J'ai toujours aimé les mois de juin, encore plus depuis que ceux-ci sont officiellement considéré comme les 'pride month' et que pendant 30 jours les homosexuels peuvent espérer travailler sur leur droits et leur revendication. Depuis que j'ai 15 ans et que je connais mon orientation sexuelle, c'est une cause qui me tient beaucoup à cœur, d'autant plus encore que j'ai eu la chance de naître et de grandir dans une famille des plus aimante et compréhensive. Je sais, pourtant, que la réalité est toute différente et qu'encore trop de monde se retrouve à la rue ou, pire encore, à l'hôpital, juste pour avoir assumer une part d'eux qu'ils ne peuvent nier. Cela fait donc plus de 10 ans que je n'ai pas rater une seule gay pride ! Même lorsque j'étais en mission dans un pays lointain, je parvenais toujours à m'arranger avec mon supérieur pour pouvoir appeler mes amis en visio lorsqu'ils étaient dans un cortège.
Ainsi, une fois n'est pas coutume, c'est ici même que je me retrouve, à marcher et danser dans une foule en délire sur un char duquel parvient de la musique à fond. Habillée avec des couleurs voyantes, drapeau LGBTQ+ noué fièrement autour de mes épaules, je cris, je hurle, je rigole et je partage ma joie et ma bonne humeur à qui en veut ou en a besoin. A intervalle régulière je plonge ma main dans le seau remplit de bonbons et les balance dans la masse de gens qui s'est agglutinée autour de la route.
« Eh Louisa ! LOU !» une amie est obligé de s’époumoner pour capter mon attention tant la musique est forte. Après l'avoir cherché du regard, je fini par apercevoir Julia au pied du char et, m'accroupissant de façon à être plus proche d'elle, je l'interroge du regard «Qu'est-ce qui se passe ? » hurlais-je à mon tour afin qu'elle puisse m'entendre «Tu veux bien me remplacer un peu avec ça ? » demande-t-elle en agitant des flyers et prospectus sous mon nez. « C'est qu'il fait un peu soif» ajoute-t-elle avec malice et humour. « Yes, bien sûr !» m'exclamais-je avant de me redresser. J'attrape une bouteille d'alcool des mains d'un pote qui me regarde, faussement offusqué, et prend une longue gorgé avant de la donner à Julia lorsqu'elle se retrouve à mes côtés sur la plate forme. En échange de la bouteille, j'attrape les flyers puis me laisse glisser au sol.
Je m'éloigne du camion, un peu déçue de quitter la bonne humeur ambiante, mais fini par m'adonner à la tâche requise et commence à distribuer les bouts de papier. C'est notre façon à nouveau de distribuer autant d'amour que de réponse à beaucoup de questionnements que les gens peuvent avoir, mais aussi de faire un peu de la pub pour le HERO center pour lequel je suis bénévole depuis plus de 6 ans déjà et qui a déjà sauvé plus de personne qu'on n'aurait pu l'imaginé.
Comme beaucoup d'autres choses s'étant déroulées en 2020, Jackson n'avait plus souvenirs de la Pride de l'hiver passé. Grâce aux nombreuses investigations qu'il avait mené pour tenter de reconstituer le patchwork de sa mémoire défaillante, il était en mesure de penser que sa présence à Brisbane lors de la dernière parade était peu probable voir quasiment impossible puisqu'il était à Sydney à ce moment là. Impossible également qu'il ait passé cette marche de fierté et de célébration en compagnie de Louisa puisque cette dernière ne lui parlait déjà plus à cette époque, du moins c'est ce qu'il avait retenu de leur dernière conversation avortée dans l'oeuf par le départ hâtif d'Aquilla.
Debout face au miroir, Mills s'inspecte, un air septique sur le visage. En son for intérieur, l'agent s'interroge sur les raisons le poussant à se déguiser ainsi. La jupe bleu électrique qu'il porte au ras des fesses contraste incroyablement avec le jaune de sa perruque de Sailor Moon. Sous son débardeur blanc au décolleté ridiculement plongeant, la masse de sa musculature brille comme une provocation mais pas autant que le gloss rose Barbie dont il s'est badigeonnées les lèvres. Aujourd'hui, il le sait, Jax joue sa dernière carte. Lui qui n'a jamais accepté de se déguiser malgré les nombreuses relances de Fleming saute le pas dans l'espoir de renouer avec son amie d'enfance.
S'il n'a aucun problème avec son identité sexuelle tristement hétéro en ce jour d’ode aux différences, Jackson n'en reste pas moins tracassé à l'idée de se faire pincer les miches par les hommes qu'il croisera forcément lorsqu'il rejoindra la parade. Pas certain qu'il réussisse à contenir les réflexes primaires de poing dans la gueule et de coup de tête par lesquels il a trop pris l'habitude de s'exprimer depuis sa sortie de l’hôpital mais il se fait la promesse d'essayer de rester calme malgré la tension que génèrent les enjeux lovés au creux de ses tripes. Aussi, lorsqu'il sort dans la rue pour rejoindre les festivités, c'est avec des sourires et en secouant son drapeau arc-en-ciel qu'il répond aux sifflements et autres apostrophes des passants.
Enfin, Jax finit par rejoindre la parade. Son attention toute entière est tournée vers la recherche du char du HERO center ; l'endroit où il sait qu'il trouvera celle qu'il espère croiser aujourd'hui. Une fois la banderole de l'organise repérée à travers la foule, il coince le manche du drapeau entre ses dents et pose les mains sur la barrière de sécurité afin de sauter par dessus. Quelqu'un le prend en photo à ce moment précis. Jackson lâche prise : tant pis pour son cul retwité sur les réseaux avec le hastag #GAY, l'important est d'intercepter Louisa qu'il voit distribuer des flyers à quelques mètres de l'endroit où il se trouve.
" Hey bitchie ! " Lance-t-il à l'intention de la brune tout en se dandinant sur place pour attirer son attention sur son effort vestimentaire. Cela ne veut probablement rien dire pour la foule qui les entoure mais, pour lui, ça veut dire beaucoup. Se travestir ne fait pas partie des loisirs favoris de Jackson.
En descendant du char, je me retrouve dans la foule en délire. Colorés à souhait, des gens partageant les mêmes valeurs que les miennes m'entourent et je suis d'abord obligé de faire une série de 'free hugs' avant de pouvoir faire mon boulot : celui de distribuer les tracts et les flyers pour promouvoir notre association et donner des conseils ainsi que des numéros de téléphone d'urgence. Je passe proche des gens qui sont là, collés aux rambardes de sécurités et file les papiers à qui en souhaite. Bien trop plongé dans ce que je suis entrain de faire, je ne remarque pas qu'une personne a décidé de sauter la barrière pour me rejoindre.
Lorsque je me retourne et que mon regard se pose sur Jackson, j'hésite, l'espace d'une demi seconde, à l'envoyer balader, mais fini par éclater de rire face à sa danse et surtout son accoutrement. « J'ai toujours su que tu finirais par montrer ta part homosexuelle» rigolais-je de bon cœur alors que je me recule d'un pas pour l'observe se trémousser face à moi «Qu'est-ce que t'es sexy » je secoue doucement la tête et continue de rigoler jusqu'à ce que mon regard tombe sur un gars de la sécurité qui s'avance vers nous. Je lui fait rapidement signe que tout est ok puis fourre quelques flyer dans les mains de Jackson « maintenant que t'es là, tu peux plus t'en aller» dis-je en plongeant mon regard dans celui qui a longtemps été un de mes plus proches amis «Alors autant que tu te rende utile, hein » haussais-je les épaules en lui faisant signe de me suivre «Tu vas m'aider à distribuer ces tracts et toute la bonne humeur que tu peux offrir» je lui adresse un sourire « ok ?»
Et plus je l'observe, plus je me sens conne et idiote par rapport à notre dernière rencontre. Celle-ci remonte déjà a quelques mois de cela et tout ce qui s'est passé entre temps m'a fait réalisé que ma réaction était bien trop excessive. Jackson avait l'air tellement sincère et tellement désolé lorsqu'il m'avait annoncé n'avoir aucun souvenir de ces dernières années. Puis-je donc, réellement, lui en vouloir pour ce qu'il a fait ? Je détourne un instant le regard, juste le temps d'offrir un sourir et quelques joyeuse paroles à un couple de jeunes femmes qui attrapent mon flyer avec plaisir, avant de me tourner à nouveau vers mon ami « je suis désolé» soufflais-je en m'approchant de lui.
« J'ai toujours su que tu finirais par montrer ta part homosexuelle. Qu'est-ce que t'es sexy. » Jackson roule les yeux au ciel mais sourit. Le simple fait que Louisa soit en train de rire suffit à lui faire accepter la taquinerie car c'est, après tout, la raison de son accoutrement : retrouver la complicité avec laquelle tous deux avaient pour habitude de se charrier avant que leur amitié ne partent salement en vrille. « M'en parle pas, j'arrête pas de me faire siffler ! » Qu'il répond tout en mimant d'être à la fois flatté et profondément blasé par cet état de fait. Soudain, la brune lui colle des flyers entre les mains et exige de lui qu'il se rende utile. Comprenant qu'il s'agit d'une astuce pour éviter qu'il ne se fasse éjecter de la parade, Jax acquiesce et se met au travail. L'extravagance de son costume lui attire la sympathie du public dont certains membres insistent pour prendre des selfies en sa compagnie. Mills accepte et se prête au jeu ; la bienveillance des participants de la Pride aidant à ce qu'il se détente et finisse par considérer tout cela comme une bonne blague en soutien à une communauté dont il partage les valeurs depuis des années. En fait, depuis aussi longtemps que Fleming et lui se connaissent pour être exact.
« Je suis désolée » Jax tourne le visage en direction de Louisa. A l'instant même où leurs regards se croisent, un poids qu'il ne soupçonnait pas être aussi lourd que cela s'envole de ses épaules et laisse derrière lui une incroyable sensation de légèreté. Instinctivement, l'agent sourit puis passe un bras autour du cou de la jeune femme pour la ramener jusqu'à son torse contre lequel il la presse un bref instant avant de lui rendre sa liberté. « Moi aussi. » Ajoute-t-il en guise de réponse bien que son geste veuille déjà tout dire. Conscient du bruit et des festivités ambiantes, Jackson ne développe pas sur le sujet, préférant y revenir autour d'un verre et avec un peu plus d'intimité après la parade si Louisa en ressent le besoin. A la place, il poursuit sa distribution tout en encourageant la foule à faire du bruit sur le passage du char pour donner de la visibilité à l'association. Quitte à payer de son image, Jax y met du sien et se donne à fond. Il ne fait que rarement les choses dans la demi-mesure ...
Près d'une heure plus tard, le défilé prend fin. Les rues retrouvent un semblant de calme bien que nombre de passants toujours déguisés crient et s'enlacent lorsqu'ils se croisent. La foule se déplace : c'est désormais au sein des clubs et des bars que la fête aura lieu et ce jusqu'au lendemain matin. D'ailleurs, l'une des amies de Fleming leur propose de continuer les festivités avec l'équipe de l'association dans une boîte de nuit du quartier gay. Jackson accepte mais stipule qu'il souhaite se changer avant de rejoindre le reste du groupe. Son appartement n'est pas si loin, cela ne lui prendra qu'une vingtaine de minutes pour s'y rendre. « Tu m'accompagnes ou t'es déjà trop saoule pour ça ? » Lance-t-il en direction de Louisa qu'il a vu picoler à plusieurs reprises chaque fois que le char marquait un arrêt. Pour sa part, Mills n'en est qu'à deux gorgées de vodka, il sait qu'il peut en encaisser encore plusieurs avant de devenir un peu trop tactile et de danser sur les tables.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Mer 8 Sep 2021 - 2:27, édité 1 fois
Je soupire discrètement, soulagée, lorsque Jackson répond à ma boutade avec tout autant d'ironie. L'instant d'après, c'est un sourire qui vient étirrer mes lèvres alors que je m'approche de lui « En même temps avec un cul comme ça ...» je plonge mon regard dans le sien «Même moi je pourrais changer de bord » mon ton est mielleux, une lueur de malice venant éclairer mes pupilles. J'ai beau être attiré amoureusement et sexuellement par les filles, je sais toutefois reconnaître quand un homme est beau. Et Jackson il l'est réellement. Et en plus de tout cela, il est d'une gentillesse extrême.
Sinon, pourquoi accepterait-il aussi facilement mes excuses ? J'ai été infâme avec lui, alors que nous avons toujours été tellement proche. Et pourquoi ? Pour une histoire de cul totalement insignifiante ? En y réfléchissant bien, je tenais bien moins à mon ex qu'à Jackson, et pourtant c'est lui qui s'est prit toute ma rage de meuf bafouée dans la gueule. C'est lui qui a fait le premier pas la dernière fois, alors il est évident que c'est à moi de m'excuser cette fois-ci.
Et il les acceptes, ces excuses, le bougre, sans broncher. Il ne me contre dit pas, il ne me demande pas plus d'explications, non. Il est juste lui-même, gentil et compréhensif comme il l'a toujours été. Et il me fait me sentir encore plus conne, car clairement, je ne le mérite pas cet homme. Mais il est comme ça et c'est avec un naturel presque déconcertant que nous oublions ce qui s'est passé pour nous concentrer sur le présent et surtout l'avenir.
Pendant près d'une heure il reste là, près de moi, à m'aider joyeusement avec la distribution de tracts divers alors que nous parlons de sujets variés. C'est, aussi, d'un commun accord, que nous décidons de poursuivre la fête dans un des nombreux bars. Mais Jackson fait le beau et décide qu'il préfère aller se changer, me demandant si je souhaite l'accompagner ou si j'ai déjà trop d'alcool dans le sang « Tu déconnes ? J'ai plus rien bu depuis presque une heure, j'ai presque décuvé là !» lançais-je en levant les yeux au ciel avant d'attraper la main de mon ami et l'entraîner derrière moi.
Après qu'on se soit frayer un chemin à travers la foule et que nous nous retrouvons enfin à nouveau à l'air libre et plus respirable, je soupire doucement «T'habite toujours au même endroit ? » demandais-je en enfonçant les mains dans les poches de mon short «au 396 dogget street ?» je l'interroge du regard «Tu sais que je passe devant quasiment tous les jours quand je vais à l'arrêt de bus pour aller à la base ? » je pince les lèvres et reporte mon regard vers l'avant «je me suis toujours rappeler tous les moments qu'on a passé chez toi» un petit sourire empreint d'une douce nostalgie vient enjouer mes lèvres.
« Tu déconnes ? J'ai plus rien bu depuis presque une heure, j'ai presque décuvé là ! » Lorsqu'il hausse les sourcils en souriant de biais, Mills n'a pas besoin d'ajouter de commentaire. Cet air là, Louisa le connait mieux que personne en sa qualité d'amie de longue date : c'est son air de '' qui t'essayes de convaincre là ? ''. Lorsqu'elle l'interroge sur son adresse, Jax hoche la tête. Il profite également que l'ambiance dans cette ruelle soit plus respirable et moins condensée pour se défaire de sa perruque blonde. Sous les cheveux synthétiques, son crâne quasi rasé s'est pris un coup de chaud ; en témoignent les perles de sueur qu'il essuie d'un revers de main.
« Tu sais que je passe devant quasiment tous les jours quand je vais à l'arrêt de bus pour aller à la base ? » « Je sais ... » Répond-il, évasif. Mills ne juge pas nécessaire d'avouer qu'il a plus d'une fois manœuvré pour ne pas croiser le chemin d'Aquilla aux moments ou elle commençait ses journées pendant que lui, rendu insomniaque par les cauchemars et rongé par les remords, rentrait de ses footings nocturnes sensés l'épuiser suffisamment pour trouver le sommeil. Des jours entiers passés à somnoler sur le canapé, perdu entre deux pages de son carnet de notes, à tenter de se souvenirs et de reprendre le contrôle d'une vie laissée pour morte sur un trottoir de Sydney. « Je me suis toujours rappelé tous les moments qu'on a passé chez toi » Jackson marque un arrêt dans la marche qu'ils prennent en direction de chez lui. Il a besoin de contact visuel, de croiser le regard de son amie, pas seulement d'avancer côte à côte. « Moi aussi. » Avoue-t-il en toute sincérité.
Aussi surprenant que cela puisse paraître d'ailleurs - compte tenu de son son amnésie - mais les souvenirs de son adolescence et de tous ces moments partagés avec Louisa semblent avoir survécu au traumatisme. Seuls ceux de l'erreur monstrueuse qu'il ne se rappelle pas tout à fait avoir commise hantent son esprit tel des fantômes invisibles que Jax ne peut ni voir, ni toucher, mais dont les complaintes lui parviennent de l'autre monde. Là, il lève le poing fermé et le tend en direction de Fleming : une invitation silencieuse à taper dessus, comme ils avaient l'habitude de le faire lorsqu'ils étaient plus jeunes.
« Je tenais à m'excuser. » Jax ne précise pas pourquoi. Il sait que Louisa comprend ou il veut en venir en disant ça. « La seule chose dont je me souviens, pour le moment, c'est qu'elle me chauffait toujours quand t'avais le dos tourné et que j'ai été trop lâche pour te le dire avant que ça ne finisse mal. »
Mal. Il n'y a pas d'autre mot. Mills n'en revient toujours pas d'avoir couché avec l'ex de son amie et ne se reconnait tellement pas dans ce genre de comportement mais, comme le dit si bien le neurologue, '' une balle dans le cerveau ça vous change n'importe qui en n'importe quoi. '' Était-il possible qu'il fut un salaud et un traitre avant d'avoir son accident de terrain ? Que ses valeurs fussent si peu importantes pour qu'il en vienne à sciemment trahir sa plus vieille amie ? Difficile d'y croire. Des semaines durant, la conscience de Mills n'a eu de cesse de se chercher des excuses et d'émettre toutes sortes d'hypothèses qui pourraient justifier un tel comportement : chantage ? dérapage alcoolisé ? mensonges ? L'unique conclusion que Jackson en retire et qui se trouve également être la raison de sa présence déguisée aux côtés d'Aquilla est la suivante : qu'importe ce qu'il s'est réellement passé cette nuit là, son amitié avec la brune est plus importante que de savoir s'il avait de bonnes raisons ou de bonnes excuses.
Les potes avant les putes.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Lun 20 Sep 2021 - 19:11, édité 4 fois
En voyant l'haussement de sourcils que Jackson m'adresse, je grogne et grommelle, une grimace étirant les traits de mon visage. Il me connaît ce bougre, beaucoup trop bien. Secouant la tête, c'est limite si je ne lui tirais pas la langue par principe de gaminerie. Pourtant je ne dis rien et je lui emboîte le pas lorsque nous quittons le centre ville pour nous diriger vers une ruelle plus calme qui nous éloigne du tumulte de la fête. Côte à côte, nous avançons, alors que je lui demande de confirmer son adresse avant de lui parler avec nostalgie du fait que me rappelle encore avec bien trop de lucidité de nos journées et soirées passées ensemble. Chez lui, chez moi, dans son jardin, la plage, chez ma mère, mon frère et simplement dehors dans la nature australienne, au final peu importe où j'allais, chaque endroit me rappelait Jackson.
Et je remarque, à son expression, qu'il en est de même pour lui, avant qu'il ne l'avoue à haute voix. L'entendre dire ça me brise le cœur autant que ça me fait plaisir car c'est la preuve que nous sommes, malgré tout, toujours aussi pareil, non ? J'aimerais le croire.
Dans un soupire, j'enfonce mes mains dans mes poches, avant que mon cœur ne ratte un battement lorsque Jackson s'excuse à nouveau mais avec des explications bien plus poussé. Il m'avoue que mon ex l'a toujours chauffé quand je n'étais pas avec eux et qu'à un moment donné il n'a juste plus réussi à résister. Il aurait pu me dire tout ce que Mary lui faisait, mais il n'avait pas eu le courage pour le faire. Je pince les lèvres et laisse le silence s'installer un instant entre nous avant que je n'hausse les épaules.
« Tu sais, la seule chose qui a été blessé, c'était mon ego. Et ma fierté.» avouais-je finalement « Et tu sais parfaitement à quel point mon ego peut être énorme et combien ma fierté peut être mal placée.» je lève mon regard, le tournant vers mon ami «Et en vrai, j'ai veux plus à Mary qu'à toi. Dans toute cette histoire, c'est elle la fautive. Toi ...toi tu n'es qu'un dommage collatérale » je lui offre un petit sourire « Je suis vraiment désolée d'avoir mit beaucoup trop de temps à me rendre compte que tu n'y es pour rien dans cette histoire» enfin, si, un peu quand même : il aurait pu dire non et m'en parler, mais je crois que lui comme moi avons envie de mettre cette histoire derrière nous. «De toute manière, Mary n'en vaut pas la peine, c'est une connasse et je crois que c'est un mal pour un bien que nous nous sommes quitté » car quand je vois ce qu'elle devient, je pense que j'ai bien fait de mettre un terme à notre relation.
«Comment tu vas, toi ? » demandais-je finalement en ralentissant un peu mon pas. Et il le sait, Jackson, que cette question n'est pas anodine. Malgré la haine dont j'ai pu faire preuve lors de notre dernière rencontre, je me doute parfaitement qu'avec une amnésie telle qui l'a décrite à ce moment là, la vie ne doit pas être très facile. Mais j'aimerais bien qu'il m'en parle un peu, s'il en a le courage.
L'égo et la fierté de Louisa. Jackson se garde bien de critiquer l'un ou l'autre, conscient d'avoir ses propres défauts tout aussi détestables que ceux de Fleming. Par ailleurs, il la sait suffisamment bornée pour apprécier à sa juste valeur le fait qu'elle lui parle avec autant de sincérité. Reconnaître qu'elle a un caractère de cochon - même si tout le monde autour d'elle le sait depuis longtemps - est une main que Fleming n'est pas tous les jours disposée à tendre envers le reste de l'humanité. L'orgueil, ce monstre invisible capable de vous isoler des êtres les plus chers sans vous laisser le choix ...
« De toute manière, Mary n'en vaut pas la peine, c'est une connasse et je crois que c'est un mal pour un bien que nous nous sommes quitté. » Mills respire un peu mieux. Outre le fait d'avoir le pardon de Louisa, il se sent soulagé de ne pas avoir à recroiser Mary. Il a bien essayé de la contacter, à sa sortie de l'hôpital, lorsqu'il ne comprenait pas pourquoi Fleming ne répondait plus à ses textos, mais les réponses de l'ex de la discorde lui sont restées en travers de la gorge et quelque chose lui dit que cela n'amènerait rien de bon de recroiser cette fille. Faire front contre la masse de négativité qu'elle représente à leurs yeux lui semble être la meilleure stratégie à adopter pour préserver le lien d'amitié que Louisa et lui partagent depuis bien plus longtemps que l'un ou l'autre ne connait Mary. Alors il hoche la tête, tout simplement, acquiesçant silencieusement à l'insulte et tournant ainsi la page sur l'erreur que restera l'ex de Louisa dans leur mémoire respective.
« Comment tu vas, toi ? » Jackson inspire profondément. Le temps qu'il met à répondre à la question est une réponse en soi : rien n'est simple ; les mots semblent ne plus suffire à traduire le chaos émotionnel dans lequel il évolue depuis son accident. D'abord concentré sur le bout de ses chaussures qu'il observe sans vraiment les voir, perdu dans ses pensées à la recherche du bout par lequel commencer, Mills finit par lever le nez au ciel. Son regard s'accroche alors aux nuages et à toute cette immensité dont l'infini lui semble être une broutille en comparaison du vide logé au creux de sa mémoire. Franchement ... j'sais pas. Finit-il par avouer, une pointe de résignation dans la voix. Ce qui affecte le plus Jackson c'est de réaliser qu'il est aussi peu foutu de répondre à cette question lorsqu'elle est formulée par sa meilleure amie - la personne le connaissant probablement le mieux - que lorsque c'est la psy qui la lui pose (la personne à laquelle il refuse le plus de s'ouvrir, parce que se livrer à une inconnue ne lui inspire tout simplement pas confiance).
Le taff le manque. Enchaîne-t-il, conscient que Louisa adore son emploi autant que lui adore le sien et que tous deux ont une addiction poussée pour les décharges d'adrénaline caractéristiques de leurs missions. Comment réagirait l'aigle guerrier si on le privait de ses ailes ? Mills imagine aisément Fleming tourner en rond tel un fauve en cage, à l'image des tours de sprint que lui-même ne cesse de faire de jour comme de nuit, jusqu'à en user précocement la semelle de ses baskets de course. Les soldats de leur espèce ne sont pas fait pour vivre en laisse. Jackson supporte mal sa mise à pied et culpabilise sans cesse d'être incapable de se souvenir. Sur fond de paranoïa, il soupire et regrette amèrement la close de confidentialité de son appartenance au PSI. Le voilà condamné au silence au moment même ou avouer à sa meilleure amie que cette tentative de meurtre venait de l'interne l'aurait probablement aidé à se sentir moins acculé.
Ainsi va la vie. Jackson Mills a le dos large, il encaisse les coups et se prépare à les rendre en se consolant sarcastiquement sur le fait que Fleming sera toujours là pour venir le visiter en prison s'il se fait prendre la main dans le sac. Enquêter sur le dossier de sa propre agression lui est formellement interdit, mais Jax s'en moque. Œil pour œil et dent pour dent : il rendra à son agresseur la monnaie de sa pièce, quoiqu'il en coûte.
Je la retrouve enfin, cette inconscience et cette légère naïveté avec laquelle Jackson et moi avions l'habitude de parler. Lorsque nous étions ensemble, nous étions dans une bulle, nous trouvions notre havre de paix où il n'y avait que nous qui comptions. Pas de stress dû au travail, nous laissions nos problèmes respectifs au pas de la porte de l'appartement de l'autre et nous passions les meilleures soirées du monde. Tout à changé tellement brusquement, du jour au lendemain j'avais décidé de mettre un trait sur mon amitié avec Jackson et même si je le regrettais régulièrement, je n'avais pas la force de lui demander pardon.
Et puis il y a eu l'accident du jeune homme et j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il me disait la vérité. C'est ainsi que j'ai décidé de laisser tomber toutes les barrières lorsqu'il a décidé de refaire un pas vers moi. Il a tôt fait de me pardonner mes agissements bien trop irréfléchi et voilà que je nous nous retrouvons en route vers son appartement.
Ce qui aurait pu être une conversation douce et légère finit toutefois par prendre une toute autre tournure lorsqu'il m'avoue ne pas savoir comment il va. Je m'immobilise un instant puis le rattrape, attendant d'autres explications...Qui ne viennent malheureusement pas. Tout ce qu'il me dit c'est que son travail lui manque et ça veut, finalement, tout dire.
«Je ne te comprends que trop bien » dis-je en reprenant ma place à ses côtés « Tu veux en parler ?» demandais-je en m'approchant un peu de lui «Je veux dire ...je ne suis pas la meilleure des psychologues, j'en ai rien à foutre des problèmes de ceux qui ne s'appellent Jackson Mills» je lui offre un doux sourire avant de m'immobiliser face à son appartement pour le laisser passer devant «Est-ce que tu peux t'aider d'une quelconque façon ? » demandais-je en le suivant à l'intérieur.
Une fois la porte refermée derrière moi, je me déchausse et retire ma veste « D'ailleurs je ne t'ai jamais demandé ce qui s'était passé pour que tu ...» ai perdue la mémoire ajoutais-je pour moi-même, incapable de savoir comment Jackson réagirait si je met des mots sur sa conditions «Tu peux m'expliquer ? » je sais qu'il travail souvent sous des clauses de confidentialités strictes qui ne lui permettent pas d'en parler avec la première personne venue, mais il sait que c'est aussi le cas pour moi et que j'emporterais son secret dans ma tombe.
« Je veux dire ... je ne suis pas la meilleure des psychologues, j'en ai rien à foutre des problèmes de ceux qui ne s'appellent Jackson Mills ». Touché par la remarque de Louisa, Jax lui rend son sourire et la bouscule gentiment d'un petit coup d'épaule administré lorsqu'elle se rapproche de lui. Ensemble, ils arrivent à hauteur de son appartement. Mills coince la perruque et le drapeau sous son bras avant de plonger la main dans le fond de sa poche à la recherche de ses clés. S'effaçant pour laisser entrer Flemming, il se fait la réflexion que cela fait des lustres qu'ils ne se sont plus retrouvés au domicile de l'un ou de l'autre comme ils avaient l'habitude de le faire avant que la vie ne les précipite dans le tourbillons de ses tourments. « Est-ce que tu peux t'aider d'une quelconque façon ? » « T'es là, ça me suffit. » Réplique Jacksonienne par excellence : pudique ; ponctuée d'un clin d'œil comme pour rendre plus léger cet aveu d'affection profonde. La seule présence de la jeune femme à ses côtés suffit à lui remonter le moral. Quelques heures auparavant, il quittait son logement le cœur lourd, conscient de jouer la dernière carte de son entreprise de sauvetage de leur amitié et, maintenant, il retrouve son salon en compagnie de celle qu'il était parti convaincre. Tout n'est donc pas si noir, il faut qu'il l'admette.
S'ils doivent continuer la fête au bar ou en boîte de nuit, Jackson préfère se mettre à l'aise. Dans cette tenue de Sailor Moon, il s'imagine mal profiter des festivités sans avoir constamment à tirer sur sa jupe pour s'assurer que ses fesses restent hors de portée des mains baladeuses. Gay friendly, oui. Gay tout court, non. Aussi se déchausse-t-il en même temps que Louisa avant de traverser le salon pour rejoindre la chambre. D'un signe de tête, il invite Fleming à le suivre, tous deux peuvent continuer cette conversation pendant qu'il se change. Il a déjà commencé à se déshabiller lorsque la jeune femme lance sur le tapis un sujet épineux : « D'ailleurs je ne t'ai jamais demandé ce qui s'était passé pour que tu ... » Silence. Pas besoin de verbaliser, Jax a parfaitement compris ou elle voulait en venir. « Tu peux m'expliquer ? » La question n'est pas de savoir s'il peut - car il est bien évident que tout ce qui touche au projet epsilon est placé sous secret défense mais plutôt s'il veut.
Prenant comme prétexte l'enfilage de son jean pour étirer un peu plus le silence, Jackson trie mentalement les informations avouables et celles qu'il ne peut divulguer sous aucun prétexte. Tenants et aboutissants s'entremêlent, d'autant plus que, de part son grade au sein de l'armée australienne, Louisa pourrait être amenée à avoir de gros problèmes si l'on découvrait dans le futur qu'elle avait été mise au courant d'un projet d'espionnage interne sans en avoir remonté l'existence à sa hiérarchie, comme son engagement le lui ordonne. Tout ce que Jackson ne souhaite pas, c'est de mettre son amie dans une position délicate de mensonge par omission car lui plus que n'importe qui sait à quel point les règles d'éthique de leur ministère peuvent être inflexibles. Pourtant, cette perche tendue, il ne peut s'interdire de la saisir. D'une part parce qu'il lui doit bien quelques explications après tout ce qu'il s'est passé entre eux depuis la tromperie, d'autre part parce que s'il ne peut faire confiance à Fleming, alors Mills ne peut faire confiance à personne.
« Ma dernière mission s'est soldée par un échec. » Articule-t-il protocolairement tout en refermant la boucle de sa ceinture. Puis, après avoir relevé la tête et croisé le regard de la brune dont l'expression démontre clairement qu'elle attend de lui qu'il ne lui serve pas la même soupe standardisée que celle qu'il veut bien servir à la psy, Jackson soupire et se laisse tomber sur le lit. Le regard tourné vers le plafond, il rabat l'une de ses mains en visière afin de se masser la tempe. Toute cette histoire est si compliquée qu'il en a la migraine chaque fois qu'il s'applique à en démêler les nœuds. « Code C. » Reprend-il dans le jargon militaire, avertissant ainsi que tout ce qui va suivre n'a officiellement jamais été dévoilé et qu'elle devra feindre de ne pas savoir si on lui pose un jour la question. C, pour confidentiel. « On s'est fait baiser. » L'amertume dans la voix de Jackson est palpable. « J'suis parti à Sydney en mai dernier pour rattraper un suspect en fuite, mais je suis sûr désormais que c'était un leurre. Quand j'suis arrivé sur place, j'me souviens plus comment, mais j'ai remonté la piste jusqu'à me faire headshot dans une zone industrielle des quartiers sud. » Les mots sont durs, le ton est froid. Il est évident que l'égo de Mills en a pris un coup et que le fait d'avoir été un lapin que l'on attire avec une carotte pour mieux le snipper le ronge plus qu'il ne veut bien le montrer. « Ca vient de l'interne, Louisa. » Coup de massue. L'interne, c'est l'armée. L'interne, c'est leur famille d'adoption, c'est le drapeau qu'ils défendent et pour lequel ils ont promis de mourir en cas de conflit. Même s'ils travaillent pour différentes branches du gouvernement, Jackson sait que son amie ressentira comme lui la trahison que cela représente d'apprendre qu'un frère a essayé de le tuer.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Mer 17 Nov 2021 - 2:27, édité 1 fois
Ça m'avait manqué tout ça, cette insouciance dont Jackson et moi avions pu faire preuve à l'époque, ces années où nous étions juste deux adolescent sans problèmes aussi grave que ceux que nous avons actuellement. Ça aurait pu continuer longtemps, en vrai, si je n'avais pas été celle qui a mit un terme à cette douce amitié dans laquelle nous étions. C'est aujourd'hui que je me rends réellement compte de ce manque amicale dans ma vie, alors que nous sommes là à renouer et à faire comme si personne de nous n'avait fait quoique ce soit pour ternir notre relation.
Malheureusement, la légèreté avec laquelle nous parlions fait très vite place aux thèmes moins réjouissant : les problème dans la vie de Jackson. Je sais, après plusieurs recherches internet, que son amnésie n'était pas une blague comme j'aurais aimé le croire la dernière fois, mais depuis je ne cesse de me triturer l'esprit : pourquoi ? Quand ? Comment ? Qu'est-ce qui s'est passé pour que la mémoire de mon meilleur ami ne lui fasse autant défaut ? Je connais son métier, je sais que celui-ci n'est pas des plus safe mais Jackson a toujours été droit et n'a jamais prit de décisions qui auraient pu mettre sa vie ou celle des autres en péril. Et pourtant, il a finit à l'hôpital. Que s'est-il passé ? Comment sa garde a-t-elle pu être brisée ? Tant de questions auxquelles j'aimerais tant avoir des réponses, mais qui n'en n'auront pas car je connais le protocole et la confidentialités des missions auxquelles il participe.
Toutefois, je ne peux m'empêcher de poser une question générale : que s'est-il passé ? Il y a bien des choses que Jax peut me révéler. Il peut omettre des détails sans aucune problème, je ne lui en voudrais pas mais j'aimerais comprendre, en gros, ce qui s'est passé. Et finalement, après quelques minutes de silences, mon grand ami reprend la parole. Se laissant choir sur son lit, son ton étant très peu assuré, il m'annonce que sa dernière mission a été un échec. Fronçant les sourcils, je l'observant et l'interroge du regard, croisant les bras sans bougé de ma position. En silence, je le laisse continuer et hoche une fois la tête lorsqu'il m'annonce un code C. Par pur reflex, je lance un coup d’œil au dessus de mon épaule et, du pied, je viens fermer totalement la porte de sa chambre. C'est idiot car je sais que nous sommes seuls ici, mais ne sait-on jamais !
Les yeux fermés et se massant les tempes, l'agent fédéral reprend la parole, expliquant les détails de sa dernières missions qui s'est fini par un headshot pour lui. J'essaie de ne pas trop réagir, mais je ne peux empêcher ma gorge de se serrer et mes yeux de s'écarquiller alors que le ton de Jax se fait plus torturer lorsqu'il annonce que ça venait de l’intérieur. «Merde... » soufflais-je en déglutissant. Je pince les lèvres, puis soupire doucement et m'avance vers le lit sur lequel je prend place aux côtés du jeune homme « Aux prochaines questions tu pourras répondre que par oui ou par non» dis-je en croisant les jambes devant moi « vous savez qui c'est ?» demandais-je en posant mon regard sur Jackson «l'assaillant a été attrapé ? » je dévie le regard « Je suis désolée» finissais-je par souffler sur un ton bien moins assurée qu'à l'accoutumé et soupire doucement «Désolée pour ce qui s'est passé, pour toi parce je n'ose même pas imaginé à quel point toute cette situation est horrible et de ne pas avoir été là pour toi dès le début juste parce que j'étais trop fixé dans un putain d'avis avec une fierté à la con » je secoue doucement la tête « Je sais que ça ne vaut pas grand chose et que ça ne rattrape pas le temps perdu mais ...je suis là maintenant. Et je n'irais nulle part» assurais-je en hochant la tête, sincère dans mes propos.
Ses paupières restent résolument closes, ses sourcils froncés. Impossible de savoir si Jackson garde les yeux fermés afin de se préserver de la réalité extrêmement violente que représente pour lui le fait d'avoir été trahi par un frère ou s'il s'enferme dans l'obscurité de sa tête pour, au contraire, tenter une fois de plus de se souvenir d'un détail qui aurait échappé à son amnésie. Des jours, des semaines, des mois même qu'il gratte le papier peint de sa mémoire à la recherche d'un indice capable de lui donner une piste et tout autant de temps qu'il n'en finit plus de boire la tasse, se noyant dans sa rancœur et son besoin quasi viscérale de vengeance. Rien de tout cela n'est bon pour lui, Mills le sait, intègre parfaitement le concept et la logique derrière cette affirmation mais ne parvient pas à lâcher prise. Il lui faut des réponses, il lui faut de la justice et, plus qu'il ne souhaite l'admettre, il lui faut du soutien.
Ca, Louisa semble parfaitement le comprendre. Mills n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour deviner qu'elle se rapproche de lui car le matelas tangue soudainement sur sa gauche. « Aux prochaines questions tu pourras répondre que par oui ou par non [...] » « Non. » Il ne connait pas encore l'identité exacte du coupable, mais toute son équipe est sur le coup et Jackson ne peut se résoudre à croire qu'ils ne finiront pas par mettre la même dessus. Toute cette partie de cache-cache n'est en réalité rien d'autre qu'une guerre des nerfs, une mise à l'épreuve de sa force mentale et de sa capacité à accomplir sa mission. Mills veut savoir, il ne s'arrêtera pas, l'abandon n'est pas une option. C'est pourquoi il répond également « non » à la deuxième question d'Aquilla. Certes, la taupe après laquelle il courrait fut retrouvée raide morte dans le même secteur de Sydney que lui au lendemain de l'accident, mais tous au sein du PSI sont d'accord pour supposer qu'il s'agit là d'une tentative de dissimulation. Voyant que cette mission échappait à leur contrôle, les têtes pensantes ont fait ce qu'elles savent faire de mieux : sacrifier des hommes. Lorsqu'il laisse son imagination et sa paranoïa prendre le dessus, Jax n'a aucun mal à supposer que la taupe en question n'était qu'un pion, comme lui. Peut-être même que ce mec s'est fait descendre avec la certitude de faire partie du bon côté de la force ... S'il savait qu'accepter de s'engager dans la lutte contre la corruption le mettrait face à des cas de conscience autrement plus costauds que ceux auxquels il avait pour habitude d'être confronté avant d'intégrer le projet Epsilon, Mills n'en reste pas moins amer de constater à quelle point la guerre peut prendre différentes facettes et que l'une des plus abjectes d'entre elles reste encore celle où les soldats sont en col blanc et les armes en signatures d'actes de mission suicide.
« Je suis désolée. » Jackson rouvre les yeux, interpelé par l'inflexion de sa voix. Silencieux, il tourne la tête en direction de Louisa. La compassion de ses propos le pénètre comme une vague de chaleur en pleine hiver. Fleming n'est certes pas la première à lui tenir ce genre de discours amical et réconfortant, mais Jax ne laisse que peu de propos passer la douane inflexible de la distance qu'il met entre le monde et lui depuis sa sortie du coma. Venir adoucir son cœur dur comme la pierre et éclaircir les ténèbres de sa solitude volontaire n'est pas une opportunité qu'il offre au premier venu. En cet instant, Aquilla est plus proche de lui que n'importe qui n'a pu l'être depuis ... 8 mois. « ... Je suis là maintenant. Et je n'irais nulle part. » Un silence chargé d'émotions innommables s'installe au dessus du lit avant que Mills ne tende le bras en direction de la jeune femme. Délicatement, il l'invite à prendre place sur son torse, calée contre son flanc. Louisa et lui n'ont jamais été ce genre d'amis tactiles aux accolades faciles et aux gestes affectueux ostentatoires mais la situation n'a rien à voir avec tout ce qu'ils ont pu partager jusqu'à présent. Mills la veut contre lui au moment de répondre : « J'peux pas imaginer la détresse de perdre un père ... » Commence-t-il, l'estomac contracté rien qu'à penser que son tour finira fatalement par arriver, comme le veut la logique de la vie. « Mais j'suis là. » Et il est désolé, bien sûr, d'avoir raté cette perte épouvantable ; de ne même pas avoir eu l'occasion de déposer une fleur sur le cercueil. Toute cela, Louisa peut le deviner dans la façon dont il la presse contre lui. Ses actes parlent plus que ses mots. Jackson Mills, un homme d'action.
(c) sweet.lips
Dernière édition par Jackson Mills le Ven 3 Déc 2021 - 23:25, édité 1 fois
Jackson a toujours été cet homme fort et viril, celui qui ne s'autorise pas (ou peu) d'émotions car il sait que dès lorsque son métier est fait avec des émotions, celui-ci risque de le bouffer. Mais même en dehors du travail il est comme ça. Un caractère froid, un ton pas toujours évident à comprendre, et pourtant il faire partie des êtres les plus adorable qui existe sur terre. Il faut juste réussir à percer sa carapace et c'est ce que je parviens à faire aujourd'hui.
Comme autorisé, il répond par la négative à mes deux questions et je pince les lèvres en une grimace compatissante. Je me doute fortement que tout cela le travail bien plus qu'il ne souhaite me le montrer et c'est pour cette raison que je m'autorise à me glisser dans l'espace personnel du jeune homme en prenant place à ses côtés. Dans un soupire, je lui dis à quel point je suis désolée pour tout ce qui s'est passé dans sa vie avant de lui assurer que je suis là et que je ne bougerais plus s'il a besoin de ma présence.
Et c'est alors que Jackson plonge son regard dans le mien en ouvrant les bras, m'invitant dans une étreinte qui est tellement rare entre nous. Souriant avec douceur, je ne me le fait pas demander deux fois et m'allonge à moitié sur lui, fermant les yeux lorsqu'il referme ses bras sur moi. Ces câlins sont rares voire inexistant chez nous, alors lorsqu'ils arrivent ils ont une très grosse signification. Après quelques instants de silence, mon meilleur ami reprend la parole, ses mots étant tournés directement vers moi.
Je me tend un peu lorsqu'il me dit avec douceur ne pas pouvoir comprendre la détresse que c'est que de perdre un père mais qu'il est là. Et dans ses gestes, je comprends que ses promesses sont belles et sincères. «Il me manque tous les jours » dis-je doucement alors que mes doigts s'agrippent un peu sur le t-shirt de l'agent «Tu l'aurais adoré » dis-je finalement sur un ton un peu plus léger «C'était une personne incroyable et magnifique de corps et d'esprit. Rien que le fait qu'il n'ai pas hésité une seule seconde pour me reconnaître, m'offrant ainsi la stabilité d'une famille dans un autre pays, je ne l'en remercierais jamais assez. Mes grands frères et ma petite sœur sont tellement cool aussi et j'ai encore énormément de contact avec ma belle» je pousse un soupire « Les mois qui ont précédés son décès et ceux qui venaient après n'étaient vraiment pas top et je pense que j'aurais pu sombrer assez bas si je n'avais pas eu du soutient de mon autre famille et mes amis » je relève mon regard sur Jackson et lui adresse un petit sourire «Merci» mon sourire s'agrandit un peu plus et se fait plus sincère avant que je ne me redresse un peu pour changer de positions, ma main se posant pour cela sur le torse du jeune homme « Eh ben dis donc ...» soufflais-je en baissant mon regard sur le ventre caché par un t-shirt « Je savais que t'étais musclé, mais pas à ce point ...» je tourne une moue impressionnée vers mon ami «T'es plein de surprise dis donc » et c'est ainsi, avec ces paroles, que je décide de retrouver le côté léger qui manque de trop à nos conversations.
« Il me manque tous les jours ... Tu l'aurais adoré »
En l'écoutant parler de son père, Jax revoit défiler dans son esprit les photos d'une Louisa quinze ans plus jeune, emmitouflée dans d'épais vêtements de neige, des patins aux pieds et une feuille d'érable sur la tuque. Il se souvient l'avoir jalousé lorsqu'elle revenait de ses vacances à Montréal des discours plein de souvenirs des matchs de hockey qu'elle allait voir avec sa fratrie canadienne tandis que lui restait à Brisbane, privé de sa meilleure amie et des 400 coups qu'ils avaient pour habitude de faire ensemble durant l'année scolaire. Cette imagine qui arrache une sourire nostalgique tandis qu'il sent Flemming lui rendre son étreinte. Le temps passe toujours trop vite auprès de ceux que l'on aime et s'étire épouvantablement lorsqu'ils nous sont enlevés. « Ca m'rassure de te savoir bien entourée. » Répond il, bienveillant. Jusqu'à tout récemment, Mills croyait encore que l'armée était leur seconde famille, qu'elle serait toujours là pour eux en cas de coup de durs et qu'ils ne seraient pour ainsi dire jamais seuls. Mais c'était avant de vivre l'expérience de se faire planter un couteau dans le dos et de perdre toute confiance en cette ins' Aquila n'en manquait pas était une bonne chose.
« Eh ben dis donc ... » Jackson arque un sourcil, tiré de ses pensées par les gesticulations de Louisa. « Je savais que t'étais musclé, mais pas à ce point ... T'es plein de surprise dis donc. » En guise de réponse, Mills se redresse en position assise et bombe fièrement le torse, au risque de paraître imbu de lui-même. Leur amitié dépasse les apparences du superficiel mais Louisa le connait suffisamment pour savoir qu'il aime ça, Jax, qu'une femme lui dise qu'il est fort et beau. « Matte ça ! » Ajoute-t-il en soulevant son t-shirt, laissant apparaître des abdos tracés par la course et des pecs gonflés par la boxe. Il faut bien des avantages à se retrouver suspendu avec des nuits blanches entières à tuer faute de parvenir à trouver le sommeil. L'entraînement, c'est plus que de l'activité physique pour l'agent Mills, c'est une thérapie à part entière, un exutoire. Le sourire aux lèvres, Jax lâche le pan de son vêtement avant de s'extraire du lit. « Allons remuer ces deux corps sexy sur la piste de danse ! » S'exclame-t-il. « J'suis sûr qu'il y a plein de minettes qui attendent d'être impressionnées par tes courbes ravageuses. » Le clin d'œil qu'il décoche à Fleming se veut aussi complice que provoquant. Tant pis s'il a beaucoup moins de chances de conclure qu'elle au sein des bar gays dans lesquels les attendent leurs amis de la Pride. Après des mois passés sans rien partager d'autre que du silence et de la rancœur, Jackson compte bien célébrer leur réconciliation. La nuit qui s'en vient s'annonce aussi déjantée que torride !