6 juin 2021. Voilà une toute petite semaine que Hunter avait commencé à travailler pour le Club. C'était quelque chose qu'il gardait pour lui, il n'avait rien dit à Maxence, il ne pouvait pas. En effet, le jeune homme lui offrait l'hospitalité dans le but qu'il se remette sur les rails, et non qu'il s'enfonce encore plus. Il avait cherché du travail, il avait même fait serveur lors d'une grosse soirée organisée par la ville. Hunter cherchait même encore afin d'avoir une couverture. On lui avait proposé une place au Casino, mais il ne savait pas encore si c'était une bonne idée de tout mêler. Il s'autorisait encore un peu de temps pour réfléchir. En attendant, il avait fait la rencontre de Raelyn après qu'un de ses dealers aient remarqué qu'Hunter vendait de la weed à ceux qui le voulaient bien. Toutefois, tout ce qu'il avait appris, tout ce qu'on lui avait dit et promis, le jeune homme ne pouvait pas refuser une telle offre. Il allait empocher pas mal d'argent, et pourrait aider sa mère à s'en sortir. Il avait donc récupéré la marchandise comme prévu, et tout le long de la semaine, Stringer avait bossé. Il avait récupéré quelques contacts, des gens qu'il connaissait mais aussi des clients fidèles au Club. Il était conscient qu'il allait falloir du temps pour gagner la confiance de tout le monde, mais Hunter était un vaillant, et surtout, il n'était pas un fouteur de merde. Lui tout ce qu'il voulait c'était de l'argent, et il avait bien compris que cet organisme allait lui permettre de mettre un pied en dehors de la galère... Il devait encore réfléchir à quoi dire à son entourage, mais pour l'instant, il allait juste se faire discret, le temps de trouver une histoire en béton.
On lui avait expliqué comment fonctionner le gang - tout passait par le Casino. Il ne savait pas encore comment tout se dégoupillait. Il avait passé la journée à vendre la marchandise qui lui restait, et il était heureux de constater qu'en un rien de temps, il avait réussi à tenir les délais. C'était habillé tout de noir, avec sa vieille veste en cuir et les cheveux décoiffés qu'il débarqua à l'entrée de l'Octopus. Il était passé 23 heures, et un agent de sécurité lui fit un signe de tête. Il l'avait reconnu. C'était bon signe car il avait fait qu'un rapide tour pour se faire voir avec Raelyn, et il avait eu peur qu'on le refoule à l'entrée. Ce ne fut pas le cas. Il mit un pied à l'intérieur, c'était immense, il y avait du monde, et Hunter n'était pas encore sûr de l'organisation. Il jeta un oeil à droite, un oeil à gauche et finit par reconnaître la jeune femme derrière la vitre. Il s'approcha d'elle, il avait rencontré cette hôtesse quelques jours plus tôt. « C'est à quelle table que je dois me rendre déjà ? » L'hôtesse lui fit un signe de tête vers le fond - il jeta un oeil, et comprit que c'était à l'une des tables de poker. « Il reste une place de libre à la table de la blonde, fonce. » Hunter fronça des sourcils en avançant dans le casino pour repérer cette table. Il avait tout converti en jetons, et n'était même pas sûr de savoir jouer au poker. Le jeune homme était en train de se poser un milliard de questions, il avançait le regard perdu quand il arriva au niveau des tables de jeux. Il chercha la blonde en question, et son palpitant manqua un battement. On aurait pu croire que Stringer était stressé à l'idée de se lancer dans cette mésaventure, mais ce ne fut pas le fait de réaliser que ça y est, il commençait un jeu dangereux qui le rendit tout à coup pâle. Non, c'était le fait que ses yeux se posèrent sur Stacey - la bouche entrouverte, il la regardait remuer les cartes comme une professionnelle, et un tas de pensées traversèrent son esprit. Était-ce elle la blonde en question ? Il ne l'avait pas vue depuis des lustres. Bien sûr, ils avaient fini par enterrer la hache de guerre, avec l'aide précieuse de l'optimiste Adele. Il avait fallu du temps pour qu'elle le pardonne, et leur amitié en restait encore entaché... Toutefois le départ de Hunter à ses 21 ans à Toowomba n'avait pas non plus arrangé leur complicité. Pourtant, il l'estimait encore énormément, et se rendre compte qu'elle semblait, elle aussi, mêlée à tout ça le rendait complètement perplexe. Partagé entre l'agacement et l'énervement de la retrouver dans un milieu aussi sombre alors qu'elle avait toujours été sa lumière, et le soulagement de connaître quelqu'un dans cette merde... Elle ne l'avait pas encore vu, il posa son regard sur sa main, venant remonter sa manche pour sortir le bracelet qu'elle saurait reconnaître. Raelyn lui avait dit que c'était un bracelet pour permettre aux croupiers de les reconnaître lors des transactions, et du jeu. Il était complètement angoissé à l'idée qu'elle le reconnaisse. Il prit donc un verre de champagne sur le plateau de l'un des serveurs qui passait par là, inspira une grande bouffée d'oxygène pour se donner un peu plus de contenance.
Hunter se remit la veste correctement sur les épaules, et porta son sac de jetons qu'il posa sur la table, se glissant agilement sur la chaise, il regardait son verre. Le dealer vint alors lever le coude pour boire une grande gorgée de cet alcool qu'il n'aimait pas forcément... Mais son regard vint alors croiser celui de Stacey, il ne pouvait rien dire, pas ici, pas maintenant. Son coeur était broyé, il n'aimait pas la savoir impliquée dans tout ça, et se demandait comment avait-elle pu en arriver là... Lui, ce n'était pas étonnant, mais bordel... Pas toi... Il la fixait d'un air sérieux, ne laissant rien transparaître. Ils devaient rester professionnels.
6 juin 2021. Elle s’est accoutumée à cette nouvelle vie, Stacey. Elle s’est accoutumée à cette nouvelle mission qu’elle a désormais, à ce nouveau rôle qu’elle a au sein du Club. Elle qui avait simplement commencé en tant que serveuse, d’abord pour le restaurant d’Alec, où elle n’était pas encore mêlée à tout ça, elle s’était vite retrouvée à travailler pour le bar clandestin. Rien de bien méchant, protégée par les deux frères qui veillaient à ce qu’elle ne soit pas importunée par des clients bien trop insistants et qu’elle ne plonge pas dans les méandres du gang. Trois ans de bons et loyaux services pour les frères Strange, où elle aura tenu dans ce monde sans trop en subir les conséquences. Les seules qu’elle a eu à supporter sont celles du mensonge quotidien, les explications plus ou moins crédibles qu’elle pouvait trouver sur son second job, en plus de celui à l’hôpital. Mais il a fallu que les choses changent, que le temps s’accélère surtout pour que la jeune femme décide non pas de quitter le Club mais, au contraire, de s’y enfoncer. Parce qu’elle en aurait eu tout le loisir en février dernier, après la chute de Mitch. Il était un de ses repères et sans lui, le Club, même s’il survivait, n’avait plus la même saveur. Pourtant, elle a fini par se laisser convaincre par Amos et Raelyn de devenir celle qui aurait un rôle central dans le blanchiment d’argent. Ils n’ont pas eu grand effort à faire cependant. Parce qu’elle était consciente qu’en acceptant un tel rôle, elle pourrait permettre à sa cadette de poursuivre ses rêves. C’est tout ce qui lui importait. D’ailleurs, elle se rend compte à quel point ce travail lui apporte plus quand elle a enfin réussi à déménager avec Mila pour aménager dans une maison plus grande à Toowong, avec Lawrence. Même si, moralement, elle n’est pas fière de ce qu’elle fait pour obtenir l’argent plus facilement, elle apprécie cette entrée d’argent hebdomadaire qui aide beaucoup. Beaucoup plus que si elle s’était contentée de rester serveuse pour le restaurant d’Alec, désormais installé lui aussi dans les locaux du Casino.
Ce soir est donc un soir comme un autre pour Stacey. Elle maitrise le jeu à la perfection, tout comme son rôle. Elle est autant à l’aise avec les clients du quotidien qui sont simplement là pour se divertir que pour les dealeurs qui viennent réclamer leurs dus. Elle les reconnait grâce à ce signe distinctif mais, désormais, ils n’ont plus vraiment besoin de le porter puisqu’elle les connait. Seuls les petits nouveaux doivent en être équipé. D’ailleurs, après un groupe de joueurs lambda, voilà qu’un des dealeurs qu’elle connait s’approche. Elle le salue d’un simple signe de tête, bien que lui est un sourire un peu plus évocateur. Ils ne peuvent évidemment pas échanger un quelconque mot, tout devant paraitre aussi normal que possible. Elle commence à battre les cartes. Un autre dealeur s’approche, disposant à son tour ses jetons sur la table. Elle ne prête pas attention au petit nouveau en approche. Pas tout de suite. C’est seulement lorsqu’il vient à prendre place et qu’elle relève la tête pour commencer à distribuer les cartes qu’elle se rend compte de l’identité de celui qui vient de s’installer face à elle. La surprise, la stupéfaction même se lit aisément dans ses yeux. Elle se stoppe net dans ses gestes, incapable de distribuer les deux cartes à chaque joueur pour entamer cette partie de blackjack. Les yeux de Stacey ne quittent plus cette personne qui ne lui est pas inconnue. Elle manque de prononcer son nom d’ailleurs, mais elle se retient, car elle se doit de rester professionnelle. Son regard vient alors à s’attarder sur son poignet… il est porteur de ce signe distinctif et elle comprend alors que lui aussi est mêlé au Club… et qu’il fait partie des dealeurs « Y’a un problème ? » demande alors l’un d’entre eux qui s’impatiente. Stacey tente de retrouver contenance, tournant la tête de gauche à droite lentement et vient à insérer le tas de cartes dans le sabot avant de commencer la distribution des cartes.
Tout le long de la partie, elle tente d’ignorer Hunter, elle essaye d’ignorer qui il est, d’ignorer les différentes questions qui peuvent se bousculer dans sa tête. Elle se concentre sur sa mission surtout, celle où elle doit perdre face aux trois joueurs pour leur permettre d’empocher l’argent que le Club leur doit. Une fois la partie terminée, Stacey ramasse les cartes, invite les joueurs à se rendre à la caisse à l’entrée pour échanger leurs jetons contre l’argent. Avant qu’Hunter ne s’éloigne à son tour et alors qu’il ramasse son dernier jeton, Stacey hésite. Parce qu’elle a besoin de comprendre ce qu’il fait ici mais elle sait qu’il lui retournera aussi la question. Alors qu’il s’apprête à tourner les talons, elle vient à retenir sa main dans un geste rapide avant de murmurer « Retrouve moi à l’arrière du Casino dans dix minutes ».
***
Lorsqu’elle arrive à l’arrière de l’Octopus, Hunter est déjà là. Elle s’approche d’un pas hésitant et tremblant. Elle prend une profonde inspiration alors qu’elle arrive à sa hauteur « Bonsoir Hunter… » laisse-t-elle échapper. Elle l’aborde, se sentant coupable alors qu’elle a aussi envie de lui crier dessus pour comprendre comment il peut se trouver à son tour mêlé à tout ça. Elle ne sait pas comment aborder la chose, un silence s’installant alors. Le seul mot, ou du moins, la seule question, qui sortira d’entre ses lèvres est « Comment… ? ». Comment peut-il se retrouver ici, comment peut-il être devenu un dealeur du Club alors qu’elle ne l’a encore jamais croisé…
6 juin 2021. C’était le début d’une nouvelle vie qui s’offrait à Hunter. Il n’aurait jamais cru que cette main tendue l’aurait entraîné du côté obscur. C’était quelque chose qu’il allait garder pour lui, un secret qu’il devrait tenir afin de protéger son entourage. Il était hors de question que sa mère soit au courant déjà. Elle avait déjà demandé à sa cousine de venir prendre de ses nouvelles après dix jours à peine installé en ville. Même si elle était au courant qu’il fumait, et revendait sa propre weed, il ne valait mieux pas qu’elle sache que son fils allait être mêlé à des histoires de gangs. De toute manière, le jeune homme n’était pas là pour foutre la zizanie, il voulait juste se faire son blé, s’en faire assez afin de pouvoir mener une vie descente pour lui, et pour sa mère avant tout. C’était la seule chose qui comptait maintenant. Avec les années, Hunter était devenu drôlement solitaire, auto-suffisant, et beaucoup le lui avait reproché, son meilleur ami Oliver le premier.
Se retrouver dans ce Casino était donc tout nouveau. Il se disait qu’il devrait rapidement prendre ses marques car il n’aimait pas se faire remarquer, poser des questions, paraître pour l’idiot de service. Il se fit indiquer la marche à suivre, et déjà un peu anxieux tout s’accéléra quand ses yeux se posèrent sur cette blonde. Il eut l’impression que tout ce qui l’entourait s’écrouler, que le temps s’arrêter, et il eut dû mal à saisir l’ampleur de la situation. Stacey était en train de battre les cartes, concentrée, un sourire aux lèvres pour parfaire cette image contrôlée. Il ne pouvait définitivement pas faire demi-tour, il ne pouvait pas non plus transparaître quoique ce soit au risque de se faire remarquer. Hunter hésita un instant, puis après une profonde inspiration, il s’avança vers la table pour se glisser sur l’une des places restantes. Il ne la regardait pas, évitant son regard quelques secondes avant de comprendre qu’elle l’avait finalement reconnu. Elle s’était stoppée dans ses gestes, et il finit par lever la tête pour la regarder. Un des jours s’impatienta, il accorda un bref regard à ce dernier alors que la partie commença. Tout se passait comme prévu, comme on le lui avait expliqué.
La partie se termina, et le dealer reprit ses jetons gagnants, glissant sur sa chaise alors qu’il devait faire le chemin inverse pour aller à la caisse. Il savait que ce n’était pas le moment de discuter et pourtant, il sentit une main le retenir. « Retrouve moi à l’arrière du Casino dans dix minutes » Il regarda cette main avant de lever les yeux vers elle, la seconde d’après elle s’était déjà retournée pour s’en aller. Il n’avait donc pas le choix. Il devrait affronter Stacey de suite, alors même qu’il ne saurait quoi lui répondre… C’était las qu’il se rendit à l’arrière du Casino, il s’était adossé au mur, un pied également posé sur les briques il attendait que la blonde débarque. « Bonsoir Hunter… » Il l’avait vue arriver de la porte de sortie, et il hocha la tête doucement. « Salut Stay. » dit-il entre ses dents. Ils se fixèrent un instant, ni l’un ni l’autre ne savait par quoi commencer. « Comment… ? » Un léger rire ironique s’échappa de ses lèvres. « C’est pas vraiment étonnant que je termine comme ça, Stacey. On va pas se le cacher. » finit-il par répondre en se redressant pour venir s’approcher d’elle et lui faire face. « Par contre… Toi ? Comment as-tu pu en arriver là ? » Comment as-tu pu en arriver là sans que je puisse m’en rendre compte ? Hunter et Stacey s’étaient éloignés avec le temps mais de là à ce qu’il ne voit rien venir… Il ne se serait jamais doué que la blonde était aussi profondément enfoncée dans les emmerdes.
6 juin 2021.Elle a réussi à contenir son état de surprise, peut-être même sa stupeur quand elle l’a reconnu. Rien ne laissait présager qu’en retour, elle faisait quelque chose de mal. Stacey pouvait prétendre ne faire qu’exécuter les ordres sans savoir de quoi il en retournait vraiment. Elle aurait toujours une porte de sortie, celui du mensonge. Cette même porte qu’elle utilise bien trop souvent envers ses proches. Proches dont Hunter faisait partie malgré la distance qui s’est instauré entre eux depuis quelques années. Le voir là ce soir, évidemment, elle ne s’y attendait pas. Elle aurait préféré voir n’importe qui mais pas lui. Elle sait qu’il consomme et qu’il file du mauvais coton depuis le décès de son père. Finalement, elle et lui ont une histoire similaire. Finalement, tout deux se rejoignent sur plusieurs points. Et pourtant, elle n’a jamais cherché à se confier à lui qui aurait pu être le seul pourtant à la comprendre. Le seul à comprendre ses choix, celui de travailler pour un gang, pour lui permettre de gagner un peu plus d’argent. Une somme non négligeable désormais qu’elle a ce rôle de croupière particulière. Celle qui manie les cartes à la perfection et crée l’illusion parfaite en perdant volontairement pour que les dealeurs puissent encaisser leurs dus. Voir Hunter devant sa table, surtout avec ce bracelet autour du poignée a été un choc, son cœur s’étant accéléré dans sa poitrine, une vague de chaleur envahissant son corps en une fraction de secondes. Pourtant, elle n’a rien laissé transparaitre. Parce qu’elle ne le peut pas, parce qu’elle se sait aussi observé. Elle ne doit pas être déstabilisé. Alors elle remet ce masque et refoule ses pensées comme chaque soir, les pensées raisonnables qui l’amènerait à quitter ce gang illico presto…
Elle ne pouvait pas le laisser partir sans lui parler. Parce qu’elle ne veut pas risquer qu’il puisse en parler à qui que ce soit et parce qu’elle a bien trop de questions à lui poser qui, elle le sait, va lui torturer l’esprit toute la nuit. Alors, elle le rejoint à l’arrière du bâtiment après lui avoir demandé de la rejoindre là. Il est adossé au mur, sa silhouette similaire à celle qu’elle a toujours connue, bien trop connue pour une simple meilleure amie. Elle chasse là aussi cette pensée alors qu’elle arrive à sa hauteur et le salue « Salut Stay ». L’ambiance est particulière, aucun des deux n’osent prendre la parole, peut-être parce qu’ils ne savent pas par où commencer. Peut-être aussi parce qu’ils sont tout deux fautifs. Elle sera la première à briser le silence avec une question en un mot : comment… « C’est pas vraiment étonnant que je termine comme ça, Stacey. On va pas se le cacher ». Elle ne dit rien quand elle sait qu’il a raison, que le voir en tant que dealeur ne la surprend pas vraiment… Elle s’apprête à répondre mais il ne lui en laisse pas le temps « Par contre… Toi ? Comment as-tu pu en arriver là ? ». Evidemment qu’il lui retourne la question. Evidemment, qu’elle, en revanche, la retrouver impliquée dans un gang est impensable. Parce qu’elle a ce côté gentillet, propre sur elle et qui n’a rien à se reprocher. Voilà qu’il découvre ce soir son secret. Et elle sait qu’elle n’a d’autres choix que d’assumer. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’elle regarde ses pieds au lieu de soutenir le regard de son ami d’enfance. « D’après toi Hunt’ ? » lance-t-elle alors qu’elle daigne enfin lever son regard sur lui « Pour les mêmes raisons que toi ». Elle vient à s’avancer vers un petit escalier sur lequel elle prend place pour s’asseoir après avoir passé sa soirée debout « Mon travail à l’hôpital et mes petits boulots de serveuse à droite à gauche n’étaient pas suffisants pour que Mila et moi nous en sortons… J’ai travaillé pour l’ancien restaurant et on m’a proposé de travailler pour le bar clandestin en tant que serveuse. Ça payait bien, suffisamment pour vivre… Je n’étais pas mêlé plus que ça… ». Elle se livre sans vraiment se retenir, comme si d’un côté, cela lui faisait enfin du bien d’en parler à voix haute « Puis quand Amos et Raelyn ont repris le Club, ils m’ont proposé ce job… tout en me garantissant aussi une protection pour Mila et moi. Je n’ai pas pu refuser ». Il y a cependant une part de culpabilité et même de honte qu’on peut facilement percevoir dans sa voix alors que son regard à nouveau fixe un point au loin « Si je fais tout ça, c’est pour Mila … tout comme toi tu le fais pour ta mère je suppose… ». Et pourtant, elle s’inquiète pour son ami, elle n’a pas envie de le savoir mêler au gang, surtout en tant que dealeur « Même si je ne suis pas étonnée, j’aurai préféré te savoir hors de tout ça… » laisse-t-elle s’échapper d’entre ses lèvres alors qu’elle plonge son regard dans le sien.
6 juin 2021. Hunter s’était finalement contenu du mieux qu’il pouvait, tentant de jouer comme s’il connaissait les règles à la perfection alors qu’on les lui avait brièvement expliquées lors de son entretien avec le gratin du Club. Il avait encore beaucoup de choses à apprendre, mais il ne s’en faisait pas. Il apprenait très vite, un autodidacte dans l’âme, il saurait se fondre dans la masse sans problèmes. Par contre, il ne s’attendait pas à tomber sur Stacey. Elle ne savait même pas qu’il était de retour en ville depuis plus d’un mois, ils ne se parlaient que brièvement maintenant. Depuis qu’Hunter était parti s’installer dans les abords de la ville, on pouvait dire que leur lien s’était effrité malgré tous les efforts d’Adèle de maintenir cette amitié qui les liait depuis toujours. La tête baissée, Hunter tentait de mettre du sens à cette situation sortie d’un mauvais film. Il était profondément perdu, se demandant comment la Gallagher avait pu se retrouver dans ce business. Le temps passait, les minutes s’écoulaient, et il espérait au fond qu’elle ne soit pas impliquée dans tout ça, même si l’inquiétude résonnant dans sa voix lorsqu’elle lui donna rendez-vous pour discuter, lui indiquait pleinement que la jeune femme avait un lien intrinsèque avec ce business.
Hunter n’aurait pas imaginé devoir dévoiler son secret aussi vite à qui que ce soit. Il s’était promis de garder ça pour lui, et faire face à Stacey maintenant l’angoissait. Ils avaient sans aucun doute besoin de parler, mais Hunter n’était jamais à l’aise lors des confrontations. Il l’attendait, trouvant le temps extrêmement long avant de ne voir la tête blonde qu’il connaissait par cœur. Il la salua en retour, cette distance entre eux étant presque bizarre. Il restait adossé au mur, venant dire ce qu’il pensait. En effet, ce n’était pas étonnant qu’il en finisse là, mais elle ? Hunter n’arrivait pas à mettre du sens à cette situation incongrue. Stacey évita son regard, elle aussi semblait avoir un poids sur les épaules qui la bouffait. « D’après toi Hunt’ ? » Il retrouvait ses prunelles inquiètes. « Pour les mêmes raisons que toi » continua-t-elle alors qu’il penchait la tête en l’observant, tentant de lire entre les lignes. « Mon travail à l’hôpital et mes petits boulots de serveuse à droite à gauche n’étaient pas suffisants pour que Mila et moi nous en sortons… J’ai travaillé pour l’ancien restaurant et on m’a proposé de travailler pour le bar clandestin en tant que serveuse. Ça payait bien, suffisamment pour vivre… Je n’étais pas mêlé plus que ça… » Hunter l’écoutait, et il la fixait avec une certaine tendresse, presque triste d’apprendre qu’il n’avait pas su que la blonde était elle-aussi en très grande détresse. Toutes ces années, Hunter avait appris à s’auto-suffire, à se complaire dans ce quotidien compliqué sans vraiment considérer le quotidien de ses proches. « Puis quand Amos et Raelyn ont repris le Club, ils m’ont proposé ce job… tout en me garantissant aussi une protection pour Mila et moi. Je n’ai pas pu refuser » Il soupirait, en constatant que Stacey n’était pas à l’aise avec tout ça, qu’elle semblait se sentir coupable pour en être arrivée jusqu’ici. « Si je fais tout ça, c’est pour Mila … tout comme toi tu le fais pour ta mère je suppose… » Il hochait la tête en l’écoutant, se rendant compte que leurs chemins s’étaient éloignés toutes ces années pour finalement se recroiser ici, et maintenant. « Même si je ne suis pas étonnée, j’aurai préféré te savoir hors de tout ça… » Il sourit. « Dis pas de bêtises. Moi, j’aurai préféré te savoir loin de ce monde, Stacey. » Il se décolla du mur, s’approchant d’elle pour plonger ses yeux dans les siens. « Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ? Quelqu’un est au courant de tout ça ? » demanda-t-il avec curiosité, s’interrogeant sur le secret qu’elle semblait avoir gardé pour elle toute seule, et ce n’était pas forcément bon. Ces questions étaient presque débiles, mais Hunter avait envie de croire qu’il aurait pu être une oreille attentive pour elle. Stacey savait qu’il trempait déjà dans des histoires louches, qu’il comprendrait aussi l’importance de se battre pour sa famille, de pouvoir survivre… Il était probablement l’un des mieux placé pour le comprendre. « J’crois qu’on est dans le même bateau maintenant. » finit-il par ajouter avec un fin sourire, sachant déjà pertinemment qu’il était peine perdu de la dissuader de continuer. Elle semblait déjà bien plus impliquée que lui ne l’était. « Au moins, je sais que je peux faire confiance à quelqu’un dans ce monde. » qu’il ajouta avec un soupir, presque soulagé d’un côté même s’il n’en était pas moins inquiet pour la jeune femme.
6 juin 2021.Cela ne sert à rien de lui mentir. Elle préfère lui dire la vérité, lui exposer l’histoire depuis le début maintenant qu’elle sait que, lui aussi travaille pour le Club. Il n’y a pas de doutes à avoir là-dessus quand il détient ce bracelet qui est synonyme de dealeur. Il n’y a pas de doutes à avoir quand elle sait qu’Hunter fréquente ce monde. Elle ne le pensait pas vendeur, plus consommateur mais, finalement, elle n’est pas si surprise. Ce n’est pas ce qu’elle voulait pour lui, elle qui a assisté à sa descente après le décès de son père. Elle a essayé d’être cette main qui l’aurait sauvé des abysses, mais elle n’a pas été suffisante. Elle se sent peut-être coupable même si ce sont les choix propres à Hunter qui l’ont mené là où il est désormais… et le court de la vie qui n’est décidément pas clément autant avec lui, qu’avec elle. Parce que Stacey a dû abandonner tous ses rêves après le décès de sa mère et subvenir au besoin de la famille pour qu’ils s’en sortent. Peut-être n’aurait-elle pas eu à faire ça si son père avait assuré. Mais elle et Mila n’ont pas pu et ne peuvent toujours pas compter sur leur père. Alors, elle a pris les choses en main. Ce qui la menait à faire des choix. Et petit à petit, ses choix ont fini par la mener à travailler pour le Club. Si son rôle au début n’était que simple serveuse, qu’elle avait la protection des frères Strange qui faisaient en sorte de la maintenir éloignée de ce monde de la criminalité. Désormais, maintenant qu’ils n’étaient plus aux commandes, elle y plongeait en plein dedans, son rôle étant de gérer la partie blanchiment d’argent. Une responsabilité qu’elle a accepté de prendre parce que le temps presse et qu’elle veut que sa sœur puisse poursuivre ses rêves.
Alors qu’elle a prise place sur les marches d’un petit escalier à l’arrière du Casino et qu’elle s’est livrée à Hunter, elle finit par dire que, même si elle n’est pas étonnée de le voir mêler, elle aurait aimé le savoir hors de tout ça « Dis pas de bêtises. Moi j’aurai préféré te savoir loin de ce monde, Stacey ». Elle lève son regard vers Hunter alors qu’il se décolle du mur et qu’il s’approche d’elle « Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ? Quelqu’un est au courant de tout ça ? ». « Comment j’aurai pu te le dire, Hunter ? On ne se voit plus… ». Sa remarque sort spontanément et sonne comme un reproche. Il y a toujours cet arrière-goût amer, celui qu’elle peine à oublier quand il l’a repoussé alors qu’ils ont essayé d’être ensemble des années auparavant. Elle n’est pas rancunière, mais la blessure, elle, est resté malgré le temps passé. Elle lui reproche aussi son éloignement, cette amitié qui se dégrade, qui n’est plus la même quand ils ont toujours été soudés. Mais elle n’a pas envie de parler du passé, de leur relation. Pas ce soir. Elle laisse échapper un soupir avant de reprendre « Et même, Hunt’, si tu avais été présent, je ne t’aurais rien dit. Personne n’est au courant. Je sais que personne ne le comprendrait… Et puis, ce n’est pas quelque chose dont tu parles à tout bout de champ. Tu ne peux pas en parler ». Parce que ça exposerait nos proches mais aussi parce qu’il y a des risques d’exposer le Club et que cela finisse par nous retomber dessus. Bien trop de risques qui ne méritent pas d’être pris… « J’crois qu’on est dans le même bateau maintenant ». Elle ne sait pas si elle est rassurée, même si le fait d’avoir partagé pour la première fois son implication dans le Club lui a, en quelque sorte, fait du bien. « Au moins, je sais que je peux faire confiance à quelqu’un dans ce monde ». Elle acquiesce doucement d’un signe de la tête « Tu peux… Si tu fais bien ton job, tu verras, tu auras ta place et la reconnaissance qui va avec. Et puis, il y a des gens de confiance ici… ». Des questions la taraudent toujours cependant « Tu travailles depuis quand ? Et comment tu as connu le Club, Hunt’ ? ». Son ton de voix est toujours emprunt d’une certaine inquiétude alors qu’elle a posé à nouveau son regard sur lui.
6 juin 2021. Lorsque ses yeux s’étaient posés sur la peau nacrée de la blonde, et qu’il l’avait reconnue dans la seconde, Hunter s’était complètement figé. Lui, c’était indéniable qu’il tournerait mal. Mais elle ? Pourquoi elle ? Comment s’était-elle retrouvée là ? Un tas de questions que Hunter se posait et qu’il devrait attendre de lui demander. Pour le moment, il devait faire pâle figure, ne rien montrer et jouer son jeu comme on le lui avait demandé. Avec le temps, ils s’étaient éloignés et la seule chose que Stringer savait c’était qu’elle s’occupait tant bien que mal de sa petite sœur. Qu’elle avait retrouvé contact avec son grand frère, et que Stacey se battait comme elle pouvait pour joindre les deux bouts. Mais le jeune homme n’avait pas réalisé à quel point elle galérait. Depuis toutes ces années, Hunter s’occupait de sa mère, le seul repère pour lui vraiment concret. Il savait à quel point la famille était tout aussi importante pour Stacey, et il semblerait même que cette valeur les ai amené au même endroit.
Dans l’arrière du Casino, les anciens amants se retrouvèrent. Gênés, timides, ils ne savaient probablement pas par quoi commencer. Hunter s’était collé au mur avant de rapprocher d’elle, lui disant clairement qu’il n’était pas étonné qu’il en finisse là. Par contre, il avait dû mal à mettre du sens aux raisons pour lesquelles la blonde était là. « Comment j’aurai pu te le dire, Hunter ? On ne se voit plus… » Il baissa les yeux, sentant le ton de reproche qui résonnait dans sa voix. Assise sur les marches de l’escalier, il n’osa pas la regarder. « Et même, Hunt’, si tu avais été présent, je ne t’aurais rien dit. Personne n’est au courant. Je sais que personne ne le comprendrait… Et puis, ce n’est pas quelque chose dont tu parles à tout bout de champ. Tu ne peux pas en parler » Il avait levé les yeux vers elle pour plonger ses prunelles dans les siennes. « Compris. » souffla-t-il assez rapidement. Elle ne lui aurait rien dit, au moins c’était clair. « Mais maintenant, on y est. » ajouta-t-il toujours en la regardant, il penchait légèrement sa tête venant la fixer avec intérêt. Maintenant, ils y étaient dans cette merde ensemble, donc qu’elle le haïsse ou non, ils devraient bien se serrer les coudes, non ? « Tu peux… Si tu fais bien ton job, tu verras, tu auras ta place et la reconnaissance qui va avec. Et puis, il y a des gens de confiance ici… » Il haussa les épaules, Hunter n’était pas du genre à accorder sa confiance facilement en général, donc encore moins dans ce monde-là. « Tu travailles depuis quand ? Et comment tu as connu le Club, Hunt’ ? » Il fronça les sourcils, croisant les bras sur son torse. « Qu’est ce que ça peut te faire ce genre de détails Stacey ? » demanda-t-il, intrigué. « J’y travaille maintenant, et t’inquiètes pas pour moi, je saurai me faire discret. » ajouta-t-il, Stacey devrait savoir que dans l’art de la discrétion, Hunter y excellait. « Cela devrait être plutôt moi qui te pose ces questions d’ailleurs. » se permit-il de dire avec un léger rire sarcastique. Que Hunter se retrouve dans ce monde ce n’était pas étonnant, la question était plutôt comment Stacey avait pu s’y retrouver… Mais bon, ce n’était pas vraiment la question, maintenant ils y étaient tous les deux, et c’était la seule chose à retenir.
6 juin 2021.« Compris (…) Mais maintenant on y est ». Oui, maintenant, ils y étaient tous les deux là-dedans. Elle s’en serait passée, préférant savoir tous ses proches en dehors de tout ça. Même Hunter avec qui elle n’a plus de contact depuis des années, suite à leur histoire passée. Cette relation qu’ils ont tentée de construire, ou plutôt, qu’elle a tentée de maintenir à flots. Parce qu’Hunter était détruit, détruit de la perte de son père et qu’ils ont sûrement commencé cette relation pour de mauvaises raisons. Du moins, de son côté à lui. Parce que, pour elle, les sentiments étaient sincères, l’envie de construire quelque chose l’était tout autant. Mais peut-être aussi qu’elle a essayé d’être cette lumière dans l’obscurité, espérant pouvoir le tirer des abysses qui, peu à peu, ont pris possession de lui. Stacey n’y est pas parvenue, et même s’il y a une certaine culpabilité, parce que c’est ainsi qu’elle est, il y a aussi une part d’amertume. Une part d’amertume qu’elle sait signifier à Hunter alors qu’il se trouve devant elle ce soir, dans la pénombre de cette ruelle à l’arrière du casino. Elle lui reproche de ne pas avoir été là, et indirectement, de ne pas avoir pu compter sur lui. Elle se rattrape cependant dans son reproche quand elle reconnait que, même s’il avait été présent, elle ne lui aurait jamais confessé travailler pour un gang. Elle se contente de lever son regard vers lui à sa réponse, acquiesçant tristement à ce constat qu’elle aurait préféré ne pas avoir.
Stacey a plein de questions qui se bousculent dans sa tête, notamment celles de savoir comment Hunter a pu connaitre le Club et depuis combien de temps « Qu’est-ce que ça peut te faire ce genre de détails Stacey ? ». Elle n’apprécie pas le ton qu’il prend ce qui lui vaudra d’arquer son sourcil, ne l’interrompant pour autant « J’y travaille maintenant, et t’inquiètes pas pour moi, je saurai me faire discret ». Elle l’espère, ne souhaitant pas qui lui arrive quelque chose, car ce n’est pas le genre de fréquentations qu’on peut prendre à la légère. Mais sur ce point, elle n’en doute pas finalement, quand elle a bien vu à quel point il a été discret et presque inexistant ces dernières années, ignorant totalement ce qu’il devenait… « Cela devrait être plutôt moi qui te pose ces questions d’ailleurs ». Stacey laisse échapper un soupir face à son rire « Je te l’ai déjà dit, Hunter » ajoute-t-elle sur un ton las « Je travaillais pour le resto d’Alec et Mitchell Strange, Alec a bien vu que j’étais en galère d’argent et il m’a proposé de travailler pour le bar clandestin à l’arrière du restaurant, pour m’aider à m’en sortir avec Mila ». Elle finit par se lever, incapable de rester assisse plus longtemps, inquiète quand, en plus, Hunter ne prend pas la peine de répondre à ses interrogations « Tu ne m’as pas répondu, Hunt’ » fait-t-elle en s’avançant vers lui. « J’aurai aimé que tu me laisse l’opportunité d’être là pour toi… » ajoute-t-elle alors que son regard vient à trouver le sol. Elle fait référence à cette descente dont elle n’a pu le sauver, dont elle n’a pu l’extirper parce qu’il ne l’a pas laissé faire. Et peut-être qu’indirectement, elle aurait aimé qu’il soit là pour elle aussi, mais ça, elle ne le dira pas.
6 juin 2021. La surprise de trouver Stacey dans ce casino avait été immense. Hunter n’aurait jamais pu imaginer un tel retournement de situation. Il semblait que les deux anciens amants se retrouvent dans un business qui les dépasserait complètement. Etrangement pourtant, le brun était quelque peu soulagé de voir un visage familier dans un endroit où il ne savait pas à qui faire confiance. Il aurait juste préféré que cela ne soit pas la douce Stacey qui se retrouve dans une telle situation. Il tentait de comprendre comment elle en avait pu arriver là. Lui, ce n’était pas vraiment très étonnant après tout. La blonde avait été l’une de celle qui avait toujours tenté de croire en lui. Hunter n’avait pas su gérer cette aide, lui qui refusait toutes les mains qu’on lui tendait. Il était conscient qu’il l’avait faite souffrir sans réellement le vouloir. Mais encore jeune, et totalement détruit, il n’avait pas su gérer les sentiments qu’elle avait réussi à éveiller en lui. Il avait mal géré leur relation, et son comportement n’avait pas été très sympathique envers elle. Il le savait, mais ne l’avait jamais avoué malgré les vaines tentatives d’Adèle, mais aussi d’Oliver, à tenter de les rabibocher pour le bien de la cohésion du groupe. Mais ils en étaient là maintenant, le destin les avait réunis.
Il pouvait comprendre que la blonde se pose des questions mais il n’avait pas non plus envie de se justifier. Le bilan était le même, Hunter faisait maintenant partie du Club. Il était dealer, il allait amasser le fric qu’il avait toujours voulu se faire – salement, sans aucun doute, mais c’était ainsi. Stacey ne pourrait rien y faire. « Je te l’ai déjà dit, --- Je travaillais pour le resto d’Alec et Mitchell Strange, Alec a bien vu que j’étais en galère d’argent et il m’a proposé de travailler pour le bar clandestin à l’arrière du restaurant, pour m’aider à m’en sortir avec Mila » Stacey se leva après avoir énoncé ses mots. Hunter la suivait des yeux. Le brun était assez désespéré de se rendre compte à quel point la blonde avait dû se sentir seule dans cette situation. « Tu ne m’as pas répondu, Hunt’ » Il fronçait les sourcils, ne la lâchant pas des yeux alors qu’elle s’avançait vers lui. « J’aurai aimé que tu me laisse l’opportunité d’être là pour toi… » Il détourna des yeux alors qu’elle en faisait de même. Ils ne s’étaient qu’à peine croiser ces dernières années, laissant Adèle et Oliver jouer les porteurs de nouvelles. Hunter s’était renfermé sur lui-même, seule Adèle avait continué à entretenir cette amitié difficilement. Tellement qu’ils avaient fini par fauter ensemble également. Hunter était une tornade. Il détruisait tout sur son passage, et Stacey se portait largement mieux sans lui dans sa vie. « Il n’y avait plus rien à sauver, Stacey. » dit-il finalement d’un ton las à son tour. Il était une cause perdue. « Tu n’as pas à t’en vouloir de quoique ce soit. Je porte tous les torts de notre relation gâchée, de notre amitié perdue. J’suis pas fait pour… » Il cherchait ses mots, et il osa poser ses yeux sur elle. « Tu sais bien. J’suis pas un sentimental. J’veux juste aider ma mère, c’est tout ce qui compte. Moi, et ce que je veux, c’est pas important. » Voilà la vérité. Il ne pensait pas mériter le bonheur, tout ce qu’il voulait c’était que sa mère s’accroche à la vie, et plus les années passées, plus cela devenait difficile. Son regard était triste, mais sincère. Il la fixait, voulant affronter son regard.
6 juin 2021.Cette conversation commence à la replonger dans ce passé qu’elle a tenté d’oublier, celui où, Hunter et elle, formaient un couple. Ou du moins, où ils ont tenté d’en être un ou plutôt, si on cherche à être un peu plus précis, où elle a essayé qu’ils en soient un, parce qu’elle s’est rendue compte avec le temps qu’elle était la seule à se battre pour ce potentiel couple. Mais à force, elle s’est épuisée et en se rendant compte qu’elle était la seule à tenter de sauver le navire, elle a vite baissé les bras. Elle en a souffert, c’est certain, et quand elle y repense, c’est encore douloureux. Le plus dur dans tout ça est d’avoir perdu cette amitié si particulière qui les liait tous les deux. Ils se connaissent depuis toujours, ont toujours traînés ensemble à l’école, puis au collège et au lycée, malgré les un an de différence qui les séparaient. Mais, cette relation particulière qu’ils ont eue, a eue raison de cette amitié qu’elle pensait sans faille. A quoi s’attendait-t-elle après tout ? Il était certain qu’une chose pareille arriverait, surtout avec une histoire vouée à l’échec. Est-ce qu’elle avait des regrets ? Dans ses bras, elle en avait eu aucun. Mais loin d’eux, elle en avait eu … Malgré les efforts d’Oliver et Adèle qui ont tenté maintes et maintes fois de les faire se rabibocher en amitié, rien n’est parvenue à guérir cette certaine rancœur qu’elle a pu éprouver. Ce n’est pas son genre à Stacey, pourtant, dans ce cas précis, elle est incapable de lui pardonner totalement même si c’est de l’histoire ancienne. Et puis la distance n’a pas aidé, quand il a disparu un peu du jour au lendemain, déménageant loin de Brisbane, ne cherchant pas forcément en contrepartie à venir vers elle, sauf lorsqu’elle a perdue sa mère à son tour. Un événement qui aurait pu les rapprocher, dans leur malheur commun. Ça n’a pas été le cas. « Il n’y avait plus rien à sauver, Stacey ». Il s’avouait déjà vaincu alors qu’il venait de perdre son père, il n’a pas daigné essayer de s’en sortir et c’est certainement ce que Stacey lui reproche le plus quand, elle, en contrepartie, s’est relevée « Tu n’as pas à t’en vouloir de quoique ce soit. Je porte tous les torts de notre relation gâchée, de notre amitié perdue. J’suis pas fait pour… » une relation, elle a envie de répondre à sa place. C’est d’ailleurs ce qui lui fait lever le regard sur lui et qu’ils viendront à « Tu sais bien. J’suis pas un sentimental. J’veux juste aider ma mère, c’est tout ce qui compte. Moi, et ce que je veux, c’est pas important ». Ils se ressemblent tellement. Et c’est finalement ça le plus frustrant, c’est que même avec ses points similaires, rien ne semble pouvoir les aider à se retrouver « Je ne pourrais même pas te le reprocher parce que toi et moi sommes pareils, Hunter… » lance-t-elle sans quitter son regard. « On cherche à penser à nos proches avant tout, au détriment de notre propre bonheur… Et il n’y a aucun mal à ça, finalement… ». Peut-être qu’elle essaye un peu de se réconforter, pourtant, il est bien difficile parfois te tenir le cap en s’oubliant totalement « Mais on aurait dû réussir à se serrer les coudes… ». Elle a cet air triste qui ne la quitte pas, montrant là le regret de leur amitié perdue. « on n'aurait peut-être jamais dû céder… » et avec ce petit bout de phrase, elle annonce haut et fort les regrets liés à cette relation qu’ils ont eue…
6 juin 2021. Sa relation avec Stacey semblait dater d’un autre temps. Presque dix ans s’étaient écoulés et pourtant autant l’un que l’autre semblait avoir des cicatrices encore enfouies au plus profond d’eux. La blonde n’avait rien à se reprocher, et Hunter avait préféré se montrer distant, presque odieux même pour qu’elle ne puisse avoir aucun regret d’arrêter cette relation. Stringer n’était clairement pas fait pour une relation sérieuse. Il était persuadé de ne pas avoir le droit au bonheur, une triste réalité que personne ne comprenait. Il avait cette âme torturée qu’il avait réussi à apprivoiser depuis tout ce temps. Maintenant qu’il était dealer, il se disait même qu’il avait enfin réussi à un truc qui pouvait lui correspondre, et surtout qu’il méritait. Le jeune homme ne méritait guère plus, par contre, il restait sur le cul que Gallagher se retrouve embarquer dans un tel traquenard. Il voyait au fond de ses yeux que Stacey était inquiète, mais la réciproque devait être pire. Hunter ne pouvait pas imaginer son ex dans cette situation, et pourtant il ne pouvait que la comprendre. Il faisait tout ça pour leur famille, pour la petite poignée de gens qui comptait plus que tout. Ils étaient comme ça. Ils étaient entiers, et quand ils donnaient, ils donnaient tout, même leur propre vie. La seule chose que Hunter avait tenté de sauver avec les années, était cette volonté que Stacey ne s’en veuille pas. Hunter était une cause perdue, et elle n’aurait rien pu y faire, il tentait encore ce soir de le lui faire comprendre. Le brun avait retrouvé le regard de la jeune femme, lui disant une énième fois qu’il n’était tout simplement pas fait pour une relation, il ne le disait pas clairement mais Hunter savait qu’elle avait compris ce qu’il voulait dire. « Je ne pourrais même pas te le reprocher parce que toi et moi sommes pareils, Hunter… On cherche à penser à nos proches avant tout, au détriment de notre propre bonheur… Et il n’y a aucun mal à ça, finalement… » Il avait penché la tête, la regardant avec attention alors que le duo arrivait à se parler avec une profonde sincérité, et ce n’était pas arrivé depuis bien longtemps en réalité. Il eut un soupir qui s’était échappé de ses lèvres, ne quittant pas ses yeux alors qu’elle ne disait qu’une vérité. « Mais on aurait dû réussir à se serrer les coudes… » Il se pinça la lèvre, baissant les yeux un instant, un pincement au cœur s’empara de lui, et alors qu’il s’apprêtait à répondre, à rétorquer même la blonde enchaîna : « on n'aurait peut-être jamais dû céder… » Aussitôt, Hunter fronça les sourcils. Blessé. Vexé, aussi probablement, il chercha dans ses yeux des réponses qu’il ne voulait peut-être pas entendre. « Je suis désolé de voir que tu regrettes ce qui s’est passé entre nous. » dit-il d’un ton distant, tout à coup, il avait l’impression de recevoir un poignard en plein cœur. Il recula d’un pas, puis deux, jeta un œil derrière lui avant de la regarder à nouveau. « Ce qui est fait, est fait de toute façon. » conclut-il, avec une certaine distance, attristé de constater qu’après toutes ces années, la blonde préférait oublier ce qu’ils avaient pu vivre ensemble. Résigné, Hunter ne préférait même pas la contredire. Il était juste blessé, mais il avait bien trop de fierté pour la rassurer.
6 juin 2021.Elle ne cherche pas à le blesser en évoquant les regrets qu’elle peut ressentir au plus profond d’elle-même. Ce n’est pas tant la relation en elle-même qu’elle regrette, n’oubliant pas les bons moments qu’ils ont pu avoir pendant ces quelques mois de relation, mais plutôt la conséquence de celle-ci. Si elle avait su que cette relation les mènerait droit dans le mur, elle n’aurait pas accepté de prendre le risque. Si elle avait su que cette relation mettrait en péril leur amitié, les amenant même à tirer un trait sur celle-ci, elle se serait abstenue sans l’once d’une hésitation. Parce que le Hunter qu’elle a toujours connu lui manquait énormément. Cet ami sur lequel elle a toujours pu compter durant son enfance et son adolescence lui manquait au point qu’elle tentait parfois de l’éloigner de ses pensées pour ne pas avoir à subir la douleur que cela faisait de l’avoir perdu. Elle tenait à lui plus qu’elle ne pouvait le montrer, là présentement, alors qu’ils sont à l’arrière du Casino. Stacey tenait à lui d’une manière particulière encore du fait de cette relation qu’ils ont pu avoir. Parce qu’en étant pendant neuf mois sa petite amie, Stacey avait développé des sentiments plus forts pour lui. Elle l’avait aimé, d’une autre façon. Des sentiments amoureux, forts, qui l’avaient fait souffrir quand, à contre cœur, elle a décidé de mettre fin à leur relation. Quel choix avait-t-elle après tout quand elle voyait qu’il lui échappait ? Quand elle avait l’impression qu’il n’en avait rien à faire d’elle ? Quand il en venait à se montrer odieux avec elle et qu’elle avait la sensation qu’il la poussait vers la sortie ? Ce n’est pas d’une relation comme ça qu’elle rêvait à ses côtés. Parce que, finalement, même s’il y a eu des bons moments dans leur mince vie de couple, les mauvais l’ont marqué bien plus et ont laissé une blessure qu’il est difficile de combler désormais. « Je suis désolé de voir que tu regrettes ce qui s’est passé entre nous ». Elle remarque les sourcils qui se froncent, elle remarque ce changement d’expression sur son visage et surtout, elle remarque qu’il s’éloigne. « Ce qui est fait est fait de toute façon ». « Hunter… » laisse-t-elle échapper dans un soupir, une mine désolée, la culpabilité reprenant le dessus « Je regrette ce que cette relation a eu comme conséquence sur notre amitié Hunt’… parce que… » elle s’interrompt, marquant un temps d’arrêt alors qu’elle tente un pas en avant en sa direction pour diminuer cette distance qu’il a instauré à nouveau « parce que tu me manque ». Et peut-être aussi parce qu’elle aurait eu besoin de lui lorsque sa mère est décédée, parce qu’elle aurait eu besoin de lui quand elle ne savait plus quoi faire pour s’en sortir avec Mila. Elle laisse échapper un soupir, ses yeux s’humidifiant un peu alors que son regard, fixant le sol quelques secondes, se pose à nouveau sur lui « et peut-être parce que nos vies seraient différentes si notre amitié ne s’était pas… brisée ». Elle contient ses larmes, elle a appris à être forte depuis la disparition tragique de sa mère, pour sa petite sœur. Elle ne se laisse jamais aller, ne le fera peut-être pas ce soir quand pourtant, la tristesse s’empare d’elle.
6 juin 2021. Dans les yeux de Stacey, Hunter pouvait lire beaucoup de choses, sans vraiment être certain de pouvoir bien les interpréter. Pourtant, la blonde semblait regretter profondément qu’un jour, leur relation ait bifurqué dans une romance quelque peu destructrice. Stringer n’arrivait pas à regretter leur feu couple, malgré les conséquences qui s’en étaient suivis. Le jeune homme savait que, peu importait cette relation, il serait devenu ainsi, un garçon paumé, blessé et détruit à jamais. Stacey avait longtemps été une lumière dans sa vie, mais il n’avait pas voulu éteindre cette flamme au fond de ses yeux. Hunter s’était rendu compte qu’il était toxique pour elle, et l’avait laissé partir pour son bien. Ce soir, à l’arrière du Casino, il était blessé de constater qu’elle regrettait tout ce qu’ils avaient pu vivre ensemble mais il tentait de ne rien montrer, comme à son habitude. Il s’était reculé d’un pas, d’un air détaché car il n’aimait pas montrer ce qu’il ressentait, ce n’était plus lui. « Hunter » avait-elle échappé, probablement surprise qu’il soit encore aussi distant avec elle. « Je regrette ce que cette relation a eu comme conséquence sur notre amitié Hunt’… parce que… » Le brun avait relevé le regard pour l’affronter, car il devenait curieux de ce qu’elle avait à dire. Même après toutes ces années, même après avoir perdu cette proximité, Stacey comptait toujours autant pour lui. « parce que tu me manque » finit-elle par avouer, venant se rapprocher à nouveau. Il soupira, levant son regard en l’air pour observer les étoiles. Mettre des mots sur ce qu’il ressentait n’était plus son fort – comble pour un garçon qui s’était longtemps destiné à l’écriture. « Je regrette ce que cette relation a eu comme conséquence sur notre amitié Hunt’… parce que… » Il avait reposé les yeux sur elle, remarquant ses yeux larmoyants, Hunter sentit sa gorge se nouer. Ce n’était pas quelque chose qu’il savait gérer. Il ravala sa salive tentant de reprendre un peu de contenance. « Tu n'y es pour rien, Stacey. » finit-il par dire d’une voix presque inaudible, il se râcla la gorge avant de reprendre : « Tu ne comprends pas ? Ce n’est pas de ta faute, et peu importe si on n’avait pas franchi ce pas ensemble, le résultat aurait été le même. » continua-t-il, fixant son regard avec insistance, pour qu’elle comprenne enfin qu’elle n’y était pour rien. « J’ai rejeté tout le monde – sans exception. » Oliver, Adèle, Penny, toute sa famille au grand complet, et la seule personne qui l’avait réussi à garder était sa mère, et depuis tout ce temps, il continuait de vivre pour elle. Il finit par lever une main vers elle, lentement il vint caresser sa joue. « Tu n’as pas à te sentir coupable, ni triste. Mon père est mort, et je suis mort avec lui. » Il eut un sourire pincé, la fixant d’un air attendri alors qu’il avait l’impression de revoir la Stacey enfant qui était beaucoup trop empathique envers tout et n’importe quoi. Elle avait grandi, mûri, et était devenue une femme mais elle restait toujours, à ses yeux, la fille qu’il devait protéger.
6 juin 2021. Comment pouvait-t-elle savoir qu’il l’avait laissé partir pour son bien ? Comment pouvait-t-elle le savoir quand il n’a pas cherché à lui expliquer, à lui faire comprendre que tout à l’intérieur de lui était désormais… mort ? C’est un constat bien triste à faire là d’ailleurs mais Stacey au fond, en était consciente. Parce qu’elle connaissait Hunter depuis toujours et qu’il y avait eu un Hunter avant et un Hunter après la mort de son père. Il n’était définitivement plus le même et il semblait résigner. Résigner à se laisser couler, résigner à être éteint, résigner à ne plus rien ressentir. La jolie blonde avait du mal à se faire à cette idée. Du fait de leur relation, du moins de leur rupture, leur amitié s’était brisée et elle et lui n’étaient plus du tout proche. Or, elle payerait cher pour pouvoir retrouver cette complicité perdue. Alors oui, les regrets sont présents, elle regrette les conséquences et en fait part à Hunter, même si les mots peuvent blesser, ce qu’elle ne cherche évidemment pas à faire. Mais il lui manque et pense que s’il n’y avait pas eu cette relation entre eux, ils auraient pu se serrer un peu plus les coudes et éviter tous les deux de se retrouver ici ce soir. « Tu n’y es pour rien, Stacey ». Elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle a quand même une part de responsabilité. Pour elle, elle a échoué, elle n’a pas réussi à l’aider à atteindre la lumière au fond du tunnel. « Tu ne comprends pas ? Ce n’est pas de ta faute, et peu importe si on n’avait pas franchi ce pas ensemble, le résultat aurait été le même ». Il semble résigné et Stacey a du mal à l’accepter. « J’ai rejeté tout le monde – sans exception ». Et elle le sait, car elle a bien vu qu’il a pris aussi ses distances avec Adèle, Oliver et d’autres amis avec qui il était plus ou moins proches avant le décès de son père. Hunter vient à s’approcher à nouveau d’elle et vient à caresser sa joue. La jeune femme a le réflexe de fermer les yeux quelques secondes pour savourer cette proximité retrouvée « Tu n’as pas à te sentir coupable, ni triste. Mon père est mort, et je suis mort avec lui ». Les yeux de Stacey s’écarquillent alors qu’elle retrouve le regard d’Hunter qu’elle ne lâche pas. Muette quelques secondes, elle finit par sortir de son mutisme, une larme perlant le long de ses joues « Ne dis pas ça, Hunter… ». Elle utilise un ton calme et posé alors que les mots prononcés par le jeune homme la panique intérieurement. Il peut lire son inquiétude grandissante sur son visage, il peut voir que Stacey n’accepte pas cette conclusion qu’il a sur lui-même. Sa main joint celle d’Hunter sur sa joue, elle laisse échapper un soupir avant de lui faire descendre sa main, sans pour autant la lâcher « Je… ». Alors qu’elle s’apprêtait à poursuivre, la porte arrière du Casino s’ouvre sur un des gros balourds qui sert d’agent de sécurité « Stacey, on t’attend à la table de jeu. Tout de suite. ». Il referme la porte, son ton pas très chaleureux, ne laissant pas le temps à la jeune femme de lui répondre. « Hunter, promets-moi que tu vas essayer… » commence-t-elle alors « Promets-moi que tu vas essayer de t’en sortir… ». C’est elle à son tour qui dépose sa main sur sa joue. Son visage s’approche alors du sien, elle vient y déposer un baiser sur sa joue avant de se reculer « On se reverra de toute façon… ». Si une part d’elle est heureuse de se dire ça, il y a une part d’elle, et ça s’entend à son soupir, qui ne l’est pas car l’idée qu’il soit dealeur pour le Club ne l’a réjouie évidemment pas. Mais, par défaut, autant y voir un point positif, celui qu’ils vont pouvoir peut-être ainsi renouer petit à petit. « Bonne nuit, Hunter ». Stacey tourne alors les talons et disparait derrière la porte dérobée à l’arrière du Casino, pour reprendre sa table où de nouveaux dealeurs l’attendent pour percevoir leur butin.
6 juin 2021. A l’époque, Hunter avait été loin d’être un exemple. Alors qu’il se promettait à un bel avenir, il avait tout capoté suite à la mort de son père. Ses relations s’étaient dégradées, de ses meilleurs amis à sa propre famille, Hunter avait tout rejeté en bloc ne faisant aucune différence et n’acceptant aucune aide. Aujourd’hui, il revenait sur ses pas dans Brisbane et il avait dû mal à gérer ce retour. Il rentrait dans un environnement hostile, et voir que Stacey semblait tremper dedans le rendait dingue. Mais quel était son rôle là-dedans ? Il comprenait qu’il n’avait plus le droit de rien dire, ni de rien faire en réalité. Il prit quand même son courage à deux mains, et dit des choses qu’il n’avait encore jamais dit à voix haute. Stacey n’y était pour rien, elle ne pouvait pas vivre avec cette culpabilité, Hunter ne pouvait pas la laisser dire ou ressentir ce genre de choses. La blonde était beaucoup trop empathique et Stringer tentait, tant bien que mal, de la raisonner. Il était tombé tout seul, et avait refusé tout filet. Le dealer prit le risque de rompre cette distance qu’il s’épuisait à mettre avec tout le monde. Il s’était donc approché pour lui caresser la joue tout en lui assurant qu’elle n’y était pour rien, qu’il était mort depuis longtemps déjà. « Ne dis pas ça, Hunter… » Il vit en elle qu’elle était terrorisée par de tels propos, mais c’était bel et bien la vérité. Il haussa les épaules, un sourire timide au visage pour la rassurer. « Je… » Elle prit sa main pour la joindre à la sienne. « Stacey, on t’attend à la table de jeu. Tout de suite. » Hunter avait détourné la tête pour regarder l’homme parler, il avait lâché la main de la blonde par la même occasion mais très vite, il retrouva son regard : « Hunter, promets-moi que tu vas essayer… -- Promets-moi que tu vas essayer de t’en sortir… » Elle posa sa main sur sa joue et Hunter ne quitta pas ses yeux, incapable de faire une telle promesse. « On se reverra de toute façon… » Oui pas le choix, il ferma les yeux un court instant alors qu’elle venait de lui déposer un baiser sur la joue. « Fais attention à toi. » se contenta-t-il de dire dans un murmure alors qu’elle s’éloignait finalement de lui. « Bonne nuit, Hunter. » Il fit un signe de tête, et étant donné que sa mission était accomplie, Hunter pouvait maintenant rentrer chez lui. Enfin du moins, rentrer chez Maxence là où il squattait avant de se trouver un petit quelque chose…