Le couperet venait de tomber. May Glitters ne serait pas la présentatrice de la saison deux de Race Of Australia et alors que le tournage devait commencer dans moins d’une semaine, on venait tout juste de lui annoncer. Son sac de voyage était presque déjà bouclé, sans réelles nouvelles, elle était certaine que c’était pour elle, certaine qu’elle allait retourner sur les routes Australienne pour six semaines de folies. Rien du tout. Aurevoir Glitters, et surtout, ne tente pas de revenir. La télévision n’est pas pour toi. Tu es très bonne pour chasser les têtes, pour diriger un casting, mais ne te trompe pas de voix. Reste à ta place.
Les mots étaient durs mais ils étaient réels. Et si elle n’avait jamais été faite pour ça ? Si sa place était bien derrière, dans l’ombre, là où elle avait toujours excellé ? Et pourtant, c’était bien face caméra qu’elle avait toujours voulu être. C’est pour être face caméra qu’elle avait écarté bon nombres de projets, qu’elle avait sacrifié des heures de sommeils, des heures à profiter du temps présent, à être avec sa famille, avec sa fille. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle, elle voyait déjà le visage satisfait de Norman s’il apprenait la nouvelle, elle voyait déjà le visage déçu de sa fille si elle apprenait la nouvelle. Et ils allaient l’apprendre. La disparition soudaine de May du programme allait forcément les alerter, ils allaient forcément se demander pourquoi elle n’était pas à l’antenne. Elle avait encore un peu de temps devant elle pour savoir comment se retourner, comment gérer tout ça. Mais pour le moment, elle était pleine de colère, pleine de rage. Remplie de déception, elle n’avait qu’une envie : tout envoyer balader. Au diable la télévision, au Diable ABC et les autres chaines, les sociétés de productions. Bye tout le monde et surtout, allez vous faire foutre.
« Ils ne sont même pas fichus de me convoquer pour me le dire en face. » qu’elle explique à Sofia, son verre de Mowsco Mule entre les mains. « Ils m’ont envoyé un mail, Sofia. » à 23h, la veille. «  Hier soir, je l’ai vu ce matin. » elle sort son téléphone, elle lui met sous le nez, elle pourrait y lire toutes ces choses immondes. Un message rempli d’excuses mais à la fois complétement déconnecté. « Ne te mets pas de bâtons dans les roues, ne perd pas de temps. Nous faisons ça pour ton bien. Le public n’a pas accroché… les cours de théâtres n’ont aboutis à rien. »
La blonde lui laisse le temps de prendre le lire l’ensemble du mail. « Si je choppe Rory… » celui avec qui elle avait suivi les cours de théatre, celui qui était censé lui apprendre les bases, pour être mieux, plus détendue face caméra. Mais finalement, elle était bien plus naturelle et bien plus détenue lorsque l’attention n’était pas toute dirigée vers elle. « Qu’est ce que j’vais faire de ma vie ? » quel ton dramatique.

@Sofia Caron

with @May Glitters

Pouvait-elle réellement feindre la surprise ? May était son amie, mais elle connaissait que trop bien ce milieu et combien il pouvait parfois être cruel. Cela faisait plusieurs années qu’elle travaillait là et il n’était pas rare de voir de potentiel animateurs ou candidats évincés sans réel explication. Elle avait fini par s’y faire et peut-être même qu’elle avait usé de son poste pour faire sauter quelques têtes aussi. À vrai dire, elle avait été étonnée de savoir que son amie avait l’intention de basculer de l’autre côté des caméra. May avait toujours été très doué dans ce qu’elle faisait, et c’était surement pour cette raison qu’elles étaient devenues copines au départ. Elles avaient beaucoup en commun mais jamais Sofia n’avait envisagé une seule fois de devenir présentatrice. Elle avait tenté de la dissuader la première fois qu’elle s’était confiée à elle sur son nouvel objectif. Au fond, la productrice savait pertinemment que les cours de théâtre ne suffirait pas à lui permettre de décrocher le poste. May était plus douée à chiner de nouveaux talents que d’en avoir. Le rôle d’ami aurait probablement été de la prévenir au lieu de la laisser se casser la gueule et ramasser les pots cassés derrière. Seulement, elles sortaient du même moules toutes les deux, et lorsqu’elles avaient une idées en tête, il était difficile de les en dissuader. Une chose était sure, la chaîne perdait un élément majeur et remplacer May ne serait pas une mince affaire. « Tu sais que les portes de Network 10 te sont grandes ouvertes, je pourrais parler à Patrick. On a toujours besoin de chasseuse de tête, puis qui sait, ça fera probablement chier la concurrence ? » elle était convaincue par le fait que son amie devait rester dans ce milieu. Égoïstement, elle aimait l’idée qu’elles fassent parti du même monde. Elle avait l’impression que si son amie partait, leurs sujets de conversations ne seraient plus autant animés. Et qui de mieux que May pour critiquer ensemble leurs directions respectives. « Ils ne sont même pas fichus de me convoquer pour me le dire en face. » une mou compatissante se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle vint chaleureusement poser ses mains sur les siennes comme pour lui apporter son soutien : « C’est juste des cons… » conclut-elle, en espérant que son juron puisse la réconforter un peu. « Ils m’ont envoyé un mail, Sofia… Hier soir, je l’ai vu ce matin. » bien sûr, c’était toujours plus facile la correspondance informatique. De cette façon, il la privé de toute tentative de défense. May était plutôt doué dans l’exercice, ils avaient probablement eu peur qu’elle leur retourne la tête et qu’elle finisse réellement par rejoindre les routes australiennes. Ils ne voulaient pas prendre le risque de se laisser convaincre. Sofia mettait cette cruauté sur le dos de la ABC, persuadée que sa chaîne était plus clémente. Après tout, ils avaient bien donné sa chance à une débutante. Kelly n’avait pas eu à prendre de cours de théâtre, sa spontanéité avait suffi à convaincre. Son œil se pose sur l’écran que la jolie blonde lui tend. Elle secoue la tête en lisant le manque de tact de ses supérieurs sans s’empêcher de comparer une nouvelle fois : « Tu vois, ça… chez nous, ils ne se seraient jamais permis ! Tu devrais… » elle se censure en se rendant compte qu’elle remuait le couteau dans la plaie et qu’elle ne l’aidait pas tellement. « Laisse tomber, ils finiront par s’en mordre les doigts. » elle savait que non. Tout comme elle, Sofia était sur un siège éjectable. Personne n’était irremplaçable dans le cruel milieu de la télévision. « Si je choppe Rory… » elle resta muette devant la frustration de son amie. Rory n’était pas totalement coupable. Si elle voulait s’en prendre à quelqu’un, il fallait taper plus haut. « Qu’est-ce que j’vais faire de ma vie ? » il était hors de question de la laisser se morfondre sur son sort. May n’était pas du genre à s’appitoyer sur sa situation et ce n’était pas maintenant que ça allait changer. Du moins pas en la présence de Sofia, qui refusait de voir son amie broyer du noir. Elle lève les yeux aussitôt vers le serveur : « S’il vous plait, deux shooters ! » commande t-elle pour elle et son amie, puis son regard vint de nouveau se poser sur la jolie blonde. « Ma chérie… » commence-t-elle sur un ton bienveillant « Tu vas faire ce que tu fais de mieux et rebondir sur tes deux jambes. La May que je connais ne s’émeut pas par la moindre difficulté. » elle vient finir son verre de Gin tonic en attendant sa nouvelle commande : « Et puis, comme je t’ai dit. Je serais ravie de t’avoir comme collègue. » d’ordinaire, mélanger vie personnelle et vie professionnelle n’était pas une très bonne idée mais le fait d’avoir son amie à ses côté lui plaisait bien.

Peut être que finalement, il n’y avait que May pour y croire. Après tout, depuis toutes ces années, Norman ne l’avait jamais soutenu, Josh ne l’avait jamais soutenu, Marius lui-même ne s’interessait pas plus que ça à ses projets, bien qu’il ne lui faisait pas part de ses inquiétudes plus que cela, la blonde avait bien saisi qu’elle n’avait personne de son côté. Meilleurs amis, ex, frère… personne. Elle y croyait dur comme fer, elle, de son rêve, de son but ultime. Toutes ces années de sacrifice pour viser le saint Grale. Etre devant la caméra. Elle n’avait même pas eu droit à son heure de gloire, les critiques avaient toujours été mitigées la concernant, elle n’avait pas été plébiscitée par le public, pas par la chaine, ni la production, personne ne lui avait fait l’accueil qu’elle avait tant espéré. Mais elle continuait d’y croire, persuadée qu’elle aurait sa chance, réellement, qu’elle finirait par être reconnue à sa juste valeur. Et puis la chute. Et puis plus rien.
« Tu sais que les portes de Network 10 te sont grandes ouvertes, je pourrais parler à Patrick. On a toujours besoin de chasseuse de tête, puis qui sait, ça fera probablement chier la concurrence ? » chasseuse de tête. Ce n’est pas ce qu’elle voulait May, ce n’est pas aller travailler pour la concurrence pour retourner dans ses petites sales de casting, elle ne voulait plus de ça. Elle avait fait le tour, fatiguée de voir toujours les mêmes profils, tous ces mômes perdus, à la recherche de notoriété, à la recherche de reconnaissance, prêt à tous les sacrifices. N’était-ce finalement ce qu’elle était elle-même ? Prête à tous les sacrifices, coute que coute, ce qu’elle n’avait d’ailleurs jamais admis. Et pourtant. Ces jeunes qu’elle castait, qu’elle stalkait sur les réseaux, ça aurait pu être-elle. Elle aurait pu être à leur place, tout faire pour attirer l’attention et devenir célèbre. Et pour quoi ? Quel résultat ? On prenait les gens tant qu’ils étaient beau, utiles, drôles et dès qu’ils ne faisaient plus l’affaire pour une raison ou une autre, ciao Bella. « Je veux plus de ça, Sofia, ni chez ABC, ni chez Network… » ni ailleurs.
Elle lui laisse le temps de prendre connaissance de ce mail tout en observant ses réactions. Sofia semblait ne pas en revenir non plus de la dureté des écrits et pour autant, elle ne semblait pas si surprise non plus. Parce qu’elle connaissait le fonctionnement du système ou parce qu’elle s’attendait à ce que le scénario puisse se produire ? Et si elle-même n’y avait pas cru, dès le départ ? « Tu vois, ça… chez nous, ils ne se seraient jamais permis ! Tu devrais… » La Glitters relève le bout du nez, devrait quoi ? Elle ne croyait pas un seul instant que l’herbe soit si verte ailleurs, pour avoir eu des collaborateurs qui allaient d’une chaine à l’autre comme s’ils changeaient de slips, elle savait qu’ils étaient, au final, tous pareil. Tous fait dans le même moule, bien que chacun défende des valeurs différentes, ils sont tous les mêmes. « Laisse tomber, ils finiront par s’en mordre les doigts. » elle hausse les épaules May, accompagné d’une secousse de la tête, elle était dégoutée, à s’apitoyer sur son sort et aussi en colère. Avec cette sensation de « tout ça pour ça. » et en même temps, elle avait l’impression d’avoir fait ce qu’elle pouvait, qu’elle ne pouvait pas donner plus. « S’il vous plait, deux shooters ! » bon réflexe, Sofia. May leva les doigts pour faire signe au serveur de doubler la dose. Quatre shooter, ce serait pas de trop. « Ma chérie… » May regarda son amie, pas certaine d’être très attentive à la suite. « Tu vas faire ce que tu fais de mieux et rebondir sur tes deux jambes. La May que je connais ne s’émeut pas par la moindre difficulté…. Et puis, comme je t’ai dit. Je serais ravie de t’avoir comme collègue. » « Je crois que j’ai besoin de temps pour avaler tout ça et pour savoir où je vais. » la nouvelle était bien trop fraiche, elle avait besoin de prendre un peu de recul. De ne pas prendre de décision trop hâtive, bien qu’elle était du genre impulsive en générale, parler avant de réfléchir et ça lui réussissait plutôt bien d’ailleurs – enfin, ça c’était sa version. « Je commençais seulement à me remettre sur pied, je misais gros sur Race Of Australia… » pour le cachet que cette émission représente, pour les dettes qu’elle doit terminer de rembourser. Pour lui assurer un revenu aisé pour les prochains mois. La, elle se retrouvait sans contrat, tout était devenu plus flou, un avenir incertain qui la paralysait à nouveau. « Je ne peux pas me retrouver à faire la caissière au supermarché du coin. » qu’elle lâche, dépitée, sans aucune considération pour ces hommes et ces femmes qui travaillaient pourtant très dur. « C’est la honte. » c’est ça, la honte, ses faiblesses montrées au grand jours, son rêve qui tombe sous ses pieds. Son égo et sa fierté assommés.

with @May Glitters

Ce milieu était impitoyable et pourtant Sofia avait tout fait pour en faire partie. Dans le fond, elle comprenait que son amie veuille plus, après tout elles avaient déjà le pouvoir et l’argent mais pas la gloire. La productrice n’en avait que faire d’être connue ou pas, l’essentiel pour elle c’était de pouvoir tirer les ficelles comme elle l’entendait. Elle aimait le fait de diriger comme bon lui semblait son émission, décider des invités et choisir les questions. Elle aimait manipuler le public autant que les chiffres sur son audimat. Dans son esprit, ce n’était rien d’autre qu’un jeu dont elle inventait ses propres règles. Elle s’était donnée beaucoup de mal pour en arriver là. D’abord parce que c’était une femme et puis parce qu’elle n’avait pas toujours travaillé là-dedans. À vrai dire, elle s’y était retrouvée un peu par hasard au départ et puis elle s’y était fait assez vite. Rapidement, son travail était devenu sa raison de vivre, sa grotte pour fuir les problèmes du quotidien. « Je veux plus de ça, Sofia, ni chez ABC, ni chez Network… » D’un côté, elle comprenait sa frustration mais dans le fond, elle s’inquiétait qu’elle ne regrette son choix. Il était très difficile de rentrer là-dedans, il n’y avait qu’à voir la tonne de CV qui s’empilait à l’accueil sans jamais recevoir de suite. Pourtant, il n’y avait qu’à plonger le nez dedans pour trouver de nouveaux talents prêt à tout pour récupérer leur place. Elle préféra pour cette fois garder le silence, alors qu’elle plonge le nez dans le mail de son ami. « Je crois que j’ai besoin de temps pour avaler tout ça et pour savoir où je vais. » elle n’avait pas tort et il n’était que question de seconde pour que la productrice lui propose la même chose. Il fallait qu’elle se concentre sur elle. À quarante ans passé, il n’était plus vraiment question de reprendre à zéro. Ou alors, il fallait beaucoup de courage pour se construire un nouvel avenir. Avec tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps, elle n’était pas sure que May en soit capable mais elle préférait ne pas remettre en question ses nouveaux projets. « Je serais toi, je partirais quelques temps en vacances… je ne vois pas ce qui te retiens. » Pas de mari, plus d’enfants à gérer et plus de travail. Dans cette histoire, elle oubliait peut être le plus important pour concrétiser le moindre projet. L’argent. « Je commençais seulement à me remettre sur pied, je misais gros sur Race Of Australia… » il faut dire que l’émission avait fait un carton plein l’année d’avant. D’ailleurs c’est sur ce buzz qu’elle avait surfé pour engager sa présentatrice. C’était en partie grâce à May que Sofia avait découvert Kelly. « Tu sais, ce genre d’émission ça fait boum la première saison et ensuite ça s’essouffle. On sait toutes les deux comment ça marche derrière. » elle mentait. Elle savait que ce qu’elle disait n’avait que pour effet de réconforter son amie qui ne devait pas la croire plus que cela. Sauvée par le gong, les premiers shooters arrivèrent et en moins de deux-elle descendit son premier verre grimaçant au passage. « Je ne peux pas me retrouver à faire la caissière au supermarché du coin. » elle exagérait avec son talent et son savoir-faire, elle allait pouvoir très vite retrouver du travail. « C’est la honte. » elle secoue la tête, un sourire taquin sur les lèvres. « T’en fais pas, tu seras ma petite caissière préférée. » sans se faire prier, elle s’attaque à son deuxième verre et fait signe au serveur de leur rapporter la même chose. Pour une fois qu’elle avait de la compagnie pour s’enivrer, elle n’avait pas l’intention de compter ses verres. « J’imagine que tu n’en as pas parlé à Elia, et Norman ? » Elle savait que le sujet était délicat et connaissant l’égo de la jolie blonde, il valait mieux la pousser pour aborder le sujet. « Tu devrais leur dire avant qu’il ne le découvre comme tout le monde… »

May n’avait pas de diplôme, elle n’avait pas fait d’études. Cliché ou pas, l’arrivée d’Elia dans la vie du couple alors qu’ils avaient tout juste la 20 aine avait remis leurs projets en question. Pour May ou Norman il avait été hors de question que le Bing mette entre parenthèse son projet de devenir Ingénieur entre parenthèse. Il était plus que motivé et il était si prêt du but, que faire une pause lui aurait sans doute mis des bâtons dans les roues. May ne s’était pas posé de question, c’était elle qui devait faire un stop et pour la suite, elle verrait plus tard. Sauf que les années passant, elle n’avait jamais repris ses études. Elle était rentré sur les plateaux télévisés par la petite porte, apportant des cafés aux staff des différents programmes pour ABC, elle s’était interessée petit à petit à ce monde de la télévision et elle le savait : un jour, elle serait devant les caméra, elle serait à la place de cette animatrice phare de la chaine. Et pour ça, elle allait tout faire pour faire sa place, pour qu’on la connaisse et qu’on la reconnaisse. Elle avait enchainé les petits boulots, à différent poste, s’intéressait à tout, se rendait disponible, le matin, le soir, la nuit, elle quittait petit à petit le cocon familial qu’elle avait fondé avec Norman. Manquant d’intérêt pour Elia, jalouse de sa propre fille, jalouse de la façon dont Norman pouvait la regarder, elle prenait toute l’attention alors pourquoi insister davantage ? Elia était si bien entouré, elle n’avait sans doute pas tant besoin de sa mère et puis, pour May, ce qu’elle faisait pour sa fille était bien suffisant. Elle pensait bien faire, elle pensait faire au mieux. Il n’y avait qu’elle pour le croire.
Alors maintenant que le rêve de May lui était retiré, maintenant que tous les efforts qu’elle avait mené, tout ce qu’elle avait construit depuis toutes ces années était tombé à l’eau, elle n’y voyait plus clair. La tête dans l’guidon, elle était en colère, rancunière. Son égo avait pris un coup derrière la tête et sa seule envie était d’envoyer balader tout ce monde qui lui avait tourné le dos. « Je serais toi, je partirais quelques temps en vacances… je ne vois pas ce qui te retiens. » elle hocha la tête, elle non plus n’avait pas idée de ce qui pouvait encore la retenir ici. « Ou partir pour ne plus revenir. » quelle drama queen, bien sûre qu’elle reviendrait, parce qu’elle avait absolument tous ses repères ici, May. Et qu’elle pouvait très bien dire n’avoir besoin de personne, elle avait absolument besoin de tout le monde. Sofia, Josh, sa fille, Norman… tout le monde. Et elle se doutait qu’à l’avenir, plus que jamais ,elle aurait besoin d’eux. Parce que pour le moment, c’était bien trop flou pour se séparer de ces repères, même si la plupart d’entre eux n’étaient que superficiel. Elle savait au moins que si elle sonnait le signal d’alarme, elle ne serait jamais seule. Seulement, il fallait qu’elle se donne le droit de le faire et là, elle n’y était pas. Admettre ses faiblesses était bien trop compliqué pour la Glitters. Surtout auprès de personnes qui n’attendent que ça. « Tu sais, ce genre d’émission ça fait boum la première saison et ensuite ça s’essouffle. On sait toutes les deux comment ça marche derrière. » sans doute que cette deuxième saison allait s’essouffler, mais ça aurait été sa bouffée d’oxygène à elle. Maintenant, elle n’attend qu’une chose : que l’émission fasse le plus gros flop de l’année. « Je croise les doigts pour que les audiences ne décollent jamais. » on y était pas encore à la diffusion, le tournage venait tout juste de commencer, et encore… et en réalité, il y avait peu de chance pour que ça ne marche pas. Une petite vengeance personnelle, en tout cas. Se disant qu’elle aurait quitté le navire avant la catastrophe, bien qu’elle-même n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait dans les semaines à venir. « T’en fais pas, tu seras ma petite caissière préférée. » pas d’humeur à sourire la Glitters. Elle ne voulait absolument pas se projeter dans ce cas de figure. Elle n’avait aucune idée de ce qui pourrait lui plaire ou lui convenir comme avenir professionnel mais elle ne se jetterait pas sur le premier boulot alimentaire qu’on lui proposerait. Elle avait, d’après elle, une dignité. « J’imagine que tu n’en as pas parlé à Elia, et Norman ? » « Surtout pas. » qu’elle rétorque alors que Sofia avait à peine repris son souffle.« Tu devrais leur dire avant qu’il ne le découvre comme tout le monde… » La blonde leva son index et le remua de gauche à droite pour signifier son refus. « Ils n’ont pas besoin de savoir. Norman n’a pas besoin de savoir. » quant à Elia, peut être qu’elle lui dirait. « Et si j’en parle à ma fille, tu peux être sure que son père aura l’information dans l’heure qui suit. » elle lui avait déjà balancé à propos des huissiers… non merci. « Je me passerai de son discours et de ses « Je te l’avais dis. » il se réjouirait bien trop de cette nouvelle. Peu sont ceux qui ont cru en mes projets et là, j’ai l’impression qu’ils attendent tous que je leur dise qu’ils avaient raison. C’est hors de question. »

with @"May Glitters"

Au fil des années, Sofia ne s’était pas faites beaucoup d’amis dans le milieu. En plus d’être entourés d’arrivistes et d’opportunistes, elle savait pertinemment que son siège était éjectable à la minute où elle ferait une erreur. C’est pourquoi, elle avait appris à s’entourer des bonnes personnes. Pourtant May Glitters comptait parmi ses amies, ses vrais amis à qui elle pouvait presque tout raconter. Et puis, avec le temps, elle s’était même mise à la considérer comme un membre à part entière de sa famille. May était sa meilleure amie et bien qu’elle était moins fataliste qu’elle sur son sort, Sofia savait combien il était difficile de percer dans ce milieu une fois la quarantaine passé. Toutefois, elle se voyait mal lui conseiller de renoncer à son rêve et bien qu’elle avait tenté d’orienter le sujet dans cette direction, elle voyait bien l’ex-chasseuse de tête désespérée et elle préférait ne pas la rendre triste d’avantage. « Ou partir pour ne plus revenir. » un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle plonge de nouveau ses lèvres dans son verre d’alcool. « Et tu serais prête à me laisser ici, toute seule ? » peut être que le mieux était finalement de partir toutes les deux et disparaître de la circulation. Après tout, qu’est-ce qui la retenait encore à Brisbane ? Sans son travail, Sofia n’aurait pas hésité. Elle avait besoin de changer d’air, d’environnement et surtout de mari. Plus les jours passés, plus elle se sentait enfermer dans sa propre routine. Elle pouvait se venter d’avoir une situation plutôt stable, après tout, elle avait coché presque toutes les cases de ce qu’elle se faisait d’une vie de rêve. « Je croise les doigts pour que les audiences ne décollent jamais. » elle ne pouvait que le souhaiter également. Plutôt fidèle à sa chaine, elle était toujours à l’afflux de voir les chiffres grimper du coté de Network 10. ABC avait tapé fort avec Race of Australia et elle espérait que cette nouvelle saison ne soit pas aussi bonne que la précédente. « Tu as une idée de l’identité de leur nouvelle présentatrice ? » ose t-elle finalement demander. Prête à parier qu’il s’agissait d’une minette pour appâté une partie des téléspectateurs. Le physique était un élément crucial dans le choix des animateurs. Sofia le savait mieux que personne puisque c’était aussi son métier. Sa blague ne trouva pas écho chez son amie. Et elle décida une nouvelle fois de taper directement dans le vif de sujet, à savoir si elle en avait parlé à sa famille. Au vue de son expression faciale, elle comprit aussitôt que non seulement elle ne leur avait rien dit mais qu’elle n’en avait pas l’intention. « Ils n’ont pas besoin de savoir. Norman n’a pas besoin de savoir. » il finirait par le savoir. Tout était une histoire de temps pour que la nouvelle ne s’ébruite. Dans ce milieu, tout allait très vite et les bruits de couloirs faisaient sensations chez beaucoup de monde. « May… » souffle t-elle. « Et si j’en parle à ma fille, tu peux être sure que son père aura l’information dans l’heure qui suit. » Ella se montrait bien souvent plus adulte que sa mère. Proche de son père, elle n’hésitait pas à balancer May à chacun de ses faux pas. « Et ? » après tout, ils n’étaient plus ensemble. Dans le fond, Sofia avait la sensation que son avis continuait de compter malgré tout. May continuait à donner de l’importance à ce que son ex- pouvait penser d’elle. « Je me passerai de son discours et de ses "Je te l’avais dis." il se réjouirait bien trop de cette nouvelle. Peu sont ceux qui ont cru en mes projets et là, j’ai l’impression qu’ils attendent tous que je leur dise qu’ils avaient raison. C’est hors de question. » une moue se dessine de nouveau sur son visage, la pression qu’elle s’était mise pour ce poste était énorme et ils avaient eu tort de l’écarter de la sorte de l’émission. Elle ne pouvait s’empêcher de se mettre à sa place. « T’as rien à prouver… » lui souffle-t-elle de nouveau, avant finalement de dire d’un ton plus sûr : « Tu sais quoi… On les emmerdes tous! » .

C’était aussi une question à poser à May, au final, qu’est-ce qui la retenait à Brisbane ? Elle n’avait plus aucune accroche, pas de travail, pas de famille, pas de petit ami. Ses relations avec ses parents et son frère se faisaient inexistantes, dès lorsqu’ils se parlaient, c’était pour se faire du mal, toujours plus de mal. A quoi bon ? Norman avait refait sa vie avec sa petite amie parfaite aux cupcakes parfait, un vrai cliché ambulant. May s’attendait à ce qu’ils annoncent qu’ils allaient avoir un enfant ensemble, suite logique de leur union si idyllique. Ce qui ne manquerait pas de l’assommer à nouveau et pire encore si un mariage s’annonçait. Et Elia ? Elle n’avait visiblement pas besoin de sa mère. Son absence physique ne changerait pas grand-chose à son absence mentale depuis sa naissance. Et si finalement, c’était ça l’issue ? Partir, pour ne plus jamais revenir… Hm, nan, May pouvait dire ce qu’elle voulait, tout plaquer à ce point, elle n’en avait pas le courage et pas l’envie non plus. Mine de rien, la blonde avait besoin de repère dans sa vie pour avoir la sensation de tenir encore en équilibre. « Et tu serais prête à me laisser ici, toute seule ? » « Ok, je reste uniquement pour toi, alors. » fit-elle sous le coup de l’humour, mais Sofia savait que May avait ses faiblesses et que Brisbane et tout ce que cette ville représentait, lui permettait d’y pallier.
. « Tu as une idée de l’identité de leur nouvelle présentatrice ? » elle secoue la tête, pas l’ombre d’un soupçon. « Il manquerait plus qu’ils aient proposé à une des candidates de l'année dernière. » Sofia ne serait pas surprise, puisqu’elle-même avait recruté Kelly pour son talk show. Une méthode qui se faisait et sans scrupule de voler des vedettes d’une chaine à une autre. Le monde de la télévision est cruel. May le savait pourtant. Elle se sentait tout de même intouchable depuis quelques temps. La grande désillusion. Encore bien trop sensible et trop fragile pour être un sujet qu’elle se sentait d’aborder avec d’autres proches. Sofia avait l’exclusivité de l’information, parce qu’elle la comprendrait sans doute mieux que personne et qu’elle avait été l’un de ses seuls soutient pour ce projet de vie, pour cette carrière. Les autres n’attendaient que ça, que May Glitters s’éteigne et redevienne poussière. « T’as rien à prouver… » sans doute que d’ici quelques temps, elle serait d’accord avec ce discours, mais pour l’instant, tout ce qu’elle s’était prouvé à elle-même était tombé à l’eau. Elle brillait à travers le regard des autres et là, elle ne voyait plus aucune étincelle dans les yeux de ceux qui se posaient sur elle. « Tu sais quoi… On les emmerdes tous! » .finalement, c’était sans doute la plus belle conclusion à cette discussion. « On les emmerde tous… » May lui lança un clin d’œil, peu convaincant et peu convaincu, mais elle leva son verre pour trinquer. « T’es la meilleure. »

with @"May Glitters"

Il était inconcevable dans l’esprit de la jolie française de pouvoir quitter un jour Brisbane. Elle y avait construit sa vie, malgré toutes ses imperfections. Impossible d’imaginer ne serait-ce qu’une seconde partir ailleurs et tout recommencer. Sofia n’était pas ce genre de personne. Même lorsqu’elle voyageait, elle avait souvent besoin de s’y prendre à l’avance pour que son absence ne soit pas remarqué. Elle avait bâti son petit empire et même si les fondations n’étaient pas solide, il ne lui venait pas à l’esprit de pouvoir balayer tout cela et s’en aller. Pourtant, à y voir de plus près, elle n’avait pas beaucoup d’attache à part son émission et sa belle maison. À part May et peut être une ou deux autres personnes, elle n’avait pas non plus beaucoup d’amis. Toute sa famille était restée en France et pour ce qui est de son époux, elle était prête à y renoncer pour un sou. À dire vrai, leur relation était vouée à l’échec tandis que ni l’un, ni l’autre n’était encore prêt à faire ses bagage et s’éloigner de l’environnement toxique dans lequel ils vivaient. « Ok, je reste uniquement pour toi, alors. » à son tour, elle lança un sourire moqueur à son amie, consciente qu’elle ne ferait pas pencher la balance si elle venait à réellement partir. Néanmoins, elle pouvait se vanter d’avoir réussi à lui faire oublier en l’espace de quelques secondes toutes la négativité qu’elle broyait depuis le début de leur rencontre. Elle n’était pas très douée avec les mots. En fait, c’était même tout le contraire lorsqu’il s’agissait de consoler elle avait du mal à trouver les bonnes paroles pour soulager la douleur des autres. Seulement, elle était persuadée de pouvoir tout guérir à coup de tequilla et d’insulte à l’encontre de l’ennemi. « Il manquerait plus qu’ils aient proposé à une des candidates de l'année dernière. » elle sourit. Elle ne pouvait pas les critiquer sur point-là, elle avait été la première à se jeter sur Kelly dès sa sortie pour faire la promotion de son nouveau talk-show. « J’ai pris la seule qui avait du potentiel… » c’était pas faux, elle avait d’ailleurs du mal à se souvenir des autres candidats. Sur ce côté-là, May n’avait pas vraiment à s’en faire. Qu’importe, ils allaient s’en mordre les doigts de l’avoir perdu. Elle était sacrément douée dans son domaine bien qu’il fallait parfois gérer ses états d’âme. C’était d’ailleurs pour cette raison que les deux femmes c’étaient bien trouvé. Dans le fond, elles se ressemblaient sur bien plus de point qu’il n’y paraît. Elles avaient lever leur verres, criant haut et fort leur dégout pour tout les cons qui gravitaient autour d’eux. « On les emmerde tous… » lança May a son tour, avant de trinquer son verre contre le sien. « T’es la meilleure. » ajouta t-elle à son encontre. Sans trop de surprise, Sofia haussa les épaules et d’un air plus ou moins sérieux elle dit à son tour : « Je sais… » sans trop de conviction à son tour, malgré le sourire qui s’afficha sur ses lèvres. Elle jetta par la même occasion un œil à la pendule sur son écran de téléphone avant de se rendre compte que l’heure avait filé et qu’il était temps pour elle de retourner au travail. « Je t’invite! » dit-elle à l’encontre de la nouvelle chômeuse, avant de faire signe au serveur pour l’addition. « La prochaine fois qu’on se voit, c’est pour que tu me parles d’un nouveau super projet ! Pas question de finir alcolo par ta faute… » ironique, lorsqu’elle pensait à tout les verres qu’elle enchainait à longueur de soirée lorsqu’elle était seule chez elle.