Décembre 2009 Premier retour à Brisbane depuis que tu as déménagé à Melbourne. Tu reviens surtout pour voir ta soeur qui adore les fêtes de Noël. Tu veux lui faire plaisir, t’es un peu toi même le cadeau. Ça c’est une bonne chose. Pas besoin de t’embêter à trouver quoi que ce soit, mais tu lui as quand même pris quelque chose bien sûr. Penny est la personne pour qui il est très aisé de trouver un cadeau contrairement à tout le reste de ta famille. Tu gardes l’excuse de ta présence comme cadeau car tu n’as rien pris pour tes parents oups. T’es passé chez tes parents pour poser tes affaires car à la base, tu allais passer la semaine là bas mais… Au final tu as envoyé quelques messages à Naomi, te disant que les chances de dormir chez elle sont plus grande que chez quiconque d’autres de ton entourage. Tu ne parles que pour ce soir, Noël étant dans une poignée de jours. Vous avez gardé contact malgré votre rupture l’année d’avant. Vous avez été un couple pendant plus d’une année et autant les débuts étaient, à ton avis, parfait, autant la suite était beaucoup plus périlleuse. Vous n’étiez pas dupe mais vous avez toujours réellement apprécié la compagnie l’un de l’autre. Vous étiez déjà des amis plus que des amants pour la majeur partie de votre relation. Tu y as mis un point final alors que tes plans de vivre à Melbourne se sont dessinés. T’as mis ça comme excuse mais c’était pour faire bonne figure. Il est difficile pour toi de dire ton ressenti car c’est toujours assez flou et douloureux à ce niveau là.
C’est comme ça que tu te retrouves devant chez elle, avec ta petite valise parce que… Parce que tu le sens juste pas chez tes parents. Tu te sens réellement mal et tu n’as pas tenu plus de quelques heures là bas. D’être de nouveau entre ces murs et si proche d’eux. Ta liberté te manque déjà et c’est chez Naomi que tu la retrouves. Quand elle ouvre la porte tu lui fais un très faible sourire. « Hey… » Tu vas naturellement la prendre dans tes bras et tu fais durer l’étreinte bien trop longtemps. Faut dire que ça fait une éternité que vous vous êtes pas vu et qu’elle t’a réellement manqué en plus du fait qu’elle te fait te sentir mieux juste de par sa présence. Tu te détaches doucement, la regardant.« Tu me sauves là tu sais… » Ta façon de dire merci sans dire merci parce que c’est dur à dire ces mots là. « Toujours aussi belle. » Naomi a toujours été une oeuvre d’art à tes yeux, sa beauté est exceptionnelle et ce n’est pas une année de plus dans ses jambes qui a changé ça.
Les fêtes de fin d’année approchaient à grand-pas et, une fois n’est pas coutume, Naomi se demandait bien comment elle allait occuper ces soirées familiales. Pour sa part, il y avait bien longtemps que ses attaches biologiques s’étaient éteintes ; elle était sans racine, seule, et ne pouvait donc que compter sur elle-même. Sa mère l’avait abandonnée lorsqu’elle était jeune, incapable de s’occuper d’un enfant alors que sa principale préoccupation tournait autour des doses d’une drogue quelconque dont elle avait besoin pour affronter la journée. Son père avait dû sentir le traquenard, puisqu’il était parti en apprenant que la mère de Naomi — ou, plus exactement, Sofiya — était enceinte. Quant à la grand-mère de l’escort-girl, elle avait été épuisée par une vie de labeur et un enfant dont elle avait dû s’occuper sur le tard ; sans grande surprise, elle n’avait pas fait de vieux os et avait poussé son dernier soupir quelques années plus tôt. Naomi, en dépit des tourments qu’elle lui avait fait vivre, en avait été peinée ; le seul exemple qu’elle avait, la seule figure maternelle qu’elle connaissait ne serait plus là pour la soutenir et l’épauler. Plus là pour la prendre dans ses bras, la consoler, lui dire qu’elle devait s’accrocher. Elle s’était retrouvée seule — et s’était donc donnée corps et âme dans le travail, bien décidée à grimper les échelons. Et bien décidée, surtout, à prouver qu’elle pouvait être une femme forte et fière.
Elle avait été excitée comme une puce, dès l’instant où Asher lui avait dit qu’il rentrerait à Brisbane pour les fêtes de fin d’année. Ils avaient prévu de se revoir, mais le cadet des Buckley lui avait fait savoir qu’il préférait fuir la demeure familiale — trop compliqué. Pour changer, songea-t-elle avec une pointe d’amertume. Mais les déboires d’Asher avec ses parents arrangeaient bien les affaires de l’escort-girl, puisque ça lui permettrait de le voir encore plus que prévu. Elle sautilla sur place lorsqu’il sonna chez elle, et elle s’empressa d’aller lui ouvrir et de se jeter dans ses bras pour une étreinte bien méritée. « Je me suis demandée si tu allais passer. » Avoua-t-elle du bout des lèvres, alors qu’il avouait qu’elle lui sauvait la vie en l’autorisant à rester chez elle. Ils s’étaient séparés quelques mois auparavant et, sans grande surprise, leur relation s’était quelque peu distendue. En même temps, n’était-ce pas le lot de tout couple qui se sépare ? On prend du temps pour soi, on prend du recul, on panse ses plaies, et ensuite on peut envisager l’écriture d’un nouveau chapitre. C’était exactement ce qui était arrivé à l’escort-girl, après l’échec de sa relation avec Asher. Bien sûr, elle avait rapidement compris que ce ne serait pas pour la vie. Elle s’était vite aperçue que les préférences de son compagnon n’étaient pas réellement là où il le prétendait. Alors oui, Naomi parvenait à lui apporter une forme qu’équilibre et de stabilité. Oui, elle avait bousculé sa vie. Mais ça ne suffisait pas, et ça ne suffirait jamais. Elle gloussa, alors qu’il lui faisait remarquer qu’elle était toujours aussi belle. « Arrête avec la flatterie. » Dit-elle en lui donnant une légère tape derrière la tête. Elle déposa ses lèvres sur sa joue, et se recula finalement d’un pas tout en gardant ses mains sur ses épaules. « Cela dit, tu n’es pas mal non plus. » Fit-elle remarquer. Elle fit glisser ses mains le long de ses bras, et déposa ses paumes par-dessus les siennes. « L’air de Melbourne te réussit, à ce que je vois. » Dit-elle en souriant, avant de l’entraîner à sa suite. Sa valise pouvait rester dans l’entrée pour le moment ; ils avaient du temps à rattraper, tous les deux. Elle le guida jusqu’au canapé, et le fit s’installer. « Tu veux boire ou manger quelque chose ? » Demanda-t-elle. Puisqu’ils se voyaient trop peu au goût de l’escort-girl, cette dernière avait décidé d’être une hôtesse irréprochable.
« Je me suis demandée si tu allais passer. » Elle est si contente de te voir, ça te fait beaucoup de bien. Tu sais que c’était la bonne chose à faire, la meilleure chose, la seule chose. Sa réaction te le confirme au delà de tes espérances. Au moins une personne dans cette ville - en dehors de ta soeur - qui est heureux de te voir et dont la réciproque est tout aussi vrai. Même si votre rupture est encore fraîche dans vos derniers moments en chair et en os, tu as bien l’impression qu’il n’y a pas de malaise. Tu ne savais pas à quoi t’attendre de visu, même si par messages tout se passe bien, tu sais que dans la réalité ça peut être tout autre chose.
« Arrête avec la flatterie. » « C’est la vérité. »
Elle t’embrasse la joue. Le sourire sur ton visage et tes yeux sur elle le prouve. Tu ne le lui dis pas pour lui faire plaisir uniquement. Ce n’est que la vérité pure et simple. Elle ne sait juste pas accepté le compliment. Tu sais, tu es pareil. Mais ça fait du bien de se l’entendre dire malgré tout, alors tu t’en donnes à coeur joie. Surtout que tu avais presque oublié combien elle est magnifique. « Cela dit, tu n’es pas mal non plus. » T’as presque le réflexe d’aller poser tes lèvres sur les siennes afin de la faire taire. C’est ta façon à toi d’accueillir les compliments. « Shhh. » Ce que tu te contenteras de lui répondre alors qu’elle va te prendre par les mains après avoir glisser ses mains sur tes bras. Tu apprécies absolument toutes ses attentions et gestes. Ca te fait du bien. Tu n’as pas été proche de quelqu’un de la sorte depuis longtemps. « L’air de Melbourne te réussit, à ce que je vois. » Tu hoches la tête pour confirmer ses mots avant de la suivre à l’intérieur. T’as déjà oublié ta valise. Naomi est bien plus intéressante.
« Tu veux boire ou manger quelque chose ? » « Ouais. N’importe. Ce que tu as. Ce que tu prends. »
Car elle a de très bons goûts et vous vous êtes toujours entendu là dessus. Tu la suis jusque dans la cuisine. « Si t’as une bière ou… Du whisky. » Tu te tentes quand même à demander de l’alcool malgré ta réponse précédente. Ca te ferait le plus grand bien. Tu la regardes évoluer dans sa cuisine alors que tu réfléchis comment tu peux lui demander si tu peux rester toute la semaine. Le service qu’elle te rend n’est sensé être que pour ce soir. Mais elle te connait, t’as bon espoir qu’elle comprenne et accepte.
« Faudra que tu viennes à Melbourne un jour. Je te montrerai mon appart’. Il est pas très grand mais il est vraiment bien. Y’a ce qu’il faut. » Et y’a pas ce qu’il faut pas surtout. A savoir : ta famille. « Y’a une super vue. On est dans un genre de gratte ciel. » C’est quelque chose d’assez hors du commun pour toi qui n’a vécu que dans la maison familiale et l’appart’ de Naomi avant ça. Ca te fait véritablement grandir d’avoir un chez toi à toi tout seul. « Tu pourrais rester quelques jours. Quelques semaines. Si ça te tente. N’importe quand. » Bon techniquement y’a Birdie qui est chez toi, qui partage ta chambre, mais tu ne penses pas que Naomi puisse prendre ta proposition du jour au lendemain si elle le fait un jour. C’est une bouteille à la mer que tu lui lances comme ça. « Je te ferai faire le tour de mon quartier comme si j’y vivais depuis toujours. » T’es si fier de ta vie indépendante de ta famille. Ok tu tapes encore dans l’argent qu’ils t’ont donné mais… ça compte quand même.
Elle avait mis de longues secondes avant de relâcher la pression qu’elle avait exercé autour des épaules de l’Australien, trop heureuse de le revoir. Il lui avait beaucoup manqué, au cours des dernières semaines. Bien sûr, ils n’étaient pas restés sans se téléphoner, sans se donner des nouvelles ; leur alchimie avait été forte, et leur séparation n’avait pas été un coup d’arrêt suffisant pour déliter leur lien unique. Alors forcément, maintenant que le blond était de retour dans les parages, Naomi avait envie d’en profiter le plus longtemps possible. « Du whisky ? » Demanda-t-elle, pour l’entendre confirmer à voix haute que c’était bien ce qu’il désirait boire. L’Australienne n’y voyait aucun inconvénient, et avait même de quoi satisfaire les papilles de son hôte. Mais il était encore tôt, et une petite voix intérieure murmurait à Naomi que leur soirée était loin d’être terminée. Ce qui convenait parfaitement à l’escort-girl, d’ailleurs : Asher avait quitté Brisbane depuis de longues semaines, qui s’étaient finalement transformées en mois. Elle espérait que son ancien amant aurait de nombreuses choses à lui raconter sur sa nouvelle vie, ses nouvelles fréquentations et, éventuellement, une nouvelle relation — même si sur ce dernier point, et en dépit de la confiance qu’il pouvait avoir en elle, Naomi n’était pas convaincue que l’Australien se livrait facilement. Elle récupéra deux verres, des glaçons qu’elle déposa dans un bol après y avoir mis une petite cuillère. « Je te laisse te servir. » Dit-elle en lui apportant l’ensemble des éléments, qu’elle disposa sur la table basse du salon. Elle retourna pendant quelques secondes dans le minuscule espace qu’on appelait cuisine, sortit quelques petites choses à grignoter (des olives vertes, des tomates cerises, et une poignée de cacahuètes), et alla finalement s’installer dans le canapé, aux côtés d’Asher. Le temps qu’elle revienne, son ami avait eu le temps de les servir, généreusement, en whisky. « Tu comptes me soûler, Buckley ? » Demanda-t-elle, alors qu’un sourire malicieux glissait sur ses lèvres pulpeuses. Ils firent tinter leurs verres, et goûtèrent au liquide ambré alcoolisé.
Elle posa un coude sur le dossier du canapé, et laissa sa tête reposer dans sa paume. Ses cheveux cascadèrent le long de ses épaules, et elle les rejeta machinalement en arrière. En d’autres circonstances, ce comportement émanant de l’Australienne n’aurait pas été innocent. Tout aurait été calculé, orchestré, et fait dans un but précis : séduire son interlocuteur. Mais Asher ne faisait pas (ou, plus exactement, il ne faisait plus) partie de ces hommes avec lesquels elle avait besoin, et parfois même envie, de flirter. « Raconte-moi Melbourne. » Réclama-t-elle sur un ton enjoué. Asher, qui vivait dans cette ville depuis plusieurs mois, avait sans doute eu le temps de l’apprivoiser, de la découvrir un peu plus longuement, dans le détail. « Tu ne t’es rien refusé ! » S’exclama-t-elle, alors qu’Asher lui indiquait avoir une vue superbe sur la ville. Elle-même détestait le lieu dans lequel elle vivait, mais la précarité de son emploi ne pouvait pas lui permettre d’espérer mieux. Alors forcément, quand un homme lui offrait une opportunité d’évasion sur un plateau d’argent… « Merci pour l’invitation. » Dit-elle en souriant, sincèrement heureuse qu’Asher veuille lui faire découvrir le lieu où il vivait. « Je tâcherai de trouver un peu de temps pour venir te rendre visite. » Répondit-elle en inclinant légèrement la tête. Mais elle savait d’ores et déjà que ce ne serait pas facile ; ses activités d’escort-girl lui prenait beaucoup de temps, et occupaient la plupart de ses week-ends. Le sexe tarifé ne souffrait d’aucune crise, d’aucun moment de creux, d’aucun ralentissement. Jamais. « Je te tiendrai au courant. » Promit-elle, en excluant d’emblée de se rendre à Melbourne dans les prochaines semaines. Mitchell la conviait régulièrement à ses soirées poker du lundi soir ; quant au reste de ses activités, elles débutaient généralement dès le jeudi soir. « Juste au cas où, tu as une période de préférence ? Ou des moments ou des jours où tu serais plus disponible ? » Si elle n’avait rien contre le fait d’explorer la ville et de faire un peu de tourisme, Naomi trouvait que chacune de ses activités aurait plus de saveur si elle avait l’occasion de les faire en compagnie de son ancien amant. « Dis-moi en plus : que fais-tu de tes journées ? Comment occupes-tu ton temps ? As-tu rencontré du monde ? » Elle avait hâte d’avoir des réponses, pour essayer de se faire une idée de la vie que l’Australien pouvait mener à Melbourne.
« Je te laisse te servir. » Tu vas essayer de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre mais tout porte à croire que tu n’arrives pas à être raisonnable. La dose que tu serres dans les deux verres est bien plus grande que la norme. Tu as un fort besoin de t’évader de ce sale feeling que tu as au fond de toi. Celui de ne pas être à ta place à Brisbane. Celui qui te dit de repartir en courant parce que y’a l’ombre de tes parents dans le coin et celle ci t’oppresse bien plus que tu ne te l’avoues. « Tu comptes me soûler, Buckley ? » Et c’est Naomi qui te fait réaliser que tu n’es pas allé de main morte. Y’a un sourire sur ses lèvres donc tu préfères ne pas commenter ton excès. Vous trinquez et sa présence aide vraiment beaucoup tes pensées à se calmer. T’as réussi à t’échapper de chez eux pour un toit bien plus accueillant. Tout va bien se passer.
« Raconte-moi Melbourne. » Elle te demande alors que tu bois une nouvelle gorgée de ton verre. Tu te cales confortablement en faisant passer tes yeux de ton verre à Naomi. Ce sentiment que tout est toujours naturel entre vous, que rien n’a changé à part le label que vous vous portez te fait du bien. Ou bien c’est peut être l’alcool qui est à présent dans ton organisme qui parle. « La météo est à chier là bas. » Ca te fait sourire de donner ça comme information en premier lieu. Ça t’a beaucoup surpris et c’est pour ça que c’est en haut de ta liste des choses à relater à propos de cette ville. Tu parles de ton appartement également car il représente un havre de paix qui te manque ici.
« Tu ne t’es rien refusé ! » « On est en colocation. »
Tu ne veux pas qu’elle s’imagine que tu es propriétaire d’un gratte ciel, même si connaissant la richesse de ta famille, ça pourrait être plausible. Non merci. Tu sais que Naomi n’est pas superficielle et que ton argent n’a jamais été son intérêt premier. « Merci pour l’invitation. Je tâcherai de trouver un peu de temps pour venir te rendre visite. » Tu sais que sa vie est bien remplie et tu ne t’en offusqueras pas si aucune occasion se présente. Tu sais que tu reviendras à Brisbane plus ou moins régulièrement. Surtout si elle t’offre le toit lors de tes passages. Tu auras Birdie dans le coin également les prochaines fois, à moins qu’elle ne se décide à rester une année de plus à Melbourne. Tu sais pas, t’es pas dérangé dans tous les cas. « Je te tiendrai au courant. » Tu hoches la tête en buvant une nouvelle gorgée de ton verre. « Juste au cas où, tu as une période de préférence ? Ou des moments ou des jours où tu serais plus disponible ? » Tu fais non de la tête.
« Pas vraiment. J’ai commencé un job dans un bar mais je sais pas si je vais y rester longtemps. » T’es pas habitué à travailler Asher et c’est ça qui coince pour l’instant. Te retrouver à faire des tâches plutôt ingrates parce que tu n’as aucune expérience derrière un bar ou même en tant que serveur. Alors faire la plonge, c’est franchement pas drôle. Mais en même temps tu veux devenir totalement indépendant et les chansons que vous avez commencé à écrire sont bien loin de vous faire gagner un quelconque dollar. « Dans tous les cas je ferai du temps pour toi si tu viens quelques jours. » Tu seras même prêt à démissionner pour te faire ce temps là. Tu n’as pas la pression de l’argent et c’est pour ça que tu te permets de faire le petit con si aisément quant à la vie active.
« Dis-moi en plus : que fais-tu de tes journées ? Comment occupes-tu ton temps ? As-tu rencontré du monde ? » Elle en a plein des questions et c’est bien parce que tu ne dis pas grand chose au travers des messages que vous vous envoyez ici et là. T’es pas un grand bavard mais il reste que c’est plus simple quand vous êtes un en face de l’autre. « Johnny m’a fait rencontrer pas mal de gens là bas ouais. On a monté un groupe de rock, c’est vraiment fun. » Sur tes lèvres se trouve un sourire qu’il est rare de voir sur ton visage. Il est évident que tu t’épanouis avec ces personnes et ce groupe de musique. « Sinon je fais la plonge dans un bar et c’est super relou mais au moins je peux boire de manière subtile. » Ca te fait rire. Tu penses que c’est quelque chose à mettre en avant parce que c’est un exploit un peu non ? Boire sur son lieu de travail, tu n’as jamais entendu personne faire ça, toi tu peux. « On écrit de la musique avec les gars. On a quelques trucs qui arrivent et apparemment en janvier on va pouvoir jouer un show dans un petit bar. Ce sera pas grand chose mais ça va être cool. » Ton regard qui se perd un peu. T’es en train de penser à tes potes et ta vie à Melbourne qui te manque déjà alors que tu viens tout juste de la quitter.« On est loin d’être les Rolling Stones mais on s’amuse bien. » Tu remontes tes yeux à Naomi. « Et toi ? Y’a du nouveau dans ta vie ? Tes journées ? Des nouvelles personnes ? » Tu es bien loin d’être jaloux et au contraire même. Tu aurais envie qu’elle ait quelqu’un avec qui partager son temps et des moments intimes pour qu’elle soit pas seule.
Un sourire amusé glissa sur les lèvres de l’Australienne, qui fit ensuite la moue. « Tu es sérieux ? » Demanda-t-elle en levant les yeux au ciel. Asher était parti à Melbourne depuis de longues semaines, et la seule chose qu’il trouvait à lui raconter sur cette ville immense, c’était que la météo était merdique ? Naomi n’allait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. Elle voulait plus d’informations, plus de détails, plus de choses à se mettre sous la dent. « Et à part ça ? » Elle l’encourageait à se confier, à s’ouvrir à elle, à ne pas craindre son jugement. Elle avait eu un pincement au coeur en apprenant qu’il allait se retrouver à des centaines de kilomètres d’elle, et qu’elle n’aurait plus l’occasion de le croiser aussi souvent qu’elle le souhaiterait. L’Australienne lui avoua envier son appartement, mais il doucha son enthousiasme en admettant être en colocation. « Rabat-joie ! » S’exclama-t-elle en lui donnant une légère tape sur l’épaule. « Tu ne voulais pas vivre tout seul ? » Demanda-t-elle en arquant un sourcil. À vrai dire, Naomi devait bien reconnaître que ce choix ne la surprenait guère ; Asher n’avait jamais vécu tout seul. Quand ils étaient ensemble, le blond avait fini par laisser tout un tas d’affaires chez elle. Il passait le plus clair de son temps chez elle, ne retournant chez ses parents qu’en de rares occasions. Par obligation, par respect… Mais aussi par sadomasochisme, selon Naomi. « Ou c’était pour des raisons financières ? » Même si les Buckley auraient pu lui offrir les meilleurs prestations sur un plateau d’argent, l’Australien n’avait jamais souhaité profiter de la fortune familiale — à tel point qu’il avait même pris un job à Melbourne. « Tu ne t’y plais pas ? » Demanda-t-elle, alors qu’Asher admettait ne pas être sûr de rester longtemps dans le bar qui l’avait embauché. Elle avait du mal à l’imaginer derrière un comptoir, à servir des clients plus ou moins sympas, plus ou moins ivres. Mais elle le trouvait courageux ; malgré la fortune familiale, il préférait se donner du mal pour parvenir à ses fins. Il était l’acteur principal de sa propre vie, et s’il réussissait, il en serait le seul responsable. Il n’aurait pas besoin d’être reconnaissant, de remercier des géniteurs qu’il portait peu dans son coeur. Et pour cela, Naomi était fière de lui. « C’est gentil. » Murmura-t-elle en souriant, sincèrement touchée par l’offre de son ancien petit-ami. « T’es une crème. » Déclara Naomi. Elle avait envie de se pencher, et de déposer ses lèvres sur la joue d’Asher. Mais elle n’en fit rien : leur séparation était trop récente pour qu’elle se permette ce genre de familiarité. Et puis, surtout, elle ne savait pas s’il accepterait ; Asher avait toujours été pudique et réservé. Ce qui ne l’empêchait pas de monter sur scène pour s’éclater avec ses potes. Naomi eut un sourire bienveillant, et s’intéressa à ce projet prometteur. « Vous avez déjà enregistré des trucs ? » S’il répondait positivement, elle lui demanderait aussitôt de lui faire écouter les sons qu’ils avaient pu produire. « Vous n’êtes que deux ? Ou il y a d’autres membres ? » Elle supposait que sa deuxième idée était la bonne ; sinon, il aurait parlé d’un duo, ou d’un trio. Asher et la musique, ça ne faisait qu’un ; le cadet des Buckley était toujours très précis, quand il parlait de sa passion. « L’année va démarrer sur des chapeaux de roue. » Déclara-t-elle en souriant. « Je suis contente de ce qui se passe pour toi. » Camil se réjouissait des bonnes choses qui arrivaient dans la vie de son ancien compagnon. Mais, une fois de plus, elle prit ses échecs en plein visage. Et c’était douloureux. Elle haussa les épaules lorsqu’Asher lui demanda ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie, et répondit assez platement. « À vrai dire, pas grand-chose. Mes semaines se suivent et se ressemblent. » Elle s’ennuyait un peu, depuis son départ, mais elle se garda bien de lui dire. Naomi n’avait pas beaucoup d’ami — en même temps, quelle femme normalement constituée voudrait être l’amie d’une prostituée de luxe, qui fréquentait des milieux sombres et illégaux ? « J’ai pas mal de travail, en ce moment. » Mitchell l’avait invitée à prendre part à des soirées spéciales, auxquelles les clients conviés étaient triés sur le volet. La crème de la crème, en quelque sorte. Elle était fière de cette réussite, mais une fois de plus, cela était strictement lié au business.
« Tu es sérieux ? » Sa façon de te dire que ce n’est pas le genre de détail qu’elle voulait savoir. Il est clair qu’il lui suffit d’allumer la télé pour voir la météo dans tout le pays. « Et à part ça ? » L’information sur la météo t’a assez choqué pour le dire en premier mine de rien, mais tu continues avec quelques autres informations qui l’intéresseront bien plus à ton avis. « Rabat-joie ! » Elle te fait rire avec ses réactions. « Tu ne voulais pas vivre tout seul ? » Là c’est un poil plus cocasse car la véritable réponse est tout autre. « Ou c’était pour des raisons financières ? » Elle essaie de deviner le pourquoi du comment. Tu l’écoutes attendant de voir si elle a une autre suggestion, une autre hypothèse. T’as toujours été plus doué à écouter qu’à parler. Si elle trouve la bonne réponse, tu n’auras qu’à confirmer d’un signe de tête. « Je voulais pas chercher d’appart’. Il avait une chambre libre. » La flemme incarnée Asher, c’est affligeant. Il n’empêche que tu aimes tout de cet appart’. La localisation, le colloc, la taille, tout est parfait. Tu n’aurais pas pu avoir mieux tu le sais.
« Tu ne t’y plais pas ? » Tu hausses une épaule car non seulement tu t’y plaît pas mais t’as pas vraiment envie d’en parler. Tu trouves ça inutile. Tu lui indiques quand même que tu es celui qui fait la plonge pour qu’elle se rende compte du côté absolument pas glamour de ton travail. C’est la plaie tout simplement. Tu détestes. Mais t’as aucun diplôme pour faire autre chose alors tu prends ça pour ton envol.
« C’est gentil. » Elle te remercie mais ce qu’elle ne réalise pas c’est que tu es à l’affut de toutes raisons assez légitime pour quitter ton travail. Sa venue en est une pour toi. « T’es une crème. » Pas autant qu’elle, mais tu n’es pas du genre à dire ces mots doux. Elle pourra les lire dans tes yeux si elle le souhaite. Tu ne défais pas ton regard d’elle. Etre chez elle apaise tes tourments.
« Vous avez déjà enregistré des trucs ? » « Pas grand chose mais oui. C’est pas un disque. Pas encore. » Mais si vous continuez comme ça, ça le deviendra. T’as un sourire qui est revenu sur ton visage de parler de ta musique. T’es très fier mais tu n’oses pas en parler à beaucoup car les mots que tu dis dans les chansons sont extrêmement personnels. « Vous n’êtes que deux ? Ou il y a d’autres membres ? » « On est quatre. » « L’année va démarrer sur des chapeaux de roue. » Elle a bien compris que c’était quelque chose d’important. « Je suis contente de ce qui se passe pour toi. » Tu hoches la tête de nouveau car oui, ça n’aurait pas pu être mieux. Merci. Que tu lui dis au travers du regard une fois de plus.
Et puis tu veux en savoir plus sur elle. « À vrai dire, pas grand-chose. Mes semaines se suivent et se ressemblent. » Tu vois bien qu’elle n’a pas envie d’aller par là et tu comprends bien pourquoi. Ce n’est pas non plus ton fort de parler de ta vie. Encore moins quand tu étais encore à Brisbane où rien ne faisait de sens. Tu t’en rends compte encore plus depuis que tu as découvert Melbourne où tu te sens si bien. « J’ai pas mal de travail, en ce moment. » Tu hoches la tête. Tu sais à peu près les tenants et aboutissants de son travail même si elle n’en parle jamais ouvertement. « Le temps passe plus vite quand on est occupé. » Tu as toujours cette envie de t’éloigner du passé. Tu n’aimes juste pas que Naomi soit plus une partie du passé que du futur puisque tu as changé de ville. Mais si vous êtes occupés tous les deux, vous vous retrouverez encore plus rapidement non ? Oui. C’est comme ça que tu vois les choses.
Tu regardes Naomi un long moment alors qu’un silence qui ne te gêne pas s’installe. Ça te fait bizarre quand même d’être avec elle, si proche, mais sans pour autant l’embrasser ici et là. Tu n’étais pas le plus grand dans les démonstrations d’affection mais dans le privé, tu étais toujours le premier à la chérir de tes lèvres sur sa peau. Tu te demandes véritablement qu’est ce qui cloche chez toi pour ne pas avoir envie d’être avec elle encore et toujours. Tes yeux qui rencontrent les siens et tu lui fais un sourire doux. Elle te manque mais tu ne vas pas le dire à voix haute de peur qu’elle pense que quelque chose pourrait se reconstruire entre vous. « Je peux abuser et rester chez toi jusqu’à ce que je reparte… dans une semaine ? » Tu te lances avec cette faveur que tu lui demandes maintenant plutôt que demain. Histoire que tu aies moins l’air de profiter en le lui avouant, demandant, aussitôt que tu as mis les pieds chez elle. Faut voir le bon côté des choses, vous allez profiter l’un de l’autre plus que dans le cas contraire.
Le temps d’une seconde, Naomi se demanda si Asher se montrait complètement honnête avec elle. Était-ce uniquement une histoire de chambre supplémentaire, comme par hasard inoccupée ? Ou était-ce, en réalité, une seule et même chambre qu’Asher avait choisi de rejoindre ? L’escort-girl tenta de sonder son ancien petit-ami, mais il resta complètement hermétique. Et muet, par dessus le marché. Bien sûr, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il crie sur tous les toits qu’il s’était trouvé un compagnon pour partager sa vie et ses nuits — pour cela, il aurait déjà fallu qu’il assume son homosexualité. Mais à elle, franchement ? N’était-elle pas digne de confiance ? N’avait-elle pas toujours été là pour lui ? N’avait-elle pas toujours protégé ses secrets, aussi gros puissent-ils être ? « C’était donc l’occasion idéale. » Déclara simplement Naomi en haussant les épaules. Une fois de plus, elle acceptait de croire ce qu’Asher voulait bien lui dire. Quel autre choix se présentait à elle, de toute façon ? Elle refusait de le mettre devant le fait accompli, de le brusquer. Elle ne voulait pas le perdre complètement ; c’était son plus proche ami, et elle se sentirait bien seule si elle ne devait plus voir sa tête d’ange régulièrement. Si Asher n’était pas prêt, très bien : elle ferait preuve de patience, et elle attendrait. Elle attendrait patiemment, et continuerait de faire semblant de ne pas savoir.
« Tu as ramené quelque chose avec toi ? » Demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils. « Une maquette, ou un enregistrement, ou je ne sais quoi ? » Elle doutait de pouvoir aller le voir en concert prochainement ; elle devrait donc se contenter d’une captation, de plus ou moins bonne qualité. S’il en avait une en sa possession, évidemment. « Vous avez tous une gueule d’ange ? » Demanda l’escort-girl en souriant. « Parce que si c’est le cas, vous risqueriez de devenir mon boys-band préféré. » Elle savait qu’il n’avait pas confiance en son physique, et encore moins en lui. Alors, parfois, il était bon de rappeler à une personne qu’on l’appréciait sincèrement, qu’on l’aimait telle qu’elle était.
Asher avait rapidement été au courant des activités professionnelles de Naomi. Quand ils avaient commencé à se rapprocher, et quand l’escort-girl avait compris que son coeur battait un peu trop vite en présence d’Asher, elle n’avait pas eu le courage de lui mentir. De toute façon, comment aurait-elle pu justifier ses absences nocturnes régulières ? Et, surtout, comment aurait-elle pu s’allonger aux côtés de l’homme qu’elle aimait, alors qu’elle avait écarté les cuisses pour un autre quelques heures auparavant ? En avouant ses activités à Asher, elle avait été persuadée de mettre une fin définitive à leur relation. Ça n’avait pas été le cas : contre toute attente, le cadet des Buckley s’était montré compréhensif. Et il avait continué à l’aimer émotionnellement et plus rarement physiquement, malgré tout. « C’est vrai. » Concéda l’Australienne en hochant la tête. Mais parfois, elle se demandait si Asher avait pleinement conscience de ce qu’elle faisait pour bien gagner sa vie. Prenait-il complètement la mesure de ce que cela signifiait, que d’être escort-girl ? Il était bien rare qu’elle ne soit embauchée que pour un dîner d’affaires, où son rôle était de faire bonne impression, de sourire et de rire aux blagues (rarement drôles) des hommes qui étaient autour de la table. « Les fortunés de connaissent pas la crise, apparemment. » Elle-même n’avait pas à se plaindre ; elle vivait bien, Naomi. Il n’y avait pas grand-chose de légal, encore moins de choses déclarées, mais elle se faisait un petit pactole mensuellement. Et plus elle travaillait, plus elle se donnait, et plus ses clients se montraient généreux. L’équation était simple ; les choix de Naomi, évidents.
« C’est si horrible que ça, avec ta famille ? » Demanda-t-elle, son regard plongé dans le sien. Elle aurait aimé que les relations entre Asher et sa famille (ses parents, surtout) soient plus simples. C’était quelqu’un de bien ; il méritait d’être heureux. Mais la réalité était souvent bien loin des espoirs que l’on nourrissait. « Si tu veux. » Répondit-elle en haussant les épaules. La présence d’Asher dans son appartement ne la dérangeait pas, au contraire : il l’apaisait. « Mais en échange, tu seras en charge de faire la cuisine. » Du chantage ? Peut-être bien. Elle lui offrit son sourire le plus innocent, et s’amusa de ses réactions.
« C’était donc l’occasion idéale. » Tu hoches la tête. Tu as vraiment de la chance d’avoir un ami comme Johnny depuis quelques années. Il en découle beaucoup de choses que tu n’aurais jamais imaginé s’il n’avait pas croisé ta route. Route que tu continues de fouler à ses côtés alors que tu l’as carrément suivi jusqu’à Melbourne.
« Tu as ramené quelque chose avec toi ? » Tu te demandes quoi elle parle au début. « Une maquette, ou un enregistrement, ou je ne sais quoi ? » Puis elle explique un peu plus et tu hoches la tête. « J’ai quelques titres sur mon ordinateur. » Ordinateur qui est dans ta valise. Faudra que tu retrouves ça dans tes emails. Vous avez fait des vidéos de certaines de vos prestations et l’idée qu’elle ait l’image en plus du son t’intimide légèrement. Tu les lui enverras et tu feras en sorte de ne pas être à côté quand elle les regarde. Ou alors que tu sois ivre. Ca passe aussi. C’est comme ça que tu gères les prestations.
« Vous avez tous une gueule d’ange ? » Elle te fait sourire avec ses mots. Elle est loin d’être la première à utiliser ce terme à ton égard. « Parce que si c’est le cas, vous risqueriez de devenir mon boys-band préféré. » Tu souris encore plus avec la suite de sa phrase. « Si tu dis boys-band à Johnny ou Trevor ils vont s’énerver. Ils ont rien d’angélique en plus… » Avec leurs tatouages et piercing. Ça détonne totalement avec ton style que tu ne perds pas. Rarement vêtu d’un tshirt, tu es connu comme le gars qui a toujours des chemises ou un col en tout cas sur lui. T’as masse de polo et Johnny essaie tant bien que mal de te faire porter des t-shirt lors de vos concerts. Mais rien n’a à faire, pour l’instant, tu te sens plus à l’aise avec tes fringues. Le changement n’a jamais été ton fort et tu préfères y aller tranquille sans te brusquer pour rien. Ce sont que des fringues tu comprends pas le problème, c’est surtout ça.
« C’est vrai. » Tu attends de voir si elle ajoute quelque chose vis à vis de son trop plein de travail car tu te doutes bien que ça ne doit pas être facile. « Les fortunés ne connaissent pas la crise, apparemment. » Tu te demanderas toujours pourquoi elle ne cherche pas à faire autre chose mais tu n’oseras jamais le lui dire directement. Tu es le gars qui met le moins son nez dans les affaires des autres et pour cause… tu ne veux pas qu’on le mette dans les tiennes. Tu te dis toujours que chacun a une bonne raison de faire ce qu’ils font et ça te suffit.
« C’est si horrible que ça, avec ta famille ? » Tu hoches lentement la tête, ne sachant pas trop quoi mettre comme mots supplémentaires sur la question qu’elle vient de poser. C’est compliqué. « Si tu veux. » Elle approuve ta demande rapidement, facilement. Tu sais que ce n’est pas de la pitié de ce que tu viens de lui avouer. Elle t’aime. Tu l’aimes. Vous voulez juste le bien être de l’autre, même si vous n’êtes plus ensemble. « Mais en échange, tu seras en charge de faire la cuisine. » Un sourire qui se forme sur tes lèvres. Tu apprécies qu’elle ait rapidement changé de sujet. Tu n’as clairement pas envie de parler de ta famille. « Je ferai de mon mieux mais… A tes risques et périls. » Car tu n’as jamais été un grand cuisinier. Tu aimes manger mais tu es plutôt du genre à commander les choses chez le traiteur. Tu approches ton visage du sien pour aller déposer un baiser sur sa joue. Tu te cales contre elle naturellement. « Merci… » Si je peux faire quoi que ce soit d’autre… Ce serait bien de dire ces mots à voix haute Asher. Elle ne lit pas encore dans les pensées. Il est vrai qu’elle a appris à lire dans tes yeux car c’est la manière dont tu t’exprimes le mieux. « Tout ce que tu voudras… Profites tant que je suis là. » Voilà. Tu lui fais comprendre la même chose avec d’autres mots. Le pire c’est que tu es honnête dans ta proposition. Tout ce qu’elle voudra, tu accepteras. Tu te sens capable de tout pour elle. Ton affection envers Naomi n’a jamais été du bluff. Tu veux que son bien. De n’importe laquelle des façons. Même si ce sera que ponctuel.
« Ça ne pourra pas être pire que ce que je m’inflige quand je décide de me mettre aux fourneaux. » Rétorqua la brune avec un sourire malicieux. À vrai dire, elle ne se servait quasiment jamais de sa minuscule cuisine. La plupart du temps, elle mangeait le soir dans le restaurant d’Alec, au Club. Et quand elle ne travaillait pas, elle sortait et allait chez le traiteur, ou se faisait livrer les jours pluvieux. Naomi se souvenait encore, avec une pointe de regret, des plats délicieux que sa grand-mère lui cuisinait. Si elle avait été moins idiote, elle aurait pris le temps d’apprendre — mais elle n’en avait pas trouvé d’intérêt immédiat, jadis. Aujourd’hui, sa grand-mère n’était plus, et elle était partie avec tous ses secrets. Quand Naomi accepta la requête d’Asher — qui lui demandait s’il pouvait rester plus longtemps qu’une nuit — ce dernier la remercia d’un baiser sur la joue. Étrange sensation, quand on a été amants par le passé. Mais ce simple geste, s’il lui fit plaisir, ne la retourna pas autant qu’elle l’avait imaginé. Le temps faisait son effet, et les plaies se pansaient petit à petit, les unes après les autres. Être complètement guérie d’Asher et de la relation idéale qu’ils avaient eue lui prendrait du temps, mais elle se savait désormais sur la bonne voie. Et ça, mine de rien, ça la réconfortait un peu, Naomi. Tout n’était pas perdu, en fin de compte. Elle poussa même le vice jusqu’à essayer de négocier plus que quelques repas avec Asher. « Le ménage ? » Osa-t-elle mentionner, le regard plein d’espoir. Même si son appartement était propre, Naomi ne pouvait pas être décrite comme une fée du logis. Elle préférait travailler, vivre, sortir, s’amuser, plutôt que de passer des heures à faire tout briller dans son minuscule appartement. À quoi bon s’échiner, de toute façon ? La poussière revenait toujours bien trop vite à son goût, et les rares personnes qui franchissaient la porte de chez elle se fichaient bien de savoir quand elle avait récuré pour la dernière fois. « Et tu seras de corvée massage, bien évidemment. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules, comme si ceci était une évidence. Parce que avant, quand ils étaient encore ensemble, l’Australien était prédisposé à s’occuper des épaules tendues et du dos raide de sa petite-amie. Il était doux, délicat, et la touchait comme si elle était une petite chose fragile — ce qui n’était pas pour déplaire à l’escort-girl, dont les clients étaient rarement romantiques. Et, elle devait bien le reconnaître, les doigts d’Asher lui manquaient. Naomi était déjà mentalement prête à essuyer un refus de sa part, consciente qu’elle lui en demandait peut-être beaucoup alors qu’ils étaient séparés, et qu’Asher ne lui devait plus rien. Sans compter que le fils Buckley serait peut-être gêné — il avait toujours été pudique, et Naomi ne savait pas du tout comment il accueillerait le fait de la voir à nouveau partiellement dénudée devant lui. Et en parlant d’être peu vêtue… Après avoir jeté un coup d’oeil à son écran de téléphone portable, Naomi se redressa. « Je dois me préparer pour ce soir. » Dit-elle en haussant les épaules, pour expliquer son soudain changement d’attitude. « Je devrais rentrer dans la nuit. » Si tout se passait comme prévu ; ce soir, il s’agissait juste d’aller se montrer au Club, de serrer quelques mains, de faire des sourires faussement innocents. Sa présence n’était requise que pour l’image de marque, et elle devait bien reconnaître que ça l’arrangeait bien : au moins, elle pourrait profiter davantage d’Asher. « Tu fais comme d’habitude, hein. » Scanda-t-elle en s’éloignant vers sa chambre. Elle devait choisir une tenue — et c’était souvent ça qui lui prenait le plus de temps, dans sa préparation avant d’aller bosser. « Et si tu ne trouves pas, ouvre les placards. » Elle n’avait rien à cacher, Naomi. Et encore moins au Buckley. Elle extirpa de son dressing deux robes, qui mettaient toutes les deux en avant la plastique de la brune. Elle présenta la première, puis la seconde, au juge Asher qu'elle venait d'auto-proclamer. « A ton avis, laquelle ? » Demanda-t-elle en arquant un sourcil, complètement indécise.
« Ça ne pourra pas être pire que ce que je m’inflige quand je décide de me mettre aux fourneaux. » Vous êtes pareil à ce niveau là et ça te fait sourire. Tu sais que tu commanderas ici et là des repas certains soirs. Dans vos restaurants préférés. A l’ancienne. T’es même en train de te dire que vous pourriez même aller au restaurant ensemble à un moment. Comme quoi pour dormir t’as pas envie de jeter de l’argent dans un hôtel mais pour manger y’a aucun soucis d’en faire trop et plus encore. La nourriture c’est important. « Le ménage ? » Tu ris un bref instant mais tu hoches la tête. « Je peux faire le ménage oui. » Car tu es bien élevé et c’est la moindre des choses quand tu es hébergé chez quelqu’un. Même si au fond, c’est un immense plaisir de te retrouver à passer plusieurs jours avec elle, chez elle. Un endroit où tu te sens en sécurité depuis toujours: dans ses bras. « Et tu seras de corvée massage, bien évidemment. » Voilà le genre de chose que tu sous entendais dans ton ’tout ce que tu voudras’. Elle y est allée gentiment en ne parlant que de massages. C’est réellement quelque chose dont tu n’auras aucun problème à t’appliquer. Elle a compris Naomi. Elle doit savoir Naomi. Même si vous n’avez jamais mis les mots tels qu’ils le sont sur ce qui a mis fin à votre relation. Tu pourrais totalement aller au delà de juste un massage pour elle car tu l’aimes véritablement, mais tu te ferais subir des émotions, des actions, qui te mettent tout sauf à l’aise. Il n’en reste que tu es prêt à faire ce sacrifice de ton bien être pour elle, mais elle ne va pas jusque là. Elle te respecte trop et ça n’est qu’une confirmation supplémentaire que Naomi est la femme de ta vie. Tu serres un peu plus ton bras autour d’elle. « Autant de massage que tu voudras… » Tu murmures presque. Y’a une sorte de merci inaudible au milieu de ton souffle.
Votre étreinte s’arrête alors qu’elle se redresse. « Je dois me préparer pour ce soir. » Tu comprends que tu vas commencer ton séjour chez elle seul. « Je devrais rentrer dans la nuit. » Ce qui n’est pas pour te déplaire. « Tu fais comme d’habitude, hein. » Tu hoches la tête en l’observant filer dans une autre pièce. « Et si tu ne trouves pas, ouvre les placards. » Tu l’aimes vraiment fort la miss Carlson. « Je commencerai peut être le ménage. » Ce qui est totalement faux mais tu as eu envie de répondre quelque chose à ses mots histoire qu’elle ne s’inquiète pas plus de te laisser seul. Il n’y a vraiment pas beaucoup de personne sur cette planète pour qui tu es autant bienveillant. Tu prends la télécommande pour allumer sa télé. Tu n’as pas envie de grand chose à part rester planté là.
T’es en train de zapper les chaînes quand elle revient avec deux robes. « A ton avis, laquelle ? » Ça te fait sourire bien plus doucement que tu ne l’aurais imaginé. Ça fait longtemps qu’elle ne t’avait plus demandé ton avis pour ses tenues et pour cause Asher, tu n’étais plus en ville depuis une année. « Celle là. » Que tu lui dis sans hésitation en lui indiquant la deuxième. « Plus classe. » Tu aimes ce qui est sobre et l’autre fait bien trop tape à l’oeil avec tout ces brillants. Naomi n’a pas besoin de ça. Elle est une beauté même avec la plus simple des robes. T’es en train de te dire que tu vas certainement juste aller dans son lit dès qu’elle sera parti car tu n’as pas envie de grand chose. Plus vite tu dors plus vite elle rentre. Tu te sens bien quand elle est dans les parages. Pas pour rien qu’elle a été la première sur ta liste mentale de gens chez qui aller squatter. « T’es toujours aussi magnifique. » Que tu lui dis une fois que tu as le loisir de la voir dans la robe que tu as choisi.