Une rencontre fortuite avait surpris Gabrielle quelques jours plus tôt. Un peu moins que sa rencontre avec Channing, elle aurait dû d’ailleurs se douter que le meilleur ami ne devait pas être bien loin lui aussi. En effet, c’est Caelan Leckie qu’elle a rencontré alors qu’elle faisait la file d’attente dans un café du quartier des affaires de Brisbane. Contrairement à Walker, un sourire avait étiré ses lèvres quand elle avait reconnu la personne qui se tenait derrière elle. Ils avaient échangé quelques mots en attendant de pouvoir passer commande. Gaby lui avait notamment parlé de la maison qu’elle avait acheté dans le quartier de Bayside. Leur échange fut interrompu par un coup de fil qu’elle reçue. Lorsqu’elle raccrocha, sa mine était un peu plus renfrognée et elle partagea ses pensées avec Caelan. Elle avait sollicité un plombier car un des lavabos de la salle de bain était bouché. Et ça, depuis le jour de la fête des voisins, se demandant bien ce que ce cher Issac, qui était resté coincé un petit moment dans la salle de bain, avait bien pu y faire. Caelan proposa alors à Gabrielle de lui venir en aide si elle voulait, plutôt que de faire appel à un plombier qui semblait overbooké. Elle accepta avec grand plaisir, les amenant à échanger leur numéro de téléphone pour qu’elle puisse lui envoyer son adresse et qu’ils conviennent ensemble d’un jour pour qu’il vienne.
Le rendez-vous fut pris une semaine après, par un vendredi après midi qu’ils avaient tout deux de libre. Alors qu’elle est installée face au comptoir de sa cuisine devant son ordinateur, la sonnette retentit. Elle se lève et se dirige alors vers la porte d’entrée. Un sourire étire ses lèvres lorsqu’elle reconnait bien évidemment Caelan sur le pas de sa porte « Entre, je t’en prie ». Gabrielle le laisse passer avant de refermer la porte derrière lui. Elle sent le regard curieux de Caelan qui observe les lieux ce qui la fait sourire alors qu’elle le dépasse pour se rendre dans la cuisine. « Merci encore pour ta proposition. Je te montre la scène de crime ? » fait-t-elle d’un air amusé. Elle l’invite à la suivre dans la salle de bain du rez-de-chaussée. Il y avait encore de l’eau stagnante dans le fond du lavabo « Ca doit être sûrement très simple à réparer, mais je t’avoue que je n’ai pas voulu me lancer dans le démontage du siphon ». Gaby grimace un peu avant d’ajouter « Et je t’interdis de te moquer ». Parce qu’elle se souvient très bien du Caelan blagueur qu’elle a rencontré quelques années plus tôt lorsqu’elle était en couple avec Channing et elle se doute qu’il est toujours le même depuis tout ce temps. Elle le laisse alors s’afférer « Pendant que tu me sauves la mise, je vais aller nous servir à boire. Thé ? Café ? Smoothie ? Vin ? Bière ? ». Elle attend la réponse de Cae avant de se diriger à nouveau vers la cuisine et de préparer tout ça. Une fois que tout est prêt, elle retourne dans la salle de bain « Alors ? Tu as trouvé l’objet du délit ? » fait-t-elle en s’approchant de lui.
Étant donné que son travail l’amenait à se rendre aux quatre coins de la ville, Caelan tombait régulièrement sur des personnes qui avaient croisé son chemin par le passé, à différentes périodes de sa vie. S’il y avait bien quelqu’un sur qui il ne s’attendait pas de tomber, par contre, c’était bien Gabrielle Strange. Il n’avait pas entendu parler d’elle depuis plusieurs années alors il était bien loin de se douter que la jeune femme avait décidé de déménager en Australie. Puisque la brune n’était nulle autre que l’ex-copine de son meilleur ami, il aurait certainement pu l’ignorer ou être froid avec elle mais ce n’était pas du tout son genre car même s’ils n’avaient passé que quelques jours ensemble lors de son passage aux États-Unis pendant ses vacances, Caelan avait immédiatement apprécié la jeune femme et il avait été déçu d’apprendre que Channing et elle s’étaient séparés, même si ça ne l’avait pas surpris pour autant. En effet, depuis toutes ces années à être amis, Caelan connaissait bien son ami pour savoir qu’il ne tenait pas le record de la plus longue relation amoureuse. Il espérait qu’un jour il réussirait à se caser, lorsqu’il trouverait la bonne, et il avait espoir chaque fois qu’il le savait avec quelqu’un même s’il ne se faisait pas d’attentes pour autant. Il savait d’ailleurs que Walker voyait une certaine coréenne depuis un moment, il l’avait appris après avoir du des photos des deux dans les médias, mais Channing était resté plutôt prudent lorsqu’il s’était fait questionner par son meilleur ami. C’est dans un café une semaine plus tôt que Caelan était tombé sur la jeune femme par pur hasard. Dès l’instant où elle avait ouvert la bouche pour parler, l’attention du brun avait été attirée. Difficile de ne pas remarquer un accent américain dans un commerce bondé d’australiens, d’autant plus lorsque la voix en question lui était familière. C’est sans hésitation qu’il avait pris des nouvelles de la jeune femme et qu’ils en étaient venus à discuter de la maison de celle-ci. Lorsqu’elle lui avait fait mention de son problème de plomberie, il s’était tout de suite porté volontiers pour l’aider, ce qu’elle avait accepté à son grand bonheur. Le vendredi suivant, Caelan avait son après-midi de libre et semble-t-il qu’il en était de même pour la jeune femme, ils avaient donc convenu qu’il se rendrait chez elle en après-midi.
La journée du rendez-vous, Caelan devait se rendre sur un chantier en matinée mais il avait pris le temps de mettre ses outils dans sa voiture avant de partir de chez lui pour ne pas avoir à retourner chez lui après le travail. Dès qu’il quitta le chantier, il s’arrêta dans un commerce du coin pour manger rapidement puis il se rendit chez Gabrielle comme prévu. Lorsqu’il cogna à la porte, elle ne tarda pas à lui ouvrir. « Entre, je t’en prie » Le sourire aux lèvres, il passa devant elle et il déposa son coffre à outils par terre pour pouvoir retirer ses bottes de construction. « T’étais en congé ce matin? » demanda-t-il en se redressant avant de laisser son regard contempler la résidence de la jeune femme. La maison respirait le luxe, ce qui faisait changement de l’appartement dont il se contentait depuis qu’il avait vendu sa maison à la suite de son divorce. Il ne put s’empêcher de siffler en acquiesçant d’un mouvement de tête. L’ingénieur en lui aimait beaucoup ce qu’il voyait. « Tu t’es gâtée à ce que je vois. C’est magnifique. » La luminosité était simplement parfaite, tout comme le mélange des différentes textures. « Merci encore pour ta proposition. Je te montre la scène de crime ? » Il se pencha pour ramasser son coffre à outils tout en hochant la tête. « Oh, c’est rien, ça me fait plaisir. » répondit-il en la suivant jusqu’à la salle de bain. Sans savoir ce qu’était le problème, il avait été acheter quelques pièces qui pourraient lui être utiles, selon ce qu’était le problème. « Ca doit être sûrement très simple à réparer, mais je t’avoue que je n’ai pas voulu me lancer dans le démontage du siphon » Il rit en lançant un regard furtif dans sa direction. « T’as bien fait. Quand on ne s’y connait pas et qu’on essaie de réparer quelque chose soi-même, parfois on fait juste empirer le problème. » Et au final, pour sauver quelques dollars, ça vient à coûter encore plus cher qu’au départ. « Et je t’interdis de te moquer » Il fronce les sourcils d’un air innocent avant de hausser les épaules. « Pourquoi je me moquerais? C’est un objet compromettant que t’as échappé là-dedans? » demanda-t-il avec un sourire moqueur. « Et ce n’est pas comme si c’était mon genre de me moquer. » Il fit semblant de tousser pour montrer qu’il n’était pas du tout sérieux. « Pendant que tu me sauves la mise, je vais aller nous servir à boire. Thé ? Café ? Smoothie ? Vin ? Bière ? » Le choix n’était pas difficile à faire. « Une bière s’il te plaît. Tu peux m’apporter un petit pot et un gros pot avant? » Dès qu’elle revint avec les objets demandés, il commença à transvider l’eau de l’évier dans le gros pot à l’aide du plus petit. Il commença par essayer de déboucher l’évier sans rien défaire, mais sans succès. Même avec sa lampe de poche, il ne voyait rien. Heureusement pour elle, il avait déjà eu à défaire toute la tuyauterie chez lui après que Jess eut échappé sa bague dans l’évier. « Alors ? Tu as trouvé l’objet du délit ? » Il secoua négativement la tête en pointant l’évier. « Non, désolé, pas encore. Je vais devoir défaire les tuyaux, ça doit être coincé dans le coude. » Il prit la bière et en prit une gorgée avant de la déposer sur le comptoir et de s’agenouiller par terre. Il posa le deuxième pot sous la tuyauterie pour récupérer l’eau contenu dans le coude. « J’ai pas osé te le demander l’autre jour, mais qu’est-ce qui t’amène ici? » Pas Channing, supposait-il.
Dernière édition par Caelan Leckie le Dim 6 Juin 2021 - 14:00, édité 3 fois
Gabrielle est contente de voir Caelan sur le pas de sa porte. Non seulement parce qu’il va très certainement lui sauver la mise en débouchant un des éviers de sa salle de bain mais aussi parce qu’il est quelqu’un qu’elle apprécie. Cela fait trois ans désormais qu’ils ne se sont pas vus, peut-être même plus. Mais elle se souvient très bien de la personne qu’il était. Le courant était tout de suite passé entre eux, elle avait apprécié le sens de l’humour que le jeune homme avait et surtout cette facilité déconcertante à être à l’aise avec les autres. Une approche qu’il avait eue avec elle, ne manquant pas de la taquiner dès qu’il le pouvait, Gaby ne manquant pas à son tour d’entrer dans son jeu et de lui répondre. Une entente qui datait du passé et qui aurait pu le rester si elle s’était résignée à ne pas lui adresser la parole alors que leurs chemins se sont croisés dans ce café. L’avocate aurait pu avoir ses raisons, Caelan étant le meilleur ami de Channing avec qui l’histoire s’est mal terminée. Mais la rancune qu’elle éprouvait n’était pas dirigé contre lui, mais bel et bien contre Walker. Il aurait été injuste qu’il en paye les pots cassés. « T’étais en congé ce matin ? ». « Non, j’avais une audience au tribunal ». Un sourire plutôt fier s’affiche sur ses lèvres alors qu’elle pense à ce procès qui se profile plutôt bien pour son client. Elle le laisse admirer la villa qu’elle s’est offerte quelques semaines à peine après son arrivée à Brisbane. « Tu t’es gatée à ce que je vois. C’est magnifique. ». Elle le remercie d’un sourire « Merci ». Elle aime les belles choses Gabrielle et surtout, si elle a choisi cette maison, c’est pour retrouver un peu de ce qu’elle avait à Los Angeles, cette vie qu’elle a été contrainte d’abandonner. Elle remercie Cae d’être venue « Oh, c’est rien, ça me fait plaisir » avant de l’inviter à la suivre dans la salle de bain. Elle ne s’est pas aventurée à tout démonter mais il y a probablement quelque chose de bloqué dans le syphon pour que ce soit bouché à ce point. « T’as bien fait. Quand on ne s’y connait pas et qu’on essaie de réparer quelque chose soi-même, parfois on fait juste empirer le problème ». Elle le regarde alors avec un sourcil qui s’arque, tentant de garder un air sérieux « J’espère que tu ne vas pas empirer le problème, je te fais confiance Leckie », lance-t-elle non sans finir par sourire. Elle lui interdit de se moquer en tout cas de ne pas avoir réussi à se débrouiller seule « Pourquoi je me moquerais ? C’est un objet compromettant que t’as échappé là-dedans ? Et ce n’est pas comme si c’était mon genre de me moquer ». Il tousse, bien conscient qu’il est connu pour l’être. Gaby laisse échapper un rire « Je ne sais même pas ce que tu pourrais trouver. J’ai eu la brillante idée d’ouvrir les portes de ma villa pour la fête des voisins. Je pense qu’un de mes invités bien trop éméché a dû se livrer à des expériences avec mon lavabo ». Elle ignore ce qu’Isy a bien pu faire mais elle ne regrette pas pour autant d’avoir ouvert sa villa à des inconnus. Même si la soirée a pris une tournure bizarre, elle en garde un excellent souvenir.
Elle propose d’aller leur préparer de quoi boire en attendant qu’il s’affaire « Une bière s’il te plait. Tu peux m’apporter un petit pot et un gros pot avant ? ». Elle s’exécute avant de retourner dans la cuisine pour sortir deux bières du réfrigérateur. Elle revient avec les deux boissons quelques minutes plus tard et demande à Caelan s’il a trouvé les raisons du bouchage. « Non, désolé, pas encore. Je vais devoir défaire les tuyaux, ça doit être coincé dans le coude ». Elle acquiesce alors qu’elle lui tend la bière qu’elle a pris la peine de décapsuler. Gabrielle ne compte pas le laisser seul le temps des réparations et vient s’asseoir sur le plan de travail à côté du premier lavabo qui, lui, n’est pas bouché. « J’ai pas osé te le demander l’autre jour, mais qu’est-ce qui t’amène ici ? ». Cette question, elle est obligée d’y être confrontée à chaque fois qu’elle rencontre quelqu’un. Quelqu’un qu’elle connait ou quelqu’un qu’elle ne connait pas. C’est toujours la même question. Et c’est toujours la même réponse qu’elle donne, une réponse qui est bien loin de la vérité « Envie de changement. J’ai toujours rêvé de venir m’installer en Australie, je me suis dit qu’il était temps… ». C’est loin d’être la vérité. Même si elle n’a rien contre ce beau pays qu’elle côtoie depuis plusieurs mois maintenant et dont elle apprécie le confort de vie, elle ne serait certainement pas partie de Los Angeles si elle n’avait pas ces menaces qui plainaient au-dessus de sa tête. Elle pourrait aussi avouer qu’elle a ses deux frères qui vivent ici et que c’est eux qui l’ont amené ici, ce qui est une part de vérité d’ailleurs, mais là encore, c’est un détail qu’elle garde pour elle. Pour l’instant. « Et toi comment tu vas depuis le temps ? Et Jess ? ». Elle ne se doute pas qu’elle met les pieds dans le plat, mais comment pourrait-elle être au courant quand elle ne l’a pas revu depuis plusieurs années ?
Lorsque Caelan était tombé sur Gabrielle par hasard dans un café de la ville, une tonne de questions lui avaient traversé l’esprit mais il avait calmé son enthousiasme débordant pour ne pas qu’elle se sente bombardée. Qui plus est, il se disait qu’elle n’avait pas forcément envie de s’étendre sur le sujet de son déménagement dans un lieu public où tout un tas de curieux pourraient écouter ses réponses avec attention. Avec le métier qu’elle pratiquait, en plus, elle avait probablement intérêt à ne pas étendre sa vie privée sur la place publique. Il avait donc gardé ses questions pour lui en se disant qu’il aurait certainement d’autres occasion de prendre de ses nouvelles, surtout s’il allait l’aider avec sa plomberie comme il l’avait suggéré. « Non, j’avais une audience au tribunal » Et il était prêt à parier que ça s’était bien passé pour elle s’il se fiait au sourire fier qu’elle arborait. « Laisse-moi deviner, tu leur en as mis plein la vue? » Le brun ne l’avait jamais vue en train de plaider mais rien qu’à la voir dans la vie de tous les jours, il ne doutait pas un instant qu’elle devait être une adversaire redoutable. « C’est un cas intéressant? » demanda-t-il en fronçant les sourcils avant d’ajouter en souriant « Tu peux me dire de me mêler de mes affaires si tu ne peux pas ou ne veux pas en parler, je ne serai pas du tout vexé. » Il ne connaissait pas du tout son domaine donc il ne savait pas si l’audience était accessible au public ou si elle devait garder tous les détails confidentiels. Gabrielle le guida jusqu’à la salle de bain non sans le taquiner. Visiblement, elle se souvenait du personnage. « J’espère que tu ne vas pas empirer le problème, je te fais confiance Leckie » Il leva les yeux au plafond en riant. « Tu penses vraiment que ton petit tuyau me fait peur alors que je fais de la conception de ponts? Tu vas finir par m’insulter là, Gabrielle. » C’est avec son éternel sourire moqueur au coin des lèvres qu’il prononça ces paroles ainsi que les suivantes alors qu’elle lui demandait de ne pas se moquer. « Je ne sais même pas ce que tu pourrais trouver. J’ai eu la brillante idée d’ouvrir les portes de ma villa pour la fête des voisins. Je pense qu’un de mes invités bien trop éméché a dû se livrer à des expériences avec mon lavabo » Il fronça les sourcils en lançant un regard en direction de l’évier, curieux. Il se demandait vraiment ce qu’il allait trouver dans le coude et c’est sans plus attendre qu’il commença à travailler afin de résoudre le mystère.
Lorsque la jeune femme revint dans la salle de bain avec leurs consommations, il en profita pour lui demander ce qui l’amenait en Australie. « Envie de changement. J’ai toujours rêvé de venir m’installer en Australie, je me suis dit qu’il était temps… » Il pinça les lèvres tandis qu’il fermait l’alimentation d’eau. « Pourquoi Brisbane? Channing et moi on t’avait vendu du rêve? » Peut-être connaissait-elle d’autres personnes qui y habitaient, qu’est-ce qu’il en savait? Ou peut-être que ce n’était qu’un simple hasard, que c’était la ville où elle avait réussi à se trouver du travail avant de déménager. « T’as ouvert ton propre cabinet ou tu t’es trouvé du boulot dans un cabinet de la ville? » demanda-t-il avec intérêt tout en défaisant lentement les tuyaux. « Et toi comment tu vas depuis le temps ? Et Jess ? » Il s’immobilisa un instant puis il sortit le haut de son corps de sous l’évier pour prendre une gorgée de sa bière en la fixant d’un air sérieux. « Notre couple fait maintenant partie des statistiques sur le divorce. » avoua-t-il en haussant les sourcils. S’il répondait à la question avec une pointe d’humour, ce n’était pourtant pas un sujet qui le faisait particulièrement rire. Caelan avait toujours cru qu’il s’agissait de la bonne et qu’ils fonderaient une famille ensemble. Il avait dû se rendre à l’évidence que ce n’était pas le cas et il voyait son divorce comme l’un de ses plus gros échecs. « Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis… un peu moins de deux ans je crois. » Ne plus la voir sur une base régulière alors qu’elle faisait partie de sa vie depuis quatorze ans n’avait pas été facile pour lui, d’autant plus qu’il avait dû apprendre à vivre avec la solitude. « À part ça… » Il se massa la nuque en réfléchissant avant de se repencher sous l’évier pour défaire le coude. « Disons que les deux dernières années ont été mouvementées. J’avais besoin de changement, je suis parti au Canada quelques mois, je suis revenu en septembre quand ma sœur a eu son accident de voiture. Elle va bien aujourd’hui. » précisa-t-il avant qu’elle ne s’inquiète. « Après ça a été un peu le retour à la vie normale. Retrouver du boulot, un appartement, etc. Rien de bien palpitant. » Il évita de parler des relations tendues qu’il avait avec ses proches. « Et toi? » Il réussit finalement à défaire le coude et il ne put retenir un cri de victoire. Il se redressa légèrement avec le bout du tuyau dans ses mains, le regard pétillant. « Alors, voyons voir avec quel objet Colonel Moutarde a commis son crime dans la salle de bain. » Il lança un regard furtif vers Gabrielle avant de prendre l’un de ses outils pour déboucher le tuyau. Il en sortit tout d’abord un amas de cheveux gluants qu’il laissa tomber dans l’un des pots. Il tendit l’une de ses mains et il retourna le tuyau pour laisser tomber le contenu dans sa paume. Lorsque son regard se posa sur l’objet scintillant, il fronça les sourcils en tournant la tête vers la jeune femme. « Ce n’est pas le collier que Channing t’avait donné? » demanda-t-il, suspicieux, tout en lui tendant l’objet. « Tu sais qu’un évier ce n’est pas une poubelle, si? » Quelque chose lui disait que le coupable n’était pas le fameux voisin dont elle lui avait parlé un peu plus tôt. Ouais, perspicace le Caelan…
« Laisse-moi deviner, tu leur en as mis plein la vue ? » « Parce que tu en doutes ? » lance-t-elle spontanément en souriant. Gabrielle était une avocate réputée à Los Angeles, sa défense en faisant trembler plus d’un. Elle n’aime pas la défaite et se bat bec et ongles pour ses clients. Alors, la question bien sûr la fait sourire mais elle n’est pas pour autant imbue de sa personne. « C’est un cas intéressant ? Tu peux me dire de me mêler de mes affaires si tu peux pas ou ne veux pas en parler, je ne serai pas du tout vexé ». Gaby aime sa curiosité, se souvenant aussi de leurs premières rencontres où il ne gênait jamais à lui poser des questions, qui lui a bien valu de nombreuses fois des coups de coude de la part de Jess, sa femme ou de Channing. « Ça l’est. On a encore quelques jours de procès mais ça se profile plutôt bien. Et donc, tu te doutes que je ne vais pas te faire part des détails. Sait-on jamais si tu fricotes avec l’ennemi ». Gabrielle pourrait parler des heures des différents cas qu’elle a pu défendre. Mais dans ce cas précis, elle préfère garder ça confidentiel « Mais, une fois que le jugement sera passé, je pourrais t’en parler » ajoute-t-elle alors qu’ils se dirigent vers la salle de bain.
Elle lui montre le souci qu’il y a et le taquine en lui disant qu’il a intérêt à ne pas empirer le problème « Tu penses vraiment que ton petit tuyau me fait peur alors que je fais de la conception de ponts ? Tu vas finir par m’insulter là, Gabrielle ». Elle hausse les épaules, jouant à l’ignorante en haussant les épaules tout en mettant ses mains de part et d’autre. Elle lui explique ensuite ce qu’elle pense qu’il s’est passé pour que son lavabo soit désormais bouché, accusant les invités qu’elle a pu recevoir chez elle lors de la fête des voisins. Gaby laisse Caelan quelques instants alors qu’elle va leur chercher quelques rafraichissements dans la cuisine. Elle s’installe sur le plan de travail à côté du premier lavabo alors que Cae s’affère à démonter le tuyau. « Pourquoi Brisbane ? Channing et moi on t’avait vendu du rêve ? ». Elle manque de s’étouffer en entendant le nom de son ex, un nom dont elle n’a plus envie d’entendre parler et encore moins de voir… Une fois lui a suffi lors de cette fameuse fête des voisins « C’est un pur hasard… Mais il est possible qu’inconsciemment, j’ai choisi Brisbane parce que j’en ai déjà entendu parler par vous deux. Et je dois reconnaitre que la pub que vous avez pu m’en faire était totalement honnête ». Elle ne montre pour l’instant aucune amertume envers Channing, ne voulant pas le faire en présence de son meilleur ami. Elle parle de lui en parlant d’eux deux et se contente juste de reconnaitre que Brisbane est une ville où il fait bon vivre. Elle exclue l’idée de lui dire qu’elle a surtout choisi Brisbane parce que ses frères habitaient aussi ici. Elle a peur des questions bien trop curieuses quand elle-même n’a pas toujours toutes les réponses. « T’as ouvert ton propre cabinet ou tu t’es trouvé du boulot dans un cabinet de la ville ? ». « Je n’ai pas encore cette prétention-là. Pour le moment, je travaille pour un des plus grands cabinets de Brisbane, Mancini & Sherman. J’ai dû repasser une formation pour obtenir mon titre d’avocate pénaliste ici, mais hey je l’ai eu » fait-t-elle plutôt fière d’elle, ayant repassé le barreau pour avoir le précieux sésame, et pour ainsi pouvoir exercer pleinement. Les questions vont dans un sens mais aussi dans l’autre, Gabrielle interrogeant Caelan à propos de Jess, sa femme, qu’elle a rencontré lorsqu’il est venu à Los Angeles avec elle « Notre couple fait partie des statistiques sur le divorce ». Il a l’air de prendre ça à la légère mais les sourcils de Gabrielle se fronce, plutôt peinée d’apprendre la nouvelle « Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis… un peu moins de deux ans je crois ». Elle est surprise, se souvenant très bien du couple qu’ils formaient et surtout, cette image du couple parfait qu’ils renvoyaient. « Désolé de l’entendre Cae. Qu’est-ce qui s’est passé ? » s’aventure-t-elle à demander avec prudence. « A part ça… Disons que les deux dernières années ont été mouvementées. J’avais besoin de changement, je suis parti au Canada quelques mois, je suis revenu en septembre quand ma sœur a eu son accident de voiture. Elle va bien aujourd’hui. Après ça a été un peu le retour à la vie normale. Retrouver du boulot, un appartement, etc. Rien de bien palpitant ». Elle est peinée pour lui, se rendant compte qu’en effet, sa vie a été quelque peu chamboulée ces dernières années. « Le plus important c’est que tu te plaises dans cette nouvelle vie », lance-t-elle avec un sourire bienveillant, cherchant peut-être son regard pour qu’il lui réponde sincèrement. « Et toi ? ». Elle hausse les épaules « Ici depuis septembre et j’ai tout de suite acheté cette villa. J’avais besoin de retrouver un peu de ma vie à Los Angeles malgré tout » et comment lorsqu’elle a été forcée à la quitter, mais ça, elle ne le dira pas « Mais je m’accoutume bien à l’air australien. Je ne suis pas déçue de mon choix ». Il n’y avait pas de mensonge dans ses paroles parce qu’elle a réussi à trouver ses marques ici et surtout à s’intégrer très vite en se faisant quelques amis, dont sa voisine d’en face.
« Alors, voyons voir avec quel objet Colonel Moutarde a commis son crime dans la salle de bain ». Elle se marre alors qu’elle dépose délicatement la bière à côté du lavabo, toujours assisse à côté et regarde Caelan à l’œuvre. Il retire d’abord un amas de cheveux, ce qui l’a fait grimacer. En revanche, l’objet qui glisse dans les mains du plombier d’un jour, surprend la jeune femme… Ce détail, elle l’avait oublié… « Ce n’est pas le collier que Channing t’avait donné ? ». Son regard posé jusqu’alors sur le collier vient à trouver le regard de Caelan, un air coupable sur son visage commençant à apparaitre. Surtout que le jeune homme a une bonne mémoire, ce qui ne l’arrange pas en réalité « Tu sais qu’un évier ce n’est pas une poubelle, si ? ». Elle descend du plan de travail et vient prendre le collier des mains de Caelan « Je sais Leckie » fait-t-elle sur un ton qui traduit une certaine colère soudaine. Elle soupire alors qu’elle observe l’objet qu’elle vient à fixer quelques instants avant de le remettre dans un tiroir. Elle se retourne alors vers Cae « J’ai revu Channing » Et elle s’en serait bien passé, mais peut-être est-il déjà au courant ? « On s’est croisé chez ma voisine d’en face. Et disons que je ne m’étais pas préparé à cette éventualité ». Elle marque à nouveau un temps de pause « Je suppose que tu es au courant de comment les choses se sont terminées entre nous. Alors, forcément, lorsque je suis rentrée chez moi ce jour-là, de colère, j’ai attrapé ce collier et l’ai balancé dans la lavabo ». Un fin sourire apparait sur ses lèvres « Je sais, ce n’était pas très intelligent de ma part, mais je n’avais pas prévu qu’il finisse dans le siphon… enfin cela dit, s’il avait terminé sa course dans les égouts, ça m’aurait bien arrangé ». Elle utilise l’humour, mais en réalité, cette histoire et surtout, cette rupture avec Channing est un sujet qui reste délicat. Pour autant, elle ne compte pas le montrer à Caelan, préférant reprendre un masque, celui de l’indifférence. « Bref, il semblerait que je sois la coupable. Mais, au moins c’est réparé. ». Elle attrape sa bière et vint à redonner la sienne à Cae pour qu’ils trinquent « Merci » fait-t-elle en lui adressant un clin d’œil avant de boire une bonne gorgée de sa bière.
« Parce que tu en doutes ? » Son petit doigt lui disait que Gabrielle était douée dans son domaine, surtout s’il se fiait à la villa dans laquelle il se trouvait actuellement et celle qu’elle possédait aux États-Unis il y a quelques années. « Non, pas vraiment. T’as pas l’air du genre d’avocate à faire dans la dentelle, je me trompe? » demanda-t-il avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres. Peut-être se trompait-il, mais il l’imaginait prête à tout pour gagner, le genre de personne qu’on veut de son côté et pas l’inverse. « Ça l’est. On a encore quelques jours de procès mais ça se profile plutôt bien. Et donc, tu te doutes que je ne vais pas te faire part des détails. Sait-on jamais si tu fricotes avec l’ennemi » Il croisa ses bras contre son torse tout en haussant les sourcils comme s’il voulait laisser planer le doute. « Parce que tu en doutes? » demanda-t-il en s’amusant à reprendre les mots que la brune venait tout juste de prononcer. À bien y penser, cependant, probablement qu’elle pourrait répondre à cette question par l’affirmative en considérant que son meilleur ami n’était nul autre que l’ex de la jeune femme. « Mais, une fois que le jugement sera passé, je pourrais t’en parler » Il décroisa ses bras pour tapoter l’une de ses oreilles du bout de son index. « Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. » dit-il même s’il y avait beaucoup de chances pour qu’il ait oublié ce détail d’ici à ce que le jugement soit prononcé. Il ne s’y connaissait pas vraiment en système judiciaire, à l’exception que les délais étaient en général plutôt longs.
Maintenant qu’ils étaient tous les deux dans un lieu plus privé, il ne se retint pas de lui poser toutes les questions qui lui étaient passées par la tête lorsqu’il était tombé sur elle par hasard. Il était curieux de savoir ce qui l’amenait dans le coin et c’est donc par cette question qu’il commença. « C’est un pur hasard… Mais il est possible qu’inconsciemment, j’ai choisi Brisbane parce que j’en ai déjà entendu parler par vous deux. Et je dois reconnaitre que la pub que vous avez pu m’en faire était totalement honnête » Quel intérêt aurait-il eu à lui faire croire qu’il s’agissait d’une ville super alors que c’était absolument l’inverse? Aucun, surtout qu’il ignorait à l’époque qu’elle emménagerait en Australie quelques années plus tard. « Le hasard fait bien les choses. Je suis content de te voir. » dit-il en lançant un regard furtif dans sa direction en souriant. Même s’ils ne s’étaient pas côtoyés très longtemps, le courant avait bien passé entre eux à l’époque et ça lui faisait du bien de voir des personnes à qui il ne devait pas rendre de comptes présentement. Tant qu’à travailler dans le silence il profita de ce moment pour s’informer de sa nouvelle vie en sol australien. Selon ce qu’elle lui racontait, elle semblait ne pas avoir eu trop de difficultés à faire sa place. « Je n’ai pas encore cette prétention-là. Pour le moment, je travaille pour un des plus grands cabinets de Brisbane, Mancini & Sherman. J’ai dû repasser une formation pour obtenir mon titre d’avocate pénaliste ici, mais hey je l’ai eu » Il se mit à rire en entendant sa réponse. « Oh pardon. Je note, tu n’as pas encore la prétention d’ouvrir ton propre cabinet mais de travailler dans l’un des plus grands de la ville et de le préciser, oui. » dit-il sur un ton moqueur tout en tapant du revers de sa main l’une des jambes de Gabrielle qui pendait à côté de lui. Rapidement, son visage afficha un air sérieux lorsqu’il aborda le sujet de son divorce. « Désolé de l’entendre Cae. Qu’est-ce qui s’est passé ? » Il soupira bruyamment en se grattant le cou, l’air de réfléchir. « On ne voulait pas la même chose. » Elle voulait un enfant depuis plusieurs années tandis que lui était dévoré par ses ambitions, sans parler de son délit de fuite qui avait entraîné davantage de désaccords. Comme il ne désirait pas particulièrement entrer dans les détails de sa rupture, il poursuivit en lui expliquant ce qui s’était passé dans sa vie dans les deux dernières années. « Le plus important c’est que tu te plaises dans cette nouvelle vie » Il sourit en hochant la tête sans lâcher le tuyau des yeux. « Je te mentirais si je te disais que c’était facile au début, mais maintenant ça va. J’ai ma petite routine. Je pense que le plus difficile c’est d’habiter seul. Des fois j’ai le goût d’avoir un coloc, mais je ne sais pas si j’ai le goût de me ramasser avec un petit jeune qui fait le party tout le temps. » dit-il en riant, en se remémorant ses années de beuveries avec Channing. Il était plus proche de la quarantaine que de la vingtaine et il ne savait pas s’il allait trouver quelqu’un qui avait plus ou moins le même rythme de vie que lui. « Ici depuis septembre et j’ai tout de suite acheté cette villa. J’avais besoin de retrouver un peu de ma vie à Los Angeles malgré tout » Il ne put s’empêcher de regarder autour de lui pour admirer la salle de bain. « Franchement, t’es difficile. Ça ne te plaisait pas les petites maisons de Brisbane avec de la moquette style pelouse? » demanda-t-il avec sarcasme. « Mais je m’accoutume bien à l’air australien. Je ne suis pas déçue de mon choix. » Il était content de savoir qu’elle avait réussi à trouver sa place et qu’elle se plaisait bien. Il était bien placé pour savoir que ce n’était pas forcément simple de partir seul dans un pays étranger. Après tout, il l’avait fait l’année précédente. « Ça va, tu te débrouilles bien avec l’accent? » Elle avait au moins eu un peu de pratique avec Channing, Jessica et lui.
Après quelques minutes à discuter, il parvint finalement à défaire le coude et quelle ne fut pas sa surprise de constater que l’objet du crime n’était nulle autre qu’un collier que son meilleur ami avait offert à la jeune femme. Inévitablement, il passa un petit commentaire sur le sujet en tentant de détendre l’atmosphère en la taquinant. Lorsqu’un air coupable apparut sur le visage de Gaby, Caelan se mit à rire. « Ça va, t’as pas à te sentir mal. C’est pas comme si c’était moi qui te l’avais offert. Là je serais peut-être un peu vexé. » Il précisa ensuite que l’évier n’était pas une poubelle. « Je sais Leckie » Il pinça les lèvres en hochant lentement la tête, peu convaincu. « J’ai revu Channing. On s’est croisé chez ma voisine d’en face. Et disons que je ne m’étais pas préparé à cette éventualité » Caelan grimaça, il n’avait aucun mal à imaginer la surprise qu’elle avait dû avoir en le trouvant devant chez elle. Curieux, il osa lui demander : « C’est qui ta voisine d’en face? » Il fronça les sourcils en se caressant le menton en réfléchissant. À sa connaissance il ne connaissait personne qui habitait près de chez Gaby. « Je suppose que tu es au courant de comment les choses se sont terminées entre nous. Alors, forcément, lorsque je suis rentrée chez moi ce jour-là, de colère, j’ai attrapé ce collier et l’ai balancé dans la lavabo » Il dodelina de la tête de droite à gauche pour expliquer qu’il était au courant mais pas plus que ça. Channing ne lui avait pas donné plus d’explications que ça, malgré leur amitié de longue date. Pouvait-il lui en vouloir? Pas vraiment considérant qu’il ne lui avait pas tout dit, lui non plus, jusqu’à récemment. Caelan se contentait de l’information que Channing voulait bien lui donner, sans insister s’il sentait qu’il ne voulait pas lui en dire plus. « Je sais, ce n’était pas très intelligent de ma part, mais je n’avais pas prévu qu’il finisse dans le siphon… enfin cela dit, s’il avait terminé sa course dans les égouts, ça m’aurait bien arrangé » Le brun haussa une épaule avant de poser une main sur le bras de la jeune femme en souriant. « Personne n’est à l’abris d’une mauvaise décision sur le coup de l’émotion. Pour la prochaine fois, sache que la poubelle est autant efficace, sinon plus, et ça ne te causera pas de soucis de plomberie. » Il lui fit un petit clin d’œil en lâchant son bras. « Sinon, tu peux toujours le donner aux pauvres. Ou le vendre pour te faire de l’argent sur le dos de ton ex. » Des suggestions comme ça qui ne risquaient pas de finir en dégât d’eau, il pouvait lui en trouver plein. « Bref, il semblerait que je sois la coupable. Mais, au moins c’est réparé. Merci. » Il tendit un bras pour prendre sa bière que Gabrielle lui tendait. Il cogna sa bouteille contre celle de la jeune femme avant d’en prendre une longue gorgée. « Ce n’est pas encore réparé, faut que je remette tes tuyaux ensemble là. Mais ça me fait plaisir. » Il déposa sa bière par terre avant de reprendre place sous l’évier pour tout remettre en place et rouvrir l’alimentation d’eau. « Peux-tu ouvrir la champlure s’il te plaît? » Elle s’exécuta et, à son grand bonheur, il n’y avait aucune fuite. Il sortit donc de sous l’évier, puis il rangea ses outils dans son coffre avant de se relever avec sa bière dans une main et son coffre dans l’autre. « T’as réussi à te faire quelques amies depuis que t’es ici? » demanda-t-il curieusement. À leur âge, ce n’était pas toujours facile, pas comme lorsqu’ils étaient enfants ou adolescents et qu’ils rencontraient plein de gens à l’école. « Si jamais tu te sens seule ou que t’as besoin de suggestions pour un resto ou quoi que ce soit, te gêne pas. Je connais un peu le coin depuis le temps. »
« Non, pas vraiment. T’as pas l’air du genre d’avocate à faire dans la dentelle, je me trompe ? ». Elle a ce sourire un peu fier au bout des lèvres, haussant innocemment une de ses épaules « Disons que je n’aime pas perdre. Et que si un jour, tu viens à te retrouver dans un tribunal, tu prieras pour que je ne sois pas ton adversaire Leckie ». Elle pouffe légèrement de rire, ne se doutant pas une seule seconde qu’elle va toucher à une corde sensible en disant ça à Caelan. Auquel cas, elle s’en serait passée. Ce dernier se montre particulièrement curieux au sujet du dossier qu’elle défend actuellement mais elle ne peut évidemment pas lui faire part des détails, car elle n’en a tout simplement pas le droit. Elle s’en amuse en prétextant qu’elle ne veut rien lui dire, craignant qu’il puisse fricoter avec l’ennemi « Parce que tu en doutes ? ». Gabrielle a un large sourire amusé qui s’affiche sur ses lèvres lorsque Caelan reprend ses mots. Elle laisse volontairement planer le doute en ne répondant rien, se contentant de soulever les sourcils furtivement. Elle lui dit cependant qu’elle lui parlera de cette affaire une fois qu’elle sera terminée « Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ».
Tout en trifouillant les tuyaux du lavabo, Caelan et Gabrielle en profite pour discuter un peu de leur vie actuelle, et notamment les raisons qui ont poussé l’avocate à atterrir à Brisbane. Elle prétend qu’il s’agit du hasard, en profite pour faire allusion à Channing et lui qui ont eu sûrement une mince influence sur son choix, tant ils ont vanté les mérites de Brisbane. Bien sûr, il n’en est rien, l’unique raison qui l’a poussé à poser ses valises dans cette ville est la présence de ces deux frères, Finn et Alex. Mais c’est une part de son histoire qu’elle ne tient pas à partager. Pas encore. « Le hasard fait bien les choses, je suis content de te voir ». Les paroles de Caelan la touche, lui rendant son sourire « Je suis contente de te voir aussi Cae’ ». Elle n’en dira pas de même suite à la rencontre qu’elle a faite chez Dani en tombant sur le meilleur ami du Leckie, Channing. Mais elle ne compte pas évoquer le sujet de toute façon, donc elle se passe de le préciser. Mais les mots sont sincères envers le plombier d’un jour avec qui elle garde très bons souvenirs lors de sa venue à Los Angeles il y a des années quand elle était en relation avec Chan’. « Oh pardon. Je note, tu n’as pas encore la prétention d’ouvrir ton propre cabinet mais de travailler dans l’un des plus grands de la ville et de le préciser, oui ». Il la fait rire à nouveau, comme il a su le faire de bien nombreuses fois, ne manquant jamais une occasion de rebondir pour la taquiner. D’ailleurs, il accompagne ses paroles d’une tape sur une des jambes de la jeune femme, assise sur le rebord du plan de travail, ce qui lui fait lâcher un « hey ! » avant de répondre « Et sache que j’en ferai de même quand j’aurai la prétention d’ouvrir mon propre cabinet, tu seras le premier au courant » lance-t-elle sur le ton de la plaisanterie « Je comptais même te proposer de m’aider sur cet éventuel projet que je pourrais avoir un jour, mais comme je suis trop prétentieuse à ton goût », ajoute-t-elle non sans avoir ce faux air désolé, accompagné d’un sourire en coin. La conversation devient plus sérieuse lorsqu’il lui annonce que Jessica et lui sont désormais divorcés. Elle pose la question un peu délicate de savoir ce qu’il s’est passé, eux qui semblaient être un couple soudé « On ne voulait pas la même chose ». Sa réponse ne l’étonne pas, cette raison étant bien souvent la raison la plus probable de tout divorce ou séparation. Elle sent bien que le sujet est délicat et c’est pour ça qu’elle n’insistera pas pour en savoir plus. Caelan poursuit d’ailleurs la conversation, lui narrant sa nouvelle vie de célibataire depuis deux ans. « Je te mentirais si je te disais que c’était facile au début, mais maintenant ça va. J’ai ma petite routine. Je pense que le plus difficile c’est d’habiter seul. Des fois j’ai le goût d’avoir un coloc, mais je ne sais pas si j’ai le goût de me ramasser avec un petit jeune qui fait le party tout le temps ». Gabrielle a toujours vécu seule. Et cela depuis des années. La solitude est quelque chose qui ne lui fait pas peur, bien au contraire. Elle apprécie d’être seule, les habitudes qu’elle s’est construite seule et cette sensation de ne rien devoir à personne. « Tu pourrais aussi en profiter pour faire la fête avec et te remettre en selle Leckie » dit-elle sur un ton moqueur avant de retrouver un peu de sérieux « Plus sérieusement, rien ne t’empêche d’en trouver un si tu en ressens le besoin. Quelqu’un qui appartient au club des trentenaires bien avancés comme nous. En attendant, si tu as peur que le monstre sous ton lit vienne à s’en prendre à toi pendant la nuit, tu peux venir dormir ici, j’ai une chambre d’amis ». Elle se pince les lèvres pour dissimuler un sourire de plus qui se veut toujours autant narquois. « Franchement, t’es difficile. Ca ne te plaisait pas les petites maisons de Brisbane avec de la moquette style pelouse ? ». « Figure-toi que j’ai longuement hésité. Mais je me suis dit que les gens allaient certainement se moquer de moi, alors j’ai laissé tomber l’idée » fait-t-elle en haussant les épaules en adoptant un faux air triste. C’était tout sauf elle. Gabrielle aimait la modernité, les belles choses, les grands espaces lumineux. Un certain standing aussi, sa villa n’étant pas de celle que tout le monde pouvait s’offrir et elle le savait. Mais c’était sa manière à elle de se récompenser suite au long chemin parcouru, elle qui avait grandi dans un appartement miteux avec son père, ses deux frères et sa demi-sœur. « Ca va, tu te débrouilles bien avec l’accent ? ». « Vous parlez vraiment bizarrement quand même » lance-t-elle en riant.
Après avoir démonté la tuyauterie, Caelan finit par trouver l’objet du délit : un collier. Pas n’importe lequel, celui offert quelques années auparavant par Channing, un détail dont même Leckie se souvient. « Ca va, t’as pas à te sentir mal. C’est pas comme si c’était moi qui te l’avais offert. Là je serais peut-être un peu vexé ». « Suffit que t’aille pas lui dire, même si en soi, ça m’est égal » répond-t-elle alors du tac au tac, une certaine colère la gagnant en se souvenant de sa rencontre avec Channing, qu’elle raconte un peu à contre cœur à Caelan « C’est qui ta voisine d’en face ? ». Sa question l’étonne un peu alors qu’elle revient après avoir remis le collier dans un tiroir « Dani Hwang. Tu la connais ? ». demande-t-elle en parlant de sa voisine et amie. Elle se doute que Cae doit être au courant de la relation entre Chan’ et Dani, puisque le premier est quand même son meilleur ami. Mais peut-être ne lui a-t-il pas encore présenté, la relation semblant être toute fraiche entre les deux. Gaby vient à lui expliquer la raison de la présence de ce collier dans le lavabo avant qu’il ne pose sa main sur son bras « Personne n’est à l’abri d’une mauvaise décision sur le coup de l’émotion. Pour la prochaine fois, sache que la poubelle est autant efficace, sinon plus, et ça ne te causera pas de souci de plomberie ». Elle retrouve son regard, levant les yeux au ciel alors qu’il lui fait un clin d’œil, la taquinant à nouveau « Sinon, tu peux toujours le donner aux pauvres. Ou le vendre pour te faire de l’argent sur le dos de ton ex ». Un plus large sourire vient à apparaitre sur ses lèvres « Je devrais, ce n’est pas comme si ce collier signifiait quelque chose pour moi ». Et pourtant, elle l’a bien rangé soigneusement et, au fond, elle ne s’en débarrassera pas, elle le sait. Elle aurait pu le faire presque trois ans auparavant, quand il a décidé de quitter Los Angeles, qu’il n’a pas essayé de la convaincre de venir avec lui. Elle aurait pu s’en débarrasser parce qu’il la fait souffrir, elle qui même si elle ne lui a jamais avoué, avait des sentiments pour lui. Peut-être qu’elle veut garder ce collier uniquement pour se souvenir de cette relation qu’elle a eu avec lui, peut-être aussi parce qu’elle sait qu’il n’est pas l’unique coupable dans l’histoire…
« Ce n’est pas encore réparé, faut que je remette tes tuyaux ensemble là. Mais ça me fait plaisir ». Caelan a trouvé l’origine du bouchage et Gaby est soulagée qu’il soit parvenu à réparer tout ça. Elle le regarde assembler toute la tuyauterie démontée, s’exécute quand il lui demande d’ouvrir le robinet pour s’assurer qu’il n’y ait pas de fuite et le laisse finir tranquillement son travail et ranger. « Tu assures, Leckie » lance-t-elle alors qu’il se relève enfin. « T’as réussi à te faire quelques amies depuis que t’es ici ? ». Elle acquiesce d’un signe de tête « Ma voisine, Dani, est devenue une véritable amie, on a aménagé en même temps dans le quartier. Sinon, je me suis fait des amis principalement au travail. Les gens sont très ouverts et friendly ici, c’est agréable ». Plus les mois passés, plus elle commençait à avoir ses points de repère, autant au niveau de certaines personnes, ses frères y compris, du moins Finn pour le moment plus qu’Alex qu’elle n’avait pas encore revu, autant au niveau des lieux, commençant à avoir ses petits lieux de prédilection « Si jamais tu te sens seule ou que t’as besoin de suggestions pour un resto ou quoi que ce soit, te gêne pas. Je connais un peu le coin depuis le temps ». Elle apprécie la proposition et d’ailleurs, elle n’est pas contre l’idée « Je connais quelques adresses mais je ne dois sûrement pas connaitre les meilleures en matière de restaurant. Je ne suis pas contre qu’on s’en prévoit un. Ce sera aussi ma manière de te remercier pour ce que tu viens de faire, je t’inviterai ça va de soi ». Elle pointe son index vers lui avant qu’il n’ajoute quoi que ce soit « C’est non négociable, ne cherche pas à débattre pendant des heures ». Elle finit par sourire alors qu’elle laisse retomber son bras le long du corps. Ils sortent alors de la salle de bain et rejoignent la pièce principale « Tu veux que je te fasse visiter ? Tu vas voir que je n’ai pas un seul endroit avec une moquette au couleur de la pelouse ». Elle rit doucement avant de l’inviter à la suivre. Elle lui fait faire le tour du rez-de-chaussée, la cuisine où ils se trouvent donnant directement sur une grande terrasse aménagée avec une grande table, ainsi qu’un ensemble canapé avec table basse, donnant sur la piscine. Sur le côté gauche de la pièce, il y a le salon avec la télévision, souvent le lieu où elle se trouve pour travailler le soir tard ses dossiers « Fais pas attention à la paperasse qui traîne » dit-t-elle alors que quelques dossiers sont étalés sur la table basse. Elle continue la visite en l’emmenant à l’étage. Elle voit l’air surpris de Caelan vu le nombre de chambres et de salle de bain présent dans la maison « Je t’ai dit que j’ai de quoi t’accueillir », fait-t-elle en lui lançant un clin d’œil alors qu’ils arrivent dans la troisième chambre.
« Disons que je n’aime pas perdre. Et que si un jour, tu viens à te retrouver dans un tribunal, tu prieras pour que je ne sois pas ton adversaire Leckie » Gabrielle pouffa de rire, ce qui montrait bien qu’elle blaguait, bien qu’il y avait sans doute un fond de vérité, mais Caelan la prit au mot considérant qu’il n’était pas à l’abri de se retrouver dans un tribunal puisqu’il était coupable d’un délit. Ça, l’avocate l’ignorait et il n’avait pour l’instant pas l’intention de la mettre au courant alors qu’ils renouaient tout juste. Pour le moment, il avait surtout besoin de se changer les idées et de ne pas se faire juger par une personne de plus, il y avait déjà suffisamment de tension entre les membres de sa famille et lui. Alors il se passa une main dans le cou en tentant de camoufler le malaise qu’il ressentait derrière un sourire et un peu d’humour. « Tu n’irais pas de main morte même si c’était moi à la barre? Après ce que je fais pour toi? » N’exagère pas Caelan, tu ne fais que déboucher un tuyau, même si certaines personnes n’ont pas autant de chance que Gabrielle et doivent se résoudre à dire adieu à leur boucle d’oreille. Qui plus est, ils ne se connaissaient pas tant que ça et elle ne lui devait absolument rien. « Il n’y aurait pas un conflit d’intérêt puisque tu me connais? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Peut-être que ça ne changeait absolument rien, il ne connaissait absolument pas le domaine judiciaire. Dans tous les cas, il espérait sincèrement qu’elle ne représenterait pas l’autre parti s’il venait à se livrer à la police.
Même si la relation de Channing et Gabrielle était actuellement tendue étant donné leur histoire, Caelan était content de voir la jeune femme et surtout de constater qu’elle ne le tenait pas à distance malgré le lien qu’il entretenait avec l’héritier. De son côté, il ne connaissait pas tous les détails de leur rupture, mais il ne comptait pas s’arrêter là-dessus pour décider de la côtoyer ou non, il préférait largement se faire sa propre opinion d’une personne plutôt que de se fier uniquement à l’opinion des autres. « Je suis contente de te voir aussi Cae’ » Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle lui confirma qu’elle partageait le même sentiment. Ses paroles mettaient du baume au cœur de Caelan alors qu’il traversait une période moins évidente avec certains de ses proches qui refusaient de le voir. Pendant qu’il s’attelait à sa tâche, il prit des nouvelles de Gabrielle, s’informant sur sa vie professionnelle. Fidèle à son habitude, il ne manqua pas une occasion de la taquiner. « Et sache que j’en ferai de même quand j’aurai la prétention d’ouvrir mon propre cabinet, tu seras le premier au courant » Il releva les yeux vers elle d’un air surpris, posant une main sur son torse en faisant mine d’être profondément touché. « Le premier, vraiment? Mais que me vaut cet honneur? » Il se doutait bien qu’elle blaguait, considérant qu’ils n’étaient même pas amis (pas encore du moins). Il y avait forcément d’autres personnes à qui elle voudrait en parler avant lui. « Je comptais même te proposer de m’aider sur cet éventuel projet que je pourrais avoir un jour, mais comme je suis trop prétentieuse à ton goût » Il s’esclaffa en sortant de sous l’évier pour la regarder avec intérêt, en croisant ses bras contre son torse. À ce rythme-là, ça allait prendre un moment avant de savoir ce qui bloquait la tuyauterie de l’avocat, elle avait intérêt à ne pas être pressée. « Ah parce que tu connais mes goûts? Vas-y, je t’écoute. » dit-il en haussant les sourcils, son éternel sourire moqueur au coin des lèvres. Mais il laissa retomber ses bras le long de son corps bien assez vite, intrigué par le projet dont elle venait de faire mention, sans savoir si elle était sérieuse ou si elle ne disait ça que pour le faire réagir. « Plus sérieusement, quel projet? » demanda-t-il en fronçant les sourcils avant d’ajouter, en riant « Tu jettes des bijoux dans les évier du cabinet aussi? » Il retourna au travail tandis que leur conversation prenait une tournure plus sérieuse. Le brun détestait se montrer vulnérable, Norah était la seule à qui il osait montrer ses faiblesses, alors il profita de l’endroit restreint pour qu’elle ne puisse pas voir la déception sur son visage tandis qu’il parlait de son divorce. Il dirigea rapidement la conversation sur un éventuel colocataire, pour ne pas s’attarder sur Jessica. « Tu pourrais aussi en profiter pour faire la fête avec et te remettre en selle Leckie » Il ricana en secouant la tête. « En draguant des petites jeunes qui ont la moitié de mon âge? Non merci. » Il se rapprochait rapidement de la quarantaine, il ressentait donc l’urgence de se poser. Il n’avait pas du tout envie de perdre son temps avec des étudiantes universitaires qui habitaient encore chez leurs parents ou qui se saoulaient dès qu’elles en avaient l’occasion. Il avait passé l’âge, ses années universitaires étaient bien loin derrière lui. « Plus sérieusement, rien ne t’empêche d’en trouver un si tu en ressens le besoin. Quelqu’un qui appartient au club des trentenaires bien avancés comme nous. En attendant, si tu as peur que le monstre sous ton lit vienne à s’en prendre à toi pendant la nuit, tu peux venir dormir ici, j’ai une chambre d’amis. » Il regarda Gabrielle de travers en riant. « Pour qui tu me prends? On m’a toujours dit que les petites bibittes ne mangeaient pas les grosses, je pense que je devrais m’en sortir. » Du haut de son mètre quatre-vingt-onze, il a un certain avantage. « Et fais attention aux offres que tu me fais, tu vas te ramasser à devoir cuisiner pour un ogre. » Étant donné qu’il cuisinait comme un pied et qu’il adorait manger, lui proposer de le payer en nourriture suffisait généralement à le convaincre d’accepter une offre quelconque. « Figure-toi que j’ai longuement hésité. Mais je me suis dit que les gens allaient certainement se moquer de moi, alors j’ai laissé tomber l’idée » Le brun inclina sa tête sur le côté en claquant la langue, faussement déçu. « Tu t’es empêchée de te faire plaisir pour l’avis des autres? Je suis franchement déçu là. » Il la comprenait et il partageait ses goûts, ceux de certaines personnes étaient plus que douteux. « Vous parlez vraiment bizarrement quand même » Il la mit en garde en la pointant. « Fais attention à ce que tu dis, t’es en sol ennemi là. T’es en minorité, c’est toi qui parles bizarrement, ici. » Et puis elle s’était bien éprise de Channing, leur façon de parler ne devait pas la déranger tant que ça.
Même s’il parlait probablement beaucoup trop comme d’habitude, il finit par réussir à déboucher les tuyaux de Gabrielle et c’est avec surprise qu’il constata que l’objet du crime était un cadeau que son meilleur ami lui avait offert à l’époque où ils étaient toujours ensemble. Caelan tenta d’alléger l’atmosphère en faisant des blagues, mais Gabrielle ne semblait plus avoir envie de rire, tout d’un coup, s’il se fiait au ton sur lequel elle lui répondit. « Suffit que t’aille pas lui dire, même si en soi, ça m’est égal » Il prit un air sérieux tandis qu’il secouait négativement la tête. « Je ne suis pas une balance. » Et qu’est-ce qu’il gagnerait à dire à Channing que son ex avait jeté le collier qu’il lui avait acheté dans l’évier? Rien, à part peut-être compliquer les choses avec Gabrielle, même si elle disait que ça lui était égal. Il ne la croyait pas du tout, mais il n’allait pas s’obstiner avec elle. « Dani Hwang. Tu la connais ? » Il parut surpris en constatant que la voisine de Gabrielle n’était nulle autre que la coréenne qu’il avait rencontrée quelques mois plus tôt. « Ahhhhhhh Dani! » dit-il avec un grand sourire avant de hausser les épaules. « Non. En fait, pas vraiment. » Il savait que Channing et elle se voyaient, il l’avait appris après avoir vu des photos des deux dans les médias, mais l’héritier avait été plutôt prudent dans ses réponses lorsque Caelan l’avait questionné à ce sujet. « Je l’ai rencontrée une fois, nous avions échangé nos valises à l’aéroport par mégarde. Elle est sympathique. » Il se demandait si la brune savait que Channing et elle se voyaient, mais il garda cette question pour lui, bien conscient qu’elle n’avait pas vraiment envie de parler plus longtemps de son ex. Plutôt, il lui donna quelques suggestions pour se débarrasser du fameux collier. « Je devrais, ce n’est pas comme si ce collier signifiait quelque chose pour moi » Il lui sourit doucement, sans rien ajouter. Pour le moment, elle ne semblait pas prête à s’en débarrasser complètement et il pouvait le comprendre. Même si son divorce avec Jessica remontait à deux ans, il avait encore son jonc dans un tiroir quelque part. Après l’avoir porté pendant une dizaine d’années, il n’arrivait pas à se résoudre à s’en défaire.
Caelan se dépêcha de remettre les tuyaux de Gabrielle ensemble afin de pouvoir se relever, bière à la main. « Tu assures, Leckie » Modeste, il lui fit de la main que ce n’était rien. « C’était pas grand-chose. » Mais ça lui faisait plaisir, ça lui manquait d’avoir sa propre maison et de pouvoir y faire des travaux lui-même. Alors il se reprenait en donnant de son temps à autrui, quand il pouvait se rendre utile. Le dos appuyé contre le comptoir de la salle de bain, il interrogea la brune sur son déménagement en Australie, se demandant si elle avait réussi à s’intégrer facilement. Il l’écouta attentivement en savourant sa bière. « Ma voisine, Dani, est devenue une véritable amie, on a aménagé en même temps dans le quartier. Sinon, je me suis fait des amis principalement au travail. Les gens sont très ouverts et friendly ici, c’est agréable » Il parut surpris lorsqu’elle lui expliqua à quel point Dani et elle étaient proches. Est-ce que Dani savait pour Channing et Gabrielle? Si les deux femmes étaient si proches, Gabrielle allait forcément croiser Channing régulièrement si les choses devenaient sérieuses entre lui et la coréenne. « Tant mieux si tu as réussi à te faire un petit cercle en si peu de temps. » répondit-il en lui souriant. Il lui proposa tout de même qu’elle l’appelle si elle se sentait seule ou si elle avait besoin de recommandations de lieux à visiter. Peut-être se sentait-il plus seul qu’elle, au final. « Je connais quelques adresses mais je ne dois sûrement pas connaitre les meilleures en matière de restaurant. Je ne suis pas contre qu’on s’en prévoit un. Ce sera aussi ma manière de te remercier pour ce que tu viens de faire, je t’inviterai ça va de soi » Il inclina la tête en fronçant les sourcils, prêt à refuser qu’elle paie le repas pour lui. Il n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche pour refuser, cependant, qu’elle le voit venir gros comme un camion. « C’est non négociable, ne cherche pas à débattre pendant des heures » Il leva les yeux au ciel en soupirant avant d’ajouter avec un petit sourire au coin des lèvres : « On verra bien. » Il pourrait bien trouver une ruse afin de payer sans qu’elle ne s’en rende compte, comme en faisant semblant de devoir aller aux toilettes, par exemple. « Tu veux que je te fasse visiter ? Tu vas voir que je n’ai pas un seul endroit avec une moquette au couleur de la pelouse » « Choqué déçu. » dit-il avant de hocher la tête en prenant une gorgée de bière. Il la suivit sur les talons, émerveillé chaque fois qu’ils entraient dans une nouvelle pièce. Ça lui donnait envie de se racheter une maison tout ça. « Fais pas attention à la paperasse qui traîne » Il ouvrit grand la bouche en faisant mine d’être émerveillé comme un enfant devant un sapin à Noël. « C’est là que je peux trouver plein de détails croustillants sur tes dossiers quand t’as le dos tourné? Excellent. » dit-il en imitant Mr. Burns avec ses mains. Ils poursuivirent la visite et le brun eut l’air surpris en constatant qu’il y avait autant de chambres, considérant que Gabrielle habitait seule. « Je t’ai dit que j’ai de quoi t’accueillir » Il rit en tournant la tête vers elle avant de laisser son regard vagabonder sur les murs et la décoration. « Je vais commencer à croire que c’est toi qui as peur du monstre sous ton lit et que tu te cherches un preux chevalier pour le combattre. » dit-il en lui faisant un clin d’œil à son tour alors qu’elle réitérait son invitation. Il acquiesça ensuite son choix d’un mouvement de tête. « C’est une très belle maison, tu as bon goût. T’as des plans avec toutes ces chambres en plus? » demanda-t-il avec curiosité. Pas forcément des enfants, mais peut-être un bureau à domicile ou louer une des chambres à un étudiant, qui sait?
Dernière édition par Caelan Leckie le Mar 20 Juil 2021 - 20:04, édité 4 fois
« Tu n’irais pas de main morte même si c’était moi à la barre ? Après ce que je fais pour toi ? ». A ça, Gabrielle fronce les sourcils non sans un sourire moqueur sur les lèvres. Il semble la supplier de lui accorder une certaine clémence si jamais ce cas de figure venait à se présenter, chose que Gabrielle pense impossible « Ok, je demanderai une sentence moins lourde à ton égard, en justifiant que tu m’as aidé avec un lavabo bouché. Je pense que le juge le comprendra et ne sera pas contre cette idée ». Elle étouffe un rire, se moquant clairement de lui. Dans son travail, elle est redoutable, elle ne laisse jamais de chance à ses adversaires, cherchant toujours la preuve, la petite bête qui fera qu’il tombe et ça, sans aucune pitié. « Il n’y aurait pas un conflit d’intérêt puisque tu me connais ? ». « Clairement qu'il y en aurait un. Estime toi heureux finalement ! », ajoute-t-elle en lui lançant un clin d’œil. Elle ne se rend évidemment pas compte du sérieux de la question, ne se doutant pas une seule seconde que Caelan Leckie puisse être coupable de quoi que ce soit.
« Le premier vraiment ? Mais que me vaut cet honneur ? ». Son cinéma l’a fait rire à nouveau, retrouvant là encore l’humour qui caractérise bien la personne qu’il est. « T’emballes pas, Leckie, c’est juste pour me vanter auprès de toi ». Elle est facile la réplique, se doutant que son air surpris sera troqué contre un autre moins radieux. « Ah parce que tu connais mes goûts ? Vas-y je t’écoute ». Elle hausse les épaules « Je n’ai pas cette prétention-là » La réplique est une nouvelle fois facile « Enfin, par déduction, je dirai que tu as des goûts moins bien que les miens ». Elle est toujours assise sur le plan de travail les jambes ballantes dans le vide, alors que Caelan s’affaire toujours à trouver le problème. « Plus sérieusement, quel projet ? » « Je n’ai jamais envisagé cette opportunité d’ouvrir mon propre cabinet car je me suis toujours sentie bien dans les cabinets pour lesquels je travaillais. Mais, le fait que tu m’en parles, me fait me dire que je pourrais très bien finir par l’envisager tôt ou tard. » fait-t-elle en songeant brièvement le regard vers le plafond et l’index sous le menton avant de reporter ses yeux sur Caelan, toujours en souriant. « Vu ton métier, peut-être que tu pourrais me trouver l’endroit idéal pour installer mon cabinet. Dans un beau building, moderne, avec une vue imprenable sur toute la ville. Vu que tu en a conçu pas mal, tu dois bien savoir où je peux trouver ça, le jour où je veux mettre mon plan à exécution ». Il ne manquerait plus qu’elle se frotte les mains pour avoir un air presque machiavélique. Pourtant, l’idée d’ouvrir un jour son propre cabinet la laisse songeuse quelques secondes, même si cela ne fait que quelques mois qu’elle est installée à Brisbane et qu’elle n’est pas encore certaine de son avenir ici. La conversation poursuit son petit bonhomme de chemin, le divorce de Cae ayant entraîné pas mal de chamboulement dans sa vie. Il semble d’ailleurs ressentir le besoin de vivre avec quelqu’un, pourquoi pas un colocataire, ce à quoi Gabrielle le pousse à faire « En draguant des petites jeunes qui ont la moitié de mon âge ? Non merci ». Elle se marre à sa réplique mais se rend compte que Caelan ne fait pas partie de ceux qui, après leur divorce, se laisse aller totalement en draguant et couchant avec n’importe quelle nana. Ce qui est plutôt rare, ayant rencontré bien des fois des hommes de ce genre à Los Angeles, lors de soirées. Le genre de goujat insistant, n’ayant aucun scrupule à le faire divorcé ou non. « Pour qui tu me prends ? On m’a toujours dit que les petites bibittes ne mangeaient pas les gosses, je pense que je devrais m’en sortir. Et fais attention aux offres que tu me fais, tu vas te ramasser à devoir cuisiner pour un ogre ». Elle grimace Gabrielle mais un sourire est toujours présent sur ses lèvres « Je ne suis pas très douée pour la cuisine, manque de bol pour toi ». Contrairement à son frère qui, lui, s’est toujours très bien débrouillé et excelle toujours en la matière, possédant son propre restaurant. « C’est Uber Eat qui va être content » ajoute-t-elle, ne cachant pas que c’est bien souvent sa solution de repli, notamment les soirs où elle rentre tard du cabinet. « Tu t’es empêchée de te faire plaisir pour l’avis des autres ? Je suis franchement déçu là ». Gabrielle hausse les épaules, gardant un certain air sérieux avant de finir par sourire. Une moquette couleur gazon en plein milieu de son salon aurait pu donner de l’allure à sa villa, mais elle préfère clairement s’en passer. Surtout elle qui a un goût prononcé pour la décoration moderne et assez épurée. « Fais attention à ce que tu dis, t’es en sol ennemi là. T’es en minorité, c’est toi qui parle bizarrement, ici ». Elle mime de zipper sa bouche, s’interdisant d’en dire davantage à propos de l’accent australien, surtout quand il a raison qu’elle est en minorité elle et son accent américain.
« Je ne suis pas une balance ». L’objet du délit a été repéré. Et si elle pensait Isaac coupable, en réalité, c’est elle. Ce collier offert par Channing quelques années plus tôt à terminer, de colère, sa course dans le lavabo et est donc la raison pour laquelle l’eau ne s’évacue plus. Du moins, en partie, l’amas de cheveux ayant bloqué la circulation et l’évacuation de ledit collier, qu’elle aurait préféré voir disparaitre à jamais. En tout cas, elle le récupère, l’enferme dans un tiroir alors que Caelan semble promettre de ne rien dire. Elle se contente de le regarder, impassible, limite fermée tout à coup à l’évocation de Channing et tous les souvenirs qui remontent indéniablement à la surface. « Ahhhhhhh Dani ! ». Caelan semble la connaitre vu l’exclamation qu’il pousse et elle ne peut s’empêcher de se dire que Chan’ a dû très certainement lui présenter « Non. En fait, pas vraiment. Je l’ai rencontrée une fois, nous avions échangé nos valises à l’aéroport par mégarde. Elle est sympathique ». Un sourire se dessine alors sur les lèvres de Gabrielle à l’évocation de la coréenne « Elle l’est », se contente-t-elle de dire « Le monde est petit » laisse-t-elle échappé avant d’ajouter, un air curieux prenant place sur son visage « Mais il ne te l’a pas présenté ? Comment tu es au courant pour eux deux alors ? ». L’avocate est intriguée, peut-être un peu trop curieuse aussi, contrastant avec l’idée qu’elle n’en a rien à faire de Channing désormais.
« C’était pas grand-chose ». Elle lui sourit, reconnaissante de l’aide qu’il a pu lui apporter même si pour lui cela semble insignifiant. Gabrielle est surtout reconnaissante de retrouver une connaissance qui n’a pas hésité une seule seconde à lui venir en aide. Elle qui vient juste de s’installer à Brisbane reconnait que cela n’est pas négligeable et est plutôt confortable. « Tant mieux si tu as réussi à te faire un petit cercle en si peu de temps ». Il est vrai que l’américaine a réussi à se faire progressivement sa place et finalement, sans grande difficulté. Un boulot trouvé rapidement, une maison trouvée aussi vite et des personnes sur qui elle sait qu’elle peut compter. Sans compter la présence de ses frères, une présence qu’elle n’évoque pas cependant, préférant garder ce détail pour elle. Caelan allait sûrement faire partie de ce nouveau cercle d’amis. Leur retrouvaille il y a quelques jours et surtout aujourd’hui se déroulent à merveille, la conversation se faisant aisément entre eux. Gabrielle n’éprouve aucun mal à lui parler et l’idée de se revoir lui semble évident. D’ailleurs, elle tient vraiment à l’inviter à dîner dans un restaurant pour le remercier de ce qu’il venait de faire pour elle « On verra bien ». Elle lui interdit de négocier, semble cependant penser qu’il parviendra à payer d’une manière ou d’une autre mais c’est mal connaitre la cadette des Strange.
Gaby invite Caelan à la suivre pour une visite guidée de sa villa. « Choqué déçu ». Sa réaction lui arrache un sourire alors qu’elle lui indique qu’il ne pourra pas voir une moquette au couleur de la pelouse. Au rez-de-chaussée, la table basse du salon est jonchée de toutes sortes de paperasses « C’est là que je peux trouver plein de détails croustillants sur tes dossiers quand t’as le dos tourné ? Excellent ». Elle arque un sourcil, le regarde bizarrement avant d’ajouter « Tu es presque crédible avec cet air de psychopathe » en l’occurrence, avec ses airs de Monsieur Burns « Peut-être, mais méfie-toi si tu fouines là-dedans, tu risque d’avoir de sérieux ennuis ». Et c’est elle qu’il doit craindre alors qu’elle lui donne un coup de coude en guise d’avertissement, l’invitant à poursuivre aussi la visite. Ils montent à l’étage, et le nombre de chambres montre à Caelan qu’elle ne plaisantait pas en disant qu’elle avait de quoi l’accueillir « Je vais commencer à croire que c’est toi qui as peur du monstre sous ton lit et que tu te cherches un preux chevalier pour le combattre ». Un rire s’échappe d’entre ses lèvres à la seconde où il finit de prononcer ses mots « Preux chevalier des lavabos, peut-être, mais ne prends pas trop la grosse tête Leckie, ça s’arrête là ». Elle se moque volontairement de lui alors qu’ils descendent les escaliers pour rejoindre à nouveau le rez-de-chaussée « C’est une très belle maison, tu as bon goût. T’as des plans avec toutes ces chambres en plus ? ». Elle s’arrête au niveau du comptoir de la cuisine et s’installe sur un tabouret « Non pas vraiment ». L’avocate sait que la taille de sa villa est démesurée pour elle toute seule, mais son passé joue sûrement sur ce choix des grands espaces « A part accueillir certaines âmes égarées », fait-t-elle en le regardant avec insistance pour lui montrer que c’est de lui qu’elle parlait, un sourire moqueur au bout des lèvres « Plus sérieusement, c’est surement dû au fait que j’ai grandi dans un petit appartement miteux et que je profite de ma réussite pour prendre une sorte de revanche sur tout ça ». Elle reste vague, n’a pas forcément envie de parler de son passé, de cette enfance malheureuse, de ses frères dont elle n’est plus aussi proche qu’elle le voudrait. Mais elle se laisse aller à un peu de sincérité avec Caelan.
Caelan aimait faire rire les gens autour de lui depuis qu’il était haut comme trois pommes. Son humour l’avait peut-être parfois mis dans ses situations un peu gênantes, mais il en avait surtout tiré des bénéfices. Encore aujourd’hui, il choisit l’humour pour dissiper ce malaise qu’il était le seul à ressentir alors que Gabrielle évoquait qu’elle ne serait pas tendre avec lui s’il venait à se retrouver sur le banc des accusés dans une affaire qu’elle plaiderait. Jouer le jeu était plus facile pour lui plutôt que de lui expliquer pourquoi il était soudainement tourmenté. Heureusement pour lui, il avait toujours été plutôt doué pour cacher ses états d’âmes. « Ok, je demanderai une sentence moins lourde à ton égard, en justifiant que tu m’as aidé avec un lavabo bouché. Je pense que le juge le comprendra et ne sera pas contre cette idée » Il claqua de la langue en la pointant. « Je n’ai pas de doutes que tu réussiras à le convaincre. Au pire j’irai refaire la plomberie chez le juge aussi. » Malheureusement pour lui, ce n’était pas aussi simple en réalité et ses talents de plombier n’allait pas le sortir du pétrin dans lequel il se trouvait. « Clairement qu'il y en aurait un. Estime toi heureux finalement ! » Difficile de l’être quand il y a anguille sous roche, quand pendant des années il a caché à ses proches son délit de fuite et que tout était en train de lui exploser en plein visage maintenant qu’il avait décidé de dire la vérité. Il se contenta de lui sourire, d’autant plus que ce n’était pas du tout ce à quoi elle faisait référence.
Caelan questionna l’avocate sur son emploi et il fit semblant de la croire lorsqu’elle lui affirma qu’il serait le premier au courant si jamais elle décidait d’ouvrir son propre cabinet. « T’emballes pas, Leckie, c’est juste pour me vanter auprès de toi » Il soupira exagérément en faisant mine d’être déçu, même si elle ne pouvait pas vraiment le voir puisqu’il avait la tête sous le comptoir. « C’est bon, j’ai mordu à l’hameçon. J’ai cru tout ce que tu as dit naïvement. Note à moi-même : Gabrielle Strange est une menteuse, ne pas croire tout ce qu’elle dit. » En même temps, était-ce surprenant? La jeune femme devait bien mentir pour arriver à ses fins dans son travail. « Je n’ai pas cette prétention-là. Enfin, par déduction, je dirai que tu as des goûts moins bien que les miens. » Il rit et il sortit momentanément le haut de son corps de sous l’évier pour lui répondre. « Vraiment? Pourtant, je connais Channing depuis plus longtemps que toi, je ne dois pas avoir mauvais goût. On a même un tatouage en commun. » dit-il en lui adressant un clin d’œil amusé. Et je l’ai encore dans ma vie, moi pensa-t-il très fort. Il retourna sous le comptoir en l’interrogeant sur le fameux projet dont elle venait de faire brièvement mention. « Je n’ai jamais envisagé cette opportunité d’ouvrir mon propre cabinet car je me suis toujours sentie bien dans les cabinets pour lesquels je travaillais. Mais, le fait que tu m’en parles, me fait me dire que je pourrais très bien finir par l’envisager tôt ou tard. Vu ton métier, peut-être que tu pourrais me trouver l’endroit idéal pour installer mon cabinet. Dans un beau building, moderne, avec une vue imprenable sur toute la ville. Vu que tu en a conçu pas mal, tu dois bien savoir où je peux trouver ça, le jour où je veux mettre mon plan à exécution » Un sourire étira ses lèvres en constatant que ce qu’il lui disait avait fait germer une graine dans sa tête. Il ne l’avait jamais vue plaider, mais si elle était redoutable comme elle le laissait entendre, il était persuadé qu’elle avait ce qu’il fallait pour ouvrir son propre cabinet et que son projet soit une réussite. « J’espère que t’es prête à payer, mon expertise va te coûter cher. » C’était bien le contraire, c’était toujours un plaisir pour lui d’aider ses amis, jamais il ne leur demandait de l’argent en retour. « Plus sérieusement, je ne suis pas agent d’immeuble, mais je vais voir ce que je peux faire quand tu seras rendue là. Tu me feras signe. » Il n’y allait pas forcément y avoir des immeubles qu’il avait conçus sur le marché, mais il connaissait quand même pas mal la ville pour pouvoir lui dire où regarder.
Après avoir abordé le sujet de sa situation amoureuse ainsi que du potentiel projet d’avoir un colocataire, Gabrielle lança une première invitation à ce qu’il squatte chez elle s’il avait peur du monstre sous son lit. Il se défendit tout en précisant qu’il avait un appétit d’ogre et que c’était à ses risques et périls de l’inviter à rester. « Je ne suis pas très douée pour la cuisine, manque de bol pour toi. C’est Uber Eat qui va être content. » Il ne put s’empêcher de rire lorsqu’elle mentionna Uber Eat. De ce qu’il comprenait, elle était aussi nulle en cuisine et que lui, ils devaient faire vivre cette entreprise rien que tous les deux. « Ils doivent être riches avec nous deux, alors, parce que je cuisine comme un pied moi aussi. » Il tendit sa main vers Gabrielle pour qu’elle tape dedans avant de se concentrer de nouveau sur la raison pour laquelle il était ici aujourd’hui. Après avoir élucidé le fameux mystère, ils vinrent à aborder la vie sociable de la brune et Caelan fut surpris de constater qu’elle connaissait la jeune femme que Channing voyait. « Elle l’est. Le monde est petit. » Il acquiesça d’un mouvement de tête, n’osant rien dire de plus au sujet de Dani puisqu’il avait compris que Gabrielle n’avait pas vraiment envie de parler de son ex, ce qu’il comprenait sans aucune difficulté. « Mais il ne te l’a pas présenté ? Comment tu es au courant pour eux deux alors ? » Il se caressa le menton d’une main en réfléchissant. « Non, il ne me l’a pas présentée encore. J’ai vu des photos d’eux dans la presse, c’est comme ça que j’ai su. J’ai été lui en parler ensuite. On ne s’est pas vu tant que ça dernièrement, j’ai été pas mal occupé. » expliqua-t-il pour justifier qu’il ne connaissait pas plus de détails que ça sur la vie amoureuse de son meilleur ami. Les deux hommes pouvaient ne pas se voir pendant une période sans que leur relation n’en souffre. Il avait toutefois l’impression de ne pas être au courant de ce qui se passait dans la vie de l’héritier depuis quelques mois, alors que lui il lui avait fait part de son pire secret, mais il n’allait certainement pas discuter de tout ça avec l’ex du concerné. Il espérait que sa confession n’aurait pas raison de leur amitié.
Caelan était bien placé pour savoir que Gabrielle ne pouvait pas parler de ses dossiers en cours, il devait lui aussi protéger la confidentialité de certains projets sur lesquels il travaillait, surtout lorsqu’il s’agissait d’édifices gouvernementaux. C’est donc en blaguant comme à son habitude qu’il fit semblant d’être intéressé par les dossiers qui trainaient sur la table de Gabrielle bien qu’il n’avait aucune intention d’aller les lire. « Tu es presque crédible avec cet air de psychopathe » Pendant un instant, il se demanda presque si elle était sérieuse à voir la façon dont elle le regardait, mais il avait appris qu’il ne devait pas toujours se fier à ce que la brune disait. « Psychopathe?! Tu y vas un peu fort là, non? » Il avait beaucoup trop d’empathie pour être psychopathe et il ne ferait pas de mal à une mouche, du moins pas volontairement. « Peut-être, mais méfie-toi si tu fouines là-dedans, tu risques d’avoir de sérieux ennuis » Un grand sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle lui donna un coup de coude. Il fit mine d’avoir mal en grimaçant, posant l’une de ses mains à l’endroit où son coude l’avait touché. « Ne me tente pas, je pourrais avoir envie d’y aller rien que pour voir ce que tu vas faire. » Il voyait son avertissement plus comme un jeu à ce stade-ci, convaincu que Gabrielle devait bien savoir qu’il n’oserait jamais mettre son travail en péril. Ils reprirent leur sérieux un court instant tandis qu’ils poursuivaient la visite de la demeure de Gabrielle. Mais la prochaine blague n’était jamais bien loin, Caelan attendait simplement le moment parfait pour les lâcher. « Preux chevalier des lavabos, peut-être, mais ne prends pas trop la grosse tête Leckie, ça s’arrête là » Il réalisa à la réponse de Gaby que son commentaire pouvait porter à confusion alors qu’il n’avait aucune arrière-pensée, il n’avait tout simplement pas réfléchi avant de parler. Considérant qu’il n’était nul autre que le meilleur ami de Channing, il était selon lui évident qu’elle n’était pas intéressée à ce qu’il se passe quelque chose entre eux, même si elle semblait plus que déterminée à ce qu’il profite de l’espace qu’elle avait pour l’accueillir. S’essayer avec elle ne lui avait même pas traversé l’esprit, c’est donc en riant qu’il la suivit dans l’escalier, préférant prendre le tout avec légèreté. « Je note. Espère ne pas avoir de problèmes avec ta toilette parce que tu seras dans la merde. » Pun intended. Lorsqu’ils arrivèrent dans la cuisine, Gabrielle prit place sur un des tabourets. Caelan resta debout et il prit plutôt appuie contre le comptoir. Il la questionna sur le nombre de chambres que contenait la maison, se demandant si elle avait des projets précis pour ces dernières. « Non pas vraiment. A part accueillir certaines âmes égarées. » Il fronça les sourcils tout en l’observant, l’air espiègle. « C’est moi ça, l’âme égarée? » demanda-t-il en riant. Il connaissait la réponse rien qu’à voir l’intensité avec laquelle elle le fixait. « Je ne suis pas certain que ce serait une bonne idée, Channing pourrait s’imaginer des choses. » répondit-il en lui faisant un clin d’œil. Après tout, l’héritier fréquentait la voisine d’en face de Gaby, il ne manquait plus que l’ingénieur passe la nuit chez l’avocate au même moment où Channing était chez le coréenne pour que ce dernier se fasse des idées. « Plus sérieusement, c’est surement dû au fait que j’ai grandi dans un petit appartement miteux et que je profite de ma réussite pour prendre une sorte de revanche sur tout ça » Il hocha lentement la tête, comprenant au peu de détails qu’elle lui donnait qu’elle n’avait probablement pas envie de s’étendre sur le sujet. « Je comprends. Si t’en as les moyens, pourquoi pas? C’est bien de se gâter des fois. » Il lui sourit avant de caler le reste de sa bière après avoir vu l’heure sur le four de la brune. « Je devrais y aller. Merci pour la bière. » Il leva sa bière, puis il déposa la bouteille vide sur le comptoir. « Tu sais comment me joindre s’il y a quoi que ce soit. » Il posa une main sur le bras de Gaby pendant qu’il se penchait vers elle pour lui faire la bise. « Ne jette plus rien dans ton évier. » lui dit-il sur un ton moqueur lorsqu’il se recula et que leurs regards se croisèrent. Sans attendre de réponse de sa part, il lui fit un petit signe de la main et il sortit de sa maison pour aller chez lui.