Il ne suffit que d’un simple regard en direction de cette villa pour que Caelan réalise qu’il n’avait pas eu de nouvelles de Lenore depuis plus d’un an. À une autre époque, Jessica et lui passaient parfois leurs soirées en compagnie de la jeune femme et de son mari Angelo et il avait peine à croire tout le temps qui s’était écoulé depuis leur dernière soirée ensemble. Les souvenirs qui défilaient dans sa tête le rendaient nostalgique et lui faisaient réaliser à quel point sa vie avait beaucoup changée depuis deux ans et demi. Il aurait aimé pouvoir retourner en arrière pour faire certaines choses différemment mais la vie ne fonctionnait pas ainsi, il devait donc vivre avec ses décisions et les conséquences de ces dernières. Sa rupture avec Jess avait été une épreuve difficile pour lui, mais il s’en était remis avec un peu de temps, il s’était fait à l’idée qu’il devait continuer son chemin sans elle. Il espérait toutefois réussir à faire en sorte que sa relation avec ses frères ne se termine pas de la même façon. En attendant, il pouvait au moins essayer de rattraper le temps perdu avec Lenore en espérant qu’elle ne lui en voudrait pas trop d’avoir été un ami lamentable pour elle depuis sa séparation. Il se demandait comment les choses se passaient de son côté, plus particulièrement comment elle vivait son nouveau -plus si nouveau que ça- rôle de maman depuis la naissance de sa fille. Peut-être qu’il le saura plus tard comme il comptait lui faire une surprise en arrêtant chez elle après le travail. Il espérait avoir la chance d’enfin rencontrer l’enfant de son amie, bien loin de se douter de la triste fin qu’avait eue sa grossesse.
Caelan passa son après-midi sur le chantier d’un projet sur lequel il travaillait. Pour le moment, tout se déroulait comme sur des roulettes et il espérait que les ouvriers ne rencontreraient pas trop d’imprévus afin que l’échéance du projet puisse être respectée. Lorsqu’il eut terminé de d’effectuer toutes ses vérifications, il quitta le sentier en direction de son véhicule dans lequel il prit place en lançant son casque de sécurité sur la banquette arrière. Sans plus attendre, il démarra sa voiture et prit la route en direction de la villa de Lenore sans la prévenir d’avance afin de ne pas gâcher la surprise. Afin qu’elle ne l’entende pas arriver, le brun stationna sa voiture dans la rue puis il se rendit à sa porte en courant. C’est avec un sourire amusé au coin des lèvres qu’il toqua trois coups avec ses jointures avant de tendre l’oreille. Il espérait qu’elle était à la maison ce soir et il ne tarda pas à avoir sa réponse lorsqu’il entendit des pas s’approcher. « Surprise! » s’exclama-t-il dès qu’il aperçut le visage de la blonde apparaître devant lui. Il s’approcha d’elle pour la prendre dans ses bras. « Ça fait tellement longtemps! J’espère que je ne te dérange pas, j’étais dans le coin pour le boulot et je me suis dit qu’il serait plus que temps que je vienne te voir. » dit-il en se reculant pour pouvoir l’observer avec attention. Impatient d’enfin rencontrer sa fille, Caelan se pencha d’un côté puis de l’autre pour essayer de regarder derrière son amie dans l’espoir d’apercevoir la bambine. Même s’il n’en avait pas encore à lui, le brun adorait les enfants et il profitait de chaque occasion qu’il avait de passer du temps avec ceux de ses proches. « Alors, tu me présentes enfin ta fille? Elle est où? » demanda-t-il avec fébrilité. Si seulement il savait…
Jusqu’à dix heures du matin Lenore était restée éveillée sans trop savoir comment s’occuper. Elle avait cherché, d’abord en commandant un fast-food, puis un dessert, ensuite en décidant de s’atteler au layering, nouvelle lubie “skin care” du net hérité des Coréennes (ou des Japonaises peut-être). Une fois le visage luisant de tous les produits qu’elle avait trouvé et qui avait semblé correspondre à la routine conseillée, l’Australienne s’était lancée dans une manucure, après plusieurs essais peu fluctuants elle s’était rabattue sur un vernis transparent. Ces étapes censées bouffer les heures qu’elles ne passaient pas endormie s’étaient finalement révélées beaucoup plus rapides que prévu, et l’enfer de l’insomnie eut raison de ses espoirs. D’abord ses livres originellement soigneusement rangés par ordre alphabétique, puis par thème depuis quelques semaines, furent désormais rangés par couleurs. Ensuite ses vêtements, eux aussi logés à l’enseigne du classement par couleurs, comme les vernis ensuite puis les packaging de bouffe des placards et du frigo avant de revenir au linge de maison. Ce “re-design” intérieur lui prit assez de temps pour qu’elle ne regrette plus autant sa prise d’excitant, cette lubie assouvie Lenore pût enfin envisager son insomnie forcée avec un peu moins d’amertume en enfilant sa tenue de sport pour aller courir un peu.
Au retour de sa sortie plus longue qu’elle ne l’avait prévue, Lenore décida de se faire couler un bain chaud accompagné de musique et d’une bouteille de bière, envisageant cette dernière comme bien plus facile à tenir qu’un livre qu’elle mouillerait avec ses doigts au mieux si elle ne le faisait pas tomber dans le bain. Persuadée qu’elle était en train de phaser, la blonde se rendit compte de la somnolence qui l’avait cueillie quand des coups à sa porte la réveillèrent et lui firent réaliser en même temps que la musique avait cessé de tourner. Regardant ses doigts fripés par l’eau plus froide que tiède, la jeune femme se lève avec précipitation, cognant la bouteille posée sur le rebord au passage. Merde ! La voilà qui s’adonne à un jeu d’équilibrisme pour éviter de poser le pied sur un bris de verre avant d’enfiler son kimono grenat sans prendre la peine de se sécher. J’arrive !! Ne prenant conscience de l’heure qu’en s'apercevant de la pénombre dans laquelle était tombée sa maison, Lenore n’envisage pas un instant que ce ne soit pas son voisin à la porte en train de frapper. Oh mon Dieu !! S’exclame-t-elle avec un léger sursaut face à la surprise de Caelan. Un mélange de joie et de mélancolie l’envahit soudainement et elle enlace mollement son ami, distraite. T’es revenu qu… Lenore n’est pas la seule à vouloir des réponses et à avoir des questions, la raison de sa surprise lui paraît évidente à l’instant où son “vieil” ami l’interrompt pour s’enquérir de sa situation à elle. Ils ne sont pas vus depuis ce qui paraît aujourd’hui comme une éternité, ils ont raté des épisodes dans la vie l’un de l’autre tout en se souhaitant le meilleur. Installe toi. Dit-elle alors en refermant enfin la porte avant de s’avancer vers la cuisine en grimaçant à chaque fois qu’elle pose le pied gauche à terre. Je t’offre quoi à boire ? T’as pas ramené le champagne salaud. Elle le chambre mais le ton manque car elle cherche une fuite, pour l’instant c’est son frigo qui l’intéresse, lui permet de poser ses idées au calme avant de se retourner avec une bouteille de vin dans une main, une de rhum dans l’autre. Elle est chez son père. Finit-elle par lâcher le regard dans le vide alors qu’elle cherche deux verres. Et toi t’es revenu depuis quand ? Ça me fait plaisir de te voir, c’est gentil d’être venu. Faisant glisser un verre jusqu'à lui elle propose en levant une bouteille après l'autre: Choisis ton poison !
« Oh mon Dieu !! » À voir la réaction de Lenore, il n’y avait aucun doute qu’elle ne s’attendait pas à trouver Caelan sur le pas de sa porte. Le brun espérait au moins que cette visite impromptue n’était pas une surprise trop désagréable pour la blonde. Il prenait une chance, sans savoir s’il s’agissait d’un bon moment pour elle, mais ceux qui le connaissent savent qu’il lui arrive souvent d’agir sur un coup de tête sans tout prévoir à l’avance. « Tu peux m’appeler Caelan. » répondit-il avec son éternel sourire moqueur au coin des lèvres en lui faisant un clin d’œil. Lenore tenta de lui poser une question, mais Caelan se laissa gagner par son enthousiasme légendaire et il l’interrompit sans même s’en rendre compte. « Installe toi. » Il la suivit jusqu’à la cuisine tout en laissant son regard vagabonder. La villa semblait différente, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qu’il y avait de différent depuis la dernière fois qu’il y avait mis les pieds près de deux ans auparavant. « Je t’offre quoi à boire ? T’as pas ramené le champagne salaud. » Un petit rire s’échappa de ses lèvres avant qu’il ne se masse la nuque d’une main en grimaçant d’un air coupable. « Je n’avais pas prévu d’arrêter ici avant de passer devant ce matin. Et entre toi et moi, le champagne n’aurait pas été buvable après avoir passé toute la journée dans ma voiture. » Il aurait été beaucoup trop chaud à son goût. « Ce n’est que partie remise, je me reprendrai pour la prochaine fois. » Tant que leur prochaine rencontre n’avait pas lieu dans deux ans, sinon il aurait tout le temps du monde d’oublier. « Mais oui, s’il te plait, je prendrais bien quelque chose à boire. » Après sa journée de travail sur le chantier, il n’allait certainement pas dire non.
Impatient de rencontrer la fille de Lenore, il lui demanda où celle-ci se trouvait, sans même se douter un instant du deuil qu’avait dû traverser la jeune femme. « Elle est chez son père. » Caelan fronça les sourcils avant de les hausser en ouvrant grand la bouche lorsqu’il comprit ce que ça voulait dire. « Quoi? Non… » dit-il en prenant un air triste. Visiblement, le couple de la blonde avait eu autant de succès que le sien. « C’est fini avec Angelo? » demanda-t-il prudemment sans oser demander plus de détails malgré sa curiosité. « Et toi t’es revenu depuis quand ? Ça me fait plaisir de te voir, c’est gentil d’être venu. » Ses paroles lui faisaient plaisir, pourtant, il l’avait déjà connue plus convaincante. Elle manquait d’éclat, Lenore. « Je suis revenu mi-septembre, ma sœur avait besoin de moi. » Parce qu’elle avait eu un accident de voiture, un détail qu’il se garda de préciser, il était plus préoccupé par son amie que par l’état de sa sœur qu’il savait stable depuis. « Choisis ton poison ! » Il pointa la bouteille de rhum en s’accotant contre le comptoir à côté d’elle. « Ça fait longtemps que c’est fini avec Angelo? » se risqua-t-il de lui demander. Il se sentait mal de ne pas avoir été présent pour le couple durant cette période probablement difficile pour eux. « Je suis désolé, je me rends compte que j’ai été un ami plus que lamentable. J’aurais dû prendre de tes nouvelles bien avant. » Il croisa ses bras sur son torse en scrutant le visage de Lenore, guettant ses réactions à la recherche d’une réponse. « Ça va toi? »
Ils ont d'une certaine manière le même humour de merde, Caelan lui arrache un sourire de plus avec son amalgame entre "Dieu" et sa personne, le même genre de blague foireuse que faisait Lenore en présentant son job comme étant l'agente 007, sigle tatoué par hasard sur la peau de son ami comme un signe de cette ligne d'humour foireux dans laquelle ils s'entendaient toujours. Tu marques un point. concernant le champagne, tout en sortant d'autres prohibés pour remplacer le manque de bulles. J'espère bien ! la perspective d'une prochaine fois lui réchauffe le coeur, Caelan réapparut fait réaliser à Lenore qu'outre les multiples évènements qu'ils ont ratés dans la vie l'un de l'autre, l'absence de son ami l'avait heurtée sans qu'elle ne s'en soit réellement rendue compte. Avant aujourd'hui. Elle aurait pût être vexée d'apprendre qu'il était revenu depuis quelques jours déjà et qu'il ne venait la voir que maintenant, mais ce serait particulièrement illégitime, ils avaient beau avoir eut l'habitude de se fréquenter régulièrement, ils n'avaient pour autant jamais été vraiment pot-de-colle ou inséparables. Juste deux électrons libres qui vibraient gentiment les quelques fois où ils entraient en contact ce qui assurait toujours une prochaine fois jusqu'à ce que l'électron Caelan se fasse la malle sans prévenir. Plus par appréhension d'avouer la vérité ou par un désir déplacé de créer ce qui n'a pût exister plus que par rancune mal placée, Lenore ment pour éviter le sujet épineux engagé par son ami. A la réaction de ce dernier face à la nouvelle la moins triste des deux qu'elle a à lui donner blondie se pince la lèvre et pousse un soupir, convaincue d'avoir fait le bon choix. Pourtant, lèvres pincées, elle ne fait que hocher de la tête pour confirmer la séparation avec Angelo, comme si ouvrir la bouche laisserait fuiter la vérité. Mi septembre ?! c'est à son tour de froncer les sourcils, peut-être que finalement la visite de Caelan semblait bien trop tardive en vue de son temps passé à Brisbane. Quatre mois. Lâche finalement Lenore avant de se décider à servir deux verres de rhum, comme si l'absence de Caelan devait se payer en lui ne pouvant choisir sa boisson, un peu puérile comme réaction mais pourquoi pas. Un peu plus en réalité, ça faisait un bail que ça n'allait plus, le divorce a juste été prononcé en février. Elle la voit, l'inquiétude de Caelan, dans son regard, sa posture, le ton embarrassé qu'il prend quand il présente ses excuses. T'aurais rien pût y faire laisse tomber. plus sûre de son choix la blonde s'adosse au plan de travail, tournant le dos à son ami afin de réprimer l'espace d'un instant les larmes qui lui montent et qu'elle ravale en même temps que le rhum arrangé. Ca va. Qu'est-ce qui t'as retenu depuis septembre ? au fond, Lenore ne lui en veut pas vraiment, mal à l'aise elle redirige les prémices d'une colère ailleurs, sur le malheureux empli de bonnes intentions plutôt que sur l'injustice vécue. Le besoin d'un second verre se fait plus fort que celui de ne pas vouloir faire face au grand brun, elle se ressert alors. On était pas faits pour être ensemble, on s'est maqués trop tôt, ça arrive plein de fois, alors une famille ? Verre vidé, déjà, conclu par un léger rire sarcastique. Fallait pas se leurrer, ça n'aurait jamais fonctionné.
« Mi septembre ?! » Caelan pinça ses lèvres d’un air coupable, culpabilisant de ne pas avoir contacté Lenore avant aujourd’hui. D’un autre côté, cependant, elle n’avait pas cherché à le contacter elle non plus. Peut-être ignorait-elle qu’il était de retour au pays, mais il avait gardé le même numéro de téléphone lors de son séjour au Canada, elle aurait donc normalement pu le rejoindre. Considérant qu’il n’avait pas pris le temps de la contacter de son côté, il ne lui en voulait pas du tout de ne pas l’avoir fait elle non plus. Lorsqu’il avait quitté l’Australie, cela faisait déjà plusieurs mois qu’ils ne se donnaient plus autant de nouvelles sans raison particulière. « Mi-septembre oui, les derniers mois ont été un peu fous. » tenta-t-il de se justifier. Lorsque Caelan demanda ensuite à Lenore où se trouvait sa fille, il comprit qu’Angelo et elle n’étaient plus ensemble et tenta d’en savoir plus tout en restant prudent dans ses questions. « Quatre mois. » répondit-elle lorsqu’il lui demanda depuis combien de temps ils n’étaient plus ensemble. Leur séparation était donc somme toute récente. « Un peu plus en réalité, ça faisait un bail que ça n'allait plus, le divorce a juste été prononcé en février. » Il hocha lentement la tête sans oser creuser davantage sur le sujet, conscient que ça ne devait pas être un sujet facile à aborder pour elle. Caelan n’aimait pas particulièrement parler de son divorce alors que Jessica et lui n’étaient plus ensemble depuis un peu plus de deux ans, il n’avait donc pas de mal à imaginer comment Lenore devait se sentir alors que sa séparation à elle ne datait que depuis quelques mois. « Je vois. T’as donc gardé la maison. » constata-t-il en regardant autour de lui sans trop savoir quoi dire de plus sur le sujet. Il se rendait compte qu’il n’avait pas été là pour elle et qu’il arrivait trop peu trop tard pour la soutenir dans cette épreuve, ce dont il s’excusa. « T'aurais rien pût y faire laisse tomber. » Il ne croyait pas du tout qu’il aurait pu faire quelque chose pour sauver son couple, mais il aurait aimé être là pour eux pendant cette épreuve pour les soutenir tous les deux. Il lui sourit, même si elle ne pouvait pas le voir maintenant qu’elle était de dos à lui. « J’aurais pu être là pour vous. Te changer les idées, te remonter le moral avec mon humour pourri ou au moins essayer. » C’est l’intention qui compte, non? Mal à l’aise face au silence qui s’installa entre eux, Caelan rapporta son attention sur son verre de rhum qu’il porta à ses lèvres pour en prendre une longue gorgée. « Ca va. Qu'est-ce qui t'as retenu depuis septembre ? » Le brun baissa les yeux tandis qu’il faisait tourner le rhum dans son verre en repensant à tout ce qu’il avait traversé pendant les derniers mois. « Ma sœur a eu un accident de voiture en septembre, disons que mon retour n’étais pas vraiment prévu. » Et même s’il avait vu quelques amis à son retour, sa vie sociable n’était pas du tout sa priorité il la majorité de son temps était consacrée à sa famille. « Pendant qu’elle était à l’hôpital, on faisait une rotation pour s’occuper de ses enfants avec mes frères. Il a fallu l’aider pas mal aussi quand elle a finalement pu sortir, puis quand j’avais un peu de temps libre, je devais me trouver un nouvel appartement, une voiture et un travail. » Il avait tout lâché avant de partir, il avait seulement pris le temps de louer un entrepôt pour y mettre ses meubles et ses boîtes pour ne pas devoir tout racheter à son retour. « Norah va bien aujourd’hui, c’est tout ce qui compte. » ajouta-t-il en souriant. Il préférait s’abstenir de s’étendre sur les relations conflictuelles qu’il avait avec ses frères depuis qu’ils étaient au courant de son délit de fuite. « On était pas faits pour être ensemble, on s'est maqués trop tôt, ça arrive plein de fois, alors une famille? Fallait pas se leurrer, ça n'aurait jamais fonctionné. » Il observa la blonde en silence tandis qu’elle se servit un deuxième verre qu’elle but aussi vite qu’elle se l’était servi. Il n’était pas dupe, il voyait bien dans son attitude qu’elle n’allait pas bien, peu importe ce qu’elle pouvait bien lui dire. Elle évitait de le regarder depuis un moment déjà et son rire sonnait complètement faux. Sauf que Caelan ne savait pas trop comment il devait agir puisqu’il n’avait jamais vu ce côté d’elle. Il s’approcha donc prudemment de la blonde pour poser une main sur son épaule en espérant la réconforter un peu. « Si t’as besoin d’en parler, ou d’un câlin… ou même de crier. » Je suis ton homme.
C'est une vraie dichotomie qui pointe le bout de son nez dans le for intérieur de la trentenaire. Lenore sait combien la vie peut jouer des tours avec de petites choses agaçantes qui rongent le temps et l'esprit au point de ne plus voir les jours passer à s'éloigner d'une personne aimée. Tout comme elle connait aussi ces autres tours joués par la vie qui, eux, pouvaient prendre une dimension dramatique voire horrifique et absorber tout le reste avec. Ne laissant sur le passage que des comportements corrompus, des émotions ingérables et un temps trop lent à passer avec ainsi l'impression d'une cicatrisation impossible. Le "deuil" et ses étapes. Une fable qu'on balance aux heurtés pour les réconforter et faire taire la peine et la colère résultantes du calvaire éprouvé. Du pipo rabâché par les malheureux manants au fait de sa triste perte, comme par son psy payé trop cher pour le peu d'originalité dans ses retours. Alors, les mois "un peu fous" mentionnés par Caelan peuvent être du pipo eux aussi, mais peuvent aussi être ces fameux tours de vie : des petits ou des gros ? Lenore ne demandera pas, embourbée dans son mensonge précipité elle se contente de répondre aux questions du grand brun comme pour s'assurer de ne pas dire une bêtise, elle pour qui mentir a pourtant parfois été comme une seconde nature. Ouais... Je crois que ces derniers mois ont étés "un peu fous" pour tout le monde... vas-y, lâche une banalité qui ne te sied pas Lenore, ça fera l'affaire. Qu'ajouter de plus qu'un hochement d'épaules à l'information évidente que son ami évoquait sans doute plus pour combler les trous que pour construire une conversation ? J'ai gardé la maison., normalement une victoire en situation de divorce, ici un choix même pas fait : l'autre a prit ses jambes à son cou et l'a laissée là comme punie. Les images du départ d'Angelo défilent, et les regrets de Caelan les balaient peu à peu, ce qui encourage la blonde à se servir ce second verre et à relancer la conversation après avoir brièvement posé sa main sur celle grande et chaleureuse de Caelan, comme pour le rassurer et le remercier pour ses remords. Les "petits tracas" de son interlocuteur semblent, de ce qu'il dit, résolus désormais. Mais ils n'avaient rien de petits. Ca avait dût être plus que des mauvais tours, une vraie frayeur certainement. Finalement, ils étaient deux divorcés et Caelan avait sans doute dût se figurer la vie sans la présence de sa sœur durant au moins quelques heures terribles si ce n'est quelques mois, avant de la savoir hors de danger. C'est tout ce qui compte oui... se contente de répéter bêtement la blonde avant de finir son verre pour s'en servir un troisième comme si c'était du petit lait. Désolée. Toi aussi t'avais sans doute besoin qu'on te remonte le moral j'imagine. Je suis contente que ta sœur soit tirée d'affaire. Elle l'est, hein ? Elle pense ce qu'elle dit Len, tout en sachant pertinemment au fond d'elle qu'elle n'aurait jamais réussie à être réellement présente pour son acolyte même si elle avait été au courant, au vu de ce qu'elle traversait elle-même, rien ne lui semblait assez important pour la sortir de la spirale de ses pensées ténébreuses. Ce constat fait pointer en elle un soupçon de culpabilité, car contrairement à Caelan dont les remords semblaient si sincères, les siens semblaient presque tout justes polis, si bien que c'était elle qui s'en trouvait presque embarrassée désormais. Sa grande main chaude posée sur son épaule n'arrange rien aux émois de l'ancienne soldate qui perdue entre l'envie de repousser son ami comme de l'enlacer, se crispe un peu sous le geste, pousse un soupir comme pour relativiser avant d'ôter la main de Caelan tout en la gardant précieusement entre les siennes plus menues, comme une manière de rejeter son appui tout en réclamant sa présence. Une réaction qui se veut en principe légère et qui en devient presque solennelle. Merci Caelan, t'en fais pas, j'ai... juste besoin de... me saouler jusqu'à ne plus rien sentir. ...de trouver une bonne crèche pour l'année prochaine. Lenore avale son faux rire avec son troisième verre avant de déposer un baiser sur la main chaude de son ami puis de la relâcher. Tu as récupéré un appartement depuis septembre alors ? Si t'as besoin de quoique ce soit, comme un lit, n'hésite pas. La divorcée finit par récupérer verre et bouteille pour avancer vers le séjour avant de se laisser tomber dans le canapé. Tu ne bois pas ? Etonnée du débit plus lent de son invité. Tu as revu Jessica depuis ton retour ?
« Ouais... Je crois que ces derniers mois ont étés "un peu fous" pour tout le monde... » Caelan se mit à penser à ses proches et Lenore n’avait pas tort. Même Channing et Elizabeth avaient été particulièrement occupés dans leur vie personnelle comme professionnelle. « Tu as raison. Espérons que le reste de l’année soit un peu plus relaxe. » Caelan questionna Lenore sur son divorce avec Angelo, curieux d’en savoir un peu plus sur le sujet sans toutefois la bombarder de questions, acceptant l’information qu’elle acceptait partager avec lui sans insister. « J'ai gardé la maison. » Peut-être était-ce plus simple pour elle de rester ici que de déménager avec sa fille. De son côté, Jessica et lui avaient décidé de vendre la maison qu’ils possédaient ensemble, préférant recommencer dans un nouvel endroit que de rester dans cette résidence dans laquelle ils partageaient bien trop de souvenirs ensemble. « Ça ne te dérange pas de rester ici? » Après avoir pris de ses nouvelles, il expliqua pourquoi il n’avait pas donné de nouvelles alors qu’il était de retour au Canada depuis un peu moins d’un an. « C'est tout ce qui compte oui. Désolée. Toi aussi t'avais sans doute besoin qu'on te remonte le moral j'imagine. Je suis contente que ta sœur soit tirée d'affaire. Elle l'est, hein ? » Il acquiesça d’un mouvement de tête en lui souriant. « Oui, elle l’est. Sa convalescence a été longue et difficile, mais aujourd’hui elle va bien. Elle a repris le boulot depuis, tout va bien. » Norah avait eu besoin de plusieurs chirurgies pour être tirée d’affaire et elle était chanceuse d’être de nouveau sur pied aujourd’hui, il le savait. Il aurait pu la perdre et il ne savait pas du tout comment il aurait pu continuer à avancer sans sa sœur jumelle dans sa vie. Il préférait ne pas trop y penser et voir le bon côté : elle s’en était sortie.
Mais il n’était pas le seul à avoir souffert dans la dernière année, Lenore aussi avait traversé une période difficile et il aurait aimé être là pour l’épauler comme il aurait dû l’être en étant son ami. « Merci Caelan, t'en fais pas, j'ai... juste besoin de… de trouver une bonne crèche pour l'année prochaine. » Il rit un peu en hochant la tête. « T’as encore le temps! Tu sais s’il y a beaucoup d’attente? » N’ayant pas d’enfants, il n’avait aucune idée à quoi s’attendre. « Tu as récupéré un appartement depuis septembre alors ? Si t'as besoin de quoique ce soit, comme un lit, n'hésite pas. » Il lui fit signe de la main que ce n’était pas nécessaire. « C’est gentil, mais t’en fais pas c’est bon, j’ai gardé pas mal de choses de la maison. J’en ai même trop, j’ai encore des meubles dans un entrepôt. » Histoire de ne pas encombrer son petit appartement. De toute façon, ça ne lui servait pas grand-chose de tout déménager ses choses alors qu’il envisageait la possibilité de déménager avec ami. « Tu ne bois pas ? » Caelan baissa les yeux sur son verre en haussant une épaule. Ses années de beuveries étaient bien loin derrière lui alors s’il suivait le rythme de Lenore, il risquait de ne pas être en état pour reprendre la route ensuite, déjà qu’il n’était plus trop à l’aise de conduire dans la noirceur depuis son délit de fuite. « C’est pour me mettre dehors dès que j’aurai fini mon verre c’est ça? » demanda-t-il à la blague plutôt que de passer un commentaire sur le débit de son amie qui enchainait les verres un après l’autre comme si elle buvait du jus. « À part de la bière de temps en temps, je ne bois plus autant que quand j’étais à l’université. Je ne rajeunis pas non plus donc disons que je n’ai plus ma tolérance d’antan. » Même s’il pouvait quand même se permettre de boire un peu avant d’en ressentir les effets considérant sa taille de géant. « Tu as revu Jessica depuis ton retour ? » Il y pensait depuis plusieurs mois, surtout depuis que Norah était tirée d’affaire et qu’il avait plus de temps libre. Il regrettait d’en avoir fait une complice en lui disant pour le délit de fuite, mais comment aurait-il pu lui mentir? Jessica le connaissait comme le fond de sa poche, il n’avait pas eu besoin d’ouvrir la bouche pour qu’elle sache qu’il lui cachait quelque chose, ses agissements avaient suffi à lui mettre la puce à l’oreille. « Non. J’y pense, mais je ne sais pas encore ce que je veux lui dire. » dit-il en soupirant tout en portant son verre à ses lèvres. Il voulait s’excuser de l’avoir mêlée à ses histoires, mais en même temps, il lui en voulait parce qu’elle avait pris l’initiative de tout avouer à Marcus ce qu’il avait fait à sa place. Il comprenait que Jessica était dans une position inconfortable, considérant sa proximité avec Marcus, mais il aurait préféré qu’elle vienne le voir pour lui expliquer que le poids de son secret était trop lourd pour elle afin qu’il puisse lui-même se confesser à son frère. « Je suppose que c’est l’avantage de ne pas avoir d’enfant, nous ne sommes pas obligés de nous revoir si on ne veut pas. » ajouta-t-il en appuyant un coude sur le dossier du canapé tout en pivotant son corps pour faire face à Lenore, appuyant sa tête dans sa paume. « Pas comme toi avec Angelo. Ça se passe bien? »
Une année plus relaxe… L’optimisme de son ami laisse une impression mitigée à Lenore : entre l’envie de partager son point de vue et l’impression que rien ne changera plus jamais, que ce qui est aujourd’hui, ce qui a heurté hier et suinte encore à l’instant sera pour toujours douloureux. Qu’importe les efforts. Pas vraiment. répond-t-elle quand Caelan lui parle de la maison, toute personne avisée lui aurait déconseillé de rester dans un endroit marqué par des souvenirs douloureux, à raison, chaque pièce, chaque meubles lui rappelle une situation, une conversation, un espoir, une dispute. Un fardeau que la blonde s’inflige plus ou moins sciemment. L’optimisme du grand blond semble faire fortune à sa famille puisqu’il lui annonce les bonnes nouvelles concernant sa sœur, et Lenore sourit, rassurée. « T’as encore le temps! Tu sais s’il y a beaucoup d’attente? » Il est temps pour Lenore de renforcer son baratin, utiliser les ouï-dire en sa faveur : C’est la guerre pour trouver une crèche ! ça coûte un bras, parfois ils ont de la place en matinée et en journée mais pas pour le repas, ça ne fait aucun sens… c’est fatiguant, j’ai l’impression de devoir lécher des culs pour pouvoir placer ma fille et travailler c’est indécent. Elle avait effectivement envisagé ce rythme de vie à l’époque, maintenant que tout avait changé son avis était radicalement opposé : elle aurait pris le maximum de congé maternité possible pour profiter de son enfant. Mais ce changement d’avis ne sert à rien : c’est trop tard. Ah ouais tu m’étonnes, tu penses les vendre ou tu les gardes au cas-où ? C’est en pensant que Caelan devrait vendre ses anciens meubles que Lenore jette un œil sur son salon, envisageant soudainement qu’elle devrait peut-être elle-même commencer par changer la décoration. Rhoooo parle pas comme un vieux tu me déprimes ! lance alors l’hôtesse des lieux avec un léger rire avant de se tourner une fois de plus vers sa boisson tout en attrapant son smartphone. Si tu me fais pas honneur tu vas rentrer chez toi sans même avoir fini ton verre tu vas voir. Surenchérit-elle à la blague de son ami tout en consultant ses mails depuis son téléphone. Tu penses que tu as quelque chose à lui dire de toute manière ? Pour elle c’était simple : elle ne souhaitait plus jamais croiser Angelo, du moins c’est ce qu’elle pensait consciemment, une fois graciée de la présence d’un ami, le son de cloche différait radicalement le soir quand elle se retrouve esseulée dans la maison de toutes les promesses. La candeur de Caelan l’a toujours à la fois touchée et amusée, même si elle se demandait parfois comment ils avaient fait pour devenir amis, comment ils réussissaient à communiquer, mais toujours reconnaissante du sentiment d’apaisement qu’il lui apportait par sa simple présence. Ce soir toutefois, Lenore n’avait rien d'apaisé, ou jamais très longtemps puisqu’entre chaque moment de détente Caelan glissait la question de trop qui lui donnait l’impression de marcher sur des œufs, reconsidérant l’éventualité de le foutre à la porte chaque fois un peu plus. Putain ! s’exclame Lenore, les yeux rivés sur son écran, elle dépose son verre sur la table basse. On parle on parle, mais on aurait bien besoin de s’évader un peu tu crois pas ? Tente-t-elle, semi-hystérique, en tendant le téléphone à son ami pour lui présenter l’offre alléchante d’un voyage à Bali. Un bon moyen de changer de sujet, un essai désespéré de clôturer les conversations dérangeantes comme une curiosité vraiment piquée à l’idée de pouvoir tout quitter l’espace de quelques jours avec quelqu’un qui ne la traitera ni comme une merde, ni comme une divorcée endeuillée.
« Pas vraiment. » Pas vraiment? Pour être honnête, Lenore ne semblait pas au meilleur de sa forme, Caelan avait donc de la difficulté à croire que ce n’était pas difficile pour elle de vivre dans cette résidence où Angelo et elle s’étaient autrefois aimés. À son avis, ils n’étaient toutefois pas suffisamment proche pour qu’il s’obstine avec elle sur le sujet, il préféra donc la questionner sur autre chose. « C’est la guerre pour trouver une crèche ! ça coûte un bras, parfois ils ont de la place en matinée et en journée mais pas pour le repas, ça ne fait aucun sens… c’est fatiguant, j’ai l’impression de devoir lécher des culs pour pouvoir placer ma fille et travailler c’est indécent. » Il fronça les sourcils alors qu’une possible solution lui vint en tête. « Avec ton travail, tu ne pourrais pas travailler de la maison avec la petite? » Évidemment que sa productivité serait touchée à certains moments de la journée, mais elle pouvait toujours prendre des pauses et revenir sur ses tâches professionnelles un peu plus tard lorsque sa fille dormirait par exemple. « Ah ouais tu m’étonnes, tu penses les vendre ou tu les gardes au cas-où ? » Il était vrai qu’il aurait pu les vendre, d’autant plus qu’il ne s’était pas servi de ces meubles depuis deux ans, mais il s’entêtait à les garder au cas où. Après tout, il n’allait pas vivre indéfiniment dans son minuscule appartement et l’argent n’était pour lui pas un problème. « Pour l’instant je les garde, je déciderai ce que j’en fais quand j’emménagerai dans un endroit où je m’imagine à plus long terme. » Avec tout ce qui se passait dans sa vie depuis quelques mois, disons que de trier ses vieilles affaires ne faisait pas du tout partie de ses priorités. « Rhoooo parle pas comme un vieux tu me déprimes ! » répondit la blonde lorsqu’il fit référence à son âge et à son débit. Il rit en l’observant attentivement. « Quoi? Peut-être que toi t’es au début de la trentaine, mais ce n’est pas le cas de tout le monde tu sauras. » Il était plus près de la quarantaine que du début de sa trentaine, une triste réalisation lorsqu’il pensait à son rêve de devenir un jour père. « Si tu me fais pas honneur tu vas rentrer chez toi sans même avoir fini ton verre tu vas voir. » Il ricana en levant les yeux au ciel. « Quelle excuse pour me foutre dehors alors que ma présence t’emmerde. » dit-il en fixant le téléphone de Lenore, profondément agacé qu’elle soit incapable de le laisser de côté alors qu’ils discutaient. Même si les téléphones intelligents avaient une certaine utilité, Caelan détestait cette invention au plus haut point. Il aimait le contact humain et il avait l’impression de se parler tout seul chaque fois qu’il se retrouvait en présence de quelqu’un qui préférait fixer un écran que lui parler. « Tu penses que tu as quelque chose à lui dire de toute manière ? » Caelan haussa une épaule en réfléchissant, pas spécialement désireux de s’étendre sur le sujet, d’autant plus si Lenore était concentrée à faire autre chose que de réellement s’intéresser à ce qu’il pouvait ressentir. « Oui, il y a certaines choses dont j’aimerais lui parler. Je dois juste réfléchir à ce que je veux lui dire exactement, sinon j’ai l’impression que ça va sortir tout croche. » Jessica et lui ne s’étaient pas parlés depuis environ deux ans et il n’avait pas envie que leurs « retrouvailles » soient ponctués de leurs engueulades. « Putain ! » Le brun prit une longue gorgée de son verre en lançant un regard furtif vers les mains de Lenore. « Quoi? » demanda-t-il d’une voix dépourvue d’enthousiasme. Que pouvait-elle bien avoir vu sur son téléphone de si intéressant que ça? Voulait-il vraiment le savoir? « On parle on parle, mais on aurait bien besoin de s’évader un peu tu crois pas ? » Il imita le geste de la blonde en posant son verre sur la table, puis il lui prit le téléphone des mains pour y lire le courriel qu’elle avait reçu. L’idée de s’évader lui plaisait bien, il avait bien besoin de se changer les idées après les derniers mois difficiles qu’il venait de passer. « Ce ne serait pas de refus. » dit-il en lui redonnant son téléphone l’air songeur. « Bali hein? » Il reprit son verre avant de se caresser le menton de sa main libre en soupirant. Voyager avait toujours été pour lui un moyen de se ressourcer pour mieux revenir, il craignait que Marcus croie qu’il tentait une fois de plus de fuir ses problèmes. « Je ne dirais vraiment pas non à des vacances. » Il cala le reste de son verre avant de poser son regard sur la jeune femme. « Je suis partant. » Mac ne dirait rien s’il ne partait que pour une petite semaine, non? « On part quand? » demanda-t-il en lui souriant, prêt à partir à l’aventure. Même si la proposition de Lenore ne semblait pas très sérieuse à première vue, les deux amis décidèrent de la concrétiser et discutèrent des détails jusqu'à ce que la fatigue les rattrape.
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