fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Ce soir après une journée de taff éreintante, avec quelques collègues, on a décidé d'aller se prendre un verre. A la base j'avais l'intention de rester une heure ou deux, étant claquée. Sauf qu'après deux verres j'ai retrouvé un regain d'énergie, et je pétais la forme. Et la soirée se passant si bien, on rigole beaucoup que je ne vois pas le temps passer. Je le payerais surement demain, mais au moins c'est une journée OFF donc ça ira. Puis bon j'ai une maquilleuse qui fait des miracles, de quoi me rendre une mine éclatante alors que de base j'ai une gueule éclatée. Bon le fait est qu'elle est aussi à la soirée avec moi là, mais c'est un détail. Oui je me lie pas mal avec les gens du tournage, que ça soit mes co-star mais aussi les gens qui gravitent autours de moi. Je trouve ça important de former une bonne cohésion d'équipe, après tout on est emmené à se voir tous les jours des heures durant et ce pendant des mois. Ils finissent par devenir une famille. Bon pour l'instant on en est pas encore là non plus, car le tournage de la série vient tout juste de commencer. Mais si ça jamais ça fonctionne, ça pourrait très bien durer des années. On verra bien comment le public accueillera la série. J'aurais tout le temps de stresser pour ça bien assez tôt. Pour l'heure je m'amuse, je viens même de m'inscrire pour le karaoké. Le chant c'est une autre de mes passions. Derrière la comédie, mais tout de même, j'adore chanter. Tout le temps. Au grand damn de mes proches très certainement. Bon après je chante bien donc ça va. Ce n'est pas comme si je faisais saigner leurs oreilles non plus. Quoi qu'il en soit, en attendant que ça soit mon tour, je me rends au comptoir dans le but de commander, mon verre étant vide. Je dois avouer être déjà bien attaquée. Disons que ça allait bien jusqu'à ce que je ne sais qui ait l'idée de commander des shots. Forcément ça monte plus vite à la tête. Enfin ceci dit, je suis encore très loin de ma limite. Je n'en suis pas encore au stade à dégueuler dans le caniveau et ne plus savoir ce que je fais. Je ne compte pas l'atteindre d'ailleurs. Je n'ai plus 20 ans, c'est fini ces conneries. Et quand j'y pense, je me trouvais bien conne à l'époque. Bref, j'suis là à attendre qu'un barman daigne me porter de l'attention, lorsque je suis témoin d'une scène qui m'horripile à mes côtés. Un type excessivement lourdingue qui drague une nana, clairement pas intéressée. Au début je dis rien, parce que bon, elle est très certainement assez grande pour s'en sortir toute seule. Sauf que le mec il a pas franchement l'air de comprendre le message. Une situation qui m'arrive personnellement bien plus souvent que je ne le voudrais. Surtout depuis que je suis devenue un minimum connue. C'est assez paradoxal, ma célébrité engendre deux comportements différents. T'as ceux qui a cause de ça, n'osent pas venir m'aborder. Et t'as ceux que ça attire comme des mouches et qui se croient tout permit, sous prétexte qu'ils t'ont vu dans leur petit écran dans leur salon. Bref, je décide que c'est mon moment pour intervenir, solidarité féminine. Et ça tombe bien, le barman vient juste de me servir. " Bébééééé, te voilà, je te cherchais partout. " Je passe une main autour de sa taille, sans gêne, comme si on était ensemble. Je lui file alors mon verre (une margarita) " Tiens, je t'ai pris comme d'habitude. " Je regarde alors le mec qui nous fais face. " Hm mais c'est qui ce tocard ? " Il a l'air assez interloqué par la situation, ne s'attendant très certainement pas à ça. Très certainement blessé dans son amour propre, voilà qu'il lache un sales gouines, avant de se barrer. " C'est ça dégage pauvre type. " Il a le droit en plus à un doigt d'honneur venant de ma part. Je finis alors par lâcher la nana, c'est que mine de rien j'étais toujours collée contre elle. " Désolée je me suis dis que... " Ce n'est qu'à cet instant précis que je prends réellement la peine de la regarder. Faut dire qu'en fait je l'avais surtout vue de dos - une très belle vue soit dit en passant - et que lorsque j'ai débarqué je n'ai pas vraiment fait attention. Mais maintenant qu'elle est face à moi et que je peux voir son visage, et bien comment dire... C'est le choc. Un visage que je n'ai pas vu depuis quasiment 20 ans. Un visage qui a changé. Mais un visage que je reconnaitrais parmi mille. " Cléo. " Les battements de mon coeur se sont accélérés à vitesse grand V. C'est la grosse panique intérieurement. Même si y'a aussi une partie de moi qui est excessivement heureuse de la voir là. Et qu'est ce qu'elle est devenue canon au passage. Même si elle l'était déjà avant, mais là elle est devenue une vraie femme. " Je...Wouah. Cela fait un bail... " Pour ne pas dire une éternité. Oui tu sais, depuis que tu l'as lâchement délaissée, que tu t'es barrée sans te retourner. Je passe une main dans mes cheveux, signe de nervosité.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
Pourquoi ai-je dit oui à rester seule dans le bar pour garder nos places en attendant qu’il nous rapporte à manger déjà ? Non parce qu’on aurait pu trouver un autre bar. Moins bien, sans doute, mais ça m’aurait évité de me retrouver à la merci des idiots bourrés sans aucune conception de l’espace vital. Et je serais encore avec lui, à me promener tranquillement, à la recherche d’un repas pouvant s’imbiber doucement mais sûrement de l’alcool ingéré. Mais non, j’ai accepté son plan, avec grand plaisir en plus. Pour une fois qu’on avait nos places préférées, ça faisait trop longtemps pour les laisser en péril face à la sauvage clientèle autour de nous. « Allez, juste une toute petite danse ! Faut bien ta beauté et ton charme pour rattraper sa voix. » Je lève les yeux au ciel. En soi, le plan était parfait. J’aurais juste dû inverser les rôles… Même si les alcoolisés de la rue ne sont pas mieux non plus. « Mon non d’il y a deux minutes ne va pas changer dans les prochaines secondes. Comme celui datant de 5 minutes d’ailleurs. » Mes paroles ne percutent pas dans le cerveau de l’énergumène. Il ne fait que se rapprocher un peu plus, persuadé que ma prise de parole lui accorde cette chance. Et me voilà à prendre une bonne goulée d’air pour ne pas finir asphyxiée par son odeur de sueur immonde. C’en est à me donner des haut-le-cœur. « Je vois l’envie dans ton corps, dans tes yeux. Tu n’es plus obligée de jouer la difficile. » Sérieusement ?! Mon poing se serre. « J’ai dit non ! » Ma voix commence à monter furieusement alors qu’aucun de mes mots ne semblent faire effet. « Bébééééé, te voilà, je te cherchais partout. » Sans que je comprenne comment, ni pourquoi, une femme se poste à mes côtés et me prend par la taille comme si c’était le geste le plus naturel du monde. Je ne m’y attendais pas. Et mon corps ne ressent pas de répulsion protectrice et encore moins de dégoût. Du moins, sur l’approche physique en elle-même, ce qui m'étonne dans un environnement comme celui-ci. Mon regard, lui, passe de sa silhouette au verre qui se pose devant moi au dragueur intempestif avant de se focaliser sur le visage de celle qui semble vouloir être ma sauveuse. Et le temps s’arrête. Je sens la jeune femme bouger à mes côtés, toujours en interaction avec l’autre. Qui, d’après mes alertes secondaires, finit par s’avouer vaincu et part. Mais j’y fais à peine attention, celle-ci étant bloquée sur la nouvelle arrivée. « Désolée je me suis dis que... » Cette personnalité, reconnue par tant d’autres par le visionnage de séries et de films, a pris la peine de perdre un peu de son temps pour moi. Dans toutes autres circonstances, avec toutes autres personnes, ce serait sans doute la première pensée qui me viendrait à l’esprit et ne me lâcherait pas. « Cléo. » Sauf que mes souvenirs de ce visage empêchent toute idée même de célébrité de m’impressionner. « Je...Wouah. Cela fait un bail... » Mon expression bouche bée s’évanouit alors que la gêne s’invite au rendez-vous. « Je dirais bien une vingtaine d’année… Mick. Voire peut-être plus, si on se souvient bien… » Dans un réflexe de nervosité et légère frustration, j’attrape le pied du verre à cocktail qu’elle a posé devant moi et le fais tourner entre mes doigts. Je ne sais pas quoi dire de plus. Enfin si, en vrai, je sais ce que je dois lui dire, mais ça m’écorche la langue par avance. Mais, je suis une personne digne de ce nom et ce n’est pas devant elle que j’abandonnerais cette partie de moi. « Je te remercie de m’avoir aidée à m’enlever de ses griffes. Même si je m’en serais sortie au bout du compte. Mais merci d’avoir accéléré son départ. » Les paroles viennent, difficilement certes, mais elles sont bien là. Bien que mélanger à une affirmation que je n’avais pas besoin de son aide. Mes poings serrés de tout à l’heure ne signifiaient pas que j’allais faiblir, juste que ma patience a une limite. En parlant de gestes révélateurs, je freine mes doigts autour du pied de verre pour le saisir plus franchement et le lui tendre. « Je crois que ceci t’appartient. Je ne voudrais pas te retenir plus longtemps, tu as sans doute mieux à faire, des amis à retrouver. » Des vrais, des personnes qu’elle considère, vraiment. Pas comme moi. Aujourd’hui comme à l’époque. Et là, je n’ai pas la tête à me rappeler son abandon progressif, mais bien réel. Je veux juste retrouver ma bonne soirée et oublier tout le reste.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Moi qui pensais simplement aider une parfaite inconnue des griffes d'un gros lourdingue voilà que je me retrouve dans une situation complètement délicate. L'inconnue se révèle en fait être pas si inconnue que ça. Fut une époque où on était carrément meilleures amies. Dans une autre vie j'ai l'impression. Pour autant je ne l'ai jamais oubliée. Oh ça non. Mon silence n'était en rien significatif d'indiférence, bien au contraire. Cleo a l'air aussi déboussolée que moi. Ni l'une ni l'autre ne s'attentions à une telle situation ce soir. Qui aurait pu le prédire en même temps ? Quelles étaient les probabilités que je tombe sur elle, là comme ça ? « Je dirais bien une vingtaine d’année… Mick. Voire peut-être plus, si on se souvient bien… » Mick. Un surnom que très peu de gens utilisent. Cela me fait bizarre de l'entendre une nouvelle fois. Par contre je comprends tout de suite son sous-entendu. Que notre sépération a commencé avant même mon départ pour Melbourne. Gênance bonsoir. " C'est vrai... " Et j'en suis malheureusement l'unique responsable. Cleo me remercie alors de l'avoir aider à se débarasser du lourdingue. Même si elle s'en serait très bien sortie toute seule, j'ai quand même contribuée à accélérer son départ. Je ne doute pas une seule seconde de ça, évidemment que sans mon intervention elle se serait débrouillée toute seule. " Evidemment. " Cela va sans dire rien. Je trouve pas grand chose à répondre de plus, à dire vrai je suis toujours sous le choc de la situation. De son côté ça doit aussi être l'effervescence dans sa tête. Elle me rend alors mon verre. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir là un geste ultra symbolique. Dans le genre je veux rien de toi. D'ailleurs voilà qu'elle me congédie presque, en mode, allez c'est bon tu peux disposer, va donc retrouver tes amis, tu sais, tes vrais amis. Pas comme moi. Même si elle ne le dit pas ouvertement, c'est tout comme. La pique elle m'atteint de plein fouet. Mais c'est largement mérité. " Tu as sans doute raison. " que je dis en récupérant mon verre, limite vexée. Genre à quoi je m'attendais ? A ce qu'elle me fasse un gros calin en mode trop contente de te revoir, tu m'as terriblement manqué ? Bien sur que non. Pourtant ça m'atteint quand même, c'est stupide. " Et bien...bonne soirée alors. " Et je commence à lui tourner le dos et partir dans le sens inverse. Non mais meuf, t'es sérieuse ? T'es vraiment en train de faire ça ? Tu vas vraiment te barrer comme si de rien n'était ? La connasse jusqu'au bout quoi. Le truc c'est que je suis tellement perturbée que je ne sais plus trop ce que je fais. En plus l'alcool m'aide pas franchement à réfléchir de manière très claire. Mais je prends quand même conscience que je suis en train de faire n'importe quoi. Finalement je m'arrête. Je dois bien rester immobile durant plusieurs secondes, là comme ça, au milieu de la foule. Les gens doivent se demander ce que je fabrique. Allez quoi, reprends toi MJ. T'as plus rien avoir avec cette ado que t'as laissé derrière toi. Je bois plusieurs grosses gorgées de mon cocktail, comme pour me donner du courage, avat de finalement faire demi tour et revenir d'un pas décidé vers Cleo, qui n'avait pas bougé d'un poil. " Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, c'est stupide. Je ne peux pas retourner à ma soirée et faire comme si de rien n'était. Tu es là. Toi. Devant moi. Tu peux pas savoir combien de fois j'ai pensé à ce moment... Je me le suis tourné dans ma tête en boucle... Y'a tellement de choses que je voudrais te dire. Que j'aurais dû te dire. Acceptes de prendre un verre avec moi. S'il te plait " Je dis ces derniers mots en posant ma main libre sur son bras et avec un air limite suppliant. Elle aurait tout à fait le droit de refuser. De m'envoyer bouler. Mais j'espère tellement qu'elle va accepter le dialogue.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
Je comprends tout de suite mieux la raison de mon manque de répulsion à son toucher. Même si ça m’agace encore plus profondément de savoir que mon foutu corps n’est pas capable de se rappeler que c’est un non avec elle. Un énorme non. Vingt ans d’absence, c’est largement assez pour que je ne garde pas physiquement parlant des souvenirs d’elle. Mais si mon organisme ne semble pas vouloir l’annoncer haut et fort, je garde le contrôle de mon esprit et, surtout, de mes paroles. Et je n’hésite absolument pas à faire une remarque directe face à son étonnement. Il ne fallait pas qu’elle s’attende à ce que je lui fasse la bise de retrouvaille non plus. « C'est vrai... » Il ne manquerait plus qu’elle essaye d’insinuer que je mens. Mais je prends sur moi et je m’oblige à avoir l’attitude que j’aurais eu avec n’importe qui d’autre. Je la remercie et me rappelle à plusieurs reprises que cette conversation va vite se finir. Michaela semble accepter le fait que j’aurais pu m’en sortir par moi-même, même si elle ne paraît pas très convaincue. Enfin, en même temps, elle ne paraît pas vraiment présente tout court. Serait-elle encore choquée par ma présence ici ? C’est pourtant bien elle qui est partie dans notre adolescence. Et c’est elle aussi qui fait carrière à l’étranger. A ce que je sache, je devrais être celle sous le coup de la surprise. Ce qui est le cas, pour être tout à fait honnête, mais une confusion colérique. Mes gestes s’en ressentent. C’est d’ailleurs pour arrêter ces mouvements me trahissant que je lui rends son verre, avec une invitation à retourner à ses occupations. « Tu as sans doute raison. » Me contredire ne serait pas la meilleure des idées actuellement. Je ne suis pas certaine que je préfère cette tournure de situation par rapport à juste un idiot bourré insistant. Une fois son verre récupéré, je me tourne vers le bar. Je laisse ma posture indiquée une attention tournée vers le barman pour commander ma propre boisson, bien que tous mes sens soient tournées vers la jeune femme. Comme attirés par elle. Et je sens déjà que je risque d’être déboussolée toute la soirée si elle reste dans le même bar. Mais ça, c’est à voir plus tard avec moi-même. Contrôle des gestes d’abord. « Et bien...bonne soirée alors. » « Bonne soirée et bonne continuation. » Si la rancune et l’incompréhension de l’époque sont toujours présentes, l’envie qu’elle continue à bien s’en sortir n’est pas partie non plus. Paradoxe bonjour. Je la sens enfin s’éloigner et je tente un petit coup d’œil en arrière pour confirmation. Oui, elle se dirige de l’autre côté de la salle. Mon corps, de façon automatique, se détend légèrement, même s’il n’a pas besoin d’autant de relaxation que ce que je pensais. A cet instant, je cherche réellement à attirer l’attention du serveur. Parce que je ne veux pas réfléchir à ce qu’il vient de se passer. Ni des conséquences de son potentiel retour, de sa signification. Tout court, pour elle, pour nous. Ce nous n’existe plus, voilà tout. Je sursaute d’un coup quand sa voix resurgit derrière mon épaule. J’entends à peine les premiers mots, mon cerveau reconnecte à la situation à ‘stupide’. La suite n’est pas là pour éviter toute perturbation. Si elle avait vraiment voulu me parler, elle l’aurait fait depuis longtemps. Par exemple, dès le moment où j’essayais de retrouver notre complicité et comprendre pourquoi elle avait mis de la distance entre nous. « Acceptes de prendre un verre avec moi. S'il te plait » Je baisse les yeux sur sa main posée sur moi. Je le sens au fond de moi, ce contact ne me gêne pas. Au contraire, une sorte de chaleur réconfortante, celle de la confiance d’antan, semble être encore bien ancrée au fin fond, dormante, et resurgit doucement. Mais je m’écarte. Par protection. Par rancune. Par colère. « Pourquoi est-ce que je t’écouterais après tout ce temps ? Tu n’as rien voulu me dire à l’époque, tu m’as ignorée ! Alors, qu’est-ce qui a changé en vingt ans ? » Vingt ans, dix ans, ce n’est pas si différent finalement. Cette pensée me percute en plein ventre et ma colère retombe brusquement. J’ai l’impression de parler comme Maxence. Comme Peter quand je l’ai croisé chez mon frère. Aussi superficielle que Peter. Non, je ne peux pas. C’est inconcevable que je ferme toute conversation alors que j’ai moi-même gardé mes distances pendant une dizaine d’années avec mon frère. Peut-être qu’elle aussi a ses raisons. A tort sans doute, mais comme moi. Je souffle d’exaspération avant de lui montrer le siège à côté de moi. « Vas-y, je t’écoute. » Là, je ne peux pas lui donner plus.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Maintenant que j'ai croisé Cleo, c'est foutu. Je serais incapable de passer ma soirée à faire comme si de rien n'était. Je ne vais pas arrêter de penser à elle. Je le sais. Et peut importe la quantité d'alcool que j'ingurgiterais ça n'y changera rien. C'est trop tard. Peut être que c'est un signe ce soir. Ces dernières années j'ai souvent pensé venir toquer à sa porte. A chaque fois que je remettais les pieds à Brisbane. Mais je n'en ai jamais trouvé le courage. Alors que peut être que c'est le moment. Le destin a décidé de nous réunir. Je ne peux pas aller contre lui. Je prends donc la décision de faire demi tour et d'enfin affronter mon passé. Une partie de mon passé du moins. Parce que j'ai d'autres casseroles dans le placard. Je tente un contact physique mais je comprends que c'était une erreur. Elle s'écarte, instaurant une barrière invisible entre nous. Ok j'ai compris le message, je la touche pas. J'espère néanmoins qu'elle va accéder à ma requête malgré tout. Je le vivrais assez mal qu'elle m'envoie complètement bouler en mode "non ça sert à rien, on a plus rien à se dire" et qu'elle se barre juste comme ça. Et pour l'instant ça commence assez mal. Pourquoi m'écouterait elle après tout ce temps ? Moi qui n'ait jamais voulu lui parler justement. Pourquoi maintenant ? Qu'est ce qui a changé ? " Moi. J'ai changé. " Elle est là la grande différence. " Je ne suis plus la gamine effrayée que j'étais. " Mes yeux continuent de la supplier. Tu ne peux pas me refuser ça, allez. Elle doit être partagée entre l'idée de me jeter comme une malpropre parce que c'est tout ce que je mériterais, et celle d'accepter, pour enfin entendre mes explications. Qu'elle puisse tenter de comprendre. Même si clairement, ça arrive bien trop tard. Elle me montre alors le siège à ses côtés. Elle m'écoute. Un premier pas de fait. " Merci. " Je me pose alors sur le siège à ses côtés. On ne peut pas dire qu'on soit dans le meilleur endroit pour ce genre de conversation. Entre la musique en fond sonore, tous les gens autours de nous, qui rigolent, parlent fort... Sans parler que n'importe qui pourrait nous entendre. Mais je peux pas rater l'occasion. C'est peut être la seule qu'elle me donnera alors tant pis. Sauf que voilà, maintenant que je suis assise à côté d'elle, je me retrouve comme une con. Je m'étais pas préparée psychologiquement à avoir une telle conversation ce soir. Par où commencer ? Comment lui expliquer à quel point t'as été terriblement nulle ? " Tu sais, c'était une époque difficile pour moi. Entre les problèmes avec mes parents et... " Elle le savait mieux que personne ça. Quand j'ai surpris mon père en train d'embrasser une autre femme que ma mère, elle est la première personne à qui je me suis confiée. Je ne pouvais pas garder ça uniquement pour moi. L'homme que j'avais érigé sur un pied d'estal était bien loin d'être si parfait au final. Je suis tombée d'assez haut. Je perdais mon modèle. " Y'avait d'autres trucs qui se passaient aussi, mais j'ai jamais osé t'en parler... " Comme quoi, je ne lui disais pas tout. " Je ne sais pas si t'as entendu parler de moi ces dernières années, si tu m'as un peu suivi mais... " J'imagine qu'elle sait à minima que je suis devenue actrice aujourd'hui. Elle a dû tomber un beau jour par hasard sur ma tronche à la télé, dans une pub, une série, un film, ou même un magasine people. Ou alors une de nos connaissances en commun lui aurait parlé de moi, c'est obligé. Après secrètement ça me ferait plaisir qu'elle se soit intéressée de près à ma carrière, car ça signifirait que quelque part je suis toujours un peu là dans son coeur. " C'est étalé partout dans la presse que j'aime les femmes. " Du coup je ne sais pas si c'est quelque chose qui la surprendra aujourd'hui. D'autant plus avec mon petit numéro de tout à l'heure pour faire dégager le lourdingue. Est-ce qu'elle commence à voir où je veux en venir ? " J'ai aucun problème avec ça aujourd'hui, je l'assume pleinement mais à l'époque, ce n'était pas le cas. J'osais pas en parler. J'avais honte de ce que je ressentais...Et peur de la réaction des autres. Tu sais à quel point mes parents sont conservateurs en plus. " Pour eux la vision d'une famille, c'était un homme et une femme. Le mariage. Les enfants. Cela les mettait toujours mal à l'aise quand ils voyaient un couple gay s'afficher publiquement ensemble. " J'ai souvent failli t'en parler mais...Le truc c'est que tu faisais parti du problème. " Dis comme ça c'est peut être bizarre. Non pas que je cherche à lui faire porter le chapeau, du tout. Je fais une petite pause, j'admire le fond de mon verre avant de finalement reposer mes prunelles dans les siennes. Allez crache le morceau. " C'est toi qui m'a fait comprendre que j'aimais les filles. Je crois pas que tu t'en sois rendu compte mais je craquais complètement pour toi à l'époque. " Parce que je le cachais très bien. " Et ça me devenait de plus en plus difficile de te le cacher. C'est pour ça que je suis devenue bizarre, et que j'ai commencé à t'éviter... " Je sais bien que ce n'était pas un comportement très mature. Mais en même temps, je n'étais qu'une gamine. Une adolescente qui commence à découvrir son corps. " Je me suis éloignée de toi, pas parce que j'en avais plus rien à faire de toi, ou que tu ne comptais plus...C'était tout le contraire. " Mais parce que je l'aimais un peu trop justement. " J'en avais pas du tout envie. Mais j'étais trop effrayée, trop lâche pour te l'avouer. " Et voilà le résultat. " Je suis vraiment désolée. Tu peux pas savoir à quel point je regrette mon comportement. Je sais bien que je suis impardonnable et que t'en as surement plus rien à foutre de moi mais...T'avais au moins le droit de connaître la vérité. Même si elle arrive 20 ans trop tard. " Vaut mieux tard que jamais non ?
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
« Moi. J'ai changé. » Une partie de moi ne veut pas l’entendre, elle reste accrochée à la colère et veut l’envoyer balader à l’autre bout du monde. Et, en même temps, les paroles de Peter font écho tout autour de moi, auxquelles se rajoutent les mots de Max. Ce dernier m’a laissé une place dans sa vie comme je lui en laisse une. Certes, il est de la famille, c’est mon petit frère, mais Mick n’était-elle pas ma meilleure amie, une personne des plus proches, presque comme de la famille ? Je soupire et accepte de l’écouter. Le temps de quelques minutes. Si ça peut au moins m’éviter de tourner en rond dans le lit ce soir, à me demander mille fois ce qu’elle aurait bien voulu me dire, ce sera déjà ça. « Tu sais, c'était une époque difficile pour moi. Entre les problèmes avec mes parents et... » Je hoche la tête pour lui signifier que je l’écoute et, surtout, que je me rappelle très bien ces dures journées de réalisation sur son père. J’ai essayé d’être la plus présente possible pour elle, d’être le soutien dont elle avait besoin. Et pourtant, un petit froncement de sourcils vient rajouter des rides sur mon front, ne voyant pas le rapport avec notre situation actuelle et passée. De même que je ne comprends pas pourquoi ce sous-entendu sur sa vie connue de tous par sa carrière d’actrice, comme si elle cherchait une faille dans mon rejet d’elle. Je préfère ne pas réagir, ne pas lui donner le moindre soupçon de confirmation. Parce qu’il est évident que j’ai suivi à minima son évolution, sa montée dans les grandes sphères du cinéma et des séries. Elle a peut-être voulu ne plus faire partie de ma vie, mais ça n’avait jamais été mon cas. Et ces fragments restent à vie. Surtout les soirs de nostalgies, de doutes et de questionnements, avec les visionnements de souvenirs de l’époque et les recherches sur sa vie d’aujourd’hui. Sans aucun lien pouvant expliquer sa disparition de ma vie. Explication se faisant attendre actuellement. Enfin, elle m’en a peut-être donné un morceau. Après tout, comme elle vient de l’annoncer, elle ne me disait pas tout. Elle n’était peut-être juste pas aussi attachée à moi que je pouvais l’être, pourquoi chercher plus loin. « C'est étalé partout dans la presse que j'aime les femmes. » Mon froncement de sourcils ne fait qu’augmenter alors que ses phrases ne se connectent pas entre elles. Et mon impatience en prend un coup. N’ayant toujours pas de verres avec lequel jouer, mes doigts finissent par tapoter doucement contre le bar. Rien de très voyant, pour une bonne tenue en toutes circonstances, mais assez pour soulager ma frustration. Donc, elle aime les femmes, aucune découverte jusqu’à présent. Je l’avais effectivement appris par la presse et je m’étais justement demandée comment ses parents l’avait pris. Mais ça n’a pas l’air de la toucher plus que ça aujourd’hui. Après, si son objectif, c’est de rattraper tous les secrets qu’elle n’a pas voulu me dire dans notre enfance, ce n’est pas nécessaire. Ce n’est pas comme si notre amitié est encore présente, ni rattrapable. Et encore moins quand elle me tient responsable de ce non-dit entre nous. Certes, mes parents sont conservateurs eux aussi. On a été élevées toutes les deux d’une certaine manière, selon un certain point de vue. Et peut-être que j’aurais mal réagi en tant qu’adolescente suivant leurs idéaux, mais elle n’a même pas essayé de savoir, alors je ne vois pas comment je pourrais être le problème. Je la fixe alors avec une flamme de colère froide, attendant le moment où elle m’accusera de mille autres mots. « C'est toi qui m'a fait comprendre que j'aimais les filles. Je crois pas que tu t'en sois rendu compte mais je craquais complètement pour toi à l'époque. » Une nouvelle fois, la réalité de la situation me transperce le ventre et détruit tout l’énervement qui pourrait rester dans mes veines. Je ne peux que rester bouche bée en écoutant la suite, en découvrant le revers d’une amitié effilochée pour une raison toute autre que l’indifférence. « Mais tu n’as pas eu un seul geste trahissant ton attirance ! Même lors de nos parties pyjamas, nos multiples soirées films, danses et autres, tu n’as rien montré, tu ne t’es pas rapprochée. Ou je n’ai juste rien vu ? » Mon esprit rejoue à grande vitesse nos nombreux moments ensemble, particulièrement ceux où on était proche et je ne vois rien. Rien qui pourrait m’indiquer cet aveu, qui aurait pu me montrer la voix. Comme s’il ne voulait pas y croire, pas vraiment. « Je ne sais pas quoi te dire. » Parce que c’est la vérité. Je ne m’attendais absolument pas à ça. Ses phrases précédentes se reconnectent entre elles, amorcent le début d’une révélation. Même si celle-ci a du mal à s’intégrer dans mon cerveau. J’aperçois alors le serveur qui s’approche de nous et j’en profite pour relancer une commande de verre. « Est-il possible d’avoir un mojito s’il vous plaît ? Et une margarita également. Je pense que ça vaut bien ça au moins. » Mes derniers mots sont plus pour moi-même, mes pensées tourbillonnant toujours autant. Le silence s’installe entre nous, un silence qui ne me dérange pas en cet instant. Je tourne parfois mon regard vers elle, le temps de l’observer quelques secondes, de la remettre elle et mes souvenirs avec elle avec cette révélation. Quand, finalement, nos verres sont posés devant nous, je la regarde dans les yeux. « Toujours briser le cœur de l’autre avant d’avoir le sien brisé, hein ? » Comme pour rebrancher le tout, je ressors l’un de nos dictons favoris. Celui qui devait nous mener vers une vie que nous avions choisi au lieu de la subir. Je ne sais même pas si je dois en rire ou en pleurer, parce que ça s’est bien retourné contre moi, même si pas exactement de la même façon.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Cleo me laisse l'opportunité de m'expliquer avec elle. C'est le moment ou jamais. Cet instant je me le suis imaginé très souvent dans ma tête. Avec tout un tas de scénarios possibles et de potentielles réactions. Mais entre se faire la conversation dans sa tête et le vivre réellement y'a un monde. D'autant que je ne m'étais pas préparée psychologiquement a vivre un tel moment ce soir. A la base je pensais juste passer un petit moment détente avec les collègues après une dure journée de travail. Et non me retrouver face à mon passé. Un passé dont je ne suis clairement pas fière. Mais qu'il faut assumer. Je dois embrasser mes erreurs. Alors voilà, je commence mes explications. Au vu du froncement de sourcil de la demoiselle je sens qu'elle ne comprends pas où je veux en venir. Pourquoi je lui raconte tout ça ? Patience, toute la lumière ne va pas tarder à se faire. Il y'a une suite logique à tout ça. Je ne lui dis pas tout ça juste pour rattraper le temps perdu et lui raconter ce qu'elle a manqué. Si je lui parle de mon orientation sexuelle c'est qu'il y'a une raison. Mais pour l'instant ça ne fait pas tilt dans sa tête, pire je vois son regard noir lorsque je déclare qu'elle faisait parti du problème. C'est clair que je n'ai pas forcément très bien tourné ma phrase. Peut être une déformation professionnelle. L'art de la dramatisation. Mais qu'elle ne s'inquiète pas je ne compte pas l'accuser de quoi que ce soit, la seule fautive, c'est moi. Je lui avoue alors enfin mes sentiments de l'époque. Mieux vaut tard que jamais non ? Cela ne m'aura prit qu'une vingtaine d'année hm. Je la sens complètement déstabilisée. Choquée. Elle tombe des nues, elle ne s'attendait très certainement pas à une telle révélation. Vu que j'ai coupé les ponts avec elle, je ne sais pas ce qu'elle s'était imaginé à mon sujet durant tout ce temps. Les raisons qu'elle a pu trouver à mon comportement. Mais clairement, que mon éloignement puisse avoir un quelconque rapport avec le fait que je l'aimais un peu trop ne lui a visiblement jamais traversé l'esprit. D'ailleurs elle s'interroge. Comment n'a t'elle pu rien voir ? « Mais tu n’as pas eu un seul geste trahissant ton attirance ! Même lors de nos parties pyjamas, nos multiples soirées films, danses et autres, tu n’as rien montré, tu ne t’es pas rapprochée. Ou je n’ai juste rien vu ? » Je peux comprendre ses interrogations. Il est vrai que j'ai très bien caché mes sentiments. " Pourtant plusieurs fois j'ai eu peur que tu t'en rendes compte. " Des fois j'avais l'impression que ça se voyait tellement, mais c'était probablement dans ma tête. " Mais après tu sais je le cachais bien. Paraît que je suis plutôt bonne comédienne... " Il semblerait même que j'en ai fais une vocation. " Mais ça devenait de plus en plus difficile pour moi de faire semblant. De tout refouler. C'est pour ça que j'ai pris mes distances. " Parce que cela n'aurait été qu'une question de temps avant que je ne me trahisse. Et je n'étais pas prête à affronter sa réaction. A assumer au grand jour ce que je ressentais. A dire vrai, je peinais moi même à comprendre ce qu'il m'arrivait. J'étais complètement perdue. Et effrayée. " Je m'attends pas à ce que tu dises quelque chose... " De toute façon quoi dire dans cette situation ? " Je pense juste que t'avais le droit de savoir. " Maintenant c'est dit. Malgré toutes les années qui ont passée, quelque part, je gardais le poids de ce secret, de cette relation gâchée. Tomber sur elle par hasard ce soir est peut être une providence. L'occasion enfin de laisser dernière moi définitivement cette partie de ma vie. Et pourquoi pas peut être de retrouver une amitié perdue. Même si pour ça on y'est clairement pas encore du tout. Je la regarde alors se commander un Mojito. Ainsi qu'une Margarita. Pour moi j'imagine ? J'hoche la tête lorsqu'elle déclare que ça vaut bien ça, oui je comprends. Un silence s'installe alors. Je n'ose pas le briser. Je la laisse prendre le temps de digérer tout ça, je sais que ce n'est pas facile. Je jette des regards de temps en temps vers elle. Je peux pas m'empêcher de la trouver incroyablement belle. Mon esprit divague alors que je remercie d'un vague sourire le serveur lorsqu'il dépose nos verres devant nous. Lorsque j'entends de nouveau la voix de Cleo, je relève la tête pour accrocher son regard. « Toujours briser le cœur de l’autre avant d’avoir le sien brisé, hein ? » Ironique n'est ce pas ? Mais ça me fait mal d'entendre ça. Jamais je n'ai voulu qu'elle souffre elle aussi. " Je n'ai jamais cherché à te blesser. Puis tu sais, ça m'a pas empêché d'avoir le mien de brisé aussi... " Si ça peut la consoler. J'étais la première à souffrir de la situation. " C'est une période où j'aurais eu bien besoin de ma meilleure amie... " Pour m'aider à traverser tout ça, à tenter de comprendre ce qu'il m'arrivait. J'étais complètement seule. " Mais c'est uniquement de ma faute j'en ai conscience. J'avais peur. J'ai laissé cette peur me submerger, une peur qui m'a poussé à faire n'importe quoi. " Et avoir des regrets aujourd'hui. " Je m'en veux tellement d'avoir été si lâche. De t'avoir fait souffrir. De t'avoir laissé dans l'incompréhension totale. Alors je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me parler. " Je ne suis pas tendre avec moi même. Je ne me cherche pas d'excuses. Je sais que j'ai mal agi. Peut importe toutes les circonstances atténuantes qu'on peut me trouver. J'aurais dû gérer la situation d'une autre manière. Affronter la réalité. Plutôt que de prendre lâchement la fuite. Clairement je ne suis pas fière de moi. La seule consolation que j'ai, c'est que je sais que je ne suis plus la même personne aujourd'hui. J'ai grandi. Muri. Elle est loin l'ado effrayée et perdue. Je me suis finalement trouvée. Je sais qui je suis. Je sais ce que je veux. Et ce que je ne veux pas. C'est fini d'être dictée par la peur.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
J’ai beau faire remonter à la surface de mes pensées de multiples souvenirs entre nous, je n’arrive pas à trouver le moindre indice de ce secret. Alors même qu’elle semble me dire qu’elle n’était pas très convaincue d’être discrète. Et, en même temps, ces réminiscences restent filtrées par l’esprit d’une adolescente n’ayant aucune réflexion sur le sujet. Il n’est pas si étonnant que mon regard de l’époque n’était pas porté dessus. « Mais après tu sais je le cachais bien. Paraît que je suis plutôt bonne comédienne... » « Il paraît. » Je hausse les épaules comme pour confirmer le propos. J’ai donc été la première privilégiée de ses talents en pleine expansion. Si elle l’avait souhaité, elle aurait pu avoir un entraînement idéal pendant des années. La parfaite personne sur qui expérimenter de nouvelles idées, de nouvelles évolutions. Et, en même temps, ça ne doit pas être agréable de jouer ce théâtre toute une partie de sa journée, tous les jours. Du moins, face à des personnes proches. Ce que je semble être pour elle, dans un côté rassurant. Je hoche la tête à sa dernière explication de son éloignement. C’est, dans un sens, logique, même si ça ne fait pas moins mal. « Je pense juste que t'avais le droit de savoir. » Je hoche de nouveau la tête, juste pour lui signifier que j’ai bien entendu et que, si les mots ne sont pas encore digérés, ils prennent petit à petit place dans mon esprit. Ils comblent les trous laissés depuis tant d’années. Pour les aider à faire leur travail, je profite du passage d’un employé pour nous commander des boissons. Si l’alcool faisait encore effet lors de l’insistance du lourd de tout à l’heure, il a été évacué par toutes les révélations des dernières minutes. En cet instant, je ne me sens pas apte à faire face à tout ça de façon totalement sobre. Et puis, n’avait-on pas parlé d’un verre pour la discussion ? Alors que les cocktails se préparent, nos phrases préférées de l’époque me reviennent en mémoire. Je souris tristement à l’évocation de l’une d’entre elles, patientant que nos boissons soient posées devant nous pour la remémorer à mon ancienne meilleure amie. Je vois à son regard que ça ne lui fait pas plaisir. Et pourtant, c’est la définition même de ce qui nous est arrivé. A la différence près que les deux cœurs n’ont pas résisté à cette rupture. Sur le long terme, si, mais pas sans cicatrice. Je ne peux m’empêcher de lever un sourcil vexé à sa remarque sur mon manque de présence. Avant de le masquer en avalant une grande gorgée de cocktail. Voilà qui fait du bien. « Mais c'est uniquement de ma faute j'en ai conscience. J'avais peur. J'ai laissé cette peur me submerger, une peur qui m'a poussé à faire n'importe quoi. » De nouveau, mon sourire triste habille mon visage. Parce que je ne peux que comprendre ce qu’elle veut dire. Pour des raisons complètement différentes. Et une maturité bien distincte aussi, ce qui ne fait qu’assombrir mon tableau. Je prends une nouvelle gorgée de mojito, laissant le rhum me réchauffer le corps. « Pour être tout à fait honnête, je suis la dernière personne qui pourrait te reprocher d’avoir agi sous la peur. Je serais bien hypocrite de ne plus te parler. » Il y a quelques mois, voire quelques semaines seulement, je n’aurais sans doute pas été aussi honnête envers moi-même. Jusqu’à me faire prendre en plein milieu de mes mensonges et devoir faire face à mon propre déni. Alors, aujourd’hui, en ayant été prise au dépourvu plusieurs fois, je ne peux plus continuer à monter au créneau contre elle quand je prends des décisions ayant encore plus de conséquences dans la vie des autres. « Je ne sais pas si on peut retrouver une amitié comme avant. Ni même si on va essayer de le faire. Mais je ne t’ignorerai pas si on se recroise. Ou je ne te lancerai pas un regard plein de colère, si ça peut te rassurer. Enfin, je pense, si ce n’est pas l’alcool qui parle. » Je lève mon verre dans un rire et le vide un peu plus. Qui sait quelles émotions prendront le dessus quand je me poserais enfin, chez moi, avec toute cette version de l’histoire en tête. Mais c’est une découverte qui attendra quelques heures au moins, là je ne veux plus les laisser me faire faire des grands huit ni en interne, ni en sensations physiques. Je suis sortie ce soir pour me changer les idées, pas pour sombrer à nouveau. Mes oreilles tintent alors aux premières notes de la chanson choisie. Je tourne la tête vers la scène et mes yeux se teintent de malice. « Eh, mais, c’est la chanson du bal du collège, non ? Celle que tu m’as refusée ?! Aaaah, c’est à cause de ton secret que tu ne voulais pas à l’époque, c’est ça ? Et voilà, j’ai une explication de plus, un trou comblé dans mes mystères. » Je ris légèrement à mes paroles ne faisant sens que pour moi. Enfin, qui sait, peut-être n’a-t-elle pas oublié mon fonctionnement. Cette fois, je termine ma boisson définitivement, pour ne pas être embêtée sur la piste, descends de mon tabouret et tends la main vers elle. « Tu n’as pas le choix, tu me dois cette danse ! C’est le minimum pour mon pardon. Sauf si… Tu ne m’as pas laissée dans le passé et ça te gêne encore ? » Sans aucun complexe, je lui pose la question de but en blanc. Du moins, c’est l’impression que j’ai, mais l’alcool a bien repris le dessus.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Voilà, j'ai vidé mon sac. Maintenant elle sait tout, ou en tout cas dans les grandes lignes. Sur le pourquoi du comment. Un mystère qui s'éclaircit. Peut être qu'elle en a plus rien à carrer depuis tout ce temps, mais je ne sais pas, je sais que si la situation était inversée j'aurais été contente de connaître enfin la vérité, même si c'est 20 ans après. Surtout si c'est une vérité qui te fait prendre conscience qu'en fin de compte tu n'avais rien à te reprocher. Que tu n'étais pas le fautif dans l'histoire. En tout cas je comprendrais tout à fait qu'après ça elle ne veuille plus me parler. Merci aurevoir, on peut continuer nos vies de manière complètement séparées comme on l'a fait depuis tout ce temps. Je le vivrais certainement mal, mais je n'aurais rien à dire, ça serait amplement mérité. Parce que maintenant qu'elle est là devant moi, je n'ai pas envie qu'on se quitte de nouveau juste après. « Pour être tout à fait honnête, je suis la dernière personne qui pourrait te reprocher d’avoir agi sous la peur. Je serais bien hypocrite de ne plus te parler. » Je comprends par là qu'elle a aussi des choses à se reprocher de son côté. Pas envers moi, mais très certainement qui soit arrivé ces derniers temps. Je voudrais en savoir plus, mais j'imagine que je ne suis clairement pas la personne envers qui elle souhaiterait se confier à l'heure actuelle. « Je ne sais pas si on peut retrouver une amitié comme avant. Ni même si on va essayer de le faire. Mais je ne t’ignorerai pas si on se recroise. Ou je ne te lancerai pas un regard plein de colère, si ça peut te rassurer. Enfin, je pense, si ce n’est pas l’alcool qui parle. » Je me doute bien qu'on ne pourra jamais retrouver notre complicité passée. Pas comment avant. Pour autant, cela ne veut pas dire que c'est complètement mort entre nous, si ? " J'espère sincèrement que c'est pas l'alcool qui parle. " Imaginez que demain une fois sobre, elle regrette ses paroles et ne veuille plus voir ma gueule de près ou de loin. " C'est déjà un premier pas. Surement plus que ce que je mérite. " Probablement. " En tout cas moi ça me ferait plaisir d'apprendre à te connaitre de nouveau. " Parce que je ne peux plus vraiment prétendre la connaître. En 20 ans, elle a dû beaucoup changer. Comme c'est mon cas. Même si y'a forcément certains trucs qui restent. C'est alors que des notes particulières se font entendre au loin qui attirent l'attention de la demoiselle. « Eh, mais, c’est la chanson du bal du collège, non ? Celle que tu m’as refusée ?! Aaaah, c’est à cause de ton secret que tu ne voulais pas à l’époque, c’est ça ? Et voilà, j’ai une explication de plus, un trou comblé dans mes mystères. » Maintenant qu'elle le dit, en effet je me rappelle. N'est-ce pas une drôle de coincidence qu'elle raisonne à nos oreilles maintenant ? Peut être doit on y voir un signe. Lequel je ne sais pas, mais un signe tout de même. En tout cas je comprends que Cléo a décidé de balayer toute la tension d'un coup, et veut juste s'amuser. Aussi faut dire que j'ai l'impression que l'alcool commence à faire son petit effet. En même temps elle a sifflé son verre en un temps record. J'aurais bien plein d'autres trucs à lui dire. A lui demander. Mais il semblerait que ça ne soit plus l'heure des discussions. " P'tain t'as raison c'est celle là ! Mais peut être... Je ne voulais pas voler la vedette à Jason Cooper. " Ce crétin avec qui elle était allée officiellement au bal. Même son nom était à chier vous ne trouvez pas ? Oui malgré toutes les années je me souviens très bien de son blaz. Qu'il puisse poser ses sales pattes sur elle moi ça me dégoutait. Bon en vrai j'étais surtout jalouse. Comme de tous les types à qui elle s'intéressait de près ou de loin. Alors oui je lui avais refusé cette danse au bal. Faut dire que c'était un slow. Probablement que dans sa tête elle trouvait ça juste amusant. C'était pas la même de mon côté. Elle me tend alors la main, bien décidée à m'entrainer sur la scène, donnant des arguments de choix au passage. Je lui dois bien cette danse, le minimum pour son pardon. A moins que je ne l'ai jamais oublié et que ça se révèle bien trop gênant ? " Tu sais à qui tu parles ? La reine du dance floor. " que je dis en attrapant sa main en faisant un petit déhanché comme pour illustrer mes propos. Ce n'est donc en réalité pas bien difficile de me convaincre de la rejoindre. " Puis t'en fais pas, voilà bien longtemps que je suis passée à autre chose. " Si c'est ça qui l'inquiète. Mon petit coeur s'en est remit avec le temps. Je finis moi aussi mon verre d'une traite. " Le seul risque, c'est que ça soit toi qui tombe sous mon charme. " que je rajoute dans un sourire charmeur. A dire vrai y'a d'autres risques, comme d'attirer tous les regards, et pas forcément les plus bienveillant, mais c'est le cadet de mes soucis à l'heure actuelle. Je ne suis pas une actrice, j'suis juste une nana qui a envie de s'amuser en compagnie d'une ancienne amie retrouvée. Et tant pis si c'est l'alcool qui parle. C'est toujours ça de prit. Alors on arrive sur la piste. J'entremêle sa main gauche à la mienne de droite, puis pose ma main sur sa hanche. C'est alors que je prends conscience d'un truc. " Mais...mais attends. " Je baisse sa main pour mieux voir. " Cleo Mayers s'est faite passée la bague au doigt. " En soit cela ne devrait pas m'étonner. A 34 piges, c'est globalement un stade de vie atteint par beaucoup de gens. Le mariage, les gosses, la suite logique des évènements... Sauf pour moi. Alors déjà le mariage j'en suis à des années lumières vu ma vie sentimentale chaotique. Quand aux enfants...Bon techniquement c'est déjà fait, mais si on parle de moi en tant que mère, ce n'est clairement pas prêt d'arriver non plus. " Je ne sais pas qui c'est, mais c'est un petit veinard... " La question ne se pose même pas pour moi, elle s'est forcément mariée à un homme. Je remonte finalement nos mains pour se remettre en position.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
Si je suis complètement honnête avec moi, que puis-je réellement lui reprocher, que puis-je lui dire tout en la gardant loin de moi ? Ou justement, comment pourrais-je la rejeter et refuser tout contact à cause de ce qu’elle a fait ? Parce que je suis loin d’être blanche et pure. Peut-être pas dans notre historie à nous deux, mais dans la vie. Ce serait vraiment le comble si je faisais comme si elle n’existait pas parce qu’elle s’est éloignée en connaissant ses sentiments pour moi dans un pays où l’intolérance était grande et dans une famille encore pire que sa nation. Tout en continuant, de mon côté, à prendre la pilule, à mentir à mon mari, ma famille, la future mère porteuse que je n’arrive pas à faire fuir. En manipulant… Non, je ne veux pas y penser. Si je peux penser une dernière chose, c’est bien qu’elle le mérite bien plus que moi. Mais peut-être n’est-il pas l’heure de se lamenter, ni l’endroit d’ailleurs. « En tout cas moi ça me ferait plaisir d'apprendre à te connaitre de nouveau. » « Tu n’auras pas le choix que de me raconter ton parcours de folie dans ce cas-là. Félicitations pour ta réussite d’ailleurs ! » On ne s’est peut-être pas parlées pendant plus de vingt ans, c’était déjà un rêve pour elle et j’ai été contente à chacune de ses étapes franchies vers celui-ci. Mais maintenant que le dialogue semble de retour, plutôt que d’avoir les rumeurs par-ci par-là, je vais peut-être enfin avoir tous les potins en direct. Mais, en attendant, une chanson attire rapidement mon attention. THE chanson. La nôtre, celle qu’elle m’a refusée tant d’années auparavant. Je comprends mieux à présent, mais quand même, notre chanson de l’adolescence. Celle sur laquelle on a toujours dansé. Je ne peux la lui faire remarquer. « P'tain t'as raison c'est celle là ! Mais peut être... Je ne voulais pas voler la vedette à Jason Cooper. » Je n’ai pas pu passer à côté, surtout en réalisant le pourquoi du comment je me suis retrouvée à danser un slow avec un ado pas du tout agile de ses pieds. Sa raison à cause de laquelle je me suis retrouvée avec les orteils tout plat à la fin du bal reste bien médiocre. « La vedette ?! Il savait peut-être faire des passes au foot, mais pas danser ! J’ai dû garder trois semaines des pansements sur mes doigts, une horreur. J’aurais préféré que tu lui voles la vedette au contraire, ou juste que tu la prennes. En plus, j’aurais pu dire aux tabloïds que j’ai dansé avec toi ado. » Je ne recherche pas la popularité des stars pourtant, mais ça fait toujours plaisir de savoir qu’on a été proche d’une personne connue, soyons honnête. Mais si je ne peux pas le dire par rapport à l’époque, je peux toujours changer ça maintenant. Ni une, ni deux, je finis mon verre et l’invite sur la piste. Si j’ai un tout petit doute sur son envie de se rapprocher de moi, elle ne me laisse pas patienter très longtemps. Son déhanché peut même en faire jalouser plus d’un. Ou d’une, pour elle. Il faudra juste attendre son tour, parce que cette danse est pour moi. En toute amitié bien sûr, comme elle le dit si bien. « Le seul risque, c'est que ça soit toi qui tombe sous mon charme. » Ou pas ? « Ce serait dommage qu’on fruste ta toi ado… Quoique que ça pourrait lui faire plaisir, qui sait. » Il n’y a pas de mal à jouer à son jeu de charme, n’est-ce pas ? Quelques taquineries entre deux anciennes complices, comme avant. L’innocence de la camaraderie, ou de l’alcool peut-être. Je la laisse me guider, ça a l’air de lui faire plaisir de reprendre la vedette. Jusqu’à ce que… Ben oui, si elle entremêle ses doigts aux miens, ça ne peut que se sentir. Je ne le cachais pas, bien entendu, mais je ne pensais pas parler de ça ce soir. Pitié qu’elle ne pose pas d’autres questions, pitié ! Je m’amuse là, je n’ai pas besoin du retour des questions patriarcales et de notre monde tellement fermé et à cheval sur les traditions. Surtout pas par elle, qui a tellement subi de pression. « Je ne sais pas qui c'est, mais c'est un petit veinard... » Je rigole soudainement et vivement à sa remarque. Je ne suis pas certaine que veinard soit le bon terme. S’il savait tout, il espérerait sans doute de ne m’avoir jamais rencontrée. Mais soit, ça dépend dans quel sens on veut entendre la phrase. « Jalouse ? Maintenant que tu as repris la place de Jason Cooper, tu en veux plus ? Ah, évidemment, tu es une star maintenant, tu veux tout ce que tu n’as pas pu avoir avant. Mais, dis-moi, tu ne viens pas de me dire que tu étais remise de moi ? » Moi, détournée l’attention de la vraie raison de mon rire, à peine… Je profite d’un temps un peu plus rapide dans la mélodie pour lâcher sa taille et la faire tourner gracieusement. Une chose est sûre, elle n’a pas perdu sa beauté, bien au contraire. Je la récupère dans le creux de mon bras avant de laisser le rythme lent du slow nous porter. « Avec ta nouvelle célébrité, tu as dû en rencontrer du monde ! Personne ne fait battre ce cœur ces derniers temps ? » Je ne crois pas avoir lu quoi que ce soit à ce sujet. Je ne savais même pas qu’elle était de retour, c’est pour dire. Et, même si j’avais pu apercevoir des rumeurs, c’est tellement vague et sans fondement dans ce milieu, que ça ne veut rien dire. Qui sait, peut-être est-elle elle-même mariée mais elle le garde comme un secret. « Allez, tu peux le dire à moi ! Promis, je ne dirais rien. Je peux même faire notre serment solennel… Sans crachat, je te rappelle. » Je hoche la tête avec énergie pour lui montrer ma conviction. Un peu trop même, le sol commençant à tourner. Alors je la pose doucement sur son épaule et me laisse guider par ses mouvements. Je suis bien là. Un sourire illumine mon visage.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Oui je serais contente d'apprendre à la connaître de nouveau. Je serais vraiment heureuse si cette discussion ce soir était le début de beaucoup d'autres à venir. Pas juste une explication vouée à rétablir la vérité, et basta. Ce qui est bien, c'est que la demoiselle a l'air plutôt encline de ce côté là. Après encore une fois, c'est à prendre avec des pincettes, est ce que tout ceci n'est pas simplement dû à l'alcool ? Et que demain, une fois parfaitement sobre elle reprendra ses esprits et continuera de m'en vouloir ? Pour l'heure elle me félicite pour mon parcours. " C'est vrai qu'il s'en est passé des choses dans ma vie depuis le lycée... Assez incroyables récemment. Merci. " Oui parce qu'en définitive mon succès est encore tout récent. Y'a encore 5 ans j'étais une simple maquilleuse sur les plateaux de tournage. Figurante de temps en temps. Mais il a suffit d'une rencontre et tout s'est bousculé assez rapidement ensuite. " Donc oui, j'aurais plein de trucs à te raconter. Mais toi aussi j'imagine. " De mon côté, je dois avouer être en désavantage je ne sais rien de sa vie actuelle. Dans la mesure où elle n'est pas publique c'est plus compliqué pour moi. Et je l'avoue je n'ai pas non plus chercher à en savoir plus. Puis une musique se fait retentir, une familière, qui rappelle des souvenirs. Une danse que je lui avais refusée, car destinée à ce cher Jason Cooper. Qui s'est révélé être un terrible danseur qui a martyrisé ses pieds. Oui je m'en souviens et je l'avoue secrètement ça m'avait fait plaisir. " T'avais qu'à mieux choisir tes cavaliers aussi. " J'y peux rien moi si son crétin de cavalier dansait comme un pied. " Puis arrêtes...en réalité, t'aurais tellement plus de trucs croustillants à balancer aux tabloids. " que de juste dire qu'elle a dansé avec moi. Déjà plus que ça on a déjà souvent dormi ensemble. Et puis il ne faut pas oublier qu'on était tout le temps fourrés ensemble, qu'on se racontait tout... (enfin hormis ce facheux secret n'est ce pas). Donc en réalité des dossiers sur moi, elle doit en avoir quelques uns. Si elle cherchait à me nuire, elle pourrait très bien y arriver en balançant des anecdotes honteuses ou gênantes. Ou juste envoyer des doss' très personnels sur ma famille. On se déplace ensuite sur la piste de danse, il ne faut pas grand chose pour me convaincre. En plus c'est un peu réaliser ce que je n'ai pas pu faire il y'a 20 ans de ça. Et alors que nos doigts s'entrelacent je remarque un truc dont je n'avais pas fait attention auparavant. Son alliance. Mademoiselle est une madame. Une femme mariée. Je déclare que son mari est un veinard, ce qui a le don de déclencher un rire franc de la part de la demoiselle. Dois je en déduire qu'il n'est pas si veinard que ça ? Je ne sais pas, mais elle fait passer ça de manière différente, usant de plaisanteries sur mon statut de star. Elle ne serait pas en train de détourner le sujet initial ? " Jalouse ? Peut être... Mais tu sais, tu viens de le dire, je suis une star maintenant. Sache que j'obtiens toujours ce que je veux désormais. " que je réplique dans un petit sourire mutin. Alors si je décidais de lui mettre le grapin dessus, elle aurait de quoi s'inquiéter. Bon, en réalité je déconne. Ce n'est absolument pas vrai ce que je viens de dire, je suis loin d'obtenir tout ce que je veux. Je suis une femme assurée, très au fait de son capital séduction, mais généralement sur la gente masculine. Je n'ai pas la prétention de croire que je pourrais faire changer de bord n'importe qui. Je pourrais très certainement détourner un mec marié du droit chemin (je ne le fais pas rassurez vous), mais rendre une nana hétéro bi non. On continue alors la danse, elle me fait tournoyer à un moment donné, le tout de manière très gracieuse. On reprend dans un rythme plus lent, alors qu'elle m'interroge à mon tour sur ma vie amoureuse. Clairement pas mon sujet favoris. " J'ai bien rencontré des gens, mais tu sais, après toi, personne n'était à la hauteur... " Bon faudrait peut être que j'arrête avec mes blagues. " Mais non hélas il n'y a personne en ce moment. Ma vie sentimentale n'était déjà pas brillante avant, mais avec la célébrité ça ne s'est pas arrangé. Cela complique tout. Et puis le problème c'est que j'ai tendance à faire passer ma carrière avant tout le reste. C'est compliqué de trouver quelqu'un qui puisse le comprendre... " Et qui au final ne va pas se sentir délaissé. Puis je suis toujours en vadrouille quelque part, les relations à longue distance, c'est compliqué. J'ai un style de vie qui ne convient clairement pas à tout le monde. " Mais bon, ça ne m'empêche pas de prendre du bon temps à l'occasion... " que je rajoute en souriant. Elle comprendra très bien ce que je veux dire. " Mais si tu veux de l'info croustillante, il faudra que tu me réinvites un autre jour... " Dans le genre que je lui balance des noms. Car oui, forcément, y'a eu des rapprochements avec d'autres personnalités... " Mais tu sais, t'as pas peur que ça soit nous l'info croustillante du jour ? T'as conscience que y'a beaucoup de gens qui nous regardent surement la ? " C'est un truc dont j'ai appris à faire abstraction. Parfois y'a même des gens qui te filment en cachette. N'importe qui peut se transformer en paparazzi d'un jour, c'est terrible. Imaginez que ça soit le cas ce soir, et que ça soit balancé à la presse ?
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
Elle s’imagine que j’ai plein de choses à lui raconter… J’y réfléchis deux secondes. En soi, oui, on peut sans doute dire que j’ai des nouveautés pour elle, vu que ça fait vingt ans. Mais est-ce vraiment digne d’intérêt ? Je ne suis pas sûre que mes intrigues du bas peuple soient aussi palpitantes que les siennes, niveau cliffhangers de folie à tous les coups ! Mais là, ce n’est plus le sujet. Le combat est perdu d’avance alors autant passer au suivant : la battle de danse. Mick et Cleo contre le reste du bar. Ou Mick versus Cleo dans la bataille de qui a raison ? Surtout quand elle ose me confronter sur mon choix de cavalier. Je vais en être vexée si elle continue. Surtout vu le refus de mon premier choix, je ne pouvais que prendre ce qu’il restait dans notre entourage d’adolescents. « Eh, je dois vraiment te rappeler à qui j’ai demandé en tout premier ? Interdiction de m’accuser quand c’est toi qui m’as laissé dans cette galère. » Je souffle d’un petit air irrité. Surtout qu’elle ose s’annoncer anciennement jalouse de mes partenaires alors qu’elle a mille fois refusé qu’on y aille ensemble. Soi-disant parce qu’elle ne voulait pas que je me refrène pour elle. Et maintenant, ça va être de ma faute. Mais elle se rattrape en insinuant que je pourrais connaître beaucoup plus de choses sur elle qui intéresserait la presse. C’est vrai que j’en sais des choses. Un petit sourire mutin transforme ma moue boudeuse. « Du coup, maintenant, tu ne peux plus me dire non, c’est bien ce que tu es en train d’insinuer là ? J’ai trop d’infos confidentielles sur toi pour que tu me refuses une soirée, une sortie ou tout autre chose, hein ? Même si je n’en ai clairement pas besoin. » Je hoche la tête d’un air entendu. Il me manquait des détails à l’époque, m’empêchant d’insister, mais tout ça n’existe plus. Pouf, disparu de notre relation. Et quoi de mieux pour démontrer cette vérité que la musique de notre enfance, de notre bal manqué ? Ni une, ni deux, une fin de verre et nous voilà lancées sur la piste. Presque un peu trop naturellement vu nos gestuelles spontanées amenant à la découverte de ma bague. J’ai un petit sursaut de panique interne alors que mon ancienne complice s’y intéresse immédiatement. Forcément, à force d’être victime des rumeurs, à elle d’inverser les rôles. Même si la peur des questions est bien vite évincée par sa question et ma réaction immédiate, un rire naturel. Elle devrait se lancer dans la comédie… Veinard, quelle bonne blague ! Mais là n’est pas la question, pas dans un bar, encore moins sur la piste de danse. Je profite d’une faille pour manipuler la raison de mon rire réflexe. Ce qui réussit magnifiquement. « Prends le temps de réfléchir à ce que tu veux et tu pourras venir me le faire comprendre… » Je laisse le sous-entendu faire son chemin, dans le même jeu que le sien. Autant suivre l’exemple, vu que j’ai commencé. Un détournement est toujours possible, de multiples façons. Un détournement de conversation, d’attention, de façon de danser. Un petit tournoiement de ma partenaire et voilà que je peux m’intéresser à sa vie amoureuse à elle. Bien plus intriguant, bien plus palpitant. Surtout avec une potentialité de personnalités autour d’elles. Et surtout pas sur moi. Ou peut-être que si… Suis-je si irrésistible ? Je relève la tête de son épaule avec un sourire charmeur. « Normal, normal… » Je ne peux qu’accepter le compliment sur ma séduction au-dessus des autres. Après tout, qui peut vaincre le premier amour ? Enfin, sur un plan plus réaliste, je ne peux que valider son chemin de pensée. Encore plus ces derniers temps. « C’est pour ça que personne n’est à la hauteur à côté de moi, j’étais celle qui pouvait comprendre ça… Quel gâchis. On s’est loupées… » Je secoue la tête dans un geste dépité. Si j’avais su, ça serait peut-être plus simple aujourd’hui. Pas de changement d’avis après quelques années, la tranquillité jusqu’au bout. « Je n’en attendais pas moins. » Je lui fais un clin d’œil. « Attends, après m’avoir dit que tu prends du bon temps, tu veux me faire patienter pour savoir avec qui ?! T’es pire que les scénaristes toi en fait ? C’est parce que tu le subis à chaque fois que tu lis les scénarios, c’est ça ? » Scandale ! Un silence de vingt ans et voilà ce que je reçois comme pardon. Je ne sais pas si elle mérite cette danse finalement. Et oui, j’utilise l’excuse du silence dès que je le peux, j’en ai bien le droit. Même quand la discussion se retourne contre moi. Ou pour moi ? Je ne sais pas trop ce que ses questions suggèrent. Mon premier réflexe est de regarder autour de nous du coup. Mais le reste de la pièce est flou en cet instant. « Croustillante ? Ce serait quoi : deux meilleures amies se retrouvent ? Ou deux femmes dansent ensemble ? Oh, c’est parce que c’est un slow ! Ils sont encore si vieux jeu que ça les choque ? Tu penses qu’on doit aller leur dire que le monde a changé, que si on doit garder des valeurs, elles ont quand même évolué ? Ah tiens, ça change de rythme, c’est peut-être plus correct pour eux. » Je m’éloigne alors tout juste légèrement pour me déhancher de façon plus rythmée, mais aussi plus sensuelle. Jusqu’à ce que le sol tangue plus encore. Je me rapproche alors à nouveau de Michaela pour danser contre elle. « Ça leur va mieux comme ça tu penses ? »
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Cleo n'a pas tort, c'est moi qui ait refusé l'invitation. Pour tout un tas de raisons. " Je sais. " que je concède finalement, capitulant et lui laissant le dernier mot là dessus. Je n'ai pas envie d'entrer dans les regrets en mode, que se serait il passé si j'avais fait ça ou ça. J'ai merdé je le sais bien, et je suis probablement passé à côté de beaucoup de bons moments avec elle à cause de ma peur. Bah déjà ces 20 dernières années...Rien que ça. Mais bon, malgré tout ça, on en a vécu des choses ensemble, et si elle voulait me nuire, elle aurait de quoi faire. Des infos compromettantes elle en a. D'ailleurs voilà qu'elle en joue. " C'est ça fait la maline... Tu sais moi aussi j'en sais des choses. Je suis sure que ça pourrait intéresser... " Hm oui qui ça ? " Des gens. " Très crédible. Moui, bon ok, ça marche beaucoup moins bien dans l'autre sens. Parce que bon disons que la presse ne s'intéresse guère à elle. Donc la portée de mes infos croustillantes aurait quand même beaucoup moins d'impact. Et ce n'est pas comme si j'étais en étroit lien avec ses proches actuellement. " Mais bon t'as raison, même sans ça je ne pourrais rien te refuser. " Non mais qu'on se le dise elle n'aurait pas besoin de chantage pour obtenir quoi que ce soit de ma part. Surtout si c'est juste passer du temps en sa compagnie. Et quand bien même, vu que je suis un peu en mode fautive j'ai beaucoup de choses à me faire pardonner, ça ne serait pas compliqué. Et puis on part enflammer la piste de danse. Enfin là c'est un slow, mais à partir du moment où on est sur la piste on ne peut que l'enflammer de toute façon. Si la présence de son alliance à son annulaire m'était passée inaperçue jusqu'ici là je la remarque. J'aurais beaucoup de questions mais là n'est pas vraiment le moment. Alors on plaisante. Même si ce n'est pas vraiment une blague quand je dis que son mari est chanceux. " Faisons ça... " La discussion dévie alors très vite sur ma propre situation amoureuse. Guère brillante, mais faut dire que personne n'a su être à la hauteur après elle. Normal selon elle. Et puis j'ai un mode de vie compliqué et qui laisse moins de place pour une relation amoureuse. J'ai un mode de vie que peu de gens peuvent comprendre. A part ceux du même milieu. Sauf que la aussi ça entre en collision. Cleo déclare que c'est pour ça que personne n'aurait été à la hauteur d'elle, elle aurait été la seule à pouvoir me comprendre... Dois je en déduire qu'elle aussi est une carriériste ? " Que de regrets... " Même si je sais bien que tout ceci est balancé sur la plaisanterie. Que je lui avoue mes sentiments à l'époque aurait très certainement changé beaucoup de choses comparé à notre relation actuelle. Pour autant cela ne veut nullement dire que c'était réciproque. Je sais bien que ce n'était pas le cas d'ailleurs. " Bah attends, t'as cru que j'allais te lâcher des infos croustillantes aussi facilement que ça ? Non non non, puis ça serait une bonne excuse pour que tu me revois... " Rien ne me garantis qu'après cette soirée elle veuille réellement me revoir. " Et puis que veux tu, cultiver l'art du suspens est un art. " Déformation professionnelle peut être en effet. J'avoue que parfois c'est terriblement frustrant quand tu lis un scénario et qu'on te cache la suite. Je lui demande alors si elle n'a pas peur d'être l'info croustillante du soir. Je l'écoute s'enflammer amusée. Je ne suis pas sure qu'elle réalise vraiment la situation - peut être l'alcool aidant. Ce n'était pas vraiment ce que je sous entendais quand je lui demandais ça. D'ailleurs voilà même qu'elle la joue un peu plus provoc' alors que la musique change et que j'ai le droit à un déhanché de folie, le tout en sensualité, contre moi. De quoi lancer encore plus de rumeurs. D'un autre côté, elle n'est pas habituée à mon quotidien, au fait d'être sous le feu des projecteurs...Qu'à la moindre personne avec qui on me voit publiquement proche les rumeurs fusent et on me prête toute sorte de relation. Franchement en lisant la presse on pourrait croire que ma liste d'ex est interminable. Mais Cléo n'est pas de ce monde. Donc normal qu'elle ne s'inquiète pas de ce genre de choses. Que ça ne lui traverse même pas l'esprit. Ce qui se passe me plait, on s'amuse, je n'ai pas envie de tuer le mood et casser l'ambiance, alors je ne vais pas l'alerter plus. J'aurais essayé notez. " Je ne sais pas et je m'en fou à vrai dire qu'ils aillent se faire foutre... " Osef d'eux et du reste du monde pour l'heure. Je veux juste profiter. Il n'y a qu'elle qui compte. On reviendra dans le monde réel un peu plus tard. Je me déhanche moi aussi de manière sensuelle, bougeant au rythme de la musique.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Michaela Jennings
Le monde tourne, les lumières se floutent et s’émerveillent autour de nous, mes pensées virevoltent. Les plaisanteries s’enchaînent entre nous, des taquineries gentillettes, comme si rien n’avait changé. Enfin si, les sous-entendus désinvoltes sont plus matures, plus adultes. Ce qui ne diminue pas l’humeur, toujours aussi détendue, joyeuse. Pendant quelques secondes… Ou minutes… ? J’essaye de reprendre un peu mes esprits, rassembler mes pensées pour mieux lui répondre. Parce qu’elle n’a pas à se rabattre sur des personnes ne correspondant pas à ses projets. Elle n’est pas la seule dont le métier est important, elle ne doit pas l’oublier. Et sa façon d’en rire tilte dans ma tête, elle n’y croit pas vraiment à une possible relation épanouie. Dans ma concentration, je fronce les sourcils sans m’en rendre compte. « Pas de regrets ! Regarde, j’ai trouvé un homme qui accepte… » Je fronce un peu plus les sourcils en regardant vers le plafond alors que mon cerveau s’accélère d’un coup. « J’avais trouvé ? » Je secoue la tête, ramenant des lumières intenses autour de nous. « Bref, c’est quasi possible chez les hommes, malgré notre société et nos éducations. Alors, avec les femmes, c’est d’autant plus possible ! Bon, va pas me chercher les nénettes fan des familles, c’est une balle dans le pied ! Mais t’as compris l’idée. Te rabaisse pas à moins que ce que tu veux. Et tes projets d’abord. » Je hoche la tête vigoureusement pour appuyer mon point, me faisant sentir que mon équilibre flageolant. Bof, au pire, Mick sera là pour me rattraper si jamais je flanche. Et puis, c’est un déséquilibre mignon, celui de la joyeuseté. Je lui lance un grand sourire. Qui se transforme en moue boudeuse à la seconde où elle me refuse des anecdotes sur sa vie de star. Comme si elle ne pouvait pas encore en avoir pour une prochaine retrouvaille, c’est fourbe de sa part. « Eh, j’t’ai dit que je te pardonnais et que je ne t’ignorerai pas ! Tu me crois pas ?! Je sais pas si je vais te protéger quand tes paparazzi viendront pas me voir hein… L’art des ragots est plus fort que l’art du suspens, c’est moi qui te le dis. » Je tourne légèrement la tête comme pour l’ignorer. Même si elle finit juste par se trémousser petit à petit au rythme de la musique changeante. Son talent pour rediriger la conversation discrètement sans plus voir les failles dans ses propos me passe totalement inaperçu quand elle me questionne sur ma potentielle peur de me retrouver sur les devants de la scène. Je ne peux qu’essayer de regarder autour de moi en levant un sourcil. Pour être honnête, je suis incapable de voir le visage des personnes autour de moi, mais cette question me fait de toute façon plus rire qu’autre chose. Moi, dans une rumeur de magasine… Je suis peut-être connue dans le monde du bâtiment, mais ça n’implique pas ma tête dans les TV magasines. Encore moins pour un slow ! Mais qu’importe, si ça les embête, autant profitez du rythme de la musique. Je laisse les mouvements de ma tête envahir le reste de mon corps et finis par me recoller contre Michaela pour mieux en profiter. Et me stabiliser, un peu. Je souris encore plus en l’écoutant oublier toutes ces idioties. Même pas besoin de répondre, nos danses harmonisées parlent pour nous. Nos corps s’enlacent, se délassent, s’entremêlent, s’éloignent pour mieux se retrouver. Mes battements de cœur s’accordent à la cadence des mélodies. Des membres étrangers essayent de s’intégrer à nos mouvements sans pouvoir jamais réussir. Les autres n’existent pas, plus. Jusqu’à ce que je souffle bruyamment face à l’insistance d’un gars en particulier. Je me tourne vers lui avec un regard foudroyant. Avant de suivre le signalement de sa main, d’apercevoir une tête floue mais reconnaissable et de reconnaître le sachet aux creux des bras de la silhouette brouillée connue. « Mon repas est là ! Viens ! » Je pose alors ma main sur le bras de Mick, la fais glisser avec attention le long jusqu’à entremêler nos doigts et l’entraîner à ma suite. « Je ne peux pas entrer avec, on doit manger dehors. » Il hausse les épaules avant de regarder derrière moi avec un sourcil interrogateur. « Je t’expliquerai ! » Je m’exclame aussitôt avec un sourire idiot. Je me tourne alors vers Mick, ma main toujours dans la sienne. « Je crains que nos chemins se séparent ici pour ce soir. Mais… » Je fais volteface pour récupérer le crayon resté dans la poche de chemise de mon ami. Prenant sur moi pour me concentrer sur mon écriture, je viens déposer les chiffres de mon numéro sur la paume de mon ancienne complice. Mon regard s’ancre ensuite dans le sien. « Je compte sur toi pour me retrouver à nouveau… » Je me penche vers elle et lui laisse un léger baiser sur sa joue avant de m’éloigner. Nos doigts se séparent à la dernière seconde et je finis par me laisser guider par mon ami pour trouver le prochain lieu de la soirée.
fear can make all of us do the wrong things sometimes feat @Cleo Felix-Mayers
Cléo aurait trouvé un homme qui accepte de faire passer sa carrière au premier plan. Enfin, elle se rattrape pour corriger sa phrase et utiliser le passé. Houla. Y'aurait il de l'eau dans le gaz ? Ces deux petits mots pourraient paraître anodin, mais ils sont très loin de l'être. Ils sous entendent beaucoup de choses. " C'est que t'es tombé sur la perle rare alors. Parce que clairement ça court pas les rues! " Je fais le choix de ne pas rebondir sur son utilisation du passé. Un autre jour, là ce n'est pas le moment. Surtout vu son état, c'est qu'elle m'a l'air dans un équilibre un peu précaire parfois. " On ne sait jamais que tu changes d'avis une fois que t'auras dessoûlé. " Parce que là elle dit qu'elle m'a pardonné tout ça tout ça, mais peut être qu'une fois complètement sobre, elle reprendra ses esprits et réalisera qu'elle m'en veut toujours et que je suis une connasse. Pour l'heure on se déhanche au rythme de la musique, plus rien n'existe autours. Enfin presque...Un type réussit finalement à attirer notre attention au vu de l'insistance prolongée pour nous apostropher. Non mais qu'est ce qu'il veut celui là sérieux ? Il voit pas qu'on est occupées ? Mais finalement Cléo semble le connaître. Son repas est là qu'elle crie. C'est vrai que j'en avais oublié qu'à la base elle ne devait sûrement pas être seule dans ce bar. Comme moi non plus d'ailleurs. Le monde extérieur nous rattrape. Un peu trop brutalement. Car c'est l'heure de me quitter. Mais... Pas déjà ? Je ne peux cacher ma déception sur mon visage. Mais elle attrape un stylo, pour écrire ce qui ressemble à son numéro sur la paume de ma main. " Promis. " que je compte la retrouver. Et voilà, c'est ainsi qu'elle est partie, aussi simplement que ça. A me demander si je n'ai pas rêvé tout ce qu'il vient de se passer. J'attrape rapidement mon téléphone, pour inscrire immédiatement le numéro dans mes contacts, pour ne pas prendre le risque qu'un numéro s'efface avant que je ne l'ai rentré. Je retourner retrouver ensuite mes collègues que j'ai abandonné depuis un petit moment.