May se demandait bien ce que Norman pouvait lui vouloir en lui proposant de le retrouver au McTavish. L’endroit étant à proximité de son nouvel appartement, elle n'avait pas longtemps hésité. Même si, elle avait mis plus de temps à lui répondre... Mais depuis ce sms qu’elle avait reçu, elle ne pouvait se demander ce qui le poussait à vouloir la rencontrer. Lui annoncer qu’il avait enfin quitté Camille et qu’il s’était rendu compte que la vie était plate à ses côtés ? Sans doute pas, May ne comprenait toujours pas pourquoi il s’était enterré avec cette nana. Elle ne pouvait lui offrir qu’une stabilité et pourtant, elle pariera qu’il se lasserai tôt ou tard de cette vie bien trop lisse. Mais, elle savait que ce n’était pas la cause de ce rendez-vous. Par contre, s’il avait cru bon de lui proposer un verre pour annoncer qu’il se marierait ou qu’il allait devenir à nouveau père, qu’il ne s’attende pas à ce qu’elle lui adresse ses vœux. Bien sûre que May Glitters prendrait mal ces annonces. Bien sûre qu’elle lui en voudrait de glisser la bague au doigt à une femme alors qu’il avait toujours refusé lorsqu’ils étaient ensemble. Quant à un futur enfant, Elia n’avait pas besoin de devenir grande sœur et Norman n’avait plus la forme qu’il pouvait avoir il y a vingt ans, qu’il s’en rende bien compte…
L'anniversaire d'Elia approchait à grand pas, peut être s'était-il décidé à lui organiser une fête en grande pompe et qu'il comptait sur la disponibilité et la générosité de la Glitters?
La vie de May allait à mille à l’heure ces derniers mois. Depuis la diffusion de Race of Australia, elle recevait bon nombre de projet et avait même eu la proposition de présenter la nouvelle émission de Marié au Premier Regard dont les tournages étaient actuellement en cours. Elle était donc passé de l’autre côté de la caméra cette fois ci encore. Elle aurait à redire sur le nouveau casting, pensant qu’elle aurait sans doute mieux réussi cette tâche si elle avait été aux manettes mais se contentera de rester à sa place, puisqu’elle était bien meilleure à son goût. Etre devant les projecteurs, c’est bien ce dont elle avait toujours rêvé, ce pourquoi, elle avait toujours travaillé dur. Après vingt ans, les efforts payaient enfin et elle pouvait baisser sa garde. Mais pas question de ne pas poursuivre dans cette voix, elle ferait tout à présent pour garder cette place si convoitée. Elle était d'ailleurs en attente de retour pour la saison 2 de Race Of Australia, pour elle, il n'y avait aucune raison de ne pas être prise sur cette seconde saison bien que la production conditionnait toujours sa place aux résultats de ses cours de théâtre. Il arrivait encore à May qu'on lui reproche son manque de spontanéité, même pour l'émission Marié au Premier regard, où sa place était moins importante qu'une émission comme ROA. Mais elle était persuadée que si on lui avait confié ce contrat, c'est que ce n'était pas si terrible. De quoi alimenter son égo, un peu plus encore.

Elle arrivait au McTavish et avait presque oublié à quel point ce bar pouvait être sombre et sentait le renfermer. Les Pubs irlandais lui plaisaient et le McTavish n’avait plus sa réputation à prouver, mais il semblerait que le propriétaire se soit laissé aller ces derniers temps.
D’un coup d’œil, May remarqua Norman bien plus vite qu’elle ne pourrait l’admettre. Elle fi mine de le chercher quelques secondes de plus, pour ne pas trop le flatter et lorsque son manège lui semblait être crédible, elle posa à nouveau ses yeux sur lui, pour le rejoindre ensuite. « J’espère que t’as déjà commandé. » parce qu’il invite, elle a pas oublié ça. Et elle veut aussi tester ce qu’il serait capable de prendre pour elle s’il devait choisir à sa place. Bien sûre qu’il sait, bien sûre qu’une bière ambrée ne lui fait même pas peur. « Quelles sont les nouvelles ? » dit elle en s’installant en face de lui, plantant son regard directement dans ses yeux bleus, toujours aussi troublants. Elle s’attend à tout May, surtout à des choses qu’elle n’a pas envie d’entendre.

@Norman Bing

Tu regardes ta montre pour une millième fois, regarde autour de toi à la recherche d'un visage familier sans en trouver aucun. Combien de temps tu vas rester assis là tout seul comme un con ? Tu le vois, le regard de pitié de la barmaid qui pense que tu t'es fait poser un lapin. Pfff, n'importe quoi. Elle ne va quand même pas te faire ça May ? oh, tu doutes soudainement ? Elle va pas- « J’espère que t’as déjà commandé. » La voilà! Tu te tournes sur ta gauche pour la voir qui prend (enfin) place à tes côtés. « Pour qui tu m'prends ? » que tu lui demandes faussement vexé. Tu n'allais quand même pas mourir de soif en l'attendant. C'est plutôt ça la vraie version. Et puis, tu la connais par coeur de toute manière. Tu n'avais nullement besoin de l'attendre pour passer commande. « Ta préférée. » que tu ajoutes en pointant la bière devant elle d'un coup de tête. Il y a des choses qui ne changent pas. Comme elle et la bière ambrée. Comme elle et son regard qui veut clairement dire qu'elle n'a pas envie d'avoir cette discussion - même si elle a aucune foutue idée de la raison de cette fameuse discussion qui s'impose ce soir. C'est probablement parce qu'elles sont si rares ces rencontres qu'elle se méfie autant. Elles diminuent avec Elia qui grandit et vos responsabilités parentales qui diminuent. « Tu m'as presque fait attendre. » Elle t'a fait attendre, la sûrement fait exprès, en est même sûrement fière.

« Quelles sont les nouvelles ? » Elle ne passe pas par quatre chemins. Elle va directement au but. Ça t'arrache un sourire dans la seconde, creuse les fossettes de tes joues.  « Toi, d'abord. Moi, ensuite. » Parce qu'elle n'écoutera pas la suite si c'est toi qui commence. Tes mains viennent se croiser ensemble sur le comptoir du bar alors que ta tête se tourne vers elle. Ce serait probablement plus simple de lui dire que tu sais tout, mais tu préférerais que ça vienne d'elle. La blonde ne sera sûrement pas très enjouée que votre fille ait vendu la mèche sur la saisie de ses biens. Mais si elle se vend tout seul, c'est différent. L'aide sera la même. Ce n'est jamais si facile entre May et toi. C'est sûrement impossible de retrouver la complicité d'avant. Vous avez vécu trop de choses. Vous vous êtes fait trop mal. Elle reste tout de même la mère de ta fille. Vous resterez liés à jamais que vous le vouliez ou non. Elle le sait sûrement, que tu vas toujours la sortir de la merde peu importe à quel point elle s'est enfoncé dedans. Elle le sait. Mais elle l'a peut-être oublié. Il serait peut-être temps de le lui rappeler.

May a des années lumières d’imaginer ce qui l’amène dans le coin. A des années lumières d’imaginer que Norman est au courant pour toutes les dernières mésaventures qu’elle avait connu. La ruine, les saisies, ces quelques mois, hébergée chez Jesse. Pour elle, tout ça était derrière elle, maintenant qu’elle avait de nouveau son appartement – toujours un peu en champs de bataille, les tout derniers cartons peinaient à se vider et d’autant plus depuis qu’elle était tombée sur la lettre de sa fille, ça l’avait stoppé nette dans sa progression, comme si elle avait peur de tomber sur d’autres surprises de la sorte.
« Pour qui tu m'prends ? » ses yeux se posèrent sur cette pinte juste devant le nez de Norman, il glissa la bière devant May, satisfaite. Bien sûre que Norman avait déjà commandé. « Ta préférée. » bien sûre que c’était sa préférée. Bien sûre qu’il était encore aussi parfait, qu’est-ce qu’on pouvait attendre d’autre de lui ? Elle était entre satisfaction et agacement, toujours. Difficile pour elle d’admettre qu’elle avait tout pour avoir une vie parfaite et qu’elle avait tout fait pour que tout lui échappe. Mais, la version de May, c’était que Norman avait tout foutu en l’air. Il avait pris la décision de la quitter, il avait laissé leur famille voler en éclat. Lui, personne d’autre. Un peu Elia, car c’est à son arrivée que tout avait basculé. « Tu m'as presque fait attendre. » elle leva les yeux vers cette grande horloge juste derrière lui. « Presque pas. » elle s’installa enfin, prenant le verre froid entre ses mains. « Merci. » qu’elle lâcha quand même. Ca lui brûle les lèvres, par principe.
« Toi, d'abord. Moi, ensuite. » Elle sent le piège se fermer sur elle, elle sent que ce qu’il compte lui dire n’est pas quelques choses qu’elle veut entendre. A quoi il pense ? Elia lui avait-elle parler de leur dernière conversation ? Impossible, elle ne souhaitait pas qu’ils parlent de leurs lettres ensemble, alors pourquoi ce serait le cas, deux ans plus tard ?
Une première gorgée, regard fuyant, qu’est ce qu’elle était censée dire, la Glitters ? Garder la tête haute et ne montrer aucune faiblesse, afficher son palmarès devant Norman, c’était tout ce qu’elle pouvait faire : lui montrer qu’elle avait enfin réussi. En apparence. « Je suis sur un tournage, une émission qui sera bientôt diffusée. » dit-elle assez fièrement quand même. Même si, on risquait de la voir à l’écran deux minutes par diffusion. Ce n’était pas elle la star de l’évènement, mais elle avait sa place, c’était satisfaisant pour elle. « Et j’attends confirmation pour la saison deux de Race of Australia. C’est une question de jour. » elle était si sûre d’elle, May. La consécration de toute une vie. Il était temps. Ce nouveau contrat voulait aussi dire pour elle que la galère serait réellement derrière elle. Avec les cachets qu’elle aurait, ça lui permettrait de repartir une bonne fois pour toute à zéro, d’investir un peu, mettre de côté, comme Jesse lui avait si bien conseillé. « Je doute que tout ça t’intéresse réellement… » fini-t-elle par souffler, préférant abréger ses souffrances.

« Presque pas. » Presque pas. C'est selon. « Merci. » Oh, tiens, elle est de bonne humeur ? Elle ne le restera sûrement pas longtemps. Elle prend son verre entre ses mains. Tu fais de même avec le tiens et ose même aller trinquer avec elle avant d'en prendre une gorgée. Et les nouvelles, quelles sont-elles de son côté ? « Je suis sur un tournage, une émission qui sera bientôt diffusée. » Ah. Bien sûr. On commence par le boulot. Toujours le boulot. Tu viens croiser les bras contre ton torse en te calant sur le dossier de ta chaise, ton regard bien planté par le sien. Quoi d'autre May ? « Et j’attends confirmation pour la saison deux de Race of Australia. C’est une question de jour. » Et encore du boulot. Quand est-ce qu'on passe à la partie plus personnelle ? T'es plus le bienvenue dans cette partie là. Elle n'est pas plus le bienvenue dans la tienne, mais elle se gêne pas pour y entrer quand même. Pourquoi toi tu te gênerais ? « Je doute que tout ça t’intéresse réellement… » C'est pas forcément que ça ne t'intéresse pas. C'est juste pas de ça dont tu as réellement envie de parler ce soir. Tu n'es certainement pas venu ici pour qu'elle te raconte ses prouesses audiovisuelles. Y'a la télé et les journaux à potins pour ça.

« J'suis content pour toi si c'est c'que tu veux. » Elle voit sûrement ses rêves se réaliser après toutes ses années. Temps mieux pour elle. Tu ne vas quand même pas lui souhaiter du malheur. Tu ne lui en as jamais souhaité. C'est pas aujourd'hui que ça va changer. « Ça aurait été dommage d'avoir tout gâcher pour rien. » Ça pique. Ça grince. Tu t'en veux presque de l'avoir laissé échapper. Mais justement, c'est sortit tout seul. Quand même, elle a gâché votre vie pour sa carrière. Qu'elle réussisse au moins ça. Sinon, elle aura tout perdu pour rien. Tu peux sûrement dire adieu à la chance que May se confie à toi sur ses soucis financiers. Déjà que tes chances qu'elle le fasse était déjà très faible. Tu n'étais pas venu ici pour que ça vire en dispute à la base. Mais la rancune est toujours là, que tu le veuilles ou non. Il y a encore des choses sur lesquelles tu n'as pas tourner la page. Elle non plus. Tu lèves tout de même les bras en signe de drapeau blanc, laissant sous-entendre que ce serait le seul commentaire désobligeant de la soirée - à suivre pour la vérité. « Et les mauvaises nouvelles, c'est quoi ? » Parce qu'elle vante ses prouesses, mais qu'elle vante pas le reste. Probablement que de le dire ainsi, ça lui mettra la puce à l'oreille comme quoi tu sais des choses que tu devrais pas. « Mise à part être ici avec moi j'veux dire. » Tu prends de l'avance au cas où le commentaire lui vienne à l'esprit. Allez May, arrête de jouer la fière et dis-moi tout.

Content pour elle, est-ce que ça lui faisait au moins plaisir à May ? Pas tant que ça. Parce que s’il l’avait réellement soutenu pour qu’elle y arrive, ils n’en seraient pas là tous les deux. S’il l’avait soutenu dans ses rêves, comme elle lui avait permis de réaliser les siens, ils n’en seraient pas là. Norman ne l’aurait pas laissé tomber alors qu’elle donnait tout pour se faire une place où elle était aujourd’hui. Peut-être qu’elle y serait même arrivée plus tôt si elle n’avait pas eu à réorganiser toute sa vie après leur rupture. « Ça aurait été dommage d'avoir tout gâcher pour rien. » ça pique, c’est amer. Et s’il imaginait qu’elle allait pouvoir dire un mot de plus après ça. May se braquait toujours, n’acceptait aucune remarque de Norman, aucun reproche. Son visage se ferma aussitôt alors que de son côté, il faisait déjà son méa culpa. Plus fort que lui ? Visiblement. Des années de non dit, des années à garder l’un pour l’autre ce qu’ils ressentaient réellement, des années à se lancer des vacheries, à se faire des reproches mutuellement sans vraiment écouter ce que l’autre avait à dire. Pourquoi baisser les armes maintenant ? Pour lui, elle était la faute à toutes les fausses tentatives, elle était la cause de tous les échecs. Pour elle, il était celui qui avait pris la fuite, pensé à sa propre personne avant de penser à leur famille. Au final, ils avaient le même point de vue, aucune prise de recul. Ni pour l’un, ni pour l’autre. Peut-être moins pour May.
« Et les mauvaises nouvelles, c'est quoi ? » pourquoi faudrait-il qu’elle ai des mauvaises nouvelles à annoncer ? Pour elle, il n’y en avait pas, il n’y en avait plus, tout était rentré dans l’ordre, ce n’était pas mentir de dire qu’elle ne lui ferait pas ce plaisir. Et puis, ça ne le regardait pas. Ça ne le regardait plus. « Mise à part être ici avec moi j'veux dire. » Il insiste bien trop Norman pour que May ne finisse pas par se doute qu’il avait eu vent de sa situation. Par qui ? Comment ? Elia ? Pas possible. Marius ? Il n’aurait pas mis de la poudre au feu. May avait fait au mieux pour que ses soucis ne s’ébruitent pas, même si elle avait croisé la route de Clyde, même s’il avait mené sa propre enquête, qu’il avait toutes les informations. Elle avait répondu oui à toutes ses demandes pour garder le secret bien gardé. Si Clyde avait des intérêts personnels à faire chanter May, ce n’était pourtant pas pour elle qu’il agissait dans l’ombre. Il n’avait aucun intérêt à aller voir Norman pour lui raconter ses déboires. « Dis moi ce que tu sais, on en viendra plus rapidement au vif du sujet et au moins, on s’épargnera les détours. » des fois qu’elle s’y méprenne et qu’il soit à côté de la plaque. « Tout va bien aujourd’hui, Norman. Que ça te plaise ou non. » Elle se demandait pourquoi elle avait accepté cette invitation, pourquoi elle n’était jamais foutu de dire non, pourquoi elle n’arrivait pas à prendre cette distance avec lui. Elia était à présent majeure, plus rien ne les obligeait à être en contact permanent, plus rien ne les obligeait à se voir. « Qu’est ce que tu veux Norman ? » elle n’avait toujours pas avalé son reproche. « Tu crois que tu peux te permettre de mettre ton grain de sel là où tu as fais le choix de ne plus jamais à avoir ton mot à dire ? » tu as fais le choix de me quitter, autrement dit, alors accepte le. Accepte de ne pas être toujours parfait. « Ca va deux minutes, de jouer le bon saint Maritain. »

« Dis moi ce que tu sais, on en viendra plus rapidement au vif du sujet et au moins, on s’épargnera les détours. » Autrement dit, elle préfère que tu te lances plutôt qu'elle s'avance sans savoir sur quel terrain tu joues. Ça veut dire qu'il y a plus qu'une "mauvaise" nouvelle ? Tu sauras que dalle. May est fermé comme une huître encore et toujours. « Très bien. » que tu débutes. Elle veut aller droit au but, allons-y. « Je sais que tu croules sous les dettes. » Tu sais pour les huissiers. Tu sais qu'elle a perdu son ancien logement.  Tu sais que Jesse l'a hébergé. Tu sais aussi qu'elle a finalement réussi à se retrouver un petit quelque chose à elle. Tu sais finalement tout à propos de cette histoire. Du moins, tu sais tout ce que Elia sait. Elle n'a pas vraiment eu le choix de répondre à tout un interrogatoire lorsqu'elle a accidentellement lâché quelques bribes d'information.  « Tout va bien aujourd’hui, Norman. Que ça te plaise ou non. » Elia aussi a dit que tout allait bien aujourd'hui. May ne lui aurait jamais dit le contraire. Et elle ne te dirait jamais le contraire non plus. « Vraiment ? » que tu lui demandes. Peut-être que c'est vrai. Peut-être qu'elle ment. Tu ne le sauras probablement jamais. Peut-être que tu as su toute cette histoire trop tard, que ton aide arrive trop tard. Tu lui en veux à Elia de ne pas t'avoir dit plus tôt - même si la situation de May était bien avancée quand elle l'a su elle aussi. Au moins, elle a accepté l'aide de Jesse. Si ça lui a vraiment permis de se reprendre en main, temps mieux.

« Qu’est ce que tu veux Norman ? » Le ton de sa voix est sec, est toujours autant sur la défensive à ton égard. J'essaie de t'aider que tu lui aurais sûrement répondu si elle n'avait pas poursuivi son monologue d'ex frustré. « Tu crois que tu peux te permettre de mettre ton grain de sel là où tu as fais le choix de ne plus jamais à avoir ton mot à dire ? » C'est un rire moqueur qui s'échappe de tes lèvres à ses paroles. Le culot qu'elle a. Fais ce que je dis, pas ce que je fais, hen May ? Tu secoues la tête de gauche à droite en prenant une nouvelle gorgée de ta bière. « Laisse-moi deviner. Parce que c'était pas le tien, toi, tu peux le faire ? » Parce qu'elle, elle ne se gêne pas pour critiquer tout ce que tu fais. Elle se gêne pas pour trouver le moyen que Camille se sente horriblement mal (même de trop) à chaque fois que vous vous trouvez dans la même pièce. Elle le met partout son grain de sel dans ta vie à toi. « Ca va deux minutes, de jouer le bon saint Maritain. » « C'est toujours pareil avec toi. » Ça ne changera jamais visiblement. À quoi est-ce que t'as pensé en l'invitant ici ? Cette discussion ne mènera à rien du tout, finira possiblement en engueulade. « Tu viendras pour l'anniversaire d'Elia ? » que tu lui demandes un peu brusquement, plus que tu ne l'aurais voulu. Changer de sujet, il vaut mieux. Elia reste toujours un terrain neutre… ou presque.

« Je sais que tu croules sous les dettes. » un train de retard Norman. Si May s’en remettait petit à petit, il n’avait toutefois pas tort et semblait avoir de bonnes sources pour que cette information lui soit revenue aux oreilles. Bien sûre qu’il n’inventait pas des problèmes à May, très terre à terre et factuel, l’ex de la Glitters avait toujours juste et n’était pas le genre à lancer des rumeurs pour lui nuire. La question était : qui lui avait dit ? Il ne s’agissait surement pas de Jesse, il avait promis d’être très discret, lui-même ayant quelques secrets bien gardés, un engagement réciproque, une confiance mutuelle qu’il n’aurait pas trahis. Qui donc ? Elle se redresse d’autant plus sur sa chaise. Tenant sa bière entre ses mains, ses doigts qui pourraient briser le verre si elle en avait la force. Finalement, elle se doutait bien de qui avait pu lâcher le morceau. Peu étaient au courant, Elia avait sans doute gaffé, comme il pouvait lui arriver. La demoiselle était d’une si grande naïveté qu’elle ne s’était sans doute même pas rendu compte de la bourde. Par contre, May voyait déjà son père lui tirer les vers du nez pour avoir toute l’histoire, du moins, toute sa version des faits. Et si vraiment May était encore dans cette galère, qu’est-ce que Norman pouvait bien y faire ? Elle le répétait, elle n’avait plus aucun soucis à présent. Presque plus, en tout cas. La Glitters se permet donc de remettre Norman à sa place : loin de ses histoires. Là où il avait fait le choix il y a bien longtemps de ne plus s’en mêler. « Laisse-moi deviner. Parce que c'était pas le tien, toi, tu peux le faire ? » Restes calme May, il ne mérite pas que tu t’emportes, il ne mérite pas que tu lui offres le plaisir de vous donner en spectacle. Bien trop d’oreilles par ici et de regards tournés vers vous pour leur donner de quoi se mettre sous la dent.
Elle a très bien compris là où il voulait en venir en tout cas. « C'est toujours pareil avec toi. » qu’il se permet encore d’ajouter. Alors que la Glitters prend sur elle encore un peu plus. Les reproches vont bon trains entre eux. « Tu viendras pour l'anniversaire d'Elia ? » est-ce que c’était le moment de changer ainsi de sujet ? « Sérieusement, Norman ? » elle restait cependant assez calme, discrète, faisant en sorte que de l’extérieur, on n’y voit que du feu, mais le soucis, c’était son mauvais jeu d’acteur. « A quoi bon ? Voir votre petite famille parfaite et épanouie me rappeler à quel point je suis misérable ? » t’en fais trop, May. « Dis moi ce que tu comptes faire. Dis-moi, si tu as l’intention de m’aider. Comment ? Pourquoi ? » Pourquoi ce verre ? Pourquoi cette invitation si ce n’est pour lui mettre le nez dans la merde, si ce n’est pour lui rappeler encore une fois qu’elle n’est capable de rien. Que quoi qu’elle fasse, ça finisse toujours par retomber ? Incapable de gérer sa propre tune ? L’humiliation n’avait-elle pas été suffisante lorsqu’elle s’était retrouvée devant sa maison vide en présence d’Elia ? L’humiliation n’avait-elle pas été suffisante quand elle a été obligée de saisir la main de Jesse qui ne lui avait pas bien donner le choix, de toutes façons. Elle avait mis sa fierté de côté, acceptant ses erreurs, mais pourquoi Norman revenait-il sur ce sujet ?

« Sérieusement, Norman ? » Et la tactique pour changer délicatement de sujet n'est pas du tout réussi. Tu soupires bruyamment en te calant dans ton banc. Elle ne voulait pas en parler et soudainement elle en a envie ? Ah, les femmes de nos jours sont tellement dure à suivre. « A quoi bon ? Voir votre petite famille parfaite et épanouie me rappeler à quel point je suis misérable ? » Elle pousse ça un peu loin. Elle est bien la seule à penser qu'elle est misérable. Et si elle le dit à voix haute, c'est seulement pour t'entendre lui dire le contraire. « T'es pas misérable. » Et ce qu'elle a sûrement encore plus envie d'entendre. « Et on est bien loin d'être parfait. » Il y a des hauts, il y a des bas, comme dans chaque couple, chaque famille. Elle rêverait sûrement de t'entendre déballer son sac sur tout ce qui fait que ce n'est pas parfait. Tu ne lui donneras certainement pas ce plaisir. Ça ne la regarde strictement pas ce qui se passe dans ta vie privée - même si elle semble parfois l'oublier. « Tu pourrais juste le faire pour Elia, hm ? » Parce que ça lui ferait sûrement plaisir d'être entouré de ses deux parents pour son anniversaire. Ça lui ferait sûrement plaisir de ne pas les voir se chamailler pour un rien le temps d'une seule petite soirée. Ce n'est en rien un concours de qui a le mieux réussis sa vie après. Loin de là. Il s'agit de penser à votre fille avant le reste. Elle en est capable ?

« Dis moi ce que tu comptes faire. Dis-moi, si tu as l’intention de m’aider. Comment ? Pourquoi ? » Comment ? Tu n'en sais rien encore. Tu n'es pas le mieux outillé pour offrir une solution. Parfois, à vouloir bien faire, ça ne fait qu'empirer la situation. Tu ne savais pas spécialement comment, mais tu voudrais l'aider - si elle accepte cette main tendu, ça, c'est autre chose. « Tu me demandes vraiment pourquoi ? Tu crois vraiment que j'te laisserais dans la merde ? » Ça te vexe un peu qu'elle puisse le penser. Oui, vous avez vos différents, mais tu ferais n'importe quoi pour elle. « C'est pas parce qu'on est plus ensemble que tu ne comptes plus pour moi. » Elle restera toujours la maman d'Elia, qu'importe à quel point elle est nulle dans ce rôle. Elle restera toujours ton premier amour. May gardera toujours une place importante dans ta vie, mais il est vrai que les occasions où tu lui démontres son quasi inexistante. Bien important de ne pas manquer le train pendant qu'il passe. « J'peux te prêter de l'argent si t'as besoin. » que tu lui dis, parce que tu ne sais pas par quel autre moyen tu pourrais l'aider. Prêter, parce qu'elle n'acceptera jamais un don de ta part. Ah, l'orgueil et la fierté de May Glitters. Qu'elle le prenne ton argent, qu'elle fasse semblant d'oublier de te repayer et tout le monde sera content. Sauf peut-être Camille. Tiens, en voilà une belle raison pour accepter ton aide.

Bien loin d’être parfaits, bien sûre qu’ils n’étaient pas parfait aux yeux de May. Bien sûre qu’elle trouvait toujours à redire de ce nouveau couple que Norman formait avec Camille. Elle avait statué qu’elle n’aimait pas Camille, qu’elle ne chercherait jamais à en savoir davantage sur elle, qu’elle ne l’intéressait pas. Elle et ses cupcakes, elle pouvait même s’étouffer avec, que ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Enfin, si, pardon. Elle pourrait s’en réjouir. Camille avait tout ce que May ne supportait pas, mais surtout, elle partageait la vie de son ex et c’était le gros point noir au tableau. Elle avait ce que May n’aurait plus jamais : Norman. Et il peut dire ce qu’il veut Norman, dès qu’il parle d’elle – ou tout ce qui s’en rapproche – May se braque, se ferme comme une huitre et devient insupportable sans jamais avoir une once d’intelligence de se remettre en question. « Tu pourrais juste le faire pour Elia, hm ? » c’est facile de parler d’Elia, d’utiliser la corde sensible, sa culpabilité de mère. Quelle mère déjà ? Bon, si on pouvait donner un bon point à May ces derniers temps, c’est pour les quelques efforts qu’elle avait fait envers sa fille. Elle comprenait, petit à petit – doucement mais surement, qu’elle n’avait pas forcément été la mère idéale, qu’elle ne l’est toujours pas d’ailleurs mais qu’elle tente de se racheter, comme elle le peut. Elle avait trouvé la lettre que sa fille lui avait rédigé il y a deux ans de ça, une lettre qui l’avait quelques peu bousculé d’ailleurs. Elle lui avait fait l’effet d’une belle claque dans le visage et si, il y a encore quelques mois, May aurait pu aussi se braquer pour ça, cette fois, elle avait tendu les bras à sa fille en faisant un grand méa culpa. Alors, elle estimait à présent ne pas avoir besoin que Norman lui rappelle qu’elle avait une fille pour jouer son rôle de mère. Il serait temps. D’un coup de tête, d’un coup de main elle répond, oui. Si il veut, c’était pas le sujet, de toute façon.
« Tu me demandes vraiment pourquoi ? Tu crois vraiment que j'te laisserais dans la merde ? » elle roule des yeux May, il se posait moins la question il y a quelques années, quand il a pris la décision de la planter. « C'est pas parce qu'on est plus ensemble que tu ne comptes plus pour moi. » elle est tellement en colère, tellement de rage en elle, tellement de choses qu’elle garde, qu’il lui est impensable qu’il puisse dire ce genre de chose et surtout les penser. Elle est rancunière May et elle lui en voudra certainement toute sa vie pour être partie. Pour elle, si on compte pour quelqu’un, on ne l’abandonne pas. « J'peux te prêter de l'argent si t'as besoin. » elle se lève. « J’m’en vais. » elle sort un billet, pour lui montrer qu’elle n’a pas besoin d’argent, pas besoin de sa main tendue. Elle avait fait sans lui jusqu’à présent, elle continuerait ainsi. « Tu vois, j’ai ce qu’il faut. » elle balance le billet sur la table, elle qui voulait se faire inviter, c’était l’inverse qui allait se produire. « J’ai besoin de rien, encore moins besoin de toi. » elle se sentait humilier par sa main tendue, il était venu s’imposer à elle, se positionnant encore comme un sauveur. Tout ça, c’est trop tard maintenant.