| sore must be the storm (eliot) |
| | (#)Dim 27 Juin 2021 - 3:11 | |
| L’appel avait été bref, clair, intense. Réouverture de l’enquête. Ou possible réouverture, en réalité, tout allait dépendre de ce que Lily aurait à dire à l’inspecteur Chapman. Elle avait connu un Chapman à l’époque de la petite école, pour l’importance que ça en a dans l’histoire - c’est à dire aucune. Elle sait qu’aujourd’hui elle aura à faire à un parfait inconnu à qui elle n’aura aucun mal à sortir le numéro de l’irréprochable ménagère et épouse, désormais nouvelle assistante de direction dans l’une des associations les plus connues de la ville, du pays même peut-être. Son image n’a jamais été aussi parfaite, et quand bien même cela dénote clairement avec ce qu’il se passe dans sa vie privée, ce n’est en rien important pour le bon déroulement de l’enquête. Il saura ce qu’elle a envie qu’il sache : ce n’est pas parce qu’il travaille dans la police qu’il pourra impunément fouiller dans sa vie et en déterrer des secrets qui n’ont de toute façon aucune importance pour une personne dans son genre.
Ou le mauvais déroulement de l’enquête, aurait dû-t-elle dire ? Son seul objectif est de pousser l’inspecteur à faire une erreur et lui faire croire par la même occasion qu’il n’y a rien de plus logique à cela. L’enquête mériterait d’être rouverte parce qu’ils n’ont jamais arrêté le coupable et que l’accident de Callum n’avait bien sûr rien d’un accident mais personne n’a à le savoir. Lily a elle-même très bien vécu dans l’ignorance pendant toutes ces années, preuve en est qu’elle n’a même pas tenté de faire une scène à son frère lorsqu’il lui a révélé la vérité, alors que ces dernières sont généralement nombreuses. Son ex-petit-ami est bien mieux là où il est, elle espère qu’il n’est pas mort sur le coup et a longtemps agonisé des suites de ses blessures. Ce ne sont pas des pensées qu’une parfaite catholique devrait avoir mais puisque personne n’est doué de télépathie en ce monde, elle se garde bien de retenir la moindre de ses idées. Tant qu’elle sourit de ses lèvres pulpeuses et légèrement colorées de rouge pour l’occasion, c’est tout ce qui importe.
Ses épaules sont couvertes, sa jupe longue descend jusqu’à ses chevilles. Déjà grande, elle a préféré opter pour de petits talons, besoin de rester distinguée sans risquer de dépasser son futur interlocuteur oblige. Son portable est passé sous silencieux après un dernier message à Matt ; elle n’aimera pas être dérangée lorsqu’elle devra pleurer à nouveau la mort de cet être abject. Le timing avec sa fausse couche est bien trop anormal pour qu’elle ne continue pas de penser que tout ceci a un lien et que quelqu’un là-haut souhaite la punir de ses erreurs. Qu’il fasse donc : aujourd’hui, c’est son frère qu’elle protégera. Réellement innocente de sa mort prématurée, elle gagnerait même sans doute en popularité si l’opinion public en venait à apprendre sa condition de femme battue. Pour autant, Lily préfère encore que cette information reste du domaine du privé autant que possible, et si elle peut ne pas arriver jusqu’aux oreilles de l’inspecteur c’en serait tout aussi bien. “Lily McGrath, j’ai été convoquée par l’inspecteur Chapman.” A défaut de connaître son prénom, c’est son nom de famille qu’elle annonce à l’accueil du poste de police, de sa voix la plus douce et innocente qui soit. Elle l’est, après tout. Innocente et blanche comme neige, tel un ange tombé du ciel (omettez le fait que Lucifer était lui aussi un ange, cette information n’a aucune valeur ni importance). “Je peux attendre, oui, aucun problème.” Et la voilà qui sourit, l’horripilante parfaite Keegan-McGrath. Ses doigts glissent sur ses cuisses pour emmener dans leur sillage sa jupe et ainsi s’asseoir correctement, le temps pour elle d’attendre patiemment de passer l’interrogatoire de sa vie.
Lorsqu’un homme s’avance enfin à sa hauteur et qu’on le lui présente comme le dénommé Chapman, elle tend aussitôt une main polie dans l’optique de la lui serrer. “Enchantée. J’espère pouvoir vous aider autant que possible.” Nul besoin de décliner à nouveau une identité qu’il connaît déjà, elle se contente donc d’afficher toute la bonne (et fausse) volonté du monde. |
| | | | (#)Jeu 1 Juil 2021 - 11:49 | |
| sore must be the storm @Lily McGrath & Eliot ChapmanInstallé à son bureau, le regard d'Eliot se perdait sur les murs. Il était pensif, bien plus que d'habitude. Voilà déjà plus de quinze jours qu'il était rentré. Son retour à Brisbane avait été mouvementé, mais il était satisfait de la façon dont il s'était déroulé. Il ne cessait de se dire que tout aurait pu être bien plus catastrophique et douloureux : de manière surprenante, ça n'avait pas été le cas. Retomber sur Sawyer lui avait procuré un mélange d'émotions douces-amères. Heureusement pour lui, leur retrouvailles ne s'étaient pas faites à coups de poings - et sans doute était-ce grâce au contexte dans lequel ils se trouvaient. Côté professionnel, sa simili mise à pieds lui donnait un sentiment particulier. Mais il tentait de retenir le positif autant que possible : il était de retour chez lui. S'il n'avait plus le droit de travailler sur des nouveaux dossiers en attendant les décisions de sa hiérarchie, Eliot était relégué au rang de gratte papier depuis son retour à Brisbane. Une position peu reluisante pour celui qui aimait avant tout son métier pour l'action et l'adrénaline ; la possibilité de se recentrer sur lui même d'après les services dont il dépendait. Il avait cependant trouvé la faille dans les ordres qu'on lui avait donné et s'était donné pour mission de reprendre un bon tas de dossiers dont le classement sans suites semblait, d'après lui, avoir été un peu trop rapide. Eliot était doté d'un bon instinct et plusieurs détails le chiffonnaient sur certains cas. Personne ne l'ayant interdit de procéder à des vérifications, il avait prit quelques rendez vous pour s'assurer du bon déroulé des enquêtes. Loin des cas compliqués et absurdes auxquels il avait dû faire face ces dernières années, il s'intéressait aujourd'hui à un accident de moto ayant provoqué la mort d'un homme. Si le rapport final n'incriminait qu'une malchance du conducteur et des mauvaises conditions de circulation, des documents prouvaient que le véhicule présentait un défaut. Et si l'enquête avait bien vite montré que son entourage n'avait pas de mobile pour vouloir du mal à la victime, elle ne s'attardait pas sur son passif violent et son profil d'homme peu recommandable. En bref, quelque chose n'allait pas d'après Eliot. Rares étaient les erreurs, mais elles existaient malgré tout : il se devait de vérifier, d'autant plus qu'il n'avait que ça à faire pour s'occuper. Il se dirigeait d'un pas décidé vers son rendez vous après avoir jeté un dernier œil au dossier. Serrant la main de la jeune femme pour la saluer, il lui indiquait bien vite la direction de son bureau. Enchantée. J’espère pouvoir vous aider autant que possible. Elle avait l'air de vouloir bien faire mais une simple phrase ne suffisait pas au brun pour savoir ce que Lily avait en réalité derrière la tête. Nul raison de la soupçonner de quoi que ce soit, la McGrath était là pour qu'il puisse comprendre si quelque chose avait mal tourné dans cette affaire - et lorsqu'il y a des incohérences, c'est souvent le cas. De même. Entrez et installez vous, je vous en prie. Un sourire poli s'affichait sur son visage, alors qu'il indiquait à Lily où s'asseoir avant de prendre place à son tour. Vous voulez boire quelque chose, peut-être ? L'on dit que les coupables n'osent jamais rien consommer face aux forces de l'ordre en raison du stress : il n'en croyait rien, se contentait d'être poli. On vous a expliqué la raison de cette convocation ? Il savait bien que oui, pour le coup, mais il était intrigué de savoir de quelle manière elle allait lui rapporter la chose. |
| | | | (#)Jeu 1 Juil 2021 - 15:47 | |
| Après avoir usé de politesse, la jeune femme se contente de suivre le chemin indiqué par la main tendue de l’inspecteur. Lily tente de cacher son trouble derrière sa stature irréprochable, pour autant elle est bien plus intimidée qu’elle aurait pu le penser à l’idée d’entrer dans un commissariat et plus encore dans une salle d’interrogatoire. Peu importe comment ils pourraient appeler cette pièce, c’est ce qu’elle est, elle n’est pas duppe. De même. Entrez et installez vous, je vous en prie. Elle veille à ce que la chaise ne grince pas sur le sol, prouvant une fois de plus ses bonnes manières qu’elle n’a de cesse d’éternellement montrer à autrui. A ses yeux, cela ne peut être qu’une preuve qu’elle est une bonne personne et que rien ni personne ne pourrait le contredire, pas même Alfie, pas même les déboires d’un frère avec qui elle partage bien trop de sang commun pour ne pas avoir peur de se livrer aux mêmes pratiques et addictions à son tour, un jour. Vous voulez boire quelque chose, peut-être ? Ses mains se posent sur la table en évidence, elle mime de se triturer les doigts pour prouver qu’elle ne se sent pas à sa place dans cette pièce trop sombre, bien loin de toute pâtisserie ou patient à soigner. “Non merci, je ne pense pas pouvoir avaler quoi que ce soit.” Pour une fois, ce n’est pas un mensonge. Elle laisse simplement l’inspecteur en venir à sa propre conclusion, laquelle sera sûrement qu’elle a le cœur retourné rien qu’en repensant à son défunt petit ami parti trop tôt, trop subitement. Il n’ira jamais penser qu’il le dégoûte au point qu’elle ne soit plus capable de penser qu’à rien d’autre si ce ne sont les façons bien plus horribles qui auraient pu (dû) le faire succomber, dans le temps. Ses mots sont amenés avec lenteur, une faiblesse dans la voix. Plus tard, elle demandera fébrilement un verre d’eau.
Les politesses ont fait leur temps, vient donc rapidement celui des premières questions ensuite. Lily abandonne son dos droit pour le courber légèrement et ainsi lui donner une attitude plus humaine et accessible. On vous a expliqué la raison de cette convocation ? Ses grands yeux bleus virevoltent jusqu’à se poser dans les siens, désolés, tristes. Vous jouez avec le repos des morts.” Elle a beau jouer le rôle de la jeune femme faible, elle n’en reste pas moins Lily Keegan qui a trop de choses à dire pour les garder pour elle. Sa voix ne porte aucun reproche, ses mots restent tristes. Au fond, elle l’est réellement : tout aurait pu bien se passer, s’il n’avait pas été là pour remuer de vieux dossiers classés depuis des années. Il mériterait de rester mort, Callum, là où elle devrait plutôt dire poétiquement qu’il est en paix là où il est. Il devrait être au septième sous-sol de l’enfer, perdu entre le Tartare et les tourments éternels du Styx. “Je ne sais pas grand-chose, simplement qu’il était nécessaire de vérifier certains éléments liés à l’accident.” Elle ne dit pas le mot ‘enquête’ puisqu’officiellement ce n’en est pas une. Son rôle consiste à ce que les choses ne changent pas, alors elle ne risque pas de s’avouer vaincue de si tôt. Lily a une bataille à mener et la voilà qui s’imagine déjà Mata Hari - moins dénudée, cela va de soi. “Mais je ne comprends pas vraiment, Callum est mort il y a des années et … les accidents sont toujours tragiques.” La brune mime le trouble, entrecoupe ses paroles de silence et de faux instants de doute. Elle est une amoureuse ayant perdu son double trop tôt dans la vie, voilà ce qu’il doit voir en elle malgré l’alliance gravée du nom d’un autre posée autour de son annulaire. “Pourquoi est-ce que vous avez besoin de moi ?” Elle irait presque jusqu’à ajouter une liste d’adjectifs péjoratifs pour se qualifier de pauvre jeune femme sans histoire, incapable d’aider la grande Justice, surtout pas alors qu’un Homme tel que Lui et doté de tant de clairvoyance est en charge de l’affaire. |
| | | | (#)Mar 3 Aoû 2021 - 10:17 | |
| sore must be the storm @Lily Keegan & Eliot ChapmanIl avait accueilli Lily dans son bureau depuis peu de temps et il venait déjà de lui proposer la seule chose qu'il ferait pour essayer de la mettre à l'aise : à boire. Ce serait là le seul effort qu'il ferait pour paraître sympathique, c'était sa façon de faire à lui. Dans son bureau, Eliot était loin d'être celui qu'il était à l'extérieur, vestiges de son école de police où on lui avait appris qu'il valait toujours mieux se montrer trop dur que trop souriant. Il aurait préféré pouvoir être le gentil flic, pourtant. Non merci, je ne pense pas pouvoir avaler quoi que ce soit. Fier d'être qui il était et de tenir le poste qu'il avait obtenu, Eliot n'appréciait pas faire cet effet aux gens. Il le savait bien, pourtant, que son emploi dans la police pouvait soit rassurer, soit inquiéter. Même s'il préférait de loin la première option, il ne pouvait blâmer ceux qui, même innocents et parfaitement bien dans leurs bottes, entraient dans la seconde. Et pour cause : c'était souvent les plus innocents de tous qui craignaient d'avoir fait quelque chose de mal et qui semblaient le plus coupable. Il ne pouvait faire une généralité et se fiait plutôt à ses ressentis, mais s'il avait confiance en eux jusqu'à présent, il avait la sensation d'avoir perdu son instinct à Mackay. Vous jouez avec le repos des morts. Son ton était bien trop grave pour un visage si délicat, presque accusateur. Eliot ne pouvait que comprendre le souhait de la jeune femme de garder le passé au passé, ne comprenant que trop bien à quel point un deuil était une épreuve à traverser - le deuil d'une personne comme celui de toute une époque à laquelle on voudrait retourner. Déjà il se perdait dans ses pensées et l'inspecteur comprenait presque pourquoi sa mise à l'épreuve avait été lancée. D'ordinaire concentré uniquement sur les faits, ses émotions prenaient toujours un peu trop le dessus désormais. C'est loin d'être un jeu. Mais ça, vous le savez déjà. Plus que quiconque, en réalité. Mais c'était à son tour d'observer une mine un peu trop grave et sérieuse pour la situation. Je ne sais pas grand-chose, simplement qu’il était nécessaire de vérifier certains éléments liés à l’accident. Eliot opina du chef pour la conforter dans ses dires. Nécessaire était le mot, mais pas pour les raisons qu'elle aurait pu connaître : il était indispensable pour Chapman de trouver de quoi se remettre à flots, de quoi prouver sa valeur à son service et à lui même aussi. Alors même si il avait des doutes sur cette enquête, ses réelles motivations à la mener à bien resteraient pour l'heure secrètes aux yeux de Lily - et de tous les autres. Il la laissait parler, son regard toujours fixé sur elle. Mais je ne comprends pas vraiment, Callum est mort il y a des années et … les accidents sont toujours tragiques. A cela Eliot baissait les yeux. Des accidents il en avait eu - provoqué, même. Pas si tragiques que ceux ci, juste assez pour briser sa vie. Pourquoi est-ce que vous avez besoin de moi ? Elle avait l'air aussi inquiète qu'attristée, aussi stressée qu'en colère tout au fond d'elle. Et malgré ce flot d'émotions qu'Eliot n'arrivait pas réellement à déterminer, elle semblait sereine. Comme si ses mots ne collaient pas à ses réactions, comme si elle s'était octroyé un rôle qu'elle s'acharnait à jouer face à lui. Dans ses façons de faire, Lily ressemblait au brun. Car un rôle à jouer, lui aussi, il en avait un. J'ai repris certains vieux dossiers, et celui ci me paraît avoir rencontré des défaillances de protocole. Pour ne pas dire qu'un de ses collègues avait fait des erreurs... Il reprenait le dossier qu'il avait posé un peu plus tôt devant lui, l'ouvrant pour en relire quelques lignes avant de s'intéresser à Lily. A l'époque, vous avait-on posé des questions sur l'entourage de Callum ? Sur ses fréquentations ? De ce qu'il a pu voir du dossier, il était étrange qu'un tel homme ait réussi à entrer dans la vie d'une jeune femme telle qu'elle. |
| | | | (#)Mar 3 Aoû 2021 - 16:24 | |
| Lily attaque docilement, annonçant à l’officier de police qu’il joue avec le repos des morts. Là où il est, pourtant, Callum n’est certainement pas dans une quelconque sorte de repos et elle espère qu’il est plutôt en train de souffrir de tous les tourments et autres supplices de l’univers, ceux qui n’auraient rien à envier à Tantales, aux Danaïdes ou même à Atlas. A ses yeux, il ne mérite pas moins. Pourtant, ce n’est bien sûr pas une pensée qu’elle peut partager avec qui que ce soit et encore moins Chapman se tenant face à elle. De toute façon, elle est bien trop imprégnée de son rôle pour oser de telles choses. C'est loin d'être un jeu. Mais ça, vous le savez déjà. La brune hoche de la positive, ne pouvant nier de telles paroles. Elle sait bien plus que quiconque que cela n’a rien d’un jeu, à un point que même Eliot ne pourrait se le figurer. Elle est littéralement en train de jouer sa vie sur la mort de son ex-petit-ami, voyez à quel point la chose est ironique. La jeune femme fuit son regard pour mimer une certaine crainte, là où elle aurait plutôt rêvé de soutenir les yeux sombres de l’inspecteur. Lily s’est promis de ne plus jamais laisser un homme lui marcher dessus mais elle se rassure en se répétant que la situation est particulière, soumise à aucune règle et surtout pas celles de la Bible et au regard de Dieu allant avec. Elle fait ce qu’elle a à faire, pour elle, pour sa famille.
Pas à pas et sans jamais se faire trop gourmande en informations, Lily se permet d’interroger l’inspecteur à propos de sa présence en ces lieux et surtout sur ce qu’il attend d’elle. S’il n’a pas longtemps tardé avant de lui révéler le sujet de sa visite, elle a besoin d’en savoir davantage et surtout d’avoir des précisions. J'ai repris certains vieux dossiers, et celui-ci me paraît avoir rencontré des défaillances de protocole. Et pas qu’un peu. Elle trouve cela amusant, de jouer à la jeune femme fragile qui n’y connaît rien à rien et tombe de haut à chaque nouvelle annonce du grand inspecteur. Il a le bon rôle. C’est ce qu’il croit, en tout cas, et ce qu’elle ne cherchera jamais à lui retirer. “Vraiment ? C’est affreux, pauvre Callum.” Ses sourcils se froncent, ses yeux se teintent de tristesse. Si vraiment elle devait le plaindre, ce serait simplement parce qu’il est mort sur le coup et parce qu’il n’a pas eu le droit à de longues heures de souffrance et d’agonie dans le froid de la nuit, puisque personne n’irait jamais à sa recherche. “Vous pensez qu’il a eu un accident avec une voiture ? Et qu’elle aurait fui ?” Parce qu’elle ne s’éloigne pas de la conclusion officielle, Lily, et bien loin d’elle d’être la première à émettre l’hypothèse que tout ceci ne soit pas un simple et prématuré accident. Il avait une vieille moto, roulait sans doute un peu trop vite, était alcoolisé comme à son habitude. Le rapport statue qu’il a fait une sortie de route de lui-même mais les accidents ne sont pas rares sur cette portion de la route ; les fuyards non plus. Pourtant, cela resterait encore et toujours un simple accident.
Elle s’interroge la bouche grande ouverte, ses yeux posés sur Eliot plutôt que sur le dossier qu’il reprend entre les mains. Lily ne l’a jamais lu, et elle ne veut pas avoir à poser le regard dessus non plus. Dedans, il y a sûrement des photos du corps de Callum et si elle n’est pas rebutée par les possibles os brisés et autres contusions et défigurations, elle l’est surtout par le visage de cet homme, reconnaissable entre mille. A l'époque, vous avait-on posé des questions sur l'entourage de Callum ? Sur ses fréquentations ? Ses mains se placent sur la table devant elle et se rejoignent délicatement en même temps qu’elle hoche la tête de la négative. “Pas vraiment. Simplement le strict nécessaire, j’imagine, et je leur ai répondu que je ne passais pas beaucoup de temps avec ses amis. Ils n’étaient pas vraiment … fréquentables.” Elle n’a aucun mal à répondre à cette question-là, se contentant pour une fois de la stricte vérité. Ils avaient tout de différents, et leurs fréquentations font aussi partie de l’équation. Il traînait avec des filles trop jeunes, des garçons trop piqués, et les deux trop alcoolisés. Ses nombreuses arrestations pour voies de fait en sont une preuve écrite, au moins. “Il avait ses défauts mais il faisait du mieux qu’il pouvait.” Non, bien sûr que non. Tout ce qu’il cherchait à faire, c’était entraîner Lily par le fond, à ses côtés. “La police en a rapidement conclu à un accident, personne ne s’est trop intéressé à ses fréquentations, finalement. Vous pensez qu’ils peuvent avoir quelque chose à voir avec tout ça ?” Elle aurait sincèrement préféré que tout puisse être aussi simple et qu’un de ses amies en ait eu marre qu’il lui doive toujours de l’argent après tant d’années. |
| | | | (#)Mar 17 Aoû 2021 - 13:18 | |
| sore must be the storm @Lily Keegan & Eliot ChapmanVraiment ? C’est affreux, pauvre Callum. Pauvre, ce n'est pas le mot qu'Eliot aurait choisi pour le décrire, ce Callum, au vu de son casier judiciaire. Soit elle était complètement aveuglée par l'amour, soit elle était dans un déni plutôt affolant. L'un dans l'autre, la pauvre femme, c'était plutôt elle, au final. Vous pensez qu’il a eu un accident avec une voiture ? Et qu’elle aurait fui ? Ce n'est pas l'éventualité qui me paraît la plus probable. Pas assez de casse, pas de traces de freinages sur les lieux de l'incident, non, ce n'était pas l'hypothèse qu'Eliot avait en tête. Il se refusait cependant de donner plus de détails, les informations étant un bien trop précieux dans son monde pour se montrer généreux avec elles et les partager. Mieux valait-il en dire trop peu que trop tout court. De questions, en revanche, il n'était pas avare. Il s'intéressait d'ailleurs déjà à l'entourage du défunt, interrogeant Lily sur ce qu'elle savait d'eux, l'interpellant à demi mots sur les différences de mode de vie qui semblait les distinguer l'un de l'autre. Pas vraiment. Simplement le strict nécessaire, j’imagine, et je leur ai répondu que je ne passais pas beaucoup de temps avec ses amis. Ils n’étaient pas vraiment … fréquentables. Il hocha la tête, de haut en bas, prenant un instant pour observer à nouveau le dossier qui était posé devant lui, faisant mine de vérifier si ses dires correspondaient aux déclarations qui avaient été prises en compte à l'époque de l'accident. Et lui, il l'était ? Il savait bien que non, sinon il n'aurait pas posé la question. Lily avait l'air d'être de bonne foi, il lui incombait pourtant d'essayer de l'amener où il le voulait pour obtenir des réponses à ses questions. Et il semblait que ce point là eut été mal traité, lui aussi, lors de la première enquête : un homme avec un tel casier ne pouvait qu'avoir eu des problèmes avec des gens dangereux, des problèmes résolus avec des représailles. C'était la piste la plus probable. Il avait ses défauts mais il faisait du mieux qu’il pouvait. Comme tout le monde. Qu'il pensait. Il savait pourtant pertinemment que faire des efforts n'était pas synonyme de réussite, il en était la preuve vivante. La police en a rapidement conclu à un accident, personne ne s’est trop intéressé à ses fréquentations, finalement. Vous pensez qu’ils peuvent avoir quelque chose à voir avec tout ça ? Oui, non, peut-être. Eliot ne pensait pas à grand chose pour l'instant à vrai dire, juste au fait que les pièces ne collaient pas ensemble et que l'affaire semblait suffisamment intéressante pour mériter d'être reprise. Je pense surtout qu'il y a beaucoup d'éléments troublants dans le dossier. Trop pour que la conclusion d'un accident ait pu être tirée si vite. Il ne pouvait pas en dire plus sur ses hypothèses au risque qu'elle ne soit mêlée à cette histoire, mais il pouvait affirmer que les conclusions tirées ne collaient pas. Pardon de poser la question, mais comment vous étiez vous rencontrés, avec Callum ? Vous semblez avoir eu des vies complètement différentes, j'ai du mal à comprendre ce qui vous a liés, à l'époque. Était-elle mêlée à des histoires plus sombres ? Avait-elle eu des problèmes d'argent ? Était-ce réellement l'amour qui les unissait ? Eliot avait du mal à saisir ce qu'une femme comme elle pouvait bien faire avec un homme comme lui. On dit que beaucoup de personnes tombent sous le charmes d'autres justement parce qu'elles apportent un goût de danger, un goût d'aventure. Mais Lily, qu'il avait face à lui, ne semblait pas courir après ces sensations là - ou il se trompait complètement sur elle. Et donc vous n'avez jamais été mêlée à ses déboires judiciaires ou à cet entourage peu recommandable ? Il demandait, presque en murmurant. Si elle voulait réellement que son Callum trouve la paix, elle n'avait qu'à aider Eliot à y voir plus clair. Après tout, c'est bien tout ce qu'elle semblait vouloir, non ? |
| | | | (#)Mar 17 Aoû 2021 - 18:37 | |
| Le fait que l’inspecteur semble douter de façon aussi évidente que son ex-petit-ami puisse avoir eu un accident de la route n’est en rien pour arranger les affaires de (sa pauvre veuve encore éplorée) Lily. Ce n'est pas l'éventualité qui me paraît la plus probable. Alors elle affiche un visage étonné et déjà quelque peu inquiet. Toute personne raisonnable se serait demandée ce qui aurait donc pu arriver à son si cher double et bien aimé, et c’est ce à quoi elle prétend réfléchir. La pauvre veuve éplorée, elle, n’a pas à faire fonctionner une imagination qui n’a de toute façon rien de débordante. Joseph lui a donné assez de détails pour qu'elle se fasse une idée assez précise de la scène et finalement, la seule chose qui l’attriste, c’est que Callum n’a pas assez souffert. Une mort sur le coup était bien trop douce pour une personne telle que lui mais pour les besoins de l’enquête autant que de son existence, elle se voit forcée de prétendre le contraire.
La première étape consiste à pointer du doigt l’attitude de ses proches, pour mieux le faire sortir du lot et le dessiner comme une personne à part, une force de la nature ayant résisté à l’attraction malsaine de ses fréquentations. Tout ce qu’il n’a jamais fait, en somme. Et lui, il l'était ? Bien sûr que Callum était fréquentable. Puisqu’elle l’aimait, elle lui absolvait tous ses péchés. Sur ce sujet, elle n’a qu’à mentir qu’à moitié. Elle a longtemps cru à cette contre-vérité, au point d’en tomber sincèrement amoureuse. “Bien sûr. Il ne méritait pas de fréquenter de telles personnes.” Si, bien sûr. Ils s’étaient tous bien trouvés, ces parias et autres déchets et poids de la société. Eux qui passaient leurs soirées à boire et à fumer, quand Lily ne savait qu’à l’époque trouver des circonstances atténuantes pour l’homme qu’elle aimait. Je pense surtout qu'il y a beaucoup d'éléments troublants dans le dossier. Trop pour que la conclusion d'un accident ait pu être tirée si vite. Il est intelligent. Dans ce monde et peu importe ce que disent les apparences, cela n’a finalement rien d’une bonne chose. L’intelligence n’est qu’un chemin menant au danger, et il est dénué de tout obstacle. “C’est affreux.” Elle ne sera pas la première à dire que quelqu’un aurait pu en vouloir à Callum, mais c’est ce qu’il pense de façon officielle. Maintenant, il sera bien difficile de l’éloigner de cette idée, à moins de lui en mettre une autre en tête - ce qui, même pour la McGrath, semble très difficile. A défaut, ses sourcils se froncent à peine pour qu’elle ait réellement l’air effrayée et attristée - mais ce sont autant de sentiments qu’elle gardait pour elle lorsqu’elle était encore en couple avec le jeune homme.
Pardon de poser la question, mais comment vous étiez vous rencontrés, avec Callum ? Vous semblez avoir eu des vies complètement différentes, j'ai du mal à comprendre ce qui vous a liés, à l'époque. L’histoire de sa rencontre avec Callum n’est pas une de celles qu’elle a pour habitude de raconter et bien au contraire. Il représente tout un pans de sa vie qu’elle garde sous silence, ne l’évoquant qu’en cas de nécessité. A cet instant, cela en devient une puisqu’elle sait par avance qu’elle ne peut pas s’octroyer le luxe de refuser de répondre à une de ses questions, surtout pas une aussi simple - et impossible à vérifier. Pour une fois, alors, elle se contente de la seule vérité. “Je travaillais dans une pharmacie à l’époque, avant de reprendre mes études. C’est là-bas qu’on s’est rencontrés, il m’avait donné son numéro de téléphone et je l’ai rappelé quelques jours plus tard.” Puisqu’elle ne le connaissait pas le moins du monde, elle s’était contentée d’apprécier son physique, ce qui a suffi à Lily pour qu’elle s’intéresse à lui. Après tout, il a représenté sa première relation amoureuse, elle n’avait pas de grandes attentes. “C’était surtout un coup du hasard, à vrai dire.” A défaut qu’elle puisse appeler la chose un coup de chance.
Les interrogations du policier sont bien plus nombreuses que ce qu’elle avait imaginé, Lily ne pensait pas avoir à garder son flegme autant de temps et, déjà, elle se sent fatiguée. Et donc vous n'avez jamais été mêlée à ses déboires judiciaires ou à cet entourage peu recommandable ? Il demandait, presque en murmurant. “Non, vous en avez la preuve sous les yeux. Mon casier est vierge.” Elle a travaillé en tant qu’infirmière en pédiatrie pendant près de dix ans et s’est reconvertie dans la direction d’une association luttant contre le cancer. En somme, rien dans sa vie officielle ne peut lui porter préjudice. Pour ne pas avoir l’air de se vanter, ce sont autant d’informations qu’elle garde pour elle et qu’il découvrira par lui-même plus tard, s’il décide d’effectivement s’y intéresser. Malgré tous les efforts qu’elle fait, Lily se doute déjà ne pas apparaître telle une blanche colombe. “Je suis allée le chercher quelques fois en cellule de dégrisement mais ce n’est pas ce qui le résume. C’est un homme qui avait besoin d’aide, et il n’a pas vécu assez longtemps pour que la mienne fasse assez d’effets.” Le pire, c’est qu’elle aurait continué à tenter de l’aider pour faire de lui un homme meilleur, ce qui n’aurait jamais mené nulle part. |
| | | | (#)Dim 3 Oct 2021 - 21:56 | |
| sore must be the storm @Lily Keegan & Eliot ChapmanReprendre le travail à Brisbane n'avait rien d'aisé. Y reprendre sa vie non plus. Et si des bâtons semblaient sans cesse venir se caler dans ses roues, Eliot faisait de son mieux pour paraître professionnel, sûr de lui, impassible. Peut-être était-il, du coup, un peu trop froid face à cette jeune femme qu'il avait convoquée. Dans son esprit, pourtant, tout était clair en cet instant : il allait se montrer indispensable pour son service, il ferait ses preuves, il n'avait pas le choix pour qu'on le prenne à nouveau au sérieux. Alors il enchaînait les questions, prenant parfois des notes, fixant parfois simplement son regard sur celui de Lily. Rien n'importait plus en cet instant. Bien sûr. Il ne méritait pas de fréquenter de telles personnes. Le monde était fait de personnes qui ne méritaient pas leur sort. Eliot en était l'une des preuves vivantes : c'est ce qu'il aimait se répéter lors de ces longues soirées qu'il passait toujours seul. Des mauvais choix il en avait fait, il pouvait se targuer pourtant d'avoir toujours eu une bonne raison de les faire. Certains diraient qu'il était en plein déni, lui préférait penser qu'il n'était qu'une victime, dans tout ça. Ce Callum, en revanche, ne lui semblait pas faire partie de la même catégorie de personnes malgré tous les efforts que mettait Lily à essayer d'affirmer le contraire. Peut-être avait-elle réussi à s'en convaincre elle même, mais son casier ne mentait pas. Eliot essayait de lui faire comprendre que les choses étaient sans doute plus compliquées qu'elles n'y paraissaient, la laissant visiblement troublée. C’est affreux. L'inspecteur hochait la tête pour essayer de se montrer compatissant. Il avait bien du mal à le faire pourtant, restant concentré sur les faits pour ne jamais se laisser influencer par les émotions. Sans aucun doute l'une de ses plus grandes qualités à mettre à profit dans son emploi, mais aussi la seule qu'il avait prise de son père. Eliot se montrait un peu plus insistant, posant des questions sur leur relation à elle et Callum. Je travaillais dans une pharmacie à l’époque, avant de reprendre mes études. C’est là-bas qu’on s’est rencontrés, il m’avait donné son numéro de téléphone et je l’ai rappelé quelques jours plus tard. Il hochait la tête, essayant de s'imaginer la scène qui, à vrai dire, ne collait pas dans son esprit. Eliot avait beaucoup de mal à imaginer qu'un homme comme lui ait pu attirer une femme comme elle, mais après tout, nombreux étaient les couples pour lesquels il n'y avait aucune logique. C’était surtout un coup du hasard, à vrai dire. C'était ce qu'il aimait répéter pour parler de Sawyer et lui, et cette pensée lui procurait une sensation désagréable dans la poitrine. Si le hasard les avait réunis, il avait aussi fait que rien ne serait simple pour eux. Il fit l'effort de ne plus y penser, se concentrant sur son rendez vous. Non, vous en avez la preuve sous les yeux. Mon casier est vierge. Il acquiesça sans avoir besoin de vérifier, bien conscient de cette vérité. Je suis allée le chercher quelques fois en cellule de dégrisement mais ce n’est pas ce qui le résume. C’est un homme qui avait besoin d’aide, et il n’a pas vécu assez longtemps pour que la mienne fasse assez d’effets. Lily insistait tellement sur l'homme bon qu'il aurait pu être qu'Eliot se demandait si elle n'avait pas basé toute leur relation sur des illusions. Je vois. Le parallèle avec sa mère qui n'avait eu de cesse de défendre les actes odieux de son paternel était plutôt flagrant. Il s'empêcha tout commentaire. Il s'empêcha aussi de poser la question qui lui brûlait les lèvres, n'ayant aucun éléments sur lequel s'appuyer dans ses dossiers. Je vous remercie pour vos réponses, je sais que ce n'est pas facile. Ses mots se voulaient compatissants mais le ton qui les accompagnaient n'avait rien de tel. Il en profitait du silence qui régnait pour faire une pause dans ses questions. Tous les aspects administratifs du dossier vont être vérifiés ainsi que le rapport de l'expert qui l'avait traité. S'il s'avère que l'enquête devait être rouverte, vous seriez mise au courant rapidement. La décision n'était pas que la sienne, mais il ferait son possible pour mettre les choses en lumière si on lui en laissait la possibilité. Je ne vais pas vous embêter trop longtemps, mais savez vous si quelqu'un aurait pu lui en vouloir ? Il vous avait parlé de problèmes qu'il aurait eu, peu avant son décès ? La piste qu'il avait était désormais clairement exposée, il ne s'en cachait plus. Il n'avait, pour autant, pas encore le droit de réaliser un interrogatoire en bon et due forme et faisait de son mieux pour que la conversation ne tourne pas comme tel. |
| | | | (#)Jeu 7 Oct 2021 - 13:22 | |
| Elle s’applique de toutes ses forces et de tout son cœur à défendre un homme qui n’avait rien de bon et, au final, qu’elle aurait simplement aimé pouvoir tuer de ses propres mains. L’accident de voiture était une fin trop douce pour un tel homme, après tout ce qu’il lui a fait subir, après tout ce qu’il lui a imposé sans jamais s’en vouloir le moins du monde. Il méritait de souffrir comme il l’a fait souffrir elle, mais puisqu’il est impossible de remonter dans le temps, alors elle doit suivre son rôle dans le présent et s’y tenir. La pire idée serait de changer de ligne de conduite ; ça précipiterait sa fin. Elle sait avoir les épaules assez larges pour supporter l’interrogatoire et les questions difficiles. Je vois. Il voit, et tant qu’il n’émet pas clairement de doutes, alors signifie qu’elle est sur la bonne voie et qu’elle doit continuer ainsi. Je vous remercie pour vos réponses, je sais que ce n'est pas facile. Les lèvres pincées, la tête qui bouge à peine, elle confirme muettement que non, ce n’est pas facile. Simplement, les raisons sont bien différentes de ce qu’il pourrait penser. Il n’a sans doute pas l’habitude de rassurer les victimes et témoins, à en juger par le ton qu’il emploie, mais Lily n’est plus une enfant qui a besoin d’une voix adaptée pour qu’on s’adresse à elle. Tous les aspects administratifs du dossier vont être vérifiés ainsi que le rapport de l'expert qui l'avait traité. S'il s'avère que l'enquête devait être rouverte, vous seriez mise au courant rapidement. L’inspecteur se protège avec des ‘si’, là où tous deux savent déjà qu’il n’y a plus grand chose d’hypothétique dans leur conversation : il est bien décidé à rouvrir le dossier, pour Dieu sait quelle raison, et ce n’est en rien pour arranger la vie et les affaires de la Keegan. Elle n’a pas besoin que son petit ami continue de lui faire vivre un enfer alors qu’il est enterré six pieds sous Terre. Pourtant, elle continue d’hocher la tête en guise de seule réponse, sa mâchoire désormais serrée. Ce sont autant de mots imagés qu’elle retient contre sa propre personne.
Je ne vais pas vous embêter trop longtemps, mais savez vous si quelqu'un aurait pu lui en vouloir ? Il vous avait parlé de problèmes qu'il aurait eu, peu avant son décès ? Quand est ce que Callum n’en avait pas, au juste ? Quand il ne devait pas de l’argent à un ami, il l’avait vexé en insultant sa femme. Quand il ne buvait pas, il décuvait de la dernière soirée (après-midi) passée à ne faire que ça. Au moins, il ne touchait pas à la drogue, lui. “Vous savez, beaucoup de ses amis ont fait un séjour plus ou moins long en prison et il avait des dettes par ci par là… Je crois surtout que je ne peux pas imaginer le nombre de personnes qui lui en voulaient.” Ces mots n’ont rien d’exagéré. Tout aurait été plus simple si l’un de ses créanciers s’était décidé à mettre un terme à cette mascarade sans que Joseph n’ait à s’en mêler. “Oh mon dieu, j’arrive pas à imaginer qu’on ait pu lui en vouloir à ce point.” Au point de le tuer. Lily a les yeux d’une veuve qui s’emplissent de larmes mais elle ne lui fera pas l’honneur d’en laisser couler aucune, pas même pour le bien de la scène. De toute façon, elle a déjà compris qu’elle ne pourra pas le faire revenir sur ses dires et ses soupçons, Chapman ayant un trop bon flair pour que ce soit une bonne chose pour lui. “Je peux avoir votre numéro si… je repense à quelque chose?” S’il y a besoin de mettre en place un second plan, surtout, bien plus incisif et bien moins flatteur pour l’image de la jeune mariée qui passe son index contre son œil pour sécher une larme inexistante. |
| | | | (#)Jeu 14 Oct 2021 - 21:35 | |
| sore must be the storm @Lily Keegan & Eliot ChapmanEntre ses questions et les réponses de Lily, Eliot essayait de se montrer compréhensif, se voulait rassurant. Il expliquait les détails des procédures et buvait ses paroles, hochait la tête pour montrer son intérêt pour ce qu'elle lui racontait. Eliot était en proie aux doutes face à ce dossier dont il ne comprenait ni les erreurs de procédure ni la façon dont il avait pu être classé si vite, mais il ne voulait pas mettre la charrue avant les boeufs non plus. Lily avait l'air sincère dans ses paroles et n'avait à priori pas de raisons d'être impliquée dans la mort de Callum même si, malgré tout, l'inspecteur ne pouvait s'empêcher de penser que leur relation n'était pas si idyllique que de la façon dont elle la dépeignait. Selon lui la jeune femme ne se rendait pas tout à fait compte d'à qui elle avait à faire : pour ce genre d'hommes, la rédemption n'existait pas. Vous savez, beaucoup de ses amis ont fait un séjour plus ou moins long en prison et il avait des dettes par ci par là… Je crois surtout que je ne peux pas imaginer le nombre de personnes qui lui en voulaient. Il enquêterait là dessus en premier lieu s'il l'autorisation lui était donné, cela était certain. Il se contentait d'acquiescer à nouvelle fois sans préciser le fond de ses pensées. Après tout, tout n'était qu'hypothétique, pour l'instant, dans leur échange. Merci pour ces précisions. Un léger sourire vint se greffer au visage froid d'Eliot. Il aurait aimé pouvoir la rassurer plus ou être plus compatissant encore mais là n'était pas son rôle. Oh mon dieu, j’arrive pas à imaginer qu’on ait pu lui en vouloir à ce point. Elle pouvait imaginer des tas de choses, accepter des tas d'erreurs de sa part, mais pas ça ? Il avait du mal à le croire, car s'il avait été si honnête avec elle qu'elle le laissait penser, Lily aurait pu se douter que cette hypothèse était une possibilité à prendre en compte. Clairement, le casier de Callum prouvait qu'il n'avait rien d'un ange. Cette histoire semblait la toucher encore énormément, en trahissaient ses yeux qui se remplissaient désormais de larmes. Le deuil était sans nul doute un état compliqué à gérer de par la mêlée d'émotions qui s'y entremêlaient, mais cette fois ci Lily semblait en faire juste un peu trop. Quelques années s'étaient passées depuis le décès de Callum, elle avait pu passer à autre chose, non ? Il chassa vite ces pensées de son esprit, refusant pour l'heure de mettre en doute sa parole - il n'avait aucune raison de le faire. C'est ce qu'on va essayer de déterminer. En épluchant les informations qu'il avait dans le dossier, en interrogeant d'autres personnes de son entourage peut-être. Il aurait des nombreuses pistes à suivre si on le lui permettait. Je peux avoir votre numéro si… je repense à quelque chose? La question le surpris et il ne s'en cachait pas. Habituellement personne n'était friand d'être recontacté par les services de police, peu de monde les recontactaient pour complémenter quoi que ce soit, une fois sortis du bureau. Et puis, de quoi voulait elle bien se rappeler au juste, d'un coup après tant de temps ? Oh, bien sûr, tenez. Qu'il lançait en lui tendant une carte. N'hésitez pas à m'appeler si un détail vous revenait. Qu'il précisait à nouveau pour l'appuyer. On en a fini pour aujourd'hui, je ne vais pas abuser de votre temps. Merci de vous être rendue disponible. Eliot comptait bien sur le fait qu'elle devrait le faire à nouveau dans l'avenir. |
| | | | | | | | sore must be the storm (eliot) |
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