide pas et je le regarde avec les yeux plissés, faisant passer le message très clair que si, il devrait le savoir, puisque c’est son mariage et que c’est lui qui établit les règles quoiqu’il arrive. « Ça peut être un +1 amical ou romantique. » Voilà qui est mieux. Je pourrai donc demander à Amaya de m’accompagner. Si elle le veut bien. Si Caleb accepte. Si elle est disponible. Cela serait une bonne addition, un sacré soutien pour moi. Déjà qu’il y a Alex, il y aura aussi Heather et franchement, ça ne me rassure pas. Rajouter à cela le fait de ne pas pouvoir me réconforter auprès de Tim, autant dire que ce mariage va être une bataille interne de mes nerfs. “Je pourrai demander à Amaya, alors ? Je t’ai déjà parlé d’elle, je crois.” Ils ont même dû se croiser ici et là, à un anniversaire ou chez moi. « Pourquoi, tu aurais un potentiel +1 romantique ? » Je pourrai sentir la terre se dérober sous mes pieds si j’étais debout mais par bonheur, je suis parfaitement assise et sans aucun risque de m’écrouler sous la pression passagère que la question de mon aîné repose sur mes épaules. Pourquoi j’ai enclanché ce sujet, cette distinction futile, aussi ? Je me suis littéralement vendue alors que je ne souhaite pas aborder le sujet. Mes dents se retiennent d’aller mordiller la pulpe de ma lèvre pour ne pas trahir un peu plus l’angoisse et les sueurs qui vont avec - internes. “Non, bien sûr que non. C’était une simple question.” Une question stupide, conne de ma part, qui ne peut qu’intriguer Caleb et je me penche de nouveau vers Lucy pour venir jouer avec ses petits doigts. “Et toi, t’auras un +1 ? J’espère que papa et maman ont prévu les plus belles tenues pour ta soeur et toi.” Je me serai portée volontaire aussi pour les tenues de petites ; autant dire que je fonds d’avance de voir ce qui aura été choisi pour elles. C’est aussi une bonen distraction de ma part. “Tu me diras quand tu seras disponible et préparé psychologiquement pour une petite virée shopping.” Il faudra aussi que je me trouve quelque chose mais je ne suis pas sûre que Caleb puisse m’aider pour cela. “Il y a un thème à respecter pour les tenues ? Code couleur ou quelque chose ? Que je puisse ne pas me tromper pour ma robe à moi.”