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 (Amelyn #49) ► A million days

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Message(#)(Amelyn #49) ► A million days - Page 2 EmptyMer 18 Aoû 2021 - 21:46





A MILLION DAYS
Ces moments-là, ceux qui s’apparentent à nos jeux du début - lui courir après dans un couloir pour la dévêtir et l’entraîner sous la douche habillée ou non - je ne les aime pas seulement parce qu’ils sont aussi intimes que complices. Je les chéris parce qu’ils sont la preuve que la routine ne nous atteint pas. Elle n’étend pas sur nous son noir manteau d’ennui, de problèmes et de lassitude. La veille, j’ai fêté plus de quarante ans et je ris toujours pour une partie de chat et, peu vêtu, je ne me fatigue d’observer, de toucher ou de caresser sa peau. En éxtérieur, le constat est identique. Je fais mine de m’intéresser aux différents menus proposés par le marché de l’Horeca du quartier en hochant de la tête ou en haussant des épaules. En réalité, je la trouve épatante lorsqu’elle analyse une carte avec le sérieux d’une maîtresse d’école devant la copie de ses élèves. En ce moment, on ne rigole plus avec la nourriture. Raelyn mange avec coeur, si bien que je soupçonne que sans la décoration, elle aurait pu faire l’exception pour s’arrêter dans le premier bistro venu. En ce qui me concerne, j’observe je détaille l’endroit avec cette expression d’ours mal léché qui n’est bien qu’au fond de sa grotte. Je commente, en bien. Elle renchérit. Puis, m’interroge et je confirme au tac au tac : « C’est parfait.» d’autant qu’enfin, nous utilisons notre temps, non plus pour le casino, mais surtout pour nous, pour notre couple. Pour peu, j’attendrais presque avec impatience mon prochain anniversaire. Au lieu de ça, à mi-chemin entre l’ivresse des sens que sa beauté et son parfum réveille en moi et celle liée au vin, je me surprends à lui confier une idée moins folle que celle suggérée par Raelyn. « Oui ! Aussi. Bien que je ne m’en étonne plus aussi souvent.» ai-je ponctué d’un clin d’oeil et d’une grimace taquine, voire coquine avant d’en venir au fait : le mariage.

Je lance mon “offre” - ç’en est plus proche que d’une véritable demande, mais sur l’heure, je l’ignore encore - avec un naturel et un flegme qui me vaut un éclat de rire presque vexant. Sobre, au sommet de ma susceptibilité face à un tel engagement, je plaisante avec elle, désinvolte, trop concentré sur quelques arguments à avancer - les mauvais - au lieu de remarquer que c’est le dessert que nous attendons et ce n’est pas de coutume. J’ai des airs de conspirateurs désormais. Je ne suis plus l’homme que nous avons fêté plus tôt, mais le gamin de ferme en culottes courtes qui se réjouissait d’avoir tendu un mauvais - quoique jamais bien méchant - à l’un de ses frères. La différence ? Je suis sincère. Outre l’avantage professionnel, je suis fou de cette femme. Elle est exceptionnelle, assez pour ne pas m’avoir dégoûté de ce sacrement, pas assez pour que Sarah parvienne, même si j’en aie été persuadé, que l’amour est une succube et le deuil, sa complice. « Pro, oui, entre autre.» ai-je tenté d’expliquer, plus capable d’être grave - j’ai bu plusieurs gorgées de trop de toute façon - ce qui a soudainement ressembler à des négociations colorées de déclarations maladroites au plus elle me provoque de son pied sous l’ourlet de mon jeans. « Les époux ne peuvent pas témoigner entre eux, je crois.»...Ensuite, de sa main dans mon nuque. « Mais, c’est pas pour ça que je veux que tu m’épouses.», de ses lèvres contre les miennes, sans pudeur. Elle ne se soucie plus d’éventuels spectateurs. Quant à moi, ils n’ont pas su pénétrer ma bulle. Leurs visages ont éclatés en même temps que ma raison. « Enfin, c’est une des raisons, mais c’est pas la seule. Et puis, c’était pas la question.» me suis-je soudainement insurgé, saisissant ses menottes que j’ai baisées l’une après l’autre. « La question c’était toi qui nous cherchais une date sur Fraser Island pour un mariage. Tu déformes tout.» Sans l’intervention du serveur, peut-être l’aurais-je convaincu que je venais de lui faire une demande. Au lieu de ça, je me suis couché sur une incertitude qui, néanmoins, m’a bien arrangé : j’ai attendu qu’elle y revienne, qu’elle nous ait choisi une date, une des seules qui sera symbolique, si elle ne le sera pas déjà.

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