ღ Everything will be alright

Mardi 8 juin 2021 -> La sonnerie de mon réveil se met à retentir. Ceux qui me connaissent bien savent que je déteste me lever le matin. J’ai tendance à toujours repousser l’échéance du levé. C’est donc sans surprise que ma main se pose lourdement sur sur cet objet tout droit sortit de l’enfer. - Tais-toi Satan - Ma tête disparaît sous la couette. Seule quelques mèches blondes dépassent là. Une truffe humide se faufile sous la couverture. « hmmm » que je grogne entre mes lèvres. Ce n’est autre que Burton qui cherche me sortir de là. J’entends sa queue remuer dans tous les sens. « Shuttt » Mais mon chien est du genre têtu, déterminé. La légende n’est pas fausse quand on dit que l'animal reflète le maître. Je m’enroule plus ferment dans la couverture. Ça c’était avant que mon Berger Allemand l’attrape avec ses crocs pour la tirer au pied du lit. « Y A PAS MOYEN DE DORMIR TRANQUILLE ICI !!! » Que je gueule assise sur mon lit. Les cheveux en bataille sur la tête. La tête de Burt’ se penche sur le côté. Gauche, puis droite, il termine par un aboiement joyeux. Je me laisse tomber dans mon lit en poussant un soupire exaspéré. Un point pour le chien.

Mes pieds nus se déposent sur le parquet de mon appartement. L’avantage de vivre seule c’est de pouvoir être à mon aise. Nue sous un tee-shirt beaucoup trop long pour moi - Petit emprunt à Mayers -, je me dirige vers la cuisine. Je met quatre cuillères et demi - le demi est important - de chocolat en poudre dans ma tasse de best Friend. Une minute trente dans le micro-onde et c’est good. Je m’assois sur un tabouret devant le comptoir. Jambes croisées, je pose la tasse à mes lèvres en soufflant un peu sur le lait. La journée peu enfin commencer dans les règles. Les inscriptions sur mon mug m’arrache un sourire. Irrémédiablement ça me fait penser à Mayers. J’attrape mon portable et je lui envoie un petit texto pour le réveiller « Debout Cendrillon ». J’aime bien faire des références à Disney. Je suis sur qu’il dort tranquille LUI. Jalouse ? Un peu …

Il est temps pour moi de me préparer. Je me glisse sous une eau fumante pour ressortir parfumée de vanille quelques minutes plus tard. Burton sent que c’est l’heure de la balade. Il s’excite. Je le vois revenir avec sa laisse dans la gueule. Si je ne saisis pas le message je suis vraiment stupide. « Oui oui, on y va »Je l’attache et passe la porte avec lui. Petite balade matinale dans le parc à deux pas de la clinique. Je le laisse divaguer seul dans les allées pour qu’il fasse ses besoins tranquille. On revient à la clinique. Je lève le rideau de fer tandis que les premiers employés patiente. « Hello tout le monde » On se fait la bise. Burton réclame des caresses. Chacun prend sa place. J’aurais tellement aimé que Tessa fasse partie de l’équipe. C’était son idée tout ça … Je n’ai jamais compris pourquoi elle a baissé les bras. Ça ne lui ressemble tellement pas. La matinée passe relativement vite. Les patients défilent les uns après les autres. Rien de mirobolant ce matin. Une constipation, une échographie et un vaccin. « Tu viens manger avec nous à la brasserie ? » Me demande Samy. J’hausse les épaules. C’est juste de l’autre côté de la rue. Ça m’évitera de me faire cuire un truc et d’être seule à l’appart’. Alors que je ris en écoutant les anecdotes de mes collègues, mon portable se met à vibrer dans ma poche. [« Petite soirée Netflix entre filles ce soir ? »] Je décoche un sourire en voyant le nom de Tessa apparaître sur mon écran. Je répond illico à son message. « Pop corn, shoko-bons, Sushis 19H chez toi ? » Tant de calories dans un même message. Je n’ai pas de complexes à manger ses saloperies. J’ai le pouvoir de ne pas grossir. - Ouais je sais c’est injuste - . « Pas de portable à table Erin !! » J’envoie mon message avant de me justifier. « Mais c’est Tess’ ! On se voit ce soir » De suite on motive à la ramener dans les rangs. Ils ne sont pas sans savoir que c’est ma partenaire de projet. J’y travaille. Un jour viendra, j’obtiendrais ce que je veux. Son nom figure toujours quelque part sur les papiers de la clinique. Je n’ai pas eu le coeur de l’effacer. C’est son bébé à elle aussi. Il faut juste qu’elle l’accepte. [« Super, on se dit 18h30, comme ça on pourra profiter encore un peu de la terrasse avant de se jeter dans le canapé ! »] « Parfait ! Trop hâte ! À ce soir ». On retourne tous à la clinique. Le reste de la journée se déroule bien si on met entre parenthèses ces pauvres chatons plein de Coryza qu’on a déposé lâchement dans un carton sur le parking. L’espèce humaine m’exaspère. Je les met en quarantaine le temps de leur procurer des soins adéquats. « Ça va bien aller » que je leur murmure d’une voix apaisante. Doucement, je referme la porte de leur box. J’éteint la lumière derrière moi pour ensuite rejoindre mon appartement au dessus en passant par une porte communicante. [« Urgence au boulot, fait comme chez toi, j’suis là dans dix minutes ! Je ramène de quoi prendre l’apéro en passant. »] Apéro ! Le mot magique haha. J'espère qu’elle a pensé à l’Absinthe. Elle sait que j’adore ça. « Ça marche. Je t’attends chez toi » Burton me suit jusqu’à ma Volkswagen. Il prend sa place sur la banquette arrière. Je dépose un sac de provisions sur la place passagère. Sur la route je fais un arrêt au Sushi-shop pour faire le plein. Ce n’est pas ce soir qu’on va mourir de faim. Sa planque je la connais. Je déverrouille sa porte pour être accueilli chaleureusement par Hemingway. « Heyy !! Bonjour mon gros » Je dépose la nourriture sur la table basse du salon pour ensuite faire un gros câlin au berger australien. Burton me regarde blasé. Jaloux. Que je pense très très fort dans ma tête. Je lui tire la langue tout en insistant sur les caresses que je donne au chien de mon amie. Le téléphone de Tessa se met à sonner. Je ne décroche pas, à moins d’une urgence. Ce n’est pas chez moi aussi. J’écoute d’une oreille sans réellement m’intéresser. « Bonjour Mademoiselle Mulligan, ici le Dr Perry du service de Cardiologie de Saint-Vincent. Cela fait 4 fois que vous manquez votre rendez-vous et je me dois de vous rappeler l’importance de ce suivi. Pourriez-vous me recontacter au plus tôt s’il vous plaît ? » Mes mains cessent de caresser Hemingway. Je ne réalise pas. Ce n'est pas possible. Tel un automate, je me dirige vers son répondeur pour appuyer sur repeat. J’écoute au moins trois fois le message. Cardiologue - urgent - C’est mon coeur qui palpite d’inquiétude pour Tessa. Pourquoi m’a t-elle cacher une telle chose ? On a pour habitude de tout ce dire. « Erin ?! » Je sursaute en attendant sa voix dans mon dos. J’essaye de cacher mon malaise en enfermant mes mains tremblantes dans mes poches. « Tess’ !!! Alors cette urgence ? Ça c’est bien passé ? » Je sais même pas comment aborder le sujet avec elle … J’aimerai tellement qu’elle m’en parle d’elle même plutôt que de la mettre face à ses responsabilités. Je viens l’étreindre comme j’ai l’habitude de le faire avec elle. Je suis tactile j’y peux rien. « Ça va ? » Que je lui demande droit dans les yeux en lui caressant l’épaule. Ma question n’est pas anodine. Je sais à présent qu’elle a un souci de santé. Mon regard n’est plus le même. Je suis inquiète …

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Mardi 8 juin 2021 -> Je suis encore sous le choc du message vocal que je viens d’écouter. J’ai du mal à réaliser que Tessa est malade. Probablement des soucis cardiaques de ce que j'ai pu entendre. Comment j’ai pu ne pas m’en rendre compte… On est si proche. Le moindre signe aurait du me mettre la puce à l’oreille. Je me sens nul comme amie. Je suis tellement troublée par tout ça que je ne l’entends même pas entrer dans l’appartement. Mon corps tout entier sursaute lorsqu’elle prononce mon prénom. Zen zen Erin. Je souffle un bon coup avant faire volte-face avec un sourire qui ne laisse pas présager mes craintes. - Poker face enclenché - J’enchaîne habilement sur son urgence qui l’a retardé ce soir. « Un calvaire ! Une sale affaire de maltraitance au refuge… On a retiré 5 chiens et 7 perroquets à un couple balancé par le voisinage ! Si tu avais vu l’état des animaux… J’aurai p’tet besoin de ton aide d’ailleurs si ça s’arrange pas pour l’un d’eux. » Moi-même bénévole R.S.P.C.A. Shelter, je compte bien évidemment porter mon aide à Tessa et ses pauvres bêtes. Une fois par mois j’offre mes services aux personnes démunies pour soigner leurs animaux bénévolement. Ça me semble être une nécessité. Tout le monde devrait avoir accès aux soins. « Tu peux compter sur moi Tess’. T’as juste à lever le petit doigt et j’arrive » Tu peux aussi me parler tes soucis à toi … Je ne comprends pas pourquoi elle ne m’a rien dit. Je pensais qu’on était assez amies pour ça. Je lui offre tout de même une étreinte en me posant mille et une question dans ma tête. Pourquoi Tessa ? Ma main vient lui frictionner le dos affectueusement. Au passage je lui demande si ça va avec une pointe d’inquiétude dans ma voix. « Hm oui, j’suis un peu fatiguée et surtout exaspérée par le comportement irresponsable de certain. » Je me détache aussitôt en la regardant droit dans les yeux. Savoir qu’elle est fatiguée, ça m’inquiète différemment maintenant que je sais qu’il y a anguille sous roche. « Faute te reposer Tess’. Tu devrais lever le pied. Je peux m’occuper de ces animaux t’en fais pas. » J’ai du mal à faire semblant. Le sujet est bien trop délicat. Est-ce que Link le sait ? Est-ce qu'Adriel m’aurait caché ça ? Impossible. « J’suis contente de te voir, après cette journée de folie ça me changera les idées ! Comment ça se passe à la clinique ? » Je force un sourire avant de lui répondre. « Moi aussi ça me fait plaisir. Mais t’es sûr que t’es pas trop fatiguée ? » J’en oublie de répondre à sa question. Nerveusement je passe ma main dans mes cheveux pour me donner de la contenance. En vrai j’en mène pas large. « Heuu oui, oui ça se passe très bien. Mais tout le monde te réclame tu sais. J’aimerais beaucoup que tu passes un de ces quatre. » Tessa n’a jamais osé venir depuis qu’elle a décidé d’abandonner le projet. Ce que je ne lui ai jamais dit c’est je lui ai aménagé tout un bureau avec sa plaque sur la porte. Et sur son bureau aussi. Tessa Mulligan. Avec une écriture aux courbes gracieuses mais ferme. Tout ça gravé dans un alu noble, forgé rien que pour elle. Mais Tess’ n’a encore rien vu de tout ça … Je garde espoir que ce bureau la fera changer d’avis. Et qu’elle viendra intégrer les rangs pour trouver sa place qui lui revient de droit.

« J’vais passer vite fait les hot dog au four, ils doivent être froids et je meurs de faim. Tu m’accompagnes ? Il doit me rester de l’absinthe dans le bar je crois. » Mulligan me sort de mes pensées en m’invitant à la suivre dans sa cuisine. J’acquiesce en lui emboîtant le pas sans rechigner. « J’ai apporté des sushis et de la glace Ben and Jerry’s que j’ai mis au congèle » La glace pas les sushis. Je me penche quand même vers la table du salon pour vérifier que j’ai pas inversé. Non ça va, mon cas n’est pas désespéré. Pas encore. Le temps que Tessa pianote son four, je viens m’accouder sur son plan de travail. J’ai même pas envie de boire avec tout ça. Chose ultra rare chez moi. « Dans 5 minutes c’est ok ! Jt’ai même pas demandé comment tu allais ! » « Apparemment mieux que toi… » Je tiens plus. Je veux savoir ce qui se passe. « Tess … t’as rien à me dire ? » Je n’en dis pas plus. Je veux voir si elle osera s’enfoncer un peu plus dans le mensonge ou bien si elle va se montrer sincère avec moi. Le regard fixé dans le sien, je ne la quitte pas des yeux afin de voir la moindre expression sur son visage.

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Mardi 8 juin 2021 -> Maintenant que je sais, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce message vocal que je viens d’entendre. Je bugue sur Tessa en imaginant tout ce calvaire qu’elle subit toute seule. Depuis combien de temps ? Trop longtemps…. Elle aurait dû se confier à moi dans la seconde où elle a su. Les amis ça sert à ça non ? Je suis déçue et en même temps inquiète de son état de santé. En apparence elle n’est pas à l’agonie. Mise à part une mine fatiguée. Mais le mal à tendance à jouer en catimini. Quand on s’en aperçoit, il est déjà trop tard. Je rumine, je me ronge d’inquiétude en silence. J’essaye de cacher mon malaise en participant à la conversion. « J’en attendais pas moins de toi ! » Je risque d’être à ses petits soins c’est clair. J’ai surtout envie de lui foutre un gros coup de pied au cul pour qu’elle aille à son rendez-vous. On peut manquer son rendez-vous une fois mais pas quatre. Les Mulligan sont trop bornés. Tessa vient me faire une accolade. J’en profite pour lui suggérer du repos. Je peux m’en occuper, moi, de ces animaux maltraités. « Je sais bien. Ne t’inquiète pas je gère la situation pour l’instant. » Tu gère rien du tout wesh ! Va voir ton cardiologue et on en reparle. Ouais non… je peux pas lui dire comme ça. Reste Zen Sanders. Tourne sept fois ta petite langue dans ta bouche, comme dirait maman. Une…. « Ouais j'espère bien. On a des sushis, de la glace et des hot dog à manger. Faut prendre des forces » Toujours très subtiles chez moi. Link serait okay avec ça. Ou pas … J’aimerais tellement que Tessa rejoigne la troupe de la clinique. Ce projet c’était le sien avant d’être le mien. Depuis le temps que je la tanne avec ça. Je suis du genre persuasive. Elle va finir par craquer, obligée. « Je passerai oui. J’savais que tu saurais gérer, tu peux être fière de toi ! » « Ouiiiii » Je sautille de joie en tapant dans mes mains. J’ai l’impression d’avoir gagné une première bataille. Yes yes yes !!! J’aurai du l’enregistrer pour lui faire réécouter, où cas ou elle ferait sa Dory. « Pas à la saint glinglin hein ! Le temps c’est de l’argent » Deux…. « C’est important de ne pas remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui » Trois…. Vas-y que je te pousse gentiment dans les orties à la Sanders.

J’enchaîne les l’allusions, les indices, l’air de rien. J’ose pas vraiment rentrer dans le vif du sujet. Tessa m’a volontairement caché son problème. Elle a quand même raté quatre rendez-vous. Ça veut dire que son truc ne date pas d’hier. Je me demande s’il elle va se renfermer comme une huître ou bien si elle va vider son sac. J’aimerai mieux la deuxième options. Elle a été présente pour moi quand j’ai eu mon IVG. Je peux bien l’épauler pour ça. J’arrive pas à tourner plus trois fois ma langue dans ma bouche. Sept c’est beaucoup quand même. C’est trop dur, je tiens plus. Faut ça sorte, marde (clin d’oeil aux québécois =). Du coup je la met carrément au pied du mur en lui demandant si elle n’a rien à me dire. « Comment ça ? » Genreeeeeeee !!! Sérieux Tessa, tu me l’a fais pas à moi. Allo ! (Putain Steph je te dit pas merci). Je pose mes mains sur mes hanches en la fixant droit dans les yeux. Les sourcils légèrement foncés. J’espère la déstabiliser pour qu’elle craque. Je veux voir jusqu’à où elle est prête à s’enfoncer dans son mensonge. - Un conseil, soit franche avec moi Mulligan. - « Je… » « Hmmm hmmm » Allez allez, tu peux le faire Tess. « Erin je… » J’arque un sourcil en ne sourcillant pas. Je sens que ça vient. C’est pas loin. (J’ai l’impression de décrire un accouchement :D ) Poussez madame ! « Comment tu as su ? » C’est le coup de grâce. Tessa tient à peine sur ses jambes. Elle vient s’asseoir, la main sur le coeur. Wooh Tess, va pas me claquer dans les mains non plus. Je m’agenouille aussitôt face à elle en posant les deux mains sur ses jambes. « Heyy, c’est rien. » Bien sur que si !!! Mais j’essaye de dédramatiser la chose. « T’as eu un appel en absence de ton cardiologue et …j’ai entendu son message. » Je me mordille lèvre nerveusement en essayant de capter son regard. « Pourquoi tu ne m’a rien dit ?? Tu sais que j’aurai été là pour toi Tess’. T’as zappé quatre rendez-vous quand même. QUATRE !!! T’abuse. Pourquoi t’y va pas ?? » Je fronce légèrement les sourcils en essayant de comprendre pourquoi.

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Mardi 8 juin 2021 -> Je la tanne depuis un moment pour qu’elle accepte de venir à la clinique. Mais j’ai l’impression qu’elle tente par tous les moyens de ne pas franchir cette porte. Peut-être la peur de craquer et de finalement céder à prendre possession de son bureau. Car oui, une porte mentionne bien son nom en toutes lettres. J’ai finalement un brin d’espoir lorsqu’elle me dit qu’elle fera l’effort. « Tu as ma parole, j’essaierai de passer courant de la semaine… Ou la semaine prochaine. » Aussitôt ma joie éclate. Difficile de faire autrement. Ça fait tellement longtemps que j’attends. J’ai l’impression d’avoir gagné une petite victoire. « Je te laisse jusqu’à la fin de l’année pour venir. Marché conclue ? » Je suis pas chien. Niveau délais je lui laisse de la marge. Je ne veux pas qu’elle se force non plus. L’intérêt c’est qu’elle veuille revenir par la suite. Peut-être même qu’elle décide d’être mon bras droit. Ça me ferait tellement plaisir de bosser avec elle. On ferait une équipe de choc.

C’est la douche froide quand je décide de lui avouer ce que je sais. Je ne peux pas faire genre que tout va bien alors que dans ma tête je suis super inquiète pour mon amie. J’ai besoin de savoir. Face à la vérité, les jambes de Tessa flanchent. Je m’agenouille aussitôt à ses pieds en la regardant d’un air compatissant, les mains sur les siennes. J’explique comment je l’ai su. Puis, je ne peux m’empêcher de la réprimander d’avoir raté quatre de ses rendez-vous chez le cardiologue. Ça me semble trop important pour être négligé. « J’sais pas Erin… J’crois que tout ça, ça m’fait flipper, alors j’ai préféré fermer les yeux, c’était plus simple de faire comme si de rien. » Je me mordille la lèvre en prenant un air compatissant. « Tu préfères ne pas savoir … » Je soupire. Je comprends qu’elle est peur. Mais hors de question qu’elle reste dans le déni. Le déni est si néfaste …. *tousse* On parle de sa santé là ! Ce n’est pas rien. « Il faut que tu ailles à ton rendez-vous Tess’. Plus vite tu sais, plus de chance tu as de te soigner rapidement. C’est pas comme si tu ne bossais pas dans le milieu médical hein ! Montre l’exemple » Je penche la tête légèrement sur le côté pour capter son regard. Petit sourire de réconfort. J’aime pas la voir malheureuse. Tessa compte beaucoup pour moi. Je l’aime autant que son frère. Les Mulligan ont une place importante dans mon coeur. Freddy fait exception à la règle. C’est plus chien et chat avec lui. Je l’aime bien mais à petite dose. « J’suis désolée. » « Mohh mais ne le sois pas ma poulette » Je me redresse légèrement sur mes jambes pour venir lui essuyer ses sanglots naissants avec mon pouce. Hors de question qu’elle se noie dans ses larmes. « J’voulais pas te tenir à l’écart, j’savais juste pas comment te le dire… Tout ça, ça m’est tombé dessus et j’crois que j’avais pas envie que ça devienne vrai. » J’enroule mes bras autour d’elle pour un câlin. Ma main frictionne son dos tendrement pour tenter de la réconforter. « Je sais que ce n’est pas méchant de ta part. Mais les amies ça sert à ça. Je peux encaisser ce genre de confidences pour justement t’enlever ce poids. Et t’aider aussi à surmonter tout ça. T’as été là quand j’ai subit mon IVG. A mon tour d’être là pour toi » Je lui dois bien ça. Tess ne m’a jamais laissé tomber et moi de même. Ce n’est pas aujourd'hui que ça changera. Je me détache. Les deux mains sur ses épaules, je la fixe en lui accordant un autre sourire sincère. « Tant que personne ne savait… c’était pas vraiment réel et ça voulait dire que j’étais pas malade. »Mes mains caressent ses épaules. «T’es une battante. Je m’en fais pas pour toi. Si tu veux je t’accompagne à ton rendez-vous si ça peut te rassurer. On garde ça pour nous. Quand tu te sentira prête tu le dira aux autres. Link est au courant ? » C’est son frère qui me vient tout de suite en tête car ils sont tellement fusionnel les deux. En même temps ils sont jumeaux … ce n’est pas un mythe ce qu’on dit sur eux. Par contre je doute qu’Adriel le sache. Il ne sait tellement pas tenir sa langue … Surtout avec moi.

La sonnerie du four retentit. « A TABLEEEE » Les chiens débarque aussitôt comme s’ils étaient concernés par l’annonce. L’espoir fait vivre. « Ne prenez pas vos rêves pour une réalité. Ousttt ! Allez voir ailleurs s’y j’y suis » J’ouvre le four pour sentir les bonnes odeurs de la mal bouffe. « On va se régaler ! Je propose qu’on mange les hot dog d’abord vu que c’est chaud » Le plat dans les mains, je marche en direction du salon avec Tessa. Bizarrement les chiens sont très attentifs à nos faits et gestes. Pas croyable. Je m’apprête à croquer dans mon sandwich quand soudain je sent le poids de la tête de mon chien sur ma cuisse. Il couine pour tenter de m’amadouer. « NON ! Va au panier » Okey son panier n’est pas là. Il me regarde en penchant la tête. Genre : Tu délire maîtresse. Je soupire en déchirant un petit morceau de pain que je lui donne discrètement. « C’est tout ce que t’auras » Ce chien a toujours réussi à obtenir quelque chose de moi. En même temps il est trop craquant. Et moi trop faible … J’essuie le ketchup avec mon doigt. C’est trop bon. « T’as même pensé à l’absinthe, sérieux tu gères. Psst, si tu vois Mayers tu lui dis pas. Il va encore me faire une scène sinon. » Je me sert un verre pour trinquer avec elle. « Bon ! » Deux choix s’offrent à moi … sois je l’interroge sur sa maladie. Techniquement elle doit pas en savoir beaucoup plus vu qu’elle a raté QUATRE FOIS son rendez-vous …. Ou, je change de sujet (Je suis championne pour ça) pour la déstresser. Elle est toute tendue là. Je le sent. « Ça serait fun un week-end entre filles. Thalasso et tout et tout. Pas de mec. Juste nous deux. T’as quelqu’un en ce moment ? » Vous avez vu comment c’est subtil ?! Je suis sûre qu’elle n’a rien vu venir. Je suis curieuse, je veux savoir. La dernière fois qu’elle m’a parlé d’un mec c’est Andrew… et moi je lui avais avoué pour Nel. Puis IVG…rupture … bref, pas joyeux. J’ai déjà englouti tout mon Hot dog. Sérieux, je me demande où je met tout ça parfois. Chacun de mes doigts termine dans ma bouche pour ne pas rater une miette. J’enchaîne les sushis. Rahh c’est trop bon. J’en mangerais sans fin. Tout comme les potins que Tessa va me révéler haha ! Comment on dit Bro pour la version féminine ? Chacun son jumeau    

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Mardi 8 juin 2021 -> « Marché conclu. » Un sourire triomphant se dessine sur mes lèvres. C’est ma petite victoire du jour. Tessa ne le regrettera pas. Cette clinique c’est aussi à la sienne. On a passé des soirées entières a tergiverser sur ce projet. Je dessinais des croquis avec Tess en imaginant nos bureaux respectifs, la déco. Surtout la déco ! C’est presque une passion chez moi. Mulligan me laissait souvent la main pour ce point-là. On a chacune nos points forts. On se complète parfaitement pour ça. Tessa c’est la valeur sur, le sérieux. Moi … moi je suis la sympathie en personne. J’aime distribuer des sourires et des câlins. Elias m’appelle souvent le bisounours pour me charrier. Je suis dans ma bulle d’enfant innocent. Il faut me secouer parfois pour me faire revenir à la réalité. Et ce soir c’est un peu le cas. Apprendre que mon amie est malade ça me tue. D’autant plus qu’elle ne c’est pas confier à moi comme son frère l’aurait fait. Avec Link on se dit tout. Je regrette qu’elle n’en fasse pas autant … Je suis déçue mais surtout inquiète pour elle. Incapable de faire semblant de rien plus longtemps, je balance que je suis au courant. La peur se lie dans ses yeux. Je déteste la voir comme ça. Mais je pense que c’est nécessaire de la secouer. Trop de gens vivent dans le déni (genre moi) et regrette de ne pas avoir agi avant (Encore moi). Sauf que là on parle d’un souci de santé, c’est bien plus grave que mes sentiments pour Adriel. « Oui et non… C’est compliqué. » Je me pince les lèvres en cherchant les mots pour la rassurer et moi aussi au passage. J’ose espérer que ce n’est pas si grave. Je ne m'en remettrais pas de la perdre. Et je perdrais certainement aussi son frère si cela devait arriver. Je préfère même pas y penser. « Alors ne complique pas plus les choses en t’obstinant à ne pas y aller. Je pourrais t’accompagner si tu le souhaite. Tu n’auras qu’a lever le petit doigt et je rapplique plus vite que ton chien » Je tente l’humour pour moins plomber l’ambiance. Un sourire et un geste d’affection accompagne mes paroles. « Merci Erin, je sais que je peux compter sur toi, sur vous… J’voulais juste pas vous ennuyer avec tout ça, vous angoisser… » « Rohh mais tu ne m'ennuies pas Tess’ ! Si c’était le cas, je ne devrais pas avoir le privilège d’être ton amie » L’amitié c’est comme dans un couple. Parfois il faut savoir affronter les embûches ensemble. Il n’y a pas que les bons moments qui comptent. « J’ai rien dit à Link… Ni à Freddy… Et à mes parents en fait… t’es la seule à savoir. J’veux bien que tu m’accompagnes oui. » Ma main vient caresser sa joue alors que je hoche la tête pour lui confier que je serais là pour l’accompagner à son rendez-vous. D’un côté je suis plutôt flattée d’être la première à le savoir. D’un autre j’ai l’impression d’avoir une terrible responsabilité sur les épaules. Je vais devoir tenir ma langue. Dieu sait que c’est une véritable épreuve pour moi. Surtout avec Addie et Link. Je sens que je vais raser les murs quelque temps… « J’sais pas comment le dire à Lincoln. » Ho my god, j’aimerai tellement pas être à sa place. Ni à la mienne d’ailleurs. Comment il va le prendre quand il va savoir que je savais et que je ne lui ai rien dit ? Cruel dilemme. J’ai promis de garder le secret à sa soeur. C’est pas ma faute ! Si ? « Tu devrais lui dire posément, tranquillement chez toi. Pas besoin de passer par quatre chemins. De toute façon il va vite comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. » Premièrement c’est sa soeur. Il la connaît mieux que personne. Deuxièmement bah … ils sont jumeaux. C’est limite de la télépathie entre eux. C’est pas une légende je vous assure. D’ailleurs je m’étonne qu’il n’ait encore rien capté. « Tu te sentira soulagée et plus forte de lui avoir dit. Link te soutiendra. Je n’en doute pas une seconde. » Même Freddy. Il est ce qu’il est mais il aime sa soeur quoi qu’il advienne. Sous ses airs de petit con se cache un gars … bien ? On a le droit d’y croire ^^

Le four sonne les hostilités. On va pouvoir s’en mettre sous la dent. L’idée ne me déplaît pas. J’ai la dalle. Je mange pour quatre et j’ai une taille de guêpe. Ouais je sais c’est pas juste. Mais moi je kiffe tellement de pouvoir m’en mettre plein la panse sans culpabiliser. Nos deux bêtes à poils viennent s’assurer que rien ne tombe au sol. Mais bizarrement j’ai pas l’intention de faire tomber quoi que ce soit. « J’suis d’accord, mais attends, j’ai de quoi combler les deux ventres sur pattes ! » Pendant que Tessa va chercher des biscuits pour chien, je cède à donner un petit bout de pain à Burton et à Hemingway pour les faire patienter. Je ne suis surtout pas capable de résister à leurs yeux suppliants. Pauvre de moi. « Tiens, ça sauvera ton repas et le mien par la même occasion. Cent pour cent fait maison ! » Je regarde les biscuits avec intérêt. « Hoo pas mal ! Tu me donneras ta recette ?? » D’habitude je cuisine pour mon frère ou Adriel. Ouais parce que entre les pâtes au ketchup de l’un et les lasagnes de l’autre, MERCI mais NON merci. J’ai parfois l’impression d’être une maman pour eux. Ça serait fun de leur cuisiner des gâteaux pour toutous haha ! J’ai l’agréable surprise de voir l’absinthe s’inviter à la soirée. « Tant que t’en abuses pas, ce qui se passe ici reste ici ! » J’ai pas l’intention de me prendre une murge ce soir. « Pas d’abus pour ce soir. Sauf peut-être … pour la nourriture » Je glousse malgré moi. Manger c’est la vie ! Je plante mes dents dans le hot dog. Au diable la princesse. Ce soir je suis Fiona (La femme de Shrek pas la joueuse hein). Techniquement Fiona est une princesse mais vous avez très bien compris la référence. C’est bon, je ne vais pas vous faire un dessin. Vraiment ? La sauce tomate qui coule au coin de mes joues. Les doigts tous gras d’avoir touché la graisse de mon sandwich. Les dents pleines de pain. Je suis à tomber par terre ! Seriously. « Bon sang j’adore ces trucs ! » Je ris en ouvrant grand la bouche. Ha la la la, heureusement ce n’est pas dans mes plans de draguer ce soir. Un week-end entre filles me traverse l’esprit. Pas de mecs dans nos pattes à materner. Le panard. Une thalasso tant qu’a faire. Mais je suis quand même curieuse de savoir si la miss a un monsieur dans sa vie. Les potins s'il vous plait. Plait-il ! « J’suis partante pour le weekend entre filles. Ca nous fera du bien de nous faire chouchouter et siroter des cocktails au bord d’une piscine ! » J’avale une gorgée de mon absinthe avant de lui répondre gaiement « Ha mais ouais tellement. Un bon hammam à l’eucalyptus. Un jacuzzi et un cocktail. Le combo parfait. » Par contre elle me snobe sur ma question la pétasse. « C’est clairement pas chez moi que tu vas trouver du potin sur ma pseudo vie sexuelle et amoureuse. T’es bien placée pour savoir que de ce côté c’est le désert ! » J’ai dû trop insister du regard oupsy. « J'espère être la première au courant si le désert devenait subitement un oasis verdoyant » J’ajoute la voix rieuse. < Oasis is good > Que je dis en jouant des sourcils bêtement. En la voyant ouvrir sa bouteille de blanc, je finis mon verre d’une traite pour lui tendre. Ma gorge prend instantanément feu. Fait chaud ici. « Sérieusement, mes dernières relations ont été un échec cuisant. » Je roule des yeux « Tu crois que moi c’est mieux ? Nel m’a quitté en pensant qu’il se passait quelque chose avec Adriel. N’importe quoi » Pfff, quelle idée hein. Moi et Adriel ? Hmm… Je fais tourner le vin dans mon verre en me laissant perdre par le mouvement. « J’suis pas faite pour être avec quelqu’un ! Hemingway est très bien… Et lui au moins il ne me trahira pas ! » Je lève les yeux sur elle en plissant légèrement les yeux. « Ne dit pas de bêtises. C’est juste que t’as pas trouver le bon. Ces choses là ça vient sans prévenir » Et les bébés ça ne naît pas dans les choux. Je sais que Tessa rêve secrètement de fonder famille. Je lui souhaite de tout mon coeur.

Après le hot dog je m’empiffre de sushis. Mon vendre s’arrondit à vue d’oeil. On pourrait presque croire que … mais non. Je me laisse tomber dans le fond du canapé en soupirant. Les deux mains sur mon ventre. « Je crois que j’ai trop mangé » Comme d’habitude, j’ai fait ma gourmande. Je devrais m’arrêter là. Pourtant en pensant à la glace Ben and Jerry dans le congélateur, je me trouve encore une petite place dans l’estomac. « On passe au dessert ? » Dans un élan que je surestime, je tente de me lever. Sauf que mes fesses semblent trop lourdes pour que décolle de là. « Ho my god » J’éclate de rire aussitôt. Difficulté supplémentaire. « Je crois que je suis condamné à rester coincer dans ton canapé » Que je lui dis entre deux fous rire. L’alcool, la fatigue et surtout la digestion de ce repas copieux. Après quelques minutes je retrouve mon calme et mes esprits. Toujours avachie dans son sofa, je tourne la tête vers Tessa en prenant une mine plus sérieuse. « Est-ce qu’il y a une relation que tu regrettes ? Une idylle que t’aurais bien voulu qui dure dans le temps tu sais ? » Je crois que j’essaye de me rassurer moi-même sur son éventuelle réponse. C’est à double tranchant en fait. Tout dépendra de ce qu’elle répondra.