Un bruit lointain me sort de mon sommeil mais je suis trop endormi pour en réaliser l’origine. Je soupire bruyamment puis je me retourne dans mon lit en tirant les couvertures par-dessus mon épaule pour essayer de me rendormir. Quelques secondes plus tard, toutefois, le même bruit résonne de nouveau dans mon appartement et je comprends cette fois-ci que quelqu’un tambourine à la porte. « What the fuck… » Je relève la tête pour regarder l’heure sur mon cadran avant de me laisser retomber lourdement sur mon matelas en grognant lorsque je constate qu’il est dépassé une heure du matin. Je ne sais pas qui peut bien me rendre visite à cette heure tardive mais cette personne a intérêt à avoir une fucking bonne raison de me réveiller alors que ça fait à peine deux heures que je dors. « C’est beau, j’arrive! » crié-je en sortant de sous les couvertures. Je mets rapidement la vidéo sur laquelle je me suis endormie sur pause et je pars en direction de la cuisine en me frottant les yeux. Sauf que je tourne un peu trop rapidement vers le cadre de porte et je me cogne le petit orteil sur la commode, ce qui m’arrache un cri. Frustré, j’écrase mon poing sur le meuble en lâchant une ribambelle de jurons. Toute la bible y passe. Au moins, on peut dire que je suis un peu réveillé maintenant, malgré les marques que mon oreiller m’a laissées dans le visage. En simple boxer, je poursuis mon chemin jusqu’à la porte d’entrée.
« Dan? » dis-je en fronçant les sourcils tout en me passant une main dans mes cheveux ébouriffés, surpris de la trouver sur le pas de ma porte à une heure aussi tardive. Je me râcle la gorge en haussant les épaules. « Qu’est-ce que tu fais ici? » Depuis notre dernière dispute, nos rencontres ne se limitent qu’à aller chercher ou porter le petit chez l’un ou chez l’autre et nos discussions ne tournent qu’autour de lui. Étant donné ce que je ressens toujours pour elle, moins je la vois et mieux je me porte. Ou du moins, c’est ce dont j’essaie de me convaincre même si elle occupe encore bien trop souvent mes pensées malgré le peu de contacts que nous avons. « Le petit va bien? » Maddox semble être la raison tout indiquée pour expliquer sa visite inattendue même si je suis persuadé qu’elle m’aurait tout d’abord appelé s’il y avait quoi que ce soit à propos de notre fils et je ne me souviens pas avoir vu que j’avais un appel manqué lorsque j’ai mis sur pause la vidéo sur mon téléphone quelques minutes plus tôt. Danika ouvre la bouche mais aucun mot n’en sort, ce qui me fait encore plus froncer les sourcils.
Sans m’adresser la parole, Danika s’avance vers moi et entre dans mon appartement. J’ouvre la bouche dans le but de l’arrêter mais avant même que je n’aie le temps de prononcer le moindre mot, elle me prend par surprise en saisissant mon visage entre ses paumes et en posant ses lèvres sur les miennes. À cet instant, je sais que je devrais la repousser violemment et feindre l’indifférence mais c’est plus fort que moi, je réponds furtivement à son baiser. Je goûte une énième fois à ses lèvres et je devine à son haleine qu’elle a bu ce soir. Une information qui me motive à agripper ses poignets pour qu’elle me lâche et à me reculer brusquement. « Dan, arrête. » dis-je sur un ton ferme en m’essuyant la bouche du revers de la main, davantage pour effacer la sensation de ses lèvres contre les miennes que pour vraiment les essuyer. « Qu’est-ce qui te prend? » Je la fusille du regard en m’éloignant d’elle de quelques pas parce qu’il n’est pas question que je flanche ce soir même si ça me prend tout mon petit change parce qu’elle me manque et que l’envie de la serrer dans mes bras se fait sentir. « Fuck Dan, je ne suis pas ton sex toy que tu peux juste sortir de ton tiroir quand t’as envie de te détendre. Va t’acheter un vibromasseur. » ajouté-je sèchement. Si je l’ai laissé me convaincre à l’anniversaire du décès de son père, je ne retomberai pas dans le même panneau deux fois. Cette fois-ci, je compte bien me protéger et ne pas la laisser jouer avec mes sentiments.
« Maddox va bien. » Je fronce les sourcils un peu plus, confus. Si ce n’est pas le petit le problème, je ne comprends ce qui peut l’amener ici en pleine nuit. Je suis trop endormi pour réfléchir clairement, pour remarquer sa voix pâteuse et ses gestes un peu gauches. Ce n’est que lorsque ses lèvres prennent possession des miennes que je constate qu’elle est ivre, son haleine la trahissant. Mais mon cœur s’en fou, mon rythme cardiaque s’accélère dès l’instant où ses doigts entrent en contact avec ma barbe et qu’elle m’embrasse comme s’il n’y avait pas de lendemain. Joy a beau avoir été ma plus longue relation, je m’en suis bien remis. Je suis passé à autre chose et il n’y a aujourd’hui ni ambiguïté ni sentiments. Avec Danika, les choses sont différentes. Nous avons été en couple que pour quelques mois à peine et, pourtant, malgré l’absence de contact pendant quatre ans, les sentiments ne sont jamais complètement disparus. La braise était toujours présente au fond de moi, à attendre d’être rallumée. Je n’arrive pas à décrocher, pour une raison qui m’échappe, il y a chez elle quelque chose qui m’attire malgré moi, malgré toute la colère que mon ex peut me faire ressentir. Et avec Maddox, je ne peux pas complètement la sortir de ma vie, tourner la page n’est donc pas si simple mais je sais que c’est la chose à faire parce qu’elle ne changera visiblement jamais et je ne peux pas accepter qu’elle me mente sans arrêt comme elle le fait depuis des années. Je trouve finalement la force de la repousser dans son haleine, mais aussi dans ses mensonges, malgré mon cœur épris qu’elle éveille. Je retombe dans nos vieilles habitudes, dans l’espoir que mes commentaires acerbes l’éloignent de moi et me permettent ainsi de me préserver.
En la voyant s’approcher de moi une nouvelle fois, je me redresse le dos bien droit pour être plus imposant. Elle pose ses mains sur mon torse pour me pousser une première fois, me faisant reculer d’un pas. « Fuck you. Tu te prends pour qui ? » Mon regard se durcit tandis qu’elle me pousse une deuxième fois. Je sais déjà que l’engueulade n’est pas bien loin et je bouille, mais pas de désir cette fois-ci, plutôt de colère. « On est chez toi là? » demandé-je avec ironie en fronçant les sourcils avant de regarder autour de nous et de rapporter mon regard sur elle. « Oh wait, non, on est chez moi je crois bien. » Je croise mes bras contre mon torse en la regardant de haut. « Toi tu penses que tu peux débarquer ici en pleine nuit et faire tout ce que tu veux et m’envoyer chier en plus quand t’as pas la réponse que tu veux? C’est à moi de te demander pour qui tu te prends, Dan. » Je ne m’attends pas à une réponse logique de sa part dans la condition dans laquelle elle se trouve et, de toute façon, je sais qu’elle ne se gênerait pas même si elle était sobre. « Tu penses que c’est simple Law ? Tu penses que je te mens parce que j’en ai envie, parce que ça me fait plaisir ? » Je décroise mes bras en ricanant et Danika me pousse une troisième fois. Cette fois-ci, par contre, j’ai les pieds bien ancrés dans le sol alors je ne bouge pas d’un poil. « Je ne lis pas dans tes fucking pensées alors je ne peux pas deviner à quoi tu penses. Pourquoi, Dan? Dis-le! » Tu penses que ça me fait plaisir de te repousser? De réprimer ce que je ressens pour toi? Des questions comme ça, y’en a plein qui se bousculent dans ma tête mais qui ne franchiront pas mes lèvres pour ne pas lui donner davantage de pouvoir qu’elle en a déjà. « Tu crois quoi tu pourrais jouer au sauveur si je te disais la vérité ? Tu penses « oh Dan a quelques factures impayées, elle a trop de fierté pour demander qu’on lui file un peu de thune pour les lui repayer. » Un « Oh my god » franchit mes lèvres au même moment où je pose l’une de mes mains sur mon visage, exaspéré. « JE NE SUIS PAS L’ENNEMI ICI! » crié-je en plongeant mon regard furieux dans le sien après avoir laissé ma main retomber le long de mon corps. « Ça te dérange tant que ça que j’aie voulu t’aider?! Arrange-toi toute seule si c’est ça que tu veux, fuck! » Je me retiens de lui dire que je pense en effet qu’elle est trop fière pour demander aux gens un peu d’argent parce que je sais qu’elle ne voudra rien entendre. « Tu crois que j’ai demandé d’en arriver là ? » À cette question, je ne peux rien faire d’autre que de secouer négativement la tête en l’observant, impuissant. Je ne peux rien faire pour lui ramener son père et sa gloire. Et même si je pouvais, je ne suis pas sûr qu’elle me laisserait faire.
« J’étais au sommet Law ! Au putain de sommet! T’as la brillante idée de me foutre en cloque et moi comme une idiote je décide quoi de le garder parce que je t… » Je m’esclaffe en l’entendant me blâmer, à un tel point que je ne porte pas attention aux mots qui suivent. « Oh parce que c’est ma faute en plus? T’as vraiment du front tout le tour de la tête. » Les poings serrés, je m’approche d’elle d’un pas décidé. « Je ne t’ai JAMAIS forcée à coucher avec moi, encore moins à tomber enceinte! » craché-je en martelant son épaule de mon index avant de reprendre mes distances, furieux. « Mon père tombe malade, je passe des années dans cet hôpital à être là, à être là au lieu de passer plus de temps avec mon fils, à être là au lieu d’être dans mon putain de dojo, à être là au lieu de recommencer ma carrière. Et tu sais tout ce qui j’y ai gagné ? Rien PUTAIN. » Les poings serrés, je fais les cents pas dans mon salon en me mordant la joue pour m’empêcher de lui rappeler son mensonge pour l’énième fois, pour lui rappeler que moi non plus je n’ai pas pu passer plus de temps avec mon fils à cause d’elle. « Rien parce qu’il est mort mais avant ça il a eu la brillante idée de se ruiner, de dilapider tout son argent et de s’endetter auprès de bookmakers pour le restant de sa vie. Ah non pardon, il est mort du coup c’est pour le restant de MA vie. » Je m’immobilise tout d’un coup en l’observant avec stupéfaction, surpris par les mots qu’elle vient de prononcer. James était pour moi presque comme un père et jamais je ne l’aurais soupçonné d’une telle chose.
« J’ai pas quelques factures impayées Law. Ca c’est plus des oublis qu’autre chose. J’ai surtout des bookmakers à repayer. Des centaines de milliers à repayer Law. Tu crois que tu peux m’aider ? T’es devenu blindé de thune en quatre ans ? » Bouche bée par sa confidence, je l’observe un moment en silence en retenant mon souffle. Si mon père biologique a décidé de me léguer une somme intéressante, ça ne semble pas suffisant pour rembourser les dettes du père de Danika. De toute façon, j’ai bien compris qu’elle n’accepterait pas d’aide de ma part. « Non, c’est bien ce que je pensais. Donc ta putain de morale, tes putains d’accusation, descend de ton putain de cheval blanc, oui les gens ont des secrets et si t’as un problème avec ça t’as qu’à aller voir le pauvre type qui a passé sa vie faire la morale à des combattants sur l’honneur et l’intégrité et qui en fait était juste ça un pauvre type ! » Si le fait qu’elle se confie finalement à moi a un tant soit peu apaisé ma colère, ses dernières paroles la rallument en un claquement de doigts. Mes traits se contractent en un rictus de colère tandis que je la scrute avec attention en me reculant pour conserver une certaine distance avec elle. « Ça va, t’as fini? Je peux aller me recoucher maintenant? Parce qu’avant que t’aies ta montée de lait et que tu décides de débarquer ici en pleine nuit, en te plaignant du monde entier comme si t’avais absolument rien à voir avec ce qui t’arrive, imagine-toi donc que c’est ça que je faisais, dormir. Tu cris haut et fort que la vie est injuste, tu te plains de ce qui t’arrive mais quand on te tend la main pour t’aider tu nous craches dessus. Qu’est-ce que tu veux en fait, Dan? Et tant mieux si ça t’aide à mieux dormir de croire que mentir et avoir des secrets c’est la même chose, mais tu vas pas m’endormir avec ces paroles. » Je la regarde de haut en bas en secouant la tête négativement, constatant à quel point elle n’est plus que l’ombre d’elle-même en ce moment. Elle est passée où Danika la battante? Celle qui s’est rendue au sommet? Celle qui m’intimidait à une époque par sa prestance malgré sa petite taille? Je la cherche dans son regard sans en trouver la moindre trace.
Les choses n’ont jamais été simples entre nous, mais ça ne m’a pas fait peur pour autant même si ça ne nous aurait probablement pas fait de tort de rendre les armes de temps en temps. Je me suis rapidement habitué à toutes ces piques qu’elle me lançait et je prenais même plaisir à y répondre à force. Au fil du temps, cependant, nos joutes verbales ont commencé à concerner des sujets plus douloureux et les conséquences ont été plus désastreuses. Avec les années, l’habitude s’est incrustée et encore aujourd’hui nous voulons tous les deux avoir le dernier mot, avoir le dessus sur l’autre. Sauf que cette fois-ci, Danika ne réplique pas, elle s’avoue vaincue beaucoup trop rapidement, un comportement qui ne lui ressemble pas vraiment. Les sourcils froncés, je la scrute avec attention et mon cœur se serre lorsque nos regards se croisent et que je constate qu’elle a les larmes aux yeux. J’aimerais tant que les choses soient différentes, que ce soit ma place de la prendre dans mes bras pour la consoler mais je sais que ça ferait plus de mal que de bien. Alors lorsque je tends une main dans sa direction comme pour l’arrêter, mon poing se referme avant de l’atteindre et je laisse mon bras retomber le long de mon corps en silence. À mon tour, je me détourne et je me dirige vers la cuisine pour partir la cafetière pour m’occuper un peu afin de ne pas craquer. À cet instant, j’aimerais pouvoir revenir en arrière et changer l’issue de cette soirée au bal qui devait être la nôtre. Je me déteste d’avoir tout gâché comme je la déteste de m’avoir donné aussi facilement une raison de m’éloigner d’elle une fois de plus. Réprimer mes sentiments pour elle n’est pas plus facile un mois après notre dispute, au contraire, elle me manque un peu plus chaque jour même si j’essaie de l’oublier comme je peux.
« Tu veux savoir où j’étais la dernière fois ? » Sa voix me sort de mes pensées. Je me retourne face à elle en hochant la tête en silence en anticipant la suite. Je n’ai pas envie de me fâcher après elle une fois de plus, mais je me connais et je me doute que si elle ne m’a pas dit la vérité avant aujourd’hui c’est probablement parce qu’elle savait que ce serait un sujet qui me fâcherait. « Il y un type au dojo l’année dernière qui m’a parlé d’un endroit où les gens combattaient. J’ai commencé à y aller pendant l’été. Une espèce de fight club, où tu peux combattre contre n’importe qui. C’est là où j’étais ce soir-là. » Je devrais sans doute me réjouir qu’elle n’était pas avec quelqu’un d’autre, même si cette pensée ne m’a pas du tout traversé l’esprit le soir où j’ai compris qu’elle me mentait, mais l’inquiétude et la frustration prennent toute la place. « Un fight club. » Je serre la mâchoire pour m’empêcher de tout lui déballer ce que je pense sans réfléchir, mais plein de questions se bousculent dans ma tête tout comme certaines paroles blessantes qu’elle m’a dites lorsque je suis débarqué chez elle un soir de novembre après avoir appris la vérité à propos de Maddox. « Pourquoi? Pourquoi Dan? T’es propriétaire d’un dojo. Pourquoi t’as besoin d’un fight club pour te battre? Pourquoi tu ne recommences pas à te battre pour reprendre la compétition? Je ne comprends pas là. » Je me force à ne pas hausser le ton mais ma frustration est palpable à mesure que mon débit s’accélère.
Les mains sur les hanches, je me tourne de dos à elle un instant, pour prendre une grande inspiration, avant de lui faire face de nouveau le regard rempli d’incompréhension et de colère. « T’as pensé à Maddox?! » Probablement pas, non, parce que Danika ne réfléchit jamais aux conséquences de ses décisions avant de les prendre. Pourtant, elle s’est plainte il y a quelques minutes à peine de ne pas avoir pu passer du temps avec lui parce qu’elle était trop occupée à être au chevet de son père. Malgré ça, elle n’hésite pas à sacrifier ce même temps pour pouvoir se battre illégalement. « Tu vas faire quoi si tu te fais prendre, Dan? Si tu vas en prison? » Je l’interroge du regard en m’approchant d’elle, le regard flamboyant. Mon cœur se serre rien qu’à imaginer Maddox, trop jeune pour comprendre, qui réclame sa mère, en larmes. « Je n’étais pas assez bon pour lui à tes yeux alors que toi tu prenais le risque qu’il te perde?! Tu me fucking niaises? Qui se serait occupé de lui Dan?! » demandé-je en haussant le ton en faisant les cent pas dans le salon en me tenant le visage à deux mains. Et si seulement elle s’était rendue compte de son erreur et qu’elle avait arrêté, mais non, elle continue depuis tout ce temps, depuis bientôt un an à mentir à tout le monde autour d’elle une fois de plus. Je m’arrête soudainement et je plonge mon regard dans le sien en secouant négativement la tête. « Je devrais commencer à me préparer à expliquer à Maddox pourquoi t’es plus là, c’est ça? » Me préparer à te perdre, toi aussi.
Je repense à notre discussion de janvier durant laquelle je lui ai demandé si elle avait songé à reprendre la boxe. À sa réaction, j’avais simplement cru qu’il s’agissait d’un sujet tabou parce qu’elle avait des regrets, parce qu’elle n’était plus au sommet comme jadis. Aujourd’hui, toutefois, j’ai des doutes. Je ne peux m’empêcher de me demander si ce n’est pas plutôt parce qu’elle préférait éviter le sujet pour ne pas que j’apprenne pour les combats illégaux. J’ai recommencé l’entraînement, avait-elle vaguement répondu tout en ajoutant qu’il était trop tard pour faire de la compétition. Et moi, comme un abruti, je ne me suis douté de rien et je n’ai pas insisté. « Ca n’a rien à voir. Je pouvais pas y aller. Tu le sais que je pouvais pas y aller. » Les sourcils froncés, je la scrute en silence. J’essaie de comprendre malgré la déception, malgré la colère, mais j’ai la sensation que nous ne sommes jamais sur la même longueur d’onde. « Mais tu y vas, maintenant. » Je peux comprendre que pendant un temps le dojo lui faisait trop penser à son père, mais elle a recommencé à fréquenter les lieux depuis plusieurs mois déjà, je le sais pour l’y avoir vue à quelques reprises. « Pourquoi tu n’as pas arrêté? » demandé-je avant de me passer une main dans le visage en soupirant bruyamment, convaincu qu’elle me dira probablement que ça ne me regarde pas ça non plus.
« Ca rapporte de l’argent... » Évidemment que c’est une question d’argent, qu’est-ce que ça pourrait bien être d’autre? « Ça va vraiment avoir valu la peine si tu te fais prendre et que tu te retrouves à devoir payer une amende. » Ça en plus de toutes les dettes de son père qu’elle se retrouve à devoir rembourser maintenant qu’il est mort. « Tes compétitions aussi te rapportaient de l’argent. » Mais elle va probablement encore me sortir l’excuse qu’il est trop tard parce que c’est plus facile que de se botter le cul pour reprendre son titre. « Je suis sûr que tu te fous de mon opinion comme de l’an quarante, mais hey, je vais te la donner quand même. » dis-je en plongeant mon regard dans le sien avant de poursuivre. « Je pense que t’as encore ce qu’il faut pour reprendre ta carrière en main, mais t’es trop pissou, t’as peur d’échouer. T’es trop fière pour même penser à te planter devant tout le monde. Alors tu choisis la solution facile, tu te bats à l’abris des regards. » Les bras croisés contre mon torse, je hausse les épaules en secouant la tête de désapprobation. « C’est vraiment ça que tu veux donner comme exemple pour Maddox? » demandé-je le regard rempli de déception.
Notre fils qui semble être le centre de sa vie depuis sa naissance alors que, pourtant, elle ne semble pas du tout avoir pensé à lui en participant à des combats illégaux. « Il a rien à voir avec ça. » Je ricane en pinçant l’arête de mon nez à deux mains avant de laisser retomber mon bras le long de mon corps. « Parce que tu vas me faire croire que nos décisions n’ont pas d’impact sur lui?! » Je lève le ton, exaspéré qu’elle ne regard pas plus loin que son nez avant de prendre une décision. « On va pas en prison pour des combats illégaux Law, arrête de dramatiser les choses. » Je hoche lentement la tête, conscient que j’ai peut-être exagéré un peu mais ce qu’elle fait n’est pas sans conséquences. « Peut-être, Dan, mais il n’y a pas que la prison. T’as pensé que quelqu’un pourrait faire un signalement pour te nuire? Probablement pas. » Étant donné l’illégalité du milieu, je me doute que les gens qui trempent là-dedans ne sont pas tous des anges et je ne suis pas convaincu que la protection de la jeunesse croirait que c’est un bon milieu pour un enfant. « J’ai fait une erreur, tu étais assez bien, tu comptes me la rappeler à chaque dispute ? J’essaye là ! » Je continue de faire les cents pas dans mon salon, trop frustré pour être touché par son compliment, jusqu’à ce que je m’arrête soudainement pour lui parler une énième fois de notre fils. « Arrête ! Maddox va pas me perdre ! Arrête tes conneries ! » Je secoue la tête en me mordant la lèvre inférieure tout en grognant. « Non toi arrête tes conneries! » Arrête de mentir à tous ceux autour de toi en imaginant qu’il n’y aura pas de conséquences. « T’es saoule… » Je ferme les yeux en soupirant, puis je me dirige vers la cuisine pour me servir une tasse de café en espérant que ça me calmera un peu. « Tu comprends pas. Tu… Toi et moi ça n’aurait jamais marché. » Mon visage se crispe tandis que je verse du café dans une tasse vide sans la regarder. Peut-être a-t-elle raison, au fond, et ça me fait mal de l’admettre et de me rendre à l’évidence que je dois l’oublier. « Alors qu’est-ce que tu fais ici? » demandé-je tout en me retournant face à elle pour m’accoter contre le comptoir. Je me retiens de lui dire ce que je pense, de lui dire qu’encore une fois elle choisit la solution facile. Elle aurait pu se battre, faire des efforts en me disant la vérité dès le début. Elle critique l’intégrité de son père mais, au final, la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. « Je pensais vraiment que les choses auraient pu être différentes cette fois-ci. » Le regard évitant, je porte ma tasse à mes lèvres pour en prendre une gorgée. Je la redépose ensuite sur le comptoir bruyamment. « Je vais aller m’habiller pour aller te reporter. À moins que tu préfères que je t’appelle un taxi… » demandé-je en levant les yeux vers elle.