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 I should be over all the butterflies [Rosalie #2]

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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyVen 21 Mai 2021 - 14:42

I should be over all the butterflies
I should be over all the butterflies [Rosalie #2] Tumblr_inline_olsum7u6nU1t80jpm_250I should be over all the butterflies [Rosalie #2] 0b5d01e20de085e85802889fe17c13af
ft  @Rosalie Craine
Le ciel de Brisbane est dégagé. Il fait un temps sec, une chaleur étouffante. Les premières semaines après l’annonce de la rupture de Rosalie, je lui laisse de l’espace. Je découvre un monde où ma sœur n’est plus un modèle de vertu. Les conversations dans le milieu familial sont sinueuses. Il y a des accrocs et des regards noirs. J’agis en tapis parce que la situation est surréelle. Rory est profondément blessé et il préfère couper les ponts avec notre ainée. Du côté des parents, c’est plutôt difficile à expliquer. Maman parle beaucoup du problème que ça pose en rapport aux apparences. Moi, je suis complètement sidérée d’avoir loupé le pot aux roses.
Il faut avouer que mon attitude n’a jamais été tout à fait honnête dans cette histoire. De mon côté, j’étais écartelée entre toute une gamme d’émotion pendant le dernier mois. J’étais fâchée contre Wyatt pour commencer. Ce n’était pas le genre de colère qui pousse quelqu’un à couper une autre personne de sa vie, mais j’étais agacée par son silence radio sur cette épopée. Nous trainons ensemble depuis des années et il n’avait pas jugé bon d’être honnête sur sa relation avec ma sœur. Moi, je parlais avec lui de tout et de rien, je l’imaginais à des années-lumière de mon quotidien. Au fond, il était plus près qu’il n’osait l’admettre. Cela étant, il y avait aussi l’attitude de Rosie qui me tracassait. Combien de fois avait-elle joué au plus fin en prétextant qu’elle était ô combien meilleure que moi dans sa façon de gérer sa vie ? Combien de fois maman m’avait-elle dit que je devrais être plus comme ma sœur ? Au fond, ils ne valaient pas mieux que moi.
Mais ce n’était pas de la véritable colère, que je ressentais. C’était mon égo qui était blessé. J’ai fini par prendre sur moi et comprendre que l’attitude de chacun n’est pas contre moi. Everything is not about you Wendy. Ce qui m’amène à la raison de ma visite d’aujourd’hui. J’ai réalisé après la crise que Rosalie ne donnait plus signe de vie. En temps normal, je n’aurais pas eu à m’inquiéter. Rory est le grand émotif de la fratrie et il en aurait habituellement fait son devoir de veiller sur notre sœur. Or, aux vues des récents événements, cela ne pouvait pas se produire. Il avait décidé de jouer la vierge offensée et imposer le traitement du silence à la fautive. Je ne sais pas comment s’en remet Garrett non plus, parce que de toute façon, ce n’est pas à moi qu’il aurait envie d’en parler.
Mon plus grand problème avait été de trouver sa nouvelle adresse. J’étais au fait qu’elle avait quitté son logement avec Lachlan, mais elle n’avait pas dit aux parents ou elle allait. Ils ne voulaient pas le savoir non plus. Alors, cette semaine j’ai joué l’agent double en envoyant quelques textos à Talia sa meilleure amie. Je lui avais dit que Rosie avait besoin de certaines choses qu’elle avait entreposées chez nos géniteurs et que j’avais promis de les lui apporter. J’avais aussi menti en déclarant que j’avais perdu l’adresse. Elle n’y a vu que du feu.
Debout devant la porte, un sac réfrigéré accroché à l’épaule, je prends une grande inspiration. J’hésite un instant, regrettant presque d’avoir eu une bouffée d’amour pour mon ainée; sachant que la dernière fois que nous nous étions retrouvées seule à seule, ça avait mal tourné. Je dois me convaincre que c’est mon devoir d’être là pour elle et m’assurer qu’elle ne manque de rien. Je place trois coups fermes sur la porte. Une partie de moi espère qu’elle ne répondra pas, une autre ne peut s’empêcher de se sentir au-dessus des du reste de ma famille, qui a traité la situation comme une crise à gérer et étouffer.  
Après une longue attente, j’entends le loquet qui glisse dans son rail. Je retiens mon souffle alors que la porte s’ouvre. Sans me faire prier, j’entre dans le logement, effrayée à l’idée de me faire claquer la porte au nez. À grande enjambée, j’investis les lieux. « Bonsoir, Rosalie, je m’excuse d’avoir manqué ta pendaison de crémaillère. J’imagine que mon invitation s’est perdue dans la poste ? » Sur la table basse du salon, il y a plusieurs boites de take out et des cernes laissés par des verres collants. Je hausse un sourcil, incapable d’imaginer ma sœur vivre ainsi. Machinalement, je retire mes chaussures à l’aide d’un pied et de l’autre. Je prends la direction de la cuisine sans plus de ménagement. « Puisque t’as oublié de me donner signe de vie, j’ai passé par Talia pour trouver ton adresse. » Les comptoirs sont maculés de taches de vin. Il y a plusieurs bouteilles vides qui s’empilent près de l’évier et sur la table. « J’aime bien l’ambiance de résidence universitaire. Ça fait changement. » Dégoutée, je pousse une assiette sale sur le plan de travail pour me faire de la place, puis je pose mon sac. Sans plus attendre, je sors des plats et je commence à les ranger dans le réfrigérateur. « Je suis passée chez nounou avant de venir ici. Elle te fait parvenir des tourtières et des gâteaux. Elle disait que tu les adorais quand t’étais gamine. » Je parle beaucoup, parce que je ne sais pas quoi dire. Une partie de moi meurt d’envie de connaitre tous les détails sordides de son histoire, mais l’autre est conscient qu’il ne faut pas brusquer Rosalie. Je ne suis probablement pas son visiteur de premier choix. Nous ne nous sommes pas vues depuis l’anniversaire de Rory. La moindre des choses, c’est de la laisser cheminer à son rythme, au moins un minimum.
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyMer 26 Mai 2021 - 3:01

Tu ne savais pas quelle heure il était. Tu ne cherchais pas vraiment à le savoir non plus, seulement tu ne pus t’empêcher de te poser la question lorsque tu entendis quelques coups se frapper contre la porte d’entrée. Tu te réveilles à peine, c’est peut-être le matin, mais si tu te fis à la lumière du jour qui se dissipe tranquillement au travers de tes rideaux mi-ouverts, tu penches plutôt pour dire que c’est la fin de journée. Tu dormais en plein après-midi, ce qui n’était pas dans tes habitudes mais en ce moment, toutes tes habitudes n’étaient plus et tu ne vivais sur aucun horaire. Tu ne savais plus compter les jours depuis la dernière fois que tu étais sortie de ce loft pour autre chose que d’aller acheter à manger (et du vin) à l’épicerie et les jours et les nuits se mélangeaient dans ton esprit trop souvent sous l’influence de cet alcool que tu continuais de boire malgré les hangovers qui persistaient. Des jours que tu n’as pas écrit un seul mot, des jours que tu évites tous les messages et tous les appels de Boyd qui se demande sans doute ce qui se passe avec toi. C’est le silence radio aussi du côté de ta fratrie qui préfère sans doute ne pas avoir à faire face à une Rosalie moins que respectable des standards longtemps imposés par les parents. Ces derniers ont d’ailleurs été très expéditifs lorsque tu leur as annoncé pour ta rupture avec Lachlan et si le mot honte n’a pas été utilisé cent fois, il n’a pas été dit une seule fois. Ça cogne une fois de plus et tu n’as pas la moindre idée de qui peut bien se trouver derrière le panneau de bois. Talia est la seule personne à connaître ta nouvelle adresse, mais tu connais assez bien la Choudhry pour savoir qu’elle t’aurait envoyé un message avant de venir. Hors tu regardes ton téléphone et son nom n’apparaît pas dans les notifications manquées. C’est à reculons que tu te diriges vers l’entrée, déjà prête à chasser quiconque venu déranger ton sommeil qui se fait bien trop rare et bien peu reposant dans les dernières semaines. Mais t’as à peine le temps d’ouvrir la porte que déjà, la personne de l’autre côté entre et s’impose, d’une manière qui t’es bien trop familière.

C’est la manière Craine après tout.

Ta sœur n’a même pas le temps de mettre un pied dans le loft que déjà, tu lâches un soupir pour bien témoigner que tu n’apprécies pas particulièrement la visite surprise. Normalement, tu devrais t’en faire qu’elle te voit dans un tel état. Les cheveux ramassés en un chignon lâche, ta dernière douche qui remonte à un jour ou deux, tu sais plus mais ton état général cri le manque d’attention que tu te portes. Les boîtes déménagées au début du mois avec Talia s’empilent un peu partout, la majorité d’entre elles encore intouchées, n’attendant que d’être défaites bien que tu ne t’en donnes pas la peine, par manque de courage et de volonté flagrant de ta part, autre signe plutôt alarmant lorsqu’on te connaît bien. Les bouteilles de vin vides s’accumulent, se mêlant au bordel général d’un endroit auquel tu portes aucune attention. Tu devrais t’en faire pour tout ça, mais t’as même pas assez d’énergie pour prétendre vouloir encore préserver les apparences plus longtemps. Tout a éclaté et c’est la chute depuis. Qu’elle juge si elle veut Wendy, elle pourra jamais juger plus fort que tu ne le fais toi-même. « Bonsoir, Rosalie, je m’excuse d’avoir manqué ta pendaison de crémaillère. J’imagine que mon invitation s’est perdue dans la poste? » Mais vas-y Wendy, moque-toi. Tu roules des yeux, ferme la porte alors que déjà, elle prend place au milieu de ton loft la benjamine, son regard s’attardant sur tous les détails qui lui sont offerts. « Puisque t’as oublié de me donner signe de vie, j’ai passé par Talia pour trouver ton adresse. » « J’ai rien oublié du tout. » que tu répliques aussitôt sur un ton las. Si tu avais envie qu’on te retrouve, si tu avais envie de parler, tu aurais répondu aux appels, aux textos. Mais elle est brillante ta sœur, elle a su trouvé un moyen de se rendre à toi même quand toi tu cherchais à te couper du reste du monde. « J’aime bien l’ambiance de résidence universitaire. Ça fait changement. » « C’est bon, t’as fini? » Un autre soupir. Combien de smartass comments que tu peux endurer encore avant de perdre complètement patience envers ta sœur? T’as l’impression que la limite est bientôt atteinte et ça fait moins de deux minutes que Wendy est arrivée, c’est qu’elle devrait faire attention pour ne pas se faire sortir à grand coups de pieds dans le cul, la sœur. « Je suis passée chez nounou avant de venir ici. Elle te fait parvenir des tourtières et des gâteaux. Elle disait que tu les adorais quand t’étais gamine. » « J’ai plus dix ans, Wendy. » Elle croit quoi? Qu’elle peut juste s’imposer dans ton salon avec ton dessert préféré d’il y a quinze ans et faire comme si de rien était? Tu ne sais pas ce qu’elle veut Wendy, mais t’es pas d’humeur à jouer. « Qu’est-ce que tu veux? » Certains pourraient dire que tu lui dois des explications pour les années de mensonges, mais elle a jamais aimé Lachlan ta sœur donc tu sais très bien qu’elle est pas venue ici pour se plaindre de tes infidélités. Certains pourraient dire qu’elle agit comme une sœur qui s’inquiète pour son aînée et rien de plus, mais encore, c’est pas vraiment comme ça que vous agissez chez les Craine. C’est Rory qui s’inquiète pour les autres normalement et t’es pas assez naïve pour croire qu’il s’inquiète de toi en ce moment après votre dernier échange. « J’ai besoin de rien. » que tu avances avant même qu’elle ne s’explique, même si ton apparence et l’état des lieux crient le contraire. Parce que tu veux pas de pitié, surtout pas de la pitié de ta petite sœur.
@Wendy Craine I should be over all the butterflies [Rosalie #2] 2396639051
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptySam 12 Juin 2021 - 15:15

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ft  @Rosalie Craine
Un soir alors que j’habitais chez Rosalie, je m’étais glissée hors du lit. Sur la pointe des pieds, je m’étais faufilé vers l’ordinateur. Devant l’écran d’ordi, je fais craquer mes doigts sous l’effet de l’anxiété. Sur le moteur de recherche, j’écris : girls kissing. Ma sœur me surprend devant les photos de lesbiennes. Elle éteint l’ordinateur et c’est comme si elle m’avait grillé en train de fumer ou de mettre le feu à la maison. Elle me dit d’aller me mettre au lit. Des années plus tard, elle n’a pas réagi lorsque je lui ai présenté ma première copine. Les sœurs Craine savent étonnement quand il faut s’imposer et quand il faut se taire.
Aujourd’hui je n’avais plus le choix de m’imposer, parce que Rory refusait de reprendre du service. Ma sœur, elle fait des siennes et agit en adolescente désintéressée. Roulement de yeux pas ci, commentaire fermé par là et des piques qui signifient son profond désagrément. Je fais comme de rien, comme si ses émotions me glissaient sur le dos. Je suis consciente de l’ennuyer, mais une partie sadique de moi apprécie le fait de la déranger. « C’est bon, t’as fini ? » Jamais. Je continue ma tirade et je lui explique que Nounou lui a fait parvenir des paquets. Elle soupire et s’agace de mes histoires. « J’ai plus dix ans, Wendy. » Un pâté en main, je roule les yeux avant de me pencher vers le réfrigérateur. Sans ménagement, je jette un vieux carton de livraison dans laquelle la vie commençait à se mobiliser dans la poubelle. « Peut-être pas, mais en ce moment tu n’en vaux pas mieux que 14. » Je glisse le pâté sur une tablette. Le lait est daté d’il y a deux semaines : poubelle. La femme de ménage n’est pas passée ? Peut-être que je pourrais convaincre Nigel d’en envoyer une ici cette semaine… « Qu’est-ce que tu veux ? » « Moi ? Je fais la gestion de crise. » J’emprunte le ton pincé de notre frère ainé. Garrett aurait sans doute sorti ses grands airs et l’aurait sermonné sur sa conduite dépravée. Ce ne sera certainement pas mon cas. Les cœurs brisés, j’ai connu ça. J’ai assez souvent été le passage obligé des filles curieuses. Combien de fois avais-je vu mes sentiments mis en pièces ? « … ou peut-être de la gestion d’ordures. » Dégoutée, j’envoie bouler un vieil oignon dans le sac de déchet. Je m’agace de l’absence d’employés. Quelqu’un devrait veiller à ce que le logement soit présentable. C’est complètement débile de la laisser vivre comme ça. « J’ai besoin de rien. » Je laisse échapper un fou rire et soulève un sourcil. « Évidemment. Tu sembles avoir le contrôle sur ta vie. » Je claque la porte de l’électro.
Je me redresse, plie le sac réutilisable sous mon bras. Je sens son impatience. J’abandonne le sac sur la table. J’arrive de ma voiture fraichement lavée, alors l’odeur rance de la saleté me fait frissonner. Je ne sais plus si c’est l’appartement ou elle qui me donne envie de dégueuler. « Je venais m’assurer que t’étais toujours en vie. » Je marque une pause. « Désolée, mais on a envoyé la déléguée Craine la moins qualifiée. » On dit souvent que je suis handicapée émotionnellement, parce que j’ai de la misère à m’exprimer. Mes cours se chargent de me le rappeler le reste du temps. Je ne suis pourtant pas aveugle, je suis consciente qu’il ne faut pas laisser Rosalie dépérir toute seule. Je ne sais simplement jamais quoi dire ou comment aborder la question. « Fallait s’assurer que t’étais toujours en vie. » Je feins de cocher une case imaginaire dans le vide, pour la faire rire. Rory m’aurait dit de me taire. Il aurait fait ça pour éviter que ça ne dérape. Parce que ça se déclenche très vite entre elle et moi. Quand une phrase agressive est lancée, ça ne s’arrête jamais là. Ça s’enchaine comme un feu d’artifice et ça casse l’ambiance.
« Alors Wyatt. » Je retourne vers le salon et déniche une bouteille à demi vide. Je renifle son contenu, le vin ne semble pas avoir tourné. Je repère un verre pas trop sale et m’en serre une rasade. Je glousse en repensant à notre périple pour lui trouver une robe de marié. Elle s’était bien foutue de moi cette journée-là. À ce stade-ci, je ne suis même pas fâchée contre elle. Contre lui, un peu plus, mais pas pour les mêmes raisons que les Craine. Je suis agacée d’avoir été tenue hors du coup, alors qu’on se parle plutôt souvent. Rosalie, je l’admire. Je ne l’aurais jamais soupçonnée être capable d’être aussi intéressante dans ses histoires. « Renversant comme révélation. T’en as encore beaucoup en banque comme ça ? » Je lève mon verre comme pour faire un toast. « Parce que franchement, ça m’a jeté à terre. » Je me laisse tomber sur le sofa, pour illustrer mes propos. Je sais bien que j’abuse, mais j’ai le droit à mon petit moment jubilatoire : pour une fois que ce n’est pas moi qui est la déception nationale. À mesure que je parle, je ne peux m’empêcher d’imaginer comment s’en sort Wyatt. Depuis l’histoire entre Rory, Rosalie et lui, c’est le silence radio. Je me dis qu’il doit s’en sortir à sa manière, de façon floue et discrète. Je réalise que ne connais pas la moitié de sa vie et moi, je suis presque transparente avec lui. « Je comprends maintenant ce qui s’est passé chez la couturière. J’te demande pardon. » Je suis sincère.
Pour une fois, je ne joue pas la comédie.
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyLun 14 Juin 2021 - 4:05

T’as jamais été une personne bordélique. Non seulement parce que ça casserait bien trop facilement l’image de la fille parfaite que tes parents t’imposent depuis toujours, mais aussi parce que t’as jamais vraiment eu besoin de te soucier de ton ménage sauf pendant les premières années de ton indépendance pendant ta vingtaine. Tes parents ont toujours eu des employés pour s’occuper de l’état impeccable du manoir et puis quand tu es emménagée avec Lachlan, il a rapidement été décidé qu’une femme de ménage passerait deux fois par semaine pour s’occuper des lieux, vos horaires respectifs ne permettant apparemment pas que vous vous occupiez d’une maison par vous-même. Ici par contre, il n’y a pas de femme de ménage. Il n’y a que toi et ton manque de volonté de faire quoique ce soit. Il n’y a que toi et le bordel qui s’accumule, les repas préparés à moitié consommés qui traînent partout et les verres de vin collants qui gisent autant sur le comptoir de la cuisine que sur la table basse du salon ou tu as pris refuge. La scène n’a donc rien d’ordinaire lorsque Wendy entre en scène et qu’elle se doit d’admirer l’étendu des dégâts à coup de smartass comments. Elle s’active à ramasser ici et là et t’as même pas le courage de lui dire d’arrêter. Qu’elle fasse le ménage si ça lui plaît, mais qu’elle arrête avec les commentaires et les questions. Qu’elle s’agite en silence si ça peut lui faire plaisir, t’as rien demandé toi, pour une fois. « Moi? Je fais dans la gestion de crise. » Et voilà qu’apparemment t’es une crise à gérer. What next? Le problème avec le plan de Wendy, c’est qu’elle a dans l’idée que tu veux être gérer, ce qui n’est pas le cas du tout. T’es bien dans ta misère, qu’on te laisse te morfondre encore un peu. Tu fais de mal à personne ici, pas vrai? Try again Rosie. « … ou peut-être de la gestion d’ordures. » « C’est pas si pire. » Oui, c’est si pire. Oui, c’est dégueulasse et normalement t’aurais été la première à t’indigner devant un tel bordel. Oh que la roue a tourné de la plus radicale des manières.

« Évidemment. Tu sembles avoir le contrôle sur ta vie. »
« T’es venue pour énumérer des évidences ou il y a un point à ta visite? »
« Je venais m’assurer que t’étais toujours en vie. »
« Maintenant que c’est chose faite te sens surtout pas obligée de t’attarder. »

Tu sais que ce n’est pas de sa faute à elle si tout va mal en ce moment, mais elle est là et elle devient ton punching bag temporaire. Sauf que t’en oublies l’essentiel : elle est là. Elle s’est inquiétée assez pour trouver ta nouvelle adresse, elle s’est inquiétée assez pour faire le chemin jusqu’ici en sachant pertinemment que tu ne lui réserverais pas un accueil chaleureux. « Désolée mais on a envoyé la déléguée Craine la moins qualifiée. Fallait s’assurer que t’étais toujours en vie. » Elle mime de cocher une liste imaginaire devant elle et tu ne peux t’empêcher de rouler des yeux, ce qui te rappelle malheureusement que t’as encore la tête qui cogne trop fort d’un mal de tête qui persiste depuis trop longtemps déjà et qui t’arrache une grimace de douleur. « Tu pourras rapporter à qui de droit que je respire encore. » Tes parents sans doute. Rory aussi, s’il ose encore prononcé ton prénom. T’en sais trop rien, chaque tentative de contact avec ce dernier est rencontré par un silence complet de sa part. Wendy continue de s’activer ici et là dans ta cuisine et tu te contentes de la suivre du regard, sans jamais te lever pour l’aider. « Alors Wyatt. » Il y a ton coeur qui drop dans le fond de ton estomac à la simple entente de son prénom et tu ramènes tes jambes contre ton torse, tes bras venant enrouler tes genoux comme si tu tentais de te rendre aussi petite que possible, dans l’espoir de devenir invisible et ne pas être obligée d’avoir cette conversation.

C’est bien inefficace toutefois alors que Wendy trouve une bouteille de vin à moitié entamé et s’en sert en verre. « J’en veux aussi. » que tu lâches en sa direction. Si elle veut que tu dises quoique ce soit au sujet du Parker, elle a intérêt à ne pas te dénier un peu de courage liquide. « Renversant comme révélation. T’en as encore beaucoup en banque comme ça? » « Mon affaire de cinq ans avec mon ex te suffit pas? T’es difficile à combler Wendy. » que tu lâches sarcastiquement. Elle se délecte un peu trop de la situation et ça te ferait presque rire à quel point sa réaction est complètement à l’opposée de celle de Rory. Tout de ce bordel ne serait sans doute pas aussi intense si c’était elle qui était tombée sur vous lors de ce gala à la con et pas Rory. Ou du moins, c’est ce que tu essayes de te faire croire quand tu sais très bien que la suite des évènements n’a rien à voir avec ça. Que les fiançailles seraient tombées peu importe et que les vérités lâchées lors du roadtrip avec Wyatt seraient demeurées les mêmes. « Parce que franchement, ça m’a jeté à terre. » Tu hausses les épaules. Qu’est-ce que t’es censée dire de toute façon? Elle veut des détails? T’es pas certaine d’avoir le courage ni même l’envie de lui en donner. Surtout que tu ne sais pas si à ce jour, elle demeure en contact avec Wyatt. T’as promis que tu sortirais de sa vie et t’as pas envie qu’il pense que tu lui envoies ta petite sœur dans les pattes pour collecter la moindre information sur comment il va ou ce qu’il fait, même si ça t’obsède jour et nuit. T’as fait une promesse, t’es vraiment décidée à la tenir cette fois-ci. « Je comprends maintenant ce qui s’est passé chez la couturière. J’te demande pardon. » Tu secoues la tête, elle a pas à s’excuser. C’est pas comme si elle avait la moindre idée de ce qui se passait vraiment derrière chaque commentaire lancée. « Tu pouvais pas savoir. » que tu te contentes de souffler, serrant tes genoux contre toi un peu plus fort. « Attends toi pas à voir Wyatt ici par contre, c’est terminé ça aussi. » Plus de fiancé, plus d’amant, plus de famille. Et il arrive quand, ce satanée verre de vin? Peut-être que tu devrais te servir plus fort tout compte fait. « Te sens pas obligée de le dire aux parents par contre. Ça change rien. » Ça change rien de ce qu’ils ont dit et de ce qu’ils ont fait. Ça change rien de ce que tu as dit et de ce que tu as fait. Ça change rien du tout tant le mal reste le même.
@Wendy Craine I should be over all the butterflies [Rosalie #2] 2396639051
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyLun 28 Juin 2021 - 15:35

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I should be over all the butterflies [Rosalie #2] Tumblr_inline_olsum7u6nU1t80jpm_250I should be over all the butterflies [Rosalie #2] 0b5d01e20de085e85802889fe17c13af
ft  @Rosalie Craine
Pendant l’interaction, parfois j’essaie de faire de l’esprit, mais toutes les réponses de Rosalie tournent vers la négative, alors que je parle, elle riposte, si j’esquive, elle vise mieux. C’est pas si pire. T’es venue pour énumérer des évidences ou il y a un point à ta visite ? Maintenant que c’est chose faite, te sens surtout pas obligée de t’attarder. Je roule les yeux. Quand j’étais gamine, j’avais toujours de la difficulté à me dégourdir le matin. Parfois, je me mettais en tête de me réveiller tôt sans raison et je disais aux autres de venir me secouer aux aurores. Évidemment, lorsqu’ils me disaient que c’était moi qui avais insisté pour recevoir pareil traitement, je niais le tout. Je faisais tout pour retourner dans les bras de Morphée. Rosalie me fait le même effet, même si elle n’a effectivement rien demandé. « Tu pourras rapporter à qui de droit que je respire encore. » Je ricane comme une fille toxique qui n’existe qu’à l’école primaire. « À qui de droit, n’existe plus. Y’a plus personne. » C’était vrai. Rosalie était devenue un sujet tabou. Le nom qu’il ne faut pas prononcer. Y’a que moi pour ne pas se plier aux règles. Je sais déjà que nos frères désapprouveraient la visite. J’aime prendre des risques et me frotter aux dangers.
Je me sers une coupe de vin, comme si j’étais la maitresse de la maison. « J’en veux aussi. » Surprise, je gonfle les joues et fais un tour d’horizon. J’avais pris le verre le moins sale sur la table au départ, réduisant les chances d’en trouver un potable à 0. Sans me faire prier, je tends tout simplement la bouteille à mon ainée. Je me cale confortablement dans mon siège et lève mon verre comme pour faire un toast. Je demande si elle a d’autres grandes révélations. « Mon affaire de cinq ans avec mon ex te suffit pas ? T’es difficile à combler Wendy. » Cinq ans ? Je n’avais pas capté que ça durait depuis si longtemps. Maintenant, je me sens encore plus flouée par Wyatt, qui s’est bien gardé de m’en parler. « Tu me connais, j’suis insatiable comme ça. » Je lui fais un clin d’œil et prends une bonne lampée d’alcool, pour cacher mon trouble. Je m’y prends mal avec elle. Nous n’avons jamais appris à communiquer ensemble. Nous agissons comme ça, à tâtons. Nous nous brusquons et nous nous fâchons. Nous nous aimons à notre manière. Elle est fermée, guindée et droite sur son siège. Elle me rappelle maman. Je baisse la tête pour ne pas la dévisager.
Je m’excuse de mon attitude lors de notre dernière sortie. « Tu pouvais pas savoir. » Évidemment, parce que tout le monde s’était entêté à me cacher la vérité. Comme si j’avais cinq ans et que je ne pouvais pas garder un secret. Peut-être s’étaient-ils passé le mot tous les deux. Ils se murmuraient au creux de l’oreille : ne le dis pas à Wendy, elle va tout répéter aux autres. Les amants clandestins avaient jugé bon de me tenir à l’écart. Mon visage s’assombrit. « Attends toi pas à voir Wyatt ici par contre, c’est terminé ça aussi. » Ses propos me tirent de ma rêverie. « Wait, what? » J’ouvre de grands yeux, tentant de démêler toutes les questions qui me montent à l’esprit. J’avais brodé une vision romantique de leur relation à la limite de mon esprit. Je les imaginais s’échangeant des poèmes et des promesses aux confins de la nuit. Se murmurant de la prose, tout en se perdant dans leurs rêveries. Après tout ce qu’ils avaient enduré, pourquoi terminé leur liaison maintenant ? Wyatt a pris la fuite ? Impossible. Il ne m’avait jamais abandonné, alors pourquoi abandonnerait-il sa moitié ? C’est évidemment la faute de Rosalie, encore. « Je comprends pas. » Je secoue la tête, comme pour chasser une mouche. Ma gorge est sèche, je prends une autre rasade. « Te sens pas obligée de le dire aux parents par contre. Ça change rien. » « J’suis capable de garder un secret, tu sais. Tu me prends pour qui ? » Agacée, je me replis sur moi-même, à l’image d’un scorpion cerné par l’ennemi.
Le silence s’installe. C’était peut-être une erreur de venir ici. « J’te promets que j’suis venue en paix. » Je comprends que ça ne sonne pas comme ça et que tous les indices pointent dans la direction opposée. Je ronge mon frein, pour ne pas l’attaquer délibérément. Je suis blessée, mais je sais aussi que la situation n’est pas à propos de moi. Laisse de la place aux autres Wendy, ils en ont besoin. Je regarde une toile, pour éviter de croiser son regard. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyMar 6 Juil 2021 - 1:38

« À qui de droit n’existe plus. Y’a plus personne. »

Si tu t’en doutais, ça fait quand même mal de l’entendre. Tu imagines les soupers du dimanche soir se faire sans toi et Lachlan d’un côté de la table, le silence régnant désormais au-dessus des places que vous avez longuement occupé autrefois. C’était il y a six mois à peine que tu acceptais sa demande en mariage devant les yeux éblouis de ta famille. Oh que les choses avaient changé depuis et si tu ne souhaitais pas retourner à cette image précise, qui paraissait bien mais qui était pleines de mensonges, tu ne savais pas non plus comment gérer avec le vide que tu ressentais d’être complètement coupée des tiens. Tu n’avais personne d’autre à blâmer que toi-même toutefois pour tous les mensonges et pour la façon dont la bombe avait explosé, et le poids était incroyablement lourd sur tes épaules. Tu savais aussi que tes parents n’approuveraient pas de savoir Wendy ici, mais ce n’était qu’une chose de plus à ajouter à la longue liste des choses que Wendy faisaient à l’encontre des volontés de Mark et Frances Craine. Elle se sert un verre et quand tu lui en demandes un aussi (comme si soudainement, vous étiez chez elle et non pas chez toi), elle se contente de te tendre la bouteille. Close enough. Tu l’emmènes à tes lèvres et puis tu en prends une longue gorgée, ne serait-ce que pour passer le temps, en attente des questions que tu sais trop bien que ta sœur va éventuellement te poser.

« Tu me connais, je suis insatiable comme ça. » Ça t’arrache un léger sourire. L’ambiance est tellement particulière, ça n’a jamais été facile avec Wendy. T’es celle qui dicte la danse et elle, elle se rebelle. Là, les rôles ont changés et vous savez pas vraiment y faire. T’es plus un modèle à suivre, ou du moins, pas le genre de modèle que tes parents voudraient qu’elle suive. Elle, elle te regarde avec curiosité. Elle se demande sans doute comment t’as fait pour tenir le secret aussi longtemps. Si elle t’en veut de ne pas avoir été mise dans la confidence, elle ne le laisse pas savoir. C’est compliqué de lui raconter quoique ce soit parce que tu sais qu’ils se sont vus ou du moins parlés il n’y a pas si longtemps et étonnamment, t’as pas envie de mettre ta sœur ni Wyatt dans une position inconfortable face à l’autre. C’est que tu serais presque selfless Rosalie, quel drôle de changement. Le nom du Parker vient tout de même prendre toute la place entre vous deux et la surprise est légitime sur le visage de ta sœur lorsque tu lui dis que votre liaison est terminée. « Wait, what? » Tu échappes un léger soupir et prend une autre longue gorgée à même ta bouteille de vin. « Je comprends pas. » « Il y a beaucoup de choses que tu sais pas Wendy. Sur Wyatt, sur moi aussi. » Sur l’histoire qui berce votre relation chaotique depuis si longtemps maintenant que tu ne saurais même pas expliquer le comment du pourquoi. Tu ne sais pas ce que s’imagine ta petite sœur, mais c’est loin d’être une histoire d’amour, loin d’être quelque chose de beau qui se cache derrière le rideau parce qu’incapable de se trouver de l’autre côté. C’est pratiquement une histoire d’horreur, de deux êtres toxiques l’un pour l’autre, pourtant bien incapable de se défaire de l’emprise de l’autre. C’est de mal s’aimer pendant si longtemps que vous en avez oublier comment bien faire. « Vous êtes pas les seuls à qui j’ai menti. Je lui ai menti à lui aussi. » C’est étrange, cette volonté soudaine d’être aussi transparente que possible sans toutefois être vraiment confortable à l’idée de lui dire toute la vérité. Tu essayes toutefois, à petits pas. Est-ce que c’est à ça que ça ressemble, assumer?

« J’te promets que j’suis venue en paix. »
« Je sais. »

Il est un peu plus sincère le sourire que tu lui offres maintenant. Tu es déjà plus clémente que tu ne l’étais à son arrivée alors que tu cherches maladroitement son regard. Tu n’as pas envie de lui faire des misères, ni de commencer une énième guerre avec elle, surtout maintenant que tu réalises pleinement qu’elle est la seule qui est encore moindrement prête à être à tes côtés. Tu relâches tes jambes et puis tu lui fais signe de venir s’asseoir à côté de toi sur le canapé. Si t’as jamais été une fanatique de la proximité, là tu dois avouer que tu recherches une preuve tangente que t’es pas toute seule et de sentir le corps de ta petite sœur non loin du tien, ça devrait aider, ne serait-ce qu’un petit peu. « Qu’est-ce qu’on fait maintenant? » Tu hausses les épaules. T’en as pas la moindre idée. « Je sais pas. » T’es celle qui sait tout d’habitude. Celle qui a des idées et des plans à profusion, celle qui ne se laisse jamais abattre devant le moindre problème. Pas cette fois-ci. T’as pas de réponses, pas de plans, pas même l’envie d’en trouver un. « Est-ce que tu peux me dire comment va Rory? » Si tu as encore quelques contacts par messages textes avec Garrett, tu ne sais rien de ce qui se passe avec ton plus jeune frère. Tu sais que Wendy et Rory sont proches, tout comme tu sais qu’il est bien probable que ce dernier est demandé qu’on ne te transmette pas de ses nouvelles, mais t’as jamais passé aussi longtemps sans lui parler, sans savoir ce qu’il fait, comment il va et t’es en train de devenir folle devant le silence qui est la seule réponse qu’il t’offre jour après jour. Alors tu esquives, tu demandes à Wendy, naïvement sans doute, mais c’est ta seule chance d’en savoir un peu plus. « T’es pas obligée tu sais. D’aller contre la volonté des parents. De venir voir comment je vais et tout ça. » Tu échappes un autre long soupir avant de tourner la tête vers ta sœur. « Mais je suis contente que tu sois là. » Et tu ne mens pas, pour une fois.
@Wendy Craine :l:
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyLun 19 Juil 2021 - 18:26

I should be over all the butterflies
I should be over all the butterflies [Rosalie #2] Tumblr_inline_olsum7u6nU1t80jpm_250I should be over all the butterflies [Rosalie #2] 0b5d01e20de085e85802889fe17c13af
ft  @Rosalie Craine
Un jour, je me confie à une étrangère. Cette étrangère c’est ma sœur. Elle se cache derrière ses livres. Elle écrit des mots qui ne me font ni chaud ni froid. Je parle une langue qu’elle ne connait pas. La Craine, elle fait comme si elle n’existait pas. Je n’avais jamais remarqué. « Il y a beaucoup de choses que tu sais pas Wendy. Sur Wyatt, sur moi aussi. » Je glisse un regard inquisiteur sur elle. J’ai l’impression que je la vois pour la première fois. Il y avait tellement d’affaires qui se cachaient sous cette façade de clôture en bois blanc. Moi, je m’étais laissé avoir. J’y avais cru. Je les avais avalés à la pelletée ses histoires. Et puis pourquoi ? Pour me faire croire que dans ma vie, il y avait une stabilité quelconque ? C’est déjanté. Je n’ai plus dix ans depuis longtemps. « Vous êtes pas les seuls à qui j’ai menti. Je lui ai menti à lui aussi. » La tête relevée, je médite sur ses propos. Le narratif que je lui avais imposé n’était pas celui qui représentait la réalité. Je m’y étais accrochée, certaine d’être plus fine qu’elle. Plus brillante. « Pourquoi ? » Il n’y a aucune intonation dans ma voix. Pas de reproche. Pas d’encouragement. Je pose une question pour comprendre. J’en suis rendu là.
Je ne fais pas d’histoire. L’envie de déchiffrer les secrets de famille est plus grande que mon égo. Il y avait des vérités qui méritaient parfois de rester enfouies. Dans l’immédiat, j’ai simplement soif de dénicher les faits réels. J’ai besoin de me faire une tête. Après, je pourrai démêler mes propres sentiments. Elle comprend ça, je pense. Perchée sur son fauteuil, elle semble s’être radoucie. Son visage est émacié par l’abus et le manque de sommeil. J’ai l’impression qu’on se ressemble plus comme ça. Est-ce moi qui cherche quelque chose sur lequel me raccrocher ?
Elle me fait signe de venir la rejoindre sur le canapé d’une main, en tapotant le coussin. Je tiens bien mon verre pour ne pas l’échapper. J’enjambe un obstacle et me taille une place près d’elle. Doucement, j’appuie ma tête sur son épaule comme quand j’étais gamine. Lorsqu’on faisait des balades en voiture avec la famille, je m’endormais souvent sur elle. Je redécouvre un sentiment que j’avais oublié en vieillissant, celui qui me pousse à rechercher l’amour de ma sœur. Elle ne sait pas quelle est la prochaine étape. Moi non plus. « Est-ce que tu peux me dire comment va Rory ? » Je soupire longuement. Je ne sais pas quoi lui dire. Rory, il a mal pris cette histoire. Il est amoureux de l’amour et son cœur s’est brisé en dénudant la vérité. Je ne l’ai jamais vu dans pareil état. J’ai eu l’impression de me décomposer en le voyant pleurer. Au fond, l’idéal aurait été d’avoir la faculté d’absorber son malheur et de le remplacer par la lumière dont il est sensé émaner. Je crois que c’est le truc qui m’a le plus troublé dans cette histoire. La chose la plus terrible dans le monde, c’est de regarder mon préféré l’échapper. « Il… » Je ne sais pas quoi dire pour ne pas trahir sa confiance. Depuis l’enfance, nous avons passé un accord tacite : lui et moi, contre tout le reste. « Je crois que tu peux imaginer. » Je demeure évasive, pour éviter de m’incriminer. Le verre appuyé contre les lèvres, je prends une bonne gorgée de vin. L’idéal pour moi est de rationaliser les circonstances : de lui trouver une définition logique. Une épreuve : nom féminin. Événement douloureux, malheur. Expérience à laquelle on soumet une personne qui est susceptible d’établir la valeur positive de cette qualité. Difficulté qui éprouve le courage de quelqu’un, qui provoque chez lui la souffrance.
« T’es pas obligée, tu sais. D’aller contre la volonté des parents. De venir voir comment je vais et tout ça. » Je roule les yeux devant sa tentative maladroite. Elle cherche encore à me materner, de me dire que je n’ai pas besoin de me donner du mal. Rosalie a toujours représenté la pièce maitresse, la mère que j’aurais dû avoir. « J’ai déjà agi parce que j’étais obligé ? » Je dis ça pour faire de l’esprit. Je ne suis pas aussi rebelle que j’aimerais le prétendre. Je fais mes choix, parfois logique, parfois douteux. Je fais au mieux. « Mais je suis contente que tu sois là. » Un sourire étire mes lippes et mon visage s’illumine un brin. Je caresse affectueusement la chevelure déglinguée de ma sœur. Je ne commente pas l’état de sa coiffure. Il est dans certains cas préférable de se taire. Je ne me souviens pas de la dernière où on s’est retrouvé à pareille proximité. Étonnant, lorsqu’on sait combien je suis tactile. « Puis Wyatt, on le déteste ou pas ? » C’est le genre de chose que je dirais normalement à Rory. Je lui suis entièrement dévoué comme à personne. Cette phrase a été mainte fois répétée entre nous. On accorde nos sentiments sans se poser de questions. — Ça sonne presque faux dans les circonstances, mais je fournis un effort.
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Message(#)I should be over all the butterflies [Rosalie #2] EmptyVen 23 Juil 2021 - 4:00

« Pourquoi? »

Elle pose la seule question à laquelle tu n’as pas de bonnes réponses. Pourquoi est-ce que tu avais décidé de mentir à Wyatt à propos de cette grossesse et de cette fausse-couche dix ans plus tôt? Pourquoi est-ce que tu avais décidé de saboter votre relation, ce qui comptait le plus à tes yeux à l’époque alors que de lui parler aurait sans doute pu tout sauver, éviter le chaos et la douleur qui faisaient désormais partie de vos quotidiens depuis trop longtemps depuis? Faire face à la fausse-couche avait d’abord été impossible, la tempête d’émotions avait ensuite fait ressortir le pire de toi-même jusqu’à ce que tu ne commettes l’irréparable et que tu sois bien incapable de faire marche arrière quand bientôt, la nouvelle viendrait aux oreilles de Wyatt que tu avais ruiner sa réputation, que tu avais échangé la garantie de ton succès contre le sien, que plus jamais tu ne saurais être autre chose que la garce qui lui avait enfoncé un couteau dans le dos. C’est ce que tu croyais à l’époque du moins, et puis l’histoire avait pris une tangente que tu n’avais pas vu venir quand votre idylle avait débuté de la pire des manières, et qu’autour de vous s’était accumulé les secrets sans que jamais tu ne te sentes redevable de lui donner ce qu’il méritait pourtant : la vérité derrière vos pires blessures. Alors pourquoi Rosalie? Tu te perds dans tes pensées alors que Wendy attend une réponse que tu ne saurais lui donner. Tu secoues doucement la tête, hausses les épaules. « Parce que j’ai été assez conne pour croire que certains secrets devaient être gardés. » C’est bien trop peu alors que la réalisation est pourtant immense pour toi. Tu sais que Wendy ne saura pas s’en contenter, mais c’est bien tout ce que tu es capable de lui offrir dans l’instant. Bientôt, tu trouveras le courage de lui raconter l’histoire dans son intégralité. Pour l’instant, tu te contentes de profiter de sa présence, de sa tête qui vient se placer contre ton épaule dans une familiarité qui ne vous ressemble plus, mais qui te fait du bien.

Tu oses lui demander pour Rory et dès son prénom est prononcé, tu vois l’hésitation se placer sur le visage de ta petite sœur. « Il... » Elle n’a pas besoin de finir sa phrase pour que tu comprennes. Il t’en veut encore beaucoup, son silence se charge de te le rappeler jour après jour. Tu voudrais que Wendy te dise ce qu’il fait, de quoi il occupe ses journées, comment il va en dehors de tout ça, mais tu comprends qu’elle n’est pas en liberté de te le dire et tu ne peux même pas t’insulter de son allégeance. « Je crois que tu peux imaginer. » Tu te contentes de hocher la tête, lâchant un long soupir alors que tu ramènes la bouteille de vin à tes lèvres. Bientôt, la bouteille sera vide et il te faudra trouver autre chose pour apaiser tes maux, mais pour l’instant, ça fait l’affaire. Le silence qui s’installe n’est pas lourd ni dérangeant pour une fois. Tu te retrouves au milieu d’une drôle de saison, une que tu n’aurais pas pu t’imaginer au début de l’année quand tout semblait prendre la route parfaitement tracée que tes parents attendaient de toi. Voilà que tu avais bifurquer de la plus intense des façons, partant dans une direction complètement à l’opposée et le brouillard autour de toi était épais, effrayant par moment mais tu faisais de ton mieux pour avancer même si tu n’avais pas la moindre idée de ce que tu étais en train de faire, ni même de l’endroit ou tu tentais de te rendre. Wendy est là, contre toute-attente, et tu ne peux t’empêcher de faire un commentaire comme quoi elle n’est pas obligée. Tu sous-entends même que tu comprendrais, si elle n’avait pas envie d’être là et voilà qu’elle se retrouve à te rassurer à sa manière, ta petite sœur. « J’ai déjà agi parce que j’étais obligé? » Ça t’arrache un petit rire alors que tu secoues la tête, et puis c’est à ton tour de laisser tomber ta tête contre son épaule alors que sa main vient se glisser dans tes cheveux. T’as besoin d’une douche et d’un brushing depuis plus longtemps que tu n’oses l’admettre, mais elle ne dit rien Wendy, se contente d’être là et tu ne peux t’empêcher de te demander à quel moment ça a cessé d’être si simple, entre elle et toi. « Puis Wyatt, on le déteste ou pas? » Tu fermes les yeux à l’entente de son prénom, te laisse une fois de plus envahir par cette vague de douleur qui te suit constamment quand tu penses à lui. C’est un sourire triste qui vient habiter tes lèvres quand tu murmures « On l’a jamais détesté. » dans une autre vérité qui fait drôle à avouer, toi qui a si longtemps crier haut et fort que tu n’en avais rien à faire du Parker. Il n’y aura jamais eu pire mensonge au final.
@Wendy Craine :l:
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