“pages turn and stick to each other, wages earned and lessons learned, but I'm right where you left me" – @Maddy Griffiths  

☽ juillet 2007. En furie, Joy avait claqué la porte de chez elle pour se rendre aux dunes auxquelles elle se réfugiait toujours quand ses émotions la dépassaient. L’adolescente de dix-sept ans était intenable, et après les mots prononcés par sa mère, appuyée par sa jeune sœur en arrière-plan, Joy avait levé la voix en leur disant que JAMAIS, jamais elle n’irait dans ce centre. La jeune fille avait pris sa veste, son sac et était partie sans se retourner, sans savoir quand est-ce qu’elle reviendrait non plus. Elle était désarçonnée de par cette nouvelle. D’ici quelques semaines, elle rejoindrait ce centre de redressement parce que sa mère avait soi-disant “peur” qu’elle fasse une connerie. Quelle connerie ? Boire à outrance ? Déjà fait. Se droguer ? Déjà fait. La seule chose à peu près stable que Joy avait, était son petit-ami Lawrence qui semblait la tenir en place plus de quelques heures. Il y avait bien Niamh qui l’avait accueilli comme une soeur dans la famille des Reed alors qu’ils avaient Wim en tant que cousin - toutefois ses rapports avec Coster n’avaient jamais été au beau fixe et la jeune fille avait un tempérament plutôt électrique avec les gens qu’elle n’aimait pas. De toute façon avec Joy, c’était soit tout blanc, soit tout noir, il n’y avait aucune demi-mesure.

C’était en râlant toute seule qu’elle s’était rendue dans ce creux de dune où elle se réfugiait tout le temps quand elle n’allait pas bien et qu’elle ne voulait voir personne. Il y avait bien une personne à qui elle avait envie de râler, d’exprimer sa haine contre sa mère, et sa petite sœur assez idiote pour soutenir leur mère. Et cette personne n’était nulle autre que Maddy, pour sa bienveillance et son côté protecteur qu’elle avait développé dès les premières secondes de leur rencontre. Joy était arrivée sur les terres australiennes avec peu d’entrain à l’idée de s’intégrer, et elle s’était faite prendre en grippe par des jeunes adolescentes teigneuses qui l’avaient menacé à plusieurs reprises avant d’en venir aux mains à la sortie de l’école. C’était à ce moment-là que Maddy était entrée dans sa vie pour ne plus jamais la quitter - du moins c’était ce que Joy pensait.

Assise dans l’une des pentes de sable, la jeune fille avait sorti une clope qu’elle alluma après avoir envoyé un SMS à Maddy sur le chemin.

Joy
J’ai les nerfs - si t’es libre, rejoins-moi aux dunes,
c’est vraiment la galère !

Quelques mots pour la prévenir qu’elle était d’une humeur de chien… Ce fut au bout de la deuxième clope qu’elle vit une tête blonde arriver. Joy était soulagée de la voir, elle savait que Maddy allait s’inquiéter pour elle, peut-être qu’elle aurait les mots justes pour la conforter et aussi trouver une solution ? Joy ne se voyait pas intégrer un centre de redressement, voir une psy, suivre des règles ? Non c’était carrément pas son genre. « T’es là ! P’tain j’te jure ma mère commence à me prendre le chou ! » Elle restait assise en tirant sur sa clope, un long soupir s’échappant de ses lippes.

 

Elle le savait depuis deux semaines mais elle était incapable de l’annoncer à Joy. Elle ne trouvait jamais la bonne occasion pour lui en parler. Avait-il un moment idéal pour annoncer un tel changement ? C’était un grand pas pour Maddy, une évolution dans sa vie. Pour une fois, elle essayait de faire ce dont elle avait toujours rêvé. Elle avait mis ses parents devant le fait accompli. Elle avait candidaté pour la Columbia University School of the Arts et son profil avait été retenu. Elle s’envolait pour les Etats-Unis à la rentrée prochaine. Le cinéma c’était bien mais ce n’était pas ce qui la faisait réellement vibrer. Elle souhaitait faire un test, une tentative d’atteindre le bonheur. Son bonheur. Ce changement de vie n’était pas sans conséquence. Ses paternels n’avaient pas été enchantés par la nouvelle, mais ils ne s’étaient pas opposés pour autant. Maddy avait sorti l’argument qu’elle m’était sa carrière d’actrice entre parenthèses temporairement. Melody quant à elle, était ravie du départ de sa sœur. Une parfaite occasion pour la benjamine de la famille de rayonner et d’avoir toute l’attention sur elle. Encore et toujours. Il ne restait plus qu’à prévenir sa très chère Joy. Le plus dur pour la fin.

Maddy quitta la cuisine après le repas de famille. Elle était épuisée par la voix aigüe de Melody. Elle avait besoin de prendre l’air et ce fut comme si Joy avait entendu son appel silencieux. Son téléphone vibra dans sa poche, elle le sortit et vit le message de sa sœur de cœur. Ni une, ni deux, elle saisit une veste en jean et son Ipod avant d’annoncer sa sortie à ses parents. La maison familiale des Griffiths se trouvait dans la banlieue côtière de Brisbane. La demeure se trouvait à une dizaine minutes de marche de l’océan et les deux inséparables avaient l’habitude de se retrouver au creux des dunes. C’était leur planque secrète pour râler ou se confier, cela dépendait des jours.

Les écouteurs aux oreilles et après un dizaine minute de marche à écouter de la musique country, elle aperçut la petite tête brune, sa cigarette à la main. Elle rangea son Ipod dans sa poche et fit un signe de la main à Joy. « T’es là ! P’tain j’te jure ma mère commence à me prendre le chou ! » qu’elle s’exclama alors qu’elle vint s’assoir à côté de son amie. « Bienvenue au club. » Elle soupira avec un léger sourire. « Qui de ta mère ou ma sœur est la plus insupportable ? Les paris sont ouverts. » qu’elle lança sur le ton de l’humour. « Bon alors qu’est-ce qui se passe ? Raconte-moi ! » qu’elle lui demanda préférant opter pour les tourments de Joy que les siens.

Spoiler:

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☽ juillet 2007. S’il y avait bien une personne qu’elle pouvait supporter en temps de crise, c’était Maddy. Depuis son arrivée à Brisbane, la blonde avait su d’être un soutien sans faille. Joy était devenue tellement solitaire dans l’âme qu’il était difficile pour elle de s’exprimer, de se confier. Elle arrivait maladroitement à le faire avec Maddy même si elle restait une tête brûlée, les mots de la blonde avaient toujours tendance à résonner dans son esprit. Miss Griffiths avait appris à l’apprivoiser, et la brune ne saurait pas comment faire sans elle. C’était donc la première personne qu’elle contacta quand elle sortit en trombe de chez elle. Elle venait de se disputer – encore une fois – avec sa mère, et ce qui arrivait ne présageait rien de bon. Joy réalisait qu’elle était mineure et qu’elle n’avait probablement aucun pouvoir sur ce que sa mère prévoyait pour elle.

C’était assez dépitée que Joy alluma sa clope en invitant la blonde à la rejoindre. Elle savait que Maddy n’aurait probablement aucune solution à lui proposer mais elle avait besoin d’extérioriser sa colère. Elle tira sur sa clope, le nez dans son téléphone quand elle finit par la voir arriver. Joy eut un léger sourire, soulagée de la voir. « Bienvenue au club. » Ouais, Joy n’avait pas perdu pour donner le don à la conversation, et Maddy ne semblait pas mieux lotie sur ce coup-là. « Qui de ta mère ou ma sœur est la plus insupportable ? Les paris sont ouverts. » Joy souffla en levant les yeux au ciel, la brune déployait tout son corps et son âme pour détester Melody. Elle prendrait toujours le parti de sa meilleure amie, de sa grande sœur de cœur et ne comprenait pas à quel point on pouvait mettre de côté une âme aussi pure. Joy venait de grogner en soupirant en comprenant que Melody avait encore frappé. « Bon alors qu’est-ce qui se passe ? Raconte-moi ! » Elle fit une moue en baissant les yeux, venant tirer sur sa clope alors qu’elle ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle. « Je crois que ma mère a pété un plomb. » dit-elle pour introduire le sujet, un léger rire sarcastique sortit de ses lippes avant qu’elle n’ajoute : « Elle veut m’envoyer dans un centre de redressement en septembre prochain. Je cite : ‘Tu es devenue incontrôlable, tu fais n’importe quoi et je ne sais plus comment te gérer’ » dit-elle avant de rire à nouveau comme s’il était plus simple de le prendre à la rigolade. « Ma sœur a appuyé ses propos, elles se sont liguées contre moi et il semblerait que c’est fini les conneries pour moi » dit-elle finalement en tournant la tête pour croiser le regard de la blonde, un sourire plus triste s’était affiché sur son visage alors que Joy avait peur. Elle avait peur de ce qu’il attendait là-bas, elle était terrifiée mais aussi très en colère, trop d’émotions pour une jeune adolescente déjà très perturbée.  


 

Maddy avait pris place à côté de Joy et posa un regard bienveillant sur la brunette. Malgré leurs quelques années de différence, la Griffiths avait pris sous son aile la Petterson très rapidement après son arrivée à Brisbane un peu chaotique. Elle s’en souvenait comme si c’était hier de leur première rencontre. Maddy avait entendu de l’agitation dans les couleurs de l’école, elle avait refermé son cassier pour jeter un coup d’œil sur ce qui se passait. Ce fut là qu’elle vit la rebelle entourait de deux filles un peu plus grandes. Maddy les connaissait par cœur, c’était les deux pestes de sa classe qui s’en prenait à plus petit qu’elle. C’était lamentable. Ni une ni deux, elle s’était avancée pour toucher deux mots aux filles et elles avaient fermé leurs clapets avant de repartir. Ce fut le commencement d’une belle amitié entre Joy et Maddy.

La voix de la brunette ramena blondie à la réalité. « Je crois que ma mère a pété un plomb. » Maddy connaissait la chanson par cœur, sa mère ainsi que sa sœur lui faisaient la guerre à la maison. Elle connaissait ce doux refrain dans sa demeure familiale. « Elle veut m’envoyer dans un centre de redressement en septembre prochain. Je cite : ‘Tu es devenue incontrôlable, tu fais n’importe quoi et je ne sais plus comment te gérer’ » Elle grimaça discrètement, les choses se compliquaient, elles prenaient un niveau supérieures. « Ma sœur a appuyé ses propos, elles se sont liguées contre moi et il semblerait que c’est fini les conneries pour moi » Le regard de Maddy se baissa et elle regarda ses pieds. Que pouvait-elle dire ? Que pouvait-elle faire pour l’aider ? Était-ce la bonne solution pour Joy. Elle ne pensait pas. Joy avait connu une période difficile avec la perte de son frère. Un deuil était complexe à surmonter et chacun réagissait d’une façon différente. « Ah ouais.. » C’est la merde, la grosse merde. En plus Lya n’avait pas arrangé les choses. Melody et Lya pourraient devenir meilleures amies, mais les filles avaient jugé bon de pas les présenter l’une à l’autre, sinon elles se seraient liguées contre elles en duo. Maddy resta imperceptible pendant quelques instants. C’était une grosse information à encaisser, surtout qu’elle savait qu’elle avait une autre -petite- bombe à annoncer. Comment s’y prendre sans provoquer un tsunami ? Maddy avait envie de s’enterrer dans le sable et de ne plus exister. « Tu penses que si j’essayais de parler à ta mère et de la raisonner, cela changerait-il quelque chose ? » qu’elle proposa. Maddy voulait être là pour Joy, elle voulait faire son possible tant qu’elle était encore sur le sol australien, mais elle avait peur de manquer de temps.

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☽ juillet 2007. Le seul réconfort dont Joy avait besoin, c’était fumer une clope en râlant auprès de Maddy. Elle savait que la blonde prenait toujours son parti, tentant de jouer la sagesse parfois même si Joy avait tendance à en faire qu’à sa tête malgré tout. Joy avait développé un caractère bien trempé depuis la mort de son frère, c’était quelque chose qui l’avait brisé intérieurement et dont elle ne parlait jamais. Peu de gens savait en réalité qu’elle avait un frère jumeau, décédé. Puis, le divorce de ses parents et le déménagement en Australie avaient aussi été des raisons pour lesquelles Joy s’était laissée abandonner dans des travers dont elle aurait dû mal à se débarrasser. La jeune fille était complètement paumée et elle ne voulait pas faire face aux démons qui la tourmentaient. Pourtant, sa mère allait la forcer à le faire et Joy n’était pas prête à accepter sa sentence sans rétorquer. Elle était énervée, et aussi quelque peu terrifiée à l’idée de devoir mettre un pied là-bas. Elle partageait sa crainte à Maddy, et surtout cette nouvelle qui sonnait comme une bombe aux oreilles de la Petterson. Elle n’arrivait toujours pas à y croire, et elle n’était pas au bout de ses surprises…  « Ah ouais.. » La blonde avait l’air aussi sonnée par toute cette histoire, Joy avait terminé sa clope dans un long soupir bien évocateur. Elle était fatiguée de cette guerre avec sa mère, et voilà maintenant que sa sœur en remettait une couche.  « Tu penses que si j’essayais de parler à ta mère et de la raisonner, cela changerait-il quelque chose ? » Elle fronça les sourcils, tournant la tête vers Maddy. C’était vrai que la blonde avait aussi souvent pris le temps de rassurer sa mère quand Joy avait tendance à claquer les portes, et aussi préférer la fuite que le dialogue. Un peu plus âgée que la brune, Maddy avait fait la promesse de veiller sur la Petterson, et c’était toujours ce qu’elle faisait, sans jamais la confronter ou lui donner la morale. « Non, je ne pense pas » avoua-t-elle finalement après une seconde de réflexion. « C’est déjà acté en fait. Je me demande même si je ferai pas mieux de me barrer ! » lâcha-t-elle le regard sur l’horizon, l’air pensif alors qu’elle réfléchissait à cette possibilité. La aînée des Petterson prenait toutes les solutions en considération. Elle était tellement terrifiée à l’idée d’aller dans ce fameux centre de redressement, quelle torture ! Méritait-elle vraiment un tel traitement ? Clairement, Joy ne voulait pas avouer qu’elle avait des choses à régler… « Melody a encore frappé ?» finit-elle par dire alors qu'un peu plus tôt, Maddy suggérait qu'elle avait été encore assez pénible envers elle.

 

Blondie était encore sonnée par cette annonce. Elle passa par plusieurs sentiments. L’incompréhension, c’était gros à encaisser et elle ne pouvait imaginer ce que Joy vivait en ce moment. L’injustice aussi de cette décision qui prenait des proportions démesurées. Et enfin la peur. La peur que Joy puisse ressentir. La peur d’être séparées pour une durée indéterminée. La peur de sa réaction quand elle lui aura dit. Trop de sentiments négatifs se bataillaient en elle. C’était une situation désagréable et inconfortable. Elle s’enfonça dans le sable sans s’en rendre compte.

La naïve proposa son aide mais en vain. « Non, je ne pense pas » Depuis leur rencontre, Maddy s’était éprise d’amitié et d’affection pour la brune rebelle. Elle avait vu en elle une âme brisée qui fallait soigner avec le temps. Elle souhaitait l’aider mais elle ne savait pas comment s’y prendre. « C’est déjà acté en fait. Je me demande même si je ferai pas mieux de me barrer ! » Elle se pinça les lèvres. « J’aimerais beaucoup t’aider Joy… » Elle soupira, sincèrement triste et bouleversée par cet énorme changement. « Cette décision est injuste et stupide. » Ce n’est pas une école de redressement qu’il fallait à Joy mais plutôt des personnes à l’écoutr. Voilà la mission que la Griffiths essayait d’entreprendre depuis des années.

« Melody a encore frappé ? » Elle tourna la tête vers son amie. Elle s’éclaircit la gorge avant de dire « Pour une fois non. » Le regard de Joy fut surpris et elle la fixa l’air de dire : c’est quoi alors ? Maddy puisa dans ses dernières réserves de courage. Son regard ne quitta pas celui de Joy. Elle voulait être honnête. Mais toutes les vérités étaient-elles bonnes à dire ? « J’ai aussi des projets pour la rentrée. » Elle préférait commencer en douceur afin d’éviter de provoquer une tempête. Maddy avait beau être la personne que Joy tolérait voir en ce moment mais elle était aussi consciente que cette nouvelle allait provoquer des vagues. Cette dernière tombait clairement au mauvais moment. Elle avait mal au cœur de devoir l’annoncer à sa Joy, cependant c’était un chapitre important de sa vie qu’elle ne voulait pas louper. C’était maintenant ou jamais.

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☽ juillet 2007.  Joy était déroutée, et aussi terrifiée à l’idée de ce qui allait arriver ces prochains mois. Petterson n’était encore qu’une ado, une jeune adulte complètement déboussolée et avec des démons qui la tourmentaient encore. La brune n’avait pas encore assez de recul pour comprendre qu’elle était incontrôlable. Pour elle, Joy n’était qu’une nana incomprise, personne ne pouvait comprendre la douleur qu’elle ressentait suite au décès de son frère, l’abandon de son père, et rien ne s’arrangerait quand Lawrence déciderait de la quitter aussi. Et rien ne présageait que sa propre meilleure amie en rajoute une couche… La brune se confiait, partagée entre l’agacement et la peur, loin de se douter que Maddy avait aussi des choses à lui dire.

Joy ne voyait pas comment la blonde pourrait l’aider. Elle appréciait sa présence, son soutien et sa compassion mais Petterson avait bien compris que sa mère était décidée. Joy était tellement résignée, et aussi fatiguée à l’idée de se disputer une énième fois avec sa mère. « J’aimerais beaucoup t’aider Joy… » Joy tourna sa tête pour la regarder. Maddy n’aimait pas être impuissante, encore moins que la brune. « Cette décision est injuste et stupide. » Elle eut un petit rire ironique à cette remarque. « A qui le dis-tu ! » s’exclama-t-elle, perplexe encore face à tout ça. « Je crois que je réalise pas. Mais va falloir que je réalise vite… j’aurais droit qu’à certaines visites, on va m’imposer des séances de psy, des cours, bref je serai surveillée 24h/24, la lose. » dit-elle en venant trifouiller le sable avec ses mains. « J’te mettrai sur la liste, tu viendras me voir hein ? » Joy n’était pas prête à ce que la blonde lui apprenne qu’elle ne serait pas là, qu’elle ne pourrait pas être là pour elle dans le pire moment de sa vie. Joy s’accrochait à l’idée que Maddy serait toujours là, et qu’elle le serait d’autant plus maintenant que Joy allait devoir faire face à ses démons. Elle n’avait plus le choix.

« Pour une fois non. » Joy fronça les sourcils en la regardant, se demandant alors ce que pouvait bien tracasser autant son amie.  « J’ai aussi des projets pour la rentrée. » Joy avait le regard plongé dans celui de sa meilleure amie, curieuse, intriguée… « Et bien j’espère qu’ils sont plus gais que les miens ! » s’exclama-t-elle dans un rire, tentant d’apaiser l’atmosphère alors que la brune était toujours autant terrifiée à la rentrée qui l’attendait. « Dis-moi alors ? » finit-elle par reprendre un peu plus sérieusement.

 

Joy était beaucoup trop importante pour Maddy, elle se sentait incroyablement impuissante de ne pouvoir rien faire face au choix catégorique de la maternelle Petterson. En arrivant sur la plage, dans leur refuge, elle s’était attendue à tout sauf à ça. Heureusement qu’elle avait les fesses déjà bien enfoncé dans le sable ou elle serait tombée à la renverse face à ce « trop plein » d’émotions. Joy lui expliqua à quoi va ressembler sa future vie à la rentrée. Maddy resta silencieuse et démoralisée d’apprendre tout cela. Aucun mot ne voulait sortir de sa bouche, tout particulièrement lorsque sa meilleure amie lui demanda si elle viendra lui rendre visite. Maddy fut prise au dépourvu alors elle décida de lui poser une autre question avant de savoir quoi réellement répondre à ce dilemme. « Où se trouvera ton.. école Joy, tu le sais ? » dire le mot « école » était un euphémisme pour la situation de Joy. Elle se demandait si sa mère lui avait donné d’autres indications ou bien la brunette avait refusé d’en entendre davantage. Ce qui était parfaitement compréhensible.

Elle avait peur Maddy. Peur de la réaction de Joy car elle connaissait son tempérament de feu par coeur. Elle l’avait vu grandir et évoluer. Elle avait toujours fait en sorte d’être là dans les bons comme dans les mauvais moments. Et maintenant elle faisait quoi ? Elle prenait son envol pour son rêve américain. Allait-elle comprendre sa décision qui tombait clairement au mauvais moment ? Cela la peinait de ne pas pouvoir honorer ses engagements. Elle serait toujours là à distance, serait la première qu’elle irait voir dès qu’elle sera en vacances, mais Joy allait-elle le voir ainsi ? Elle n’avait pas d’autre choix de lui annoncer pour savoir comment la suite allait se passer.

« Je vais reprendre mes études Joy. Tu sais j’ai toujours rêvé d’exercer dans l’art et non la comédie… » D’abord le visage de sa meilleure amie semblait neutre. Elle continua prudemment dans sa lancée « J’ai été acceptée à la Columbia University School of the Arts. » Une des écoles les plus réputées dans ce domaine. Maddy avait postulé un peu partout afin de maximiser ses chances d’être reçue quelque part. Elle voulait réaliser son rêve. « A New-York. » qu’elle finit par complètement avouer cette fois-ci. Elle sentit sa gorge se nouer et ses mains devenir moites. Elle ne voulait pas faire de mal à Joy mais c’était déjà trop tard.

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☽ juillet 2007. Joy n’avait pas hésité sur le numéro à composer quand elle avait quitté sa maison en trombe. Elle n’arrivait toujours pas à se remettre de la nouvelle qui venait de tomber. La brune était terrifiée, mais aussi très énervée et perdue. Elle savait que Maddy saurait comment l’apaiser, du moins c’était ce qu’elle s’était dit. Elle ne se doutait pas que pour la première fois, Maddy en rajouterait une bonne couche au sort de la Petterson. Elle se confiait donc sur ce qui venait de se passer avec sa mère, ainsi que sa petite sœur. La brune avait l’impression d’être seule contre tous, qu’elle portait le poids du monde sur ses épaules. Elle avait relevé les yeux vers la blonde, son amie ne semblait pas trouver les réponses qu’elle attendait. Joy n’était pas étonnée, après tout, c’était une sacrée nouvelle qu’elle venait de dire et même elle, avait dû mal à la digérer.  « Où se trouvera ton.. école Joy, tu le sais ? » Un soupir s’échappa de ses lèvres, le cœur serré en se disant qu’il n’y avait pas d’échappatoire possible. « Dans le coin, j’imagine » répondit-elle, sans vraiment en savoir bien plus. C’était déjà beaucoup de se dire qu’elle était dans une impasse. Elle avait envie de faire comme si de rien était, comme si ce n’était pas vrai, comme si elle avait juste eu un cauchemar.

Le dos légèrement courbé, repensant à tout ce qui lui arrivait, Joy jouait avec le sable après avoir fini sa clope. Elle n’était pas prête de la bombe qu’allait annoncer Maddy. Loin de là. « Je vais reprendre mes études Joy. Tu sais j’ai toujours rêvé d’exercer dans l’art et non la comédie… »  Joy eut un sourire, elle avait tourné la tête pour regarder le visage de porcelaine de la jeune femme. Elle acquiesçait doucement à ses dires. « J’ai été acceptée à la Columbia University School of the Arts. » Joy fronça les sourcils en entendant le ton peu enthousiaste de la jeune femme. Joy pencha la tête, un air inquisiteur sur le visage, elle ne savait pas comment réagir. C’était une bonne nouvelle non ? « A New-York. » Et là le cœur de la brune se serra, se broya même en comprenant que Maddy allait aussi partir. Elle allait aussi faire partie de ces gens qui lui tournent le dos. La bouche entrouverte, Joy n’avait aucun mot, elle avait dû mal à comprendre. « Tu rigoles ? » arriva-t-elle à balbutier, les sourcils froncés. Elle allait partir alors que c’était probablement le moment où Joy allait avoir besoin d’encore plus de soutien. Joy eut un rire nerveux. « Ouais, tu rigoles. Tu me fais une blague. Mais c’est pas l’moment là, j’suis déjà assez perturbée par ce que vient de me dire ma mère. » finit-elle par dire en secouant la main en l’air. Elle tentait de se convaincre que Maddy lui faisait une mauvaise blague, c’était beaucoup plus simple que de faire face à la vérité.  
 

Maddy était stressée à l’idée d’annoncer la nouvelle à sa meilleure amie. Plus l’échéance approchait, plus elle faisait des cauchemars de terribles disputes. Elle avait peur que ces derniers deviennent réalité. Après mûres réflexions, elle n’avait pas trouvé de bonne ou mauvaise façon de l’annoncer, il fallait juste le dire. Il y avait bien une chose que les filles s’étaient promises entre elles, c’est de ne jamais se mentir. Elle lui devait la vérité même si elle avait conscience que cette dernière aurait l’effet d’un coup de poignard en plein cœur.

« Tu rigoles ? » Son sang se glaça dans ses veines alors qu’elle croisa son regard surpris. Maddy avait longtemps hésité avant de se lancer dans ses démarches. Elle avait eu peur des réactions de ses proches, de sa famille notamment et de l’horrible Melody qui aurait trouvé la parfaite occasion de couvrir de reproches son ainée. Mais le plus dur restait à faire, elle devait également avertir Joy, elle avait mal au cœur de lui annoncer maintenant et ici. C’était un horrible timing, si Maddy avait eu la faculté de voir dans le futur, elle aurait été capable de mettre de côté ses rêves pour le bien des autres. Elle aurait été volontaire pour repousser sa reprise d’études pour rester auprès de Joy dans cette épreuve. Mais comment pouvait-elle alors que les choses étaient déjà en marche ? L’inscription était faite, elle avait même trouvé un petit appartement à New York qui n’attendait qu’elle. Elle se sentait terriblement mal d’être une meilleure amie en carton. Elle n’osa rien dire et assista muette à la tornade qui était sur le point de secouer leur amitié. « Ouais, tu rigoles. Tu me fais une blague. Mais c’est pas l’moment là, j’suis déjà assez perturbée par ce que vient de me dire ma mère. » Joy agita ses mains en l’air incomprise et impuissante face à cette nouvelle fracassante. Maddy arriva juste à secouer de gauche à droite sa tête. La Petterson la fixa avec un regard noir alors la Griffiths prit son courage à deux mains « Ce n’est pas une blague Joy. » Elle marqua une pause avant de continuer ses explications d’une voix incertaine « J’ai postulé à plusieurs écoles, j’ai eu plusieurs réponses positives. » Notamment ici en Australie, mais elle voulait le meilleur pour réussir ses rêves inavoués. « Mais Columbia reste la plus réputée et je veux aller là-bas. » Cela sembla presque étrange à blondie de confesser à voix haute ses volontés, elle qui le faisait si rarement. « Je suis vraiment désolée Joy que ça tombe au mauvais moment. » Elle eut un petit soupire, véritablement navrée et triste. Elle aussi ça lui faisait du mal de laisser ses proches les plus précieux ici. « Mais cela ne veut pas dire que je ne serai pas là. » Elle essaya de capter son regard. « Malgré le décalage horaire je te promets de t’appeler le plus souvent que possible, tu seras la première que je viendrai voir dès que je serai en vacances ici. » qu’elle continua en essayant de prendre les mains de sa meilleure amie dans les siennes, mais pas certaine qu’elle accepte ce geste.

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☽ juillet 2007. La Joy adolescente n’était pas très compréhensive et patiente. Elle avait l’incessante idée que tout le monde lui en voulait et faisait tout pour la nuire ou la rendre malheureuse. Tout avait commencé quand Tom était mort et que sa mère avait décidé de déménager en Australie. Depuis, la petite brune était devenue presque invivable, seulement une poignée de personnes arrivaient à la cerner et la comprendre. Maddy faisait partie de ces gens-là, car elle était un peu plus âgée et qu’elle arrivait à comprendre la souffrance que Joy ressentait. Pourtant lorsque la blonde lui annonça qu’elle allait partir entamer ses études à New York, le sang de Petterson ne fit qu’un tour, ses sourcils se froncèrent et la jeune fille eut l’impression qu’on lui arrachait le cœur pour une énième fois. Joy sortait d’une grosse dispute avec sa mère, et sa petite sœur, elle se sentait terriblement abandonnée et voilà que sa meilleure amie avait décidé de faire de même. Dans les secondes qui suivirent, Joy décidait de tout nier, de ne pas croire en ce que Maddy venait de lui annoncer, c’était beaucoup plus simple de faire semblant. « Ce n’est pas une blague Joy. » insista-t-elle alors que l’adolescente plissait les yeux comme pour tenter de lire dans les yeux de la blonde. « J’ai postulé à plusieurs écoles, j’ai eu plusieurs réponses positives. » La tête de la brune se pencha légèrement, alors pourquoi New York ?. « Mais Columbia reste la plus réputée et je veux aller là-bas. » Le ton de Maddy était clair, quelque peu hésitant mais Joy comprit qu’elle avait pris sa décision, peu importait ce qu’elle dirait, Maddy allait partir. « Je suis vraiment désolée Joy que ça tombe au mauvais moment. » Le visage de Joy était impassible, elle venait de se refermer comme une huître. « T’es comme tous les autres. » pesta-t-elle en se levant, évitant à présent de croiser le regard de Griffiths.  « Mais cela ne veut pas dire que je ne serai pas là. » Joy arrangea la hanse de son sac sur l’épaule, toujours en prenant soin d’éviter son regard. « Malgré le décalage horaire je te promets de t’appeler le plus souvent que possible, tu seras la première que je viendrai voir dès que je serai en vacances ici. » Joy eut un rire ironique qui s’échappa de ses lèvres alors qu’elle leva les yeux pour la regarder enfin. « J’ai l’impression d’entendre mon père. » rétorqua-t-elle alors que Maddy était l’une des rares personnes à savoir toute l’histoire de Joy. Son père avait décidé de rester au Canada, et lui avait aussi longtemps promis ce genre de choses. Joy s’était éloignée de quelques pas en arrière, en secouant la tête, refusant indéniablement tout contact avec Maddy. « Je te souhaite de réussir, puisque c’est tout ce qui t’importe. » Elle était cinglante, impulsive, Joy d’antan n’était pas du tout coopérative, encore moins après ce qu’elle venait d’apprendre. On allait l’interner de force dans un centre de redressement et même sa meilleure amie avait décidé de la laisser tomber…

 

Maddy n’a rien préparé. Elle est venue les mains vides. Elle sait pertinemment que cette nouvelle allait briser des cœurs, cependant elle a le naïf espoir que leur amitié tienne. Mais on connait le refrain de la chanson sur le bout des doigts, les choses ne se passent jamais comme prévu. Maddy n’a pas pris en compte un détail dans la matrice, le fait que la mère de Joy veuille envoyer sa propre fille dans une école de redressement.

« T’es comme tous les autres. » Sa meilleure amie se lève brutalement imposant déjà une distance entre elles, distance qui allait grandir avec le temps. Maddy n’a le temps de la rattraper, de la retenir avec sa main. Elle sent petit à petit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle est triste et désemparée. Elle n’aime pas cette vision, pas du tout. Elle ne veut pas que cela soit le dernier souvenir qu’elle ait de Joy. Une Joy en colère et profondément blessée. Maladroitement la Griffiths essaye de trouver ses mots, de lui donner des explications sur son choix mais la brunette ne veut rien entendre. « J’ai l’impression d’entendre mon père. » Maddy sait à quel point l’histoire de sa meilleure amie est compliquée. Elle aimerait sincèrement être à ses côtés pour la soutenir mais les chemins de leurs vies en ont décidé autrement. Elles prennent des destinations différentes et même si Joy ne veut rien écouter dans l’immédiat, Maddy se fait la promesse intérieure d’être toujours là pour son amie malgré la distance, malgré le fait qu’elles soient fâchées. Elle se battra sans relâche pour essayer de renouer le contact avec elle. Elle lui fera entendre raison, un jour. Elle se le promet. « Je te souhaite de réussir, puisque c’est tout ce qui t’importe. » Ses mots sont piquants, mais Maddy comprend la colère de l’adolescente. « Joy s’il te plait… » Reste, écoute-moi, ne t’enfuie pas, je tiens à toi, je ne t’abandonne pas. Maddy aurait aimé avoir la force de prononcer tous ces mots de vive voix, mais c’était trop tard, Joy était déjà repartie, laissant Maddy sur la plage, seule dans le repère.