| my head's a storm || marcus #1 |
| | (#)Ven 18 Juin 2021 - 1:20 | |
| On dit que la nuit porte conseil. C'est peut-être parce que, au final, tu n'as pas fermé l'oeil de la nuit que ça n'a pas fonctionné. La boule qui s'est creusé un trou bien confortablement dans ton estomac suite à la conversation avec Saül est toujours là. Tu ne saurais dire si c'est de l'angoisse qui la cause ou de la tristesse. De la déception ? Sûrement pas. Un choc ? Probablement. Tu as ruminé toute la nuit à te demander quoi faire, à te demander quelle était la bonne chose à faire dans l'intérêt de Damon. Pas dans le tien et encore moins dans celui de ton ancien époux. Tes doigts sur ton portable glissent jusqu'au prénom de Cosimo. Tu hésites une seconde et puis une autre. Est-ce une bonne idée de l'appeler ? Qu'est-ce que tu lui dirais ? Elle grossit soudainement la boule. Non. Ce n'est pas une bonne idée. Ce n'est pas le bon moment. Pas dans cet état. Ce n'est pas une meilleure idée de contacter Marcus. Pourtant, c'est sous son prénom que tes doigts pianotent sur l'écran digital.
Michael Hills, eurk, la nausée. Il y a des millions de yeux surpris qui s'affiche sur le visage de chacun des employés. Pourquoi sont-ils si surpris ? Ton fils y bosse toujours à ce que tu saches. Ce n'est pas si surprenant. Saül n'est pas là cette après-midi. Tu t'en es assurée. Tout comme tu t'es assuré de l'absence de Damon aussi. Tu entres ici comme tu entres chez toi - alors que c'est plus du tout le cas Tu connais les couloirs par coeur. La couleur des murs est toujours aussi laide. Tu sais parfaitement que le bureau du CEO se trouve là-bas au fond du couloir. Le nom de Saül Williams orne encore la porte de ses lettres dorées - pour combien de temps encore ? Tu sais aussi que sur ta droite, c'est le bureau de Marcus. Tu y entre sans y être invité et sans même prévenir.
Il est au téléphone à régler tu ne sais quoi. Ça ne t'intéresse pas vraiment de le savoir. Ah, les hommes d'affaires, toujours avec le combiné près de l'oreille. T'installer sur la chaise devant son bureau à juste le fixer silencieusement devrait suffir pour qu'il mette fin à cette conversation rapidement. Ah. Voilà. Pas trop tôt. « Tu m'ignores ? » Parce qu'il ne semble pas surpris de te voir débarquer ici. Il savait parfaitement que tu n'attendrais pas sagement qu'il mette cinq jours à répondre à tes messages, que tu allais juste débarquer dans son bureau comme une furie. Surprise. Te voilà en moins de deux heures après ton dernier message. T'es là en paix Elise, ce serait bien que tu t'en rappel. Les traits de ton visage s'adoucissent légèrement lorsque tu prends une bonne inspiration. Tu fais un effort là. C'est important. Il devrait bien le savoir que tu n'imposerais pas cette rencontre si ce n'était pas important. « Je suppose que tu as appris la grande nouvelle ? » Bien sûr qu'il sait. Marcus a toujours été dans les confidences de Saül, le seul à y être vraiment. Tu y étais toi aussi fût un temps. Ce n'est désormais plus le cas.
@marcus leckie |
| | | | (#)Jeu 22 Juil 2021 - 20:33 | |
| | ► my head's a storm
It's likе oil in the water, smoke in thе sky There's a storm in my head that won't seem to die
|
Combien de pitchs différents pouvait-il exister pour vendre des bijoux ? Beaucoup, à en croire le nombre d’années chez Michael Hills que Marcus accumulait sur son compteur désormais. Et toujours des choses à dire, des idées, des concepts. Se renouveler était un challenge que ses équipes relevaient certaines années mieux que d’autres sans jamais en avoir totalement à rougir. Ils avaient le mérite de ne jamais s’ennuyer, au fond. Le département du marketing était probablement le plus bruyant de tout l’immeuble, de bas en haut. Le plus anarchique aussi, noyé dans les moodboards et des frises de post-it. Sonore et coloré, un peu à l’image du directeur pourrait-on dire. Une empreinte qui se ressentait. Le Leckie était plus souvent en salle de réunion que dans son bureau, pas toujours facile à intercepter. Cela se devinait par le manque de personnalisation de l’espace qui lui était dédié. Une plante, une photo de son neveu et de sa nièce en fond d’écran, et un bobble-head de Boy George. Le reste n’était que vestiges d’anciennes campagnes et un certain nombre de cartons d’échantillons pour lesquels plus personne n’avait de place nulle part planqués dans un grand placard derrière un set de fauteuils couleur canard. Ce n’était pas aussi grand que le bureau de Saül et Mac ne lorgnait pas sur plus de place. Il lorgnait sur bien peu de choses que son ami avait en ce moment à dire vrai. Fut un temps où il n’en aurait pas dit autant.
Elle s’installa sans un mot, attendant la fin du coup de téléphone. Elise. L’australien pensait autrefois qu’elle était la femme qui faisait ressortir le pire en Saül tant elle représentait tous les carcans qu’il avait en horreur. Il avait appris son erreur, ne l’avait admis à personne, surtout pas la principale concernée. Le Williams avait tout simplement d’étranges goûts en matière de compagne. Marcus gardait sa langue ; il lui rétorquerait sûrement que lui au moins avait quelqu’un dans sa vie, et c’était une bataille qu’il ne voulait plus livrer. « Tu m'ignores ? » fit-elle lorsqu’il n’eut plus d’autre choix que de lui accorder sa pleine attention. “C’est plus facile que tu ne veuilles le croire.” Elle ou qui que ce soit d’autre ; il n’était pas bon de sous-estimer la capacité du Leckie à rayer une personne de sa vie tant et si bien qu’il pourrait en faire parfaitement abstraction s’il était coincé dans un ascenseur avec. Son propre frère en avait fait l’expérience récemment. « Je suppose que tu as appris la grande nouvelle ? » Il prit place dans sa chaise de bureau -passant tous ses calls debout à faire les cent pas. “Laquelle ? demandait-il avec ironie. Tu vas enfin te faire ôter le balai si profondément enfoncé dans ton postérieur, dear ?” Non, l’autre. La grande nouvelle. Cela ne faisait pas plus d’une poignée de jours que Saül lui avait révélé quel sort il réservait à son fils, la cage dans laquelle il avait l’intention de l’enfermer. Marcus avait eu l’occasion de réaliser que, une fois encore, être le parrain de Damon n’était pas un privilège tous les jours. Il n’imaginait pas Elise adhérer ni au fond ni à la forme de ce contrat aux allures froides de transactions bancaires, elle n’avait pas été plus consultée que lui. Pour une fois, ils étaient tous deux sur le bas de l’autoroute de l’enfer de Saül. “Tu ne m’as pas l’air absolument enchantée que son fils se marie, il reprit. Pas encore prête à devenir grand-maman dans la foulée ? Au point où en est Saül il a probablement glissé une clause de conception d’héritier dans l’année au contrat de mariage. Tu imagines ? Son fils et son petit-fils n’auraient que, quoi, deux ou trois ans d’écart ? How gross is that.” Il parlait trop, Mac, et respirait trop peu, comme à chaque fois qu’une situation le dérangeait. Plaisanter, ironiser, tourner le problème en ridicule n’étaient que de mauvaises diversions. Mais il n’y avait pas de recul assez grand qu’il puisse prendre pour ne pas se sentir affecté par l’injustice de l’affaire en question, pas de pirouette pour paraître moins triste et dépité qu’il ne l’était. “Enfin… Juste un autre mercredi dans la vie des Williams.” Il laissa échapper un rire et une bouteille de whisky d’un tiroir du bureau. “Un verre ?”
|
| | | | (#)Jeu 29 Juil 2021 - 12:10 | |
| “C’est plus facile que tu ne veuilles le croire.” Oh, au contraire, tu peux facilement le croire. Tu fais pareil avec lui. Tu le ferais plutôt si l'urgence de la situation n'était pas au rendez-vous. Vous avez toujours réussi à faire abstraction de votre mépris mutuel pour Cosimo. Même sans ton mariage avec Saül, c'est toujours d'actualité, non ? “Laquelle ? Tu vas enfin te faire ôter le balai si profondément enfoncé dans ton postérieur, dear ?” Ah, et bien, non. Non pour le mépris et non pour le balais puisque seule la phrase suffit à t'offusquer. Chaque trait de ton visage démontre parfaitement ton dégoût face à son commentaire. Tu n'en a rien à faire de ce qu'il peut bien penser de toi. Tu n'es pas là pour te faire des amis - c'est sûrement pour ça que tu n'en as pas vraiment, mais bon, passons. “Tu ne m’as pas l’air absolument enchantée que son fils se marie. Pas encore prête à devenir grand-maman dans la foulée ? Au point où en est Saül il a probablement glissé une clause de conception d’héritier dans l’année au contrat de mariage. Tu imagines ? Son fils et son petit-fils n’auraient que, quoi, deux ou trois ans d’écart ? How gross is that.” Il peut pas se la fermer cet idiot ? Ta mâchoire se crispe sous ses paroles. Ton regard d'assassin bien braqué sur lui. Tu essaies très très fort de pas juste péter les plombs - c'est ce qu'il cherche à faire. Si tu tombes dedans. Il ne t'aidera jamais. “Enfin… Juste un autre mercredi dans la vie des Williams.” Ça, tu ne peux pas le contredire. Tout est toujours compliqué avec les Williams. Même divorcé tu ne peux pas te débarrasser du chaos qui vient avec cette famille. “Un verre ?” Tu n'as toujours pas bouger d'un seul poil sur ta chaise pas très confortable - il devrait la faire changer la qualité est médiocre. Chaque partie de ton corps semble se crisper encore plus au fil des minutes qui s'écoulent en présence de l'homme d'affaires. Seul ton regard s'égare sur la bouteille de whisky qu'il sort du tiroir de son bureau. Ce n'est pas très professionnel de boire au boulot. Tu te demandes ce qu'il y aurait dans celui de Saül s'il ferait pareil. Tu hésites entre le whisky ou la cocaïne. Le whisky est sûrement plus approprié finalement. « Non. » L'offre est alléchante seulement si elle serait proposée par quelqu'un d'autre. Tu as trouvé un allié très satisfaisant dans l'alcool. Marcus n'a pas besoin ni de savoir, ni d'assister à ce désastre. Pas encore au fond du trou ? On dirait bien qu'il te reste encore un minimum de dignité. Vraiment minuscule.
« C'est bon ? Tu as terminé de te vider le coeur ? » que tu rétorques par la suite. Même s'il n'a pas terminé, tu n'as pas particulièrement envie d'entendre la suite. Ce n'est qu'une perte de temps qui ne fera que prolonger ta présence ici. C'est un cadeau autant pour lui que pour toi d'aller directement au but. « Arrête de jouer les arrogants. Pour une fois, on est du même côté. » Tu sais parfaitement qu'il n'approuve sûrement pas ce mariage tout comme toi. Au vue de ses paroles, il sait que ce n'est pas le choix de Damon. Tu dois avouer que ça te surprend un peu. Comment Saül a-t-il pu avouer une telle chose à son ami sans en briser leur amitié ? « Faut que tu m'aides. » Oh oui, c'est encore plus horrible dit à voix haute. Tu marches clairement sur ton orgueil pour être ici à demander de l'aide à Marcus. « Ce mariage, ça ne changera pas qui il est. » que tu avances sans trop savoir si tu espérais qu'il te le confirme ou te l'infirme. Qu'importe la réponse, s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait le comprendre, c'est bien lui - puisqu'il semble savoir la vraie raison. Le hic, c'est que vous ne connaissez pas la même. |
| | | | (#)Dim 8 Aoû 2021 - 20:05 | |
| | ► my head's a storm
It's likе oil in the water, smoke in thе sky There's a storm in my head that won't seem to die
|
Marcus avait toujours tenu sa langue devant le reste de la famille. Pas de dissonance, pas de querelles entre lui et Elise, comme un pacte sur lequel ils s’étaient entendus durant toutes ces années. Un pacte dont le divorce de la brune avec Saül n’avait pas signé la date d’expiration malgré tout. Ils avaient Damon en commun quoi qu’il arrive. Cependant, une fois le rideau tombé, en coulisses, le son de cloche était bien différent. Il s’en donnait à coeur joie, Mac, de faire pleuvoir sur Elise taquineries, sarcasmes et moqueries. Il n’avait aucune honte à traduire leurs désaccords en lui jetant à la figure tout ce qui lui passait par la tête, sans filtre. Au bout de vingt ans, on pourrait dire que cela était leur truc. Mais l’australienne ne trouvait visiblement pas leur dynamique aussi amusante que lui. « C'est bon ? Tu as terminé de te vider le cœur ? » Il ne faisait que s’échauffer et pourrait poursuivre pendant bien longtemps, mais le brun avait la décence de savoir quand s’arrêter. “Je me garde pour le jour de tes funérailles. Mais ça sera émouvant, t’en fais pas.” Une oraison -pas une éloge- funèbre affinée pendant des décennies, vieillie comme le meilleur whisky -comme celui qu’il venait de se servir. Un compliment, vraiment, sûrement sa plus grande preuve d'affection. Uniquement lorsqu’elle ne serait plus là pour l’entendre et lui jeter ce genre de regard de reine des garces glaces. « Arrête de jouer les arrogants. Pour une fois, on est du même côté. - Je nous pensais du même côté depuis qu’on a décidé de voler un bébé et de l’élever joyeusement dans l’ignorance tous ensemble. » Les fondations de toutes relations saines n’est-il pas. Bien sûr, Marcus ne pouvait s’empêcher d’exagérer la dramaturgie de la chose. Lui n’avait rien décidé, rien fait de concret. Il ne s’était pas opposé non plus, avait laissé faire, suivi le mouvement. Il avait même approuvé, s’était fait complice jusqu’au bout. Vingt ans de secrets, de mensonges. Alors il employait le “on” tout naturellement ; ils étaient dans le même bateau depuis tout ce temps. En cela, ils avaient toujours été du même côté, qu’ils le veuillent ou non.
« Faut que tu m'aides. » Le sourire de Marcus s’effaça doucement pour laisser place à une expression maussade. Son regard se noya volontiers dans l’ambre du whisky l’espace d’une seconde. Il se pinça les lèvres, encore humides d’amertume boisée. “Il m’a pas demandé mon avis non plus, tu sais.” fit-il, signifiant que son influence auprès de Saül avait définitivement trouvé ses limites. Il se retrouvait aussi désarmé qu’Elise face à cette situation, ce mariage ridicule, et rien de ce qu’il puisse dire ou faire ne permettrait de changer l’avis du Williams. Il avait essayé. Il préférait que leur amitié n’y laisse pas de plumes. Ce serait comme couper tout contact avec un second frère pour lui. « Ce mariage, ça ne changera pas qui il est. - Bien sûr que ça va tout changer. » Cela allait probablement rompre ce qu’il restait de lien entre Saül et son fils, pour commencer. Et si ce mariage était le désastre qu’il redoutait, Mac ne donnait pas cher du bien-être de son filleul pour les années à venir, forcé de jouer un double jeu, de mener une double vie dans l’espoir de maintenir un semblant de santé mentale. “Je suis désolé mama bear, mais je me berce pas d’illusions. Passer sa vie avec quelqu’un c’est une question de libre arbitre. Tu peux pas retirer ça à quelqu’un et espérer que tout se passe bien. On en sait tous deux quelque chose.” Elise et Saül n’avaient jamais filé le parfait amour, leur mariage avait toujours été aussi faux qu’une pièce de théâtre. Quant à Marcus, avoir vécu les vingt premières années de son existence en sachant que son pays estimait que ses amours étaient illégaux n’y était probablement pas pour rien dans le néant actuel de sa vie sentimentale. “Il n’y a que Damon pour se sortir lui-même de là.” S’il l’osait.
|
| | | | (#)Dim 15 Aoû 2021 - 20:22 | |
| “Je me garde pour le jour de tes funérailles. Mais ça sera émouvant, t’en fais pas.” Tu lèves les yeux au ciel. Pas la peine de te déplacer pour ça. Tu comptes pas te déplacer pour les siennes. Enfin, s'il meurt avant toi. Si Saül continue de jouer avec tes nerfs comme il le fait, tu feras une crise cardiaque avant ton temps. “Je nous pensais du même côté depuis qu’on a décidé de voler un bébé et de l’élever joyeusement dans l’ignorance tous ensemble.” Outch. « On ? » Il n'y a pas de on. Il n'y en a jamais eu. Il y a Marcus et Saül, Marcus et Damon. Jamais les quatre dans le même bateau. « J'ai pas souvenir de t'avoir vu à la maternité. » Pas souvenir qu'il ait co-signé le chèque pour acheter le silence du médecin, pour falsifier les papiers de naissance - et de décès. Pas souvenir qu'il ait annoncé à Auden que la mère et le bébé soit mort en couche. Il n'a fait que se taire Marcus. Rien d'autre. Il peut s'en laver les mains de vos péchés.
Au moins, son sourire de con disparaît quand tu tombes directement dans le vif du sujet. “Il m’a pas demandé mon avis non plus, tu sais.” Bien sûr que tu sais. Saül ne demande l'avis de personne. Il agit et tout le monde doit suivre derrière lui, comme un petit soldat. Ce n'est pas parce qu'il ne lui a pas demandé son avis qu'il ne peut pas le convaincre de revenir sur sa décision, qu'il ne peut pas lui ouvrir les yeux sur ce qu'il est en train de faire. « Il ne m'écoutera pas. Toi, oui. » Ton opinion n'a jamais réellement compté pour ton ancien mari. Il compte encore moins depuis que, justement, tu ne fais plus partie de sa vie. Tu es encore la mère de son fils. Il semble l'oublier par moment. “Bien sûr que ça va tout changer.” Tu restes un peu bête devant la spontanéité de sa réponse. Tu es déboussolé par sa réponse - tu as les nerfs à fleur de peau, ça ne te prend pas grand chose. “Je suis désolé mama bear, mais je me berce pas d’illusions. Passer sa vie avec quelqu’un c’est une question de libre arbitre. Tu peux pas retirer ça à quelqu’un et espérer que tout se passe bien. On en sait tous deux quelque chose.” Ça pique. Ça pince. Ça fait mal. C'est pas pareil. Il ne peut pas comparer ton histoire ou la sienne avec celle de Damon. C'est encore plus tordu pour lui que pour vous - c'est dit totalement objectivement bien sûr. Ton regard fuit le sien, se perd vers les baies vitrées derrière lui. Ta main se glisse sous ton oeil qui menace de déverser un liquide salé que tu ne perdras jamais devant lui. « Je sais. » que tu réponds simplement. Megan aura quand même la chance d'épouser un gentil garçon. L'inverse ? Tu ne sais pas. Tu as décidé de la détester sans même la connaître, en choisissant d'oublier qu'elle est, elle aussi, une victime des magouilles de Saül. Peu importe s'ils arrivent vraiment à s'entendre, ils seront éternellement malheureux dans cette prison que Saül leur impose. “Il n’y a que Damon pour se sortir lui-même de là.” Dis pas ça… Dis pas ça, parce que ça veut dire; Alors il est foutu. » Damon ne se sortira jamais de là. Jamais il n'ira contre son père. « Et tu ne feras rien. » Et tu ne comprends strictement pas comment il peut juste rester planté là à rien faire. Il ne devrait pas supporter Damon là dedans ? Il ne devrait pas le comprendre ? Le pousser à assumer qui il est ? Venir ici était clairement une perte de temps.
« Il t'en avait parlé de ce garçon ? » que tu lui demandes ensuite. Ça aurait été quand même logique que Damon se tourne vers Marcus lorsqu'il a commencé à se poser des questions sur son orientation sexuelle. « Damon. » que tu précises en voyant bien que l'homme d'affaire ne semblait pas comprendre ta question. Tu n'as aucune idée de comment Saül l'a appris - sûrement pas de la bouche de votre fils. Mais l'idée d'être la seule à ne pas avoir su est plutôt difficile à encaisser. « Je devrais attendre qu'il m'en parle ? » Ton regard se fixe dans le sien. Pour une fois dans ta vie, tu feras exactement ce que Marcus te dira de faire. Tu marches sur un terrain glissant et inconnu. Tu devrais lui dire que tu sais ? Vaut mieux que ça vienne de lui ? Tu n'es pas particulièrement certaine d'être prête à avoir cette discussion avec lui. Il faudra un jour ou l'autre. Et ce jour-là, tu voudrais pouvoir avoir les bons mots pour lui. |
| | | | (#)Lun 27 Sep 2021 - 18:04 | |
| | ► my head's a storm
It's likе oil in the water, smoke in thе sky There's a storm in my head that won't seem to die
|
« J'ai pas souvenir de t'avoir vu à la maternité. » Vingt années de loyauté réduites à cela, ça piquait. Marcus serra les dents, déçu, pas surpris pour autant. Le monde d’Elise tournait autour d’Elise, et tout ce qui gravitait autour d’elle était plus important que le reste. Son fils, ou soi-disant, elle n’avait jamais voulu le partager, ni avec lui, ni avec le monde. Il lui aurait bien souligné que la seule raison pour laquelle elle eut un jour l’opportunité de se rendre dans une maternité était pour acheter l’enfant d’une autre, mais le Leckie ravalait son venin. Un concours de cruauté n’avait pas lieu d’être, pas lorsqu’ils étaient dans le même bateau -pour de vrai cette fois, même Elise ne pouvait le nier. Les initiatives de Saül avaient pris son entourage de court et comme le principal concerné le disait lui-même “que ça te convienne ou pas, c'est exactement pareil. Tu n'as pas ta voix au chapitre”. Ce qui avait le mérite d’être clair. « Il ne m'écoutera pas. Toi, oui. » s’illusionait encore Elise, et Marcus aurait normalement approuvé le postulat sans l’ombre d’un doute. Désormais, les choses avaient changé, et non seulement avait-il pris conscience que sa parole n’avait plus la moindre valeur auprès de son ami, il avait également réalisé que sous cette prétendue amitié reposait le dégoût absolu de l’italien pour lui. Il n’avait aucune raison de demeurer loyal, sachant cela. Il s’accrochait pourtant à ce qu’il restait, effrayé à l’idée de perdre un de ses piliers de ces vingt ans, aussi factice et fragile fut-il en réalité. "Ça a sûrement été vrai un jour. Plus en ce moment.” confessa Mac douloureusement. Et il n’était pas question qu’il soulève le sujet une fois de plus auprès de Saül. Une seule fois avait suffi. Désormais, et comme il l’expliquait à Elise, la situation était entre les mains de Damon. « Alors il est foutu. Et tu ne feras rien. » Le défaitisme de la brune était tout à son honneur, les accusations voilées non plus. Le Leckie posa ses mains sur la table, croisa ses doigts. Ses lèvres pincées avec sérieux avaient disparu dans sa barbe. “Je ferais ce que j’ai toujours fait. Être là. Honnêtement je pense que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, au point où nous en sommes. C’est à son tour d’apprendre à faire front pour ce qu’il veut, d’assumer qui il est, de faire ses propres choix. On ne peut plus le faire pour lui. Alors s’il s’écrase, il devra l’assumer.” C’était beaucoup demander à un gosse de vingt ans. Trop, probablement. Mais Elise et Marcus étaient impuissants, se battre contre Saül était vain. Ce n’était pas leur place de porter la voix de Damon. Ce n’était plus leur rôle de le couver. Il pouvait dire non. Il pouvait choisir. Il pouvait s’affirmer, avoir sa propre identité, s’assumer comme son parrain l’avait toujours encouragé à le faire. Mais peut-être que toutes les belles paroles n’avaient jamais eu d’impact. Peut-être que Marcus avait aussi peu d’influence sur Damon que sur son père, au final. « Il t'en avait parlé de ce garçon ? » La voix d’Elise le sortit du tourbillon de ses pensées noires. “Non. Pas vraiment.” Leur relation n’avait pas eu le temps de se remettre des précédentes révélations de son rôle dans le secret de la véritable identité de son paternel que Saül avait de nouveau frappé. “Il avait commencé à me poser des questions, vagues. Il s’interrogeait. Je savais que ça ne plairait pas à Saül, mais je… J’avais la naïveté de croire qu’il était devenu plus tolérant à ce sujet.” Que je l’avais rendu plus tolérant. Et c’était bien tout ce que le Williams était capable de faire. Le tolérer. « Je devrais attendre qu'il m'en parle ? » Ce n’était pas souvent que Elise demandait conseil, encore moins à Marcus. Il lui aurait bien ri au nez si la situation s’y était prêtée. “Normalement, je t’aurais dit oui. Il y a peu de choses que toute cette situation ne dérespecte pas et Damon devrait au moins garder le choix de ce qu’il souhaite partager et quand.” Cependant, rien n’était moins certain que la volonté du jeune homme de se confier à ce sujet, encore moins maintenant que son père enterrait dans l'œuf toute possibilité d’exploration de ses attirances nouvelles. “Mais… Peut-être qu’amener le sujet et le pousser à en parler peut lui faire réaliser qu’il ne devrait pas se laisser faire, que les motivations de Saül sont…” Tour de magie : en une seconde, le whisky disparut du verre. “... qu’il n’agit pas dans son meilleur intérêt.” Voilà, ça.
- Spoiler:
Désolée pour le délai
|
| | | | (#)Dim 10 Oct 2021 - 1:27 | |
| "Ça a sûrement été vrai un jour. Plus en ce moment.” Si Marcus ne peut pas le raisonner, qui le peut ? Ariane ? Tu es même prête à aller t'humilier devant sa nouvelle femme si ça peut sauver l'avenir de ton fils. “Je ferais ce que j’ai toujours fait. Être là. Honnêtement je pense que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, au point où nous en sommes. C’est à son tour d’apprendre à faire front pour ce qu’il veut, d’assumer qui il est, de faire ses propres choix. On ne peut plus le faire pour lui. Alors s’il s’écrase, il devra l’assumer.” Tu détournes la tête pour cacher tes yeux qui menacent de s'humidifier. Tu avales difficilement ta salive tellement tu veux tout contenir à l'intérieur. Marcus a raison et tu le sais parfaitement. Ça fait terriblement mal de l'admettre. Toutefois, tu te sens incapable de rester spectatrice de se désastre. Ça ne te semble tout simplement inconcevable de le laisser gâcher sa vie. Vous avez toujours tout fait pour qu'il mène une belle vie. C'est comme si vous aviez fait tout ça pour rien.
Ça ne sert à rien d'insister. C'est peine perdu. Marcus te l'a bien fait comprendre. C'est pourquoi tu tournes la discussion vers les autres révélations, celles qui concerne l'orientation sexuelle de ton fils, celles que Saül veut cacher à tout prix. Si quelqu'un peut bien t'aiguiller là dessus, c'est bien Marcus. Il ne court pas les rues les homosexuels dans ta vie. “Non. Pas vraiment.” Tu peux pas t'empêcher d'être quand même un peu soulagée de voir que tu n'as pas été la seule à être mise à l'écart du secret de Cosimo. C'était pas contre toi. C'était contre tout le monde. “Il avait commencé à me poser des questions, vagues. Il s’interrogeait. Je savais que ça ne plairait pas à Saül, mais je… J’avais la naïveté de croire qu’il était devenu plus tolérant à ce sujet.” Saül ? Plus tolérant ? C'est un rire jaune qui s'échappe d'entre tes lèvres. C'est idiot de penser que Saül puisse toléré quoique ce soit. « Mais t'es encore son ami. » Comment fait-on pour apprécier et être fidèle à une personne qui ne respecte pas nos choix de vie ? qui en est tellement répugné qu'il veut le cacher à tout prix ? Tu dis pas que t'es mieux que Saül quand vient le sujet de l'homosexualité - même si c'est pas forcément la raison qui te fait détester Marcus. T'es clairement moins hypocrite que lui là-dessus. Tu te fais la promesse d'apprendre à l'accepter pour le bien-être de ton fils. D'ailleurs, tu devrais en parler avec lui ? “Normalement, je t’aurais dit oui. Il y a peu de choses que toute cette situation ne dérespecte pas et Damon devrait au moins garder le choix de ce qu’il souhaite partager et quand.” Tu acquiesces doucement d'un signe de tête. Et s'il ne souhaite jamais le partager ? Ce sera son choix… tu supposes. Pourquoi est-ce qu'il en parlerait alors qu'il est à deux doigts de marier cette jolie fille ? “Mais… Peut-être qu’amener le sujet et le pousser à en parler peut lui faire réaliser qu’il ne devrait pas se laisser faire, que les motivations de Saül sont…” Il marque une pause, cherche probablement à poser les bons mots même s'il n'en a probablement aucun qui existe pour une tel situation. “... qu’il n’agit pas dans son meilleur intérêt.” Son verre qu'il termine d'un trait semble vouloir dire qu'il est à deux doigts de te mettre à la porte. Ce n'est quand même jamais arrivé avant aujourd'hui que vous vous retrouviez tous les deux dans la même pièce seul aussi longtemps. Encore heureux que ça ne soit pas arrivé plus tôt. « Je vais essayer. » Quand bien même ton subconscient sait déjà que c'est perdu d'avance. « Il y a autre chose à savoir ? » que tu lui demandes comme si ce semblant de conversation poli suffisait à ce que Marcus te soit plus fidèle qu'à Saül. Comme si c'était lui qui avait la clé pour te remettre dans le secret. T'aimerais pouvoir compter sur lui là-dedans, mais tu sais bien que t'es toute seule. Personne n'a le courage de te raconter l'histoire de A à Z. |
| | | | (#)Ven 12 Nov 2021 - 16:33 | |
| Son regard était absorbé par le liquide ambré qui roulait dans le verre entre ses doigts. Un bon whisky n’était pas suffisant pour avaler la pilule, Marcus le savait bien ; il n’en était pas à son coup d’essai. Cette affaire était de celles que seul le temps pouvait apaiser. A moins que la rancœur ne s’installe définitivement. « Mais t'es encore son ami. » Ha. Rire jaune en canon. Difficile de savoir ce qui était le plus ironique cependant ; que Marcus ait cru aveuglément en ce postulat malgré tous les red flags accumulés avec les années ; la possibilité que Saül se fiche complètement du sentiment de trahison qu’il ressentait ou, dans le cas contraire, qu’il s’accroche un tant soit peu au Leckie uniquement parce qu’il était l’unique personne capable de le supporter pendant des journées entières de travail ; qu’Elise puisse suggérer que malgré les motivations de son ex-mari pour ce mariage Marcus endosse toujours ce titre ou, enfin, qu’elle le dise de cette manière parce qu’elle se doutait bien, tout du long, que cette amitié était un écran de fumée toxique pour ceux personnes trop méfiantes pour s’attacher sincèrement à qui que ce soit. “J’y mettrais pas ma main à couper.” Cela avait peut-être été vrai un jour, que l’italien l’écoutait, prenait conseil auprès de lui et les appliquait si cela lui plaisait -comme pour tout. Peut-être que Marcus avait pu s'enorgueillir d’avoir eu un poids dans la vie du Williams, des Williams de manière générale, et cela n’avait pas empêché de les mener où ils étaient aujourd’hui. Désormais on organisait un mariage pour dissuader son filleul de devenir comme lui. Pourquoi voudrait-il encore se donner la peine d’aider ces personnes ? Pourquoi compatir ? Il les avait considérés comme de la famille. Elise lui avait rappelé à quel point ce sentiment était à sens unique -tout en ayant le culot de s’asseoir devant lui pour demander son soutien. Et il fonçait, Marcus. Plutôt que de la laisser se débrouiller avec cette dramatique bande de bouffeurs de pâtes comme il les avait appelés en récitant des monologues colériques devant son miroir, un verre de trop dans le gosier, il l’aiguillait comme si cela ne lui coûtait pas. Comme s’il ne s’humiliait pas un peu plus de la sorte. « Je vais essayer. » qu’elle répondait sans conviction, sans consistance -pas qu’elle en ait eu un jour. Alors il était probablement vraiment foutu, Damon. Au fond ils le savaient tous les deux ; ce mariage allait avoir lieu. C’était ça ou la confrontation avec le patriarche et le jeune homme avait passé toute une vie à éviter cela, ce n’était pas maintenant qu’il commencerait. Ça lui tordait les boyaux, au Leckie, de voir dans ce schéma le destin de tant d’autres personnes comme lui qu’il avait connues au fil des années. Le Queensland n’était pas la patrie du progressisme social, ils avaient au moins cela en commun avec l’Italie. Ce n’était pas à propos de lui, c’était à propos de Damon ; Mac avait pourtant assez vécu pour se rendre compte qu’il plaçait ses propres émotions, sa révolte, son dégoût au centre de sa réflexion. Il ne pouvait s’en empêcher. Il avait passé vingt ans dans le paysage d’un ami qui le désapprouvait, et d’un filleul qui ne se battrait pas, qui se rendrait complice de cette preuve de mépris envers tout ce qu’il représentait, tout ce qu’il avait voulu lui transmettre en termes de tolérance. « Il y a autre chose à savoir ? » Le brun secoua négativement la tête. “Ou alors je ne suis pas dans la confidence.” Il ne voulait pas savoir non plus. Désormais il s'emploiera à appliquer les maximes à deux sous des comptes Instagram d’inspiration ; cesser de s’en faire pour des choses qu'il ne pouvait pas maîtriser. Marcus devait choisir ses batailles et, concernant Saül, il décidait de baisser les armes.
@Elise Irish |
| | | | | | | | my head's a storm || marcus #1 |
|
| |