Let the Truth Sting
Megan Monroe & @Chloe Cohen

Un, deux, trois, Cohen.. Un, deux, trois, Cohen. J’ai éteint le flash de mon appareil photo pour plus de discrétion, mais je capture de jolies photos de la blonde que j’ai prise en filature et qui est devenue ces derniers jours mon principal gagne-pain. La photo d’elle à la sortie de cette clinique pour femme, je l’ai vendue à prix d’or à la presse à scandale australienne, et j’ai bien l’intention de traiter le sujet dans son entièreté et d’aller au fond des choses. Il y a quelques semaines, j’ai réussi à obtenir quelques photos de l’actrice sortant de chez son ex-fiancé, l’ex-réalisateur Victor Shelby, alors qu’elle est supposée filer le parfait amour avec son nouveau boyfriend, puis la clinique, et maintenant le jogging, les traits tirés et les poches sous les yeux. Les choses vont mal pour Cohen. Alors que la ville est en ébullition, que la fête bat son plein et célèbre la différence, elle traverse la gay pride sans un sourire sur son visage, cherchant à fuir, à passer inaperçue dans cette foule de badauds. Ce qui veut dire que les choses vont aller bien pour moi, et n’ai pas l’intention de lâcher ma poule aux œufs d’or des yeux.

Qu’est ce que tu caches ?

J’ai tenté de flirter avec un infirmier l’autre jour pour avoir accès à son dossier médical. Il fait le difficile, mais je suis encore sur le coup et bientôt je saurai de quoi il en retourne mais j’ai déjà ma petite idée sur la question. La starlette était enceinte, la starlette ignorait qui était le père (ou en tout cas c’est ce que titrera la presse) et la starlette s’est rendue dans cette clinique pour avorter. C’est vendeur comme histoire. Les gens se foutront de savoir si c’est la vérité. Moi, je me fiche de savoir ce que la presse people vendra, mais à titre personnel, je suis curieuse.

Je suis curieuse parce que, en filant l’ex petit ami violent de ma colocataire, j’ai découvert qu’il possédait une meilleure amie en la personne de Chloe. Je suis curieuse parce qu’à ce titre, je jubilerais de la voir souffrir autant que Shiloh a souffert sans qu’aucun proche ne s’en rende compte. Que Lawrence paye n’est pas suffisant. Elle a fermé les yeux et, si j’en crois mon instinct, elle ferme les yeux depuis des années : un type qui cogne sur sa petite amie a aussi cogné toutes ses ex, j’en suis convaincue.

Merde, elle vient vers moi.

Plongée dans mes pensées, je ne m’en suis pas aperçue tout de suite mais il ne me faut que quelques secondes pour ranger mon appareil photo dans ma sacoche en cuir. Habillée pour me fondre dans la masse et pour soutenir la communauté LGBT, j’ai tout de la gamine innocente et enthousiaste dans sa petite vingtaine. Quelques une de plus seulement pour sortir un livre de mon sac, prendre un air absorbé, et relever finalement les yeux vers elle alors qu’elle arrive à son niveau. « Oh mince, vous avez pas l’air bien. » Je prends un air désolé. Megan est compatissante. Megan est une gentille fille, tout ce que Misty n’est pas. Pas avec les célébrités en tout cas. Certainement pas avec elle. « Est-ce que je peux vous aider ? Faut pas faire cette tête, pas ici, pas alors que l’ambiance est à la fête. »

C’est la faute de Penny si elle est là et Penny ne l’est même pas. Lorsque Cohen aurait préféré mille fois mieux rester affalée sur le canapé de sa grande sœur à s'y morfondre comme s’il s’agissait de son trône, elle a fini par traîner sa carcasse là où les couleurs sont si éclatantes qu’on croirait presque qu’elles donneraient un peu de chance à son teint. La réalité est pas mal plus beige que les t-shirts arc-en-ciel des gens qui l’entourent. Et elle cherche Stringer des yeux, lui envoie des messages, recommence la manège encore et encore en finissant par téléphoner à Leslie à la place. Peu importe l’heure qu’il est, son aînée finira par débarquer dans le coin et elles cumuleront les cocktails multicolores jusqu’à ce qu’elles oublient qui est la sœur de qui et tout ira pour le mieux. Jusqu’à demain.

« Oh mince, vous avez pas l’air bien. » ta gueule – hen quoi, pardon ? Chloe n'est pas violente, ni même piquante. Chloe a la répartie d’une licorne qui a eu une adolescence rebelle mais aujourd’hui elle a surtout l’esprit qui divague et la tête foncièrement ailleurs. Le visage de la blonde face à elle lui dit quelque chose, mais lui donner un nom et un point de rencontre sont des actions beaucoup trop laborieuses pour que Cohen s’y arrête. Elles ont dû se croiser à un apéro à quelque part dans la ville. Ou elle est pote avec des gens que Chloe connaît en commun. Ou elles sont voisines, ou elle est la tête infernale qui se planque dans les buissons de son sillage depuis des semaines. Non, Chloe l’ignore, et ça vaut mieux. Elle n’est pas violente mais elle tient à son intimité, et on dira que les derniers jours n’ont pas été de tout repos à voir comment sa vie privée a fini étalée un peu partout. « Est-ce que je peux vous aider ? Faut pas faire cette tête, pas ici, pas alors que l’ambiance est à la fête. » pour seule réponse valable, Chloe passe la capuche de son hoodie sur sa tête, offrant au passage un sourire faux au possible à la gamine qui croit pouvoir lui remonter le moral en statuant qu’elle a mauvaise gueule. Les techniques, de nos jours.

« Tout va parfaitement bien, t’en fais pas pour moi. » oh qu’elle les a répétés, encore et encore, ces mêmes mots qui sonnent comme les mensonges les plus évidents sur ses lèvres. Elle l’a dit à Penny, à Emily, à tous ses collègues, à qui que ce soit lève les yeux vers elle et constante que ça ne va pas parfaitement bien comme elle le stipule sans grande conviction. Mais pour faire les choses comme il faut, la voilà qui attrape deux shooters rose à paillettes qui passent par là, en tendant un à son interlocutrice qu’elle espère chasser de ses parages une fois l’alcool sucré ingéré. Bon plan ? Tentative de survie plutôt. « Cheers ! » et on y croit à peine.

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Megan Monroe & @Chloe Cohen

Je me répète que l’appareil photo est rangé, et que j’ai toujours le même visage d’ange qui me place au-dessus de tout soupçon. Qui n’a pas envie de faire confiance à ces yeux, sérieusement ? Alors mon cœur n’a pas besoin de battre aussi vite et, alors qu’elle s’approche, je me le répète en arborant mon plus beau sourire. Celui qui m’offre des entrées dans les soirées prisées des célébrités et où je n’ai pourtant rien à faire. Celui qui m’offre des confessions du personnel de santé d’une clinique ou d’une autre. Celui qui aide à vendre mon image de bonne copine plus facilement que de l’eau fraîche aux touristes en plein été.

L’occasion est trop belle. Je n’avais pas l’intention de l’approcher. Je n’avais pas l’intention de me la jouer Ivy avec elle, tentant d’apprendre à la connaître, devenir son amie pour mieux lui planter un couteau dans le dos. Mais l’occasion est trop belle, comment puis-je résister à la tentation dans ces conditions. Je suis qui je suis après tout, à prendre, ou à laisser. « Tout va parfaitement bien, t’en fais pas pour moi. » Elle est sèche, elle est abrupte, mais je ne me décompose pas pour autant. La Megan que je vends au reste du monde pour faire ami-ami est compréhensive, elle est fun, elle est patiente.

Petit un, prétendre de pas la reconnaître. Les célébrités trouvent toujours ça tellement rafraîchissant, comme si le fait d’avoir joué dans deux séries de seconde zone et tourné une pub pour les rasoirs Gillette avaient fait d’eux Lady Gaga. Petit deux, les suivre dans les conneries, comme aveuglée par leur style de vie. Je suis née pour ce boulot, quand on y pense. La blonde attrape deux shooter, m’en tend un et je saute sur l’occasion. « Cheers ! » - « Cheers ! » Cheers rien du tout. J’ai trop nettoyé le vomi de ma mère pour me laisser aller à consommer de l’alcool en pleine journée et, en plus, je travaille. L’alcool est discrètement jeté par-dessus mon épaule et je lui adresse une grimace, pour rendre le tableau plus réaliste. « Damn c’est pas parce c’est gratuit que c’est censé être aussi dégueu. » J’ai pas trempé les lèvres dedans, j’ai juste aperçu les bouteilles premier prix derrière le bar tout à l’heure. « Les paillettes tu crois que c’est pour faire passer le goût de bain de bouche ? » Mon sourire s’élargit, radieux, parfaitement innocent. « T’as beau aller parfaitement bien, t’as l’air de quelqu’un qui a besoin d’une deuxième tournée. » J’attrape à nouveau un shot que je lui tends. « Au fait, je suis Megan. »

« Cheers ! » le plan, c’était qu’elle soit seule après le shooter de la paix, un drapeau blanc à tendance bien rose fuchsia. Le plan c’était aussi que l’alcool soit foncièrement sucré, qu’il pétille sur la langue et qu’il ait le goût d’un bonheur aussi éphémère que possible mais qui ferait sur le moment : le plan était nul et le shot tout autant. « Damn c’est pas parce c’est gratuit que c’est censé être aussi dégueu. » Chloe éclate de rire, bonne joueuse, le menton collé d’alcool qu’elle essuie du revers sans avoir vue la manœuvre de l’autre gamine qui reste encore fraîche au possible. C’est que la coupe de rosé (les*) avalée en terrasse avant d’arriver ici ont suffit à ce que Cohen ait les sens le moindrement annihilés. « Les paillettes tu crois que c’est pour faire passer le goût de bain de bouche ? » un haussement d’épaules accompagne son sourire en coin, elle fait même mine de redevenir absolument sérieuse l’instant d’après. « La pire des traîtrises ça serait que ce soit les paillettes qui goûtent le bain. » chuchoté comme un secret à l’oreille de sa nouvelle alliée temporaire, Chloe ignore son portable qui vibre dans la poche arrière de son jogging pour reprendre contenance un instant.

Elle reconnaît le geste avant même que les paroles l’accompagnent, et voilà la plus jeune qui leur attrape de nouveaux verres de circonstances même si les précédents n’ont pas fait fureur. « T’as beau aller parfaitement bien, t’as l’air de quelqu’un qui a besoin d’une deuxième tournée. » bah, elle aurait pris une seconde tournée qu’elle aille bien ou non, ce n’est pas la question. Mais c’est sympa de proposer. « Au fait, je suis Megan. » « Chloe. » et elle baisse ses gardes, gardes qu’elle n’a jamais vraiment eues quand bien même son regard se perd un peu moins aux alentours à la recherche d’une issue de sortie, mais un peu mieux contre ses homologues. Megan. C’est joli, comme prénom. « T’essaierais pas de faire passer l’alcool comme le meilleur moyen pour régler tous mes problèmes ? » si tu ramènes le sujet Chloe, tu ramènes également l’occasion qu’on te pose des colles et qu’on t’interroge. Elle est ailleurs, l’actrice en hiatus qui n’a pas pensé une seule seconde que Megan pouvait savoir qui elle était. C’est pas son genre, de se comporter comme tel. « Parce que ça marche. » un nouveau rire et un nouveau verre, elle lève le visage et le coude, pleine d’espoir. Comme si des paillettes et une inconnue avaient le potentiel d’être une recette miracle.

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Megan Monroe & @Chloe Cohen

Elle sourit en coin, elle se détend la blonde et moi je lui adresse des petits regards timides pour l’encourager à s’ouvrir à moi. Je crois que ça marche, je crois aussi que l’alcool m’aidera à arriver à mes fins et j’ai beau avec une relation compliquée avec la bouteille, je sais fermer les yeux quand j’y ai quelque chose à gagner, contrairement à la drogue qui reste l’ennemie numéro un après ma jeunesse. « La pire des traîtrises ça serait que ce soit les paillettes qui goûtent le bain. » J’éclate de rire comme une idiote. Comme une insouciante. Comme la petite blonde slash mignonne slash adorable slash parfaitement innocente que je suis supposée incarnée. Je la connais par cœur la demoiselle. Je la maîtrise sur le bout des doigts. Je l’ai bien trop interprétée pour qu’elle ne soit pas une partie intégrante du personnage. « Chloe. » Comme si je l’ignorée. « Chloe, je suis contente d’avoir réussi à te faire sourire en tout cas. » Parce que la Megan que j’incarne ne vit que pour ça, être une bouffée de bonne humeur pour les gens qu’elle cotoie.

La Megan que je suis est un peu différente. La Megan que je suis se mange littéralement toutes les émotions de son interlocuteur en pleine face constamment, mais elle n’a décidé de ne s’en soucier que lorsqu’il s’agit de Shiloh ou d’autre rare privilégié. « T’essaierais pas de faire passer l’alcool comme le meilleur moyen pour régler tous mes problèmes ? » - « Prise la main dans le sac ! » Que j’énonce, avec un immense sourire sur les lèvres. « Parce que ça marche. » J’agis comme si j’étais la plus heureuse du monde à cette annonce. Comme si je ressentais des papillons dans le ventre à l’idée d’avoir pu lui apporter un peu de sérénité. « Paraît que parler de ses problèmes ça marche aussi parfois. » Je l’observe avaler cul sec son troisième shooter. Mouais, pas sûre qu’on en soit déjà là, alors, d’une voix timide, je corrige. « Mais je sais pas, c’est peut-être des conneries. Je suis une parfaite inconnue après tout. Les verres sont pour moi en tout cas, j’aide où tu me laisses aider. » Meilleures amies pour la vie, somme toute.

Elle maudissait Penny d’être impossible à trouver il y a une poignée de minutes, mais pour le moment, les incantations voodoo et autres sortilèges censés punir le karma de sa pote ne sont particulièrement pas au menu. C’est le shooter bizarrement aussi sucré qu’acide et c’est le fait d’être accompagnée d’une inconnue qui justement la traite comme tel qui doivent aider ; à différents niveaux, on s’entend.

« Chloe, je suis contente d’avoir réussi à te faire sourire en tout cas. » ouais, te félicite pas trop non plus. Sourire est une chose, le garder sur ses lèvres en est une autre, et déjà Chloe repasse une couette derrière ses oreilles en ne sentant pas le moins du monde ses fossettes chatouiller ses joues. « Prise la main dans le sac ! » un rire glisse, elle fait dans la conversation, attrape le verre que Megan lui tend sans hésiter à faire autrement. « Paraît que parler de ses problèmes ça marche aussi parfois. » trois en trois, pas une seule gouttelette d’alcool sur le menton et elle soupirerait presque si elle n’était pas occupée à se jurer de ne pas laisser personne entraver son humeur du jour. « Mais je sais pas, c’est peut-être des conneries. Je suis une parfaite inconnue après tout. Les verres sont pour moi en tout cas, j’aide où tu me laisses aider. » les bonnes résolutions vont et viennent, ses joues sont de plus en plus brûlantes maintenant qu’elle capte de n’avoir rien mangé de la journée n'aidera pas au processus de se tenir droite longtemps – la veille non plus elle n'a rien avalé, et le jour d’avant c’était de la glace à la vanille. Des litres. Ça compte pour une menu hebdomadaire, non ?

« Ça ira. C’est qu’une passade. » Chloe qui ne parle jamais se retrouve à siffler doucement, gratter du bout de ses baskets le bitume à ses pieds comme si les traces pouvaient former la solution miracle à tous ses problèmes. « Je suis pas du genre à tout étaler comme ça, le prends pas mal. » elle n’en parle qu’à une poignée de gens dont la présidente du club qui est nowhere to be found. Relevant la tête vers la parade mais surtout vers la blondinette qui n’a pas démordu du sourire qu’elle affiche avec chaleur, Chloe laisse une brèche remonter, alors que la vodka à paillettes redescend à l’inverse. « Fais juste gaffe aux mecs que tu laisses traîner dans tes parages. Conseil d’amie. » elle déteste généraliser et mettre les hommes dans le même panier, mais la voilà qui se sent ainsi investie d’une mission de prêcher la bonne parole autant que de salir ceux qui ont fait d’elle la loque qu’elle personnifie aujourd’hui.

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Megan Monroe & @Chloe Cohen

La blonde boit tout ce qu’on lui met entre les doigts et je vide par terre tout ce qui passe entre les miens : on forme une paire parfaite on formerait une paire parfaite si j’étais sincèrement juste une passante qui cherche à réconforter une inconnue dans la foule de pride et pas une paparazzi un peu trop curieuse qui la suit partout comme son ombre. Oopsie.

L’objectif n’est cependant pas qu’elle finisse par faire un coma éthylique - même si ça ferait de sacrées photos que je pourrais vendre à prix d’or - ce que je tente de lui arracher c’est une confession. Quelque chose à propos de la clinique, histoire d’avoir sa propre version quand bien même celle que j’ai décidé de vendre me convient tout autant. Appelons ça de la curiosité morbide. Appelons ça l’instinct, l’espoir de trouver une poule aux œufs d’or. A présent que Waterhouse sait qui je suis réellement, j’ai besoin d’une nouvelle meilleure amie un peu trop bavarde. Une qui m’invite aux événements les plus privés, ceux dont les starlettes ne parlent pas à leur agent, ceux qui ne remontent même jamais aux oreilles de Cameron. « Ça ira. C’est qu’une passade. » Une passade qui te donne une sacrée mauvaise mine. Je fais taire mes pensées et je hoche la tête, comme si je comprenais, comme si je me mettais à sa place alors que je n’en voudrais pour rien au monde. « Je suis pas du genre à tout étaler comme ça, le prends pas mal. » - « Je le prends pas mal. Je te l’ai dit, tu me connais ni d’Eve ni d’Adam, c’est normal. » Même si ça n’arrange pas mes affaires. Même si je l’aurais préférée volubile et insouciante. « Fais juste gaffe aux mecs que tu laisses traîner dans tes parages. Conseil d’amie. » Je pince les lèvres, comme désolée et dépitée à la fois par son aveu. « Ah. » C’est toujours à propos d’un mec de toute façon. Basic. Même celles qui semblent avoir une grande gueule et une personnalité bien à elles finissent par se retrouver dans son état. « Faut pas leur laisser le temps de s’attarder, c’est la première règle. » Je ne le fais pas. Sauf pour Cameron, mais Cameron n’est pas mon mec, nous ne sommes rien. « Quand on l’oublie y’a toujours un crétin pour nous rafraîchir la mémoire. » Je connais le nom du sien mais je prétends que non, évidemment. « Le tien avait l’air de l’être tout particulièrement. Crétin. » La bonne nouvelle, c’est que la piqûre de rappel risque d’être efficace, mais pas dit que ça lui remonte le moral.

La parade pétarde juste à côté, Chloe écoute à peine. Distraite du coin de l’œil par les couleurs qui lui grattent la rétine, elle préfère trouver tout autant d’excuses qu’il lui apparaît être possibles rien que pour se sauver de devoir mettre le doigt sur tout ce qui va mal en ce moment. La liste est longue, qu’elle vienne en ordre alphabétique ou non. Cohen a arrêté de compter ses démons. « Je le prends pas mal. Je te l’ai dit, tu me connais ni d’Eve ni d’Adam, c’est normal. » et Megan lui ouvre la porte de nouveau, un shot à la fois.

Une gorgée pour Victor qui s’est tiré, une autre pour Jet qui est devenu père et qui était le père. Une gorgée pour Ezra disparu lui aussi dans la fumée et une gorgée pour Penny qui la laisse gérer sa merde toute seule comme une grande. Connerie. « Ah. » elle a craqué, la plus vieille, à peine mais déjà beaucoup pour une spécialiste de l’esquive comme elle. « Faut pas leur laisser le temps de s’attarder, c’est la première règle. » c'est une gamine, mais Megan semble avoir l’air de s’y connaître tout de même pas mal. Ce serait mentir de dire que Chloe n’a pas envie de se tatouer ces sages paroles sur le front question de ne plus jamais les oublier. « Quand on l’oublie y’a toujours un crétin pour nous rafraîchir la mémoire. » oh, si elle savait comme chaque jour qui passe lui sert de rappel au fer rouge.

« Le tien avait l’air de l’être tout particulièrement. Crétin. »
« Les. »

Elle corrige, les lèvres brillantes de vodka à la fraise et les doigts collants de rhum à l’ananas. « Y’en a deux, qui se disputent la palme. » ils sont tout les deux bien en haut du podium à se lancer le trophée à tour de rôle. C’est une jolie chorégraphie durant laquelle Chloe reste le dindon de la farce tout en bas du piédestal. « Mais t’as raison quand tu dis que leur laisser du terrain c’est risqué. » leur laisser la moindre miette de place et la capacité de lui gommer son après-midi et accessoirement sa vie est complètement pathétique. Presque autant qu’elle, avant qu’elle n’inspire une énième fois, prenne un dernier shot pour le courage qu’il lui donne. « Ils veulent plus mais quand ça les arrange. » puis un autre. « Les artistes sont un enfer sur Terre. » ok celui-là, c’est vraiment le dernier.

Let the Truth Sting
Megan Monroe & @Chloe Cohen

A ma décharge, ce n’était vraiment pas prévu comme ça. Ce petit jeu auquel j’ai déjà joué avec Waterhouse, je ne comptais pas y jouer avec l’actrice. Je n’ai fait que réagir sous le coup de la panique lorsqu’elle est venue vers moi, je n’avais pas préparé mes cartes à l’avance et prévu de tenter de m’approcher d’elle, de devenir son amie pour lui soutirer ses secrets les plus croustillants.

Maintenant que c’est dit, je fais mon mea culpa : je ne suis pas certaine de pouvoir résister à la tentation. Ils sont presque offerts, les secrets de la blonde. Elle est déjà bien alcoolisée et prête à le devenir un peu plus, ce serait un crime de ne pas être à son écoute, non ? « Les. » On y vient. Parle moi du réalisateur raté et du chanteur raté. Dis moi lequel de ces looseurs t’a mise enceinte, je suis toute ouïe. « Y’en a deux, qui se disputent la palme. » - « T’aimes pas quand c’est simple toi, je me trompe ? » J’esquisse un sourire, comme si je tentais de détendre l’atmosphère d’une blague qui n’en est une qu’à moitié. « Deux donc. Lequel gagne pour l’instant ? » Je tente de m’avancer doucement sur le sentier glissant de ses amourettes, pas persuadée qu’elle répondra à ma question mais en revanche assez confiante : elle est bien trop ivre pour me renvoyer complètement dans mes buts et mettre fin à cette discussion simplement parce que je suis allée un peu trop loin.

« Mais t’as raison quand tu dis que leur laisser du terrain c’est risqué. » - « J’aurais préféré avoir tort. Mais les mettre à la porte avant que ça devienne sérieux, ça reste la meilleure solution d’être sûre qu’ils se conduisent pas comme des connards. » Dis la jeune femme qui va bientôt se marier à un illustre inconnu. Sauf que ça, elle est pas supposée le savoir. Alors j’utilise mon histoire de façon détournée, je laisse mes joues rougir comme celles d’une jeune première et mes lèvres s’étirer en une grimace gênée. « Enfin je te dis ça, mais je suis pas vraiment mes propres conseils. » Et voilà que je joue avec le gros caillou qui orne pour annulaire gauche, de façon presque distraite. C’est en fait calculé, évidemment que c’est calculé. Me livrer un peu pour qu’elle avance un pas de plus, c’est ça l’objectif.

« Ils veulent plus mais quand ça les arrange. » Et là, c’est elle qui voulait plus et pas lui - ou plutôt eux ? Elle voulait lui trouver un père à ce gosse dont elle s’est débarrassé ? « Les artistes sont un enfer sur Terre. » - « Tu te facilites pas la vie aussi… » J’affiche une moue triste, presque nostalgique, avant de poursuivre. « Je suis sortie avec un artiste, moi aussi. » C’est presque vrai, cette fois. « Mais c’était pas une brillante idée. Ils sont trop égocentrés. » Je marque une pause, le temps de pousser un soupir parfaitement calculé. « C’est quoi ton histoire ? Tu voulais plus avec un mais les deux t’ont filé entre les doigts ? » Megan s’en fout, Misty s’en fout aussi dans le fond, elle cherche juste une bonne légende pour accompagner les photos.