Il était temps. Les semaines passaient et ne se ressemblaient pas. Après sa visite surprise à la petite amie de son frère, l’Américain avait rapidement regretté l’atrocité commise ce soir-là. Tirer sur Mia ne faisait pas partie de ses plans et pourtant, il s’était retrouvé une fois de plus à la place du méchant de l’histoire. Il avait creusé d’avantage le fossé entre son petit frère et lui et le vivait très mal. Son frère, c’était tout pour lui, sa seule faiblesse et pourtant Alec lui avait tourné le dos pour rejoindre le camp ennemi, lui reprochant les années passées à ses côtés, lui reprochant les choix faits durant toutes ses années. Un coup dur pour l’ainé qui n’avait pas eu conscience de forcer son frère à le suivre dans cette aventure qui avait commencé il y a une vingtaine d’années. Il s’était torturé l’esprit l’ainé des Strange durant des jours jusqu’à se retrouver à nouveau face à son frère pour en découdre. Les blessures présentes n’avaient cessé d’être mise en avant lors de leur rencontre dans l’appartement d’Alec, mais une information cessa leur petite guerre. Gabrielle Strange était en ville. Leur petite sœur, qu’ils avaient toujours voulu garder loin de tout ça, loin des problèmes et surtout loin de tout les ennemies accumulées au fil des années. Elle s’intéressait à leur vie et avait questionné Alec à ce sujet. Il avait tout fait pour l’éloigner de la vérité, mais Mitchell savait que ce n’était qu’une question de temps avant que la vérité éclate. L’Américain n’avait pas tardé à la retrouver, il avait fait de son mieux pour la rassurer à son sujet, pour lui faire croire que non, il n’était pas l’homme dont le portait était passé aux informations. Il allait avoir du pain sur la planche et pour apaiser les mœurs, il devait laisser derrière lui sa cavale, il devait revenir à sa vie et surtout, il devait obtenir sa revanche sur ceux qui lui avait volé ce qu’il possédait. Retrouver sa petite sœur l’avait chamboulé, il s’était retrouvé face à une situation qu’il n’avait pas voulue et pourtant, il avait dû faire comme s’il était ravi de la savoir à Brisbane avec un souhait de rattraper le temps perdu. Il avait longuement réfléchi à une solution et si le puzzle s’assemblait petit à petit, il lui fallait prendre contact avec certaine personne qui pouvait lui offrir sa liberté. Il avait conscience que ça n’allait pas être facile, il avait conscience qu’il y perdrait sûrement quelques plumes, mais il était temps, temps pour lui de retrouver la personne qu’il est devenu au fil des ans à Brisbane, retrouver sa crédibilité et surtout sa place de leader. Il avait contacté Théo Mayers, lui promettant de le laisser tranquille s’il lui permettait d’obtenir sa liberté. Un deal qu’il ne pouvait pas refuser, mais qui nécessitait un travail au préalable pour que ça paraisse crédible et c’est sans aucune hésitation que Mitchell avait prit la route direction Brisbane pour rejoindre le quartier de Redcliffe. Il risquait une fois encore de se faire prendre sans avoir pu mettre en place son plan, sa sérénité s’était envolée et c’est seulement lorsqu’il se retrouva devant la porte du duplex de Lou Aberline qu’il souffla. Il ajustait sa casquette et frappait à la porte sans attendre. Aucun bruit provenait de l’appartement et c’est en soupirant qu’il sortit l’artillerie lourde pour forcer la serrure, une fois encore, se rappelant de comment ça, c’était terminé la dernière fois qu’il s’était rendu dans l’appartement de la jeune femme. Il avait encore la cicatrice présente sur sa cuisse et c’était sans compter sur leur dernière rencontre qui c’était également mal terminé puisqu’elle lui avait tiré dessus avant de finalement le laisser partir dans un sale état, mais en vie. Mitchell avait mis du temps à se remettre de cette balle qui avait atterri dans son abdomen, un long moment passé seul à souffrir le martyr. Heureusement, il avait obtenu l’aide nécessaire pour s’en sortir, mais sa vulnérabilité n’avait jamais été aussi forte qu’à ce moment-là et son esprit n’avait cessé de lui jouer des tours. Il avait eu le temps de se remémorer chaque acte de sa vie et si c’était pour lui l’occasion de démarrer une nouvelle vie loin de tout ça, il restait accrocher à cette vie ou sa tête était mise à prix. Il savait que c’était qu’une question de temps avant qu’il se retrouve forcé à quitter sa planque et il espérait pouvoir s’en sortir bien avant cela. C’est après avoir claqué la porte derrière lui qu’il avança dans l’appartement qui n’avait pas changé depuis sa dernière visite. Il serrait l’arme dans sa poche quelques secondes avant de se détendre et de prendre place sur le canapé, attendant avec impatience l’arrivé de la maîtresse de maison. Les minutes passaient et elle n’était toujours pas là. Il soupirait longuement s’apprêtant à partir. Rester ici, c’était prendre le risque de se faire prendre et il préférait continuer de fuir plutôt que de se retrouver derrière les barreaux. Il s’avançait vers la porte et c’est en mettant sa main sur la poignée qu’il fut surpris par l’arrivée de Lou. Il recula sans attendre, ne manquant pas d’observer Tiny entrer en aboyant suivi de sa maîtresse. Il se mit à la hauteur de la chienne, lui montrant patte blanche avant de poser son regard sur Lou. « Surprise ! » Qu’il disait tout en se redressant, alors que Tiny n’avait visiblement pas l’intention de le prendre comme dîner. Il utilisait son ton habituel, un ton qui laissait croire qu'il avait encore le dessus après tout ses échecs. « Tu sais pas à quel point j’ai attendu ce moment. » Il sortait son arme pour la dissuader de faire la maline.
En essayant de tourner a clé dans la serrure, Lou eut une soudaine sensation de déjà-vu. De déjà ressenti, d’ailleurs, tandis qu’elle constatait que celle-ci avait été forcée une nouvelle fois, seulement quelques mois après qu’elle ait fait changer. Les chances pour que quelqu’un s’introduise chez elle au moment pile où elle emmenait Tiny se balader dans le quartier lui semblaient si fines que si la situation s’y était prêtée, elle aurait ri face à l’ironie. Mais à la place de cela, son coeur bondit dans sa poitrine ; le chien venait de débouler dans l’appartement, armé de ses puissants aboiements, tous crocs dehors. Alors que la porte battait un aller-retour, la jeune femme aperçut une première fois la silhouette de celui qui s’était permis d’entrer dans invitation, et celle-ci était bien trop familière pour qu’il subsiste le moindre doute. Elle pénétra à son tour et fit face à l’ironie suivante ; même Tiny appréciait Strange. Et bien qu’il aurait suffit d’un mot pour ordonner au canidé de mordre la main qui lui flattait l’encolure jusqu’à l’arracher au bras auquel celle-ci était rattachée, le dépit de l’australienne prit le dessus, et dans un soupir désabusé, elle claqua ses mains sur ses cuisses ; “Vraiment ?!” Lui, encore ici. Tiny, faisant défaut à sa mission première. Elle, une nouvelle fois prise au dépourvu dans son propre appartement. Lou fut tentée de se pincer tant elle ne revenait pas du fait que tout ceci était bel et bien en train de se dérouler. Sans oublier le révolver que Mitchell brandit face à elle, et, troisième et dernière ironie, son atroce répétition des paroles qu’elle avait prononcées lors de leur dernière rencontre. “Oh sois pas ridicule !” s’exclama la jeune femme tout à coup, entrant à son tour dans son logement comme un boulet de canon, agacée par la scène grotesque qui se déroulait. “On a eu des années d’occasions manquées pour prouver que t’es incapable d’utiliser ce truc, alors baisse ton putain de flingue et arrête de te donner l’air moins lâche que tu ne l’es.” Sans crainte aucune, visiblement bien plus occupée à être indignée, voire outrée, plutôt qu’à s’inquiéter de l’arme pointée sur elle, Lou évoluait dans l’appartement, faisant comme chez elle -puisqu’elle l’était, qu’importe à quel point Monsieur s’autorisait à prendre ses aises régulièrement, oh elle devrait lui demander de payer une partie du loyer s’il décidait d’en faire une habitude, le salaud. D’un geste furieux, elle débarrassa Tiny de sa laisse et jeta son sac dans un fauteuil. Appuyée sur un accoudoir, elle ôta ses chaussures et les lança dans l’entrée, se fichant bien que Strange soit dans le passage. Il allait faire quoi, s’il recevait un talon dans le front ? Lui tirer dessus ? La bonne blague.
A son aise -ou presque-, Lou fit face à l’intrus, les bras croisés, le regard flamboyant. Ils avaient également pu constater qu’elle n’était pas plus capable que lui de tuer son pire ennemi, et maintenant que Tiny s’ajoutait à leur équation de lâches sentimentaux, ils n’étaient pas plus avancés. “Qu’est-ce que tu fais là, Alex ? demanda la brune, toujours au comble de l’agacement. Est-ce que je peux savoir pourquoi t’es ici et pas sur une plage au Mexique ou à Singapour ?” Elle l’avait laissé partir, avec autant de chances de mourir sur le bord de la route que d’être attrapé par la police ou d’en réchapper. Et lorsque l’univers décida que non, l’heure d’Alexander Strange n’était pas venue, lorsque Satan lui-même lui donna encore un peu de répits, cet idiot préféra revenir à Brisbane plutôt que de laisser l’Australie derrière lui pour refaire sa vie ailleurs. “T’as eu l’opportunité de quitter le pays et te faire oublier, bon sang. Et tu… tu reviens, comme ça, encore et toujours dans ton délire mégalo.” Elle lui en voulait presque. Pas d’être vivant, mais de se tenir là, devant elle, tandis qu’elle savait parfaitement qu’elle n’aurait pas l’occasion de terminer le travail ou corriger son erreur de la fois précédente. S’il était en ville, alors elle n’avait aucune excuse valable de ne pas le tuer. Oui, Lou en était venue à espérer qu’il soit loin, trop loin pour qu’elle puisse l’atteindre. Mais il était là, et le Browning de la jeune femme se trouvait à quelques mètres, dans un tiroir de la cuisine. “Qu’est-ce que tu veux, hm ?”
Certain aurait pu considérer l’acte de Mitchell comme étant audacieux. Revenir une seconde fois dans le même appartement, forcer la serrures deux fois et cela pour faire face une nouvelle fois à celle qui avait été sa pire ennemie durant des années, mais surtout celle qui lui avait tiré dessus, le laissant entre la vie et la mort. Durant de nombreux jours il avait eut envie de mettre sa tête sur un pic, puis sa colère c’était tourné vers son frère et le Club e général, mais surtout la blonde qui était à la tête de celui-ci. Lou Aberline n’était plus en tête de liste et pourtant en l’apercevant l’idée même de lui coller une balle en pleine tête me traversa l’esprit. Heureusement pour elle, j’avais besoin de son aide, ce que je n’aurai jamais imaginé auparavant. Comme à mon habitude j’avais joué la clé de l’humour à ma façon. Je mettais mon masque de comédien et faisait ce que je faisais le mieux : Parler pour rien dire. « Nos deux vies sont complètement ridicule, donc un peu plus un peu moins … » Qu’il disait sans la quitter du regard avant de baisser son regard vers l’arme qu’il tenait, une arme qui servait principalement de sécurité et qu’il ne comptait pas utiliser. Dans l’immédiat du moins. « Les temps changent, tout comme les gens, donc je ne partirai pas aussi confiante si j’étais toi. » Balançait-il sans baisser son arme.
Il l’observait se positionner face à lui, un sourire en coin, un regard arrogant, il grimaça cependant lorsqu’elle ouvrit la bouche. « Alex est mort, enterré, je ne veux plus t’entendre prononcer son nom, c’est clair ? » Il haussait légèrement le ton, mais restait plutôt calme, contrairement à d’habitude. « J’avais envi de voir ton joli visage, vivre dans un taudis pendant des semaines m’a rendu … » Il marquait une pause. « Nostalgique ! » Qu’il disait d’un ton théâtral, alors qu’il s’installait plus confortablement. « Je suis un homme d’action et si tu me connaissais bien, tu saurais que fuir ne fait pas partie de mes habitudes. » Il levait les yeux au ciel avant de les poser sur Lou. « Puis se retrouver seul au Mexique c’est pas vraiment attrayant tu ne trouves pas ? Tu as déjà voulu y aller ? Je t’y emmènerai un jour si tu veux. Dans un cercueil ou autre, à toi de voir !» Qu’il ajoutait. La tuer était devenu impossible, elle faisait bel et bien parti de deux qu’il n’était pas capable d’achever de sang froid, mais l’idée de la mettre vivante dans une boire n’était pas à bannir. « Je t’ai fais vivre un enfer pour m’avoir trahi, Puis tu as voulu me faire vivre un enfer, d’ailleurs tu a loupé ton coup à pas grand choses, quelques heures de plus et j’étais … mort. Tu penses vraiment que je prendrais mes jambes à mon cou après tout ça ? » Qu’il lui demandait ironiquement. Il se fichait de son avis en réalité. « Tu n’es pas la première sur ma liste, donc d’étend toi. » Ajoutais-je finalement. « Je compte bien leur faire faire payer ce qu’ils m’ont fait et tu vas m’aider ! » Il n’allait pas passer par quatre chemins. « Mais avant tout, je vais avoir besoin de ton aide pour faire mon retour. » Son sourire en disait beaucoup sur ce qu’il envisageait. La soif de vengeance le tentait comme le diable et l’idée même de tenter de faire une alliance avec celle qu’il avait traquer le tentait davantage. « Fais comme chez toi, viens t’asseoir ! Tu es chez toi après tout. » Un geste de la main pour lui montrer le canapé, il baissait finalement son arme sans la quitter pour autant.
Avoir un intrus dans son salon devenait une habitude dont la jeune femme se serait passée bien volontiers. Mais plus que de trouver Strange chez elle à son retour du tour de pâté de maison, plus que de constater que celui-ci avait conquis Tiny en une poignée de secondes, c'était le constat de son sidérant manque de bon sens qui lui donnait envie de lui hurler à la figure toutes les insultes de son vocabulaire. Pourquoi revenir ? Pourquoi rester à Brisbane, se rendre chez elle ? Pourquoi n'était-il pas parti loin, aussi loin que possible, hors d'atteinte de la police, hors de sa portée à elle ? Pourquoi fallait-il qu'il se tienne là, si vivant que Lou se sentait revivre son échec une nouvelle fois, l'estomac noué et la gorge sèche, la voix dans sa tête martelant qu'elle n'était décidément bonne à rien. Elle ne l'avait pas tué et chaque bouffée d'air qu'il inspirait la narguait. Elle ne l'avait pas tué et n'était visiblement pas au bout de ses peines. Voilà, Mitchell Strange était en ville, toujours fier comme un paon, comme s'il ne s'était rien passé, comme s'il n'avait pas tiré les leçons. « Alex est mort, enterré, je ne veux plus t’entendre prononcer son nom, c’est clair ? » qu'il fulmina un instant, suscitant la surprise de Lou, les sourcils froncés. “Je crois que tu confonds avec un certain Mitchell, c’est lui qui a plus d’avenir à Brisbane après ce qu’il s’est passé. Et je préfère Alex, de toute manière.” De toute manière, maintenant qu'il avait explicitement montré son agacement vis-à-vis de son prénom de naissance, il pouvait compter sur l'esprit de contradiction de la jeune femme pour ne faire résonner plus que celui-ci à ses oreilles. « J’avais envie de voir ton joli visage, vivre dans un taudis pendant des semaines m’a rendu … Nostalgique ! » Elle ne savait pas comment le prendre, si c'était l'absence de confort qui lui avait rappelé une époque plus à son avantage, ou si c'était le taudis en question qui lui avait fait penser à elle d'une manière ou d'une autre. Honnêtement, elle ne voulait pas le savoir. “Compte pas sur moi pour m’asseoir sur tes genoux, hun'.” Elle serra un peu plus ses bras sous sa poitrine inexistante. Non sans ironie l'emploi du surnom qu'elle avait donné à tous ses clients à la grande époque du Club rappelait le chemin parcouru depuis la dernière fois qu'elle avait vendu sa dignité pour quelques billets. Désormais, son regard transperçait Strange comme d'égal à égal. « Je suis un homme d’action et si tu me connaissais bien, tu saurais que fuir ne fait pas partie de mes habitudes. Puis se retrouver seul au Mexique c’est pas vraiment attrayant tu ne trouves pas ? Tu as déjà voulu y aller ? Je t’y emmènerai un jour si tu veux. Dans un cercueil ou autre, à toi de voir ! » Agacée, Lou pinça le haut de son nez entre son pouce et son index, l'air de réprimer un sévère mal de tête. Un grand soupir traversa ses lèvres. “Après réflexion, t’as raison, c’est pas ton genre de fuir. Ton genre c’est de jamais savoir fermer ta gueule.” Non, rien n'avait changé contrairement à ce que Mitchell prétendait. Il n'avait pas changé, ni rien appris. Même frôler la mort n'avait pas suffi à faire dégonfler son égo d'un iota. Le plus frustrant était de savoir tout ce qui se dissimulait en dessous, l'humain derrière le personna, l'homme derrière le théâtre. Ses discours et ses grands gestes ne prenaient pas, parce que Lou l'avait vu vulnérable par deux fois ; à Melbourne, et y avait quelques mois. Il pouvait bomber le torse autant qu'il le voulait, l'australienne, elle, ne voyait là qu'une manière pour lui de se rassurer, de se croire encore en contrôle. Et cela était déplorable, dans le fond, qu'il s'accroche si fort à son orgueil face à la seule personne auprès de qui il pourrait être vrai. N'étaient-ils pas au-delà de ce cinéma ? « Tu n’es pas la première sur ma liste, donc détends toi. Je compte bien leur faire payer ce qu’ils m’ont fait et tu vas m’aider ! Mais avant tout, je vais avoir besoin de ton aide pour faire mon retour. » Son retour ? Elle souffla un léger rire du bout du nez. “C’est tout un plan que t’as là, hein.” Un plan dont elle était curieuse mais qu'elle devinait perdant d'avance. Il était illusoire de croire que Strange pourrait se sortir de sa situation. Puisqu'il persistait à rester à Brisbane, il y finirait coincé dans une cellule. « Fais comme chez toi, viens t’asseoir ! Tu es chez toi après tout. - Y paraît, ouais. » Le canon du pistolet enfin baissé, Lou ne douta plus de sa sécurité. Si Mitchell avait besoin d'elle, il la garderait en vie. S'il avait besoin d'elle, c'était qu'il était désespéré, et cette perspective là l'enchantait tout particulièrement. “J’ai des questions.” fit-elle de but en blanc une fois assise dans le canapé. Tiny vint s'installer à ses pieds. “Premièrement, à quel point t’es tombé bas pour me demander de l’aide à moi ? Et secondement, de quelle planète tu débarques pour croire que je vais t’aider à quoi que ce soit ?” Non seulement elle n'avait rien à y gagner mais elle n'en avait aucune envie. Il n'avait rien à lui offrir qui vaille la peine de tirer un trait sur sa volonté de le voir mort un jour. Il regretterait bien assez tôt de ne pas avoir quitté le pays.
La fierté de l’Américain avait pris un coup après le passage de son frère pour l’avertir que les flics étaient en chemin et encore plus lorsque la jeune femme lui tira dessus après l’avoir menacé avec son arme, mais ce qui l’avait le plus marqué c’était bien le fait d’apprendre que tout ça, était un plan élaborer par celle qu’il avait considéré comme une amie, bien avant de la considérer comme alliée. Il l’avait trahi, elle lui avait tourné le dos et avait obtenu sa revanche sans grand mal. Elle avait obtenu par la même occasion son trône. Il ne se considérait pas comme vaincu pour autant, non, c’était un battant et toute personne qui lui ferait face n’aurait pas le privilège de voir l’homme abattu qui avait pris place au fond de lui. Il vivait de plus en plus mal toute allusion à son prénom de naissance, Alexander, Alex, c’était trop pour lui, ça lui rappelait bien trop de mauvais souvenirs et ça lui rappelait la faiblesse que ce prénom lui apportait. « Alex est trop faible, il est mort depuis longtemps ! » Relançait-il. Il parlait de lui à la troisième personne, il balayait ses souvenirs par la même occasion.
Il riait face à sa remarque, mais elle avait raison, il ne fermait jamais sa gueule et c’est ce qui l’avait maintenu en vie jusqu’ici. Parler avait toujours été un moyen pour lui d’obtenir ce qu’il veut, la force venant uniquement en seconde place. Frôler la mort ne lui avait clairement pas servi de leçon, il comptait bien poursuivre sur le même type de chemin, bien que ce chemin s’éloignait de la personne qu’il était réellement. Mitchell Strange était finalement qu’un vulgaire personnage qui lui collait à la peau et peu de personne avait eu l’occasion de voir la lueur dans ses yeux. « Si dieu nous a donné la parole c’est pour l’utiliser non ? » Qu’il s’exclamait avec un sourire en coin. Bien évidemment qu’il avait un plan, sans lequel il n’aurait jamais pris le risque de faire une visite surprise à la jeune femme qui était sa seule chance de parvenir à ses fins : ne plus être un fuyard et ne plus voir son portrait à la une. Il allait sûrement regretter le fait de demander de l’aide à Lou Aberline, mais à l’heure actuelle elle était son unique chance et il devait ravaler sa fierté et la convaincre, chose qui était mal partie puisqu’elle n’hésitait pas elle-même à mettre en avant le fait qu’il était tombe bien bas pour venir la voir elle et ce qui la pousserait à accepter. Lou n’allait pas intimider le quadragénaire et c’est sans surprise qu’il se mit à sourire de plus belle après ses dires. « Je pense qu’il y a pire comme situation » Qu’il s’empressait de répondre en haussant les épaules. « Regarde-toi, t’être battu pour être à la tête d’une organisation criminelle que tu as montré de toute pièce, alors qu’au fond tu aspire à bien plus grand que ce petit gang. Tu me coupe si je me trompe hein.» il croisait les bras sans la perdre du regard. « Le club … » elle le voulait et il le savait. Malheureusement pour elle, tout ne s’était pas passé comme prévu. Elle n’avait pas tué Mitchell Strange, Raelyn avait prit le trône qu’elle convoitait et se retrouvait au même point de départ. « La vengeance … » ils avaient peut-être enfin un point commun depuis tout ce temps, le souhait de voir Blackwell six pieds sous terre. « Bien sûr tu n’y arriveras pas seule, il te manquera toujours quelque chose pour mener ta quête et je pense que la pièce manquante à ton puzzle c’est moi.» Il avait l’audace de prononcer ces mots et ne déviait à aucun moment son regard. Il était sûre de son coup, elle avait besoin de lui pour évoluer dans ce monde dans lequel elle avait réussi à se faire une place après être passé par le club. « Réfléchis … Si tu en es là aujourd’hui c’est grâce à moi et t’iras beaucoup plus loin avec moi, question de logique hun. » Il imitait son « Hun » avec le sourire par la même occasion. Mitchell Strange était à un stade ou la vengeance prenait le dessus sur son désir de récupérer son trône. A vrai dire il avait déjà pensé à sa réinsertion dans le monde du crime et le Club n’en faisait pas partie. Lui ce qu’il voulait c’était obtenir sa revanche sur ceux qui lui avait volé sa vie qui le tourmentait de jour en jour. En réalité il devait les remercier de l’avoir délivré de la tourmente, mais sa fierté une fois de plus prenait le dessus. Mettre une croix sur ce gang qui lui avait finalement apporté plus de mal que de bien n’était pas un réel un problème, mais passer pour un faible et se faire avoir l’était. Il avait perdu des plumes dans cette histoire, ses biens avaient été gelé tout comme une bonne partie de son argent. Son frère lui avait tourné le dos. Il pouvait passer sa vie derrière les barreaux s’il se faisait prendre et sa liberté n’avait pas de prix. « Et ce n’est pas avec un toutou comme Solas que tu arriveras à tes fins. Tu as besoin d’avoir de gros bonnets à tes côté … » Il était prêt à tout pour se venger et faire une alliance avec Lou Aberline en faisait partie. Il y avait pensé de nombreux jours seul dans l’appartement miteux qui lui servait de refuge. Des bouteilles avaient été vider et dans son esprit tout paraissait plus clair. « Ton prix sera le mien. » Parler d’argent ça il savait faire et ce même s'il ne lui avait pas encore fait part de ce qu'il attendait vraiment d'elle. Il avait beau être fauché officiellement, il était bien plus malin que ce que pouvait penser le fisc, un homme comme lui ne pouvait se contenter de quelques comptes en banques accessible par l’état Australien, oh non, il y en avait d’autres, un compte logé dans un paradis fiscal ou encore son compte aux Etats-Unis, le compte d’Alexander Strange. Il avait de quoi payer Lou si elle exigeait une grosse somme pour l’aider, mais son instinct le mettait en garde sur le fait que ça ne serait pas aussi facile, l’argent n’achetant pas tout, finalement.
« Alex est trop faible, il est mort depuis longtemps ! - Si j’avais su, j’aurais préparé un joli discours. » Lou rabattait ses longues tresses d’un mouvement aussi dramatique que les airs que se donnait Mitchell. Please. Il ne lui ferait pas gober pareil numéro, qu’importe à quel point il y croyait lui-même. Sa carapace était devenu son principal handicap depuis longtemps désormais, ce rôle qu’il se donnait et endossait avec exagération, se faisant plus grand que le monde. Mais lorsqu’il était nu comme un ver ou sur le point de se vider de son sang, l’illusion disparaissait, le masque tombait. Il n’y avait pas de Mitchell sans Alex, et l’inverse restait à prouver. L’un ou l’autre, Strange faisait bien trop de bruit pour un mort. Plus le son de sa voix résonnait dans l’appartement, plus l’erreur de Lou lui sautait à la figure ; si seulement elle n’avait pas perdu ses moyens ce jour-là, si seulement elle avait tiré dix centimètres plus haut. Il voulait négocier et elle n’était pas certaine de vouloir l’écouter. La curiosité était forte, la satisfaction de le voir ramper jusqu’à elle l’était plus encore. Et qu’importe à quel point il niait la gravité de sa situation, rien ne pouvait minimiser le fait que c’était vers elle qu’il se tournait. Elle et personne d’autre. « Regarde-toi, t’être battu pour être à la tête d’une organisation criminelle que tu as montée de toute pièce, alors qu’au fond tu aspire à bien plus grand que ce petit gang. Tu me coupes si je me trompe hein. » Elle l’aurait coupé volontiers si cela n’impliquait pas un discours plus long encore de la part de l’américain et elle préférait qu’il se contente d’aller droit au but. De toute manière, Lou avait appris à laisser la concurrence se méprendre au sujet de la Ruche, les sous-estimer ; on ne les voyait pas venir, et demeurer sous les radars était à leur avantage. « Bien sûr tu n’y arriveras pas seule, il te manquera toujours quelque chose pour mener ta quête et je pense que la pièce manquante à ton puzzle c’est moi. » Elle lâcha un rire. Elle ne pensait pas que tant d’égocentrisme puisse encore la surprendre de la part de Strange. “Toi ? T’es sérieux ?” Il l’était. Il ne doutait de rien, comme toujours. « Réfléchis … Si tu en es là aujourd’hui c’est grâce à moi et t’iras beaucoup plus loin avec moi, question de logique hun’. - A cause de toi. Nuance. » La voix de Lou trancha l’air avec froideur. Hors de question que le cowboy s’attribue le moindre mérite de ses accomplissements, cela revenait à considérer que la carotte faisait bouger la charrue. Lou s’était relevée seule des épreuves qu’il lui avait fait endurer, elle avait élaboré seule le plan visant à lui faire payer ces années de calvaire. Elle avait bâti la Ruche pour le détruire, lui et son précieux Club. Chaque pas, chaque décision, chaque fois qu’elle y laissait un peu de son âme, elle ne le devait qu’à elle. Elle ne l’avait pas vu dans les parages lorsqu’elle négociait ses premiers fonds avec les chinois. Il n’était pas là lorsqu’elle avait fait acquisition du bowling. Il n’était pas dans la pièce lorsqu’elle décidait comment couper le produit pour augmenter son effet et les profits. Et il était fort loin lorsqu’elle avait collé une balle dans la tête de Victoire avant de réduire l’appartement en cendres. Ce qu’elle devait à Mitchell Strange ? Un titre de traîtresse qui avait bien failli la tuer plus d’une fois. Le fait qu’on ne la prenne pas au sérieux, qu’on n’ait pas le courage de s’allier à elle. L’impression aliénante de ne pas pouvoir aimer et être aimée. La folie des grandeurs, peut-être. « Et ce n’est pas avec un toutou comme Solas que tu arriveras à tes fins. Tu as besoin d’avoir de gros bonnets à tes côtés … - J’ai pas besoin de m’entourer de gros égos paternalistes non, je crois pas. » C’était Lou qui s’imposait dans leur entourage et non l’inverse. Soit elle menait la danse, soit elle perdait tout intérêt. Mais elle n’était plus la petite chose de personne, qu’importe le nombre de zéros sur le chèque. Elle tournait le dos à quiconque essayait de la contrôler plutôt que d’avoir l’impression de se faire écarter les cuisses encore une seule fois pour obtenir quelque chose. « Ton prix sera le mien. » avait conclu Strange au terme d’une tirade ayant hérissé chaque poil sur les bras de Lou. Elle aurait sauté dans la cuisine pour récupérer son arme s’il n’était pas susceptible de tirer avant qu’elle fasse plus de deux pas.
“Donc t’es bel et bien désespéré.” souligna Lou en croisant les jambes. Mitchell pouvait le nier si cela l’amusait de perdre sa salive, qu’importe. Il était venu la chercher, elle. Il avait besoin d’elle. Le reste n’était qu’un écran de fumée. “J’ai pas besoin de toi, Alex. Comme tu dis, j’ai monté la Ruche seule. Et je la gère parfaitement, seule. Désolée si ça te fait mal de l’admettre, mais t’es pas indispensable. Ni au Club, et encore moins à la Ruche. J’ai les contacts. J’ai l’argent. T’as rien à m’offrir dont j’ai besoin parce que tout ce que tu as eu un jour appartient désormais à Raelyn et Alec.” Les fournisseurs, les distributeurs, les stocks, les planques, tous les numéros dans les petits papiers. Comptes gelés, sociétés écrans à l’arrêt, restaurant saisi ; Strange n’avait rien à donner car il n’avait plus rien tout court. Du reste, plutôt manger du verre pilé que d’accepter d’être achetée. “J’aurais l’air de quoi, d’accepter que le boss déchu rejoigne mes rangs ?” Est pris qui croyait prendre ; lorsque les rôles étaient inversés et qu’elle le suppliait de la reprendre, Mitchell lui avait fermé les portes de l’exacte même façon. Et c’était avec plaisir qu’elle lui renvoyait la pareille. “Avec les flics au cul en plus, t'es définitivement qu'un aimant à emmerdes.” Tout indiquait que Lou serait perdante en lui tendant la main. Le fait était qu’elle ne savait même pas dans quel but Mitchell cherchait à la persuader de l’aider. Il ne lui avait pas exposé de plan, et encore moins les bénéfices qu’elle en tirerait par rapport aux risques entrepris. "Maintenant tu vas arrêter de me prendre pour une conne. Tu vas me dire quelle est ta stratégie et ce que tu attends vraiment de moi là-dedans. Et si ça me paraît censé, alors uniquement là on causera prix."
Il avait essayé au fil des années d'enterré ce qui restait d'Alexander Strange, il ne voulait plus endosser ce personnage qui s’avérer être son vrai lui. Alexander Strange était le reflet parfait de la tristesse, de la déception et de l’échec. Alexander Strange avait rater sa vie et avait été témoin de l'effondrement de sa famille. Il avait vu sa mère baignant dans son sang sur le sol de la cuisine et avait été témoin de l'acte de son petit frère Finnegan. Il avait volé une voiture qui appartenait à une grosse tête de la drogue de Vegas et la liste était encore longue. Mitchell lui c'était la renaissance, l'identité pour sa nouvelle vie qui s'était plutôt bien déroulé jusque-là. Mitchell ne réfléchissait pas à deux fois avant d'agir -ce qui était d'ailleurs son plus grand défaut- Mitchell avait semé la crainte autour de lui et avait été respecté jusqu'à finalement sombrer comme le Titanic. Finalement il en venait à se demander si une part d'Alec n'avait pas manqué durant tout ce temps. S'il était resté fidèle à lui-même au lieu de se construire un rôle il n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Il prenait comme exemple son propre frère qui malgré leur vie avait su resté dans ses bottes et ne s'était pas éloigné de sa réelle personnalité.
Mitchell avait traversé une phase ou il s'était posé de nombreuses questions existentielle. Faisait-il le bon choix en fuyant ? Devait-il poursuivre sur cette voie ? Pouvait-il espérer se ranger et tourner le dos une bonne fois pour toute à ce monde ? Des questions qui ne trouvaient pas de réponses. L'illégalité était encré en lui et sa seule destination actuelle était bien celle de la vengeance. On lui avait tout volé, sa dignité avec. Il avait frôler la mort et se trouvait actuellement dans l'appartement de celle qui aurait pu mettre fin à la vie de l'Américain. Il prenait ça comme un signe et non une chance. Il s'était même demandé si elle avait fait exprès de le louper durant un instant. Il avait des projets et le seul nom qui lui venait à l'esprit pour l'aider à atteindre son but était bien celui de Lou Aberline. Il n'allait pas la convaincre avec de belles paroles et il s'en rendu compte assez rapidement lorsqu'elle se mit à rire alors qu'il lui faisait savoir qu'il était la solution à ses souhaits qu'elle ne criait pas haut et fort. Il tentait de lire en elle comme il le faisait autrefois, il savait qu'au fond le pouvoir la tentait et que la Ruche ne pouvait être suffisante quand un autre gang auquel elle avait appartenu dominait encore les rues. Il lui faisait savoir qu'elle lui devait beaucoup pour en être là aujourd'hui, bien qu'elle voyait la chose autrement. C'était sa faute à lui. La faute à l'Américain si elle vivait sa meilleure vie, ce qu'elle n'avouait pas il en était certain. « Oui j'oubliais, c'est moi le grand méchant, je t'ai forcé à créer ton propre gang et à continuer à être sur le mauvais chemin, arrête !» Qu'il s'exclamait. « Tu aimes être là ou tu es actuellement et tu ne pourras me convaincre du contraire. C'est jouissif d'avoir du pouvoir et ce n'est pas pour t'offenser, mais je trouve qu'il y a beaucoup de similitude avec mes façons d'agir. » qu'il disait en levant les mains sans lâcher son arme pour autant. «C'est peut-être inconscient de ta part, mais j'étais et je suis toujours un model pour toi. Ne le nie pas, ça ne changera pas ce que je pense.» Qu'il disait sur de lui comme toujours. «Je t'ai rendu un grand service en te traquant, du moins c'est ce que je voulais te faire croire, mais tu le sais déjà que je ne voulais pas réellement te tuer. » Il marquait une pause. «C'est ce qui t'as poussé à faire ce que tu fais aujourd'hui, tu ne dépend plus de personne. En parti.»
Après tout un discours qui visiblement ne l'atteignait pas, l'argent arriva sur la table. Si le pouvoir ne l’intéressait pas, peut-être que l'argent si. Il était prêt à payer pour obtenir l'aide nécessaire si c'était la solution. « Désespéré ? Oui un peu, j'ai envie de retrouver une vie normale sans avoir à me cacher au fond du trou du monde.» Avouait-il contre toute attente. Il n'allait pas lui dire le contraire, autrement il n'aurait aucune raison de venir lui demander de l'aide.
Il riait, il ne pouvait pas s'en empêcher. «Donc tu te contente de ce que tu as ? Aucune ambition ? Aucune envie d'agrandir ce petit gang pour prendre le dessus ?» Il marquait une légère pause. «J'ai des contact que personne peut avoir, des contact qui peuvent tout fournir.» Ces nombreux voyages servaient également pour le business et ces contact là ne figurait pas sur le cahier des charges du Club, façon de parler. «Tu veux en savoir plus c'est normale.» Qu'il disait en se redressant. «J'ai un contact qui va m'empêcher la prison ferme, mais il me faut des preuves et pour ça j'ai besoin de toi, car tu as les contact. Si je n'étais pas recherché j'aurai pu me débrouiller, mais prendre contact avec ces personnes serait trop risqué.» Qu'il disait avec franchise. «Il me faudrait juste un faux bail, de quoi prouver que mon appartement était loué à x personne et que je n'ai rien à voir avec tout ça. Après ça, je reviens en ville, je me venge puis je m'oriente vers de nouvelles aventures.» Il parlait avec beaucoup de naturel, faisant comme si sa demande était légitime. «Plus d'emmerdes pour pouvoir t'apporter mon aide en retour.» Il chercha son regard. «Ne me dis pas que l'idée de renverser Raelyn et son gugus ne te donnent pas envie. Tu sais, tu pourras demander à tes contact de faire ce que tu veux, mais si au fond ils n'ont pas la rage et la volonté de le faire, ils ne le feront pas correctement, alors que moi, à mon stade je n'ai rien à perdre. » Il tentait une nouvelle fois de la rallier à sa cause, il ne passait pas par quatre chemins et jouait la franchise, mettant le bluff habituel de côté. «Tu m'aide et je te rend la pareille, en souvenirs du bon vieux temps.» Qu'il ajoutait en se levant s'approchant d'elle. «Je pense qu'il serait temps d'oublier le passé et d'ouvrir un nouveau chapitre.» Il n'en disait pas plus, à quoi bon ?
Bien sûr qu’il était le grand méchant. Bien sûr que tout était de sa faute. Car si ça ne l’était pas, alors Lou serait forcé de se demander qui d’autre pourrait être à l’origine de ses malheurs, et la quête de la réponse la pousserait à se regarder dans le miroir. Et elle n’avait jamais été douée pour se regarder elle-même dans les yeux. Alors Strange était blâmé pour tout et Aberline niait la satisfaction qu’elle tirait d’être à la tête de la Ruche, d’avoir ce pouvoir ; c’était un devoir, pas un loisir. C’était une promesse. Elle refusait de voir à quel point ils étaient similaires, Mitchell et elle, malgré tous ceux qui n’avaient pas manqué de le lui souligner. Elle grimaçait lorsqu’il le soulignait lui-même, retrouvant ses habitudes et ses stratégies dans les décisions de la jeune femme. Elle avait tout appris de lui, s’était inspirée de ce qu’elle avait vu en coulisses, mais préférait se couper la langue au couteau à beurre que de l’admettre. Encore une fois, l’américain redoublait de narcissisme en prétendant que la traquer pendant toutes ses années était probablement la meilleure chose qui ait pu arriver au petit animal apeuré qu’elle était. Que la peur de la mort à chaque coin de rue l’avait fortifiée jusqu’à former ce qu’elle était désormais. La volonté de survivre, la colère et la vengeance l’avaient changée, oui. Le tout était de savoir à quel point le pouvoir l’avait fait dévier du chemin qu’elle s’était tracé, si elle était capable de se trahir elle-même en répondant à l’appel de Strange. Le truc, avec lui, c’était qu’à chaque fois qu’il se trouvait dans la même pièce, la tête de Lou se remplissait de souvenirs jusqu’à saturation. Jusqu’à ce que le passé soit tout ce qu’il y avait. Et alors qu’elle le fixait, détaillant son visage, elle se souvenait de la manière dont sa barbe frôlait sa peau, le parfum de son after-shave, et à quoi ressemblaient ses rires lorsqu’il n’avait pas besoin d’être le grand méchant. Le présent était tellement moins plaisant que ces moments. «Donc tu te contente de ce que tu as ? Aucune ambition ? Aucune envie d'agrandir ce petit gang pour prendre le dessus ?» Bien sûr que Lou en avait l’intention. Rien ne pressait ; elle avait compris qu’elle devait ériger des fortifications avant de partir en guerre. Alors elle avançait ses pions, tour par tour, étape par étape. "Tu sais rien de mes ambitions." fit-elle tout simplement. Elle n’avait rien à lui prouver en énumérant ses plans.
Mitchell, lui, étrangement, joua cartes sur table avec une honnêteté déconcertante. Lorsqu’il commença à lui expliquer la manière dont il comptait éviter la prison, Lou fut tentée de ne pas le croire ; cependant, à y réfléchir, l’américain n’avait rien à gagner à lui mentir de la sorte à ce sujet. Il voulait son aide et s’avouait lui-même aux abois. Il n’avait tout simplement pas le choix. La jeune femme se fit donc attentive, le regard plissé avec grand sérieux, la garde toujours bien haute. Elle comprenait la stratégie consistant à faire porter le chapeau à un autre en prétendant que les drogues trouvées dans son appartement appartenaient à un locataire et qu’il n’en savait rien. Elle songea que cela pouvait fonctionner assez aisément ; en réalité, ils avaient simplement besoin d’offrir à leurs amis dans les rangs de la justice un scénario juste assez crédible pour faire oublier toute l’affaire. Lou pouvait en effet leur trouver un bouc-émissaire en un rien de temps ainsi que la paperasse nécessaire à la création de ce faux bail. Le fait que tout ceci puisse concrètement fonctionner rendait l’aventure tentante et la contrepartie plus convaincante. «Ne me dis pas que l'idée de renverser Raelyn et son gugus ne te donne pas envie. Tu sais, tu pourras demander à tes contacts de faire ce que tu veux, mais si au fond ils n'ont pas la rage et la volonté de le faire, ils ne le feront pas correctement, alors que moi, à mon stade je n'ai rien à perdre. - Rien à perdre mais tout à gagner. Tu débarques, je dégage Raelyn pour toi et tu reprends ton trône comme si de rien n'était en me laissant les miettes.» Un scénario qui n’aurait rien de surprenant venant de Mitchell Strange. Aberline n’achetait pas son couplet sur les “nouvelles aventures” vers lesquelles il souhaiterait se diriger. Il ne se rangerait jamais. Comme elle, il avait cet univers dans le sang.
Tandis qu’il se levait, Lou le suivait du regard. Ce qu’il lui demandait était simple. Ce qu’elle gagnerait n’avait pas de prix. Ou peut-être pouvait-elle en imposer un qui lui permettrait d’avancer plus de pions. Cet hôtel n’allait pas s’acheter tout seul. «Je pense qu'il serait temps d'oublier le passé et d'ouvrir un nouveau chapitre.» Elle lâcha un rire. Ils étaient l’un comme l’autre trop attachés à ce fameux passé pour tout bonnement tirer un trait dessus et aller de l’avant sur des bases nouvelles. C’était les fondations de leur dynamique. "Ça n'arrivera pas. Parce que je te hais et que j'ai aucune confiance en toi." Pas des bases idéales pour démarrer une collaboration. Pourtant, Lou se leva à son tour et se planta face à Strange sans ciller. “Je vais t’aider, mais ça va te coûter… un million.” Non négociable, non remboursable, et clairement pas déductible des impôts. “Je te l’ai dit, tu sais rien de mes ambitions.” Un million, elle se fichait d’où il provenait et de combien de personnes différentes avaient dû mourir pour rassembler cette somme. Un million, ni plus ni moins, qui s’ajouteraient au reste de ses fonds pour acquérir l’établissement qu’elle convoitait pour la suite de ses opérations. “Et si j’ai le moindre soupçon que t’essayes de me la faire à l’envers, je te jure que cette fois je viserai la tête. Compris ?”
Il laissait échapper un rire sarcastique. Que savait-il de ses ambitions ? Bien plus qu'elle ne pouvait imaginer. Ce n'était pas difficile à en savoir plus d'après lui. La petite Lou Aberline voulait poursuivre sa croissance. Ce qui devait être avant tout une histoire de vengeance se transformait en un réel projet de vie. Elle voulait grandir, elle en voulait plus et voulait définitivement la couronne sur sa tête. «Tu as sûrement les mêmes ambitions que les miennes vingt ans plus tôt ! Ce n'est pas compliqué à savoir. » Qu'il disait naturellement. «L'argent, le pouvoir, ... » Qu'il commençait avant de s'arrêter avec un air purement théâtral. «Ma tête sur un piquet ...» Il levait les yeux au ciel. «Quoi d'autre ? Y'aurait-il quelque chose que je n'ai pas dit ? Quitter ce monde ne fait en tout cas pas partie de tes plans ! » Le monde du crime et le monde des vivants à vrai dire. «On sortirai plus rapidement de cette discutions si tu étais franche avec moi … ma douce !» Qu'il ajoutait en haussant les sourcils, prenant finalement un tout autre chemin que celui qu'il avait emprunter lors de son arrivé dans l'appartement de la mafieuse. Celui de la franchise.
Elle se montrait finalement attentive à ce qu'il disait et ne manqua de rebondir sur ce qu'il venait de dire. Allait-il en profiter pour récupérer son trône ? Retourner à la place qu'il occupait ? Se retrouver à nouveau à la tête du Club ? Une part de lui pourrait être tenter par cette ambition là, mais il était assez intelligent pour savoir que ce n'était pas le chemin à suivre, oh non ! Il était déterminé à se venger, sa fierté en avait pris un coup et il ne pouvait pas faire autrement, mais il comptait bien aller de l'avant. «Je n'en veux plus de ce trône. Mes ambitions sont bien plus grande qu'un gang trônant sur Brisbane. C'était une belle aventure, mais je vois mon avenir autrement.» Les idées ne manquaient pas et seul le temps allait lui permettre d'évoluer. En attendant il devait se sortir du merdier dans lequel il se trouvait et seul Aberline pouvait l'aider. Il faisait quelques pas tout en écoutant ce que la jeune femme avait à lui dire alors qu'il mettait en avant le fait d'oublier le passé. «C'est légitime de ta part de ne pas me faire confiance, je comprends.» Son empathie faussement mise en avant, il plissait les yeux avant de très vite rebondir. «Je ne te fais pas non plus confiance si ça peut te rassurer.» Elle mourrait d'envie de le voir six pieds sous terre donc non, il ne lui faisait clairement pas confiance. «Un million ?» Qu'il récapitulait en fronçant les sourcils. «Rien que ça ?» Ajoutait-il ironiquement. Il avait l'argent, là n'était pas le problème, mais avait-il envie de lui donner une telle somme ? Et surtout que comptait-elle faire avec ? Les questionnements ne manquèrent pas d'envahir l'esprit de l'Américain. Elle ne demandait pas autant d'argent pour aller se dorer la pilule sur une île, non, elle avait une idée bien précise, sûrement un projet et il ne se retenu pas de le lui demander. «Je ne veux pas paraître indiscret, mais que veux tu faire avec un million ?» Elle n'allait sûrement pas lui étaler ses plans d'achat, mais ça ne l'empêchait pas d'essayer. «Admettons que je te donne cette somme, qui me dis que tu ne vas pas vouloir m'en demander encore plus par la suite ?» Finalement la confiance allait dans les deux sens. Il lui demandait son aide, mais ne lui portait pas une confiance aveugle, loin de là. «Crois-moi, l'idée de jouer à ce petit jeu du chat et de la souris ne me traverse même pas l'esprit et tu me déçoit !» Il marquait une pause. « Beaucoup !» Il plongea son regard un petit instant dans le sien. « Tu devrais savoir que j'ai qu'une parole, si on fait un deal, j'irai au bout de mes engagements, ne me fait pas passer pour un rat, j'ai toujours tenu parole. » Il marquait une petite pause lui permettant de réfléchir un petit instant. « J'ai cinq cent mille à porté de main, le reste tu l'auras à point nommé, une fois que je serai sortie d'affaire. » C'était la base de tout arrangement, donnant, donnant. « Puis une fois ton argent en poche tu n'entendra plus parler de moi si c'est ce que tu souhaites, bien que je me répète, mais je pourrai t'être d'une grande aide, tu ne t'en rend juste pas encore compte pour le moment, tu restes dans cette rancune interminable et tu passes à côté de pleins de choses ! » Il baissait la tête pour pouvoir la regarder droit dans les yeux. «On a un accord ?» Qu'il demandait en lui tendant la main sourire en coin.
Le parallèle était insupportable et les énumérations de Strange lui filaient des acouphènes. La trinité argent-pouvoir-vengeance, il la connaissait pour avoir été dans les chaussures de Lou des années plus tôt ; voilà que la demoiselle croyait pouvoir apprendre au vieux singe à faire la grimace. La seule fois où elle était parvenue à le surprendre, le prendre de court, c’était dans cette fameuse maison de banlieue où elle avait été incapable d’aller au bout des choses. Du reste, elle était trop transparente, trop lisible -c’était l’impression qu’il lui donnait en tout cas. La réalité était que, qu’importe à quel point elle voulait s’en persuader, elle n’avait rien d’unique. Aberline n’était qu’une gosse gavée d'orgueil supplémentaire dans un monde armé d’autant de gros bras que de gros égos. C’était de sa meilleure moue boudeuse, exigeante et incrédule que la jeune femme réfutait une à une les promesses de Mitchell. Elle ne pouvait rien croire de ce qui sortait de sa bouche, rien en dehors de sa volonté de blanchir son nom, et elle le lui fit bien comprendre. S’il espérait la prendre à revers, la manipuler comme une idiote, il serait déçu ; cette Lou là, naïve et perdue, ne faisait plus partie du paysage depuis un certain temps. Elle avait la ferme intention de parler d’égal à égal avec l’ancien chef de gang, maintenant qu’elle estimait s’être hissée à son niveau. « C'est légitime de ta part de ne pas me faire confiance, je comprends. Je ne te fais pas non plus confiance si ça peut te rassurer. » Qui pouvait affirmer le contraire dans leur milieu, après tout ? La brune n’avait foi qu’en Solas, au fond. Le reste n’était qu’une bande d’opportunistes qui lui tourneraient le dos ou attendraient de planter un couteau dans le sien au moindre signe de faiblesse. Mais elle ne finirait pas comme l’américain, quoi qu’il arrive. Il était vulnérable au point de s’allier à elle, et plutôt que de sauter sur son flingue dans la cuisine dans l’espoir de mettre bel et bien sa vengeance à exécution, Lou vit une opportunité. Une porte qu’elle ne pouvait ouvrir qu’en ne mettant sa fierté de côté plus qu’elle ne l'eût jamais fait. Et ça lui filait un ulcère rien que d’y songer, d’entrevoir cette possibilité. Ce n’étaient pas les grands discours sans substance de Strange qui l’avaient convaincue mais la raison -la fameuse, trop souvent aux abonnés absents. Il avait plus de valeur vivant que mort. Pour le moment. Une valeur qu’elle estima à la louche, visiblement bien en deçà du prix du marché à en voir la réaction de l’américain. « Un million ? Rien que ça ? - Rien que ça. » Avec cela, Lou pourrait s’offrir le fameux hôtel en cadeau de Noël envers elle-même sans mettre à mal les comptes du gang d’un centime. Elle devait garder de la marge pour les affaires en cours, et une part pour lancer le futur, les plans dans ce nouveau cadre. Elle ne jouait pas avec l’avenir ; la Ruche était devenu son bébé bien plus rapidement qu’elle ne l’avait pensé. Une création dont elle ne souhaitait plus se séparer, encore moins pour avoir la tête de Mitchell sur une pique. Sa vengeance, elle l’aurait en allant plus haut que lui sous ses yeux, de son vivant. « Je ne veux pas paraître indiscret, mais que veux tu faire avec un million ? - Me payer un gros diamant, des dents en or, un penthouse, va savoir. » Elle haussa les épaules, un sourire aux lèvres signifiant sans gêne à quel point elle se payait sa tête. Il ne saurait rien de ses ambitions. Ils n’étaient pas partenaires. « Admettons que je te donne cette somme, qu’est-ce qui me dit que tu ne vas pas vouloir m'en demander encore plus par la suite ? - Rien. Tu me connais, j’ai facilement les yeux plus gros que le ventre. » Encore une fois, elle se jouait de lui, et il était bien trop aux abois pour faire quoi que ce soit qui la remettrait à sa place. Un mot trop haut, et elle lui refuserait sa coopération d’un claquement de doigts. C’était à lui de faire ses preuves, de la convaincre qu’il ne lui ferait pas perdre son temps et ses ressources. Pourtant il était beau parleur, elle le connaissait bien. Il mentait comme il respirait et parvenait quand même à s’en défendre, comme si elle ne déchiffrait pas ses manies et ses expressions sur le bout des doigts. « Tu devrais savoir que j'ai qu'une parole, si on fait un deal, j'irai au bout de mes engagements, ne me fait pas passer pour un rat, j'ai toujours tenu parole. - Bien sûr, c’est exactement pour cette raison que tout le monde te connaît sous le nom de Mitchell Le Vertueux. » Malheureusement pour lui, c’était bien le terme de rat qui avait le plus de chances d’être accolé à son nom que n’importe quelle qualité qu’il s’inventait. Il avait fait trop d’erreurs pendant trop longtemps pour espérer pouvoir se raccrocher encore à ses années de gloire. Lou savait mieux que quiconque que le moindre pas de travers n’était jamais oublié. « J'ai cinq cent mille à portée de main, le reste tu l'auras à point nommé, une fois que je serai sorti d'affaire. » Elle leva les yeux au ciel. La pacte était juste, mais Strange n’était pas en mesure de négocier à ce point. Il cherchait probablement à garder une police d’assurance ; si elle n’exécutait pas sa part du marché, elle n’aurait pas l’autre moitié de la somme désirée. Qui faisait passer l’autre pour un rat ? « Puis une fois ton argent en poche tu n'entendras plus parler de moi si c'est ce que tu souhaites, bien que je me répète, mais je pourrai t'être d'une grande aide, tu ne t'en rends juste pas encore compte pour le moment, tu restes dans cette rancune interminable et tu passes à côté de pleins de choses ! » Yes, daddy. Aberline n’avait jamais été douée pour écouter les leçons, trop d’esprit de contradiction. Elle se ferait son idée en temps et en heure, à propos de la valeur de Mitchell une fois blanchi. Ne pas mettre la charrue avant les bœufs, prudence est mère de sûreté ; avec quelqu’un comme lui, il n’y avait jamais assez de proverbes pour vous mettre en garde. «On a un accord ?» La main de l’américain se dressa devant elle et immédiatement un frisson crispa son dos jusqu’aux épaules. Ses phalanges se rétractèrent pour former deux poings de part et d’autre de son corps, comme une mise en garde ; pas envers lui, envers elle. Cette réaction physiologique lui hurlait de faire machine arrière tant qu’elle le pouvait encore, tout son corps devinait les regrets à venir, cette trahison de ses propres principes qui finiraient par lui bouffer les tripes. Serrer cette main, c’était renoncer, c’était bafouer des promesses. C’était une décision qu’elle ne pourrait jamais retirer. Lou avait beau se dire que désormais on attendait d’elle d’être plus maline que ça, que d’être motivée par sa rage, sa vendetta personnelle, qu’elle devait aller au-delà pour espérer avancer plus loin, elle ne pouvait s’empêcher d’appréhender l’ampleur de la déception qu’elle ressentirait, que tous ressentiraient, en la voyant capable de cracher sur ses propres résolutions. Pourtant elle se vit lever la main à son tour et la placer dans l’étreinte chaude de Mitchell. “...deal.” elle souffla, persuadée sur le moment de faire le meilleur choix avant de le regretter dans la seconde. La chaleur était brûlure, la promesse était poison. Elle voulut lui arracher ses doigts, n’eut pas le courage de le faire ; trop tard. Toute la haine qu’elle ressentait envers lui jusqu’à présent fit volte-face pour la cribler de culpabilité et de dégoût. La voilà cible de sa propre colère. Sa main retomba mollement. Elle n’avait plus qu’à se mettre au travail, alors.