| give me shelter from the storm (craker #9) |
| | (#)Jeu 17 Juin 2021 - 15:00 | |
| La porte qui claque te fait sursauter et réveille un Hugo qui venait tout juste de s’endormir contre toi. Tu pourrais crier, ce n’est clairement pas l’envie qui manque, mais tu te retiens, pinces les lèvres et puis tu lâches le soupir le plus exaspéré du monde bien que ton seul public n’ait que quelques semaines de vie et qu’il ne peut donc pas comprendre tout ce qui se cache derrière le dit soupir. Il y a un nouveau boom boom qui se fait entendre, sortant tout droit de la chambre de ta fille qui s’est fait une joie toute la journée de te rappeler à quel point tu es une mère ennuyante qui ne fait jamais rien pour elle et c’est Hugo, Hugo, Hugo tout le temps. C’est qu’elle semblait pas avoir compris la gamine, du haut de ses huit ans, que la présence de son frère viendrait chambouler son univers du tout au tout. Les vacances d’été viennent à peine de commencer et déjà, tu serais prête à payer n’importe qui une somme complètement ridicule seulement pour pouvoir te débarrasser de Grace quelques heures chaque jour. T’es pas censée penser des choses comme ça, mais c’est la vérité. Grace qui a besoin d’être constamment stimulée s’ennuie et si tu te sens mal de ne pas pouvoir t’occuper d’elle comme tu l’aurais fait avant la naissance de son frère, tu peines à faire preuve de patience et d’empathie pour la mini version de son père qui enchaîne les commentaires sarcastiques et les insultes à peine camouflées de mère pas à la hauteur. Il y a Hugo qui commence à s’agiter dans tes bras alors que tu te lèves et fais les quelques pas jusqu’à la chambre de Grace. Tu tapes quelques coups contre la porte, te rappelant de prendre une bonne respiration avant d’ouvrir la bouche. « Grace, baisse le son! » Pour toute réponse, t’es persuadée que ta fille décide plutôt de monter le son de sa musique ce qui te fait rouler des yeux.Tu t’apprêtes à ouvrir la porte pour l’avertir à nouveau quand Hugo décide de se joindre à la partie, vomissant ce qui semble être l’entièreté de son dernier boire sur ton chandail. Maintenant, il y a le boom boom de Grace qui te monte à la tête, les pleurs de Hugo qui semblent vouloir suivre le rythme de la musique et l’odeur de vomit direct sous ton nez. Super.
Tu comptais les heures depuis le départ de Wyatt au début, mais faut dire que t’as rapidement perdu le compte, trop occupée à compter les crises de Grace (cinq dans les deux derniers jours, l’impression plutôt qu’on approche le million tant elle gagne en attitude à chaque heure) et l’horaire des boires d’Hugo (qui est bien impossible à suivre tant le petit garçon semble éternellement accrochée à toi). Wyatt avait dû s’absenter quelques jours pour le travail et si tu savais qu’il ne pourrait pas toujours être là, tu devais avouer que tu avais l’impression de ne pas gérer du tout toute seule avec Grace et Hugo. En chemin vers ta chambre pour te changer et changer le petit, tu peux apercevoir le champ de bataille qu’est devenu la cuisine. La vaisselle des deux derniers jours s’est accumulé sur le comptoir et tu aperçois même les restes du repas du midi qui n’ont pas été ramassé par une Grace trop occupée à se rebeller pour un oui ou pour un non. Sur un coin de la table traîne une liste avec des idées de cadeaux de Noël pour chacun des membres de la famille, une corvée que tu ne cesses de repousser bien que les jours restant avant Noël se comptent maintenant sur les doigts des mains comme Grace aime tant te le rappeler. Dans un tas près de la porte de ta chambre traîne des serviettes couvertes de vomi que tu as encore oublier de mettre dans la laveuse et sur ton lit vit une pile de linge propre probablement aussi haute que le Mont Everest ne demandant qu’à être pliée et rangée, si seulement tu avais le temps de t’en occuper. C’est que Hugo fait la grève du sommeil depuis 24 heures entre des coliques et des maux de ventre et chaque fois que tu penses enfin avoir réussi à l’endormir, Grace s’assure que ce soit de courte durée, elle qui est pourtant la première à se plaindre que son petit frère ne fait que pleurer. Tu enlèves le cache-couche duquel Hugo était vêtu, et à défaut d’en avoir un propre sous la main, tu décides de le laisser seulement en couche. La chaleur de l’été se fait déjà ressentir et t’as plus le courage de le changer parce que tu sais que d’ici une heure, il va déjà s’être sali à nouveau. Tu poses le garçon qui hurle toujours dans son berceau le temps de changer ton chandail et ton reflet dans le miroir n’a rien de flatteur. Tu as la tête d’une fille qui n’a pas dormi plus de deux heures en ligne depuis quelques jours, les cheveux relevés en un chignon lâche et tout de ton être semble crier que tu as besoin d’une douche et de vingt heures de sommeil affilé. Tu évites de te regarder trop longtemps toutefois, reprend un Hugo qui s’impatiente de plus en plus alors que tu retournes au salon, t’installant dans une chaise berçante dans une tentative que tu sais vaine de rendormir ton fils qui semble pourtant aussi fatigué que toi. La porte d’entrée s’ouvre et tu ne peux t’empêcher d’échapper un long soupir alors que Wyatt fait son apparition dans la maison. Hugo continue de s’agiter dans tes bras et tu résistes à la tentation de te lever, de lui mettre le bébé dans les bras et disparaître. Plutôt, tu installes Hugo pour boire et cherche le regard de ton ex-mari que tu ne prends même pas la peine de saluer. « Est-ce que tu pourrais dire à ta fille de baisser sa musique? » L’emphase sur le ta est essentiel alors que Hugo s’arrête enfin de pleurer et que c’est toi cette fois qui résiste à l’envie de t’effondrer devant un Wyatt qui ne s’attendait certainement pas à un tel accueil. @Wyatt Parker |
| | | | (#)Sam 19 Juin 2021 - 23:42 | |
| Le train d’atterrissage vient à peine d’effleurer la piste et déjà, je dégaine mon téléphone afin de le rallumer. L’opération me vaut un énième regard noir de la part de ma voisine de siège. C’est qu’elle pourrait gagner l’award de la Karen de l’année celle-là. Regard rivé sur mon écran, j’attends un nouveau message de Rosalie qui ne viens pas. Quelques heures, plus tôt, alors que j’allais embarquer, elle m’a fait savoir que Grace était encore difficile. Depuis la naissance de son petit frère, notre fille laisse un peu trop libre cours à son côté dantesque. Bien souvent, c’est canaliser en quelques minutes, mais il avait fallu que je m’absente deux jours pour me rendre à Sydney et c’est devenu la foire à la maison. J’avais bien tenté de repousser le rendez-vous en jouant la carte du nouveau-né, mais mon éditeur m’avait rappelé de ne pas jouer avec ma chance. À contre-cœur, j’avais laissé Rosalie seule avec les deux enfants, m’assurant qu’Ariane prendrait au moins Grace le temps d’un après-midi. À en croire le message de mon ex-femme, cela n’avait pas suffi pour la soulager. J’écris un nouveau texte pour lui faire savoir que je ne suis plus très loin et dès l’instant où la lumière des ceintures s’éteint, je suis sur mes pieds. Karen en a frôlé la syncope.
Lorsque je me gare devant la maison, je peux entendre la musique qui s’échappe d’une des fenêtres du premier étage. Donc Grace à décider d’embêter son monde en jouant mes vieux albums de rock. Du haut de ses huit ans, elle adopte déjà un comportement d’adolescente incomprise par ses parents. Quand il y a quelques mois encore, je ne la voyais que comme mon tout petit bébé, désormais, je commence à craindre le pire pour les années futures. C’est certain, elle va nous en faire voir de toutes les couleurs.
J’abandonne ma valise dans l’entrée pour faire quelque pas dans la maison. Une bombe semble avoir explosé dans la cuisine tant, la vaisselle déborde de l’évier, que les bavoirs s’alignent un peu partout et qu’une assiette à moitié entamée trône sur la table. Dans le salon, je trouve Rosalie au bord des larmes tandis que Hugo semble téter avec en train. J’allais m’approcher pour embrasser son font, j’allais lui assurer que je ne comptais plus partir, que tout avait été régler, mais elle a une autre idée en tête la brune. « Est-ce que tu pourrais dire à ta fille de baisser sa musique ? » Pas un bonjour, pas un sourire. Un simple regard noir et l’accentuation du pronom pour me rappeler que le démon au premier me ressemble bien trop. « Je m’en occupe. » Une chose à la fois. Faire taire la musique puis ramener l’héritière face à sa mère pour comprendre ce qui a bien pu partir de travers le temps de mon absence.
La porte s’ouvre sur une chambre complètement renversée entre jouets et différents vêtements. Au milieu, trône une Grace qui me tourne le dos. « J’ai pas fini maman. » Le ton est bien trop sec pour une gamine de son âge. Sans ménagement, je viens éteindre le poste de radio ce qui provoque sa réaction. « Mais t’es trop nulle. » Lancer vivement alors qu’elle se tourne pensant faire face à sa mère. « Pardon ?! » Mon ton n’a rien à l’amusement et elle le sait parfaitement Grace quand elle reste dans son coin en baissant le regard. Habituellement, elle m’aurait déjà sauté dans les bras, mais elle sait qu’elle a mal agi. « C’est comme ça que tu parles à maman quand je suis pas là ? » Elle ne bouge pas la gamine, elle observe ses pieds et le bordel qui s’étale autour d’elle. « Grace regarde moi quand je te parle. » Elle n'aime pas ça l’héritière, mais elle relève un regard bien trop noir. « J’écoutais juste ma musique. » - « T’es obligé de mettre aussi fort alors que ton petit frère dort ? Je t’ai donné des écouteurs. » Vu la tornade qui est passée par la pièce, je suppose qu’elle les a déjà perdus. « Mais il est trop chiant Hugo à pleurer tout le temps. Tout le temps papa. » Elle qui avait tellement hâte de la naissance de son petit frère, elle qui voulait tout faire avec lui au début. Puis elle a réalisé qu’un bébé demandait beaucoup d’attention, que l’on était un peu moins présent pour elle et voilà qu’elle nous fait sa crise avec des années d’avance. « Et maman elle comprends rien. » Voilà qu’elle me chauffe la mini Parker, à croire qu’elle test les limites, qu’elle pense que je pourrais tout lui passer à cause de mon absence. « Qu’est-ce que je t’ai dit quand je suis parti ? » Le silence s’étend dans la chambre alors qu’elle baisse à nouveau le regard. « Grace. » - « D’être gentille avec maman et de l’aider. » Je sens bien qu’elle me fait son regard triste, mais je ne compte pas céder alors qu’elle semble avoir fait quelques scènes à sa mère. « Je suis vraiment pas fier de toi. » Je l’entends le petit sanglot qui lui serre le cœur. Ce n’est pas une partie de plaisir que de lui dire tout cela, mais il faut qu’elle comprenne, elle est assez grande pour entendre qu’elle n’a pas fait les choses correctement. « Maintenant, tu descends et tu vas t’excuser auprès de maman. »
C’est qu’elle rechigne presque, Grace. Elle cherche à gagner du temps en retournant le reste de ses affaires pour mettre la main sur son doudou tandis que je réfléchis à la punition qui sera adéquate. J’ai toujours trop laissé passer, mais il semblerait que les limites aient été franchies durant les derniers jours. On finit par arriver dans le salon, Hugo a fini de boire et Rosalie tente de l’endormir. Elle a l’air épuisé et je me sens responsable de l’avoir laissé aussi tôt avec les deux. Grace s’est perchée sur un côté du canapé, sans ouvrir la bouche, le regard rivé sur le mouton qui lui sert de peluche favorite. Je n’ai pas envie d’insister, pas envie de lui arracher les mots de la bouche, alors je me contente de fixer mon regard sur sa petite silhouette. Elle semble bien moins grande la rebelle désormais et voilà qu’elle finit par murmurer tout doucement. « Pardon maman. » |
| | | | (#)Mar 22 Juin 2021 - 21:21 | |
| Tu savais que ce serait difficile. T’avais juste jamais imaginé que ce serait difficile à ce point là. Tu pensais naïvement que parce que tu l’avais déjà fait une fois, tu retrouverais le rythme avec un nouveau-né plus aisément. T’aurais pas pu plus te tromper à ce sujet. Faut dire que ça faisait quand même huit ans. Et que la dite huit ans maintenant, elle complique un peu les choses avec son attitude et son besoin constant d’attention alors que tu peines à balancer les besoins d’Hugo, ceux de Grace et les tiens aussi, tout au bas de la liste. Ceux que tu oublies une journée sur deux parce que le simple fait de boire un café encore moindrement chaud relève de l’impossible alors que t’as jamais eu plus besoin de ta caféine que maintenant. Et puis il y a Wyatt aussi, qui se fait une place dans le portrait autant qu’il peut. C’est encore compliqué, mais c’est bien le dernier de tes soucis, surtout en ce moment alors que son absence des deux derniers jours se fait ressentir de partout dans la maison. Autant dans l’état des lieux que dans l’attitude plus qu’exécrable d’une Grace qui répète encore et encore que t’es trop nulle, que tu t’occupes pas d’elle et que t’es vraiment trop énervante à lui demander de faire plein de trucs. T’as même cru que tu allais vraiment perdre patience quand elle t’a dit avec toute l’arrogance que peut posséder une gamine de huit ans que c’était pas son boulot de ramasser son assiette après le repas. Alors oui, t’es sur les nerfs quand la porte d’entrée s’ouvre enfin sur un Wyatt qui ne peut que constater l’état des lieux, l’échec total de tes capacités à tenir tout à l’ordre pendant à peine 48 heures par toi-même et cela ne fait qu’ajouter un sentiment de culpabilité à toutes ces autres émotions que te martèlent depuis la naissance d’Hugo et qui font de toi a huge emotional mess. Ton regard trouve celui du Parker, mais tu ne lui offres pas un accueil chaleureux, au contraire et rapidement, il comprend l’étendu de la situation. « Je m’en occupe. » Tu échappes un soupir alors que Wyatt disparaît dans l’escalier et tu essayes de te concentrer sur Hugo qui commence à boire.
Ça ne prend qu’une minute avant que le boom boom constant de la musique de Grace cesse enfin et tu as enfin l’impression que tu peux t’entendre respirer. Tu prends une grande respiration alors que tu retiens une soudaine envie de te mettre à pleurer, plantant plutôt ton regard sur Hugo qui semble déjà à moitié assoupi dans tes bras et tu te répètes encore et encore que ça va aller, que Wyatt est là maintenant, que c’était juste deux jours et que ce sera pas toujours comme ça, mais tu peines à y croire toi-même. Parce que cet arrangement entre vous est temporaire, et qu’il doit travailler, et toi aussi un jour tu vas devoir t’y remettre et t’as les pensées qui partent encore dans une spirale d’anxiété qui te travaille beaucoup trop depuis quelques temps et c’est seulement le bruit des pas dans l’escalier qui te forcent à te calmer, à te garder dans le moment présent, aussi imparfait soit-il. Bientôt, la silhouette de Grace vient se placer sur l’un des bras du divan, les yeux fixés sur son mouton que ses doigts pincent avec nervosité. T’as aucune idée de ce que son père peut bien lui avoir dit mais un regard sur ta fille suffit pour comprendre qu’elle n’a pas apprécié et qu’elle réalise tranquillement que son comportement des deux derniers jours n’était pas le bon. Le silence s’étire alors qu’Hugo somnole enfin contre toi et c’est la douce voix d’une Grace repentie qui se fait finalement entendre. « Pardon maman. » Tu cherches à trouver son regard et elle lève finalement la tête, ses grands yeux clairs mouillés et pendant quelques secondes, toute ta frustration semble s’envoler. « Ça va ma puce. » Elle se lève et vient se coller contre toi et dépose un bisou sur la tête de son frère. Tu échappes une longue respiration alors que déjà Grace cherche l’approbation dans le regard de son père. Il n’y a pas à dire, Grace est vraiment la fille à son père. « Est-ce que tu pourrais aller ramasser ta chambre Grace, s’il-te-plaît? » Tu utilises ta voix la plus douce possible, celle que tu as perdu trop souvent au courant des deux derniers jours et elle se tend déjà, la gamine, probablement prête à rouspéter mais son regard croise à nouveau celui de son père et elle se ravise, bien que tu peux l’entendre ronchonner alors qu’elle remonte les escaliers jusqu’à sa chambre. « Elle est l’enfer. » que tu souffles en secouant la tête, alors que tu te lèves finalement de la chaise, prête à aller porter Hugo dans son berceau en espérant que cette sieste dure plus cinq minutes comme la précédente.
Tu offres un semblant de sourire à Wyatt alors que tu te diriges vers la chambre d’Hugo, déposant le garçon qui reste endormi – merci la vie – pendant le transfert et c’est le plus silencieusement possible que tu quittes la chambre, refermant la porte derrière toi. Tu fais quelques pas jusqu’à la cuisine ou Wyatt se trouve désormais et tu ne peux t’empêcher de secouer la tête à nouveau alors que tu constates avec horreur l’état des lieux une fois de plus. « Je suis désolée pour le bordel, je... » C’est un rire ou un sanglot qui serre ta gorge là? Toi-même tu pourrais pas dire alors que tu te retournes pour faire dos à Wyatt, pas vraiment envie qu’il te voit perdre la carte là, maintenant au beau milieu du chaos qui était autrefois ta cuisine. Ce serait pas la première fois pourtant, mais tu peines toujours à t’autoriser d’être vulnérable devant lui. Tu prends une autre grande respiration – comme si ça allait être suffisant pour te calmer – avant de te retourner vers lui. « Comment ça été ton voyage? » que tu lui demandes et t’espères vraiment qu’il fera abstraction du craquement dans ta voix sur les derniers mots alors que tu t’actives déjà à ramasser le repas délaissé depuis des heures sur le comptoir parce que si tu bouges pas, si tu t’occupes pas les mains et l’esprit là, tout de suite, tu vas craquer et t’es vraiment naïve si tu crois que Wyatt ne va pas s’en rendre compte. |
| | | | (#)Jeu 1 Juil 2021 - 22:56 | |
| Si j’avais pu envisager que mon absence entraînerait un léger désordre dans la maison jamais je n’avais pris en compte que Grace pourrait faire vivre l’enfer à sa mère. C’est qu’elle semble avoir gravi les étapes un peu trop rapidement quand j’ai laissé une petite fille et que je retrouve une adolescente en pleine phase de rébellion. Voilà qu’elle voudrait me tenir tête l’héritière alors qu’elle tape des pieds à chaque marche d’escaliers qu’elle emprunter forcer par le père horrible que je suis. Je pourrais l’entendre ronchonner dans un coin de sa tête tant chacun de ses traits hurle à l’injustice. Nos regards se croisent et elle comprend que je suis loin de plaisanter dans mon rôle bien trop nouveau du paternel qui se veut autoritaire. Elle pourra bouder autant qu’elle le veut, Grace, je ne suis pas près de changer d’avis tant elle semble avoir dépassé les limites en deux jours. Face à sa mère, elle joue la fillette un peu triste, celle qui a les larmes aux yeux et l’air des plus innocents. La tête d’ange derrière lequel se cache un bien trop grand potentiel démoniaque. Les excuses sonnent forcer, mais elles ont le mérite d’exister malgré tout. « Ça va ma puce. » Voilà qu’elle cherche le pardon ultime quand elle va gratter un câlin, et même un bisou pour son petit frère. Je soupire alors qu’elle cherche mon approbation que je finis par lui offrir dans un simple hochement de tête. La bataille est loin d’être gagnée, mais pour le moment elle semble avoir compris que tout ne pouvait lui être pardonné. « Est-ce que tu pourrais aller ramasser ta chambre Grace, s’il-te-plaît? » Mon regard devient bien plus appuyer quand elle aurait la volonté de contester. « Quand je monte, je veux que tout soit parfait. » Si elle avait su mettre une telle pagaille dans sa pièce, elle sera bien tout remettre à sa place. « Et on parlera de ta punition. » Il me faudra être inventif dans le domaine quand c’est bien la première fois que je dois avoir recours à ce genre de décision. Grace ne serait pas ma fille, si elle ne trouvait pas le moyen, malgré tout, de démontrer son mécontentement. Les escaliers semblent être devenus son punching-ball alors qu’on peut l’entendre gravier l’étage jusqu’au premier. « Elle est l’enfer. » - « Je vais vraiment devoir la punir. » Oh, elle sait parfaitement à quel point l’exercice va être terrible.
Personne ne semble vouloir m’accueillir avec un brin d’affection dans cette maison quand Rosalie décide d’aller coucher Hugo sans réellement me laisser le temps de le voir. Je les observe s’échapper vers la chambre du nouveau-né avant de soupirer. Ce n’est pas vraiment comme cela que j’avais envisagé mon retour, mais il faut croire que la réalité de la vie de parents de deux enfants nous heurte de plein fouet. Bien décider à donner un coup de main à Rosalie, je quitte mes chaussures et me dirige vers la cuisine. Le champ de bataille est sans dessus-dessous tant que je ne sais réellement par où commencer. « Je suis désolée pour le bordel, je... » L’émotion fait craquer sa voix sur chaque mot, alors que je suis incapable de pouvoir croiser son regard. « C’est rien. » Vraiment. Il y a bien plus grave que quelques assiettes délaisser au fond de l’évier et un repas à peine entamer par une Grace déterminé à montrer son mécontentement. Rosalie me tourne le dos sans que je n’aie le moyen de déceler les émotions qui semblent subitement l’animer. « Rosalie… » Je voudrais qu’elle me regarde, je voudrais lui dire que tout va bien aller. Je sens que ces deux jours ont été une véritable épreuve dans son rôle de mère et je ne sais comment lui venir en aide. J’allais débarrasser, mais c’est qu’elle se veut bien plus rapide que moi, déterminer à s’occuper pour ne rien laisser passer. « Comment ça été ton voyage? » La question n’est là que pour meubler la conversation, pour détourner l’attention. « Eh Rosie. » Avec douceur, mes doigts viennent s’enrouler autour de son poignet, la coupant dans son geste. De ma main libre, j’attrape l’assiette afin de la délaisser sur le comptoir. « Laisse ça. » C’est que la propreté de la cuisine est bien le dernier de mes soucis lorsqu’elle semble être sur le point de fondre en larmes. Un sourire vient étirer mes joues alors que mes bras s’enroulent lentement autour de ses épaules. « Personne est mort, t’as gérer. » Je tente la plaisanterie alors que mes lèvres viennent se poser sur son front. Elle m’avait manqué. |
| | | | (#)Lun 5 Juil 2021 - 11:10 | |
| « Quand je monte, je veux que tout soit parfait. » Elle ouvre la bouche Grace, elle s’apprête à rouspéter mais elle se retient devant l’air trop sévère de son père. C’est qu’elle n’est pas habituée de se faire discipliner de la sorte l’héritière, tout comme elle n’est pas habituée de devoir partager l’attention de ses parents avec un petit être qui prend beaucoup trop de place à son goût. « Et on parlera de ta punition. » Elle fait la moue Grace et tu te sentirais presque mal pour elle. Après toute la défiance et les énervements de ta fille, tu en oublierais presque que elle aussi, elle se retrouve en pleine période d’adaptation. Son caractère n’a rien de nouveau certes, mais si elle teste autant les limites en ce moment, c’est qu’elle cherche sa place dans cette nouvelle dynamique familiale. Il t’est difficile d’être compréhensive tant tu es épuisée et à bout de ces deux derniers jours qui ne sont en réalité qu’un avant-goût de ce qui t’attend quand la vie devra reprendre son cours normal. La silhouette de Grace disparaît en haut des escaliers et le souffle de Hugo qui se fait plus lourd alors qu’il s’endort enfin. « Je vais vraiment devoir la punir. » Tu échappes un nouveau soupir tout en hochant la tête. Tester les limites, c’est aussi les trouver de la pire des façons qui soit et Grace doit comprendre qu’elle a dépassé les bornes pendant l’absence de son père. « Sois pas trop dur avec elle. » que tu souffles quand même parce que t’as l’impression que c’est un peu de ta faute si les choses ont aussi dégénéré. Parce que t’as pas su être à la hauteur. Et elle est pénible, la réalisation. Cette petite voix, augmentée par une fatigue extrême, qui te souffle que Grace a raison au fond, que t’es trop nulle.
Hugo reste endormi une fois dans sa couchette et si tu devrais te sentir soulagée que pour la première fois en bien trop longtemps personne ne requiert ton attention, tu te sens toujours aussi submergée par ce que tu n’as pas été en mesure de faire dans les deux derniers jours, par l’état de la maison et ton propre état aussi qui fait mal à voir. Tu voudrais pouvoir disparaître parce que tu sais que Wyatt va remarquer à quel point t’es au bout du rouleau, à quel point tu te sens vulnérable et épuisée dans ce rôle qui n’est pas nouveau mais presque tant tu te sens incapable de le remplir comme tu le devrais. C’est sans doute les hormones et le manque de sommeil qui rend le tout pire que ce ne l’est vraiment, mais tu retiens un sanglot et tu évites autant que possible de croiser le regard de ton ex-mari. « C’est rien. » Tu sais qu’il se veut rassurant, mais tu ne l’entends pas de la même manière. Tu ne vois que ce tu n’as pas su faire, ce que tu n’as pas su gérer. Tu sens son regard qui insiste sur le derrière de ta tête, mais tu refuses toujours de te retourner parce que tes yeux sont mouillés soudainement et tu ne l’assumes pas du tout. « Rosalie... » Tu prends une longue inspiration, ferme les yeux et retient les larmes. « Ça va, ça va. Je suis juste un peu fatiguée. » Un peu, Rosie? Tu détournes ton attention sur la vaisselle qui traîne, sur le repas qui est maintenant bon pour la poubelle.
Tu réalises que t’as été froide à son arrivée et tu essayes de te reprendre maladroitement, avec une question pour remplir le silence. « Eh Rosie. » Tu veux qu’il te parle de lui, qu’il fasse semblant de pas voir que tu te sens comme la pire des mères du monde. Mais il t’arrête, ses doigts qui enroulent ton poignet pour t’empêcher de continuer à ramasser et te voilà prise dans un piège qui se veut réconfortant mais qui te fige sur place. « Laisse ça. » « Si je m’en occupe pas maintenant, j’suis pas certaine d’avoir le temps avant que Hugo se réveille et puis j’ai promis à Grace qu’on écouterait un film ce soir et... » Tu veux tellement bien faire, trop en faire que t’en oublierais presque qu’il est là maintenant et qu’il peut aider. Tu échappes un léger soupir et puis tu parviens à offrir un sourire à Wyatt alors que ses bras t’enroulent et te ramènent doucement à lui. « Personne est mort, t’as gérer. » « J’ai rien géré du tout. » que tu souffles finalement alors que tu ne peux retenir les larmes plus longuement. Tu viens cacher ton visage contre son torse et c’est naturellement que tu enroules tes bras autour de lui à ton tour, que tu te laisses complètement allée, toi qui tenais tant à garder la face devant lui. « Hugo a presque pas dormi depuis que t’es parti, Grace a pesté tout le long, j’ai même pas eu le temps de prendre une douche. » Tu ne sais pas à quel point tes mots sont clairs entre les sanglots et les larmes qui inondent tes joues. Tu ne le lâches pas toutefois, t’accrochant à lui comme si ta vie en dépendait. T’as un peu l’impression que c’est le cas en ce moment. « Je sais pas comment je vais faire quand tu vas partir. » Je veux que tu restes. « Je suis désolée, c’est ridicule. » Tu te recules doucement, vient essuyer les larmes sur tes joues, tentant de calmer les sanglots qui te secouent encore les épaules. |
| | | | (#)Dim 11 Juil 2021 - 22:32 | |
| Lors d’une fraction de seconde, mon regard passe du petit être endormi au creux des bras de Rosalie à la grande fille qui boude et remonte dans sa chambre en tapant des pieds. Hier encore, c’était elle le bébé minuscule qui nous accaparait jour et nuit. Aujourd’hui, elle doit partager la vedette et je me demande si on a assez bien préparé le terrain avec sa mère. Grace se disait impatiente de rencontrer son petit frère, de nous aider pour s’occuper de lui, mais dans le fond elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. Elle pensait probablement que ce serait comme avec Abel, quand elle ne le voit que de temps en temps et qu’Ariane est bien souvent ravi de laisser sa nièce lui filer un coup de main. C’est bien différent à la maison désormais et c’est peut-être aussi ce qu’elle cherche à exprimer la gamine. « Sois pas trop dur avec elle. » Mon souffle fait écho à celui de Rosie. Je n’aime pas l’idée de réprimander ma fille, mais il va bien falloir lui faire comprendre qu’elle avait dépassé les bornes durant mon absence. « J’irais lui parler calmement. » Il faudra évoquer la punition, mais également essayer de comprendre tout ce qui est en train de se tramer dans sa petite tête.
Une fois dans la cuisine, je réalise que ces deux derniers jours semblent avoir été un véritable marathon pour la mère de mes enfants. Lorsqu’elle me rejoint, je remarque son tee-shirt un peu froissé, ses cheveux en bataille et surtout les cernes qui ont pris place sous ses yeux clairs. « Ça va, ça va. Je suis juste un peu fatiguée. » Elle est épuisée, mais refusera bien de l’admettre même si j’insiste plus longuement. « Je suis rentré. » que je souffle lentement. Je savais que partir n’était pas une bonne idée, Hugo est encore bien trop petit et demande constamment l’attention de sa mère. Ce n’est pas comme si j’avais eu le choix, mais subitement, j’en veux tout particulièrement à mon éditeur. Le rendez-vous ne pouvait pas attendre, mais on aurait pu le faire en ville. Je pourrais refaire le monde avec mes formulations, mais la cuisine est toujours en désordre et Rosalie toujours autant fatiguée.
Je voudrais qu’elle souffle un instant. J’aimerais qu’elle laisse tomber son torchon et les assiettes qui s’empilent entre ses mains. Ce n’est bien que du matériel, que ce qui peut attendre le lendemain. « Si je m’en occupe pas maintenant, j’suis pas certaine d’avoir le temps avant que Hugo se réveille et puis j’ai promis à Grace qu’on écouterait un film ce soir et... » Elle s’épuise encore plus à s’agiter ainsi, à tourner à droite puis à gauche. Ses mots s’enfilent sans même qu’elle ne prenne le temps d’inspirer pour reprendre de l’air. « Rosalie. » Je me fais un peu violence pour ne pas la stopper net dans ses mouvements, lui laisse le temps de réaliser que rien ne semblait presser désormais avant de venir enrouler mes bras autour de ses épaules. Elle mérite de faire une pause, de souffler sans que personne ne vienne la bousculer. Elle pourra tenter de le cacher tant qu’elle voudra, les années font que je connais chacune de ses réactions. « J’ai rien géré du tout. » « Tu as géré. » C’est que je lui interdis de me contredire quand je ne sais pas comment elle aurait bien pu retrouver la maison si j’avais été seul avec les deux aussi longtemps. Je refuse de l’entendre ce dénigré quand pour moi, elle a tout surpassé. Ses bras enserrent ma silhouette alors que mes lèvres trouvent son front dans une douceur que l’on ne se connaissait plus vraiment. « Hugo a presque pas dormi depuis que t’es parti, Grace a pesté tout le long, j’ai même pas eu le temps de prendre une douche. » Je souffle un instant en repensant à notre grande qui me maudit probablement du fond de sa chambre. « Je vais m’occuper de parler avec Grace. » Je lui promets. Peut-être qu’elle aura aussi besoin de parler de sa mère, mais on va prendre les choses en leur temps, sans rien précipiter. Elle a du caractère notre première, elle pourrait dire des choses vexantes dans le simple but de faire comprendre sa colère à sa maman. Je préfère encore qu’elle passe ses nerfs sur moi avant de passer à l’étape suivante.
« Je sais pas comment je vais faire quand tu vas partir. Je suis désolée, c’est ridicule. » Mon regard croise le sien alors qu’elle tente désespérément de sécher ses larmes. Ma main vient se poser sur sa joue dans un geste que je n’avais plus effectué depuis si longtemps. « Je pars plus. » que je lui promets en murmurant. « Le rendez-vous, c’est bien passer, maintenant, je dois écrire et je le ferais d’ici tu le sais. » Je compte pas m’isoler des jours durant, il faudra jongler autrement, on finira par trouver un équilibre. Alors, je ne serais peut-être pas tout le temps dans cette maison, mais la mienne n’est qu’à dix minutes de route. Rien de plus. On arrivera à trouver un équilibre je n’en doute pas.
Du bout des doigts, je viens sécher ses larmes alors que mon regard cherche le sien. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je lui enlève se fichu torchon des mains. « Tu vas aller prendre un bain. » Une chose qu’elle n’a pas fait depuis bien trop longtemps. « Tu prends ton temps, lis un livre, essayes de dormir un peu, je m’occupe des enfants. » C’est bien tout ce que je peux faire pour lui venir en aide. « Je vais aller voir notre ado et elle va m’aider à ranger, ce sera ça, sa punition. » Aider pour réaliser que maman ne peut pas tout faire en même temps. « Et si Hugo se réveille, je m’en charge. » Je ne peux pas vraiment lui donner à manger, mais il vient de boire et je serais pas contre un câlin avec mon fils pour être honnête. « Tu te soucis de rien, si ce n’est de tenir ta promesse envers Grace ce soir. D’accord ? » C’est important qu’elles aient un temps à deux. J’irais probablement me balader avec Hugo un temps, je trouverais bien une excuse pour les laisser entre mère et fille. « Ça va aller Rosie, je te promets. » |
| | | | (#)Mar 13 Juil 2021 - 14:32 | |
| « Je suis rentré. »
Il se veut rassurant Wyatt, à dire les bons mots avec le bon ton, à vouloir te faire comprendre que ça va aller, que le pire est derrière toi. Tu n’arrives pas à le voir ainsi toutefois alors que la maison ressemble à un champ de bataille et que tu ne sais même pas par quel désastre commencé tant tout est encore à faire. T’as les pensées qui partent dans les excès, qui te rappellent qu’il est là maintenant, mais qu’il ne sera pas toujours là. Que sa chambre va inévitablement redevenir la chambre d’amis à un moment ou un autre, quand il te faudra réapprendre à vivre toute seule la moitié du temps dans un silence que tu n’as jamais réellement su gérer depuis le divorce. C’est que tu paniques d’avance à l’idée de devoir éventuellement te séparer d’un Hugo qui est encore bien trop petit pour que tu y penses déjà, mais c’est la fatigue, les hormones et les angoisses qui prennent le dessus quand tu cherches à t’occuper les mains à défaut de pouvoir t’occuper l’esprit et que Wyatt semble vouloir t’arrêter dans ton élan. « Rosalie. » C’est qu’il continue de répéter ton prénom dans une tentative de te ramener dans le moment présent, et c’est seulement quand tu t’autorises enfin à le regarder que tu laisses tomber les minces barrières qui t’empêchaient de t’effondrer devant lui. Quand tu laisses ta tête tomber contre son torse et que tu ne retiens plus les larmes qui viennent mouiller tes joues. « Tu as géré. » Tu secoues la tête mais tu connais assez bien ce ton pour savoir qu’il est inutile de t’obstiner avec lui. C’est les frissons par milliers qui te parcourent l’échine de cette manière bien trop familière quand ses lèvres se posent tendrement sur son front, de ces marques d’affection qui n’étaient plus depuis si longtemps mais qui refont leur chemin entre vous tranquillement depuis la naissance de votre garçon. « Je vais m’occuper de parler avec Grace. » « Merci... » que tu réussis à souffler entre deux sanglots. Tu ne sais plus comment la prendre, ta grande fille en pleine phase de rébellion et tu espères vraiment qu’un petit tête-à-tête avec son père aidera à ramener un peu d’harmonie dans la maison.
C’est sans réellement comprendre tous les sous-entendus derrière ta dernière phrase que Wyatt vient poser sa main sur ta joue avec un naturel et une simplicité qui est toujours aussi déstabilisante. Ton regard se perd dans le sien pendant quelques secondes alors que sa voix n’est qu’un murmure entre vous deux. « Je pars plus. » Et là, maintenant, t’as tellement envie d’y croire, t’as tellement besoin de t’y accrocher que ça n’a pas grande importance que ce soit seulement temporaire. « Le rendez-vous, c’est bien passer, maintenant, je dois écrire et je le ferais d’ici tu le sais. » Tu hoches la tête, un sourire étirant tes lèvres au travers des larmes. « Je suis contente pour toi. » Et tu l’es, sincèrement. Il ne te l’aurait jamais dit parce que vous êtes bien trop occupés avec tout le reste, mais tu sais que derrière chaque rencontre importante avec son éditeur existe une certaine nervosité. C’est la distraction que tu espérais tant, cette discussion facile qui, pendant quelques secondes à peine, te rappelle que vous (ou du moins lui) êtes encore plus que de simples parents. « Je suis fière de toi. » Ça aussi, tu le penses sincèrement. Ça fait trop longtemps que tu ne lui as pas dit, de ce genre de mots qui se sont perdus dans votre dernière année ensemble, de ceux qui n’avaient plus vraiment leur place après le divorce et qui, comme les gestes emplis d’affection, font leur retour doucement, laissant leur marque ici et là.
Il y a ses doigts qui viennent essuyer tes larmes et tu te sens déjà un peu moins lourde, un peu moins à fleur de peau, comme si sa simple présence venait tranquillement calmer tout le reste. C’est peut-être aussi que pour la première fois en quarante-huit heures personne ne semble attendre quoique ce soit de ta part, que le silence est maître dans la cuisine et que même si c’est encore le bordel et qu’il y a trop à faire avant la prochaine crise à gérer, tu peux enfin respirer un bon coup. « Tu vas aller prendre un bain. » Il veut pousser le moment de détente Wyatt et tu secoues la tête, même s’il semble déjà avoir penser à tout. « Tu prends ton temps, lis un livre, essaye de dormir un peu, je m’occupe des enfants. » « T’as pas besoin de faire ça... » Tu voudrais répliquer, lui dire qu’il est pas obligé de faire tout ça, que tu peux aider, que t’as juste un petit moment de surplus mais que ça va, tu gères comme il le soulignait si bien quelques instants plus tôt, mais il insiste et il faut avouer que le bain et la sieste, ça sonne merveilleux. « Je vais aller voir notre ado et elle va m’aider à ranger, ce sera ça, sa punition. » Tu échappes un petit rire. Tu ne sais pas à quel point le ménage va être efficace avec une Grace qui peste, mais ça te semble juste comme punition, surtout si l’on considère qu’elle est responsable pour la moitié du bordel, si ce n’est plus. « Et si Hugo se réveille, je m’en charge. » « T’es sûr? » Il a pensé à tout déjà, mais tu hésites. Parce que c’est plus fort que toi, que déléguer c’est pas ta force et que t’aurais voulu pouvoir lui donner le temps d’arriver et de relaxer plutôt qu’il soit obligé de te prendre en charge dès la seconde ou il a mis les pieds dans la maison. « Tu te soucis de rien, si ce n’est de tenir ta promesse envers Grace ce soir. D’accord? » Tu hoches doucement la tête. Il est bien inutile de vouloir le faire changer d’idée quand le plan s’étale sous tes yeux et que pour une fois, tu as bien envie de lui suivre sans t’opposer. « Ça va aller Rosie, je te promets. » Et tu ne pourrais dire si c’est parce qu’il a su dire tout ce que tu avais besoin d’entendre ou bien si c’est parce que tu es tellement fatiguée que tu te fiches complètement des conséquences de tes actions, mais tu approches ton visage du sien et laisse tes lèvres trouver les siennes dans un baiser qui n’a rien de grandiose mais qui témoigne de tout ce que tu ne saurais dire. Ça ne dure que quelques secondes à peine avant que tu ne te recules légèrement, lui offrant un sourire avant de disparaître dans le couloir pour te rendre à ta chambre.
* * * C’est la porte d’entrée qui s’ouvre qui te réveille d’un sommeil léger. C’est Wyatt qui revient d’une balade avec Hugo alors que sur tes genoux repose la tête d’une Grace profondément endormie. Tu ne sais pas ça fait combien de temps qu’elle dort sur tes genoux, mais le film que vous aviez choisi n’est pas encore terminé alors que sur l’écran devant vous ce joue la scène ou Katniss s’occupe d’un Peeta fiévreux. T’étais pas certaine que Grace soit assez vieille pour regarder ce film, mais elle a insisté la gamine et t’avais envie de lui faire plaisir. Au final, elle s’est assoupie si vite qu’elle aura manqué les scènes les plus effrayantes du film, tant mieux. Hugo commence à chigner dans les bras de son père et tu devines rapidement qu’il a faim. « Passe-le moi. » que tu murmures à Wyatt alors que tu te redresses doucement sur le canapé, faisant attention à ne pas réveiller Grace. « Merci pour le ménage, et pour la sieste. » Tu n’as pas eu le temps de lui dire quand tu t’es réveillée car il est rapidement parti avec Hugo alors que Grace était plus que prête à se rattraper pour son comportement des derniers jours. Quelque part entre ton bain et ta sieste, la maison a retrouvé son état normal et tu te sentais déjà beaucoup mieux que lorsque Wyatt est arrivé. « Tu veux finir le film avec nous ou tu penses qu’on devrait coucher notre terreur? » Terreur qui ronfle doucement sur toi alors que tu installes Hugo pour son boire. Tu espères que Wyatt va choisir la première option, celle ou pour une demi-heure encore, vous pouvez simplement être tous les quatre. |
| | | | (#)Ven 30 Juil 2021 - 8:31 | |
| « Je suis contente pour toi. » Elle l’est, parce que nos carrières se sont toujours croisées, parce qu’on connaît les hauts et les bas. Elle sait que je déteste ce genre de rendez-vous, que si je pouvais, je serais ce gars qui ne fait qu’écrire, sans être obligé de devoir s’infliger la promo et tout ce qui entoure la sortie d’un livre. C’est toujours une étape de devoir présenter mes idées, d’attendre un jugement des autres, mais mon style est bien imposé désormais et tout ne ressemble qu’à des formalités. Il ne reste plus que l’important maintenant, écrire pour faire vivre à nouveau les personnages, pour retrouver cet univers que j’aime tant. « Je suis fière de toi. » - « Merci. » Les mots sont timides, glisser dans une ambiance un peu particulière. Lentement, on se retrouve à notre manière, dans une bulle qui n’appartient qu’à nous et qui ne ressemble qu’à notre histoire depuis le départ. C’est différent, un brin unique, mais c’est Rosalie après tout. Je suis bien incapable de rester loin d’elle, incapable de pas m’impliquer dans les émotions. Et me voilà à lui donner la liberté de s’échapper, me voilà à galérer pour trouver les mots qui sonneront juste dans sa fatigue. La prochaine crise arrivera bien vite quand il faudra jongler entre un Hugo qui hurle et Grace qui s’entête, mais pour l’instant la maison est calme. C’est l’occasion rêvée pour qu’elle puisse s’accorder un moment de détente. « T’as pas besoin de faire ça... » - « Quoi ? » Mes sourcils se froncent alors que je finis par comprendre où elle veut en venir. « De m’occuper de mes enfants ?! » Je retiens le sarcasme qui est mien pour ne laisser qu’un léger roulement des yeux. J’ai bien souvent été le cliché du mec macho dans notre couple, mais je ne suis pas celui qui fuit ses responsabilités de père. J’ai bien trop eu de la haine envers mon paternel pour reproduire le même schéma dysfonctionnel. « T’es sûr? » Elle insiste et j’en serais presque blessé si je ne la savais pas aussi fatiguée. « Certain. » J’affirme à nouveau avec un peu plus de fermeté. « Va te reposer. » File Rosalie, je reprends le volant. Sans crier gare, elle s’approche. Sans prévenir, ses lèvres viennent trouver les miennes dans un baiser empli d’une tendresse qui se faisait étrangère. Et comme ça, dans un claquement de doigts elle m’échappe à nouveau, ne laissant que le goût de ses lèvres sur les miennes.
Et le monde, c’est quelque peu arrêter de tourner, jusqu’à ce que Grace à décider de continuer à bouder pendant quelques minutes en faisant tout le bruit du monde lorsque je lui ai demandé de ranger, elle a fini par se calmer. Il a fallu que je l’assoie pour parler avec elle, mais le calme dans la maison nous as permis d’échanger pendant un long moment. Elle avait des choses à dire ma fille, des choses à exprimer et je l’ai écouté avec attention. Et comme si Hugo avait compris que sa sœur avait besoin d’attention, il a attendu que la gamine retourne dans sa chambre pour s’éveiller. Quel timing parfait !
*** « On rentre voir maman et Grace ? » Hugo m’observe de ses grands yeux clairs et gazouille quelque peu dans son landau. On vient de faire une longue promenade tout autour du quartier afin de laisser la maison aux filles. Il a dormi la moitié du chemin, mais vient de se réveiller, faisant ressortir mon côté papa gaga qui parle à son bébé de quelques semaines. Il m’avait manqué mon fils. Durant mon voyage, je me suis posé mille questions sur notre future vie à tous. C’était aisé de faire garde partager avec une Grace assez grande pour parler au téléphone, mais avec Hugo tout allait être différent. J’ai bien du mal à envisager de retourner dans mon appartement sans voir le petit garçon pendant plusieurs jours. Et tout se mélange lorsque je repense au baiser échangé quelques heures auparavant. C’était quoi ça ? Ça signifiait quoi ? C’était juste un acte manqué n’est-ce pas ? La situation est complexe, mais je préfère ne pas y penser quand je passe à nouveau le pas de la porte.
Hugo atterris bien rapidement dans les bras de sa mère pour une tétée qu’il commençait à réclamer alors que Grace semble complètement endormie. J’observe la scène d’un léger sourire aux lèvres avant de partir dans la cuisine chercher un bavoir qui sera fort utile à Rosie dans quelques instants. « Merci pour le ménage, et pour la sieste. » - « C’est normal. » J’aimerais qu’elle prenne pour acquis ma présence, que ce n’est pas un petit voyage de boulot qui me fera changer d’avis. Cela semble complexe et ce n’est clairement pas le moment pour lancer une conversation aussi sérieuse. « Tu veux finir le film avec nous ou tu penses qu’on devrait coucher notre terreur? » J’observe à l’écran, la dernière partie du film Hunger Games, drôle de choix. « Suis pas la terreur. » La petite voix tout endormie de Grace s’élève du canapé, me faisant rire légèrement. Elle me remarque l’héritière et quémande de suite les bras. Elle se lève juste assez longtemps pour me laisser la place à côté de sa mère et venir s’installer sur mes genoux. Je la laisse s’allonger sur mon torse et commence à caresser ses cheveux. « Tu m’a manqué papa. » Son souffle chaud vient se heurter sur ma nuque alors que mon cœur se serre légèrement. « Je pars plus ma puce. » Je viens embrasser son front, caressant son dos pour qu’elle se rendorme. Il est certain qu’elle ne retrouvera pas son lit avant un bon moment.
On termine le film ainsi, Hugo dans les bras de Rosalie, Grace dans les miens, un silence agréable entrecouper par les dialogues du film. Le bras complètement ankylosé, je finis par me lever pour aller déposer Grace dans son lit. Lorsque je reviens dans le salon, Rosie est toujours sur le canapé, Hugo encore dans ses bras. « Comment tu te sens ? » que je demande lentement alors que je prenne de nouveau place à ses côtés, observant notre garçon qui dort profondément. « Tu me trouves dingue si je dis qu’il a changé en deux jours ? » Je ris un peu avant de venir frôler la joue du poupon du bout du doigt sans jamais vraiment oser croiser le regard de Rosalie. C’est étrange cette timidité naissante. |
| | | | (#)Ven 30 Juil 2021 - 18:01 | |
| « Quoi? De m’occuper de mes enfants?! » « C’est pas ce que je voulais dire. »
Il roule des yeux et tu échappes un léger rire alors que tes doigts viennent se poser sur son bras, dans un geste cruellement familier. La bulle reprend sa place autour de vous, comme elle sait si bien le faire depuis quelques mois déjà et c’est confortable autant que c’est confrontant de réaliser à quel point c’est simple de retomber dans de vieilles habitudes entre vous deux, même toutes ses années après le divorce. Ce serait si facile de s’y perdre sans jamais tout remettre en question. Sauf que les questions demeurent et c’est bien impossible de ne pas se rejouer tout ce qui a bien pu mener à votre séparation la première fois, tout comme c’est impossible de ne pas chercher à comprendre à quel moment tout a recommencé à se placer comme une évidence entre vous. Évidence avec laquelle vous jouez prudemment, évidence que vous repoussez dans un coin de peur de tout briser à nouveau. « Certain. Va te reposer. » Tu te fais de moins en moins prudente toutefois quand ton regard se perd dans le sien, que tes yeux louchent sur ses lèvres une seconde de trop et que tu brises finalement toute distance entre vous. Le baiser ne dure pas assez longtemps à ton goût, quand bien même que tu sois celle qui brise le contact et c’est en voulant préserver le moment de toutes ses questions qui reviendront bien trop vite que tu t’éclipses sans lui laisser la chance de dire quoique ce soit.
* * * « C’est normal. » C’est un peu tout de cette scène qui a un goût de normal, même si tu sais trop bien qu’il n’y a rien de tel d’établi entre vous depuis que tu as su que tu étais enceinte de Hugo. Normal a foutu le camp au moment même ou votre faux pas à créer une nouvelle vie et si la situation s’est stabilisée depuis, entre le célibat de Wyatt qui date de quelques mois maintenant et votre vie de famille qui prend la priorité sur tout le reste, il n’en reste pas moins que la situation entre vous demeure floue, volontairement sans doute quand il est bien plus simple de mettre vos rôles de parents à l’avant et d’oublier tout le reste. Néanmoins, tu t’accroches aux petites choses, ces petits moments qui restent si précieux dans toute leur incertitude. Comme là, tout de suite, quand la voix de votre fille s’élève sans que jamais elle n’ouvre les yeux. « Suis pas la terreur. » Wyatt rit doucement et ton rire joint le sien alors que de ta main libre tu viens caresser les cheveux d’une Grace qui demande déjà à ce que son père l’a prenne dans ses bras. Elle a beau être grande, votre fille, il y a toujours cette parcelle d’elle qui te rappelle qu’elle sera à jamais ton bébé, qu’importe ce qu’elle peut bien protester. Elle se bouge légèrement, juste assez pour laisser la place à son père et sans se faire prier, elle vient se blottir dans ses bras. L’image est tout ce qu’il y a de plus attendrissant alors qu’au même moment, Hugo commence déjà à somnoler lui aussi dans tes bras. « Tu m’a manqué papa. » Et à l’entente de ses mots, tu ne peux t’empêcher de te demander comment elle va gérer, la gamine, si son papa devait retourner vivre dans son appartement. Si son papa devait partir, une fois de plus. « Je pars plus ma puce. » Et si tu sais que le contexte est différent de ce qui se joue actuellement dans ta tête, tu t’y accroches à ces mots. Même si c’est juste pour maintenant. « Tu m’as manqué aussi. » que tu souffles doucement à l’intention de Wyatt alors que Grace se rendort rapidement contre lui, dans un moment si paisible que t’en oublierais presque le bordel qu’avait été les deux derniers jours.
Le générique du film tire à sa fin et tu n’oses pas bouger de peur de réveiller un Hugo qui ne semble pas avoir aussi bien dormi depuis trop longtemps. Wyatt se lève en premier pour aller déposer Grace dans son lit et si tu te dis que tu devrais faire de même avec votre garçon, tu décides plutôt de profiter du moment un peu plus longtemps. Dans toute la folie des derniers jours, tu as l’impression de ne pas avoir eu le temps de t’arrêter de profiter d’avoir le petit bonhomme dans tes bras. Tu sais que bientôt, trop rapidement, il perdra cet odeur particulière de nouveau-né, que bien trop vite il deviendra trop grand dans tes bras trop petits et qu’il est important de prendre le temps, même quand le temps manque. « Comment tu te sens? » « Mieux. » Tu relèves les yeux vers Wyatt qui revient vers vous, s’installant de nouveau à tes côtés, ses yeux rivés sur un Hugo profondément assoupi. Si tu te sens toujours aussi fatiguée, un état dont tu ne saurais te défaire, tu as laissé le stress et les angoisses derrière, comme si ces dernières avaient été effacé en même temps que les traces du bordel partout dans la maison. Tu sais d’avance que demain, tout sera à refaire. Que le prochain bordel vous guette déjà, mais peu importe. « Je sais pas ce que tu as dit à Grace, mais elle a été particulièrement gentille avec moi après que tu sois parti avec Hugo. » Tu le voyais bien qu’elle faisait des efforts, votre héritière. Elle s’était fait un scénario de ce à quoi la vie ressemblerait après la naissance de son frère et la réalité ne devait sans doute pas être aussi bien que ce qu’elle s’imaginait. Et puis ça devait être déstabilisant pour elle, d’avoir maman et papa de nouveau sous le même toit. Les doigts de Wyatt viennent flatter la joue de votre garçon et toi, tu cherches son regard sans jamais le trouver. « Tu me trouves dingue si je dis qu’il a changé en deux jours? » « Juste un peu. » Tu ris doucement alors que tu baisses les yeux sur Hugo. « Même si les deux derniers jours m’ont paru interminables sans toi, le temps va trop vite. » Parce que tu vas cligner des yeux et ce sera la veille de Noël, dans quelques jours à peine. Et puis tu vas cligner des yeux encore et Hugo aura six mois, il pourra s’asseoir par lui-même et lever le nez sur les petits pots que tu t’efforceras de faire même si tu détestes devoir prendre le temps de tout préparer toi-même. Un autre clignement des yeux et Grace sera vraiment une ado, avec les hormones et l’attitude de son père, un combo que tu n’es définitivement pas prête à affronter. « Je veux pas que tu manques quoique ce soit. » que tu souffles doucement à Wyatt qui ne te regarde toujours pas. Tu prends une longue inspiration, pour t’enivrer du moment et de cette odeur de nouveau-né avant de te lever finalement et d’aller porter Hugo dans son berceau.
Wyatt n’a pas bougé du divan quand tu reviens dans le salon et tu reviens prendre ta place à côté de lui. Tu prends une pause. Les prochains mots que tu vas dire, ça fait un moment que tu les penses, un moment que tu te retiens de les laisser filer. Mais le temps passe et t’as plus envie de faire semblant de rien. « Je voudrais qu’on essaye encore. Pour de vrai. » D’être ensemble, sans les incertitudes, les doutes et les questions. T’as aucune idée de ce qu’il va dire, ni même de comment il va réagir. Peut-être que t’es en train de mettre en péril un équilibre encore bien trop précaire entre vous deux, mais le coeur y est et tu oses croire que t’es pas toute seule dans cette réflexion. |
| | | | (#)Jeu 9 Sep 2021 - 22:51 | |
| Il ne lui faudra qu’un instant à la grande canaille pour se frayer une place entre mes bras. Elle veut jouer à la grande fille, mais Grace n’est jamais avare de câlin, encore plus lorsque je m’absente un peu. C’est toujours un sentiment que je ne saurais expliquer quand elle reste tout contre moi, que je sens son petit souffle fatigué dans le creux de mon cou et que ses doigts s’amusent à dessiner des arabesques folles sur mon biceps. Ma main glisse entre ses longs cheveux bruns et vient se glisser contre son dos alors que j’embrasse son front avec douceur. Son petit monde se retrouve bien trop chambouler du haut de ses huit ans. Elle avait tout imaginé pour l’arrivée de son frère, sans jamais inclure l’idée même que ce ne serait pas comme voir son petit cousin de temps en temps. Comme les chiens ne font pas des chats, elle a bien entendu tout intérioriser notre fille déjà bien trop maligne et caractérielle pour son âge. Dans son étreinte, se cache l’envie, encore un peu, de n’être que notre bébé qui a grandement besoin de l’attention de ses parents. Je lui murmure quelques bêtises alors que son souffle se fait plus calme et qu’à nos côtés sa mère semble nous observer. « Tu m’as manqué aussi. » Si je savais encaisser les déclarations de ma fille sans jamais montrer que son affection faisait flancher mon armure de gars intouchable, il semble que tout devienne bien plus complexe dès qu’il s’agit de Rosalie. Le fantôme de ses lèvres semble encore presser contre les miennes alors que je lui adresse un regard empli d’une timidité qui ne fait plus réellement sens alors que chacun d’entre nous porte entre ses bras le fruit de notre union.
Le silence ce vaut d’or alors que les enfants s’endorment paisiblement et que le film diffusé à la télévision ne devient plus qu’un simple fond sonore. Mes pensées cavalent dans tous les sens quand je n’avais pas imaginé avoir un retour aussi mouvementé parmi les miens. Je voudrais évoquer ce baiser volé, mais les mots restent coincés quelque part dans le fond de ma gorge. Rien ne semble véritablement faire sens lorsque rien ne semblait calculer et que Rosalie avait agis selon sa propre volonté. C’est que l’on ne pouvait plus avoir le loisir de s’égarer dans des folies absolument non contrôlées. Déposé Grace dans son lit m’offre l’escapade nécessaire pour remettre mes idées en place, pour ne pas me laisser envahir par tout cela. Rosie était crevée, ce n’était que la folie d’un instant, rien de plus. Vraiment ?
« Je sais pas ce que tu as dit à Grace, mais elle a été particulièrement gentille avec moi après que tu sois parti avec Hugo. » Je hausse les épaules, regard toujours rivé sur mon fils qui semble au paradis dans le creux des bras de sa mère. Il sourit aux anges le petit bonhomme et je me délecte de pouvoir l’observer aussi calmement après ces derniers jours loin de lui, les premiers depuis sa naissance. Mon regard finit par croiser celui de Rosalie, qui semble attendre une explication un peu plus poussée qu’un simple geste corporel vague. « Elle a besoin de s’adapter elle aussi. » que je souffle lentement avant de reprendre une place confortable dans le canapé. « Je crois qu’elle a trop imaginé que ce serait comme avec Abel, de temps en temps pour jouer et rien de plus. » C’est qu’elle adore jouer la grande cousine Grace, elle aime être auprès d’Ariane pour s’occuper du petit garçon, mais cela ne dure jamais plus que quelques heures avant que chacun ne rentre chez soi. « Il va falloir qu’on arrive à s’organiser pour continuer à lui proposer des moments rien qu’à elle avec nous. Quand Hugo dort ou alors qu’elle puisse faire quelque chose en tête à tête avec l’un puis l’autre. » Sinon, ce sera continuellement la crise, parce que c’est la seule façon qu’elle a trouvée pour exprimer son mécontentement. « Demain, je l’emmènerai sûrement faire un truc à deux. » Je n’ai pas encore réfléchi à ce que l’on pourra bien faire, mais les activités ne manquent pas dans le coin et je dois avouer que j’ai hâte de pouvoir passer un moment seul avec ma fille. Probablement aussi, pour me déculpabiliser de l’avoir puni aujourd’hui, mais ça, il y a bien que Rosalie qui saura le lire entre les lignes. C’est aussi bien moins simple de me retrouver seul avec notre fils quand je ne suis pas celui qui pourra bien le nourrir. « Juste un peu. » Elle se moque, mais il a changé le poupon, il a pris des joues, je le vois bien. « Même si les deux derniers jours m’ont paru interminables sans toi, le temps va trop vite. » À nouveau, je hoche la tête, sans trop savoir quoi dire de plus. Ce n’était que deux jours, je devais le faire et un jour, il faudra bien que l’on reprenne un quotidien différent.
Rien ne semble simple, j’ai l’impression de m’enfoncer dans un malaise que je ne saurais gérer et lorsque Rosalie se lève pour aller coucher Hugo, j’hésite presque à partir me réfugier dans la chambre d’ami qui est en quelque sorte devenu la mienne. Elle n’a jamais déménagé Rosalie, cette maison était la mienne auparavant et désormais, j’ai la sensation de n’y être qu’un étranger de passage. Souvent, je me demande ce qui a bien pu se passer pour que l’on en arrive là. Pourquoi on a laissé le quotidien nous bouffer au point de devoir marcher sur la pointe des pieds dès que l’autre est présent dans la pièce. Tout semble tourner autour de nous sans véritablement faire sens, la naissance d’Hugo étant venu réaffirmer ce que l’on n’a jamais osé se dire. Quoiqu’il arrive, il existera toujours ce lien entre nous. Quoiqu’il arrive, je reste obséder par ses lèvres qui sont venues trouver les miennes. Tellement que je remarque à peine la présence de la brune dans la pièce. Jusqu’à ce qu’elle s’assoie en face de moi et pose dans le silence des mots que je n’aurais pu voir venir. « Je voudrais qu’on essaye encore. Pour de vrai. » L’espace d’un instant, je me retrouve comme déstabiliser, presser entre une impression de rêver et la réalité qui se raccroche dans le regard désespérer qu’elle me lance. « Je… » Ce n’est pas comme cela que je devrais m’exprimer, la réponse devrait être instinctive, mais me reviens en tête tout ce qui a bien pu foirer, tout ce qui avait su nous séparer. J’ai peur que ce soit les deux derniers jours qui parlent pour elle, qu’elle exprime une peur inavouée de se retrouver seule avec les enfants. Je ne sais plus vraiment quoi penser et ma bouche s’ouvre et se ferme comme un poisson qui cherche son air. « Je veux pas faire de connerie. » que j’annonce alors dans un murmure si faible qui pourrait être inaudible. « Grace est déjà perturbée et… » C’est si laid d’utiliser notre fille comme bouclier quand en réalité, c’est moi qui suis tétanisé. « T’es sûre ? » que je demande alors comme pour gagner du temps, pour organiser mes pensées. Pour surtout ne rien gâcher comme j’ai si souvent su le faire par le passé. |
| | | | (#)Sam 11 Sep 2021 - 16:41 | |
| Les pensées défilent sans pause dans ton esprit alors que tu es bien incapable de te concentrer sur les scènes du film qui défilent sur la télévision, bien que ton regard y soit machinalement accroché. Tu repenses au bordel des deux derniers jours, cette réalisation pas si soudaine que tu peinerais à survivre le quotidien sans la présence de Wyatt. Mais c’était bien plus que vos simples rôles de parents. Deux jours, ce n’est rien et pourtant, la présence du Parker t’avait manqué, comme si on t’avait soudainement arraché un morceau de toi. Un sentiment que tu n’avais pas ressenti de cette façon depuis bien longtemps alors que pourtant, la vérité sur ce que tu ressentais encore à son égard semblait se faire voir de partout. Dans la manière dont tu ne pouvais que fondre de le voir agir avec vos enfants. Dans cette façon que tu avais de vouloir faire des plans bien trop loin dans le futur, tout en voulant être certaine de lui faire une place. Dans l’aisance qui t’avait habité quelques heures plus tôt à peine, quand tes lèvres étaient venues trouver les siennes dans un baiser tendre et doux, criant tous ses mots que tu craignais d’utiliser à nouveau à son égard. Wyatt n’était pas que le père de tes enfants, c’était évidence depuis longtemps et pourtant, vous aviez pris la décision de vous concentrer sur vos rôles de parents à défaut de savoir mettre une étiquette sur ce que vous étiez. Le chaos du quotidien permettait de vous perdre dans cette bulle, les besoins d’Hugo prenant beaucoup de place et Grace suppliant pour tout autant d’attention. Mais à la fin de la journée, quand les enfants dorment et que les besoins des autres se font moins criants, c’est quand même vers Wyatt que se dirige toutes tes pensées. Lui qui envahit ton esprit depuis trop longtemps, l’amour que tu portes à son égard n’ayant jamais complètement disparu, malgré le divorce et les années séparées.
Grace se retrouve dans son lit et quand Wyatt revient, son regard ne quitte pas votre garçon. « Elle a besoin de s’adapter elle aussi. » Tu hoches la tête, sachant pertinemment que la routine de Grace n’était plus la même et que son univers s’en trouvait grandement chamboulé. Hugo n’avait que quelques semaines et Grace avait passé huit ans à ne pas avoir à partager l’attention de qui que ce soit. « Je crois qu’elle a trop imaginé que ce serait comme Abel, de temps en temps pour jouer et rien de plus. » Tu acquiesces d’un nouveau signe de la tête. Tu voudrais pouvoir rendre la transition plus facile pour votre grande fille, mais il ne semble pas y avoir assez d’heures dans une journée pour que tu puisses donner à tout le monde tout ce dont ils ont besoin. « Il va falloir qu’on arrive à s’organiser pour continuer à lui proposer des moments rien qu’à elle avec nous. Quand Hugo dort ou alors qu’elle puisse faire quelque chose en tête à tête avec l’un puis l’autre. » « Je sais, c’était juste impossible à gérer pendant que t’étais parti. » que tu lui avoues. Tu avais essayé pourtant, mais Hugo avait refusé de dormir ailleurs que sur toi pendant les deux derniers jours et Grace refusait de se contenter d’activités ou tu pouvais t’asseoir tranquillement avec elle, Hugo dans un foulard. Elle voulait aller dehors, jouer au ballon, faire des expériences de science, toutes ces choses que tu n’aurais su gérer avec un bébé endormi contre toi. « Demain, je l’emmènerai sûrement faire un truc à deux. » « Bonne idée. » que tu souffles avec un sourire alors que tu viens poser un baiser sur le front de votre garçon. « Je pense qu’elle m’a dit qu’il y avait quelque chose d'organiser à la bibliothèque ce week-end, je suis certaine qu’elle serait contente d’y aller avec toi. » Des livres et un moment en solo avec son père? De quoi rendre votre héritière très heureuse le temps de quelques heures. Tu savais aussi qu’elle s’était beaucoup ennuyée de son père pendant les deux derniers jours et qu’elle serait impatiente de l’avoir pour elle toute seule un peu plus longtemps.
Pour l’instant toutefois, c’est toi qui te retrouves toute seule avec Wyatt alors que tu as été porté Hugo dans son berceau et que le petit garçon est resté fermement endormi, à ton plus grand soulagement. Tu ne sais pas combien de temps vous avez devant vous avant qu’il ne se réveille à nouveau, les nuits étant particulièrement chaotiques depuis quelques jours, mais tu profites du silence et du calme qui règnent dans la maison pour admettre à voix haute ce à quoi tu penses depuis un moment déjà. Que tu voudrais que vous vous donniez une nouvelle chance, une vraie. D’être ensemble, d’être un couple, plus que de simples parents qui cohabitent pour une question de gestion. Parce que tu l’aimes Wyatt, c’est une évidence que tu es fatiguée de nier. Une évidence qui aura mené à Hugo après tout, de la plus maladroite des façons certes, mais un miracle que tu ne voudrais échanger pour rien au monde. Le silence semble éternel alors que tu attends une quelconque réaction de la part de Wyatt qui semble surpris de ce que tu viens d’annoncer alors que vous vous trouvez dans un entre-deux depuis plusieurs mois déjà. « Je… » Tu sens ton cœur qui cogne si fort contre ta poitrine, tu n’oses pas bouger, tes mains maladroitement posées sur tes genoux alors que ton regard ne quitte pas le visage ahuri du Parker. « Je veux pas faire de connerie. » Tu fronces légèrement des sourcils, ce n’est pas exactement le genre de réactions que tu espérais, même si tu comprends ou il veut en venir. Tu hoches la tête, restes toujours silencieuse toutefois alors que tu attends, ou du moins espères, un peu plus de sa part. « Grace est déjà perturbée… » Cette fois-ci, c’est toi qui entre-ouvres les lèvres, bien qu’aucun son ne file de ses dernières. Il n’a pas tort, mais pour une fois, tu n’as pas envie que vous parliez des enfants. Tu as envie que vous pensiez à vous un petit, à ce que voulez, à ce que lui veut. Parce que toi, ça fait longtemps que tu as compris ce que tu voulais vraiment. « T’es sûre? » Pour toute réponse, tu oses enfin briser la distance qui existe encore entre vous, viens déposer tes lèvres sur les siennes pour la deuxième fois aujourd’hui. Cette fois-ci toutefois, tu y vas avec bien plus d’ardeur, bien plus de passion alors que tes mains viennent naturellement se glisser dans son cou, ton corps en entier se rapprochant, à la recherche de contact avec le sien. Tu te défais difficilement de cette nouvelle étreinte, le souffle court et imposes une légère distance, laissant ton regard trouver le sien. « Je sais qu’on a tout fait à l’envers avec Hugo. » Les moments passés ensemble alors que Wyatt était encore avec Sophia, la grossesse accidentelle, sa séparation et puis prendre la décision de vivre ensemble pour le bébé. Ce n’était pas un schéma classique, tu pouvais en convenir. Et pourtant, tu ne parvenais pas à regretter tout ce qui s’était passé parce que ça vous avait mené à ce moment précis, précieux à tes yeux. « Et je sais qu’on a tout fait foirer une fois. » Quand le quotidien a pris le dessus, que vous aviez du mal à communiquer, que le divorce a semblé être la seule solution pour donner le mieux de vous-même à Grace. Mais vous aviez changé, dans les quatre dernières années. Et contre toute-attente, vous aviez quand même su vous retrouvez, comme une évidence qui elle, n’avait pas su être changée. « Mais je t’aime, Wyatt. » Un sourire vient se placer sur tes lèvres alors que tes doigts trouvent les siens. « On est pas obligé de le dire à Grace tout de suite, les choses ont pas besoin de changer drastiquement. On peut prendre notre temps, quand on en trouve. » que tu ajoutes avec un léger rire. Ça ne serait pas simple, le temps manquerait et vous seriez sans doute obligés de vous retrouver comme des amants qui essayent de ne pas se faire prendre, mais tu étais prête à vous donner une nouvelle chance si c’était ce qu’il voulait aussi. « Si c’est ce que tu veux, toi aussi. » Et juste là reposait toutes tes incertitudes alors que tu serrais ses doigts un peu plus fort entre les tiens. |
| | | | (#)Lun 1 Nov 2021 - 22:23 | |
| « Je sais, c’était juste impossible à gérer pendant que t’étais parti. » À l’entendre, on pourrait croire que je suis parti durant plusieurs semaines. Ce n’était que deux jours et je me demande réellement tout ce qu’elle a pu traverser en moins de quarante-huit heures pour tenir un tel discours. Je voudrais comprendre, mais ce n’est pas vraiment le centre du sujet, enfin, je crois. « Je devais vraiment y aller, tu le sais. » Ce n’était pas de gaieté de cœur que je m’étais rendu à l’événement, mais c’était quelque chose d’important pour ma carrière, j’ai eu des contacts intéressants et je ne pouvais réellement pas passer à côté de l’opportunité. Je me sens idiot à me justifier et il est bien plus simple de faire glisser la conversation vers le sujet de notre fille. Grace et son caractère de cochon qui semble avoir fait vivre l’enfer à sa mère en quelques heures seulement. Grace qui s’affirme et qui rechigne à partager sa place avec son petit frère. « Bonne idée. » Il est important de lui montrer que l’on aura toujours du temps pour elle, qu’importe si Hugo réclame régulièrement toute notre attention. Je veux que l’on fasse attention à notre fille, refusant qu’elle se crée des frustrations parce qu’on n’aura pas pris le temps de tout lui expliquer sereinement. « Je pense qu’elle m’a dit qu’il y avait quelque chose d'organiser à la bibliothèque ce week-end, je suis certaine qu’elle serait contente d’y aller avec toi. » Je hoche la tête en souriant quelque peu. « Je vais me renseigner alors. » Un moment à la bibliothèque se serait parfait, c’est certain. « Et toi, tu pourrais l’emmener avec toi chez le coiffeur. » C’est bien une activité de nana tout cela et il faut dire que Grace adore passer ce genre de moment, comme une grande, avec sa mère. « Elle aurait bien besoin de couper cette mèche qui lui tombe toujours devant les yeux. » Elle dit qu’elle aime bien notre rebelle de fille, mais moi ça me rend juste dingue de ne voir qu’un œil sur deux.
L’ambiance change du tout au tout lorsque l’on ne se retrouve plus qu’à deux. Les enfants ne sont plus là pour agir comme barrière ou nous servir de distraction. Il ne reste plus que les silences et la sensation de ses lèvres contre les miennes qui me hantent depuis mon retour. S’ils ont a toujours été particulièrement doué pour éviter les sujets de conversation qui fâchent, Rosalie préfère foncer droit dans le mur pour une fois. Au point de me déstabiliser quand je ne sais toujours que faire du baiser que l’on avait échanger un peu plus tôt. Tout me fait hésiter quant au plus profond de moi, je connais déjà la réponse. Il m’est difficile d’imaginer ma vie sans elle, pratiquement impossible de la repousser quand bien même j’ai été en couple durant un temps, Rosalie avait toujours su hanter mes pensées. C’est pire encore lorsque je l’interroge et que sa réponse intervient sous la forme d’un baiser empli d’audace. Rien ne semble l’arrêter cette fois alors que nos langues se frôlent et que mon corps tout entier réponds à son appel, cherchant la moindre friction à grappiller des secondes quand bien même mon souffle se fait court. « Je sais qu’on a tout fait à l’envers avec Hugo. » Un rire m’échappe tandis que mon front reste coller au sien. C’était peu dire quand on avait foiré en beauté. Je n’avais su résister, préférant tromper ma compagne que laisser Rosalie m’échapper. « Et je sais qu’on a tout fait foirer une fois. » - « On savait pas ce qu’on faisait. » On était bien trop jeune, bien trop fougueux. La vie nous avait happées ailleurs, dans des envies que l’on se devait de relever avant de pouvoir se retrouver. « Mais je t’aime, Wyatt. » Et le frisson qui me parcoure à l’entente de ses mots me laisse comprendre à quel point tout cela se voulait réciproque. « On est pas obligé de la dire à Grace tout de suite, les choses n'ont pas besoin de changer drastiquement. On peut prendre notre temps, quand on en trouve. » Mon rire vient se mêler au sien alors que mes lèvres cherchent les siennes à nouveaux. « Si c’est ce que tu veux, toi aussi. » qu’elle vient murmurer entre deux baisers, comme si tout cela ne pouvait rien du tout. Je souffle entre nous, malgré tout, le cœur battant la chamade. « J’ai peur que tout foire à nouveau. » que je lui avoue alors lentement. C’est bien tout ce qui m’a toujours retenu depuis que l’on s'est retrouvé. Jamais je ne voudrais les quitter, jamais je n’aurais envie de repartir seul dans ma maison pour faire une garde alternée. Je le sais parfaitement, mais il y a tant de choses qui entre en compte. « Je ne veux pas précipiter les choses. » Ce serait fou que de nous lancer à corps perdu dans quelque chose que l’on avait déjà laissé pourrir auparavant. « Mais je suis prêt à essayer de nouveau. » que je murmure avant de capturer ses lèvres dans un baiser passionner qui se prolonge tandis que l’on s’accroche l’un à l’autre. « Juste entre nous. » que je souffle avant de la prendre dans mes bras pour mieux nous entraîner dans l’assise du canapé. Elle doit entendre le bruit assourdissant que fait mon cœur qui tape contre ma cage thoracique tandis que je cherche mon souffle après tant de révélations. « Je t’ai toujours aimé. » Et cela, je ne lui avais jamais dit. |
| | | | (#)Jeu 4 Nov 2021 - 13:49 | |
| Il serait si facile de se cacher éternellement derrière Grace et Hugo. De ne jamais se forcer à avoir cette conversation, à cacher tous ces sentiments qui existent pourtant encore entre vous, peu importe ce que vous aviez pu dire par le passé. Tu as survécu – à peine – à ces deux premiers jours sans Wyatt et une chose est plus claire que jamais dans ton esprit : tu n’as pas la moindre envie de faire ça toute seule. Pas la moindre envie de le voir repartir pour sa propre demeure d’ici quelques semaines, quelques mois peut-être parce que vous n’avez pas été capable de vous dire ce qui a toujours été une évidence entre vous deux. Alors tu oses, tu plonges tête première, sans savoir à quoi t’attendre. Tu les connais et tu les comprends, les réticences de Wyatt. Tu te souviens de ce qui a mené à votre divorce, cette séparation dont tu ne t’es jamais remise. Jamais en quatre ans tu n’as cherché à rencontrer qui que ce soit d’autre, tantôt trop occupée avec Grace, tantôt te concentrant plutôt sur ta carrière, refusant toujours d’admettre que c’était plutôt parce que ton cœur n’avait jamais cessé d’appartenir au Parker. Tu te lances et il te rattrape cette fois, alors qu’il répond à ton baiser avec passion et envie, de cette façon que vos corps n’ont jamais su nier ce que vos cœurs et vos têtes voulaient pourtant vous faire croire avec force. Tout est électrisant autour de vous alors que vos lèvres se séparent à contre-cœur, ton front contre le sien alors que vos souffles se rejoignent dans une mélodie si familière. Pour un instant, juste un, il n’y a que vous deux. Bientôt, il faudra vous souvenir que ce n’est plus juste vous. Qu’il y a Grace, qu’il y a Hugo, que c’est un équilibre à quatre qu’il vous faudra tenter de trouver, mais ce soir, dans cette bulle qui vous enferme, il n’y a que lui et toi et tout ce que vous n’avez jamais osé admettre dans la dernière année, et bien avant même. « On savait pas ce qu’on faisait. » Tu n’es pas certaine que vous le sachiez plus aujourd’hui, mais tu veux croire que vous avez appris de vos erreurs, de ces années à se côtoyer sans être ensemble, à réapprendre à se connaître. Correctement un moment, et puis avec stupidité et passion le moment suivant quand vous retrouvez voulait aussi dire que Wyatt avait trompé sa compagne des dernières années.
Tu n’as pas réponse à tout, tu ne sais pas encore comment vous allez gérer de vous retrouver tout en excluant Grace et Hugo de l’équation pour le moment. Mais tu ne veux plus avoir à prétendre que tu n’es pas amoureuse de lui, que tu n’as pas envie de te blottir dans ses bras chaque fois qu’il n’est pas loin, que tu meures d’envie de retrouver ses lèvres à chaque fois que tu croises son regard. Ce ne sera pas facile, bien au contraire, mais tu veux croire que vous en valez la peine. Que votre amour, que votre famille vaut les ajustements, les sacrifices, les concessions. C’est en récupérant tes lèvres une fois, deux fois, trois fois encore qu’il te fait comprendre que c’est ce qu’il veut lui aussi, malgré les hésitations qui demeurent bien présentes. « J’ai peur que tout foire à nouveau. » Tu hoches doucement la tête. Toi aussi, tu as terriblement peur que cette deuxième chance ne donne pas le résultat escompté. Peur de réalisé que vous êtes mieux séparés que vous ne l’avez jamais été ensemble. Mais au fond de toi, tu sais que ce n’est pas vrai. Que ta vie fait bien plus de sens quand il en fait partie. Que ton cœur ne bat que pour lui et que tu n’imagines pas le jour où cela va changer. « Je ne veux pas précipiter les choses. » « Tu veux dire, plus que d’avoir deux enfants et d’habiter déjà ensemble? » que tu souffles contre ses lèvres en riant, incapable de résister à l’appel de ses lèvres maintenant que tu les as retrouvées. Tu sais parfaitement ce qu’il voulait dire par là toutefois, et tu es d’accord. Il vous faudra y aller par étape, ne rien forcer, ne rien presser parce qu’il ne s’agit pas seulement de vous deux. Il faut penser à ce qu’il y a de mieux pour Grace et Hugo à long terme et tu ne veux pas mêler votre grande fille plus qu’elle ne doit déjà l’être en ce moment. « Mais je suis prêt à essayer de nouveau. » Et ton cœur pourrait éclater juste là, tellement tu demeures soulagée de l’entendre, bien que ses gestes parlaient déjà bien assez fort pour lui. Tu te perds dans la nouvelle embrassade, tes mains à la recherche de sa peau alors que vos corps communiquent tout ce que les mots ne sauront jamais bien exprimer pour vous. « Juste entre nous. » « Jusqu’à ce qu’on soit certain de nous. » Ton cœur voudrait lui dire que tu n’as jamais douté de quoique ce soit, mais votre historique et ta raison l’emportent dans ce jeu-là, quand toujours, le bien-être de tes enfants passera avant le tien. Il te serre contre lui, te rapproche de son corps et tu oublies tout de ce qui s’est passé avant qu’il ne revienne. Tu oublies le bordel, la fatigue et le fait qu’Hugo va sûrement se réveiller une dizaine de fois dans les huit prochaines heures. Rien de tout ça n’a d’importance quand Wyatt prononce des mots comme : « Je t’ai toujours aimé. » « Alors me laisse plus jamais partir. » que tu murmures avant de retrouver ses lèvres et de venir prendre place sur ses cuisses, le besoin de le retrouver complètement plus fort que tout le reste. Le message est clair quand tu sens ses mains glissées sous tes fesses pour te soulever et t’amener jusqu’à ta chambre, la porte se refermant derrière vous. |
| | | | | | | | give me shelter from the storm (craker #9) |
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