10 Avril 2021 Cette année, Gideon n'avait pas de permission. Je n'allais pas fêter mon anniversaire seule mais mon grand frère ne serait pas avec nous. Ce n'était pas la première fois et je ne lui en voulais pas. J'aurais préféré qu'on fête ça tous les trois, tranquilles chez moi autour d'un gâteau en regardant des conneries sur Netflix. Pas de problème, ce ne serait pas mon pire anniversaire.
Je fermais les yeux...
... Je les ouvrais, réveillée par des cris. Et des bruits de bois tapant sur le mur et de ressorts couinant au même rythme. Qui avait-elle amené à la maison cette grognasse ?
10 Avril 2001
Je me levais de mon lit, la tête dans le cul (le cul dans le brouillard). Je regardais l'heure affichée sur l'écran de mon radio réveil : 5h40. Ça valait bien le coup de programmer une alarme à 6h30. Tant pis, j'enfilais un peignoir par dessus mon pyjama, pas que j'avais froid mais je trouvais ça confortable. Aussi, je nouais mes cheveux dans un chignon. Je frottais mes yeux sans attention, baillais comme si je n'avais dormi que trois heures (on me dit dans l'oreillette que c'était bel et bien le cas). J'enfilais mes chaussons, ouvrais doucement la porte et sortais dans le couloir où j'entendais Max râler. Lui, non plus, ne devait pas avoir beaucoup dormi. Mais, j'étais presque sûre que Gideon devait être debout bien avant nous deux. Je ne serais même pas étonnée s'il avait déjà pris son petit déjeuner et était sorti traîner dans les rues de Dayboro en attendant l'ouverture des portes du lycée. Qui avait envie d'errer dans les couloirs de la maison quand à n'importe quel instant la Madre et son mec de l'époque pourraient sortir de la chambre interdite ?
Je rejoignais alors la cuisine et découvrais à mon grand étonnement que mes deux frères étaient là. Max assis sur une chaise devant son bol de céréales et Gideon en train de se faire un café (16 ans et déjà accro à la caféine). Les deux me saluaient à leur façon. Max faisait fi de sa fatigue et criait un " JOYEUX ANNIVERSAIRE NINI ! " tandis que Gigi me disait bonjour d'un ton plus posé en ajoutant un " Joyeux anniversaire, petite ! ".
" Bonjour. Merci vous deux ! "
J'étais morte de l'intérieur mais je leur souriais, c'étaient les seuls à s'en rappeler. Aujourd'hui, j'avais 12 ans. Le peu de "potes" que j'avais ne connaissaient pas ma date de naissance et je ne leur rappellerais jamais. Tant que Max et Gigi étaient là, peu importait. Mais ce matin-là, j'eus à peine le temps de verser des céréales dans un bol que j'entendais les escaliers grincer...
" Arrêêêêêteu, hihihi [...] Hm, je crois que les mioches sont encore là, j'entends du bruit. "
Tu parles, s'il y avait du bruit dans cette maison, ça venait majoritairement de ton gros vagin, vieille furie. Je me souviens maintenant. C'était à partir de ce jour que je m'étais mise à compter les années puis les mois et les jours avant ma majorité. Quoiqu'il arrivait, je m'étais mise en tête de partir l'année de mes 18 ans. La suite de ses souvenirs étaient plus ou moins clair. Helen et son amant du moment descendaient jusqu'à la cuisine en se faisant des mamours. J'avais encore la vision des mains qu'ils se mettaient aux fesses alors qu'elle ne portait qu'une nuisette en soie. J'en avais des frissons d'horreur... Toujours est-il que ce mec là était un de ceux que je méprisais le plus. Il se permettait trop de familiarités, me donnait des conseils sur la sexualité ou comment m'épiler (alors que je n'avais même pas encore eu de petit ami), me balançait des réflexions douteuses et parfois se prenait pour notre père... Plutôt crever. Mon anniversaire était un jour comme les autres à la maison. Dans ma tête, je m'imaginais toujours que mon anniversaire devrait faire exception puisque c'était "mon jour" donc, j'étais toujours déçue...
...J'ouvrais enfin les yeux. J'allais avoir 32 ans aujourd'hui. J'étais déjà un peu déçue de cette journée avant qu'elle ne commence. Gideon ne serait pas là. Je n'avais pas de plan précis pour ce jour et encore moins ce soir. La seule certitude que j'avais : voir Max.
Je me levais de mon lit, je ne portais rien, comme à mon habitude. Je déteste dormir habillée. J'enfilais alors un shorty et un t-shirt large avant de rejoindre la cuisine pour une première tasse de thé que j'embarquais avec une tranche de pain grillée et un avocat pour m'installer devant la télé. Rien de bien intéressant à voir mais ça me faisait un fond sonore. Après avoir ingéré mon petit déjeuner, j'éteignais la télé et j'appelais Max.
" Salut Bro, tu fais quoi aujourd'hui ? "
" JOYEUX ANNIVERSAIRE ! Comme tous les samedis, je vais préparer des frites jusqu'à vingt heures et après je rentre pour écouter Helen m'expliquer à quel point j'ai raté ma vie. Si tu veux sauver ma soirée, je suis tout à toi, babe. "
Je lui proposais d'aller le récupérer sur son lieu de travail mais môssieur voulait prendre une douche chez la vieille avant de sortir pour ne pas se traîner l'odeur des frites avec lui. Je n'eus pas le temps de lui dire qu'il n'avait qu'à la prendre dans mon appartement qu'il raccrochait. Je ne le rappelais pas, il avait probablement une raison. Mauvaise nouvelle, cela signifiait que j'allais devoir passer chez la vieille morue. J'allais avoir besoin d'une bonne dose de force et de courage. Et d'alcool aussi.
Je ne travaillais pas en ce jour, c'était un samedi. Ma matinée ne fut pas productive mais à midi, je sortais m'offrir un bon déjeuner avec une part de gâteau. J'avais demandé une bougie mais de ne surtout pas me chanter de chanson (c'est bon, je mange un gâteau seule, je n'ai pas besoin qu'on embarrasse devant tout un restaurant). Une part de forêt noire, une bougie soufflée, un dernier café. J'appelais Byron, un ami que j'avais rencontré il y a quelques années alors que nous étions tous les deux serveurs. Je lui proposais de venir avec Max et moi ce soir. Il ne l'avait que vaguement croisé depuis qu'on se connaissait mais je pense que ça ne les dérangeraient pas outre mesure. Il accepta, j'ignore s'il se souvenait que c'était mon anniversaire. Puis, j'eus la brillante idée d'inviter à la soirée une quatrième personne, Melchior. Là, il s'agissait d'une rencontre toute récente grâce au boulot mais on avait plutôt bien accroché. À ma grande surprise, il voulait bien venir. Je m'arrêtais à 4, c'était bien suffisant.
L'après-midi, je le passais à faire les boutiques, m'offrir des cadeaux.
Très vite arriva l'heure de récupérer Max. Je prenais la route en voiture et la gara une rue plus loin que la maison d'Helen. Je sonnais à la porte en tapant du pied. J'attendais alors en me triturant les cuticules...
Je m’étais levé vers neuf heures et demi ce jour-là et j’avais esquivé le petit déjeuner. La veille, comme chaque vendredi, j’étais sorti et bien sûr, j’avais bu. J’avais donc la bouche pâteuse et très peu faim ce matin-là. Je n’avais pas appelé ma sœur pour ne pas risquer de la réveiller. Ainsi, vers dix heures, je m’étais mis en route pour le fast-food dans lequel je travaillais le week-end. C’est environ une demi-heure plus tard, alors que je venais d’arriver au boulot, que mon téléphone se mit à sonner. Le nom de Nini s’était affiché et je n’avais pas réfléchi avant de décrocher. Elle m’avait demandé ce que je faisais de ma journée, comme s’il y avait eu un doute sur le fait que mon temps libre lui serait consacré. Je n’avais jamais loupé un seul de ses anniversaires, ça n’allait pas commencer aujourd’hui. Elle proposa de venir me chercher au travail, mais je refusais. Je détestais sentir la frite et encore plus en dehors du travail. Ainsi, je lui demandais de venir me chercher directement chez notre mère et je n’eus pas le loisir d’attendre sa réponse car le manager passait à ce moment-là. “O’Connor, tu crois qu’t’es payé pour jouer les secrétaires ? Bouge ton cul, ça va être le rush !” Je raccrochais donc à la hâte pour commencer ma journée.
Plusieurs heures plus tard, j’étais enfin de retour chez moi pour prendre une douche. C’est en sortant de la salle de bain que j’entendis ma mère rentrer. Sans prendre la peine de la saluer, je m’enfermais dans ma chambre pour me préparer. Jean noir, t-shirt blanc et veste par dessus. Je passais devant le miroir et tentais de discipliner un peu mes cheveux frisés. Puis j’attrapais un petit sac de bijoutier sur ma table de chevet. Il s’agissait du cadeau de Nini. Un bracelet en argent formé de petits triangles s’entrelaçant acheté quelques jours plus tôt. En soi, ce n’était pas un magnifique cadeau. Mais le triangle avait une symbolique particulière dans notre fratrie, nous étions comme les trois branches d’un seul et même triangle.
La sonnette retentit. Nini. Je dévalais les escaliers pour arriver à la porte en premier et lui éviter la désagréable surprise de se retrouver en face à face avec notre mère. “C’est pour moi, j’y vais. À plus Helen !” Pas de réponse. Une main sur la poignée, je m’apprêtais à ouvrir la porte, mais la situation me paraissait trop bizarre. Habituellement, ma mère était toujours là pour me mettre un dernier reproche dans les dents avant de me laisser partir. Et quand quelqu’un sonnait, elle se bougeait quand même pour aller ouvrir. Je l’avais pourtant entendue rentrer un peu plus tôt. Alors où était-elle ? Et si son état s’était soudainement aggravé ? “Fais chier.” Lâchais en me retournant. Je n’ouvrais pas la porte à ma sœur car je savais qu’elle m’aurait convaincu de partir sans chercher. Et si je partais et que je la retrouvais morte le lendemain ? Je ne me le serais jamais pardonné. J’étais désolé pour Nini, mais elle allait devoir attendre un peu.
“Helen ?” criais-je plusieurs fois, sans obtenir de réponse. Je parcourais rapidement le bas de la maison sans la trouver. C’est donc avec une boule au ventre que je remontais les marches à la hâte. Elle n'était pas dans la salle de bain non plus. Il ne restait que les chambres et elle n’allait jamais dans les chambres de ses enfants. Il n’y avait donc plus que sa chambre, la chambre interdite. J’hésitais une seconde avant d’entrer. Mais je devais vérifier, il fallait que je sache si elle allait bien. J’ouvrais donc la porte pour tomber sur un spectacle des plus horribles. Elle était là, complètement à poil, endormie avec un type -nu également- que je n’avais jamais vu avant. “Bordel de merde.” Avec un hoquet de dégoût, je refermais la porte aussi vite que je l’avais ouverte. Il aurait mieux valu être aveugle que de voir ça, la prochaine fois je prendrais le risque de la laisser moisir dans son coin, tant pis pour ma conscience.
Puisque Helen était vivante, je retournais à mon objectif initial : partir avec Nicole. J’avais envie de me crever les yeux, mais il était hors de question de lui gâcher sa soirée, alors je peignais un air joyeux sur ma tronche avant d’ouvrir la porte. “JOYEUX ANNIVERSAIRE !” Criais-je une nouvelle fois en la prenant dans mes bras. “Tiens c’est pour toi !” Annonçais-je en lui tendant le petit sac contenant son cadeau. Nous partions aussitôt rejoindre sa voiture. Je savais pertinemment qu’elle n’avait pas envie de croiser Helen et je la comprenais, si j’avais pu, j’aurais cessé de la croiser depuis bien longtemps également. En montant dans la voiture, je lui demandais si elle avait eu des nouvelles de Gideon, notre aîné. Elle n’en avait pas encore eu et je ne m’attardais pas sur le sujet. Je savais qu’elle devait être triste qu’il ne puisse pas être là. Moi aussi, je commençais à trouver le temps sans lui drôlement long d’ailleurs.
“On fait quoi ce soir du coup ?”Demandais-je alors que Nicole roulait à travers les rues de Brisbane. Elle me répondit que nous allions fêter son anniversaire dans un bar avec deux de ses amis. C’est d’ailleurs chez l’un d’entre que nous nous arrivions, puisque ma sœur servirait de chauffeur à tout le monde. Je descendais de la voiture avec Nicole et m’adossais au mur près de la porte où elle était en train de sonner, attendant l'arrivée du troisième joyeux luron de notre soirée.
Aujourd’hui je n’ai pas travaillé. J’en ai profité pour faire une grasse mat, et j’avais occupé mon après-midi avec un film. J’avais commandé une pizza à l’ananas que j’avais mangé devant un film que j’avais loué au vidéoclub il y a quelques jours. J’avais bien besoin de me vider la tête et ne pas penser au boulot ou à d’autres problèmes comme par exemple l’état de ma mère. Elle s’efface de jour en jour, j’ai l’impression de vivre avec un fantôme, de ne plus avoir de mère depuis longtemps déjà, c’est étouffant. J’ai besoin de sortir, de voir du monde, rester chez moi tout seul devant mon écran c’est pas bon pour mon moral. Mon téléphone vibre : Nicole. Je ne la connais pas beaucoup, elle bosse avec le domaine qui fournit le Ras-le-bol en vin. On s’est croisés quelques fois et le courant est bien passé, c’est très facile de l’apprécier et de bien s’entendre avec elle. Je me souviens qu’on a pris un café ensemble le week-end dernier mais on n’a pas encore eu l’occasion de faire plus ample connaissance. J’ai donc été assez surpris en voyant qu’elle m’avait envoyé un message, mais d’autant plus en lisant son message. Elle m’invite à sa soirée d’anniversaire en précisant que son frère et une personne seront présentes. Je fronce légèrement les sourcils face à cette proposition. Je n’ai vu Nicole que quelques fois, ça fait à peine deux semaines que le restaurant est ouvert. Même si le courant passe bien elle est presque comme une inconnue, c’est un peu étrange de m’inviter à son anniversaire alors qu’on se connait à peine. En général on passe plutôt son anniversaire avec sa famille, ou ses amis, avec des inconnus c’est pas courant. Même si je suis un peu déstabilisé par cette proposition je me dis qu’elle n’est pas si mauvaise finalement. J’étouffe dans ma chambre, j’ai besoin de prendre l’air et une soirée c’est parfait. Rencontrer de nouvelles personnes et ne pas passer la soirée à broyer du noir à cause de Maman c’est pas si mal. Et si jamais je trouve que l’ambiance de cette soirée n’est pas bonne ou que j’ai envie de rentrer je pourrais le faire sans problème, je serai parfaitement libre de mes allers et venues. Je souhaite donc un bon anniversaire à Nicole et au fur et à mesure des SMS que l’on échange j’apprends que la soirée se passera dans un bar à Fortitude Valley. Ce n’est pas la porte à côté et quand Nicole propose de passer me chercher en voiture j’accepte en la remerciant. Je n’ai toujours pas mon permis, d’habitude pour me rendre à Fortitude Valley je prends le bus, mais au retour de la soirée les bus ne passeront plus. Même si j’ai l’habitude de faire ce genre de trajets à pied la nuit après avoir fait la fête ça m’arrange qu’elle passe me prendre. Je termine ma pizza et mon film avant de commencer à me préparer. La préparation est plutôt succincte, je prends une douche, je m’habille et je mets une petite touche de parfum, le tout en musique. J’ai toujours besoin d’écouter de la musique, je n’aime pas le silence. Je n’arrive pas à me concentrer sans musique et lorsque le silence règne je ressens comme un vide, une solitude. Dans ma playlist je sélectionne le mode aléatoire, laissant le hasard faire les choses et je tombe sur « Kiss me girl » de Hands Off Gretel, je l’écoute beaucoup en ce moment, elle me met de bonne humeur. Je reçois un message de Nicole qui me dit qu’elle sera là bientôt Je vois une voiture qui arrive au loin, je me dis que ça doit être elle. J’enlève mes écouteurs et je range mon Ipod dans la poche de ma veste, il ne me quitte jamais. J’entends la sonnette qui retentit : c’est eux. Maman est allongée dans le canapé, elle réagit à peine lorsque je lui lance un « Maman je sors, à demain ». Je culpabilise de partir en la laissant dans cet état léthargique. Mais je ne peux pas faire grand-chose, elle ne réagit plus à rien. Jules sait y faire, elle est douce et patiente, elle s’occupe bien de Maman. Je n’ai pas ses qualités, je n’arrive pas lui faire remonter la pente. J’ouvre la porte en essayant de cacher cette petite pointe de tristesse et de culpabilité qui m’envahit. « Salut vous deux et Joyeux anniversaire Nicole ! ». Je regarde la personne qui l’accompagne, cela doit sûrement être son frère. Je décide de me présenter, je crois que Nicole m’a déjà dit comment son frère s’appelait mais j’avoue que l’information m’échappe. J’ai une très mauvaise mémoire concernant les prénoms, mais je tente quand même le coup, je suis presque sûr qu’il commence par Max. « Maxime c’est ça ? ». Je lui rappelle aussi mon prénom si Nicole ne m’a pas présenté avant qu’ils passent me chercher. « Moi c’est Melchior, mais je préfère qu’on m’appelle Mel, ça sonne mieux je trouve ». Même si au fil des années j’apprends à aimer mon prénom qui est un des seuls héritages de mon père je préfère qu’on m’appelle par mon surnom, j’y suis plus habitué. On se dirige assez rapidement vers la voiture. Je monte à l’arrière et m’installe à gauche derrière Nicole. Un peu après que la voiture ait redémarré je m’adresse à Nicole « Qui est le prochain sur la liste ? », un sourire étire mes lèvres. Je n’ai aucune idée de la tourne que va prendre cette soirée, ni dans quoi je m’embarque avec ces personnes que je ne connais pas ou très peu. Mais je sens que je vais être surpris et en ce moment j’ai bien besoin de casser la routine à laquelle je suis enchaîné depuis trop longtemps.
La rencontre avec mon père n'a pas eu l'effet escompté. Son attitude a été déplorable. Je n'ai pas su où me mettre. Heureusement, Jacob était là. Pour me soutenir. Pour tenir tête, comme il a pu, à son père. Le soir, quand je suis entré chez moi, j'étais complètement vidé. Trop d'émotion. Trop d'intensité lors de cette rencontre. J'ai mal dormi. Mille pensées trottaient dans ma tête. Un regret aussi. Celui d'avoir accepté la proposition de mon frère. Celle de le rencontrer. Lui. Le père.
En ce samedi, mon état d'esprit était morose. Je n'avais pas envie de faire grand chose. Juste rester là, avachi, sur le canapé. En compagnie de Diablo. Mon chien avait perçu mon mal être. Il restait là, sur moi, à quémander des caresses, que je lui donnais bien volontiers. Victoire n'était pas là. Elle travaillait encore. La connaissant, elle m'aurait bombardé de questions afin de savoir comment c'était passé la confrontation. Cette première rencontre. Dans mon for intérieur, j'étais content qu'elle ne soit pas là. Inutile qu'elle enfonce le couteau dans la plaie.
Ce ne fut pas elle qui vint me sortir de ma torpeur, en fin d'après-midi. Ou début de soirée. Je ne sais plus. J'entendis à l'autre bout du fil la voix caractéristique de Nicole. Je l'écoute. Je ne comprends pas tout. Néanmoins, je saisis qu'elle m'invite à une soirée. Avec son frère Maxwell. « Ben écoute, s'il y a de l'alcool et de quoi oublier ma journée d'hier, je ne peux qu'accepter ! » Dis-je, en écoutant la suite. Elle propose de servir de chauffeur. Avec une pointe d'humour je lui réponds « Ton sacrifice est louable ! À quelle heure tu me récupères ? Que je me tienne prêt ! » Horaire fixé. Il ne me reste plus qu'à me préparer. À prendre une douche. À arrêter d'être une loque et sortir de ce canapé.
Au sortir de la douche, j'observe la pendule. Les minutes défilent. L'heure d'arrivée de mon taxi ne devrait plus trop tarder. Mon téléphone vibre. Nicole est en bas de chez moi. Prête à m'emmener Dieu seul sait où. Je laisse un mot à Victoire. Je donne une ultime caresse à Diablo avant de barrer la porte et descendre quatre à quatre les escaliers. Arrivé au bas de ma résidence, je vois la voiture de Nicole, garée légèrement à l'arrache sur un emplacement réservé à la livraison. Je lui fais un signe de la main. Elle n'est pas seule dans la voiture. Son frère est à ses côtés. Nous nous étions croisés à plusieurs reprises, lors de soirée. J'entraperçois une ombre sur la banquette arrière. Une troisième personne se joint à nous. Qui est-ce ? Voilà que ma curiosité est piquée au vif. J'ouvre la portière. Je m'engouffre dans l’habitacle en lançant gaiement un « Salut la compagnie ! » Je regarde la troisième personne. Son visage me semble inconnu. Peut-être nous sommes nous déjà croisés, mais je n'en ai pas le souvenir. Le sourire aux lèvres, je lui tends chaleureusement la main « Moi c'est Byron... J'ai travaillé à plusieurs reprises avec Nicole, comme serveur ! » Silence. « Il faut croire qu'elle en a gardé un bon souvenir ! Elle m'invite encore à des soirées ! » Silence. Je regarde le visage de Nicole se reflétait dans le rétroviseur central avant de demander : « Bon on va où ? On fait quoi ? J'ai une furieuse envie de boire ! » Je pose une main sur l'épaule de Nicole et ajoute : « Tu peux démarrer chauffeur ! »
Le suspense de voir ou non Helen en attendant Max fut interrompu après deux longues minutes. Il me sauta dans les bras en me souhaitant un joyeux anniversaire en usant ses cordes vocales. Honnêtement, passer la soirée avec Max devant Netflix aurait pu suffire mais on finirait probablement par parler de choses sérieuses comme Gideon qui ne nous avait pas donné de nouvelles ou Helen et son nouveau "trophée". Un peu d'alcool, des gens, de la distraction, ça ressemblerait à une fête d'anniversaire.
Il n'y avait pas de déception s'il n'y avait pas d'attente.
Max me tenait un petit paquet cadeau, j'ignorais ce que c'était mais j'étais touchée peu importe l'objet. Je serrais le sac dans mes mains et je faisais un gros bisou sur la joue de mon frangin en lui disant un grand merci et que j'ouvrirai ça quand je serai seule à la maison. Du coup avant de récupérer les deux autres zozos, nous faisions un détour par l'appart. Sur le chemin, j'en profitais pour tenir Max informé de mes vagues plans pour la soirée. Quelques minutes après avoir déposé mon précieux cadeau, nous arrivions devant chez Melchior.
" Haha Mel non, je te présente Maxwell mais lui aussi il préfère son diminutif. "répondis-je lorsqu'il appela mon frère Maxime
Lorsqu'il nous demanda qui était notre prochain passager sur la tournée, je lui répondis qu'il le saurait bien assez tôt et appuya sur l'accélérateur, musique à fond. Une chanson bien adaptée à ce jour "What's My Age Again?". Nous nous retrouvions en peu de temps avec Byron qui montait dans la voiture.
" Si tu acceptes mes invitations, j'en conclus que tu me supportes autant. Boire ? Mais c'est ce qui est prévu, vieil ivrogne ! Le premier endroit qui propose de l'alcool et qui est assez animé pour faire notre soirée, on fonce dedans ! "
Ce fut ainsi que notre bande de quatre joyeux lurons - putain l'expression de vieux - débarquait au Canvas. Un bar qui propose aussi du karaoké, du billard et des soirées à thème, on ne risquait pas de s'y ennuyer. Avant de descendre de la voiture, je vérifiais que je n'y oubliais rien et en checkant ma boîte à gants je tombais sur...
" Ah, tiens ! Des menottes ! Putain les gars, j'ai une idée de merde ! J'ai vu sur youtube des gens faire le défi de 24 heures menottés l'un à l'autre. Lequel de vous serait prêt à faire ça avec moi juste pour la soirée ? Sachant que je n'hésiterais pas à draguer pendant ce temps, danser sur la table et va savoir quoi d'autre, la soirée ne fait que commencer. Alors, un volontaire ? Je suis sûre que ça peut être drôle ! "
Je regardais les trois hommes interloqués, j'imaginais que seul Max comprenait que c'était une vraie proposition et il serait le premier à refuser. Il aurait trop peur de se retrouver dans un lit avec moi et ma potentielle prise de la nuit. Autant me tenir les cheveux si je me retrouvais à vomir, ça il l'avait déjà fait - et en général la situation était plutôt inversée.
" Oh mais, suis-je bête ! Il y a seconde paire pour enchaîner ceux qui ne veulent pas s'attacher à moi, hahahahaha ! "
Bon, il y avait aussi une serre-tête avec des oreilles de chat que je mettais sur ma tête en attendant de savoir qui serait le fou qui resterait menotté à moi. Et une... cravache. Ah, c'était donc là que je l'avais oubliée. Je la prenais en main en me retournant une nouvelle fois vers ces messieurs et les pointais avec, sourire malicieux aux lèvres.
La première personne à nous rejoindre était un homme que je n'avais jamais croisé. En ouvrant la porte, il nous saluait avant de souhaiter l'anniversaire de Nicole. Il se présenta ensuite sous le nom de Melchior après avoir écorché le mien, chose qui ne me dérangeait même pas, puisque je ne le supportais pas. " Haha Mel non, je te présente Maxwell mais lui aussi il préfère son diminutif. " répondit ma frangine avant que j'aie eu le temps d'en placer une. Comme à chaque fois, je grimaçais en entendant mon prénom complet, Helen était la seule à continuer à m'appeler ainsi et c'était largement suffisant. "Enchanté Mel, et oui, appelle-moi Max ça ira très bien." Il demanda ensuite qui était le prochain sur la liste, mais Nicole avait décidé de se la jouer mystérieuse. Ainsi, nous découvrions notre dernier camarade uniquement après le trajet conduisant à son habitation, musique à fond.
Lorsqu'il montait dans la voiture, je reconnaissais Byron que j'avais déjà croisé une ou deux fois dans des soirées avec ma sœur. Je répondais à son salut alors qu'il s'engouffrait dans la voiture en se présentant à Melchior. Ils échangèrent quelques mots avec Nini, puis celle-ci démarra de nouveau, la musique toujours si forte qu'il aurait été compliqué de continuer de discuter. Nicole et la musique, ça avait toujours été une histoire, à l'adolescence, elle avait même fièrement réussi à désespérer notre mère avec ça. Mais bref, le sujet n'était pas là. Nous arrivions rapidement au bar, nous descendions tous de la voiture et Nini se penchait du côté conducteur, sûrement pour prendre quelque chose qu'elle avait oublié ? Elle en sortit des menottes sous nos regards dubitatifs. J'arquais un sourcil alors qu'elle proposait à l'un d'entre nous -celui qui se porterait volontaire-, de passer la soirée menotté à elle. Je ne me demandais même pas si c'était une blague, je savais bien que non. Elle ajouta qu'elle n'hésiterait pas à draguer, danser sur la table et va savoir quoi d'autre... D'accord, c'était suffisant pour moi. Finir dans un lit avec elle et sa conquête du soir. Hors de question.
"Je passe mon tour, passer ma soirée à te regarder draguer, voire pire, très peu pour moi. J'aime qu'on garde un peu d'intimité entre nous, babe."
Sauvé ? Pensez-vous, elle chercha un peu plus dans sa boite à gants sans fond pour en sortir une seconde paire de menottes qu'elle brandit avec un air beaucoup trop satisfait. Je levais les yeux au ciel alors qu'elle intimait à ceux qui ne seraient pas attachés à elle qu'ils pourraient d'attacher entre eux. N'ayant pas encore commencé à boire, l'idée me paraissait saugrenue, mais amusante. Et même si je n'avais pas été partant, c'était son anniversaire, elle était la reine de la soirée, alors j'aurais fait tout ce qui pouvait lui faire plaisir. Ainsi, j'attrapais la seconde paire de menottes pendant qu'elle mettait un serre-tête à oreilles de chat sur sa tête.
"Eh Mary Poppins, qu'est-ce que tu fous avec autant de..." Commençais-je, naïvement avant de me couper net en voyant qu'elle sortait une cravache du même endroit. "ok, oublie ma question, je ne veux surtout pas savoir."
J''examinais la paire de menottes quelques secondes. Comme toujours, Nicole ne faisait pas dans la demi-mesure, il ne s'agissait pas de jouets faciles à ouvrir, il y avait un mécanisme avec une clé. Arquant un sourcil, je relevais une tête amusée sur ma sœur. "J'imagine que ça doit être folklorique quand tu te fais contrôler par les flics !" Je la voyais d'ici essayer d'expliquer pourquoi elle avait tout ça dans sa boite à gant, au milieu de ses papiers. Je passais l'une des menottes à mon poignet bien décidé à ne pas finir attaché à ma sœur, son sourire malicieux n'annonçait rien de très rassurant.
"Bon Byron, si j'ai bien compris, tu es celui qui connaît le moins Nini ?" Pas de chance. "Du coup, ça peut être pratique pour apprendre à vous connaître !" Annonçais-je en m'approchant rapidement de Melchior. Et, sans lui demander son avis, je refermais le second bracelet autour de son poignet gauche. Un cliquetis se fit entendre et je levais ma main menottée, entraînant la sienne par la même occasion, pour vérifier que nous étions bien attachés. À bien y réfléchir, comme j'étais droitier, je n'avais pas forcément fait un choix très judicieux en choisissant cette main, mais tant pis, la clé n'étant pas en ma possession, on ferait avec. "Et voilà, Mel, t'es mon prisonnier pour la soirée ! Alors, heureux ?"
J'attendais que Byron et Nini s'arrangent et nous entrions tous les quatre dans le bar. Marcher normalement en étant attaché à quelqu'un, surtout d'aussi près, n'était pas si facile que je l'imaginais. Tantôt celui entraîné, tantôt celui qui tirait, la soirée promettait d'être mouvementée. "Bon, vous voulez boire quoi ? Je paye la première tournée, Mel va en avoir besoin pour me supporter toute la soirée." J'attendais que tout le monde fait son choix avant de me diriger vers le bar, entraînant mon prisonnier avec moi. "Tu viens ?" lui demandais-je en souriant, avant d'ajouter en secouant nos mains liées : "De toutes façons, tu n'as pas vraiment le choix !"
" Haha Mel non, je te présente Maxwell mais lui aussi il préfère son diminutif. " Bon, visiblement je me suis planté sur le prénom. J’ai vraiment aucune mémoire des noms, je repense à la fois où j’ai appelé Garret « Gaspard » quand on s’est rencontrés. Faut vraiment que j’arrête de tenter de retrouver les prénoms, j’ai la mémoire d’un poisson rouge pour ça. « J’avais au moins le début !» je lance joyeusement. "Enchanté Mel, et oui, appelle-moi Max ça ira très bien." Bon contrairement à Garret qui avait été un peu vexé que je l’appelle Gaspard, Maxwell n’a pas l’air vexé. On contraire, on s’en tiendra aux diminutifs. « Parfait, ce sera plus simple comme ça. » Max questionne Nicole sur le prochain passager que nous allons passer prendre. Elle ne répond pas vraiment à sa question, répondant par un coup d’accélérateur et en mettant le son de la musique à fond : on aurait donc la surprise. Quelques minutes après que je sois monté dans la voiture de Nicole nous nous arrêtons. L’inconnu monte à l’arrière à mes côtés. « Salut la compagnie ! » je le salue en retour et il se présente rapidement. « Moi c'est Byron... J'ai travaillé à plusieurs reprises avec Nicole, comme serveur ! Il faut croire qu'elle en a gardé un bon souvenir ! Elle m'invite encore à des soirées ! » Un silence règne dans la voiture. Enfin pas exactement. La musique est si forte qu’on a du mal à entendre Byron. Je comprends qu’il a été serveur avec Nicole il y a quelques temps. J’aimerais lui dire que moi aussi je suis serveur mais le volume est si fort que je n’ai pas envie de crier pour lui répondre et pour me faire entendre. Avoir une conversation dans des conditions pareilles ce n’est pas idéal, tant pis on discutera plus tard. « Bon on va où ? On fait quoi ? J'ai une furieuse envie de boire ! » C’est une excellente question ça, Nicole a été très vague lorsqu’elle m’a parlé de la soirée. Je n’ai eu aucunes informations sur le lieu ou le genre de soirée qu’on s’apprête à passer. " Si tu acceptes mes invitations, j'en conclus que tu me supportes autant. Boire ? Mais c'est ce qui est prévu, vieil ivrogne ! Le premier endroit qui propose de l'alcool et qui est assez animé pour faire notre soirée, on fonce dedans ! " Ah ça résume bien Nicole tout ça, je ne la connais pas énormément mais si je devais la résumer en un mot je dirais spontanéité. C’est pour ça que j’ai accepté son invitation, j’ai besoin de casser ma routine, de faire des choses un peu moins planifiées et de lâcher prise. « Tu peux démarrer chauffeur ! » je souris avant de compléter l’exclamation de Byron « Allez c’est parti !! » Après quelques minutes nous arrivons au bar. Nicole se gare et je la vois se pencher du côté passager et ouvrir la boîte à gants. Je ne vois pas son visage mais j’entends qu’elle s’extasie devant le contenu du compartiment. " Ah, tiens ! Des menottes ! Putain les gars, j'ai une idée de merde ! J'ai vu sur youtube des gens faire le défi de 24 heures menottés l'un à l'autre. Lequel de vous serait prêt à faire ça avec moi juste pour la soirée ? Sachant que je n'hésiterais pas à draguer pendant ce temps, danser sur la table et va savoir quoi d'autre, la soirée ne fait que commencer. Alors, un volontaire ? Je suis sûre que ça peut être drôle ! " Alors elle a bien résumé cette idée : une idée de merde. Je le sens pas, ça a l’air d’être plus un plan foireux qu’autre chose. Je suis sûr que ça peut être drôle de voir ça sur une vidéo avec des inconnus qui galèrent et qui essaient de ne pas se disputer. Je suis un peu moins convaincu du résultat que ça pourrait avoir ce soir. Quand elle mentionne ses plans pour ce soir je me dis que ça m’enchante encore moins. J’aime bien Nicole mais je n’imagine même pas le malaise que je pourrais éprouver si elle est en train d’embrasser très sensuellement quelqu’un juste à côté de moi alors que je ne peux pas m’éloigner. J’ai vraiment pas envie de participer à ça et de tenir la chandelle. Alors que je m’apprête à refuser Max prend la parole. "Je passe mon tour, passer ma soirée à te regarder draguer, voire pire, très peu pour moi. J'aime qu'on garde un peu d'intimité entre nous, babe." Pendant que son frère lui explique qu’il n’a absolument pas envie d’être enchaîné à elle toute la soirée elle fouille un peu plus dans la boîte à gants. "Oh mais, suis-je bête ! Il y a seconde paire pour enchaîner ceux qui ne veulent pas s'attacher à moi, hahahahaha ! " Et merde. Bon je crois que je ne vais pas pouvoir y échapper cette fois. Son frère a l’air surpris du fait qu’elle possède des menottes. "Eh Mary Poppins, qu'est-ce que tu fous avec autant de... " A ce moment-là Nicole exhibe une cravache du compartiment et la montre fièrement à ses passagers. Ah oui elle rigole vraiment pas avec tout ça, elle ne fait rien comme les autres. "ok, oublie ma question, je ne veux surtout pas savoir » Je ne veux pas non plus connaître tous les détails de sa vie sexuelle. J’en apprends un peu plus sur Nicole, mais je me serais bien passé de connaître ces aspects-là de sa personnalité. Maintenant j’ai l’image d’elle habillée en cuir avec sa cravache menottant quelqu’un. Je secoue légèrement la tête et j’exprime ma surprise. « Je m’attendais pas non plus à ce que tu sortes…ça de ta boîte à gants. » Je dois appeler ça comment d’ailleurs ? Le parfait kit de la dominatrice ? Après avoir vu ça je sens que ça va être bizarre de se recroiser au Ras-le-bol, et encore on est même pas arrivés au bar. Je ne juge absolument pas Nicole, je suis juste surpris de découvrir ça aussi vite. "J'imagine que ça doit être folklorique quand tu te fais contrôler par les flics ! " Je rigole en imaginant la tête d’agents de police qui arrêtaient Nicole pour un contrôle de routine. Enfin ça doit arriver assez souvent, les menottes c’est un fantasme plutôt courant. "Bon Byron, si j'ai bien compris, tu es celui qui connaît le moins Nini ? Du coup, ça peut être pratique pour apprendre à vous connaître ! " Sauvé par Max, je ne serais pas menotté à Nicole. Avant que j’ai pu avoir le temps de dire à Max qu’on peut les laisser seuls avec les menottes et rester libres de nos mouvement il me passe une menotte au poignet gauche. Tout fier de lui Max lève sa main et la mienne par extension et la secoue pour montrer que nous sommes bien attachés l’un à l’autre. "Et voilà, Mel, t'es mon prisonnier pour la soirée ! Alors, heureux ?" Heureux c’est pas vraiment le mot que j’aurais choisi. C’est pas comme si j’avais sauté de joie quand Nicole avait évoqué l’idée ou que j’avais eu mon mot à dire. Je sens que c’est une belle connerie. Mais bon, ce qui est fait est fait, il est trop tard pour faire marche arrière. J’essaie de me rassurer en me disant que c’est temporaire, seulement pour la soirée. On s’en lassera peut-être même avant la fin de la soirée et Nicole nous libèrera avec la clé. « Euuuh bah écoute ravi hein ! » J’essaie de me détendre et de m’obliger à lâcher prise pour une fois. Je suis Max qui se dirige vers le bar, Nicole et Byron nous suivent de près. Les premiers pas enchaînés sont un peu hésitants. Max marche plus vite que moi et il me tire un peu trop sur le poignet gauche par moment, ça prendra un peu de temps pour se coordonner. "Bon, vous voulez boire quoi ? Je paye la première tournée, Mel va en avoir besoin pour me supporter toute la soirée. " Je n’hésite pas très longtemps avant de répondre. « Je veux bien un Jägerbomb s’il te plaît ! » J’ai bien besoin d’un verre pour me préparer à cette soirée qui s’annonce mouvementée. Chacun choisit sa boisson et Max m’entraîne vers le bar. "Tu viens ? De toutes façons, tu n'as pas vraiment le choix !" Je souris, il n’a pas tort, je vais devoir le suivre comme son ombre ce soir. « C’est un peu tard pour faire marche arrière oui ! ». On arrive au bar et les commandes pour nos verres son passées. Max règle la première tournée comme il l’avait annoncé. Bien motivé pour passer tout de même une bonne soirée je me demande ce qu’on pourrait faire. J’ai pas vraiment envie de passer la soirée assis à discuter de tout et de rien avec mes compagnons de soirée, ça pourrait engendrer des blancs et quelques moments de malaise si on ne trouve pas de sujets de conversation intéressants. Je me dis que faire quelque chose ensemble ça ce serait chouette. Mon regard balaie la pièce : le karaoké. Ah non il est vraiment trop tôt pour ça. J’aime bien chanter mais un karaoké en étant sobre ce serait terriblement gênant je pense, on verra ça plus tard dans la soirée. Je vois ensuite le billard et une cible pour jouer aux fléchettes, l’idée me plait déjà beaucoup plus. « Bon on fait quoi maintenant ? Je crois que c’est un peu tôt pour le karaoké. Quelqu’un a envie de faire une partie de beerpong ou une partie de fléchettes ? » Je fais une petite pause avant d’ajouter « On peut faire ça par équipe, l’équipe gagnante donne des gages à l’équipe perdante. » Nicole a envie de faire les choses différemment ce soir, alors autant jouer jusqu’au bout, même si c’est à elle d’avoir le dernier mot.
J'entre dans la voiture de Nicole. Je me présente. Je connais Maxwell de vue. Pas la troisième personne. Un ange passe. Personne ne parle. Seule la musique occupe l'espace sonore. Curieux de savoir où la conductrice nous mène, je la bombarde de question. D'autant que, je préfère honnête avec les compagnons d'infortune, j'ai envie de me remplir le gosier d'alcool. Nicole daigne répondre « […] Boire ? Mais c'est ce qui est prévu, vieil ivrogne ! Le premier endroit qui propose de l'alcool et qui est assez animé pour faire notre soirée, on fonce dedans ! J'ouvre la bouche sous le choc. « Non ! » Silence. « Je préférerais sortir avant de la voiture. Ça serait con de mourir emplafonnés contre la façade du bar, sans avoir bu ! » Je ne suis pas certain qu'elle m'ait entendu. Le volume de la musique est si fort, si je reste trop longtemps à l'intérieur, je vais perdre en audition. Elle démarre. En trombe. Je m'accroche. Elle a une conduite sportive la meuf. Je crois que l'emploi du verbe 'foncer' par la jeune femme, prend alors tout son sens. Je regarde par la fenêtre les rues de Brisbane. Nous ne quittons pas le quartier. Nous restons à Fortitude. Elle se gare devant le Canvas. Avant de se prendre le mur. Nous sommes sauf.
Je me détache, j'ouvre la porte. Je m'apprête à sortir lorsque Nicole nous interpelle, la tête penchée dans la boîte à gants. J'entends le mot 'menottes'. Je hausse les sourcils. Je me retourne. Elle plaisante. Elle n'a pas de menottes. Impossible. Pourquoi aurait-elle des menottes. Non. Elle plaisante. Ou pas. « Putain les gars, j'ai une idée de merde ! » Mais meuf, si tu sais qu'il s'agit d'une idée 'de merde' pourquoi tu persistes et signes. Non arrête ça tout de suite. Mais personne ne l'arrête. Elle poursuit dans sa connerie. Sous nos yeux éberlués. « J'ai vu sur youtube des gens faire le défi de 24 heures menottés l'un à l'autre. Lequel de vous serait prêt à faire ça avec moi juste pour la soirée ? Sachant que je n'hésiterais pas à draguer pendant ce temps, danser sur la table et va savoir quoi d'autre, la soirée ne fait que commencer. Alors, un volontaire ? Je suis sûre que ça peut être drôle ! » Personne ne réagit. Personnellement, je n'aurais pas employé le terme 'drôle'. Je suis perdu. Je regarde Maxwell. C'est sa sœur après tout. Il peut peut-être la raisonner. L'espoir fait vivre. Il est le premier à réagir. Il arrive à s'en sortir avec finesse. « Je passe mon tour, passer ma soirée à te regarder draguer, voire pire, très peu pour moi. J'aime qu'on garde un peu d'intimité entre nous, babe." Trois petits nègres s'en allèrent au bar. L'un d'eux devint raisonnable. N'en resta plus que deux. Le choix se réduit, comme peau de chagrin. Une chance sur deux d'être à la merci des lubies de Nicole. Je serre les dents. Je prie tous les saints pour ne pas me retrouver enchaîner à qui que ce soit. Hélas, mes espoirs sont vite douchés, lorsque la conductrice évoque une seconde paire de menottes. Sérieux ? Elle cache bien son jeu. Assistante de direction le jour. Dominatrice la nuit. La jeune femme est pleine de surprise. Au grand dam de Maxwell qui comprend qu'il ne pourra échapper au menottage. Mais s'il n'y avait que cela. Elle affuble sa chevelure d'un serre-tête aux oreilles de chat. J'esquisse un sourire en repensant à Lincoln avec son serre-tête escargot, avant de constater que le serre-tête chat et les menottes ne sont que la partie immergés de l'iceberg. Elle se saisit d'une cravache en cuir. « Mon dieu ! » « Eh Mary Poppins, qu'est-ce que tu fous avec autant de... » « Est-ce que tu as vraiment env... » Visiblement non, comme nous tous. « Ok, oublie ma question, je ne veux surtout pas savoir . » Parfois, il vaut mieux se préserver. Laisser les portes closes. Ne pas chercher à regarder par le trou de la serrure. « Je préfère aussi... » Le quatrième mousquetaire fait aussi part de son ressenti « Je m’attendais pas non plus à ce que tu sortes…ça de ta boîte à gants. » Je ris. « Qui est réellement préparer à cela ? » Personne dans cette voiture. Même moi qui me prostitue, je n'ai pas tout cet attirail dans ma propre voiture. Seulement des préservatifs, pour ne pas être à court et pris de court. Elle a vraiment des fantasmes louches. « Et ta tenue en cuir est dans le coffre ? » Dis-je avec malice, avant de réaliser. Pourquoi j'ai posé cette question ? À l'image de Maxwell, je me dédis presque aussitôt « Oublie ! » « J'imagine que ça doit être folklorique quand tu te fais contrôler par les flics ! » J'imagine la scène. Penchée vers la boîte à gants, à la recherche de ses papiers. Et faire tomber les menottes et la cravache. Une technique de drague, parmi tant d'autres. Je ris, comme les deux autres. Je découvre une nouvelle facette de Nicole. Surprenante.
Je suis tiré de mes pensées par Maxwell. Considérant à ses yeux que je ne connais pas assez Nicole, il me laisse le privilège d'être le privilège d'être le prisonnier de Nicole et de subir ses frasques. « Je la connais très bien, tu sais ! » Trop tard, je le vois s'attacher à l'autre garçon... « Mais... » Je regarde Nicole. « Ai-je vraiment le choix ? » Je sors de la voiture, un brin dépité. La jeune femme me rejoint. Je préfère ne pas résister, je tends la main droite. « Avant tu veux pas aller aux toi... » J'entends un cliquetis. « … lettes, histoire de ne pas te voir déféquer ! » Eh merde, trop tard... J'espère qu'elle a une vessie solide. « Perds pas les clefs, histoire que je ne sois pas obligé de t'accompagner, hein ! » Tente-je de la mettre en garde tandis que les deux gars commencent à se diriger vers le bar. Leur démarche est hésitante. L'un émet plus d'entrain que l'autre. Il va valoir qu'ils s'adaptent, marchent à l'unisson. Même histoire pour Nicole et moi. D'autant plus que nous avons un problème de taille. Au sens propre. A vue d’œil, vingt centimètres nous séparent. Nous n'avons pas le même centre de gravité. Nous avançons avec difficulté. Nous tirons chacun à tour de rôle. La soirée risque d'être longue.
Nous entrons dans le bar. Je sens les regards sur nous quatre. Nous nous installons à une table. Maxwell propose de payer la première tournée. « Un whisky glace pour moi ! Histoire de bien commencer la soirée ! » « Je veux bien un Jägerbomb s’il te plaît ! » À son tour Nicole passe commande. Premier problème de couple. Maxwell se dirige vers le comptoir. Il est stoppé dans son élan par son compagnon d'infortune. Il se tourne vers lui. « Tu viens ? » Il sourit au jeune homme avant d'ajouter qu'en soi, il n'avait pas vraiment le choix. C'est le jeu. Il doit le suivre. Tout le temps. Ils s'éclipse. Sournoisement, j'ai hâte de les voir revenir avec quatre verres, en ayant deux mains enchaînées. Ils vont devoir faire preuve de synchronisation afin de ne pas tout renverser. Profitant de leur absence, je questionne Nicole : « Au fait, comment il s'appelle le jeune éphèbe avec ton frère ? » Je vois les deux acolytes revenir, avec énormément de prudence. Doucement. Ils posent les verres sur la table. « Merci Max ! » Pour cette première tournée « Et Mel ! Vous n'avez pas tout renversé. Les consommations sont sauves ! » Il s'installent avec nous. Je saisie mon verre. « Bon ben santé ! À cette soirée qui, à mon avis, s'annonce mémorable ! » Nos verres s'entrechoquent. Je bois une gorgée de whisky tandis que je vois Melchior balayer la salle du regard. Que cherches-t-il ? Il se retourne vers nous. Verdict. « Bon on fait quoi maintenant ? Je crois que c’est un peu tôt pour le karaoké. Quelqu’un a envie de faire une partie de beerpong ou une partie de fléchettes ? On peut faire ça par équipe, l’équipe gagnante donne des gages à l’équipe perdante. » Pour le beer-pong, il est peut-être un peu tôt, encore. « Je suis assez partant pour les fléchettes... Ça peut être drôle avec les gages ! » Silence. « Que décide Mademoiselle ? Peut-être que tu as une meilleure idée à nous proposer... » Si c'est le cas, je crains le pire. Je suis suspendu à ses lèvres.
Leurs réactions n'avaient rien de bien étonnant et me faisaient d'autant plus rire. Forcément, leurs questions, leurs remarques, j'aurais pu jouer avec ça et exagérer mais je me retins. De toute façon, ils m'avaient vite dit de les oublier. Pauvres hommes.
" J'imagine que ça doit être folklorique quand tu te fais contrôler par les flics ! "
" Si tu savais... "répondis-je à Max en laissant l'imagination de ces messieurs faire le reste
Mon frère décida donc de se lier à Mel disant que ce serait bien que je fasse davantage connaissance avec Byron quand en fait c'était Melchior que je venais de rencontrer mais bon passons, j'acceptais n'importe lequel. Le sort en était donc jeté, je descendais de la voiture, fermais celle-ci à clé et me dirigeais vers Byron, mon siamois pour la soirée. Il eut à peine le temps de commencer une phrase que j'avais fermé l'objet de métal et de fausse fourrure rose sur son poignet - Max et Mel avaient une paire plus discrète, du simple acier noir. Byron se souciait de l'état de ma vessie et de mon intestin ou plutôt de son innocence brisée s'il devait être présent lorsque la délicate fleur que j'étais - ahem - irait casser le cliché de la licorne qui chie des arcs-en-ciel.
" Tu sais, on est dans un bar. On va boire. Si tu espères esquiver la case WC, tu es optimiste. Mais promis, il y aura une porte entre nous. "
Bon, elle ne sera pas complètement fermée mais je n'ai pas mangé d'haricots, il devrait survivre. Il suffirait que je m'essuie avec mon bras libre. D'ailleurs, j'avais été assez intelligente pour m'attacher le poignet gauche - désolée Byron si es droitier. Une fois siamois, je réalisais d'autant plus à quel point il était grand, quelque chose me disait que j'allais souvent lever les bras.
Sans surprise, notre entrée dans le bar se fit remarquer. Les 2M galéraient plus que nous, Max ne mesurant pas son entrain lorsqu'il se dirigeait vers le comptoir et Mel qui fut obligé de suivre le mouvement. Le frérot proposait de payer la première tournée, je demandais alors un Spritz pour commencer doucement.
Pendant que les 2M attendaient au comptoir, Byron et moi nous installions à une table. Assis, tout était plus simple. Nous posions sa main droite et ma main gauche sur la table quand il m'interrogea.
" Au fait, comment il s'appelle le jeune éphèbe avec ton frère ? "
" Melchior mais tout le monde l'appelle Mel. Il te fait de l'oeil ? "répondis-je taquine
Je n'eus pas le temps de creuser le sujet que les deux braves revenaient avec les quatre verres. J'admirais leur dextérité mais ne pouvais retenir un petit rire en les voyant marcher chargés. Une fois tout le monde assis et servi, nous trinquions à cette soirée - plus qu'à mes 32 ans. Je sirotais mes premières gorgées de ce doux et amer liquide orange néon, j'observais les alentours et je n'étais pas la seule à faire cela. Melchior avait repéré des activités pour commencer la fête.
" Bon on fait quoi maintenant ? Je crois que c’est un peu tôt pour le karaoké. Quelqu’un a envie de faire une partie de beerpong ou une partie de fléchettes ? On peut faire ça par équipe, l’équipe gagnante donne des gages à l’équipe perdante."
" Que décide Mademoiselle ? Peut-être que tu as une meilleure idée à nous proposer... "
" Cette histoire de gages me tente bien, je dois dire. Si on commence par le beerpong, on risque de tuer quelqu'un si on décide de jouer aux fléchettes après. J'opte plutôt par les fléchettes en premier. En plus des gages, l'équipe perdante devra payer les 2 prochaines tournées ! "
Commençons raisonnable. Ruinons les perdants ! On ruinera des dignités plus tard.
Je bus quelques gorgées supplémentaires et attendais le feu vert de Byron pour qu'on se lève ensemble. Je gardais mon verre en main jusqu'à ce que nous arrivions devant les cibles. Je poserais mon verre pas loin lorsque ce serait à nous de jouer. Ça pouvait paraître idiot mais c'était un réflexe que j'avais pris : ne jamais laisser mon verre seul. On ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver dans les bars, les boîtes...
" Quelle équipe commence ? "
Dernière édition par Nicole O'Connor le Sam 11 Sep 2021 - 14:28, édité 1 fois
Heureusement qu'avec les années, j'avais appris que le ridicule ne tue pas. Entre les menottes, la démarche incertaine et les regards mi-interrogateurs mi-moqueurs, il était certain que si j'avais été timide ou un peu trop sérieux, tout cela aurait été très gênant. Mais ce n'était pas le cas, alors tout allait bien. Toutes les boissons choisies, nous nous dirigions, avec mon prisonnier, vers le bar. J'étais content de constater qu'il gardait le sourire malgré la situation, quelqu'un qui faisait la gueule en soirée, ce n'était jamais très agréable à supporter de base, alors quand on y était enchaîné, je n'imaginais même pas. Une fois servis, c'est avec deux verres chacun que nous revenions à la table choisie par nos compagnons de soirée, avec toute la minutie du monde. Je fus d'ailleurs agréablement surpris de ne rien renverser malgré ma maladresse habituelle, même Byron salua l'effort.
Enfin assis à la table avec les autres, chacun attrapa son verre. « Bon ben santé ! À cette soirée qui, à mon avis, s'annonce mémorable ! » Les verres s'entrechoquèrent et, alors que je buvais une gorgée de mon mojito, Mel proposa une partie de beerpong ou de fléchettes en attendant le karaoké. Ce fou n'avait donc pas peur de finir sourd à la fin de la soirée à vouloir tenter le chant en étant accroché à moi. « On peut faire ça par équipe, l'équipe gagnante donne des gages à l'équipe perdante. » Melchior n'avait pas froid aux yeux, après l'idée des menottes et la découverte de la boite à gant de Nicole, il trouvait toujours judicieux de lui proposer de donner des gages. Machinalement, mon regard, comme ceux des deux autres hommes, se tourna vers Nini. Byron annonça être pour les fléchettes, sauf si la reine de la soirée avait une autre idée. Vu comme j'étais bon à ce jeu, j'espérais secrètement que ma sœur n'ait pas très envie d'y jouer, mais...
" Cette histoire de gages me tente bien, je dois dire. Si on commence par le beerpong, on risque de tuer quelqu'un si on décide de jouer aux fléchettes après. J'opte plutôt par les fléchettes en premier. En plus des gages, l'équipe perdante devra payer les 2 prochaines tournées ! "
Le verdict était tombé, j'allais probablement finir la soirée plumé et entraîner un innocent dans ma chute.
“C’est ok pour moi, mais alors on compte juste le nombre de points à chaque manche, avec les menottes, ça va être un enfer si on fait une vraie partie.”
Déjà que je n'étais pas franchement doué sans, faire un double avec serait clairement impossible pour moi. Après quelques minutes supplémentaires à rester assis pour profiter de nos boissons, nous nous dirigions, toujours un peu difficilement, vers la cible. J'avais conservé mon verre dans ma main gauche, histoire qu'un geste inopiné de Mel ne puisse pas le renverser et je le posais sur la table la plus proche en arrivant. Il faisait chaud et je n'avais aucune envie de devoir promener mon siamois toutes les deux minutes à travers tout le bar pour aller boire un coup. Nicole demanda quelle équipe voulait commencer.
"Comme j'ai payé la première tournée, c'est un peu comme si j'avais perdu, alors on va commencer si tu veux bien."*
Nous allions donc récupérer les fléchettes jusqu'à la cible. Du moins, Mel récupérait deux fléchettes sans problème pendant que je galérais pour enlever la dernière de la cible avec ma main gauche. Puis nous revenions nous placer près des autres.
"Comment on fait alors ? On lance chacun les trois fléchettes et on compte le nombre de points de chaque équipe ?"
Une fois la réponse obtenue, je me plaçais à l'endroit prévu qui, avouons-le, me semblait vraiment loin de l'objectif. Comme j'étais droitier, mon premier réflexe fut d'essayer de lancer la première fléchette avec ma main droite, oubliant l'espace d'une seconde que celle-ci était attachée à Melchior. Bien entendu, ce fut un fiasco. Non seulement mon élan tira sur le bras de mon siamois, mais en plus, la fléchette retomba bien avant de toucher la cible. Ça commence bien, pensais-je. J'allais finir à découvert à la fin de la soirée si c'était ça.
"Désolé mec." Fis-je, à l'attention de Mel en frottant mon poignet légèrement endolori. "Promis, je vais essayer d'éviter de faire ça, à l'avenir."
Me remettant à l'endroit voulu, je prenais la seconde fléchette dans la main gauche, donc. J'avais l'impression que je n'avais jamais été si concentré, j'étais à la limite de transpirer. J'espérais réellement ne pas toucher quelqu'un, puisque je n'aurais même pas l'excuse d'avoir bu. Et après deux autres lancés, il s'avéra que personne ne fut blessé, même pas la cible, lancer avec ma mauvaise main étant bien plus compliqué que je ne l'aurais pensé.
"Eh beh, je ne m'améliore pas vraiment avec le temps." Constatais-je, un peu désespéré.
La possibilité d'une victoire de notre équipe et la survie de mon compte en banque reposant entièrement sur Melchior, je tournais la tête vers lui.
"J'espère que tu joues mieux que moi, Mel. Sinon on est pas dans la merde."
(*et puis sinon, le rp s’arrête là et c’est un peu ballot de ne pas avancer )
Alors qu'on arrive au bar, je jette un rapide quoi d’œil à Byron, je n’ai pas eu trop l’occasion de le regarder depuis qu’on est sortis de la voiture, c’est vrai qu’il est plutôt pas mal. Je détourne le regard, gêné d’avoir posé les yeux sur lui de cette façon, je ne veux surtout pas lui donner l’impression que je le regardais. On commande nos boissons et je propose la première activité de la soirée. " Que décide Mademoiselle ? Peut-être que tu as une meilleure idée à nous proposer... " Je regarde Nicole pour ne pas croiser le regard de Byron, j’essaie de cacher mon petit malaise et proposer une activité est une bonne diversion. " Cette histoire de gages me tente bien, je dois dire. Si on commence par le beerpong, on risque de tuer quelqu'un si on décide de jouer aux fléchettes après. J'opte plutôt par les fléchettes en premier. En plus des gages, l'équipe perdante devra payer les 2 prochaines tournées ! " Je sens que les fléchettes ça sera compliqué, ça peut être drôle mais je sais pas pourquoi j’ai proposé des gages. Je sens que je vais encore me retrouver dans des situations pas possibles, mais bon au moins on ne risque pas de s’ennuyer ce soir. "C’est ok pour moi, mais alors on compte juste le nombre de points à chaque manche, avec les menottes, ça va être un enfer si on fait une vraie partie.” Je hoche la tête pour approuver, des gages et des tournées sont en jeu, j’ai pas envie de perdre parce que quelqu’un nous aura oublié des points. Une vraie partie, enfin une vraie partie avec des menottes ça me tente bien.
" Quelle équipe commence ? " J’aimerais bien qu’ils commencent, pour voir comment ils se débrouillent en étant menottés, je sens que ça va être une galère pas possible. Avant que j’ai pu dire « Après vous à Nicole », son frère prend la parole pour que nous commencions. "Comme j'ai payé la première tournée, c'est un peu comme si j'avais perdu, alors on va commencer si tu veux bien." Il me regarde et me demande "Comment on fait alors ? On lance chacun les trois fléchettes et on compte le nombre de points de chaque équipe ?" « Oui ça me paraît bien ! » Maxwell s’avance vers la cible et je le suis, c’est pas comme si je pouvais rester en retrait. Il lance de la main droite qui est reliée à la mienne, mon bras le retient et il rate complètement son lancer. [color=#ff0000]« Oh mince t’es droitier, ça va pas être pratique ça. » "Désolé mec." Je le vois toucher son poignet, les menottes c’est pas ce qu’il y a de plus confortable. "Promis, je vais essayer d'éviter de faire ça, à l'avenir." J’espère qu’il sait lancer de la main gauche et qu’il est ambidextre sinon ça sera un véritable désastre. « T'en fais pas, fais de ton mieux et ça ira ! ». Je le vois se concentrer, j’aimerais pas être à sa place je serais incapable de lancer de la main gauche. "Eh beh, je ne m'améliore pas vraiment avec le temps." « En même temps tu dois lancer avec ta main gauche donc c’est normal, on fera mieux à la prochaine manche. » Il a l’air assez dépité, j’essaie d’être rassurant pour l’encourager mais je suis plutôt dépité aussi. "J'espère que tu joues mieux que moi, Mel. Sinon on est pas dans la merde."
Tout repose sur moi, si je me rate on perdra certainement la manche. J’ai rarement joué aux fléchettes donc j’ai un peu peur du résultat. « Je vais essayer, j’ai pas envie de laisser les laisser gagner. J’ose même pas imaginer les gages qui nous attendent sinon. » Je respire un grand coup et je me place sur la zone de lancer. « Bon allez c’est parti ! » Je me concentre, l’avantage que j’ai c’est que je suis droitier et que seule ma main gauche est menottée. Je me dis que j’ai eu de la chance de ne pas être menotté de la main droite comme Max, je pense que je n’aurais peut-être même pas réussi à lancer la fléchette. J’attrape les fléchettes que Max me tend et je lance du mieux que je peux. La première finit dans le mur, elle reste plantée. Je me dis que j’ai pas assuré mais j’ai jamais été très doué aux fléchettes. Je prends la seconde dans ma main droite et j’essaie d’ajuster ma visée et ça paye puisque la fléchette atterrit dans la cible. « Ah là c’est mieux ! » Le score n’est pas gros mais c’est déjà mieux qu’être dans le mur. Je respire un coup et je lance la dernière fléchette qui à ma grande surprise et par un coup de chance atterrit dans le mille. Je lâche un « Yes ça c’est cool ! » et je fais un high five à Max pour célébrer cette progression dans notre score. C’est plus difficile que ce que j’avais imaginé, même si c’est ma main gauche qui est menottée et pas la droite. « A vous ! »
Résumons la situation. Nicole conserve des joujoux bien particuliers dans la boîte à gants. Et, elle éprouve l'irrésistible envie de s'en servir ce soir. Et les binômes d'un jour sont vite désignés. Je fais équipe avec Nicole. J'ignore si j'en suis ravi. Ou effrayé. Il ne faut surtout pas que j'ai peur du ridicule. Nous avons tiré le gros lot. Pour être plus juste, Nicole a fait grâce des belles et clinquantes menottes fourrée et rose à son frère. Lorsque je sens la boucle se refermait autour de mon poignée droit, je ferme les yeux. Notre destin est scellé. Pour le meilleur et pour le pire. « Je serais optimiste, voire crédule, si j'étais persuadé que tu es une princesse et que tu ne fais donc jamais caca ! Ce n'est visiblement pas le cas ! N'en faisons pas grand cas ! » Inutile de s'attarder sur ses habitudes fécales. Nous suivons le duo cent pour cent masculin. Et nous pénétrons dans le bar. Sous de nombreux regards interrogateurs. Une belle équipée sauvage qui dénote. Nous nous nous séparons. Les premiers se chargent des consommations. Nicole et moi, nous nous installons à une table. Je profite d'un instant seuls, pour lui demander de plus amples informations sur le jeune homme accompagnant son frère. Je ne le connais pas. Et j'ignore son nom. Elle m'éclaire. Melchior. Un prénom royal. Plus couramment remplacé par le diminutif 'Mel'. Je suis surpris par sa remarque suivante. « Il te fait de l'oeil ? » 'Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle dit ?' Je regarde vers le bar. Je jauge le jeune homme. Je vois son regard se poser sur moi. Nos regards se croisent. Il détourne le sien. Je me tourne vers Nicole. Silencieux. Pensif. Finalement, je la questionne « Tu crois vraim... » Mais je n'ai pas le temps de finir, Maxwell et Melchior sont déjà de retour. Avec les consommations. Sans aucune perte en route. Je félicite l'exploit. Avant de trinquer.
Comme nous n'allions pas enfiler des perles toutes la journée Melchior propose quelques activités. Karaoké. Fléchettes. Choix cornélien. Je suis du même avis que lui. Le karaoké arriverait peut-être un peu tôt dans la soirée. Il est sûrement préférable de s'enivrer un peu pour faire profiter la populace de notre plus bel organe. Je laisse le privilège de choisir à l'instigatrice de la soirée. Que veut-elle ? Que dit-elle ? Nous l'écoutons. Je ris lorsque la jeune femme craint que nous puissions blesser quelqu'un avec des fléchettes si nous débutions par un beerpong. « C’est ok pour moi, mais alors on compte juste le nombre de points à chaque manche, avec les menottes, ça va être un enfer si on fait une vraie partie » Même pas la partie n'a commencé, il tente de nous entourlouper. Peut-être sent-il déjà le vent du boulet. Et de la défaite poindre le bout de son nez. « Quelle équipe commence ? » Demande-t-il ? « C'est une bonne question. Nous pouvons tiré à pile ou face. Ou chacun tire une flèche, on cumule les points des deux équipes et celle qui a le plus de points commence ? » Propose-je. Le frère de Nicole n'en a cure. Il prend la parole. Solennellement. « Comme j'ai payé la première tournée, c'est un peu comme si j'avais perdu, alors on va commencer si tu veux bien. » Si j'avais su, j'aurais payé la première tournée. Pour pouvoir commencer la partie. Je regarde Nicole. Que dit-elle ? « La galanterie, tu ne connais pas... Mais tu as raison, autant que les losers passent en tête... Après vous messieurs ! » Souffle-je en leur lançant un clin d'oeil. Avant de débuter, nous devons établir le protocole du jeu. Une manche. Trois flèches chacun. Tirées à tour de rôle. « Oui ça me paraît bien ! » « Je suis d'accord ! ». Le premier se lève. Suivi du second. Je regarde Nicole. « Je crois que nous avons un avantage. Tu es droitière et je suis gaucher. Au moins, de ce point de vue là, le karma est de notre côté ! » Je regarde le duo s'exécuter. Maxwell tire de la main droite. Cette même main est reliée à celle de Melchior. Le mouvement de poignet n'est absolument pas fluide. Il manque sa cible. Il s'excuse auprès de son partenaire. Il tente avec sa main gauche. Tout aussi mauvais. Je me penche vers Nicole et lui souffle à l'oreille « Ils commencent fort... » Ce n'est pas bien de se réjouir du manque de réussite d'autrui. En même temps, nous n'allons pas pleurer à chaudes larmes parce qu'ils nous facilitent la tâche. « Max, tu sais que le but c'est de viser la cible ? Je dis ça, je dis rien... » Le charrie-je. « Sinon, payez-nous direct à boire, qu'on gagne du temps ! » « J'espère que tu joues mieux que moi, Mel. Sinon on est pas dans la merde. » C'était le tour de la loose. Espérons que son acolyte sauve les meubles. Je l'observe. Attentivement. Il n'est pas si mauvais le bougre. Même si la première flèche n'a pas atteint la cible. « C'est bien Melchior, tu rattrapes le désastre de ton pote ! » Je me tourne vers Nicole. « Je crois que c'est à nous Mademoiselle ! Si tu veux je commence ! » Nous nous approchons de la cible. Je récupère trois flèches. Afin de préparer mes lancers, je fais des moulinets avec mon bras gauche. J'échauffe mon poignet. Afin que lors du tir, les flèches aillent dans le mille. « Espérons que je ne sois pas trop rouillé ! » Je concentre. J'observe la cible. Je respire. Le destin est avec moi.
Spoiler:
Win : Première flèche : 15. Pas si mal pour une première. Deuxième flèche : 14. Peut mieux faire. Troisième flèche : 18... « Pow pow pow !!! YEEEEEEEEES ! » Je m'adresse à l'assemblée. « C'est pas beau ça ? » Silence. « Est-ce que vous voulez déjà savoir ce que je veux boire, pour les deux prochaines tournées ? » Demande-je à Maxwell et Melchior. So close : Première flèche : 8. Je suis un peu rouillé. Je dois retrouver mes réflexes. Au moins, je marque des points. Deuxième flèche : 12. Ça s'améliore. Ce n'est pas si mal. Troisième flèche : 7. Je grimace. « Au moins, elles ont toutes atteint la cible ! » L'honneur est sauf. Lose : Première flèche : 4. Au moins elle est dedans. Deuxième flèche : out. « WHAAAAAAT ! Non ! » Je souffle, de dépit. 'Concentre-toi Byron ! Tu peux le faire ! Mieux que 4 !' Je respire. Troisième flèche : out. « Non, il y a complot ! » Je me tourne vers Nicole. « Je suis désolé ! Il faut que je me refasse la main ! » Silence. « C'est histoire qu'ils croient qu'ils peuvent gagner ! » Ajoute-je en souriant. « Et en même temps, je suis droitier... » Je secoue ma main droite, menottée à la sienne... Pour tenter de trouver une excuse valable.
Codes couleur : Nicole :
Code:
[color=#660099]
Maxwell :
Code:
[color=#0099ff]
Melchior :
Code:
[color=#ff0033]
Byron :
Code:
[color=#0066cc]
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014