Samedi 12 juin -> Depuis quelques semaines ma vie à radicalement changer. Je me sent enfin revivre. La présence de Lissa redonne un sens à ma vie. J’ai recueilli depuis peu la meilleure amie de ma filleule. Concours de circonstances, son papa atteint d’un cancer généraliser c’est éteint tragiquement. Mon agrément en poche, je n’ai pas hésité à sauter sur l’occasion pour la prendre sous mon aile. Je la connais bien pour l’avoir garder avec Rose. L’amitié entre les filles est si belle. Elle me rappelle celle que j’entretiens avec Lyla et Diego. Je ne voulais vraiment pas que Lissa se retrouve à l’autre bout du pays avec des inconnus. Quand je la vois jouer avec Akela, je ne peux m’empêcher de sourire. Ils s’entendent tellement bien ces deux là. Je la surprends parfois en train se confier à lui. Mon chien l’écoute toujours d’une oreille attentive. Parfois il penche la tête tout en la fixant. La scène et si adorable, comment ne pas fondre. Je viens interrompre leur petit tête dans le salon pour le goûter. « Lissa tu viens prendre ton goûter » Elle se retourne sur moi avec un large sourire aux lèvres. Akela me fixe en dressant droit ses oreilles. Qui dit goûter dit possibilité de grignoter un petit morceau de gâteau. Ce chien est glouton. « Ouaiiiisss ! Tu viens Akela ? » Il aboie en faisant un bon hors du canapé. Ce qui fait dresser les poils de Kitty. Un Bengal que j’ai adopter récemment. Elle n’est pas encore très habituée à la présence canine. Je lui offre une caresse alors qu’elle vient de se percher sur le plan travail de la cuisine. Je sors les cookies qu’on a faits toutes les deux une heure plus tôt. Une bonne odeur de biscuit s’échappe de la cuisine. « Regarde comme ils sont beaux. Un vrai petit chef. » Que je lui dis en me penchant sur elle pour baiser sur le front. Lissa a prit beaucoup de plaisir à les confectionner avec moi. J’avoue qu’elle se débrouille bien pour une enfant de six ans. Bientôt sept. Son père la bien élever. La pauvre petite n’a pas connu sa mère. En lui donnant la vie, elle a perdu la sienne. J'espère sincèrement que Lissa va retrouver une vie plus joyeuse avec moi. Je me pose avec elle autour de la table de cuisine. Elle boit son lait et moi mon café. Ça me démange de m’en griller une. Interdiction de fumer à la maison. Encore moins en présence d’enfant. C’est une règle que je me fixe et que je respecte. La tasse vient frôler mes lèvres. Je souffle sur ma boisson afin de la faire refroidir avant de la boire. Lissa dévore les cookies les uns après les autres. Un sourire s’étire sur mes lèvres en voyant sa moustache de lait. Je me penche sur elle pour essuyer sa bouche avec mon pouce. « Petit cochon » Elle se met à rire. Mon sourire s’étire un peu plus. Je l’autorise à quitter la table. Puis je m’occupe de tout nettoyer derrière elle. Grâce à Lissa je découvre le bonheur d’être maman. Une maman de substitution certes. Mais une maman quand même. Je ne désespère pas de porter la vie un jour. Ma première grossesse fut hélas un échec. Je me dis que ce n'était pas le moment. J’y pense parfois. L’IVG est choix parfaitement assumé. Si c’était à refaire je le referais. J’estime que c’est une chance de pouvoir avoir recours à la médecine. Je ne me vois pas élever un enfant trisomique. Durant mon parcours professionnel j’ai eu l’occasion d’en garder. Je sais très bien ce que ça engendre. Je suis bien placé pour savoir.

Les vibrations de mon portable se font sentir dans la poche arrière de mon jean. Ce qui est embêtant c’est que mes deux mains sont émergées dans l’évier. Je suis en pleine vaisselle, le moment n'est pas très opportun. Je secoue mes mains pour m’ôter la mousse puis je récupère mon téléphone. Maladroite, je le fais tomber dans l’eau. « Et merde … » Heureusement de nos jours les portables sont étanches. Je le sors de là. Une moue s’affiche sur mon visage lorsque je vois la mousse s’égoutter de l’écran. Mais mon sourire reparaît en constatant que la notification vient de Diego. Il propose qu'on aille boire un verre ensemble dans le centre. Pourquoi pas. Ça fait un bail qu’on n’a pas pris le temps de se voir. J’avoue que ça commence à me manquer. Fut un temps on passait plus clair de notre temps ensemble. Mais notre vie d’adulte à prit le dessus malgré nous. D’ailleurs en parlant de responsabilités, les rires de Lissa me ramènent à la réalité. Je me mords l’intérieur de la joue en réfléchissant. Je l’amènerai bien avec moi mais en ce moment c’est le Pride Month. Ce n’est pas vraiment la place d’une enfant de son âge. J’appelle donc Lyla à la rescousse. Ce n’est pas Rose qui dira non. A peine j’annonce le programme à Lissa qu’elle saute joie. Parfait. Tout le monde est content.

A bord de mon 4X4 Mercedes, je conduis jusqu’a chez ma meilleure amie pour déposer ma petite protégée. « Pas bêtises avec Rosie ! Sinon plus de soirée Pyjama » « Je serais sage promis » Elle me fait son sourire angélique. Comment ne pas craquer. Cette petite est un ange. Je passe en coup de vent chez Lyla. Si je commence à papoter avec elle je ne décollerai plus. Et si y a bien un truc que je déteste c’est arriver en retard. Les rues sont déjà bondées. Je galère à trouver une place. J’opte pour le parking souterrain. Diego ne devrait plus tarder. Il est peut-être même déjà là. Je profite d’être à l’extérieur pour m’allumer une cigarette. Si Adriel me voyait il me tuerait. Avec Gus c’était différent. On était un peu pareil lui et moi. Je m’installe à la terrasse du bar puis je patiente l’arrivée de Diego. Les rues sont noires de monde. « Vous savez pourquoi il autant de monde dehors ? » Que je demande au serveur. « C’est la parade du Pride Month » Ha mais ouiii exacte ! J’avais complètement zappé. « Merci pour l’info » Au passage je commande un Morjito, ça va faire venir Gutiérrez. Je ne sais pas s’il est au courant de tout ça. Perso ça ne me dérange pas. Ça sera l’occaz’ de s’amuser encore plus. J’ai rien contre la communauté gay. Je ne ressens pas particulièrement d’attirance pour les femmes. Mais ça ne m’empêche en rien de respecter l’orientation sexuelle de chacun.

Samedi 12 juin -> J’observe d’un air curieux tous ces gens qui défilent sous mes yeux. Ce que je remarque surtout ce son leurs sourires radieux. Ils ont tous l’air d’être comblé de bonheur. S’en est presque communicatif. On me fait signe de les rejoindre, mais je lève mon verre pour leur montrer que je suis déjà occupé à siroter mon Morjito. Peut-être plus tard si ça tente Diego. Je tape ma cigarette sur le bord du cendrier pour faire tomber la cendre. « Ambre ! » Je reconnaîtrais cette voix entre mille. De suite je relève la tête et le cherche du regard. Mais de là où je suis mon champ de vision est obstrué par la foule. Je me lève donc de ma chaise en cherchant mon ami. « Diego ! » Il est là ! Juste à quelques pas de la terrasse. Je lève la main pour lui faire signe de s’approcher. « Je suis là » Le pauvre, il me semble bien de l’embarras. Après s’être faufilé entre tous ces gens, il parvient enfin à m’atteindre. Je lui offre immédiatement un sourire bienveillant. « Tu sais ce qui se passe ? Pourquoi il y a autant de monde ? Pourquoi ils sont tous habillés comme ça ? » Je suis son regard pour tomber sur ses hommes qui s’embrassent pleine bouche sans complexe. La réponse me semble évidente. Un petit rire m’échappe. « Bienvenue au du Pride Month !! Apparemment c’est la parade aujourd’hui. Quelle aubaine ! » Ou pas … j’en sais rien. S’il voulait un moment tranquille entre amis c’est raté. Où faudrait changer de quartier dans le pire des cas.

« Je suis désolé d’être en retard, j’ai dû traverser la foule » Ma main sur son épaule, je remue la tête en souriant. Ses excuses n’avaient pas lieu d’être. « Ne t’excuse pas. Tu sais bien que j’ai toujours une longueur d’avance. » En effet, j’ai toujours eu cette manie de me pointer quinze minutes plus tôt, voir plus parfois. Le jour où mes amis arriveront avant moi, LÀ je m’inquiéterais. Je lui fais la bise en retour avant de rejoindre ma chaise et mon verre de Mojito qui ne demande qu’à être bu. « Comment ça t’as commandé sans moi ! » Je lâche un rire avant de répondre. « C’était pour te faire venir plus vite. T’as vu sa marche » que je lui dis en le pointant avec mon menton. J’appelle le serveur en levant ma main pour capter son intention. Il s’approche et prend la commande de Gutiérrez.

L’attitude de Diego devient vite plus …fuyante. Je sens comme un malaise. Il fixe sans arrêt ses gars qui s’entichent l’un de l’autre. Comme si ça le dérangeait de voir deux hommes ensemble. C’est un sujet qu’on n’a pas vraiment abordé ensemble jusqu’à maintenant. « Tu vas bien ? » Je détache mes yeux de ses inconnus pour les reposer sur mon ami. « Bah écoute, oui ça va. J’ai repris mon activité de famille d’accueil. Je garde une petite qui vient de perdre son papa récemment. Elle s’appelle Lissa, c’est un amour » En vérité je la connaissais déjà d’avant mais il ne me semble pas que Diego m’a déjà croisé avec ma filleule et sa meilleure amie. « J’ai adopté un chat. Le même qu’Adriel. Je crois que j’étais nostalgique …. Haha. D’ailleurs, on s'est revu … » Je reste évasif sur le sujet Mayers. Diego n’est pas sans savoir que je l’ai quitté en novembre. Tout ça c’est clair dans ma tête. Mais une partie de moi éprouve toujours un petit quelque chose pour le brun. « Et toi ? Ça va ? Tu m’as l’air contrarié … tu sais que tu peux tout me dire hein » Le serveur vient déposer la consommation de Diego sur notre table. Je lève mon verre dans sa direction pour trinquer. « Au Pride Month » que je dis avec humour. Après tout on baigne dedans. « D’ailleurs, t’en penses quoi toi ? De tout ça ? » Je pose la question sans rien laisser paraître de mon côté. Je ne veux pas influencer sur sa réponse. Mais ça me rend curieuse de savoir ce qu’il en pense. Il n’a pas l’air à l’aise avec la communauté gay. Pourquoi ? Je tire une latte de ma cigarette pour ensuite rejeter la fumée vers le ciel. Je patiente sagement sa réponse.

Samedi 12 juin -> Ça me fait plaisir de passer un peu de temps avec Diego. Quand on était plus jeune - C’est vrai qu’on est vieux maintenant - on passait le plus clair de notre temps ensemble. En vieillissant nos priorités ont changé. Mais on ne c’est jamais perdu de vu pour autant. Jamais trop longtemps en tout cas. Revoir sa bouille de grand timide me donne tout de suite le sourire. D’un geste de la main je lui signale ma présence en terrasse. Taquin, il me tire la langue en voyant que je ne l’ai pas attendu pour consommer. J’en fais de même en souriant d’un air amusé. « La même chose s’il vous plaît. » Le serveur hoche la tête et s’éloigne pour aller lui chercher sa boisson. J’en profite pour lui parler de mon quotidien et des nouveautés dans ma vie. Mon aménagement dans ma fermette, l’arrivée de Lissa et du chat. L’attitude nerveuse de Gutierrez ne m’échappe pas. Qu’elle mouche la piquée ? Je le connais par cœur. Quand il tripote ses lunettes c’est que quelque chose le tracasse. Mais quoi ? « Trop cool pour Lissa ! Ca me fait plaisir de te voir si épanouie ! Et le chat s’appelle comment ? » Hum… j’ai l’impression qu’il ne me dit pas tout. « J’avoue ça fais du bien. Elle s’appelle Kitty pryde. Comme l’héroïne de Marvel. Mayers adore les supers héros. C’est un petit clin d’oeil. » J’ai pas encore eu l’occasion de lui présenter. En même temps il me snobe en ce moment. Surement trop occupé … « Ah oui tu l’as revu ? Ca c’est passé comment ? » Je bois une gorgée de mon verre avant de lui répondre. « En fait j’ai eu un souci avec Akela. Erin a insisté pour que je le prévienne. C’est un peu son chien aussi tu sais. Du coup on s'est retrouvé un boire un verre chez moi. Ça m’a fait tout bizarre de le revoir. Mais ce n’était pas désagréable. Tu l’as revus toi ? » A la base ils sont amis. Que je sois avec ou non ne doit pas changer leurs habitudes. C’est grâce à Diego que j’ai fais la connaissance de Mayers.

Le barman apporte sa commande. On peut enfin trinquer gaiement. Nos verres s’entrechoquent. Je manque pas de lui faire remarquer qu’il m’a l’air contrarié. La couleur de ses joues me le confirme. « Non pas du tout, ça va ça va. Je suis pas habitué à …tant de monde. » Je tire ma paupière vers le bas en prenant une mine peu convaincue. « Mouais … Je t’ai connu plus convainquant » Mes lèvres se posent sur le bord de mon verre tandis que je le fixe sans relâche. Qu’est-ce que tu me cache Guiterrez ?? Avec tout ce remue ménage autour de nous, j’engage la conversation en abordant le Pride Month. Après tout, comment éviter le sujet. On est entouré d’Arc en ciel de toute part. « De la marche des fiertés ? » Je hausse les épaules. « What else ? » Il hausse les épaule à son tour, perplexe. L'homosexualité est quelque chose de tout à fait banal à mes yeux. « Je sais pas je me suis jamais posé la question. » Je me tord les lèvres, perplexe à mon tour. « Ca me concerne pas. C’est pour eux pas pour moi. D’ailleurs je t’ai dit que j’étais avec Callie ? » Mon regard dévie sous la table. J’observe sa jambe s’agiter nerveusement puis je relève les yeux sur lui suspicieuse. « Sans déconner ??? Son frère a réagit comment ? » Aux dernières nouvelles il est très protecteur avec sa cadette. « Mais tu sais, pour en revenir au Pride. On ne sait pas sans avoir réellement essayé » Je finis par sourire à mon ami, heureuse d’apprendre qu’il soit en couple. « Je vous souhaite plein de bonnes choses à tous les deux. » J’aimerais en dire autant. Mais ma vie amoureuse est un vrai néant en ce moment. J’ai pas vraiment la tête ça. « Pourquoi tu me demandes ça ? » « Quoi ? » Je fronce les sourcils en essayant de comprendre. Puis je réalise qu’il me parle de l’événement qui gravite autour de nous. « Haaa ! Hoo et bien tout simplement parce qu’on est en plein Pride Month. Je suis curieuse de savoir ce que t’en penses. C’est un sujet comme un autre. Je te jugerais pas si tu me disais que tu te sentais attiré par les hommes. Et j’aimerais que t’en fasses autant si c’était mon cas avec les femmes. » Mais apparemment la question ne se pose pas car il vient de m’annoncer son couple avec Callie. « Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? Avec Callie ? » Bizarrement j’ai du mal à les imaginer ensemble. L’attitude de Diego me met le doute. J’ai la sensation qu’il veut m’avouer quelque chose mais qu’il ne sait pas comment s’y prendre. « Tu sais que tu peux tout me dire Diego. Je te jugerai pas » J’ose espérer que ce n’est rien de grave. J’avoue que là ça commence m’angoisser un peu.

Samedi 12 juin -> J’ai bien senti qu’il n’était pas super à l’aise, là, au beau milieu de la gaypride. Diego est plutôt réservé par nature. Mais là ça semble être un sujet vraiment embarrassant pour lui. Pour qui pourquoi ? J’aimerais bien le savoir. Il change vite de sujet en me parlant de Callie. J’ai l’impression qu’il essaye de me prouver quelque chose. Je le laisse faire, sans l’interrompre. J’observe, silencieuse. Qu’est-ce que tu me caches Gutiérrez. « Vraiment pas bien. Il a menacé de la faire retourner en Corée… On ne s’est pas parlé depuis. » Je porte mon verre à mes lèvres en écoutant ses explications. Mais j’avale littéralement de travers quand j’entends les menaces d’Eddie. S’en est presque drôle tellement c’est absurde. « Mais genre ?? Il est sérieux ? Woh, on est plus à l’âge de pierre. Mes frères me font ça, je te jure que je les renie à vie » J’étire un sourire en riant gaiement. Il vaut mieux en rire à ce stade. Je ne sais pas si Eddie irait jusqu’au bout de ces idées ou si c’est juste des menaces en l’air. Toujours est-il que je trouve ça très exagéré. D’autant plus qu’il s’agit de Diego. Il devrait s’estimer heureux que sa soeur tombe sur un gars si adorable que lui. Mais j’en reviens au Pride Month parce que ça me turlupine de le voir se tortiller sur sa chaise quand j’en parle. Je creuse le sujet, l’air de rien en essayant de le mettre à l’aise. « Bien sûr que non, on le sait forcément. Tu sais que tu aimes les mecs et je sais que j’aime les filles. » J’hausse les épaules en lui répondant en toute franchise. « Non j’en sais rien. Je me prends pas la tête avec ça t’sais. Si je dois tomber sous le charme d’une fille, je ne vais pas me l’interdire sous prétexte que ce n’est pas la norme pour certains. Je ne voudrais surtout pas me priver quelque chose qui pourrait me rendre heureuse. Et je sais que tu ne me jugerais pas si c’était le cas. Parce que t’es un véritable ami, et j’ai confiance en toi » Je pose ma main sur la sienne en lui adressant un sourire sincère.

On reparle brièvement de son amourette avec Callie mais le vrai sujet retombe sur la table. Cette fois c’est Diego qui ramène ça dans la conversation. « Tu sais très bien que je te jugerais jamais. » Sans détours je réponds « Et je me permettrais pas de le faire avec toi non plus. Tu aime qui tu veux Diego. » Une femme ou un homme, ça met bien égale du moment qu’il est heureux. Curieuse, je lui demande depuis combien de temps dure son couple avec Callie. « Un mois, c’est tout nouveau… » Je hoche la tête en essayant de me convaincre qu’il est amoureux de cette fille. Je sais pas l’expliquer mais j’ai l’impression que tout ça n’est qu’une façade. « Ca fait un moment que je dois te dire quelque chose. Et je crois que je t’ai un peu évité ces derniers temps parce que je ne savais pas comment te le dire… » L’attitude de mon ami m’interroge. Il me semble tout nerveux. Son regard et fuyant. Je soupçonne sa jambe de chanceler sous la table. « Tu sais que tu peux me parler sans filtres. Dit moi je t’écoute » Tout un tas de questions traverse mon esprit. J'espère juste que ce n’est rien de grave. J’ai l’impression que c’est du gros dossier. « Je euh….A une soirée il y a plusieurs mois, on a fini un peu…beaucoup bourrés avec Adriel et euh…. » J’arque un sourcil quand il mentionne Adriel. Je me demande bien ce qu’ils ont pu faire ces deux là. « Je l’ai embrassé. » Adriel embrassé un mec. J’étais pas prête. Okey… il m’avait cacher ça. Pour Diego bizarrement je suis moins surprise. « Enfin je te rassure tout de suite ça voulait rien dire euh j’étais bourré, j’aime pas les mecs, j’aime encore moins Adriel. Ca voulait rien dire. J’aime pas les mecs. » Je tente de me retenir de rire en plaçant ma main devant ma bouche. Diego est super mal à l’aise alors ça n’a pas lieu d’être. Adriel est mon ex certes, mais il fait bien ce qu’il veut de sa vie. « Nan mais Diego zen, tu peux rouler une pelle à qui tu veux. » Il aime pas les mecs ouais … genreeeeee. Plus je le regarde plus mon sourire prend de l’ampleur. Ça me semble tellement évident qu’il n'assume pas. Mes doigts pianotent la table tandis que je le regarde avec un air plein de malice. « Soit-dit en passant, excellent choix ! Adriel embrasse comme un dieu » Je me penche vers lui pour lui chuchoter d’une voix rieuse. « T’as kiffé ? Avoueeeeeeee » Je lui pince la joue comme s’il avait quatre ans. « Mais merde Diego, vie ta vie et arrête de tergiverser. » Bon, je pense pas que Mayers soit Gay. Ou je suis pas à la page. Mais les mecs à Brisbane ce n’est pas ce qui manque. « Adriel ou un autre hein, tu trouveras bien chaussure à ton pied. T’es plutôt bel homme. Comment ne pas craquer. » Non parce que son histoire avec Callie étrangement j’ai du mal à y croire. Il a peut-être de l’affection pour elle. De là à dire qu’il l’aime … Petit clin d’oeil, un sourire. « Aime qui tu voudras, ça ne changera pas notre amitié. Je ne t’en veux pas du tout d’avoir embrassé Adriel. Nous deux c’est fini tu sais. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. » Je ne suis pas le genre à me prendre la tête pour des conneries aussi futiles. La vie est si fragile, je suis bien placée pour le savoir. Je récupère le petit drapeau arc-en-ciel qui habille mon verre pour le déposer dans le sien. « L’amour n’a pas de frontière, ni de code. Reste toi-même. Sois simplement…Diego » J’ajoute en lui souriant tendrement.

Samedi 12 juin -> Je perçois le malaise de mon ami. La manière qu’il a de se tenir sur sa chaise. Il ose à peine poser les yeux sur moi. Les mots ne semblent pas vouloir sortir jusqu’à ce qu’il me balance la bombe. Sur le moment je ne sais pas trop comment réagir. Qu’est-ce qui me surprend le plus au final ? Que mon ex se soit fait embrasser par une personne du même sexe ou que Diego a prit l’initiative de le faire ? Il rejette aussitôt la faute sur l’alcool qu’il a ingurgité ce soir-là. Je trouve qu’il se défend bien vite pour un innocent. D’autant plus qu’il insiste très fort sur le « Je n’aime pas les mecs » Je m’en ficherait pas mal si c’était le cas. Homme ou femme, quelle importance. J’essaye de le décoincer en prenant la nouvelle avec humour. « Arrête. Non j’ai pas kiffé. Donc arrête. » Je fronce les sourcils en le fixant droit dans les yeux. Comme si ça ne suffisait pas j’en rajoute en lui disant qu’il pouvait aimer qui il voulait. Je ne me permettrais pas de le juger pour autant. Ce n’est pas un sujet sur lequel je suis mal à l’aise contrairement à lui. « Arrête. » Qu’il répète presque en me suppliant. Je m’exécute quelques minutes en l’observant. Diego me fait presque de la peine. J’ai l’impression qu’il n’assume pas même si je n’ai pas la certitude qu’il ait un penchant pour les hommes finalement. Je comprends que j’ai été trop loin lorsqu’il jette le drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel que je venais de poser dans son verre. De nature plutôt franche et directe, je ne baisse pas pour autant les yeux. « Je suis pas gay Ambre. Arrête de me parler comme si je venais de te faire un coming out. Arrête de me parler que l’amour n'a pas de frontières. Je suis amoureux de Callie, je suis avec Callie. Je voulais juste te parler de cette soirée parce que j’avais peur que tu m’en veuilles. Parce que c’était une erreur et que j’avais trop bu. Tu penses pas que Adriel est gay alors pourquoi tu penses que moi je le suis ? » Ma fierté m’empêche de lui présenter mes plus plates excuses. Parce que dans le fond je pense ce que j’ai dis. Je mords discrètement l’intérieur de ma joue pour m’éviter de m’enflammer trop vite. « J’t’en veux pas Diego. J’en sais strictement rien si Adriel a une attirance pour les hommes ou non. A vrai dire je m’en fou. Il fait ce qu’il veut. Tout ce que je te souhaite, c’est d’être heureux Diego. Tant mieux si c’est avec Callie. Mais j’ai l’impression que tu me dis pas tout » On a grandit ensemble. Son comportement est trop suspect pour ne pas éveiller ma curiosité.

Je bois une gorgée mon verre puis je m’allume une cigarette pour décompresser. En venant ici, je pensais passer un agréable moment avec Gutuérrez. Mais là c’est clairement pas le cas. Je voulais pas créer de malaise. Ça m’énerve de le voir renfermer sur lui-même de cette manière. On est radicalement différent, ça date pas d’hier. En général ça nous complète mais ça ne nous divise pas. « Bon et sinon ça se passe bien à l’hôpital ? T’arrive à te former comme tu le souhaite » Je change volontairement de conversation. Mais notre environnement n’aide vraiment pas. Ça proclame dans tous les sens l’esprit de la gaypride. Je regrette presque d’être venu à ce bar. Surtout aujourd’hui. On aurait été plus au calme chez moi ou à sa coloc’. Nerveusement je tire une latte sur mon cylindre puis je crache la nicotine plus loin en levant mes lèvres vers le ciel. « Ça te dit pas de bouger ? » J’aime pas le voir comme ça. Et si je reste ici je vais finir mon paquet de clope avant que la parade n’ait prit fin.

Samedi 12 juin -> Son regard est fuyant. C’est à peine s’il ose poser les yeux sur moi. J’ai de la peine à reconnaître le Diego de mon enfance. J’ai beau tenter de le convaincre que ça m’est bien égal qu’il soit avec un homme ou bien une femme. Mais rien n’y fait. J’avoue que je suis un peu perdue sur ses véritables intentions. J’ai la sensation étrange qu’il n’est pas sincère avec moi. Voyant que son malaise ne s’estompe pas, je n’insiste pas. Je ne suis pas venu ici pour me prendre la tête avec lui. Le changement de sujet est plus que nécessaire. C’est donc sans détour que je lui demande comme se passe son cursus professionnel. J'espère repartir positivement. Mieux, lui arracher un sourire. « Oui ça va, beaucoup de boulot. » Sa voix est plate. Même pas un regard. La grande gueule en moi à envie de l’ouvrir. Putain Gutiérrez à quoi tu joue ! Mais je sais pertinemment que cette intervention ne fera qu’affaiblir notre amitié déjà fragile à l’heure actuelle. Avec les années nous nous sommes éloignés. Nos chemins diffèrent. Plus que je ne le pensais à mon grand regret … Il est loin le temps où nous jouions aux billes à même le sol.

L’ambiance devient pesante. La saveur de mon Morjito est devenue amère. Tout ce brouhaha commence à me taper sur le système. Trop bruyant, trop joyeux peut-être. Ça dénote beaucoup trop. Je me déchaîne sur ma cigarette, si bien qu’elle se consomme à vue d’oeil. Mais c’est la seule source d’apaisement que j’ai sous la main. - J’étouffe - Et lui aussi. Mon regard balaye les environs à la recherche d’une porte de sortie. Chez lui ? Chez moi ? Ailleurs qu’en plein centre de toute cette folie. Peu importe l’endroit, mais ailleurs qu’ici. Je vois bien qu’il ne souhaite pas s’éterniser. Il ne relance même pas la conversation. Moi non plus d’ailleurs. A quoi bon si c’est pour faire un monologue. Sans façon. « Je crois que…je vais rentrer. J’ai pas mal de boulot je… » Du boulot ouais … Un peu blasée de le voir fuir, j’affiche une déception nettement perceptible dans l’expression de mon visage. « Ouais j’imagine … » Je soupire en me levant de ma chaise tout en écrasant ma cigarette dans une coupelle prévue à cet effet. « Moi aussi j’ai à faire. Plein de boulot tu comprends … » Tu comprends que je n’aime pas te voir fuir ? Tu comprends que je ne te reconnais plus. Toi … un confident qui a su m’aider à trouver une identité alors que je n’étais qu’une gosse paumée. Aujourd’hui c’est toi qui a besoin de moi, pourtant je me sens incapable de te rendre la pareille.

Je farfouille dans mon sac pour sortir de quoi payer. « Laisse » Je lui dis en le voyant faire la même de son côté. Mais Diego se montre plus rapide. « Merci » Je paierait la prochaine. Si prochaine il y a … Mon coeur se serre. La chaleur de ses lèvres sur ma joue me laisse inerte. Je n’ose même pas lui offrir une étreinte en retour de peur de le froisser - encore - « On se voit bientôt d’accord ? » Un faible sourire s’étire timidement sur mes lèvres. J’ai de la peine à le croire. Pas dans l’immédiat en tout cas. « Oui, tu sais où me trouver Diego. » Il sait qu’il peut m’appeler. Qu’importe l’heure et l’endroit, je me suis toujours montré disponible pour lui. Ça prendra le temps que ça prendra. Mais je le laisserais venir à moi, quand il sera prêt. Le temps pour seul pansement. « Prends soin de toi, à bientôt » J’ajoute, comme pour me rassurer que nous nous reverrons dans un laps de temps correct; et pas dans mille ans. Nous prenons chacun une direction différente. Pour mieux nous retrouver, j'espère.