Tu t’es installé en terrasse sur la rue parallèle de celle où traverse l’éclatante, pétillante et tonitruante marche des fiertés. Tu avais envie de t’éprendre de cet événement, sans pour autant y participer activement, t’appliquant sérieusement à prendre les choses doucement depuis ta sortie de l’hôpital. Ce passage au centre hospitalier t’a déstabilisé bien plus que tu n’oserais jamais l’avouer, non pas vis-à-vis de ton état de santé, mais bien sur le plan du couple que tu formes avec Asher. Constater le garçon exposer son orientation sexuelle dans un lieu public, certes auprès d’inconnus, afin de pouvoir te rejoindre plus rapidement t’interpelle. Remarquer à ton réveil ses yeux rougis par l’émotion te pince toujours le cœur. L’entendre te confier qu’il s’est senti inutile parce qu’il était incapable de répondre aux questions médicales du praticien qui s’occupait de toi te démolit à petit feu. Tu te rends compte à quel point ta présence dans la vie du Buckley te secoue et tu t’épuises à débattre si tu es bénéfique pour lui ou pas.

Tu sais que tes doutes sont infondés et stupides. Tu as conscience qu’avec de telles pensées, tu peux uniquement réussir à ruiner ton couple. Pourtant, tu as tellement peur de devenir un fardeau pour lui. Tu refuses bec et ongle que ton amant souffre une nouvelle fois et que tu sois l’auteur de ces innovants maux. T’es horriblement peureux, car tu es si occupé à songer au mal que tu peux imposer que tu ne valorises pas tout le bonheur, toute l’affection et tout l’amour que la seule présence du Buckley implique en toi.

Tu soupires doucement, désabusé, tout en remuant négligemment ta paille recyclable dans ton verre de coca. Un carton de CDs repose sur la chaise à côté de toi que tu as autographié plus ou moins correctement pendant tes élucubrations mentales. Tu t’énerves vraiment, il devient indispensable que tu revoies tes priorités et peut-être communiques un peu sur tous ces non-dits avec le principal intéressé : ton fiancé. Toutefois, tu n’as pas nécessairement envie de le confronter non plus avec toutes tes âneries. Tu as peur d’ébranler sa confiance ou fragiliser votre union en lui exposant tes chimères. Après tout, quand tu y penses, ça fait plus de deux ans que vous vous connaissez et jamais vous ne vous êtes disputés. Même au moment de votre rupture, le ton n’a pas su monter.

@Dan Buckley

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Il ignore les raisons qui l’ont poussé – lui le macho solitaire – à se rendre dans un tel endroit. Sortir de ses sentiers battus, il ne peut pourtant éviter sa mine dégoûtée en les voyant autour de lui. Il a perdu goût à la vie depuis plus d’un an désormais, il n’y a plus rien qui le rattache à la vie, si ce n’est son frère Asher, mais il est bien trop idiot et têtu pour l’admettre. Et si il y mettrait un peu du sien, il y aurait sûrement son boulot, mais aveuglé par la mort de la petite dernière, la famille Buckley n’existe désormais plus. Dan avance donc dans cette ruelle bondée de monde, tentant de se frayer un chemin, pris de nausées qu’on le bouscule avec autant d’amusement. Parce qu’il est différent, presque l’opposé de tous ses gens qui respirent la vie, qui veulent vivre et sourire à la vie, quand lui a déjà songé plus d’une fois à se l’enlever. Il ne sait pas pourquoi il affronte tout ça, pourquoi il se laisse submerger par tout ce qui l’entoure, lui qui reste impénétrable. Habituellement, qui se laisse éteindre à petit feu. Et pourtant il le voit au loin. Asher. Il tente de le rattraper, qu’est-ce qu’il fout là ? Au milieu de ses misérables ? Qu’est-ce qu’il fout là, qu’il se répète inlassablement. Au détour d’une énième ruelle, il n’y a plus d’Asher dans la vision de l’aîné et Dan fronce les sourcils, récupérant son téléphone portable pour finalement rentrer dans le premier bar qu’il croise. Il s’installe à une table en terrasse, pas très loin de d’autres personnes, lui qui les évite comme la peste – la preuve lorsqu’il a refusé de participer à la fête des voisins. Se demandant pourquoi il reçoit encore les prospectus dans sa boite aux lettres, quand il n’a jamais désiré y participer. Et plus encore cette année : ouvrir ses portes à des inconnus pour qu’on vienne pisser dans ses chiottes, qu’on lui pique des tableaux ou des couverts en argent, ou encore qu’on lui vole la porte d’entrée comme c’était écrit dans les journaux, se demandant bien quel timbré de la cervelle pourrait oser faire ça à une femme. Et pourtant. Indiquant une bière au serveur, il attendait que ce dernier vienne lui apporter, parce qu’il n’allait pas rester dans un coin pareil pendant des heures ! Tapotant sans énergie sur la table de ses doigts, son téléphone tenu dans l’autre main, il tapotait sur son écran avec énervement et irritation, mettant le téléphone à son oreille. « Asher, dis-moi où tu es, que je vienne te chercher… » Sa voix n’était clairement pas joyeuse et en jetant son regard autour de lui, il voyait ses gens qui s’agiter devant son nez, ça pouvait pas être le monde de son frère, qu’il connaît mal désormais que Penny est morte et qu’il a coupé le lien avec lui. « Je ne plaisante pas ! Asher Buckley ! … » Avant même qu’il ne finisse sa phrase, Asher raccroche, coupant l’herbe sous le pied à son aîné qui peste. Il allait finir son verre, et partir à sa recherche pour le ramener par le col si il le fallait ! Et puis… Il tourne à peine ses yeux à côté de lui, qu’il sent un type qui le fixe depuis plusieurs longues secondes maintenant. Sérieusement, il lui voulait quoi le plouc ? « On s’connaît ? » Non parce que le type commençait à l’agacer de le fixer comme ça. Il lui sourit comme si on le forçait à le faire, et clairement fallait pas être un grand diplômé pour le deviner aisément. Il avait presque envie de lui dire de garder sa salive pour lui, qu’il n’était pas intéressé ! Mais il tentait tant bien que mal de garder son self control et Naomi ou Birdie seraient ravies de l’apprendre (ou pas).

Alors que tu élabores des stratégies visant à rescaper ce qui te semble avoir été tristement fragilisé par tes désastreux non-dits, un jeune homme d'une trentaine d'années s'installe à quelques mètres de toi. Du coin de l'œil tu le perçois taper férocement contre l'écran de ton smartphone, un comportement que tu as appris être vain avec ces technologies très capricieuses. « Asher, dis-moi où tu es, que je vienne te chercher… » Tu fronces doucement les sourcils, intrigué. Quelles étaient les probabilités pour que cet inconnu prononce le prénom de ton fiancé qui occupe indubitablement et incessamment tes pensées ? Est-ce un mauvais tour de ton imagination ? Certes, il y a probablement plus d'un Asher habitant Brisbane, mais tout de même, tu as le sentiment qu'entendre ces bribes de conversation représentent un réel signe, tant que tu tends l'oreille. « Je ne plaisante pas ! Asher Buckley ! » vocifère sévèrement le blond et tu te redresses, ta curiosité piquée à vif. S'il existe plusieurs Asher, il n'y a à ton sens qu'un seul Asher Buckley dans les kilomètres vous entourant. Tu décris le client courroucé, qui peste sauvagement tandis que le serveur lui dépose précautionneusement la bière qu'il a précédemment commandée. Cet homme ne te dit rien, tu ne peux pas l'associer aux quelques individus dont t'a parlé ton timoré amant. Pourtant, ce frustré semble bien le connaître, ou du moins, juger détenir assez de pouvoir vis-à-vis de lui pour lui hurler dessus à travers un téléphone.

« On s’connaît ? » « Non, mais j'aimerais bien, » tu réponds spontanément, muni d'une pure franchise, sans perdre de ta contenance, quand bien même tu es pris en flagrant délit de dévisager sans cérémonie aucune ton voisin de table en rogne. « Tu cherches Asher Buckley ? » Tu questionnes, n'y allant pas par quatre chemins. Dans ta tête, tu t'es déjà fait un personnage : tu seras un de ses clients au bar où il bosse. Ce n'est pas un secret d'Etat, tu penses que ton amoureux ne t'en voudra pas que tu te fasses passer pour ce genre de consommateur plutôt qu'un type travaillant avec lui dans le domaine de la musique ou celui qui partage secrètement ses draps.  

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Rien qu’en venant dans un endroit bondé, il n’en faudrait jamais autant pour que Dan soit de mauvaise humeur. On lui avait demandé – et pas qu’une personne, de se mélanger aux autres, d’affronter le regard des gens, de faire de nouvelles rencontres mais surtout de comprendre son propre frère, de ne plus se bagarrer avec lui. De trouver des mots justes, de tenter de l’apaiser quand ce dernier fait tout pour lui faire monter la pression. En venant dans ce type d’endroit par exemple. Dan regrette déjà d’être assis sur cette terrasse, il n’est pourtant pas trop tard pour se relever et partir. Après tout, ni Asher, ni Birdie ne l’avait encore aperçu, il aura qu’à faire comme jusqu’à présent : ils penseraient tous qu’il n’a jamais quitté sa belle et luxueuse villa, bien trop grande pour lui tout seul, mais peu importe. Enfin c’était pas trop tard il y a encore quelques secondes, parce qu’à présent, on vient l’importunité, de la plus misérable des façons, en plus en lui indiquant qu’on le connaît même pas quand il fait la une de télévision et des journaux depuis plus d’un an. Sans blague ! « Non, mais j'aimerais bien, » Dan lève les yeux au ciel, bien sûr qu’il le connaît, il est connu Dan, et même si il tente toujours de sortir incognito, enfilant des vêtements larges et des casquettes par milliers et des lunettes de soleil, on finit toujours par lui demander de signer un autographe. Et le gars qui lui répond en plus qui le connaît pas, est-ce son égo qui en prend un coup là d’un coup ? Il peste à voix basse, avant de ne garder bien guère longtemps l’attaque pour lui, « vous avez pas la télé chez vous ? » Qu’il ne peut s’empêcher pourtant de rétorquer, alors que ça a tendance à l’énerver quand on vient vers lui pour lui faire signer un autographe. Il n’est jamais content Dan Buckley ! « Vous voulez un autographe ? Il suffit de le dire hein… » Pas besoin de tourner autour du pot pendant des heures, hein ! On vient lui apporter sa bière qu’il règle en carte rapidement. « Tu cherches Asher Buckley ? » Il lève les yeux au ciel, il l’avait presque oublié cet homme qui lui inspire pourtant pas confiance ! « Je savais que ses fréquentations laisser à désirer mais quand même… » Pas à ce stade, qu’il pense en dévisageant pourtant l’homme, d’un air dédaigneux. Du calme Dan, du calme. Dan se demandait bien comment il connaissait son frère. « Vous êtes qui vous ? Asher m’a jamais parlé d’un type comme vous dans sa vie… » Rien de plus normal, parce que Dan le rejette depuis plus d’un an désormais et que leurs seuls entrevues, se finissent souvent en dispute violente ! Et l’hôpital commence à en avoir marre de vous voir tous les deux.

Tu décris le portrait de l'intriguant blond, t'amuses de son attitude qui transpire la frustration et l'énervement. Tu ignores ce qui agite tant l'esprit de l'inconnu, mais une chose est certaine : tu es très curieux de savoir ce qui le lie à ton fiancé qui manifestement ne souhaite pas spécialement communiquer avec lui. Tu t'adosses un peu plus à ton siège, tes méninges entrant en ébullition, érigeant multiples scénarii en vue d'élucider cette nouvelle énigme qui t'envoûte. Aussi, ce type te dit curieusement quelque chose. « Vous avez pas la télé chez vous ? » qu'il te questionne lorsque tu lui indiques que tu aimerais bien en savoir davantage sur son identité. Un sourire croît alors sur tes lippes, un large rictus fier et satisfait qui pourrait être interprété des plus insolents. Tu ne prends même pas le loisir de lui rétorquer, tu ne cherches pas à éplucher ton répertoire de célébrités dont l'existence est diffusée à la télévision. Tu as décelé pourquoi ce garçon te donne une impression de déjà vu : il a des façons similaires à Asher. Et physiquement, il pourrait aisément passer pour un membre de sa famille.

« Vous voulez un autographe ? Il suffit de le dire hein… » Un rire franc file entre tes lippes. Ce grincheux ne manque pas d'audace, surtout quand toi-même tu viens de signer une cinquantaine de CDs qui reposent sagement dans le carton sur la chaise à côté de toi. « Nope. Pas intéressé, » tu annonces avec une neutralité brute, avant de t'enquérir sur ce qui t'intéresse vraiment : Asher. « Je savais que ses fréquentations laissaient à désirer mais quand même… » « C'est pour ça que t'en fais plus partie ? » Tu provoques éhontément, prêchant un peu du faux pour obtenir le vrai. Le trentenaire connaît le cercle d'Asher, ce qui confirme l'hypothèse qu'il eût été assez proche de lui. « Vous êtes qui vous ? Asher m’a jamais parlé d’un type comme vous dans sa vie… » Tu adresses un sourire entendu. Asher non plus ne m'a jamais parlé d'un type comme toi, tu penses avec arrogance. Ton amant a ses raisons, tu en es persuadé. Tu connais ses rapports laborieux avec sa famille et quelque chose te dit que cet australien a contribué à cette scission. Ca expliquerait le fait qu'il ne parvienne pas à entrer en contact avec le musicien. « T'as pas la télé chez toi ? » Tu singes. Même si tu es plus populaire à la radio qui tonitrue tes derniers tubes, tu n'es pas totalement étranger des chaînes musicales télévisées non plus. « T'es d'sa famille ? » Tu oses interroger, ne pouvant plus ignorer les similitudes subtiles entre les deux hommes.

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Dan n’était pas venu ici pour papoter avec un inconnu, il ne se doutait pas vraiment qu’il pouvait connaître Asher, du moins pas comme il le connaissait réellement. Dan ignorait que son frère aimait les hommes, la question n’avait jamais été abordé ouvertement, peut-être parce que Asher connaissait suffisamment son aîné pour savoir que ce n’était pas son truc. Dan l’avait toujours taquiné avec Naomi et dans le fond, ils les aimaient bien tous les deux, assez pour ne même pas se douter de la place qu’à prit cet homme dans la vie de son frère. D’ailleurs, il n’avait pas envie de faire connaissance même quand ce dernier le fixe, tente sans doute d’en découvrir davantage sur ce mystérieux inconnu. Il devrait pourtant le reconnaître, Dan n’est autre que l’un des meilleurs pilotes de son temps. Et d’ailleurs le pilote se veut humoristique quand il lui propose de signer un autographe, « nope. Pas intéressé, » Il sait pas ce qu’il veut le gars alors, pourquoi il vient lui parler si au final, ce n’est pas pour sa popularité. Il le croit gay ou quoi ? En même temps pourquoi venir ici, si ça nous dépasse ? « faudra pas venir pleurnicher après. » Qu’il dit en levant les yeux au ciel, à l’homme assis sur le siège à côté du sien, avant de boire quelques gorgés de sa bière. « C'est pour ça que t'en fais plus partie ? » Qu’il provoque, il titille et c’est sans doute pas l’idée du siècle parce que Dan n’a pas appris à être cool davantage concernant sa relation avec son propre frère. Il tient à lui, il ne parvient certes pas à lui montrer comme il le voudrait mais Asher est la personne la plus importante pour le pilote à présent, et même si ils ont du mal à se le montrer, Dan sera toujours là pour lui, inconsciemment. Alors qu’un inconnu se permet de juger ça le tend, et il n’en faut pas plus pour qu’il se lève d’un bond de sa chaise, empoignant le col du malheureux. « T’es qui pour dire ça ? » Il le soulève légèrement de son siège avant qu’une nana, arrive entre eux, avec un sourire mielleux apparaisse sur son visage balançant des pétales de rose dans la gueule du pilote. C’est quoi cette folle ? Dan réalise que tout le monde les regarde, il inspire, il expire et sans prendre de gant, il lâche le col avec fermeté, le type retrouvant le confort de sa chaise. Dan se réinstalle, en fixant droit devant lui, il espère que le type à pigé : ne plus l’emmerder avec ses questions à la con ! « T'as pas la télé chez toi ? » Qu’il demande, ironique, après quelques instants de silence qui ont fait du bien à Buckley ! « J’regarde pas n’importe quoi ! » Qu’il rétorque, amer, déjà épris de lui en coller une à ce petit con ! « T'es d'sa famille ? » Demande l’homme soudainement, « qu’est-ce que ça peut te faire ? » Il boit une nouvelle gorgé de sa bière, « c’est fort possible… » C’est même plus que ça, mais il n’a pas envie de rentrer dans les détails, « et toi t’es qui pour qui ?! » Il demande quand même, pas certain de pouvoir tout entendre…

Un rire franc file entre tes lèvres lorsque le jeune homme te prévient de ne pas "pleurnicher" devant cette opportunité manquée d'obtenir un autographe de sa part. Réellement, tu t'estimes pouvoir aisément vivre sans sa signature en ta possession, bien qu'un sourire qui ne dise rien qui vaille naisse sur ton portrait, de nouvelles graines de provocations surgissant sournoisement dans ton esprit. Rencontrer celui à qui tu dédies un nombre croissant de similitudes avec ton amant à mesure de vos échanges constitue un excellent événement à tes yeux, en plus d'être distrayant.

L'australien tacle sur les fréquentations d'Asher, tu ne te fais pas prier pour enchérir, ce qui provoque un tumulte au niveau de la petite terrasse. Le sportif réduit promptement la distance entre vous deux pour empoigner fermement l'encolure de ton haut. Tu ris au nez du trentenaire, nullement effaré ou déstabilisé par sa violence. Qu'il te frappe s'il le souhaite, tu n'en as rien à faire. « T’es qui pour dire ça ? » Il te soulève légèrement de ton siège. « Tu veux un autographe ? » Tu proposes, arrogant, alors qu'une poignée de pétales de rose est dispersée entre vous deux. « Ou alors tu veux juste un peu d'love. Ca expliquerait ton comportement de frustré. On peut s'arranger si tu veux, » tu poursuis avant que le blond ne relâche ton col et se réinstalle sur sa chaise. « Faudra pas venir pleurnicher après, » tu le singes de nouveau en lui adressant un clin d'œil, comportement que tu réitéreras lorsque le pilote s'interrogera sur ton identité.

« J’regarde pas n’importe quoi ! » Tu ris doucement ; inutile de lui demander s'il écoute la radio, tu imagines. Tu cesses ton insolence pour entrer dans le vif du sujet : plus le temps passe, plus tu es convaincu que tu as à faire à un membre de la famille de ton fiancé. « Qu’est-ce que ça peut te faire ? » L'inconnu boit une gorgée de sa bière, tu l'examines sans scrupule. Tu as l'impression de voir Asher bouder. « C’est fort possible… » Tu prends ça pour une confirmation. « Et toi t’es qui pour qui ?! » « Oh, c'pas mal vague comme question, ça. J'peux être beaucoup de choses pour beaucoup de monde, » tu annonces avec fierté et jeu. « T'as besoin de quelque chose en particulier, sweetie ? » Tu sollicites, conscient qu'à chauffer le trentenaire, tu risquerais par le trouver de manière relativement brutale. Surtout que cette marche des fiertés n'a pas l'air d'être spécialement sa tasse de thé. Il a l'air plutôt bourru, le mec. Peut-être que lorsqu'Asher se refermait sur lui-même pour contrer ses démons, ce membre de sa famille là adoptait plutôt l'agressivité ? « T'aurais aimé lui dire quoi, à Asher ? » Tu continues, troquant ton impudence pour ta quête visant à en apprendre davantage sur l'identité de l'homme assis à proximité.

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Il n’était pas ici par gaieté de cœur, il ne sait même pas pourquoi il est là, à vrai dire et il aurait mieux fait de faire demi-tour, de partir loin d’ici tant qu’il est encore temps. Mais peut-être qu’il a encore l’impression qu’en restant ici, il se rapprochera de Asher, son frère. Un frère dont il s’est éloigné au fil du temps, et des blessures. Au fil de cette déchirure qu’ils ne parviennent pas à réparer, un cœur qu’ils n’arrivent pas à panser. Une blessure profonde. Et l’inconnu aurait mieux fait de le laisser dans ses pensées, à côté de ça, il le provoque, suffisamment pour que Buckley ne parvienne pas à se contenir bien longtemps. Nul doute qu’il doit connaître son frère et Dan ne parvient pas à se dire qu’il représente un truc bien plus important aux yeux de son cadet que n’importe qui d’autre. Ca ne traverse même pas son esprit rigide. Rien de cela, quand il empoigne le col de l’homme, il ne se dit pas que demain ou dans une semaine il pourrait de nouveau le revoir, dans les bras de son frère, ou dans l’appartement de ce dernier. «  Tu veux un autographe ? » Qu’il use, feinte, un sourire en coin, le lâchant finalement, quand les pétales arrivent sur lui. Du rose, c’est moche. Il déteste cette couleur, il déteste les pétales. Il déteste cet homme encore plus. « J’fais la collection que des miens ! » Qu’il cède, provoquant lui aussi. Piquant, en lui jetant un regard noir si parfaitement que le Levi comprend bien dans quel rang se place le Buckley à ses yeux : pas dans la même case que Asher quoi ! «  Ou alors tu veux juste un peu d'love. Ca expliquerait ton comportement de frustré. On peut s'arranger si tu veux, » il lève les yeux au ciel, cette proposition indécente. «  Faudra pas venir pleurnicher après, » il reprend ses mots, « t’as pas les formes que j’aime… » Et si il n’comprend pas avec ça, il n’comprendra jamais. Ca l’écœure ses pensées, ce monde. Lui le macho par excellence. « T’es ça pour Asher ? » Qu’il demande finalement, en levant son visage vers lui, levant la main vers tout ça. Pourquoi cette image effleure d’un coup ses pensées ? «  Oh, c'pas mal vague comme question, ça. J'peux être beaucoup de choses pour beaucoup de monde. T'as besoin de quelque chose en particulier, sweetie ?  » Il s’est mal fait comprendre et s’en rend compte trop tard, il soupire, comme si l’homme avait pas compris qu’il parle de son frère. « Pour lui ! » Asher quoi. Ca semble logique comme question, tellement qu’il ne prend pas la peine de signifier le prénom de son frère. «  T'aurais aimé lui dire quoi, à Asher ? » Il arque un sourcil, d’un air grognon, et répond finalement en tournant le visage en direction de la foule, « rien ! »

La poigne de Dan s'est férocement refermée autour de ton col, te soulevant brusquement de ta chaise, à t'en faire sourire narquoisement.  Ce ne sera que la diffusion d'amour extérieur, manifestée par une envolée gracieuse de pétales roses, qui incite le blond à te relâcher, comme si cette intervention le faisait réaliser que vous êtes entourés de multiples individus. Cela ne t'épargne toutefois pas de poursuivre tes provocations, extrayant beaucoup trop de plaisir à rétorquer au grincheux duquel tu retiens des ressemblances avec ton propre amant. « J’fais la collection que des miens ! » s'exclame-t-il lorsque tu lui proposes, en le singeant, un autographe après qu'il t'ait demandé plus d'informations sur ton identité. « Ca doit pas être une collection bien riche, » tu commentes sans tact, considérant que l'intérêt d'une collection est d'avoir différents exemplaires d'une même thématique.

Tu continues d'enchérir, t'inspirant de l'amour et de la fierté démontrés dans la parade. « T’as pas les formes que j’aime… » l'australien te confirme ta supposition comme quoi il était hétérosexuel. Tu soupçonnes qu'il n'adhère pas réellement aux autres orientations sexuelles également, considérant l'attitude d'Asher et du membre de sa famille qui te fait face. Tu lui affiches une mine faussement déçue. « T’es ça pour Asher ? » Tu hausses les sourcils, surpris par cette conclusion que tu juges hâtive. L'amour incommensurable que tu voues au musicien est-il si lisible ? « Oh, c'pas mal vague comme question, ça. J'peux être beaucoup de choses pour beaucoup de monde. T'as besoin de quelque chose en particulier, sweetie ? » Tu nargues. « Pour lui ! » Il soupire et ça te fait rire éhontément. « Pour lui quoi ? "Ca" quoi ? » Tu réclames davantage de précisions, avant d'ajouter, arborant un rictus moqueur. « Il va me falloir plus de précisions, mon chou. T'es un peu trop vague. Comme j't'ai dit : j'peux être beaucoup de choses pour beaucoup de monde. » Tu pouffes et lui lances un clin d'oeil lascif avant de reprendre ton sérieux. S'il s'agit réellement du frère de ton fiancé, il te faudrait peut-être te montrer un peu plus de sérieux si jamais leur relation l'indique. Tu lui demandes ainsi pourquoi il cherchait à joindre le Buckley. « Rien ! » te rétorque-t-il derechef, catégorique, et tu affiches une mine blasée alors qu'il a tourné son visage vers la foule. « Ca n'a pas l'air d'être "rien !". » Tu constates, ne te privant pas de l'imiter de nouveau. « Tu veux lui faire un autographe que j'lui remets ? » Tu proposes, tout de même avec un soupçon d'arrogance que tu ne peux réprimer. Tu n'es pas qualifié de petit con par hasard, après tout. Tu lui lances le marqueur que tu utilisais précédemment pour signer tes albums. « Allez, superstar. N'te fais pas si désirer. »

Tu détaches momentanément du regard le blond alors que la foule se fait plus véhémente à tes côtés. Une nouvelle nuée de confettis vous est dédiée et alors que tu tournes la tête afin de constater une expression que tu envisages furieuse de ton interlocuteur, tes pupilles se posent sur une chaise tristement déserte. Sa consommation à moitié vide est toujours présente, le marqueur repose sur la table, mais l'australien s'est purement volatilisé. Tu affiches un rictus, soucieux d'avoir poussé le bouchon un peu trop loin avec celui que tu soupçonnes être un Buckley.