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Comme toute personne normalement constituée, Sawyer détestait faire la vaisselle. Alors savoir qu’elle était présentement au-dessus de l’évier de la cuisine armée de quelques assiettes et d’une éponge pour les nettoyer parce qu’elle n’avait pas trouvé d’autre moyen de passer ses nerfs donnait un bon aperçu de la frustration et de l’énervement qui grandissaient en elle. Elle se serait bien volontiers emparée de son équipement pour se mettre en direction de la cage de batting pour se défouler mais ce n’était plus une option envisageable à cette heure tardive. Elle ne pouvait que ruminer dans son coin en essayant de rester mesurée alors que tout ce dont elle avait envie était de secouer Eliot pour qu’il accepte enfin de parler de leurs problèmes, d’évoquer tous les non-dits qui étaient en train de tuer leur couple à petit feu, de lui demander de lui expliquer pourquoi elle avait l’impression de vivre avec un homme qu’elle ne reconnaissait plus depuis plusieurs semaines. Pourtant elle continuait autant que possible de prendre des pincettes avec lui, craignant peut-être que cette discussion soit l’explosion de trop entre eux. Mais l’ambiance était pesante depuis trop longtemps. Ils se disputaient sans cesse, pour tout et n’importe quoi, ils n’arrivaient aujourd’hui plus à se rabibocher là où, par le passé, ils avaient toujours été capables de se réconcilier quelle que soit la gravité de la dispute qu’il avait pu y avoir entre eux. Qu’est-ce qui avait changé ? Pourquoi leur dynamique -qui pouvait paraître bancale aux yeux des autres mais qui restait pourtant parfaitement fonctionnelle au sein de leur couple- avait cessé d’exister du jour au lendemain ? L’esprit de Sawyer était en permanence habitée par des centaines de questions comme celle-ci et cela ne l’aidait en rien à relativiser et à tenter de conserver une quelconque tranquillité d’esprit. Mais même si cela n’était pas toujours flagrant, elle continuait de faire des efforts malgré tout. Parce qu’elle aimait profondément Eliot et qu’elle se battrait jusqu’au bout pour leur couple. Malheureusement elle n’était plus certaine de pouvoir en dire autant de son fiancé qui lui semblait se refermer et s’éloigner un peu plus chaque jour. La fatigue physique et morale qu’elle ressentait depuis plusieurs semaines et qui était particulièrement marquée ce jour-là finit de faire voler en éclats ses belles intentions quand elle entendit Eliot passer derrière elle en soupirant. Un simple soupir, mais qui venait s’ajouter en réalité à des querelles et une attitude qu’elle ne pouvait plus accepter. Sawyer posa sans ménagement l’assiette qu’elle tenait en main au fond de l’évier, la brisant en deux au passage. Tant mieux, le bruit provoqué par cette scène ne manquerait pas d’attirer l’attention d’Eliot tout en faisant une belle entrée en matière pour elle. Abandonnant son éponge, elle se retourna vers son fiancé, les sourcils froncés, le regard grave et une expression résolument fermée sur le visage. Elle l’observa de longues secondes, essayant encore de juger si mettre les pieds dans le plat en valait vraiment la peine. La réponse fut positive. Elle en avait besoin avant de devenir folle. « Il se passe quoi Eliot ? Je sais qu’on a nos problèmes… » Elle avait toujours du mal à admettre à voix haute l’idée qu’ils ne pourraient probablement jamais avoir d’enfants, comme si le fait de ne pas le dire permettait d’une certaine manière d’échapper à cette vérité. « …mais ça n’explique pas pourquoi tu te comportes si bizarrement depuis plusieurs semaines. Je te reconnais plus. » Elle aurait certainement pu trouver une manière moins accusatrice de formuler ses propos, mais pour une fois elle était déterminée à dire les choses telles qu’elles étaient, sans le ménager.
Il était déjà tard et ce soir ne ferait pas exception : Eliot ne se coucherait pas de si tôt. Il ne trouvait plus le sommeil depuis de longues nuits maintenant, et prenait soin de se coucher assez longtemps après sa fiancée pour qu'elle soit déjà endormie. Tentative désespérée d'esquiver toute conversation de trop entre eux qui n'arrivaient plus à communiquer que par des mots prononcés d'un ton trop haut. C'est dans un fracas qu'Eliot sortait de ses pensées, tournant la tête vers Sawyer pour voir d'où le bruit venait. Là où il aurait dû lui demander si elle allait bien, l'inspecteur se contentait de l'observer d'un air confus. Il se passe quoi Eliot ? Je sais qu’on a nos problèmes… Au tour d'Eliot de soupirer. Lui qui redoutait cette conversation depuis bien longtemps savait qu'elle pointerait le bout de son nez un jour. Il aurait simplement préféré que ce ne soit pas ce soir, pas cette semaine ou pas cette année d'ailleurs : en fait, il aurait préféré pouvoir continuer d'y échapper un bon moment encore. Pas Sawyer, visiblement. …mais ça n’explique pas pourquoi tu te comportes si bizarrement depuis plusieurs semaines. Je te reconnais plus. Il secouait la tête comme pour réaliser ce qu'il venait d'entendre. Car s'il avait conscience de ne plus être le même depuis qu'ils avaient appris la nouvelle des médecins, il n'avait de cesse de marcher sur des œufs pour ne pas heurter Sawyer en risquant de dire ou de faire quelque chose de déplacé. Elle ne le lui avait pas demandé : il s'était affublé de cette mission tout seul et probablement à tort, mais qu'importe, le mal était fait. Donc l'ambiance de ces dernières semaines, ça va être de ma faute maintenant ? Il aurait pu répondre de mille autres manières, mais la fatigue et la colère de toute cette situation le rendaient plus irritable et susceptible que jamais. Alors non, il n'entamerait pas cette discussion de façon sereine et posée. Non, il ne profiterait pas de cette occasion pour échanger ouvertement avec la femme dont il était amoureux sur leurs "problèmes". Non, il ne ferait rien correctement, parce qu'il n'en était plus capable depuis quelques temps. Tu m'excuseras, mais on est deux à avoir une humeur de chien. Quoi que même le leur avait meilleur caractère qu'Eliot ces temps ci. Mais le couple avait clairement prit de mauvaises habitudes : là où ils étaient complices ils n'étaient plus que froids, là où ils réglaient leurs problèmes ils ne savaient désormais plus se parler. Chapman avait une grande partie de responsabilité dans cette impasse même s'il n'en était que peu conscient ; il n'en était pas l'unique fautif pour autant. Oui, il mettait de la distance entre eux, car voir Sawyer et les savoir incapable de fonder une famille le brisait un peu plus dès lors que ses yeux se posaient sur elle. Oui, il avait mauvais caractère, car il n'avait pas la force de se battre pour une cause qu'il croyait déjà perdue, car il se sentait coupable d'abandonner, coupable d'avoir perdu. Il aurait pu l'expliquer et elle aurait pu l'entendre ; il se contentait de lui lancer un regard noir. Alors je vais te le dire ce qu'il se passe, Sawyer : je suis dégouté et je suis fatigué. Fatigué de sa vie, fatigué de cette mauvaise nouvelle, fatigué de l'aimer comme un fou sans avoir plus la force de se battre pour eux. Il était épuisé de lui même et de ses réactions, mais il n'avait pour autant aucune solution à proposer.
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Son regard dirigé contre Eliot reflétait à la fois l’amertume, l’incompréhension et la tristesse à laquelle elle était confrontée depuis plusieurs semaines maintenant. Il était tard, elle aurait pu mieux choisir son moment, mais elle avait décidé que personne ne quitterait cette pièce tant qu’ils n’auraient pas mis les choses au clair. Elle n’en pouvait plus de ce status quo agressif et pesant dans lequel ils se trouvaient. Il fallait que cela change. Pour le meilleur…ou pour le pire. « Donc l'ambiance de ces dernières semaines, ça va être de ma faute maintenant ? » « Est-ce que c’est ce que j’ai dit ? Non. Je veux juste savoir ce qui se passe dans ta tête, parce qu’on arrive plus à se comprendre. » Elle avait réagi un peu trop vivement dans une situation qui aurait gagné à ce que chacun pèse davantage ses mots pour ne pas blesser l’autre. Mais ça n’était pas le chemin que prenait leur discussion. Ils s’étaient retrouvés tous deux abattus après l’annonce des médecins, et ils n'avaient fait que se blâmer pour tout et n’importe quoi et se détruire à petit feu là où ils auraient dû se soutenir mutuellement. « Tu m'excuseras, mais on est deux à avoir une humeur de chien. » Le soutien mutuel n’était définitivement pas de mise ce soir-là. « Oui mais il n’y a qu’un seul de nous deux qui fait des efforts pour rester mesuré et ne pas envenimer la situation. » Il tenait à ce qu’elle l’accuse ? C’était à présent chose faite. Si Sawyer n’avait décemment pu retenir des éclats de voix certaines fois, elle avait compensé en tentant vainement de calmer le jeu à d’autres moments. Mais elle n’avait plus la force pour ça. Il n’était plus question de rester mesurée. Cela ne fonctionnait pas, et son caractère avait fini par la pousser à attaquer frontalement son fiancé…ce qui n’était certainement pas la meilleure des solutions si l’on considérait leurs tempéraments respectifs. « Alors je vais te le dire ce qu'il se passe, Sawyer : je suis dégouté et je suis fatigué. » Oh, ce coup-là était résolument difficile à accuser et cela se lisait aisément sur le visage de Sawyer qui venait de se décomposer en entendant ces mots. Il était parvenu à la blesser rapidement et profondément. Etait-elle à la source de son dégoût et de sa fatigue ? C’était comme ça que son esprit éreinté et contrarié avait choisi de le prendre en tout cas. Elle resta silencieuse de longues secondes en l’observant. Elle aurait voulu avoir la force de passer outre, de réduire la distance qui les séparait pour l’enlacer et effacer ce début de conversation catastrophique. Mais en plus du fait qu’elle était à présent persuadée qu’il ne ferait que la repousser une nouvelle fois, elle n’avait plus la volonté nécessaire pour faire le premier pas. Sawyer avait toujours mis un temps infini à accorder sa confiance à quelqu’un et Eliot le savait pertinemment. Elle l’aurait suivi n’importe où les yeux fermés, mais la fissure qui venait d’apparaître dans le périmètre de sécurité qu’il était parvenu à construire avec elle ne pouvait plus être colmatée. Elle n’allait que s’agrandir dangereusement, un peu plus à chaque seconde qui s’écoulait. « Et qu’est-ce que je suis censée faire pour remédier à ça ? » Ses sourcils étaient froncés et les traits de son visage crispés, son ton était quant à lui froid et détaché. « Quoi que je fasse, quoi que je dise, j’ai l’impression de toujours te décevoir… » S’il avait une solution miracle à proposer pour cesser ce mélodrame, qu’il lui en fasse part. A cet instant précis, elle était persuadée qu’elle l’aimait autant qu’elle le détestait.
Il régnait dans cette pièce une ambiance plus lourde que jamais, et Eliot avait l'intime sensation que ça n'irait pas en s'arrangeant. Autant mettre cartes sur table, donc. Est-ce que c’est ce que j’ai dit ? Non. Je veux juste savoir ce qui se passe dans ta tête, parce qu’on arrive plus à se comprendre. Lui aussi, il aurait aimé savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Elle ne faisait que s'ajouter à la liste de ceux qui aimeraient réussir à la comprendre, cette liste où lui même était en tête de file. Il souffrait, Eliot, et malheureusement pour elle, cela ne présageait rien de bon. Parce qu'Eliot n'avait jamais appris à gérer ses émotions, et qu'un flux de sentiments finissait toujours par se transformer en une colère inexpliquée envers le monde entier. Sawyer en faisait les frais depuis des semaines, mais encore plus ce soir. Oui mais il n’y a qu’un seul de nous deux qui fait des efforts pour rester mesuré et ne pas envenimer la situation. Si ses accusations étaient sous entendues jusqu'alors, Sawyer venait clairement de lui faire des reproches. Enfin, qu'il pensait. Enfin mettait-elle des mots sur ce qui n'allait pas, enfin ouvrait-elle les yeux sur leur situation. Non, Eliot n'avait fait aucun effort pour que leur couple ne parvienne à survivre à cette épreuve. Mais il se rendait malade de voir Sawyer s'épuiser à croire encore qu'ils pouvaient régler leurs affaires simplement en se soutenant, simplement de la force de leur amour. Il n'avait pas la solution, ignorait quoi faire pour se sortir de ce mélodrame constant dans lequel ils vivaient. C'est pourtant ce qu'elle semblait lui demander. Et qu’est-ce que je suis censée faire pour remédier à ça ? Il relevait les yeux vers elle, le regard aussi vide que son coeur. J'en sais rien.. Qu'il répondait sans réfléchir, sèchement. Un peu trop d'ailleurs, et il s'en rendait compte en voyant l'air perdu de celle qu'il aimait. Quoi que je fasse, quoi que je dise, j’ai l’impression de toujours te décevoir… Il soufflait, exaspéré de la voir toujours se positionner en victime. Paradoxal lorsqu'on sait que c'était inconsciemment ce qu'il faisait sans cesse, mais qu'importe : à ses yeux, se complaire éternellement dans son malheur était la seule chose à faire. Et si Sawyer voulait se battre seule, elle n'avait qu'à le faire sans lui reprocher de ne pas faire en de même. Y'a rien à faire, c'est ça que tu ne comprends pas. C'est pas en parlant ou en faisant des nouveaux plans d'avenir qu'on va régler quoi que ce soit. Parce que l'avenir, il n'avait plus envie d'y songer ces derniers temps. Tu agis comme si tout ça ne changeait rien, comme si c'était facile de passer au dessus, comme si à deux on pouvait tout surmonter. C'est ce qu'il aurait dû croire, lui aussi. Mais la patience n'était de loin pas une de ses qualités, et il avait définitivement perdu l'envie d'attendre que tout s'arrange tranquillement. Sauf que moi, quand je te regarde, tout ce que je vois c'est ce qu'on aura jamais.
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Elle était fatiguée de devoir ménager une fois de plus les nerfs d’Eliot. Il était temps que les non-dits qui trainaient depuis des semaines maintenant explosent. Et si ça ne présageait résolument rien de bon pour eux, cela aurait au moins le mérite de débarrasser Sawyer du poids qu’elle sentait à la fois sur ses épaules et au creux de son ventre. « J'en sais rien.. » Jamais elle ne s’était sentie seule dans cette situation. Et c’était bien le problème. A ses yeux, ils étaient deux à être concernés par tout ce qui leur arrivait. Deux à pouvoir s’entraider et se relever d’un coup dur qui les avait sans nul doute placés en position de K.O. technique. Mais son fiancé ne voyait vraisemblablement pas les choses de la même manière et avait bien l’intention de le lui signifier ce soir-là. « Y'a rien à faire, c'est ça que tu ne comprends pas. C'est pas en parlant ou en faisant des nouveaux plans d'avenir qu'on va régler quoi que ce soit. » « C’est vrai que c’est en se murant dans le silence et en faisant du sur place qu’on va régler tous nos problèmes du coup…c’est bien connu, excuse-moi. » Les mots lui échappaient sans avoir le temps de passer par la case "filtre" de son cerveau. Il la provoquait, elle répondait. Il n’y avait même plus d’apparences à sauver à présent de toute manière, alors à quoi bon être dans la retenue ? « Tu agis comme si tout ça ne changeait rien, comme si c'était facile de passer au dessus, comme si à deux on pouvait tout surmonter. » Elle n’avait jamais songé que la nouvelle des médecins ne changerait rien à leur vie. En revanche elle avait longtemps cru dur comme fer qu’ils pourraient effectivement surmonter cette épreuve à deux. A tort. « Sauf que moi, quand je te regarde, tout ce que je vois c'est ce qu'on aura jamais. » Si un cœur brisé avait pu émettre un quelconque bruit, celui de Sawyer se serait manifesté à cet instant. Son visage était défait, ses épaules s’affaissèrent un peu plus alors qu’elle sentait le poids de la culpabilité augmenter. Ce coup-là était incroyablement dur à encaisser. Elle l’amorti de la seule façon qu’elle connaissait quand elle était sincèrement blessée : par la rage et la colère. Il était facile de se montrer borné et campé sur ses positions. Des choses bien pires leur étaient arrivées à eux comme à de parfaits inconnus. Tous avaient pourtant survécu à ces épreuves. Il était temps qu’elle remette les choses en perspective. « Tu sais quoi Eliot ? J’ai surmonté la mort de mes parents. J’avais 10 ans. J’étais désespérée, j’avais aucune idée de ce qui m’attendait, et j’étais seule. » Le regard grave, elle marqua une pause avant de reprendre : « J’étais seule…et pourtant à aucun moment je ne me suis sentie aussi seule qu’aujourd’hui, à cet instant très précis. » Parce qu’il l’avait laissée tomber et qu’il ne changerait plus d’avis. Ca n’était pas le premier à lui faire subir cela, mais c’était sans aucun doute possible le plus douloureux des abandons qu’elle ait eu à vivre. « Qu’est-ce que tu fais encore là Eliot ? T’as été parfaitement clair : tu crois plus en moi. Tu crois plus en nous. A quoi bon alors ? » Elle regretterait peut-être ce geste plus tard. Comme elle regretterait peut-être de s’être montrée si cassante, si vite. Mais elle non plus n’en pouvait plus. La brune fit glisser sa bague de fiançailles le long de son annulaire pour la retirer avant de la poser sur la table de la cuisine. Elle jeta un coup d’œil en direction de la porte, puis reporta son regard sur Eliot avant de lancer d’un ton à présent dénué de toute compassion : « Je te retiens pas. »
Eliot s'amusait souvent à penser à quel point Sawyer et lui étaient parfaits l'un pour l'autre. A quelle point leur histoire l'était, elle aussi, en tout points. Ils avaient suivi les étapes peu à peu, s'aimaient un peu plus jours après jours. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'une telle scène puisse prendre place dans leur chez-soi, et pourtant, ce soir, il n'arrivait au contraire plus à penser au positif. Il lui semblait même ne jamais y en avoir eu entre eux tant la tension était palpable dans la pièce. C’est vrai que c’est en se murant dans le silence et en faisant du sur place qu’on va régler tous nos problèmes du coup…c’est bien connu, excuse-moi. Pourquoi diable Sawyer avait elle besoin de parler sans cesse, de se poser des questions, de réfléchir à tout ? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement laisser Eliot faire son deuil de cette vie tant rêvée muré dans son silence encore un temps ? Ses accès de colère et les mots déplacés qu'il avait eu parfois étaient sans doute de trop à entendre et à subir pour la brune, mais ne pouvait-elle pas encore faire un effort de patience ? Après tout, tout le monde finit par passer au delà de ses frustrations, non ? Visiblement, elle avait atteint ses limites. Et si le monde entier était du côté de Sawyer et pouvait comprendre sa façon de voir les choses, Eliot, non. Alors il l'accusait encore de vouloir en faire trop, lui faisait comprendre qu'il ne pouvait pas surmonter cette épreuve si rapidement - voir jamais ? Il s'exprimait mal et voyait bien que chacun de ses mots était une pique de plus dans le coeur de celle qu'il aimait tant, mais il vomissait ses paroles sans pouvoir faire autrement. Tu sais quoi Eliot ? J’ai surmonté la mort de mes parents. J’avais 10 ans. J’étais désespérée, j’avais aucune idée de ce qui m’attendait, et j’étais seule. Il la regardait d'un air presque dédaigneux là où des mois auparavant il se serait empressé de venir la serrer dans ses bras pour la réconforter. Une part de lui avait envie de le faire, mais son égo, sa fierté, sa rage l'empêchaient de se lever de cette chaise sur laquelle il venait tout juste de s'installer. Quel était le rapport avec cette histoire ?J’étais seule…et pourtant à aucun moment je ne me suis sentie aussi seule qu’aujourd’hui, à cet instant très précis. Il comprit enfin où elle voulait en venir. S'affalant sur sa chaise, son regard s'était adouci l'espace d'une seconde. Il savait à quel point Sawyer n'avait pas toujours eu une vie facile et à quel point elle avait besoin de quelqu'un pour l'épauler et lui faire comprendre qu'elle traverserait toutes les épreuves. Elle avait trouvé ce quelqu'un en Eliot et à maintes reprises il lui avait promis de ne jamais l'abandonnée, de la choisir elle, coûte que coûte. Cette discussion sonnait pourtant bien la rupture de cette promesse. Et alors que l'once d'espoir que pouvait laisser paraître son regard adouci, son expression devint plus dure encore qu'avant. La faute à qui ? Venait-il de l'accuser de tous ces maux ? Ce n'était pas son but, mais c'était pourtant la façon dont ces paroles sonnaient. Eliot n'était plus maître de lui même et se mordait déjà les doigts d'agir ainsi, mais porté par son élan de colère, il ne s'arrêtait pas là. Tu joues à la victime et tu en fais trop, encore et encore. Tu n'imagines même pas comme c'est épuisant pour ton entourage. C'était l'hôpital qui se foutait de la charité et il ne s'en rendait même pas compte. Étant donné qu'elle avait passé ses derniers mois à le porter lui et à faire attention à ses susceptibilités, elle pouvait parfaitement le comprendre. Lui ne s'en rendait pas compte, muré dans des certitudes idiotes dont il avait fini par se persuader au cours des dernières semaines. Qu’est-ce que tu fais encore là Eliot ? T’as été parfaitement clair : tu crois plus en moi. Tu crois plus en nous. A quoi bon alors ? Je te retiens pas. Il soufflait, agacé. Tu n'as qu'à partir si c'est si horrible que ça, moi je n'en ai pas l'intention. Pas pour elle, pas pour eux, pour son petit confort qu'il n'avait aucune envie de quitter. J'espère que tu te rends compte que si tu ne t'étais pas mise en tête de faire une scène ce soir, on en serait pas là. Remettre la faute sur l'autre était toujours la bonne attitude à avoir en cas de conflit... non ? C'était en tout cas sa stratégie. Ne pouvant nier que leur couple battait de l'aile depuis un bon moment déjà, il aurait pourtant bien compté sur le fait de continuer à vivre de cette manière un bout de temps encore. Il n'avait rien de mieux à faire après tout.
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Sawyer ne reconnaissait plus son fiancé. Plus elle l’observait et plus elle avait l’impression de le rebuter. Et à en croire l’expression de profond mépris qu’elle pouvait lire sur son visage, cette impression n’était pas que le fruit de son imagination. Alors même qu’elle aurait voulu pouvoir prendre le temps de s’émouvoir de ce triste constat, elle ne pouvait au contraire que sentir la colère monter en elle à chaque nouveau mot prononcé par Eliot, à chaque nouveau regard haineux qu’il lui lançait, à chaque once de déception qui semblait transpirer par tous les pores de son corps. Il l’avait poussée dans ses retranchements. Elle avait tenté tant bien que mal de se contrôler jusqu’au bout pour le bien de leur couple, ou tout du moins ce qu’il en restait encore, mais il était parvenu en l’espace de quelques minutes à mettre à mal ce qui lui restait de bonne volonté. Il voulait qu’elle explose ? Il allait être servi. Les cris n’étaient pas encore au rendez-vous, et contrairement à son fiancé elle n’avait aucunement l’intention de le blesser intentionnellement. En revanche elle n’allait plus se priver pour rester mesurée ; elle allait lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Comparer leur situation à la mort de ses parents n’avait pas pour but de le faire culpabiliser, mais bien de lui faire prendre conscience de l’état émotionnel dans lequel elle se trouvait depuis plusieurs semaines. Ce soir plus que jamais. Et l’espace d’une seconde, elle eut l’espoir de retrouver l’homme qu’elle connaissait et avec qui elle avait choisi de passer le reste de sa vie. Elle l’avait entre-aperçue cette pointe de douceur dans son regard, et sa respiration s’était stoppée durant ce qui lui avait paru comme une éternité. Ne bougeant plus, l’observant simplement, elle s’était attendu à ce qu’il se lève et la prenne dans ses bras pour mettre fin à toute cette situation qu’elle n’avait jamais souhaitée. Et lui non plus probablement. « La faute à qui ? » La chute avait été rude. Son souffle s’était arrêté une nouvelle fois, mais pour des raisons bien différentes que précédemment : Sawyer avait l’impression de s’être pris le plus violent des coups de poing dans l’estomac. Quatre mots avaient suffi à réduire à néant tout espoir de retrouver un jour ce qu’ils avaient été. Et elle n’était pas au bout de ses peines. « Tu joues à la victime et tu en fais trop, encore et encore. Tu n'imagines même pas comme c'est épuisant pour ton entourage. » D’abord choquée et littéralement sans voix, un sourire mauvais avait fini par apparaître au coin de ses lèvres. Les doigts glissant sur le comptoir, sa main droite s’était emparé de sa bague de fiançailles qu’elle avait préalablement retiré de son annulaire. Ses doigts étaient à présents crispés autour du bijou au point que quelques secondes avaient suffi à ses articulations pour blanchir sous la pression qu’elle exerçait sur sa propre main. « Mêle pas mon entourage à tout ça Eliot. Ils ont rien demandé. T’es assez grand pour t’exprimer et jouer au connard tout seul. Assume TES opinions et ferme la en ce qui concerne celles des autres. » Il voulait l’énerver ? Il y était parvenu. Sawyer n’avait plus une once de patience en elle à présent et la rage qui partait du creux de son ventre et montait furieusement en elle lui donnait l’envie de casser absolument tout ce qui se trouvait à portée de main à défaut de pouvoir fracasser lesdits objets directement sur le crâne de son fiancé. « Excuse-moi, j’avais oublié que t’étais un modèle de sainteté. Pas du tout difficile à vivre au quotidien. Toujours d’une amabilité folle et d’une bonne humeur sans pareille. Je suis DESOLEE de te fatiguer autant avec mon comportement, vraiment. » Il la sentait bien l’ironie à présent dans son ton condescendant et froid qui montait un peu plus à chaque nouvelle phrase qu’elle prononçait ? Que la petite chose fragile pour laquelle il tentait de se faire passer quitte immédiatement leur maison. Elle n’attendait plus que ça à présent. Et à quoi auraient-ils décemment pu s’attendre d’autre après ce qu’il venait de lui dire ? Eliot venait de franchir brutalement et sans la moindre hésitation une limite que Sawyer ne lui pardonnerait pas. « Tu n'as qu'à partir si c'est si horrible que ça, moi je n'en ai pas l'intention. » Il voulait vraiment jouer au plus idiot ? Il était hors de question qu’elle passe une seule seconde de plus avec lui dans cette pièce. Tout comme elle ne quitterait pas cette maison. « J'espère que tu te rends compte que si tu ne t'étais pas mise en tête de faire une scène ce soir, on en serait pas là. » Son sourire mauvais s’était transformé en profonde colère. A défaut de pouvoir casser un quelconque verre ou une assiette, son bras s’arma en arrière en bonne joueuse de baseball qu’elle était. Pas besoin d’échauffement pour cette fois, l’amertume et la rancœur lui suffirent à lancer avec force et vitesse sa bague de fiançailles à l’autre bout de la pièce, passant non loin de la tête d’Eliot avant de venir rebondir violemment contre le mur pour finir par s’écraser au sol dans un triste cliquetis. Sawyer avança d’un pas ferme vers Eliot, le visage plus fermé que jamais. Elle posa sa main droite sur le dossier de sa chaise et se pencha pour se mettre à sa hauteur et approcher son visage du sien. « Pauvre de toi. Qui est-ce qui est en train de jouer les victimes là exactement dis-moi ? » Elle voulait simplement le mettre face à ses propres contradictions et elle n’essayait même plus de se défendre et de se justifier quant au fait qu’ils auraient d’une manière ou d’une autre fini par avoir cette discussion. A quel moment pouvait-il sincèrement croire qu’ils auraient pu continuer de vivre à deux en se murant dans le silence et le mépris ? « Tu tiens à rester là ? Grand bien te fasse. J’espère que le canapé est confortable. » Désabusée, sa main libre vint claquer dans un geste maîtrisé et presque délicat contre sa joue, à la manière d’une mère qui aurait réprimandé son enfant suite à une crise de colère inexpliquée. Un tour de force pour Sawyer qui avait plutôt envie de faire claquer la plus violente des gifles sur son visage. Elle l’observa encore quelques secondes avant de se redresser et de faire demi-tour. Un sifflement vint s’échapper de ses lèvres pour inviter snowball à la suivre. Leur chien s’exécuta, remuant la queue comme le bienheureux qu’il était, inconscient de ce qui venait de se produire. Le geste était futile mais lui permettait de laisser Eliot seul avec ses considérations. Le claquement de la porte de leur chambre à coucher eut raison de leur dispute, réinstallant instantanément un silence pesant au sein de la maison.