FIN 2020. Swann a un faible pour les relations qui ne franchissent jamais le cap du virtuel. C’est ce que pourrait dire de lui un avis extérieur, en tout cas, à en juger par le nombre de contacts qu’il entretient avec des personnes qu’il n’a pas vu depuis des années, ou simplement jamais rencontrées. Maddy entre dans une case particulièrement puisqu’ils ne se sont croisés qu’une fois et une seule, à des milliers de kilomètres de la vie est qui est désormais la leur, à tous les deux. S’ils ne parlent jamais de cette rencontre, ce n’est pas pour autant que Swann n’y pense pas et ne se rejoue pas la scène certaines fois dans son esprit, voyant en elle un certain signe du Destin. Il se devait d’être là, ce jour précis, à cet endroit précis, pour rencontrer cette jeune femme blonde à qui il a changé la vie - littéralement. Il lui a permis de la conserver quelques années de plus, assez pour qu’elle change de carrière et décide de devenir illustratrice, toujours épaulée par un anglais qui ne connaît finalement que peu de choses de sa vie. Maddy s’est ouverte à lui au fil des mois et des années mais il est toujours difficile de juger de la transparence d’autrui lorsque vous ne vous souvenez de son visage qu’avec une impression de vertige. Lui-même ne sait même plus comment il s’est retrouvé sur ce pont suisse. C’est à n’y rien comprendre.

La jeune femme rencontrée une paire d’années plus tôt a bien changé. L’air de Brisbane semble davantage lui convenir et cette simple conclusion sortie de nulle part suffit à éveiller un sourire sur le visage de l’anglais. Ses mains, elles, se referment plus que de raison contre la couverture de livre portant l’écriture Maddy Griffiths en quatrième de couverture. Il est son œuvre, son travail, son premier achèvement et il sait à quel point le soutien de ses proches est important lors d’instants tels que celui-ci, surtout alors que son travail est laissé sous le regard jugeur de tout un chacun. Swann sait par exemple qu’il n’aurait jamais eu le courage d’une telle chose, trop incapable d’encaisser la moindre critique, encore moins si elle se conjugue au pluriel et qu’on y enlève tout filtre. Personne ne se soucie de faire ou non du mal à des inconnus, puisqu’ils restent justement des êtres de peu d’importance. Estimant qu’à défaut de réellement pouvoir être considéré comme un “proche” il n’est au moins pas un “inconnu”, le blond fait la queue comme le reste des curieux venus faire signer leur livre.

Il n’y avait pas cru, au début, à cette histoire de dédicace. Non pas qu’il doute que son livre se vende bien au point d’en avoir le droit, loin de là, mais bien parce qu’il ne se serait jamais douté que de telles choses pourraient exister pour les enfants. Finalement il n’a pas cherché à poser davantage de question et s’est contenté de sincèrement se réjouir pour elle, tout en pensant déjà à utiliser Noah comme un parfait alibi pour organiser une rencontre tout sauf fortuite avec Maddy. Ils habitent dans la même ville depuis quatre ans mais n’ont jamais pris la peine ni le temps de se rencontrer de nouveau, sans doute par peur de reproduire leur première rencontre ou quoi que ce soit dans le genre. Aujourd’hui, il est convaincu que le mieux pour eux est qu’ils puissent se raconter leur journée autour d’un verre sans attendre que l’autre ne trouve le temps d’être de nouveau sur son portable pour répondre à quelques sms. C’est à peine s’il se souvient du son de sa voix alors que, ironiquement, il est le premier à élever la sienne, avant même qu’elle n’ait le temps de lui demander à quel nom elle est supposée dédicacer le livre. “Noah. Noah McGrath. Pour le plus cool des neveux, n’hésitez pas à chanter les louanges du meilleur tonton du monde.” Et s’il doute qu’elle puisse reconnaître le son de sa voix, il sait au moins qu’elle connaît son nom de famille autant que l’existence du fils de sa sœur et toutes ses aventures. Remontant son regard dans le sien plutôt que sur le livre tendu, il ne sait qu’accentuer un peu plus encore son sourire, perdant tout son faux-sérieux et la voix qu’il n’utilise que pour les instants formels. “N’hésite pas à lui dire que j’ai un super humour, que je réponds aux sms en moins d’une semaine, que je me trompe de screen à envoyer qu’une fois sur trois seulement et surtout, surtout, que j’appelle mes amis sans faire exprès qu’une seule fois par mois.” Il est le dernier de la file, la journée a dû être éprouvante et son poignet la tiraille sûrement autant que son dos. “Et que je peux payer un verre aux illustratrices qui le méritent.” Ce n’est qu’une excuse pour se retrouver, bien sûr, il ne tente même pas de faire semblant.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

Elle a le nez rivé sur ses livres. Son poignet est endoliri par les nombreuses heures de dédicace. Elle est heureuse, son lancement est un vrai succès. Il n’y a que son père, un brin curieux, qui a osé venir voir sa fille pour ce jour important. Un jour qui symbolisait un tournant dans la carrière professionnelle de la Griffiths. Maddy n’était plus l’actrice mais l’illustratrice. Concernant le reste de sa famille, sa mère et l’horrible Melody ont décidé de royalement l’ignorer. Le prochain repas de famille va être fabuleux et Maddy ne pouvait refuser le traditionnel repas de Noël. Encore une fois, la Griffiths sera seule et Melody sera en train de bécoter son homme d’affaires. Beurk. Blondie n’est pas stupide et elle sait pertinemment que maintenant que sa sœur était mariée, le futur bambin allait pointer le bout de son nez. Cependant Maddy préférait vivre dans le déni le plus total et rester dans sa bulle d’histoires enchantées pour les enfants. Son monde imaginaire est bien mieux que sa vie actuelle.

« Noah. Noah McGrath. Pour le plus cool des neveux, n’hésitez pas à chanter les louanges du meilleur tonton du monde. » Elle relève la tête et croise les billes masculines. Son cœur loupe un battement. Elle aurait reconnu sa voix entre mille. Comment l’oublier ? Fallait-il à chaque fois qu’il la surprenne au moment où elle s'y attendait le moins ? L’ange est imprévisible, pourtant il reste éternellement bienveillant. « S.. Swann. » Elle en perd ses mots. Elle bat plusieurs fois des cils comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Il lui faut quelques instants pour comprendre la scène qui se passe devant ses yeux. Elle pose son regard sur une version miniature de Swann, il ressemble beaucoup à son oncle. « N’hésite pas à lui dire que j’ai un super humour, que je réponds aux sms en moins d’une semaine, que je me trompe de screen à envoyer qu’une fois sur trois seulement et surtout, surtout, que j’appelle mes amis sans faire exprès qu’une seule fois par mois. » Ses paroles lui arrachent un rire. Dire qu’il l’avait croisé au pire moment de sa vie. A cette sombre époque, Maddy avait perdu la notion du bonheur, du rire, de la joie, elle ne voyait que tristesse et dépression, au point de faire le saut de l’ange. Il l’avait interrompu au bon moment, il lui avait donné son numéro de téléphone et un jour, des mois plus tard, elle avait réussi à l’appeler. Cette conversation fut forte en émotions, elle l’avait remercié, lui avait aussi dit qu’elle allait mieux et surtout, elle lui avait promis de lui donner des nouvelles. Elle reprend alors son stylo et prend le temps d’écrire ces quelques mots.

« Je vais te dévoiler un secret Noah… Cette histoire n’aurait jamais vu le jour sans ton oncle. En espérant que ce conte t’emmène sur la route du bonheur. Apprends toujours à écouter ton cœur. Pleins de bisous. Maddy. »

Elle referme le livre et le tend au petit garçon. « Et voilà Noah. C’est très gentil d’être venu me voir. Tu peux remercier ton super oncle. » Elle lui offre un énorme sourire et croise un instant le regard de Swann. Elle décide alors de proposer à Noah. « Tu veux qu’on prenne une photo ensemble ? » Le mini McGrath fait littéralement un bon avant de venir auprès de l’illustratrice. Swann prend plusieurs photos d’eux, ils passent des grimaces aux câlins. Maddy a toujours été très à l’aise avec les enfants et ils ont tendance à adorer la Griffiths aux traits angéliques et aux bouclettes blondes.

Une fois l’instant photos terminé, Swan lui demande. « Et que je peux payer un verre aux illustratrices qui le méritent. » « Je crois que c’est une excellente idée pour clôturer cette magnifique journée. » Maddy est heureuse que tout ce soit déroulé comme elle l’avait imaginé. Elle a aimé rencontrer ses admirateurs et la dédicace s’est terminée de la plus belle des façons avec l’arrivée surprise de Swann. Cela lui fait étrange mais elle est ravie. C’est la première fois qu’ils prennent le temps de véritablement passer un moment ensemble, loin de ce pont vertigineux. L’illustratrice range ses affaires dans son sac et prend le temps de dédicacer un autre livre qu’elle avait sous la main.

« Il y a des rencontres que l’on n’oublie pas. Merci d’avoir été là quand j’en avais besoin. Et surtout merci d’être resté. Affectueusement Maddy. »

Elle se lève et le glisse dans les mains de Swann. « Tiens c’est pour toi. » Un petit sourire avant de commencer à marcher et sortir de la State Liberty, une librairie réputée de Brisbane. Une fois dehors, elle se tourne vers les garçons « Vous voulez aller où ? »

Spoiler:

Prise de court, la jeune femme arrive encore à articuler quelques sons, lesquels ressemblent peu à peu au prénom de l’anglais. « S.. Swann. » Pour peu, il aura posé lui-même son index contre son menton pour lui refermer la bouche, béate de surprise. Sa réaction le fait sincèrement sourire mais il ne pense pas un seul instant à se moquer d’elle : il sait ô combien sa venue est une surprise. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » L’anglais aurait eu bien trop peur de se confronter à un refus de sa part s’il lui avait demandé clairement qu’ils se rencontrent pour boire un verre ou partager un repas, voire même une journée de surf le long de la côte (il a encore du travail à faire pour réussir à tenir sur la planche plus de deux minutes mais il y travaille). C’est bien pour cette raison et celle-ci seule qu’il a tout décidé par lui-même, utilisant alors son neveu comme la parfaite excuse toute trouvée. En guise de réponse, il se contente d’agiter son livre sous ses yeux, déjà usé par les nombreuses lectures mais dont il continue de prendre soin, le laissant finalement entre les mains expertes de l’illustratrice. Maddy n’a besoin que de quelques secondes avant de trouver les mots à coucher sur le papier, art qu’il trouve toujours aussi impressionnant à observer. Les yeux de l’anglais se posent brièvement sur le papier par pure curiosité mais il se refuse à tout lire, jugeant que la dédicace sera le secret de Maddy et Noah et qu’il n’en sera informé que si son neveu le juge digne de confiance. « Et voilà Noah. C’est très gentil d’être venu me voir. Tu peux remercier ton super oncle. » Le regard du jeune garçon est mêlé de joie autant que de doutes ; et il y a fort à parier qu’il demande très rapidement à la blonde si elle n’a pas été payée pour dire autant de belles choses à propos de son oncle.

Maddy s’entend naturellement bien avec le McGrath miniature, laissant son oncle souriant et rapidement reconverti en photographe et paparazzi. Les deux posent alors qu’il multiplie les demandes ridicules pour prendre toujours plus de photos et ainsi garder une trace de ce moment. Noah n’a aucune idée de ce qu’il se passe pour les deux adultes mais il est lui aussi heureux de rencontrer l’illustratrice et c’est finalement tout ce qu’il compte ; Swann lui a même promis qu’il pourrait se vanter auprès de ses amis qu’elle est une amie de la famille, information qui n’a pas de prix pour un garçon aussi bavard et sociable que lui. Les années difficiles sont derrière lui, c’est une certitude. « Je crois que c’est une excellente idée pour clôturer cette magnifique journée. » La proposition d’un verre est rapidement acceptée à son tour et après avoir pris son sous bras le second livre dédicacé par surprise par ses soins, il prend cette fois-ci le temps d’en lire le mot. « Il y a des rencontres que l’on n’oublie pas. Merci d’avoir été là quand j’en avais besoin. Et surtout merci d’être resté. Affectueusement Maddy. » Il n’est pas un enfant rencontrant son idole mais cela ne l’empêche en rien d’être sincèrement touché de ces quelques traces d’encre sur le papier. Ses yeux brillent comme ceux d’un enfant alors qu’il adresse un lent hochement de tête à Maddy, signe ultime de remerciement muet - parce que les mots n’ont pas autant d’importance pour lui que les gestes. Elle ne le connaît pas sous cette forme mais il ne doute pas un seul instant qu’elle apprendra vite.

Au milieu de tous ces sourires, Noah aurait rapidement demandé si elle était son amoureuse s’il n’avait pas déjà connaissance de la présence de Lucia dans sa vie et de leur emménagement ensemble. Pour le moment encore, il se contente de faire la liste mentale de tous les sorbets de glace qu’il commandera, et de toutes les boissons allant avec ensuite. Il est le digne fils de sa mère, nulle doute possible. « Vous voulez aller où ? » - “On va au DBD, quelle question !!” Toutes les aventures de Noah se terminent au Death Before Decaf’, pour le plus grand plaisir de son autre oncle. Cette fois-ci, pourtant, Swann aspire à un peu plus d’intimité et surtout à éviter tous les regards indiscrets de sa famille, occupés à les épier et les analyser. Lui en a l’habitude ; pas Maddy. “On peut acheter une glace en chemin et tu iras avec tonton Matt ensuite si tu veux. On va se trouver un coin sur la plage, nous.” Et si évincer Noah ne faisait initiallement pas partie du plan, son neveu s’amusera sans doute bien plus entre les pieds des clients plutôt qu’au milieu d’une conversation d’adultes, laquelle n’aura besoin que de quelques minutes avant de devenir nostalgique. Il en prend l’habitude ces temps-ci. “Je me dis que tu n’as pas envie d’être enfermée à nouveau, j’ai l’impression que tu n’as pas arrêté depuis ce matin.” Reportant rapidement son attention sur la jeune femme, il justifie par la même occasion sa réponse. Son ton laisse à penser qu’il n’a pas un avis arrêté sur la question et qu’ils pourraient bien aller n’importe où sans ne jamais déranger Swann. “J’y connais peut-être rien au monde de l’édition mais c’est une bonne fatigue, pas vrai ?” Si le public a été au rendez-vous, c’est que son travail paye enfin et est reconnu à sa juste valeur. Il sera toujours temps de lui donner quelques conseils pour oublier ses douleurs articulaires, et au besoin lui masser les muscles concernés. Après tout, c’est son travail, il peut bien s’en servir pour aider son amie.

Noah loin devant eux, Swann se permet de lui parler librement, comme s’ils étaient des amis de longue date et non … peu importe ce qu’est cette relation compliquée mais non moins importante à ses yeux. “Merci pour la dédicace, c’est joliment dit.” Autant de mots pour expliquer qu’il est touché, sans savoir comment l’expliquer avec des périphrases, métaphores, ou quoi que ce soit de littéraire. Il pourrait faire une métaphore sportive à la limite, mais doute de sa pertinence. “Je sais qu’on arrive à l’improviste, si tu avais quelque chose de prévu ce soir je peux très bien rentrer au dbd avec lui. C’est un grand jour pour toi, ça serait normal que tu aies prévu quelque chose avec tes amis.” Il n’y a pas de ou avec ta famille puisqu’il a déjà eu un rapide aperçu des liens compliqués qu’elle entretient avec eux et ne peut que compatir. “Alleeeeez on avance, y’aura plus de glace à ce rythme là !!” Faites des enfants, qu’ils disent. Voler celui de sa soeur est bien suffisant pour le moment encore.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

Un petit geste parmi tant d’autres, elle lui glisse son ouvrage entre les mains. Autrefois, il lui a tendu son appareil photo sur ce pont, aujourd’hui, elle lui tend son livre. Une création qui n’aurait sans doute jamais vu le jour si leurs chemins ne s’étaient pas croisés au bon moment et surtout au bon endroit. Elle rencontre le regard de Swann qui vient à l’instant de lire son mot. Ils se sourient bêtement, sans doute parce qu’ils sont heureux de se retrouver dans un cadre plus chaleureux que la fois précédente.

Ils sortent de la grande librairie et Maddy demande aux garçons quels sont les plans pour la suite. « On va au DBD, quelle question !! » Capitaine Noah annonce le cap et Maddy lève son pouce en l'air pour approuver. La Griffiths aime les enfants, cela ne la dérange pas de voir Swann en compagnie de son neveu. En silence, elle comprend bien le subterfuge que le McGrath a mis en place. Il a été le premier des deux à provoquer une rencontre. La blonde y a pensé à plusieurs reprises. Combien de ce soir, s'est-elle couchée dans l'optique d’appeler Swann pour lui proposer un café, mais elle n’a osé le faire. Sans doute parce que le visage de Swann est gravé dans un douloureux souvenir de son passée. Mais bien évidement, les choses ne se déroulent jamais comme on les a imaginé. Swann et Maddy marchent l’un à côté de l’autre, elle est légèrement perturbée mais son sourire ne quitte pas les lèvres féminines. « On peut acheter une glace en chemin et tu iras avec tonton Matt ensuite si tu veux. On va se trouver un coin sur la plage, nous. » Des noms qu’elle a déjà entendu par-ci et par-là dans leurs conversations, même si elle n'arrive pas à mettre des visages dessus. Ils ont l’air d’une grande famille. Maddy, elle aussi, a parfois parlé de sa famille à Swann, particulièrement Melody qui a le don de l’agacer et cela depuis qu’elle est née. Pourtant Maddy est beaucoup trop gentille pour tenir tête à sa famille, elle préfère s’effacer. Elle s’est un peu endurcie et affirmée avec le temps, mais ce n’est pas encore ça, elle a horreur du conflit blondie. Et sa sœur rime avec dispute et comparaison. Heureusement en ce moment, Mademoiselle Melody est beaucoup trop occupée par ses nombreuses campagnes de publicités avec la fin d’année. Maddy a un peu de répit.

« Je me dis que tu n’as pas envie d’être enfermée à nouveau, j’ai l’impression que tu n’as pas arrêté depuis ce matin. » Elle hoche de la tête, elle n’a pas mis le pied dehors depuis ce matin. Elle n’a pas eu un moment pour elle d’ailleurs, tout juste le temps de prendre quelques snacks lors d’une micro pause. « Il y en a un qui a souffert aujourd’hui. Il a mérité de se reposer. » qu’elle rigole l’air léger avant d’agiter son poignet gauche devant Swann. « J’y connais peut-être rien au monde de l’édition mais c’est une bonne fatigue, pas vrai ? » Elle tourne ses billes bleutées vers Swann et lui répond « Pour une première dédicace je ne m’attendais pas à voir autant de monde au rendez-vous. » Elle sourit humblement, presque timidement. Maddy n’a jamais eu confiance en elle et en son talent. Elle a souvent été incomprise dans ce qu’elle entreprenait. Son agent lui a très souvent refilé des rôles secondaires qui étaient loin de ce qu’elle aspirait. Il lui tire la tronche depuis qu’elle s’est reconvertie dans l’illustration. Le dessin n’est pas un art qui rapporte selon lui. Mais ils sont liés par leur contrat, elle sait qu’il est déçu d’elle alors qu’il avait tout misé sur elle il y a quelques années lors du succès de A Court of Thorns and Roses. Il a été le premier à la guider dans cette nouvelle célébrité, mais a-t-il été là juste par intérêt et non par affection envers son talent ? Dani a brièvement vu Sergio aujourd’hui, il a fait acte de présence afin d’honorer ses engagements. « J’espère que les gens sont venus car ils étaient véritablement intéressés par mon travail et non parce que c’est l’actrice de bidule.. » Maddy l’a bien observé aujourd’hui, entre les réels intéressés et ceux qui sont venus pour avoir une photo avec l’ancienne actrice. Et puis dans tout le tas, il y a eu Swann.

Le petit Noah marche d’un pas vigoureux en direction du DBD laissant Swann et Maddy en retrait. « Merci pour la dédicace, c’est joliment dit. » Cette fois-ci Maddy fixe ses pieds, c’est sans doute la dédicace qu’elle considère le plus aujourd’hui car elle a une vraie valeur à ses yeux. Elle passe une main dans ses cheveux avant de légèrement redresser sa tête. « Je la pense. » Sincèrement. Elle n’arrive pas à s’étaler davantage sur ce sujet, Maddy se rend compte qu’il est plus facile de parler de certains choses au travers d’un téléphone qu’en face à face. « Je sais qu’on arrive à l’improviste, si tu avais quelque chose de prévu ce soir je peux très bien rentrer au dbd avec lui. C’est un grand jour pour toi, ça serait normal que tu aies prévu quelque chose avec tes amis. » Elle se pince les lèvres. Maddy n’a rien de prévu pour ce soir, elle sait juste que Romie, son persan roux, doit l’attendre à la maison. Par moment, elle a cette impression d’être cette vieille fille quand elle rentre chez elle et se retrouve seule face à elle-même. Elle aime sa tranquillité mais les propos hargneux de sa sœur raisonnent encore en elle. Certes, Maddy n’est pas seule, elle a des amis de longue date sur Brisbane, mais depuis qu’ils ont quitté le lycée, ils ont tous une vie bien occupée. Elle sait juste que Nolan ne devrait pas tarder à venir s’installer sur Brisbane pour un nouveau film, cette nouvelle enchante l’australienne. « Je n’ai rien de prévu, ne t’inquiète pas. » qu’elle finit par lui confirmer avec un simple sourire. Elle hésite un instant à lui retourner la question puis elle ose finalement. « Et toi ? » Une façon subtile -ou pas- de savoir s’il a des projets pour ce soir. « Alleeeeez on avance, y’aura plus de glace à ce rythme là !! » Noah arrache un sourire à Maddy, son impatience le rend adorable et provoque une certaine nostalgie chez la Griffiths. Dès qu’elle voit des enfants, elle ne peut s’empêcher de se demander : comment aurait été mon enfant ? Aimerait-il autant les glaces que Noah ? Aurait-il cette joie de vivre ? Et tous ces petits détails…

Le petit trio est devant le stand à glace du DBD, Noah a déjà fait sa sélection et ressort avec un énorme cornet de trois boules de glaces supplément chantilly. Elle est amusée par cette vision et lance à Swann. « Ça rigole pas chez les McGrath. Il va manger tout ça ? » Le vendeur interpelle Maddy pour lui demander ses parfums préférés. Blondie opte pour un sorbet framboise-passion et laisse par la suite Swann passer sa commande. Une fois que Maddy a son cornet dans les mains, elle se retient de croquer déjà dedans, même si son ventre en meurt d’envie, alors elle regarde Noah qui a rejoint son autre oncle. Un bon moyen de distraction qui ne dure pas longtemps quand l’enfant se met à manger sa glace de plus belle. Elle rigole alors qu’elle voit de la chantilly sur le bout de son nez. Elle se retourne vers Swann et lui demanda alors « Tu voulais aller faire un tour sur la plage ? » Maddy n’est pas contre pour aller se dégourdir les jambes, elle qui est restée toute la journée clouée à sa chaise et son stylo visé à ses doigts.

#miamdesglaces #noahventresurpattes #faitesdesgosses #cutietime

Maddy a un sourire communicatif, même lorsqu’elle n’est pas en train de sourire elle-même. A ses côtés, l’anglais garde le sien figé sur son visage, ses yeux paternels tantôt posés sur la jeune tête blonde pleine d’énergie, tantôt sur la plus grande et plus calme. Les souvenirs doux amer de leur première rencontre sont loin derrière eux et s’il voudrait parfois les oublier, il y renonce toujours bien rapidement, se souvenant qu’il faut parfois passer par le pire pour connaître le meilleur. Il n’a pas su s’empêcher d’observer ses poignets au moment où elle a signé leurs deux livres, pensant naïvement qu’elle aurait pu avoir le même réflexe que lui. S’il n’y a rien trouvé, il n’a pour autant pas été capable d’en venir à une conclusion satisfaisante, se contentant de se demander s’il devrait garder l'œil ouvert et chercher autre part. « Pour une première dédicace je ne m’attendais pas à voir autant de monde au rendez-vous. » Lui ne s’attendait à rien, avançant dans un monde totalement inconnu, mais il est sincèrement heureux pour elle. Il peut émettre un commentaire objectif en disant qu’elle fait un excellent travail passionné et qu’elle mérite donc tout ce qui commence à lui arriver et la foule venue demander un peu d’attention de sa part. « J’espère que les gens sont venus car ils étaient véritablement intéressés par mon travail et non parce que c’est l’actrice de bidule.. » Oh, Maddy. Le pas de Swann ne ralentit pas, il n’a pas besoin de réfléchir davantage à la réponse à lui apporter, surtout pas alors qu’elle coule de sens à ses yeux. “Tu resteras toujours l’actrice Maddy Griffiths mai ça ne t’empêche pas de partager ce nom avec une dessinatrice de talent.” Elle n’a pas besoin d’effacer son passé pour se forger son avenir, bien au contraire, c’est ce qu’il tente de lui faire comprendre. Peu sont ceux pouvant se vanter d’avoir eu des carrières aussi différentes et enrichissantes. Elle est douée dans tous les domaines qui se présentent à elle.

Après s’être assuré qu’il n’était pas en train de quémander l’attention de la jeune femme alors qu’elle est demandée ailleurs, Swann lui précise à son tour qu’il n’a rien de prévu de la journée autre que de la passer avec elle. Le programme est loin d’être précis, se résumant à ‘boire un verre’ alors que Noah l’a agrémenté de ‘et manger une glace’. Rien de plus logique pour des McGrath. “J’ai prévenu ma petite-amie que j’allais sûrement être occupé pour la soirée.” Et il serait prêt à parier qu’elle n’a pas été ravie de savoir qu’il allait justement la passer avec une femme et qu’elle s’ajoute à la liste (sans doute trop longue) des célébrités qu’il connaît alors qu’il n’aspire lui-même qu’à se faufiler dans l’ombre. Pour autant, éternellement trop naïf et dénué de toute capacité à jalouser qui que ce soit, il lui a promis de la tenir informée et compte bien s’y tenir. Au milieu de ses pensées perdues entre passé et présent en plus des deux jeunes femmes, Noah semble une fois de plus lui sauver la mise et improviser l’animation de début de soirée. Le vendeur a un large sourire rien qu’en reconnaissant ses cheveux d’ange. « Ça rigole pas chez les McGrath. Il va manger tout ça ? » Elle n’a jamais été prévenue de l’incroyable capacité des McGrath à manger tout ce qui se pose sous leurs yeux, c’est vrai. Le sourire de l’anglais n’en devient que plus large encore, plus amusé et espiègle aussi. “Bien sûr. C’est l’entrée en matière, ça.” Il aura encore fin après, et à peu près au même moment commencera à se plaindre de maux de ventre pour qu’au final Ginny envoie des messages furieux à son frère, à base de smileys angry. Oui, rien que ça. Il en tremble par avance.

Le choix de Maddy est original et tempéré, celui de Swann en est tout l’inverse, à l’image des trois boules de vanille (avec chantilly à son tour, bien évidemment) qu’il demande à son tour. Eternelle boule d’énergie, Noah a déjà filé rejoindre Matt, laissant les deux adultes seuls pour la première fois. Ce n’est qu’en cet instant que Swann se rend compte de la particularité de leur relation autant que de cette journée, bien plus riche en émotions qu’il n’aurait pu le croire. « Tu voulais aller faire un tour sur la plage ? » Il a le sourire d’un enfant à qui on pose une question qui a tout de quelque chose d’enfantin aussi. “Une idée comme une autre, mais tu ferais mentir tes origines australiennes avec ce grain de peau.” Ce sont autant de mots pour lui dire ‘oui’, lesquels précisent ‘seulement si tu en as envie aussi’. Ses paroles ne sont en rien moqueuses mais simplement amusées ; il n’a rien à redire avec son grain de peau à lui, aussi pâle que pourrait l’être celui de n’importe quel londonien qui ne côtoie que rarement le soleil. Il mange désormais sa glace à la façon de Noah, c’est-à-dire en en mettant plus ou moins partout et faisant mentir le trentième anniversaire qu’il vient de fêter. "Je l'ai pas embrigadé dans mon plan parce que je suis le pire tonton de l'univers, tu sais." Alors que leurs pas commencent doucement à les mener vers la plage, il tente d'expliquer à sa façon les raisons qui l'ont conduit à franchir le cap aujourd'hui pour enfin la rencontrer. Après des mois de conversation par téléphone, ils auraient pu se contenter de continuer ainsi jusqu'à la fin des temps, ou jusqu'à en avoir marre et arrêter petit à petit. "Il était réellement excité quand je lui ai dit que je te connaissais et qu'on pouvait faire un tour à ta séance de dédicace." C'est un bon gamin, Noah, et il ne mérite pas d'être utilisé comme un argument de vente par les adultes. Swann le premier ne le permettrait pas, il ne voudrait donc pas que Maddy ait le moindre doute à ce sujet. Ses explications sont lentes, délicates, à l'image du moindre mot qu'il s'ose à prononcer. "Il sait simplement que tu es mon amie. Je crois qu'il t'aime encore plus maintenant, d'ailleurs. Tu es douée avec les enfants." Il le sait à la façon dont elle a de lui parler, de le regarder aussi. Elle est plus douce que jamais lorsqu'il est dans les environs, c'est une facette de sa personnalité qu'il n'avait jamais pu observer et dont il ne se doutait pas non plus. "C'est pour eux que tu t'es trouvée une passion pour l'illustration ?" Soudainement, il en vient à douter que ce soit sa passion pour le dessin qui ait eu la chance d'être reliée à un métier en lien avec les enfants, mais bien que ce soit finalement tout l'inverse qui se soit produit. Comme à son habitude, pourtant, aucune répondre qu'elle pourrait apporter ne saurait être placée sous le prisme du jugement.

#awkward #threeyearsstilltooyoung #xoxonoah

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

Message, appel téléphonique, ou en face à face, Swann semble toujours trouver les mots justes pour remonter le moral des autres. « Tu resteras toujours l’actrice Maddy Griffiths mais ça ne t’empêche pas de partager ce nom avec une dessinatrice de talent. » Ses paroles sont remplies de sincérité et de bienveillance, cela booste l’égo féminin incertain et un sourire discret s’étire sur son visage. « Merci c’est gentil Swann. » qu’elle arrive tout juste à répondre, Maddy est bien trop timide et gênée par cette première rencontre en physique pour s’étaler davantage. La Griffiths est nulle pour jouer son propre rôle dans la vraie vie, elle est plus douée devant une caméra donnant une parfaite illusion du bonheur.

« J’ai prévenu ma petite-amie que j’allais sûrement être occupé pour la soirée. » Elle hoche doucement la tête à cette information. Pendant un instant, elle ne peut s’empêcher de se questionner : sa petite-amie est-elle la personne qui accompagnait Swann ce jour-là ? Maddy n’a aucun souvenir, c’est le trou noir le plus total. Elle se souvient juste de quelques détails futiles, comme sa main qui s’agrippe contre la barre métallique, la brise qui caresse son visage, le bruit des feuilles, le vide qui lui tordait le ventre et cette voix. Elle a vraiment senti son sang se figer dans ses veines et son cœur s’arrêter lorsqu’elle a entendu sa voix. Au début, elle ne l’a même pas regardé, elle a juste accepté l’appareil photo qu’il lui a tendu. Elle a suivis les deux ombres du couple, le pas vacillant, marchant en direction de la lumière et surtout de la terre ferme. Peut-être qu’un jour, elle osera poser la question à Swann.

« Bien sûr. C’est l’entrée en matière, ça. » Elle rigole. Elle ne connait que la famille McGrath par ce que Swann a bien voulu lui conter, mais elle semble plus sympathique que la sienne. Alors que la Griffiths a son sorbet dans les mains, c’est au tour de Swann de se retrouver avec son énorme glace à la vanille avec un petit supplément bien évidemment ! Elle lui lance amusée par cette vision. « Je vois que la passion pour la chantilly est une affaire de famille. Je regrette presque de ne pas en avoir demandé ! » L’adorable vendeur entend sa remarque entre deux conversations et il lui propose de gentiment reprendre son cornet pour rajouter le supplément chantilly. Elle a le sourire jusqu’aux oreilles par cette simple attention. Après tout, c’est le moment ou jamais pour profiter de ces simples plaisirs enfantins. Elle se retourne vers Swann après avoir gouter du bout des doigts l’onctueuse chantilly. Elle lui demande si la balade sur la plage est toujours d’actualité. « Une idée comme une autre, mais tu ferais mentir tes origines australiennes avec ce grain de peau. » Elle ne peut s’empêcher de doucement rire, constatant qu’ils sont aussi blanc l’un que l’autre. La glace vanille est de rigueur pour Swann. Après avoir saluer une dernière fois Noah, qui lui a demandé si elle allait revenir, ils prennent la direction de la plage.

« Je l'ai pas embrigadé dans mon plan parce que je suis le pire tonton de l'univers, tu sais. » que commence à expliquer Swann alors qu’ils commencent à fouler le sable. Maddy retourne légèrement la tête vers l’anglais pour écouter la suite de ses dires. « Il était réellement excité quand je lui ai dit que je te connaissais et qu'on pouvait faire un tour à ta séance de dédicace. » Son sourire s’agrandit bêtement. Elle est comme rassurée de savoir que les enfants l’apprécient. Elle a vraiment eu la boule au ventre ce matin en se réveillant. Maddy se sait plutôt douée dans la comédie mais l’illustration est une nouveauté pour elle et les enfants un monde totalement inconnu pour elle. « C’est gentil de l’avoir accompagné et d’être venu aussi. » Elle a eu envie de le revoir mais elle n’a pas eu l’idée du plan ingénieux comme lui. Maddy est encore paralysée par la peur, elle est consciente que la dépression est allée trop loin fut un temps au point de lui provoquer des idées noires. Elle est partie, du jour au lendemain, sans prévenir personne. Elle a juste texté Nolan et Joy prétextant l’excuse d’un nouveau projet en Suisse -sans donner trop de détails- et qu’elle serait peu joignable afin de ne pas les inquiéter. Au final, elle est rentrée à la maison saine et sauve quelques semaines plus tard, et les problèmes de Joy ont pris le dessus à cette période permettant d’éclipser l’épisode noir de la Griffiths. Maddy n’a jamais parlé de son « secret » à ses deux meilleurs amis. Il y a juste Swann et elle qui sont dans la confidence. « Il sait simplement que tu es mon amie. Je crois qu'il t'aime encore plus maintenant, d'ailleurs. Tu es douée avec les enfants. » Elle rougit légèrement aux derniers mots masculins. Dès son plus jeune âge, elle a senti cette fibre maternelle en elle. Maddy est le genre de personnage à secourir un petit oiseau qui tombe du nid ou chaton abandonné. Elle est triste de savoir qu’elle ne pourra sans doute jamais le faire avec une version miniature d’elle-même.

Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Swann et Maddy ont gardé contact, il est devenu une espèce « d’ange gardien » pour elle au fil du temps et des conversations. Ils ont deux vies opposées. Elle brille dans la lumière tandis qu’il se cache dans l’ombre. Rien ne présagé une rencontre entre eux en temps normal, pourtant la vie en a décidé autrement. Le destin a très souvent joué avec la vie de la demoiselle et Swann -sans le savoir- lui pose une question des plus délicates et sensibles. « C'est pour eux que tu t'es trouvée une passion pour l'illustration ? » Cette question provoque de douloureux souvenirs à l’australienne. Elle se souvient de ses innombrables disputes avec son ancien amoureux. Elle se revoit claquer la porte de leur maison en partant pleurer dans un coin du jardin. Son corps et son mental sont épuisés par les nombreux rendez-vous à l’hôpital. Elle enchaine les mauvaises nouvelles. Elle est sur le point de craquer. Elle aimerait effacer de sa mémoire le souvenir de l’abandon de son ex-compagnon. Il est parti du jour au lendemain, prenant au pied de la lettre les derniers mots de Maddy. Cet acte de lâcheté a profondément affecté -voir traumatisé- la Griffiths. « Ce n’est pas tout à fait ça. » qu’elle commence à répondre en croquant un morceau de son sorbet. Soudainement, elle n’arrive plus à le regarder dans les yeux et elle trouve un refuge dans l’immensité de l’océan à l’horizon. « L’histoire est moins joyeuse qu’un conte pour enfants ou qu’une comédie romantique au cinéma. » Son pas ralentie comme si cela pouvait freiner les choses. Elle y a pensé à plusieurs reprises lorsqu’ils parlaient au téléphone. L’idée de lui dire les raisons de sa tentative de suicide s’est questionnée dans son esprit. Pourtant elle n’a pas eu la force, ne lui demandez pas pourquoi. Elle se sent déjà suffisamment stupide d’avoir eu des idées si noires, elle qui est d’un naturel optimiste et rayonnant au quotidien. Pourtant qui mieux que Swann pour écouter cette histoire ? « C’est pas écrit sur ma page Wikipédia, mais avant de devenir actrice, j’ai toujours voulu travailler dans le monde de l’art. J’ai toujours aimé dessiner et peindre dès mon plus jeune âge. J’ai même fait des études dans ce domaine. J’ai un diplôme en art et non en comédie. Ironique non ? » Elle soupire se rendant compte que le premier hiatus de sa carrière a été bref car le monde du cinéma l’a beaucoup trop vite rappelé à l’ordre.  « Après on connait tous la suite de ma carrière, le film qui m’a rendu ''célèbre'' et tout le reste… » Elle fait allusion à son film avec Nolan. « Malgré l’intrusion des journalistes, j’ai toujours réussi plus ou moins à préserver ma vie privée. » plus ou moins, sa romance fictive ont fait la unes des articles people, mais elle a eu le mérite de créer une diversion sur le reste de sa vie. « C’est vrai que je l’ai jamais mentionné quand je te donnais de mes nouvelles. J’avais juste envie de parler de choses simples, légères et positives avec toi Swann. Je n’avais pas envie de remuer la merde. » Son pas s’arrête cette fois-ci, elle inspire profondément en fermant les yeux. Elle sent la brise marine lui caresser le visage pour finalement ouvrir de nouveau ses paupières. « La raison pour laquelle je me suis spécialisée dans la littérature jeunesse c’est parce que je n’aurais probablement jamais la chance de connaître un mini moi qui me réclame absolument de la glace en goûter... ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs... » Elle ne sait pas pourquoi elle cite le neveu du McGrath, sans doute parce que sa rencontre avec Noah est récente et que son admiration pour elle l’a touché.

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A son tour, Swann se contente de sourire lorsqu’elle lui adresse des remerciements qu’il ne juge pas avoir lieu d’être. Elle ne lui en redevable de rien et sans doute que la blonde le saurait s’il lui avait laissé entrevoir plus de sa personne que cela n’a été le cas jusqu’à aujourd’hui. Swann n’a jamais voulu lui cacher certains aspects de sa personnalité, il n’a simplement jamais trouvé le moyen de les lui partager sans que le pathos n’en soit trop immense, démesuré même. Maintenant face à elle, il a la certitude que les mots ne sauraient rester protégés entre ses lèvres bien longtemps. Une fois Noah et son insouciance derrière eux, il craint moins d’avoir de mauvais mots ou de commettre un impair et se sent libéré d’un certain poids dont son neveu n’a sûrement aucune idée de l’existence. Il est bien mieux là où il est, à agiter ses sorbets sous le nez d’un Matt qui le déteste autant qu’il l’aime.

La plage se dessine un peu mieux à chacun de leurs pas et Swann trouve bon de lui demander une bonne fois pour toutes les raisons qui l’ont conduite à choisir une telle reconversion. Les ignorer n’a jamais été un frein aux éternels encouragements qu’il a pu avoir à son égard et à vrai dire il ne s’était même jamais posé la question jusqu’à ce jour. Il faut croire que se trouver face à une personne laisse remonter d’autres questions, d’autres pensées aussi. Il avait totalement oublié son parfum, depuis l’épisode Suisse. Aujourd’hui, il est teinté de framboise, chose qu’il sait qu’il gardera en mémoire bien plus longtemps que nécessaire.

« Ce n’est pas tout à fait ça. » Alors il se fait à l’écoute, Swann, ne demandant qu’à avoir un avis éclairé sur la question. Elle lui dira tout ce qu’elle veut bien lui dire et il n’osera jamais poser davantage de questions, déjà troublé à l’idée d’avoir abordé un point qu’il ne savait pas sensible. Bien au contraire, il pensait lui éveiller de doux souvenirs emplis de nostalgie que Noah avait déjà contribué à faire resurgir ; rien d’autre. L’anglais se fait donc silencieux pour la laisser réfléchir et trouver des mots aussi justes que possible. Lorsque le bleu de ses yeux le quitte, il pose ses propres prunelles plus loin en direction du large, ne sachant que trop bien quels sont les gestes qui peuvent mettre mal à l’aise - moins ceux qui enlèvent une certaine pression des épaules. Il ne la traite pas comme un être délicat, prêt à sombrer à chaque instant. C’est une certaine fragilité qui continuera certainement de la caractériser (tout comme il en est de même pour la sienne propre), mais cela ne la définira pour autant. Son secret est bien gardé entre ses mains, il le restera tant qu’elle ne fait pas la demande express du contraire. “Je sais y faire en histoire moins joyeuses.” Il n’ose pas dire ‘en histoire qui se finissent mal’ de peur que ses mots soient mal interprétés mais ses pensées restent les mêmes. S’il ne s’est jamais attardé sur sa propre existence et ses aléas, il souhaite pourtant lui faire comprendre qu’il a connu bien des épreuves, sans sa propre existence ou celle de ses proches, et par conséquent il ne risque pas de prendre peur, peu importe ce qu’elle pourrait lui dire. “A mes yeux, l’art et la comédie sont semblables à bien des niveaux.” Surtout parce qu’il a un point de vue scientifique, là où en retour beaucoup diraient qu’entre cardiologue et chirurgien, c’est sûrement du pareil au même. Il s’en étoufferait mais espère que ce n’est pas le cas de la jolie blonde à ses côtés. Tous les acteurs sont des artistes, et pour en avoir côtoyé un pendant des années, il ne peut pas nier un seul instant que c’est un travail à part entière, qui demande autant d’efforts que de sacrifices que n’importe quel autre - si ce n’est plus. Maddy créé, voilà ce qu’elle fait. Sur le papier ou devant la caméra, elle invente des histoires et leur donne forme et vie, faisant des miracles à son échelle. Fut un temps, ça aurait été considéré comme appartenant au domaine de la magie.

Elle fait allusion avec tristesse au film qui l’a propulsé sur le devant de la scène, ce qui ne fait que briser une partie du cœur de l’anglais, toujours un peu plus désolé d’avoir lancé un tel sujet de discussion. Pour autant, elle n’a toujours pas répondu à sa question et semble prendre son temps, ce qui à défaut de le faire s’impatienter ne lui fait rien présager qui aille. « Malgré l’intrusion des journalistes, j’ai toujours réussi plus ou moins à préserver ma vie privée. » Il a un rire triste et incontrôlable, quand bien même il n’est question que d’un seul soubresaut, une simple expiration même. Il sait bien que les journalistes peuvent être bien trop curieux, et pire encore pour les paparazzis. Il n’y a plus aucune limite entre vie privée et public, problème dont Maddy a fait les frais durant de longues années. “Tu t’en es bien sortie.” Pour une actrice éternellement sur le devant de la scène, elle n’a finalement que peu attiré la curiosité déplacée des journalistes. Raisonnablement, tout du moins, et surtout en comparaison à d’autres. "Ça faisait partie du deal. Implicitement, je veux dire. On ne parle pas des aspects négatifs de nos vies par téléphone.” Surtout pas à une personne rencontrée une et une seule fois, quand bien même le contexte était tout particulier et laissait déjà présager une part d’ombre en elle. “Tu remuerais pas la merde pour autant Mad’. C’est normal de ne pas avoir une vie parfaite.” Elle peut lui en parler. Elle n’a pas à faire semblant ni même à prétendre face à lui et rien de ce qu’elle pourrait dire ne le ferait fuir. Il affiche un sourire simple mais assuré pour tenter de l’en convaincre avec le moins de mots possibles, soucieux à son tour de ne pas la mettre mal à l’aise.

Leurs pas s’arrêtent dans le même élan, il calque son propre rythme au sien. « La raison pour laquelle je me suis spécialisée dans la littérature jeunesse c’est parce que je n’aurais probablement jamais la chance de connaître un mini moi qui me réclame absolument de la glace en goûter... ou n’importe quoi d’autre d’ailleurs... » L’anglais émet un second souffle, lequel se perd rapidement dans le vent côtier. Ce sont des problèmes qu’il ne peut pas totalement expérimenter mais qu’il a au moins la prétention et l’audace de comprendre. “Je suis désolé.” Elle aurait fait une excellente mère et il ne revient pas sur ces mots : il se contente de ne pas les répéter pour ne pas enfoncer à nouveau le couteau dans une plaie qu’il devine béante. Il est encore trop tôt pour parler bébé avec Lucia mais il a bon espoir de voir des mini-lui fouler le sable australien à son tour, et il serait sûrement tout aussi attristé que Maddy si on venait à lui refuser cette chance. “Tu le sais déjà mais tu peux avoir des mini-toi qui réclament de la glace sans qu’ils soient de ton propre sang.” Il n’est personne pour lui donner une leçon sur comment fonder une famille au XXIe siècle mais pour s’être lui-même renseigné sur l’adoption en Australie il y a quelques années de ça (deux, en réalité), il sait au moins de quoi il parle. “Je n’ai aucun mal à imaginer que ce n’est sûrement pas ce dont tu rêvais. Tu n’as pas à te sentir mal si tu ne veux pas avoir recours à d'autres moyens.” Il ne prononce pas le mot ‘adoption’, soudainement jugé trop dur pour la discussion qu’ils partagent. Ne sachant exactement ce qui l’empêche d’avoir des enfants, il se garde bien de demander des détails personnels et intimes qu’il n’a pas à connaître. "Ça ne t'empêche pas de rendre heureux des centaines d'enfants." Swann tente de trouver de quoi lui remonter le moral, bien qu'il n'ait aucun mal à anticiper qu'aucun de ses mots ne sera assez fort pour rivaliser avec la chance de mettre un enfant au monde et le voir grandir. "J'ai une soeur qui a mon âge. Elle a eu un second fils il y a quelques jours, je ne peux pas m'empêcher de penser que ça signifie que je suis en retard pour avoir des enfants, moi aussi." Surtout alors que Jillian a donné naissance à ses jumeaux il y a quelques mois déjà, que Matt est marié depuis presque un an et ne tardera pas à agrandir le clan des cousins à son tour. Lui n'aurait jamais l'idée de précipiter les choses avec Lucia mais il ne peut que comprendre le besoin et l'envie dont lui parle Maddy, alors il essaye de lui faire comprendre qu'ils peuvent partager ce sentiment. Il préférait quand ils partageaient leurs rêves et leurs rires mais les aspects négatifs de la vie doivent s'ajouter peu à peu à l'équation, dorénavant. "Et je n'ai aucune excuse. Enfin, je crois pas ?" Son rire n'est pas triste, simplement ô combien maladroit. Il essaye de lui arracher un sourire en retour, voilà tout. "Ce n'est pas une partie de ta vie que tu peux contrôler. C'est pareil avec ton corps. Mais tu l'as fait avec ton métier, tu as eu le courage de tout recommencer à zéro. C'est tout ce que retiendront les gens, et même les fouineurs de journalistes." Qu'elle est une personne courageuse et audacieuse, une jeune femme qu'il est fier de pouvoir compter dans ses amis.

"Allez, viens." Dans un sourire plus assuré, il l'enjoint à avancer sur la plage une bonne fois pour toutes. Là-bas au moins, ils pourront simplement s'asseoir dans un coin et oublier le regard d'inconnus capable de la reconnaître à tout instant. S'il place la pulpe de ses doigts contre son dos une seconde, il les retire bien vite, certain qu'elle n'a besoin de personne pour avancer ni même lui montrer le chemin à suivre.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

La Griffiths ouvre une porte de son passé qu’elle aurait préféré garder fermée. Pourtant elle raconte une facette cachée de son histoire à l’ange gardien. C’est troublant de le revoir après tout ce temps, après une seule et unique rencontre qui a changé leurs vies. Maddy est douée pour raconter des histoires, que cela soit à travers ses dessins ou ses mots. Elle trouve toujours des paroles douces et bienveillantes pour ne pas choquer son auditoire. Une habitude qu’elle a prise depuis des années, une conséquence d’une vie médiatisée. Ses parents, sa sœur, et Sergio -son agent- ont toujours eu tendance à corriger la demoiselle. Aujourd’hui même si Maddy peut quasiment passer inaperçue dans un lieu public, elle fait toujours attention à ce qu’elle dit ou fait, encore plus depuis qu’elle veut conter ses histoires aux enfants. Cependant si vos oreilles sont attentives chacun de ses récits cachent des vérités et des morales. Elle a toujours cette manie de romancer sa vie la rendant plus belle et plus douce. Prudemment elle confie quelques détails de sa vie personnelle à Swann. Ses ambitions dans l’art ont sacrément été ralenties par le monde du cinéma. En devenant médiatisée, elle a fait la connaissance des journalistes intrusifs, une espèce qui a toujours eu le don de l’agacer. Cependant, elle a été plus ingénieuse qu’eux en prenant soin de cacher quelques secrets de sa vie. Le secret médical n’a été brisé dans son cas et elle se sent réellement chanceuse. « Tu t’en es bien sortie. » Un peu sourire s’échappe sur ses lèvres et elle écoute la suite des paroles masculins. « Ça faisait partie du deal. Implicitement, je veux dire. On ne parle pas des aspects négatifs de nos vies par téléphone. » Elle hoche doucement de la tête. Elle se souvient encore comme si c’était hier après ce fameux événement, Swann lui glissé son numéro de téléphone sur un bout de papier. Elle a longtemps regardé ce bout de papier, comme si ce simple détail l’a gardé en vie, alors que le couple reprenait sa route. Elle a fini par relever la tête, glissant le numéro dans la poche de sa veste. Le duo avait disparu, allait-elle le revoir un jour ? « Tu remuerais pas la merde pour autant Mad’. C’est normal de ne pas avoir une vie parfaite. » La voix de Swann la ramène dans le présent. Elle sourit doucement à ce surnom. Personne ne l’appelle Mad’ à l’exception du jeune homme, Maddy étant déjà à surnom de base.

Finalement Maddy fait le grand saut, elle vide son sac dévoilant sans doute le plus grand secret de son existence. Enfin, si on peut considérer cela comme un secret, cela en est un pour l’australienne. Un problème de santé qu’elle n’accepte et n’assume pas encore pour en parler librement. « Je suis désolé. » Cette fois-ci, le visage de Maddy reste neutre. Pas qu’elle ne doute de la sincérité de Swann, juste parce qu’elle a trop souvent entendu ces mots. La toute première fois par son médecin qui lui a annoncé la nouvelle. Elle chasse ce mauvais souvenir de son esprit. « Tu le sais déjà mais tu peux avoir des mini-toi qui réclament de la glace sans qu’ils soient de ton propre sang. Je n’ai aucun mal à imaginer que ce n’est sûrement pas ce dont tu rêvais. Tu n’as pas à te sentir mal si tu ne veux pas avoir recours à d'autres moyens. Ça ne t'empêche pas de rendre heureux des centaines d'enfants » Il a raison, elle le sait, elle y a déjà pensé pourtant elle n’a pas encore trouvé la force et le soutien recherché pour entreprendre de telles démarches entre sa famille ignorante de ses problèmes de santé et un ex-compagnon fuyard. « J’ai peur. » Peur qu’elle soit incomprise en passant pour l’atypique de la famille, peur qu’elle soit de nouveau abandonnée si un jour elle retrouve chaussure à son pied, peur que ses efforts employés se heurtent à un mur. Elle ne connait que trop bien toutes ces histoires d’adoption, de procréation médicalement assistée, et j’en cite, qui sont sans fin. Elle ne se sent pas encore prête à entamer cette nouvelle bataille alors qu’elle a déjà effectué quelques gros changements dans sa vie. Pourtant l’horloge biologique lui rappelle que son temps n’est pas infini. « J'ai une sœur qui a mon âge. Elle a eu un second fils il y a quelques jours, je ne peux pas m'empêcher de penser que ça signifie que je suis en retard pour avoir des enfants, moi aussi. » Elle sourit doucement. Qu’est-ce que ça voulait signifier exactement « être en retard » pour ce genre de chose ? Avons-nous une date de péremption pour devenir parent un jour ? Maddy se pose très souvent la question, sa famille et la pression sociétale n’arrange pas son cas. « Toi aussi tu es l’atypique de la famille ? » qu’elle lui demande avec un mince sourire.  « Et je n'ai aucune excuse. Enfin, je crois pas ? » Son rire se mélange au sien, dans ce genre de situation il est préférable de rire que de pleurer. Maddy a déjà beaucoup trop pleuré auparavant. Elle espère de tout cœur que cela ne se reproduise pas devant Swann. « Ce n'est pas une partie de ta vie que tu peux contrôler. C'est pareil avec ton corps. Mais tu l'as fait avec ton métier, tu as eu le courage de tout recommencer à zéro. C'est tout ce que retiendront les gens, et même les fouineurs de journalistes. » Swann rappelle-là le courage que Maddy a eu pour affronter ses faiblesses. Dans son malheur, elle a trouvé de la force et aujourd’hui est l’aboutissement de deux ans de dur labeur. Maddy ne peut s’empêcher d’y voir un signe avec le retour de son ange gardien en ce jour précis. Et si en fait leur rencontre en Suisse ne se résumait pas à une seule ? L’avenir nous le dira.

« Allez, viens. » L’australienne foule la plage avec ses chaussures et elle peut déjà sentir les petits grains de sable s’infiltrer à l’intérieur. Elle s’arrête un instant enlevant ses sandales pour se sentir plus à l’aise. En se redressant, elle a l’impression de sentir Swann effleurer son dos du bout de ses doigts. Elle doute un instant, peut-être qu’elle a rêvé, alors elle décide d’avancer vers l’océan. Ils marchent quelques minutes laissant le bruit des vagues faire la conversation à leur place. Maddy repense aux paroles masculines, au combat qu’elle mène au quotidien, elle doit encore travailler sur tellement de choses. Elle ne sait par quoi commencer pour être honnête, elle est perdue, sans parler de sa peur de l’abandon omniprésente. Finalement le duo se pose sur le sable face à la mer. Maddy profite de la douce brise marine avant de finalement dire « Tu sais, j’ai souvent voulu te proposer qu’on se revoit en vrai. » Elle sourit doucement avant de laisser vagabonder ses pensées à voix haute « Mais je savais pas trop comment m’y prendre. » Hey, salut Swann, ça te dit qu’on prenne un verre ensemble comme si tout était normal entre nous ? Alors que rien ne l’était, leur rencontre était.. spéciale. Elle ne trouve pas les mots juste pour les décrire. « Au final.. c’est cool que tu sois venu. » que tu es une nouvelle fois pris une initiative, comme avec cet appareil photo. « D’ailleurs, je t’ai jamais demandé. » Elle marque une pause, se pinçant les lèvres avant de tourner ses billes bleutées en direction de Swann pour lui demander « Est-ce que j’ai réussi à prendre une photo un peu près potable.. ce jour-là ? »

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« J’ai peur. »
“C’est normal.”

Il ne lui dira pas le contraire et n’essayera pas de la rassurer de façon artificielle non plus. Penser à fonder une famille est déjà bien assez effrayant, mais le vouloir de tout son cœur et ne pas y arriver doit être bien pire encore. Ses problèmes à lui ne sont pas du même acabit, il ne tente pas de se mettre à sa place en lui disant ‘je comprends’ : il sait qu’il ne peut pas. Pour une femme, tout est bien pire encore et elle ressent une pression que ses proches ne posent que peu encore sur l’ancien McGrath. Il est le seul à se l’imposer et juge que c’est déjà bien assez suffisant. Tout ce qu’il peut faire c’est se promettre de rester là pour elle, utilisant aujourd’hui une voix douce et compréhensive, incapable de prédire ce dont elle aura besoin demain et le jour d’après encore. Cette discussion fait office d’assurance : il sait que leurs chemins ne se sépareront plus avant bien longtemps, il ne peut le concevoir. « Toi aussi tu es l’atypique de la famille ? » Elle ne pense pas à mal, bien sûr, mais cette simple question a tout d’un poignard planté en plein cœur pour l’anglais. C’est la première fois qu’on partage de tels mots avec lui alors qu’il a passé trente années à tenter de se fondre dans la masse pour être normal, quitte à le payer de son bonheur le plus intense et assuré. “T’as pas idée d’à quel point.” Il trouve pourtant la force de reprendre le même sourire qu’elle avait eu à son égard, cachant avec adresse ses yeux tristes et paroles qui le sont tout autant. Entre vilains petits canards, ils ne peuvent que se comprendre, mais ce n’est pas une histoire qu’elle peut entendre aujourd’hui. Ce n’est pas un concours, de toute façon. Il ne voudrait pas le gagner.

Tout semble aller un peu mieux lorsqu’ils en viennent à fouler le sable fin des côtes australiennes et sentir la brise contre leurs joues, laissant les cheveux de Maddy voler avec délicatesse et les boucles de Swann devenir un peu plus emmêlées encore. Il ne leur faut pas bien longtemps avant de trouver un endroit où s’asseoir au calme, à l’abris des regards indiscrets en tout genre. « Tu sais, j’ai souvent voulu te proposer qu’on se revoit en vrai. » Il déglutit par automatisme, comme à chaque fois qu’un sujet épineux semble s’annoncer à l’horizon. Parler de la relation qu’ils entretiennent revient à soulever le jour de leur rencontre et tout ce qu’il signifie pour Maddy. S’il n’a jamais posé de questions à ce sujet, l’anglais sait pertinemment que le sujet reste douloureux pour elle et que cela ne saurait changer, même avec beaucoup de temps. “Tu n’as pas à t’excuser.” Puisque c’est justement ce qu’elle est en train de faire, Swann tente d’en désamorcer toute tentative. Ils avaient tous les deux besoin de temps, cela n’a pas nécessairement à être considéré péjorativement. C’est ce qui leur a permis d’apprendre à se connaître en racontant à l’autre simplement ce qu’il désirait partager, pour ainsi mieux garder le reste pour soi. Maddy l’a fait avec son incapacité à enfanter, Swann avec ses problèmes familiaux. Ils sont tous deux fautifs de n’avoir que trop bien utilisé le subterfuge des échanges par sms : tout est plus simple, bien moins sentencié. « Mais je savais pas trop comment m’y prendre. Au final.. c’est cool que tu sois venu. » Il sourit donc faiblement, comme un gamin qui ne sait pas accepter le moindre compliment. “Je suis heureux de l’avoir fait, si tu veux tout savoir.” Heureux de l’avoir retrouvée, elle, après toutes ces années. Heureux d’avoir un autre souvenir de son visage que celui gardé depuis la Suisse et leur tragique péripétie. Tout était compliqué, à l’époque, et si aujourd’hui il sait que la vie n’a rien d’un long fleuve tranquille, Swann a au moins espoir que les choses se soient arrangées, du côté de la jeune femme au moins. C’est pour s’en assurer qu’il a sauté à pieds joints dans cette idée de dédicace, ne pouvant laisser l’occasion lui passer sous le nez. Encore une fois, ce n’était qu’un signe du Destin, et ils ne peuvent être niés.

L’arrière de son crâne posé contre le muret derrière eux, l’anglais a un regard pensif dirigé vers le ciel, prêt à se réveiller de ce rêve qui ne fait aucun sens à tout moment. « D’ailleurs, je t’ai jamais demandé. » Le silence qui s’ensuit autant que la question en elle-même amènent Swann à faire rouler sa tête en sa direction, intrigué. Affirmer qu’il ne craint pas la suite de sa question serait un mensonge, surtout alors qu’il se rend compte avoir bien fait de s’attendre au pire, pour finalement mieux accepter l’interrogation. « Est-ce que j’ai réussi à prendre une photo un peu près potable.. ce jour-là ? » Encore une fois, elle ne pense pas à mal et il ne lui vient pas l’idée de lui en vouloir. Pour autant, c’est un sourire bien moins assuré qu’il lui présente désormais, lui le garçon éternellement trop mélancolique. “La dernière fois que je l’ai vue, elle avait encore sa place sur un mur.” Ce qui sont autant de mots pour signifier ‘oui’ alors qu’il ne sait que se remémorer la dernière fois où il est entré dans l’appartement de Rory, pour lui annoncer que leur histoire était terminée. Ses yeux se sont posés sur la photographie durant cette dernière nuit qui n’a jamais accueillie son sommeil, quand il était sûrement trop occupé à garder ses bras noués autour du corps de l’australien. La voir - Maddy autant que la photographie - a toujours éveillé un sourire en lui. Aujourd’hui, il n’a aucune idée de ce qu’il en est advenue, Rory étant le seul à avoir des photos d’eux. “Tu en as encore des souvenirs, de ce qu’il s’est passé là-bas ?” Le cerveau est doué pour les cacher six pieds sous Terre, il ne serait pas étonné qu’elle réponde d’un simple ‘non’. Ses yeux toujours posés dans les siens, Swann a perdu son sourire mais gardé tout son sérieux et sa voix douce. Ce ne sont pas des questions auxquelles elle est obligée de répondre, un ami ne ferait jamais une telle chose. “L’ami avec qui j’étais n’a jamais rien su. Tu ne m’aurais sûrement jamais posé la question mais je tiens à te le préciser.” Ami, parce que le féminin ou le pluriel n’a aucune importance et que si Maddy n’a aucun mal à se livrer à lui, il ressent bien plus de difficultés, même après toutes ces années. Les choses se font un pas à la fois, sûrement, mais le secret qu’ils partagent en restera toujours un.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

« Je suis heureux de l’avoir fait, si tu veux tout savoir. » Elle a un gout de déception envers elle-même. Le fait de n’avoir jamais rien proposé à Swann lui rappelle son plus gros défaut. L’indécision. Maddy est constamment perdue dans tout ce qu’elle entreprend. Maddy a toujours eu du mal à savoir qui elle était et ce qu’elle voulait réellement au fond d’elle. Il lui a fallu plus de trente ans d’existence pour doucement mettre le doigt dessus et oser tenir tête à sa famille, oser tenir tête à Sergio son agent, oser tenir tête tout court. Bien sûr, elle traine son lot de secrets comme ses soucis de santé mais aussi sa tentative de suicide. Repenser à ce souvenir de sa vie lui provoque des frissons dans le dos. Sa main joue nerveusement dans le sable. Le plus gros secret de sa vie, elle le partage avec la personne assise à côté d’elle. Il n’est ni de sa famille, ni son meilleur ami, il est juste Swann. Un jeune homme au cœur bienveillant qu’elle a rencontré dans le plus grand des hasards sur ce pont entre la vie et la mort. Elle cherche un semblant de logique dans tout cela, mais elle ne trouve pas la réponse, ce qui la replonge une énième fois dans le tourbillon de ses pensées indécises. A-t-elle bien fait de ne prévenir personne sur ce léger détail, même pas Joy et Nolan qui seraient pourtant les parfaits alliés dans son combat ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. A cette époque elle ne voulait voir et parler à personne, il y a juste Swann qui a débarqué au bon moment et bon endroit. Son appariation les a profondément liés d’une façon inexplicable. « Je suis heureuse moi aussi. » que tu l'ais fait. Elle répond simplement accompagné d'un sourire sincère. Heureuse de vivre, heureuse d’avoir croiser son chemin, heureuse d’avoir eu le courage d’écouter ses rêves. Maddy sera éternellement reconnaissante envers Swann.

« La dernière fois que je l’ai vue, elle avait encore sa place sur un mur. » Elle sent une certaine nostalgie dans la voix de Swann et blondie regrette presque sa question. Elle n’a pas réfléchi, elle a juste demandé, essayant de se remémorer les quelques fragments de souvenirs qu’elle a de ce jour. Une nouvelle fois, elle a oublié les conséquences de faits et gestes. « Tu en as encore des souvenirs, de ce qu’il s’est passé là-bas ? » Elle retourne la tête vers l’océan et regarde le mouvement régulier des vagues qui s’écrasent sur le sable. Bien sûr, elle a quelques souvenirs. Des souvenirs que son cerveau a pris le soin de trier à sa guise. Quelques passages sont encore bien présents dans sa tête tandis que d’autres se font plus discrets et imprévisible. « L’ami avec qui j’étais n’a jamais rien su. Tu ne m’aurais sûrement jamais posé la question mais je tiens à te le préciser. » Maddy secoue légèrement la tête en signe d’approbation. Par exemple « l’ami en question » elle n'a pas de souvenirs précis de lui. Juste des ombres, c’est sans doute pour cela qu’elle a mentionné le souvenir de la photographie. Finalement, elle ose de nouveau tourner la tête vers Swann et lui raconter l’autre revers de l’histoire. « Je me souviens avoir beaucoup dessiné après. » Elle est restée des journées entières sur la terrasse de chambre d’hôtel. Elle n’est pratiquement pas sortie, elle connaissait par cœur la carte du room service. « Avant je n’ai plus trop de souvenirs. » Elle a énormément broyé du noir, ruminé des idées sombres jusqu’au point de vouloir faire le saut de l’ange. Elle se sent un peu mal de repenser à tout cela, elle sent son cœur se serrer dans sa poitrine. Même si ces jours sont plus lumineux qu’à une certaine époque, son fardeau pèse toujours sur ses épaules et elle a parfois du mal à dealer avec cela tous les jours. Il y a des jours avec et d’autre sans. Aujourd’hui, elle peut l’ajouter aux jours heureux. Une journée dont elle voudra bien se souvenir toute sa vie. Chacune de ses rencontres avec Swann sont spéciales, elle ne saurait trouver les mots exacts pour décrire le lien qui les rassemble. « Par contre, je me suis toujours souvenue de ton visage. » Elle n’a pas eu besoin de revoir une photo de lui pour dessiner les traits de son visage qui sont restés graver dans sa mémoire. Il lui suffisait de fermer les yeux pour se souvenir de ce cauchemar qui a connu son happy ending. Ce n’est que des mois plus tard, voir une année qu’elle a osé taper son nom sur Instagram pour essayer de le retrouver. Elle a été satisfaite de constater que ses dessins soient plutôt représentatifs de la réalité. Elle s'éclaircie doucement la voix avant de confier en un murmure. « Je.. je t'ai même dessiné à l'époque... » Encore un autre secret qu’elle lui partage.

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« Je suis heureuse moi aussi. » Ce sont des mots simples qui ont pourtant une importance énorme pour l’anglais, et sans doute une tout aussi insoupçonnable. Un seul mot ne devrait pas éveiller autant de sentiments chez lui mais il ne cherche pas même à les contrôler, surtout pas alors qu’elle n’a pas pris le temps de préciser comme lui les conditions la rendant heureuse. Sans doute l’est-elle tout simplement, et c’est la plus belle chose qu’elle puisse lui dire. Il espère qu’il sera un jour capable d’avoir de tels mots assurés et si généraux. Swann ne les prononcera jamais s’il ne les pense pas, il est bien trop droit pour ce genre de choses. Alors, pour le moment encore, il se contente d’apprécier le bonheur d’autrui comme s’il était sien. Après tout ce qu’elle a vécu, il est heureux que Maddy puisse en bénéficier, elle le mérite bien.

Doucement, Swann tente de lui demander si elle a gardé quelques souvenirs de leur première rencontre et surtout de tout ce qu’elle signifiait pour elle - bien plus que pour lui, à l’époque. Ou alors, disons simplement qu’ils avaient sans aucun doute des points de vue bien différents, là où la vie de Maddy était supposée s’arrêter, celle de Swann ne faisait que prendre un nouveau souffle auprès de Rory et loin de tout ce qu’ils connaissent - de tous. A défaut qu’il y ait eu des conséquences physiques, il redoute qu’elles se soient toutes accumulées au niveau mental et cherche donc à savoir à quoi s’en tenir, pour ne l’aider qu’au mieux ensuite. Il veut enfin être un véritable ami et non une simple voix au bout du téléphone. « Je me souviens avoir beaucoup dessiné après. » Ils sont intéressants, tous ces artistes. Ils ont un cerveau qui fonctionne d’une façon bien particulière qui leur est propre et à défaut de pouvoir raisonner de la même façon, cela intrigue tout particulièrement le scientifique bien ancré en lui. Un sourire intéressé autant qu’intrigué naît sur son visage : elle n’a pas l’air d’en parler tristement, raison pour laquelle il se permet d’être heureux pour elle. Si elle n’a pas dessiné ses démons, c’est sans doute qu’il s’agit là d’une bonne nouvelle, non ? Swann veut y croire au point qu’il en fait une vérité, sincèrement soulagé qu’elle lui tienne une telle réponse alors que la réalité aurait pu être bien plus dramatique. “Tu dessinais quoi ?” Il est sincèrement curieux de ce qu’elle pouvait bien faire de ses journées après l’évènement, de cet entre-deux silencieux durant lequel ils n’avaient pas encore commencé à discuter. « Avant je n’ai plus trop de souvenirs. » - “C’est normal. C’est un mécanisme de défense.” Il n’est pas expert en la matière, surtout pas alors qu’il parle simplement de son expérience autant que de brèves recherches sur le sujet. Sur ça, au moins, il sait ne pas trop s’avancer mais avoir au moins le pouvoir de la rassurer à propos de cette mémoire perdue. Certaines fois, il vaut mieux ne pas se souvenir de tous les détails, et ça son cerveau l’a bien compris. Elle ne gagnerait rien à revivre cet instant. “Dis-toi que je m’en souviens pour nous deux.” Un nouveau sourire en coin, c’est ainsi tout ce qu’il peut lui offrir.

« Par contre, je me suis toujours souvenue de ton visage. » - “Vraiment ? J’avais un truc entre les dents ?”

Sincèrement surpris par une telle réponse, il ne peut s’empêcher d’y ajouter une touche d’humour pour rendre leur discussion moins dramatique. Même lorsqu’il s’agit de mettre fin à ses jours, il ne veut pas se laisser porter par des émotions aussi noires. Au fond, l’anglais est ému d’avoir marqué son esprit, surtout alors s’il est la seule chose dont elle puisse se souvenir. Loin d’avoir une grande estime de lui, il sait pourtant qu’il est un bien meilleur souvenir à garder que n’importe quelle idée stupide qu’elle avait pu avoir en Suisse. « Je.. je t'ai même dessiné à l'époque... » Cette fois-ci, il ne trouve rien à lui redire, pris de plus court encore que la première fois. “Avec ou sans mon truc entre les dents ?” Les mots ne viennent que de longues secondes plus tard, blague bien moins assurée que la précédente. Ses doigts jouent avec le sable, il sourit dans le vide. Peut-être que lui aussi, en cet instant, pourrait simplement dire ‘je suis heureux’ sans que cela ne soit un mensonge. “Tu as gardé ces dessins ? Ça me touche, tu sais.” S’il ne parle pas de ses sentiments à des inconnus, il n’a aucun mal à partager les positifs à ceux qui lui sont proches, quitte à souvent se dévoiler de trop. Il n’y a jamais de trop en amitié et en amour, c’est ainsi qu’il voit les choses, et ce qu’il en pense sur la question reste immuable. “Si j’avais su, j’aurais fait plus d’efforts pour contrer le décalage horaire.” S’il avait su, il lui aurait laissé une image plus présentable, surtout alors qu’elle ne l’a rencontré qu’une seule fois en près de quatre ans. “Mais si c’était à refaire, je n’y changerais rien.” Elle est à ses côtés, heureuse, belle, accomplie. Le chemin a été difficile mais elle y est arrivée et il voudrait croire qu’il a quelque chose à voir là-dedans, au moins de façon minime. “Tu viendras boire un verre au dbd, un de ces jours ? Je te présenterai à ma famille.” Il n’entrera pas dans les détails, ne l'embarrassera pas non plus, mais au moins il sera sincèrement heureux de pouvoir leur présenter une jeune femme aussi exceptionnelle qu’il a la chance de compter parmi ses amies.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

Ce moment en compagnie de Swann paraît presque irréel pour la Griffiths. Elle qui a vu son visage une seule et unique fois, pourtant elle connait par cœur les différentes tonalités de sa voix. Il ne se sont pas appelés tous les jours, mais leurs conversations au bout du téléphone ont toujours été importantes et précieuses pour l’australienne. Leur tout première appel téléphonique, elle s’en souvient comme si c’était hier. Elle avait passé la journée à élaborer des scénarios dans sa tête. Elle s’était demandée si elle devait lui envoyer un sms pour savoir s’il était disponible pour un appel ou bien juste composer son numéro et attendre une réponse en retour. Au final, elle avait opté pour la deuxième option. Elle avait eu très peur de tomber sur sa boite vocale et laisser un message complètement maladroit. Heureusement, Swann avait répondu, le cœur de Maddy s’était apaisé et ils avaient parlé, tout simplement.

Ce n’est pas à travers un téléphone que les deux amis échangent aujourd’hui, mais plutôt l’un à côté de l’autre face à l’océan. Maddy a les orteils des pieds remplis de sable et son sourire qui ne semble pas quitter son visage. Elle est heureuse de vivre, heureuse de sentir le vent filer entre ses cheveux, les grains de sable dans ses paumes de mains ou encore d’entendre la voix de Swann. Tout naturellement, elle lève le voile sur la suite de son séjour en Suisse. Elle lui raconte comment elle a occupé ses journées après cet évènement. Elle a eu une prise de conscience et elle a tout simplement suivi ses envies qu’elle a trop longtemps gardées enfouie en elle. Elle a pris un crayon entre les doigts, dessiné des paysages qu’elle avait vu lors de son séjour, esquissé ses souvenirs de son enfance, laissé parler son imaginaire… et surtout elle a griffonné un certain visage qui a marqué sa mémoire à vie. « Tu dessinais quoi ? » Son esprit hésite un instant, mais son cœur a envie de lui dire la vérité. Elle l’a dessiné, pourquoi lui cacher ? Sans doute parce que Maddy sous-estime grandement son talent. Ce n’est pas Sergio -son agent- qui va lui faire des louages. Il est fou depuis que Maddy s’est lancée dans cette nouvelle lubie, comme il aime si bien le caricaturer. « Un monde meilleur. » Elle reste vague dans sa réponse car les dessins de cette époque, il y en a des tonnes. Certains sont beaux, d’autres sont complètement ratés. L’artiste n’aime pas revoir ses créations, c’est bien connu. Maddy a toujours détesté visionner ses films, elle ne regarde que très peu ses dessins, par contre, elle apprécie aujourd’hui admirer son premier conte pour enfants. Il est bien au chaud dans son sac, elle le disposera fièrement dans sa bibliothèque ce soir. Il représente à ses yeux l’accomplissement de sa nouvelle vie. « C’est normal. C’est un mécanisme de défense. » Elle approuve d’un discret mouvement de tête. « Dis-toi que je m’en souviens pour nous deux. » Elle croise son sourire et lui répond un en retour. On ne compte plus les nombreux sourires qu’ils ont échangé depuis leurs retrouvailles. « Je te proclame gardien de mes souvenirs en plus de mes secrets. » qu’elle lui réplique un poil d’humour dans sa voix, même si le fond de sa pensée reste sérieuse. Ange-gardien ou gardien de ses souvenirs, Swann est multifonctions décidemment.  

Après quelques minutes d’hésitation, Maddy se confie humblement. Elle regarde Swann avec ses grands yeux guettant sa réaction. Elle a peur, elle ne sait pas à quoi s’attendre. Comment va-t-il le prendre ? Pour une psychopathe qui l’a dessiné en masse et affiche ses portraits dans sa chambre ou pour quelqu’un de normal ? « Vraiment ? J’avais un truc entre les dents ? » Le doute féminin s’évanouie avec la touche d’auto-dérision de Swann. Son cœur ralentie et un énième sourire apparaît sur son doux visage. Elle agite doucement la tête de haut en bas, l’air de dire : oui je ne t’ai jamais oublié, comment aurais-je pu alors que tu m’as sauvé la vie ? Même dans les souvenirs les plus sombres, Swann a la faculté de les rendre heureux et légers. L’illustratrice continue doucement son histoire, page par page, lui confesse qu'il a été l’inspiration de quelques esquisses. « Avec ou sans mon truc entre les dents ? » Cette fois-ci, un rire s’échappe des lèvres féminines. C’est plus fort qu’elle. « Par contre tu as un peu de la glace à la vanille sur le visage. » Elle sourit amusée par la vision qui s’offre à elle. Elle monte doucement sa main en pointant du bout du doigt ladite tâche. « Là. » Elle n’ose pas approcher davantage sa main sans en avoir l’autorisation. Elle se contente juste d’indiquer cette petite information à Swann. « Tu as gardé ces dessins ? Ça me touche, tu sais. » Maddy aussi est touchée, toute cette partie de sa vie est une période délicate pour la jeune femme. Swann a été la lueur d’espoir dans ses ténèbres. Elle est sincèrement touchée qu’il ait souhaité la revoir aujourd’hui qui est une date symbolique pour la demoiselle. « Bien sûr, ils sont chez moi sans doute planqués dans un coin de mon atelier. Tu pourras venir si tu veux un jour. » Une invitation qu’elle glisse subtilement se demandant si Swann va l’accepter. « Si j’avais su, j’aurais fait plus d’efforts pour contrer le décalage horaire. » « Ce n’est pas grave. » qu’elle lui assure. « Mais si c’était à refaire, je n’y changerais rien. » Elle non plus, elle ne veut rien changer. Si la vie a décidé que les choses se passent ainsi, cela devait se passer de la sorte. Les chemins de Swann et Maddy se sont croisés à ce moment précis par le biais d’une simple photo et ils se retrouvent désormais grâce au première livre de la Griffiths. Il manquerait plus qu’une photo pour immortaliser ce simple moment de bonheur. « Moi non plus. Je suis toujours autorisée à t’appeler à n’importe quelle heure ? » qu’elle le taquine même si elle sait au fond d’elle qu’elle a besoin de cette voix réconfortante à l’autre bout du téléphone. « Tu viendras boire un verre au dbd, un de ces jours ? Je te présenterai à ma famille. » Elle arque un sourcil surpris à cette proposition mais elle n'en est pas moins enchantée. Elle a envie de préserver leur lien au-delà du téléphone. « Tu crois qu’ils vont m’apprécier ? Ils ne vont pas se demander d’où je sors ? » La famille a toujours été un sujet épineux pour la Griffiths. Elle ne sait jamais sentie à sa place dans la sienne. Elle s’interroge et bombarde Swann de questions sans le vouloir. « Mais oui avec plaisir, en plus leurs glaces sont délicieuses. » Elle lève son pot pratiquement fini avant d’ajouter. « Et je crois que Noah sera ravi de me revoir. » qu’elle glisse avec un mince sourire. Maddy a bien accroché avec le mini McGrath et le courant semble aussi bien passé avec Swann en vrai qu’au téléphone. « Puis je serai contente de revoir son oncle aussi. » Elle espère que leurs retrouvailles ne se résumeront pas à deux rencontres seulement, car elle sent au fond d’elle que Swann sera un ami précieux dans sa vie.  

« Un monde meilleur. »
Il aime bien cette idée. Il l’aime beaucoup, même.

« Je te proclame gardien de mes souvenirs en plus de mes secrets. » Il rigole doucement en coeur avec elle, ne s’étant absolument pas attendu à recevoir autant de titres en une seule fois. “Je prends mon rôle à coeur, alors.” Il le prenait déjà à coeur, ce n’est une surprise pour personne. Il est le gardien des secrets de tous ceux qu’il rencontre, ayant à cœur de ne pas trahir qui que ce soit, même les personnes qu’il ne connaît que de vue. A ses yeux, quiconque mérite de pouvoir avoir confiance en autrui, et il tente de jouer un rôle là dedans, aussi infime soit-il. Le rôle de gardien des souvenirs est bien plus particulier. N’étant en Australie que depuis quelques années, il ne se vante généralement pas de connaître les autres depuis assez longtemps pour échanger souvenirs et anecdotes d’une époque révolue. Il se contente de les écouter, un éternel sourire aux lèvres et une immense nostalgie au cœur : si seulement il avait connu cette vie bien plus tôt.

Swann tourne tout à l’auto-dérision pour ne pas donner trop d’importance à l’instant, de peur que rien ne soit conforme aux attentes de la jeune femme. Il ne veut voir cet instant que comme des amis se retrouvant pour boire un verre, manger une glace, se balader sur la plage. Ce ne sont pas deux personnes se retrouvant après des années et des heures passées au téléphone, un drame plus tard d’évité. Si l’instant est simple, tout ce qui en découle le sera tout autant, raison pour laquelle il sourit d’un rien et rigole de tout aussi peu. « Par contre tu as un peu de la glace à la vanille sur le visage. » Il a de gros yeux, comme un enfant pris sur le fait après avoir commis une grosse bêtise. Pour autant il reste immobile un temps, laissant la jeune femme lui montrer l’endroit en question. « Là. » Du bout de l’index, il retire ladite crème glacée de son visage, finalement amusé de la situation même s’il a éternellement l’air d’avoir quinze ans. Il a fait des efforts, pourtant, il le jure. “Qu’est ce que je ferais sans vous, mademoiselle Griffiths ?” Elle vient de le sauver d’une terrible humiliation semblable à une morte subie après la pire des tortures, il ne voit que ça, et c’est ainsi la raison pour laquelle il lui partage cette question (presque totalement) sincère.

Curieux, l’anglais appréhende avec délicatesse le sujet relatif à leur rencontre en Suisse et à ce qui s’en est suivi pour Maddy. Lui n’a finalement que gagné un contact de plus dans son téléphone et une belle photo d’eux mais les choses ont été bien différentes pour la jeune femme et il souhaite s’assurer, bien tard, qu’elle n’a pas rencontré le fond de trop près. Son si joli visage ne mérite pas d’être attaqué par la tristesse. « Bien sûr, ils sont chez moi sans doute planqués dans un coin de mon atelier. Tu pourras venir si tu veux un jour. » - “Avec plaisir. Tu me diras quand tu es libre.” Il serait heureux de découvrir l’environnement dans lequel elle travaille et évolue ainsi que tout l’envers d’un décor qu’il sait bien être incapable de pouvoir soupçonner. Pour lui, ce sont des dessins sur des feuilles, le même genre qu’il faisait gamin - en bien plus beaux, cela va de soi. “Et je promets de rien casser ni tâcher.” Il ne mettra pas ses doigts sur les dessins, il ne fera tomber aucun café, il ne trébuchera sur rien du tout. C’est promis, juré, craché : il sera exemplaire et elle ne regrettera en aucun instant de l’avoir invitée dans son atelier. “Tu ne travailles pas chez toi ?” C’est une question qui le taraude. Il ne sait pas comment font les artistes, après tout. Lui doit se rendre sur son lieu de travail chaque jour, les acteurs vont sur leurs plateaux ; mais Maddy a un atelier alors sans doute ne travaille-t-elle pas chez elle pour mieux séparer vie privée de vie professionnelle. Il comprendrait si tel était le cas, et c’est en tout cas une hypothèse qu’il trouve plausible. « Moi non plus. Je suis toujours autorisée à t’appeler à n’importe quelle heure ? » - “Pourquoi est-ce que ça devrait changer ?” A toute heure du jour et de la nuit, il ne laissera pas deux sonneries s’écouler avant de lui répondre, toujours. Qu’elle ait simplement envie de parler ou qu’elle en ait réellement besoin, il répondra.

A son tour, il vient lui proposer une raison supplémentaire qui les amènerait à se revoir, déjà apeuré à l’idée qu’un ‘oui, promis, on s’appelle’ se transforme en silence radio bilatéral. Ce n’est pas une idée qu’il aime, il fait donc au mieux pour éviter qu’elle ne devienne réalité, quitte à se montrer quelque peu maladroit dans ses paroles. « Tu crois qu’ils vont m’apprécier ? Ils ne vont pas se demander d’où je sors ? » Matt aime tout le monde, Jill déteste tout autant de personnes, mais Ginny arrive pour à son tour aimer toute la population mondiale et faire pencher la balance du côté positif. “Ils vont t’adorer. T’es une amie, Mad, personne n’a à savoir d’où tu sors.” Leur secret restera le leur, c’est acté. Swann leur dira qu’il l’a rencontré il y a longtemps, qu’ils se sont perdus de vue pour mieux se retrouver, et personne ne posera davantage de questions à propos d’une histoire qui a tout de banal. « Et je crois que Noah sera ravi de me revoir. » Assurément. L’anglais hoche vigoureusement de la tête pour lui faire part de son avis sur la question. Il connaît assez son neveu pour savoir que ce n’est là que la pure vérité. Le gamin est simple à vivre, il tient bien de sa mère. « Puis je serai contente de revoir son oncle aussi. » Il esquisse un sourire en coin, ses yeux toujours posés sur ceux de la jeune femme. Il n’aurait pas pu espérer que la journée se déroule aussi bien entre eux et leur petit mensonge aux McGrath sera plus vrai que nature : ils ressemblent effectivement à de vieux amis. “Oh regarde comment tu manges, tu en as mis partout, t’es pire que Noah.” Faussement outré, faussement énervé, il vient plonger le bout de son index dans le pot pour en étaler une large ligne sur sa joue, amusé comme le serait un gamin. S’attendant déjà à une vengeance, le blond se relève aussitôt, un immense sourire sur les lèvres. Il a souvent l’air d’avoir quinze ans au lieu de trente. “Le glacier est malheureusement sur le chemin du retour. Je te raccompagne ?” Tout est une excuse pour tout, elle l’apprendra bien rapidement. Maintenant qu’ils ont convenu de nouveaux rendez-vous, il n’a pas peur de lui dire au revoir.

j'ai besoin de toi comme un coeur a besoin d'un battement (fin 2020)
 @Swann Buchanan & Maddy Griffiths

« Je prends mon rôle à coeur, alors. » Son regard dérive un instant sur ledit cœur masculin avant de se reposer sur le visage de l’anglais. « Tu as un grand cœur Swan, sache-le. » qu’elle ajoute pensant sincèrement le moindre de ses mots qu’elle a pu échanger avec Swann aujourd’hui. Elle apprécie toujours autant parler avec le jeune homme, il lui apporte une certaine légèreté dans sa vie. Petit à petit, elle apprend à découvrir ce que peut donner leur belle amitié dans la vraie vie et non au travers d’un téléphone. Elle est heureuse de le retrouver et profiter simplement de ces petits moments qui sont précieux. Qui aurait pu croire que manger une glace en bonne compagnie pouvait être aussi paisible et agréable ? Maddy souhaite que ce moment ne soit pas le dernier où il manquera ce petit quelque chose à son quotidien.

La Griffiths est amusée par les yeux ronds de Swann qui se rend compte qu’il a de la glace qui traine sur sa joue. Il paraît si jeune et mature à la fois que cela en est troublant. « Qu’est ce que je ferais sans vous, mademoiselle Griffiths ? » La question est ironique mais elle arrache un énorme sourire à blondie. Elle se perd un instant dans le regard masculin qui avait sauvé sa vie. Swann -sans s’en rendre compte- a redonné espoir à Maddy lorsqu’elle a cru tout perdre. Il lui a prouvé que des gens profondément biens et gentils peuvent exister dans ce monde de brutes. Il lui a tendu la main l’empêchant de tomber dans la vide. Elle aimerait lui dire merci dans toutes les langues que cela lui semblera insuffisant pour être à la hauteur de son geste profondément altruiste. « Que des bêtises. » qu’elle lui lance avec un petit rictus amusé.

« Avec plaisir. Tu me diras quand tu es libre. » L’artiste est contente que son invitation ne soit pas réfutée. Elle l’est encore plus lorsque le jeune homme s’intéresse de plus près à ce qu’elle crée. « Et je promets de rien casser ni tâcher. » Son sourire ne lâche pas son visage face à l’auto-dérision masculine. Elle retient mentalement cette promesse. « Tu ne travailles pas chez toi ? » « Ça dépend. Tu verras par toi-même quand tu viendras. » Elle laisse une part de mystère à son travail. L’artiste n’a pas véritablement de lieu fixe pour travailler étant donné qu’elle est en freelance. Elle va où l'inspiration l'entraine. Bien évidemment, elle a une base. Elle possède un petit cabanon au fond de son jardin qu’elle a transformé en atelier où elle peut étaler tout son bordel. Parfois, il lui arrive de faire un tour à la maison d’édition pour laquelle elle collabore ponctuellement ou bien chez d’autres clients. Elle va et viens. Elle aime cette liberté dans son nouveau travail et surtout cette indépendance. En tout cas, elle aimerait un jour montrer à Swann ce qu’elle est devenue et en grande partie grâce à lui.

Dans son hésitation maladive, Maddy veut s’assurer que leur lien restera toujours intact maintenant qu’ils ont sauté dans la case du « réel ». « Pourquoi est-ce que ça devrait changer ? » Elle hoche doucement de la tête approuvant les dires masculins et avec un sourire qui veut dire merci.

« Ils vont t’adorer. T’es une amie, Mad, personne n’a à savoir d’où tu sors. » Elle a envie de lui faire confiance, aveuglement, malgré le fait que les histoires de famille c’est un sujet un peu tabou chez la Griffiths. Mais elle a envie de croire que chaque famille est différente et qu’elles ne sont pas toutes comme la sienne, qu’il n’existe pas un double maléfique d’une Melody dans une autre fratrie. « Tu sais que tu es la première personne à m’appeler Mad. J’aime bien. » C’est frais, c’est nouveau, c’est différent, ça leur appartient. Cela la détache de l’ancienne Maddy ou Maddeline, comme vous préférez. « Maddy est le diminutif de Maddeline. » qu’elle confie avec un petit sourire accompagné d’un haussement d’épaules. Oh regarde comment tu manges, tu en as mis partout, t’es pire que Noah. Soudainement, sans le voir venir, Maddy se retrouve avec une trace de crème glacée sur la joue, elle fait le gros yeux à Noah, même si elle a envie de mourir de rire. « Swann ! » qu’elle s’exclame faussement outrée. Son cri s'envole dans le vent. Sa vengeance sera terrible, elle n’oubliera pas ce geste de sitôt. Elle se lève à son tour et plonge son doigt dans la glace comme s'il s'agissait d'un pot de peinture. Elle impose la même sentence au McGrath en lui dessinant deux jolis traits d’indien sur les joues. Elle rigole, c’est débile mais drôle. Ils sont semblables à deux vieux amis d’enfance qui connaissent les plus grands secrets de l’un et de l’autre. « T’as cru que j’allais être la seule ? » Elle rigole joyeusement. « Ma nouvelle création est magnifique. » Puis il fallait finir la glace, non ? « Le glacier est malheureusement sur le chemin du retour. Je te raccompagne ? » Elle accepte sans hésitation cette fois-ci, récupère ses chaussures sur le passage et ils reprennent ensemble le chemin du retour.

Ils sont à présent devant le dbd. La journée est passée bien trop vite à son gout. « C’était cool de se voir » Elle s’emmêle dans ses mots telle une enfant de dix ans. « Enfin.. se revoir. » Elle hésite un instant avant de faire un pas vers lui et venir lui faire la bise. Après tout ils sont amis n’est-ce pas ? C’est ce que font les amis entre eux pas vrai ? « On se revoit bientôt alors. » qu’elle conclut avec un dernier sourire. Cette journée a été tout simplement parfaite.

       

Elle a un regard doux, Maddy, et des paroles qui le sont plus encore. « Tu as un grand cœur Swann, sache-le. » Ce sont autant de mots auxquels il ne sait pas répondre, trop gêné pour être capable de formuler quoi que ce soit. Il n’a pas d’avis sur sa personne, Swann, il sait qu’il ne serait pas objectif, encore moins juste. Il n’a pas le droit de penser à de telles choses et, en tant que parfait petit soldat obéissant, il ne le fait donc pas. L’anglais veut être un grand frère pour tout le monde mais dès que les choses commencent à tourner de trop autour de sa personne, il recommence à ressembler à un gamin autour de la dizaine. Ses yeux ne sachant pas soutenir le regard de la jeune femme, il les en détourne doucement, un sourire au coin de ses lèvres, remontant jusqu’à des joues brûlantes. « Que des bêtises. » Ils ne font déjà que des bêtises, pourtant.

Il redevient sérieux l’espace d’un instant, la questionnant à propos de son lieu de travail et de la façon dont elle occupe ses journées. Maddy ne lui offre une réponse que bien trop vague à ses yeux, pourtant. « Ça dépend. Tu verras par toi-même quand tu viendras. » L’anglais en aura donc le cœur net plus tard, c’est une idée qui ne le dérange pas. Après tout, il est un homme patient qui se dit qu’elle a bien ses raisons. Il sera toujours heureux d’en apprendre plus à son sujet, peu importe le moment ; qui plus est, cela laisse au moins une sorte de suspens planer, et l’idée n’est pas inconfortable. Tout ce qu’il sait faire, c’est promettre de faire de son mieux pour ne pas déranger son espace de travail ni même risquer d’abîmer ses précieuses œuvres. Il est un éternel maladroit qui sait tout de même se contrôler. « Tu sais que tu es la première personne à m’appeler Mad. J’aime bien. » Etonné, il sourit pourtant avec tendresse en tournant la tête de nouveau en sa direction. Pour lui, il n’y avait rien eu de plus naturel que de lui donner ce surnom et il est bien heureux qu’il lui convienne. “Je suis content, alors.” Il ne l’aurait plus utilisé si elle lui avait fait une confession contraire, cela va de soi. Il est rassuré de n’avoir commis aucun impair. « Maddy est le diminutif de Maddeline. » - “Je ne m’étais jamais posé la question. C’est joli Maddeline.” Il ne lui demandera pas pourquoi elle n’utilise donc que le prénom de Maddy ; cela ne le regarde pas. Ce sont des informations qui se retrouvent facilement sur sa page Wikipedia mais encore une fois, il ne s’y est jamais aventuré. Ils sont amis, les amis ne cherchent pas le nom de leurs proches sur internet en espérant trouver des informations à leur sujet, bien sûr que non. S’il veut savoir quelque chose à son propos, il se contente de le lui demander et si elle garde certaines choses pour elle, alors elle en a tous les droits et ses raisons avec.

Maddeline, c’est presque aussi joli que le trait de glace qu’il laisse apparaître sur sa joue mais bien moins celui qu’elle lui rend sur la sienne. L’un comme l’autre élèvent pourtant un rire de sa part, lequel n’a aucun mal à trouver écho chez la blonde. Maddy a toujours eu un rire communicatif, ou c’est en tout cas l’effet qu’il provoque à Swann. Même au bout du téléphone, il se mettait à rire dès que c’était le cas pour elle, après une mauvaise blague ou une énième étourderie de la part de l’anglais. Il avait l’impression de gagner quelque chose dès qu’il la faisait rire, mais il n’a jamais demandé ses gains à qui que ce soit. Le résultat se trouve sous ses yeux aujourd’hui, en la personne d’une jeune femme heureuse et accomplie. C’est le plus important. Après avoir marché quelques instants dans les rues parsemées de la ville, les deux blonds s’échangent des au revoir qui résonnent douloureusement comme des adieux. Il refuse que ce soit le cas, pourtant. « C’était cool de se voir » Il n’a pas douté un seul instant que ce serait une bonne idée que d’aller à sa rencontre. Elle est comme dans ses souvenirs et telle qu’il l’a longtemps imaginée. Lumineuse. « Enfin.. se revoir. » Il rigole doucement alors qu’elle reformule ses pensées mais s’arrête dès lors qu’elle vient l’embrasser sur la joue, se contentant finalement de lui sourire. A défaut d’avoir le même geste envers la jeune femme, il passe une main réconfortante contre ses omoplates, lui proposant ainsi une étreinte dont elle peut se défaire à tout instant. « On se revoit bientôt alors. » - “Très bientôt.” C’est une promesse.