bet on you (Maddy)

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Why won't you look at me? I'm trying to make you see one of these days gonna get it right. We could stay the night but we'd only lose. After all the hands we've been dealt, I'd still bet on you.

S’il y avait bien une chose dont Sergio avait toujours eu horreur, c’était de perdre son temps. Il pouvait se vanter aujourd’hui d’être un homme occupé à l’agenda toujours rempli, planifié à l’heure près. Il était de ceux qui ne se rendaient jamais à un endroit par hasard, avait toujours un but derrière la tête. C’était probablement pour cette raison qu’il avait excellé en agent artistique. Pourtant parti de nulle part avec juste quelques relations glanées par-ci par-là, il avait aujourd’hui un réseau considérable et des artistes sous le coude qui valaient leur pesant d’or. Il était sur tous les fronts, en permanence. Il gérait les réseaux sociaux, la presse, les événements, les contrats. Rien ne lui passait sous le nez. Sa situation était pour le moins confortable et pourtant, il ne comptait pas s’arrêter de chercher de nouvelles opportunités, continuer de prendre quelques talents sous son aile pour achever de se développer dans son métier. La conséquence de l’ego ambitieux, certainement. En tout cas, c’était bien pour cette raison qu’il ne pouvait plus se permettre de poids morts. Et malheureusement pour lui, il s’en traînait un considérable. Maddy Griffiths, la jolie blonde australienne née dans le monde du cinéma et avait des prédispositions certaines pour le grand écran. Personne ne s’était pressé pour la représenter, c’était l’unique raison pour laquelle l’agence avait fini par la lui confier il y a un certain nombre d’années. Contre toutes attentes, elle avait brillé. Il avait suffi d’un film pour que son nom se fasse connaître, qu’elle soit propulsée sur le devant de la scène et que les portes s’ouvrent pour elle. Cette nouvelle fortune avait fait celle de l’agent, à cette époque.

Mais maintenant ? Elle n’était plus qu’un nom en retrait, une actrice inaccessible. Parce que Maddy avait ses idées à exploiter, parce que Maddy n’était pas disponible, parce que tous les projets qui lui étaient présentés ne semblaient plus l’intéresser. Cela faisait plusieurs mois maintenant que Sergio avait lâché l’affaire, se contentant du strict minimum dans son rôle. Si cela n’avait tenu qu’à lui-même, il aurait lâché la blondinette et aurait consacré son temps à quelqu’un de plus méritant. Mais le contrat qui les liait ne lui laissait pas cette chance, à son grand regret. C’était donc dans un restaurant du centre-ville qu’il lui avait donné rendez-vous à midi, heure tapante. Il avait une heure et demi pour le déjeuner et pour discuter du futur de cette carrière qui semblait aller droit dans le mur. Il avait fait ses recherches, mais de l’illustration pour enfants, sérieusement ? Il n’était personne pour juger les formes d’art, néanmoins cela ne relevait plus du tout de son domaine et il ne comptait pas la suivre dans ce domaine. Cela ne lui rapporterait absolument rien, que ce soit en terme de connaissances utiles, d’expériences ou d’argent. Le rendez-vous aurait donc des formes d’ultimatums ; le dossier Griffiths étant prêt et ficelé. Mais pour l’heure, installé à cette table proche de la fenêtre et un whisky déjà commandé devant lui, Sergio se contentait de patienter, profitant de ces minutes de répit pour répondre à ses emails et vérifier la dernière activité des réseaux sociaux. Quand il releva les yeux, Maddy était dans le restaurant. Blonde, jolie, mais incroyablement passe-partout. A la voir, c’était dur d’imaginer qu’elle ait pu enchaîner les tapis rouges quelques années plus tôt. Il lui fit signe de la main, rangea son téléphone dans un sourire aimable. Inutile de l’alarmer par avance sur le sujet de cette rencontre. « Maddy. Ravi que tu aies pu te libérer. » Il la laisse s’installer, pousse la carte des boissons vers elle. « Je n’ai aucune idée de ce que vaut ce restaurant mais il est apparemment bien réputé. Je me suis dis que ce serait l’occasion d’essayer. » Et vu les prix qui étaient pratiqués, autant dire que les attentes étaient élevées. « Cela fait un moment qu’on n’a pas eu l’occasion de se voir. » Et il n’avait pas tenté d’y remédier. Mais il fallait bien commencer quelque part, n’est-ce pas ?

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@Sergio Gutiérrez & Maddy Griffiths

Ils ne se sont pas vus depuis un moment. Sergio l’agent de Maddy ne semble pas être passionné par les nouveaux projets de son artiste. La Griffiths l’a brièvement vu lors de la sortie de son premier conte pour enfants fin 2020. Il avait fait acte de présence pour rester poli. Jadis, Sergio et Maddy passaient énormément de temps ensemble lors de l’âge d’or de l’actrice. Il a su être son guide lorsque blondie s’est retrouvée propulser sur le devant de la scène internationale sans trop comprendre ce qu’il se passait. Pourtant elle s’est toujours demandée s’il était là par intérêt ou par réelle compassion. Le temps a filé, les films, les séries et ses hiatus aussi. Mais ça chut, il ne faut surtout pas prononcer ce mot devant Sergio.

Maddy est un sacré personnage, elle possède différentes facettes. Elle peut être talentueuse et incroyablement bienveillante dans ses bons jours et dans ses mauvais, elle se relève être une artiste indécise et pointilleuse. Pointilleuse est la façon polie de désigner le terme « chiante ». C’est sans doute cela son plus grand défaut. Avec sa côte de popularité grandissante il y a quelques années, on la sollicitait de partout, elle enchainait les interviews, nombreux réalisateurs se l’arrachaient pour le plus grand bonheur de Sergio. Cependant Maddy a le don de rendre les choses simples com-pli-quées. Elle a toujours souhaité des rôles avec plus profondeur et non un film qui allait ramasser des millions de dollars. C’est donc un peu précipitamment et après quelques soucis de santé au passage, que Maddy nous a fait sa crise existentielle d’actrice et s’est complétement reconvertie. Elle se souvient encore de l’expression déconfite que Sergio avait tiré lors de la « grande » nouvelle. Oups.

C’est donc pour le plus grand bonheur -pardon cauchemar- du Gutiérrez que Maddy passe plus de temps dans son atelier à créer que sur les plateaux de tournage. Combien de fois a-t-elle reçu un appel, un sms puis un mail de son agent mais elle a fait mine de l’ignorer trop occupée la tête dans ses peintures. Pourtant aujourd’hui, elle a fait un effort. Elle a troqué son tablier tout tâché de peinture contre une jolie robe pour sortir et voir le monde extérieur. Elle est à présent assise en face de Sergio dans un restaurant fraichement ouvert à Spring Hill. « Maddy. Ravi que tu aies pu te libérer. » Ses billes bleutées se posent sur la carte des boissons et s’oriente directement à la partie des vins qui lui est consacrée. Depuis le temps, elle a pris l’habitude de boire durant ses entrevus avec son agent, la conversation semble plus « légère » avec un bon verre. « Sergio, ravie de te revoir. » qu’elle lui accorde avec un sourire poli, avec le temps, ils ont aussi pris l’habitude d’avoir un semblant de bonnes manières en public. Maddy a été douce et docile à ses débuts mais en grandissant elle est devenue sacrément têtue et bornée sur ses idées qui vont clairement à l’encontre des objectifs -financiers- de son agent. Elle n’est plus dupe. A croire que le divorce « agent-star » est encore plus complexe que celui d’un couple qui doit se partager des biens. Enfin bref, là n’est pas le sujet du jour, enfin elle l’espère. Comment Sergio compte-t-il cuisiner Maddy aujourd’hui ? Quelle sera la suggestion du chef ? Surprise. « Je n’ai aucune idée de ce que vaut ce restaurant mais il est apparemment bien réputé. Je me suis dis que ce serait l’occasion d’essayer. » Elle repose la carte des boissons sur la table et adresse quelques paroles flatteuses à son agent. « Généralement tu as le nez, ça devrait aller. » Elle fait allusion à elle -et son talent- et pas aux nombreux projets qui lui a proposés ces derniers temps. Est-ce que brosser dans le sens du poil son agent va-t-il enfin lui faire comprendre ce que Maddy désirait réellement ? Rendez-vous au prochain épisode. « Cela fait un moment qu’on n’a pas eu l’occasion de se voir. » Elle hoche doucement de la tête, son sourire est neutre et son regard reste ancré dans celui du grand brun. « C’est exact. Ça fait quoi… Depuis six mois au moins, non ? T’étais venu faire un tour à la dédicace de mon premier livre. » Contrairement à ces derniers films, Sergio a soudainement mis moins d’entrain dans la communication du nouveau projet de son talent. Pas d’événement en grandes pompes, pas de conférence de presse avec les journalistes, juste une simple dédicace intimiste et une communication sur les réseaux sociaux. Même si cette dernière a été principalement réalisée par les soins de Maddy et son compte instagram. Au final, la Griffiths n’a fait aucune remarque à Sergio ou à l’agence, la gloire et l’argent ne faisant plus partie de ses ambitions. « Alors comment tu vas ? Tu me racontes quoi de beau ? » Avant de lui mentionner subtilement son envie de se lancer dans la création d’un second conte pour enfants, elle tâte le terrain prudemment, faisant mine de s’intéresser à l’actualité du monde du cinéma. Elle est crédible dans ce rôle, non ?

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Cette rencontre ne l’enchantait pas, bien loin de là. Si Sergio avait décidé de caler le rendez-vous à un moment creux de sa journée, ce n’était pas pour rien. Il n’espérait pas tirer grand-chose de ce moment, mais il était nécessaire. Que cela lui plaise ou non, il avait encore un contrat à honorer. Il en allait à la fois de sa réputation et de son devoir de continuer à faire son travail. La bonne nouvelle dans tout cela était probablement le fait que Maddy avait rapidement compris ce qu’il pensait d’elle et de ses revirements incessants. Elle n’avait pas cherché à le contacter, s’était faite tranquille. Son inactivité évitait les scandales ou les ragots sur internet, toutes ces petites affaires pénibles qu’il aurait à gérer. Il pouvait oublier son existence s’il le désirait, et dieu sait qu’il en avait besoin. Il avait sous-estimé Maddy à tous les niveaux. Sur son talent tout d’abord quand il avait récupéré la gestion de sa carrière. Puis de son caractère. Elle avait été la parfaite petite blonde docile pendant quelques années, à sourire et plaire sur commande. Mais maintenant ? Elle était devenue une fichue plaie qu’il n’appréciait pas franchement se coltiner. Pourtant, il était de ces hommes qui appréciaient les forts caractères. Juste pas quand ces caprices lui coûtaient de l’argent.

Les sourires polis étaient toujours de rigueur, quoiqu’incroyablement hypocrites. Elle n’était pas plus ravie de le voir que lui de la voir. Ce ne sont que les formalités d’entrée en matière, l’instant de répit où ils se permettent de tourner autour du pot, regarder la carte du menu. Vu les critiques sur ce restaurant, il était fort probable que Maddy soit plus décevante que le repas. « On n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise. » rétorque-t-il avec un rictus. Il a bien saisi le sous-entendu, la laisse décider de ce qu’elle veut interpréter. Il vient tremper ses lèvres dans le verre de whisky, observe la posture fermée de la blonde, son regard aussi insistant qu’insolent, ce sourire qui transpire une fausse politesse. Le repas risque d’être amusant, à ce rythme-là. Il ne se rappelle en effet pas l’avoir vue depuis la séance de dédicaces où il était venu pour marquer son désintérêt. Il avait fait le tour, l’avait saluée, attendu, beaucoup soupiré, puis était parti sans un mot. « On ne peut pas parler d’un franc succès. » Et il n’avait pas travaillé pour qu’il en soit autrement. Il avait juste observé de près les revenus qu’avait généré ce livre, et il n’y avait vu qu’une déception cuisante. Il l’avait pourtant prévenue en amont que c’était une perte de temps, éventuellement un loisir si elle s’ennuyait. Pas un choix de carrière qu’il soutiendrait.

Il soupire un peu plus bruyamment. Elle se fiche bien de savoir comment il va, ce qu’il y a de neuf dans sa vie. Mais elle l’aurait fait comprendre si elle n’avait rien à lui dire -ou n’aurait jamais décroché son téléphone-, et c’était ce qui l’inquiétait. « Je vais bien, les enfants et le chien aussi, et j’ai acheté une nouvelle voiture. J’ai un agenda bien rempli, et il y a toujours les mêmes contrariétés pour me faire perdre mon temps. » Il lui sourit plus largement, préfère anéantir les banalités plutôt que d’y passe encore une demi-heure. « J’ai quelques propositions de scripts qui me sont soumises pour toi, mais j’imagine que tu n’es toujours pas intéressée ? » Et lui n’avait pas pris le risque de s’engager dans quoique ce soit avec Maddy. Il en avait marre de lui trouver des excuses, ceci dit.

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@Maddy Griffiths

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@Sergio Gutiérrez & Maddy Griffiths

Moins elle a affaire à lui, mieux elle se porte, cependant leur contrat leur remémore occasionnellement qu’ils sont toujours liés l’un à l’autre. Maddy remercie ses aptitudes d’actrice pour garder son sang-froid face à lui. L’agent est aussi très doué dans ce domaine, il pratique le Maddy depuis des années à présent. Plus de huit années, le temps passe à une vitesse folle et plus les mois s’écoulent moins ils se voient. C’est bien connu plus on habite proche moins on se fréquente. Cela semble convenir aux deux et on peut marquer dans le calendrier ce rare rendez-vous. Maddy est difficile avec lui, elle le sait mais ce n’est pas pour ses vacances aux Seychelles qu’elle va modifier ses plans.

« On n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise. » Elle sourit amusé par la réplique masculine. « J’espère que le plat de résistance ne va pas te couper l’appétit. » Le restaurant n’est pas à l’abris de mauvaises surprises avec les deux personnages dans la même pièce. Maddy n’est plus la petite comédienne perdue dans ce monde de requins. A présent, elle sait les reconnaitre et elle en a un énorme assis en face d’elle. « On ne peut pas parler d’un franc succès. » Elle fait abstraction de sa pique, avec le temps, elles ne font plus aucun effet à la Griffiths. Elle le sait : ils ne seront jamais d’accord sur sa reconversion professionnelle. « Navrée que cela n’est pas financé tes prochaines vacances. » Elle a un petit haussement d’épaules. Après tout, Sergio a d’autres talents pour décrocher le pactole qu’il convoite perpétuellement ? « Aux Seychelles si je ne me trompe pas ? » qu’elle lance ironique avant de voir un serveur passé. Elle l’intercepte pour commander sa boisson, un Spritz. Elle en avait besoin pour faire passer le repas un plus rapidement même si avec Sergio elle savait que cela serait efficace, voir expéditif. Le temps et l’argent étaient les meilleurs amis du Gutiérrez.

« Je vais bien, les enfants et le chien aussi, et j’ai acheté une nouvelle voiture. J’ai un agenda bien rempli, et il y a toujours les mêmes contrariétés pour me faire perdre mon temps. » Elle retient un soupir au mot « contrariétés » et se contente de répondre un sourire. Elle sait parfaitement qu’elle est la cible de ses paroles tranchantes. Elle est peut-être blonde mais pas stupide pour autant. Enfin bref, malgré ce sous-entendu désagréable, elle est contente que sa petite vie, sa famille et surtout sa nouvelle voiture, se portent bien. Ils ne sont pas meilleurs amis, mais Maddy n’est pas une personne méchante, elle est juste -un peu- difficile ou capricieuse, comme vous préférez. « J’ai quelques propositions de scripts qui me sont soumises pour toi, mais j’imagine que tu n’es toujours pas intéressée ? » Elle fronce légèrement des sourcils, encore surprise que des réalisateurs s’intéressent à son profil après son hiatus et sa reconversion. Peut-être que son précédent succès la suit encore après toutes ces années. Elle ne sait pas, elle est complétement déconnectée de ce monde depuis un moment. Elle jette un regard à la carte des plats cette fois-ci, faisant mine de réfléchir mais elle médite surtout sur la réponse qu’elle va donner à son agent. Elle se rendit compte qu’elle est surtout curieuse de savoir comment le monde du cinéma peut-il encore s’intéresser à elle. Alors elle demande d’une voix innocente mais intriguée « Ah bon ? Mon profil les intéresse encore ? » Sous-entendu : dis-moi en plus Sergio, essaye de me convaincre. Maddy est assez réfractaire depuis les derniers événements de sa vie mais elle veut bien écouter. Cela ne veut pas dire accepter attention. Elle veut bien faire cet effort avant de lui annoncer ses idées. « Et de quoi parlent ces propositions exactement ? » Par pitié qu’il ne s’agisse pas encore de rôles sans intérêt, elle a assez donné.

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Quelque chose dans l’attitude de Maddy faisait tiquer Sergio. Depuis toutes ces années, il avait appris à la connaître, à faire la différence entre son attitude spontanée et sa façade. Ce qu’elle lui présentait ici, ce sourire trop sympathique, ce flegme à peine dissimulé, ce n’était pas la Griffiths qu’il connaissait. Elle avait une idée derrière la tête, il en mettrait sa main à couper. Sa répartie ne fit que conforter ce doute, le fit hausser un sourcil un instant avant qu’il décide de ne pas répondre, avalant une gorgée de whisky. Ils viendraient bien assez tôt au point épineux. Quoique finalement, cette carrière entière était épineuse. Ils étaient coincés ensemble et elle était devenu un fardeau, une corvée à laquelle il devait malgré tout consacrer quelques heures par semaine. Un joli visage sur le site de l’agence, photo doucement envoyée dans le fond des profils et remplacée par des talents plus actuels. Gribouiller des livres pour enfant était une compétence qui se rangeait dans la partie loisirs, pas carrière du CV. Sergio n’avait même pas essayé de se trouver des excuses auprès de sa chef ; à moins que la blonde revienne à la raison, elle n’avait plus d’intérêt pour l’agence. Il faudrait néanmoins attendre la fin de leur contrat, et en attendant… Patienter.

Le plus risible dans cette histoire était certainement le fait que la jeune femme savait exactement ce qu’il en pensait. Il ne faisait plus d’efforts pour apparaître comme un ami ou un homme de confiance à ses côtés, ayant bien rapidement compris que cette stratégie ne fonctionnait pas. Le naturel avait repris le pas, tout comme le sourire narquois qui étira ses lèvres. « J’aurais été le dernier des idiots si j’avais encore compté sur toi, Maddy. » Une nouvelle gorgée de whisky marque le silence. Le fait est qu’il pourrait partir où il le souhaitait, il ne le faisait juste pas. Trop de travail, trop de responsabilités. Incapable de déconnecter tant il était occupé à vivre des vies par procuration et à les gérer savamment. « Je t’enverrai une carte postale si tu y tiens tant. » Ou il prendrait me parti d’ignorer son existence pour les mois à venir. C’était une autre option plausible.

Le fait est que Sergio n’avait pas toute la journée devant lui. Il lui restait à peine plus d’une heure avant de devoir filer, ce n’était pas pour perdre son temps dans du sarcasme bien placé. Le soudain changement de ton eut au moins le don de ramener la blondinette à la réalité des choses, un endroit où le sourire amusé n’était plus de rigueur. « On ne tient pas le prochain blockbuster, mais que veux-tu. Il faut bien démarrer quelque part, et je doute qu’ils réussissent à débaucher Jennifer Lawrence, Scarlett Johansson, Alicia Vikander ou j’en passe. » L’ancienne actrice mondialement connue était un pari risqué mais il admirait le culot. Elle n’était plus assez demandée pour pouvoir trop exiger, mais son nom pourrait leur offrir de la visibilité. Sergio se pencha vers son porte-documents pour l’ouvrir et en sortir trois pochettes en carton, chacune contenant un script. « Honnêtement ? Je ne les ai pas lus en entier. J’ai demandé la version condensée. S’il y en a un qui pourrait t’intéresser, c’est celui-là. » Il désigna du doigt la pochette jaune. « Une peintre amnésique qui se retrouve à peindre des scènes de sa vie passée sans en avoir le moindre souvenir. Le scénario se veut être un thriller psychologique avec un mari et un enfant disparu, des meurtres, des secrets de famille… » Il soupire, prend soudainement conscience de son erreur. Il ne saurait pas vendre un script sans l’avoir lu. « Tu as ton côté artistique, la promotion ne sera pas aussi intense que ce que tu as pu avoir par le passé, et si après ça tu es certaine de vouloir tourner la page de ta carrière d’actrice, je n’insisterai plus. Est-ce qu’on peut se mettre d’accord là-dessus ? »

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@Maddy Griffiths

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Lord knows I've got habits to break. I'm really good at being good at goodbyes. I'm gonna give you fair warning that I'm not a saint, but I could be if I tried • sheepirl.

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@Sergio Gutiérrez & Maddy Griffiths

Les rencontres avec Sergio sont toujours électriques et la succession des paroles de son manager en témoignent. « J’aurais été le dernier des idiots si j’avais encore compté sur toi, Maddy. » Elle ne fait plus aucun commentaire et se contente de sagement écouter. « Je t’enverrai une carte postale si tu y tiens tant. » Un rictus se dessine sur son visage de la blondinette et elle lui répond sur le même ton. « C’est fort aimable de ta part. »

« On ne tient pas le prochain blockbuster, mais que veux-tu. Il faut bien démarrer quelque part, et je doute qu’ils réussissent à débaucher Jennifer Lawrence, Scarlett Johansson, Alicia Vikander ou j’en passe. » Les blockbuster ça ne l’intéresse plus, ça ne l’a jamais intéressé. Elle s’est juste trouvée au bon moment au bon endroit fut un temps. Une époque importante mais particulière de sa vie. Une époque qui lui a apporté énormément de changements, autant professionnellement que personnellement parlant. Mais surtout une période qui a laissé ses traces dans la vie décousue de la Griffiths, tout comme sa carrière au grand malheur de son voisin de table. « Honnêtement ? Je ne les ai pas lus en entier. J’ai demandé la version condensée. S’il y en a un qui pourrait t’intéresser, c’est celui-là. » La réponse masculine surprend à peine la Griffiths. Maddy n’est pas stupide, elle a compris qu’elle représente une énorme déception pour son manager. Sergio comme Maddy ne font plus aucun effort concernant leurs travails respectifs. Ils sont comme un vieux couple qui n’arrivent plus à communiquer entre eux après des années de mariage. C’est ironique. « Une peintre amnésique qui se retrouve à peindre des scènes de sa vie passée sans en avoir le moindre souvenir. Le scénario se veut être un thriller psychologique avec un mari et un enfant disparu, des meurtres, des secrets de famille… » Cette fois-ci elle ne peut retenir son expression de marbre. Une peintre amnésique, ils en sont vraiment arrivés-là ? Au point où même dans les choix de scénario, l’agent vient rappeler à l’artiste son choix erroné de carrière. « Tu as ton côté artistique, la promotion ne sera pas aussi intense que ce que tu as pu avoir par le passé, et si après ça tu es certaine de vouloir tourner la page de ta carrière d’actrice, je n’insisterai plus. Est-ce qu’on peut se mettre d’accord là-dessus ? » Elle le regarde droit dans les yeux tout en préservant son silence. Va-t-elle de nouveau pactiser avec le diable ? « Ecoute je vais lire ce scénario pour m’en faire une idée… mais merci pour cette proposition. » qu’elle répond sur un tout neutre, histoire qu’il y ait au moins un des deux qui ait lu ce fameux script. Sait-on jamais sur un malentendu, elle peut être surprise.

Le serveur vient prendre leur commande, Sergio et Maddy se contentent d’un simple plat, le parfait moyen pour écourter leurs rendez-vous qui deviennent de plus en plus malaisants. Une fois le serveur éclipsé, blondie boit une gorgée de son verre avant de prendre de nouveau la parole « Admettons que j’accepte cette proposition, est-ce que tu peux m’en dire plus sur le planning ? » Les dates du tournage, le lieu, la durée… car l'illustration reste une priorité pour Maddy et si un jour elle vient à concilier les deux dans sa vie, il lui faut un minimum d’organisation. « Parce que tu comprends en ce moment, je travaille sur un nouveau projet de conte pour enfants et j’aimerais me projeter avec un peu plus de clarté. » qu’elle conclut avec un sourire poli ornant son visage angélique. Voilà Maddy a annoncé avec subtilité -ou pas- ses petits plants. A voir si cela est au goût du Gutiérrez.

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Si encore Maddy avait été active dans lui rapporter d’argent, Sergio aurait pu l’encaisser, faire son deuil et passer à un autre talent plus prometteur. Mais il avait l’agence sur le dos et eux n’étaient pas passés à côté du fait qu’ils lui avaient confié une perle brute, s’étaient fait un bon pactole sur le dos et maintenant attendaient des profits. C’était la loi de cette industrie ; le bien-être et la sécurité étaient évidemment des points importants pour ces gens chargés de gérer les carrières artistiques. Néanmoins, ce n’était pas par amour de l’art ou par bienveillance. Cela fonctionnait parce que cela rapportait. Et de ce fait, l’inactivité des carrières pouvait être directement lié à l’incompétence des agents à trouver des contrats dignes de ce nom, chose qui était tout simplement hors de question pour Sergio. Alors le scénario qu’il posait sur la table, il n’en pensait rien, n’y trouvait aucun potentiel caché. Dans le meilleur des cas, la production rentrerait dans ses frais. Savoir si Maddy se ferait remarquer, c’était encore à déterminer mais au moins, son nom apparaîtrait enfin quelque part et la pression qu’on mettait au mexicain retomberait de tous les côtés. Il ne pouvait que signer pour cela. Maintenant, restait à savoir si la blonde ferait de même et vu le peu d’enthousiasme qu’elle marqua pour le scénario, il se doutait que la partie était loin d’être gagnée. Pour le pire, ils risquaient d’être beaucoup plus en contact que prévu dans les temps à venir.

Il ne s’attendait pas aux questions techniques, et si pendant une seconde il crut que c’était une bonne nouvelle, la seconde partie fit son visage se durcir. Un conte pour enfants ? C’était de mieux en mieux. Il dut inspirer et prendre une gorgée d’alcool pour ne pas exprimer son avis sur la question avec trop de virulence, bien conscience que cela n’arrangerait pas leur partenariat déjà bancal. « Les réalisateurs veulent condenser la production au possible pour éviter d’avoir trop de frais qui volent dans tous les sens. C’est un tournage local, qui se fera entre la Sunshine Coast et la Gold Coast, pas plus loin. Ils misent sur six semaines mais cela prendra probablement moins de temps. Si tu veux que je rajoute une clause dans le contrat pour que tu puisses gribouiller deux heures par jour, je leur en toucherai deux mots. Le tournage est prévu dès septembre. » Rapidement, donc. Il faudrait qu’elle se dépêche pour les scripts, mais au vu du producteur, même un talent d’acteur médiocre suffirait. « Après ça, tu auras tout le temps du monde pour te concentrer sur tes dessins, et chose promise, je te ficherai la paix. » Ce sera un bon débarras, pour elle comme pour lui. Il est évident qu’il ne comprend pas ce choix, alors le soutenir ? « Tu as conscience tout de même que si tu entretenais ta réputation aux yeux du grand public, si tu te montrais davantage, ton livre aurait bien plus de succès, n’est-ce pas ? »

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@Maddy Griffiths

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@Sergio Gutiérrez & Maddy Griffiths

Ces rendez-vous sont toujours interminables autant pour Sergio que pour Maddy. On assiste au bal des faux-semblants au milieu de ce restaurant. Dieu merci, le serveur fait quelques apparitions de temps à autre pour les sauver de ce malaise ambiant. Les plats sont commandés et place aux affaires. Comment s’entendre quand les avis sont divergents ? Sergio et Maddy ne semblent ne pas avoir trouver la recette magique et restent planter sur leurs positions. Ils adorent jouer au jeu de qui aura le dernier mot de l’histoire.

Prudemment l’actrice -oui elle a été actrice fut un temps- demande quelques informations supplémentaires à son agent. Elle veut bien réfléchir à l'ultime proposition de la part de son agent mais -il y a toujours un « mais » dans l’histoire- à quelques conditions. Elle glisse sur la table son envie de faire un nouvel ouvrage pour les enfants. Aie. Pas sur que l’information passe aussi sereinement. Le visage de Maddy porte son habitude sourire, histoire de faire passer la nouvelle, tandis que celui de Sergio se durcir. Elle le connait par cœur. Ils se connaissent par cœur.

« Les réalisateurs veulent condenser la production au possible pour éviter d’avoir trop de frais qui volent dans tous les sens. C’est un tournage local, qui se fera entre la Sunshine Coast et la Gold Coast, pas plus loin. Ils misent sur six semaines mais cela prendra probablement moins de temps. Si tu veux que je rajoute une clause dans le contrat pour que tu puisses gribouiller deux heures par jour, je leur en toucherai deux mots. Le tournage est prévu dès septembre. » Elle fronce légèrement des sourcils. « Je ne gribouille pas, je créé. » qu’elle rectifie d’une voix un peu plus sèche avant de reprendre la parole. « Mais merci pour ces informations. » Il s’est un minimum renseigné, qu’elle pense intérieurement. Cette idée de clause joue dans la balance des décisions. L’artiste la prend en considération mais elle ne se prononce pas plus davantage. Elle veut prendre le temps de réfléchir. Mais ce temps en question est compté et le Gutiérrez lui rappelle. Le tournage commence en septembre, elle doit se décider dans les prochaines semaines. « Après ça, tu auras tout le temps du monde pour te concentrer sur tes dessins, et chose promise, je te ficherai la paix. » Vont-ils un jour réussir à se délier de leur contrat ? Connaitront-ils un happy ending ? Maddy boit une gorgée en silence. « Tu as conscience tout de même que si tu entretenais ta réputation aux yeux du grand public, si tu te montrais davantage, ton livre aurait bien plus de succès, n’est-ce pas ? » Elle repose délicatement son verre sur la table. « J’en ai conscience Sergio. » Elle l’avoue, mais selon elle ce n’est pas un fardeau, pas le sien en tout cas. « Cependant nous n’avons pas les mêmes objectifs. » Elle veut être reconnue pour sa propre valeur, son talent à l’état brut et pas tous ces artifices de la gloire et l’argent qui coule à flot. Cela lui a apporté que du négatif, mais elle n’a su s’en défaire lorsqu’elle était plus jeune et naïve. Doucement, l’artiste a su grandir et réussir à faire entendre sa propre voix. Il y a cinq ans, elle n’aurait osé tenir de tels propos devant son agent. Il y a cinq ans, elle n’aurait jamais réussi à mettre devant le fait accompli sa propre famille. Blondie a fait du chemin pour en arriver-là. « Je comprends que tu n’aies plus envie de collaborer avec moi » qu’elle dit d’une voix calme et posée. Elle conçoit un nouveau point important de leur relation décousue. Elle préfère le dire elle-même, cela fait moins mal et soulage tout le monde. Elle prend la pochette en carton contenant le fameux script de la peintre amnésique et la glisse dans son sac à mains. « Je vais lire le script et te contacte au plus vite. » Pour une fois, elle fait un pas en avant, mais pas plus, il ne faut pas non plus exagérée en donnant satisfaction à Sergio d’avoir gagné un combat. « Et je suis sûr que nous trouverons un arrangement. » quelque soit le dénouement de leur histoire. Les plats arrivent sur la table, Maddy remercie le serveur avant de le laisser s’éclipser. Elle regarde Sergio avant de lui demander. « Cela te convient ? »

(#)Mar 14 Sep 2021 - 9:36

bet on you

Why won't you look at me? I'm trying to make you see one of these days gonna get it right. We could stay the night but we'd only lose. After all the hands we've been dealt, I'd still bet on you.

La mauvaise volonté s’était fait la malle depuis bien longtemps et rendait cette collaboration compliquée. Sergio avait tenté plusieurs approches mais parmi tout ce qu’il détestait au monde, il y avait perdre son temps. Maddy avait eu des tas d’opportunités de faire un pas vers lui, de le satisfaire. Il aurait été près à faire preuve de réciproque, comme il le proposait aujourd’hui. C’était bien dommage qu’ils aient à en arriver à un ultimatum pour que chacun y trouve son compte. Si autant de temps n’avait pas passé à juste brasser de l’air et travailler dans le vide, cette pauvre tentative de résolution ne se passerait pas autour d’un déjeuner dans un restaurant sur la route, sur un créneau minuscule de son emploi du temps. Ce n’était pas ainsi qu’il préférait travailler et se retrouvait à rentabiliser chaque minute ; il suffit de voir la manière dont il se contenta d’un haussement d’épaules pour montrer qu’il avait bien entendu. Gribouiller, créer, c’était jouer sur les mots. Tout ce qu’il voyait lui, c’était un loisir qui ne rapportait rien et donc, de ce fait, était bien loin de pouvoir correspondre aux standards de l’agence. C’était là toute la réalité du monde réel qui attend des gens qu’ils triment.

Il n’avait pourtant pas l’impression de demander le monde. Un dernier contrat au cinéma le temps de satisfaire le public, de remplir les caisses, de prouver à l’agence qu’il travaillait bien sur le cas Griffiths. Quelques mois d’efforts pour ensuite tuer le temps jusqu’à la fin de leur contrat. Il était las de devoir agiter cette idée sous le nez de la blonde, qui était dans ses nuages faits d’illustrations et de personnages pour enfants, visiblement. « C’est là que tu te trompes, on a un objectif commun : se débarrasser l’un de l’autre. » Il n’y a pas d’animosité dans cette phrase, c’est même dit sur le ton de l’humour. Si Maddy n’était pas son fardeau, il pourrait l’apprécier. Elle avait du caractère, de l’humour, du répondant. Mais quand ils en venaient au travail, elle lui tapait sur le système nerveux plus que n’importe lequel des talents qu’il avait déjà eu sous sa coupe. Elle lui confirme cette pensée rapidement, chose dont il ne se vexe pas le moins du monde. La pochette du script disparaît de son champ de vision, donnant la perspective que du progrès est en train de se faire. « Essaye de vraiment me recontacter à ce sujet au lieu de perdre mon numéro de téléphone, de laisser ton chat manger le script, de renverser de la peinture dessus ou de changer de pays, s’il te plaît. » Le ton se fait plus léger mais prouve l’absurdité de la situation. Ils en sont arrivés à de sacrées extrêmes. « Sinon on va être obligés de se retrouver à nouveau pour déjeuner, discuter, négocier… Personne ne veut ça. » Il était fatigué de lui courir après, elle n’avait certainement pas envie de voir son activité secondaire se faire descendre par son manager. « Je savais qu’on pourrait trouver un compromis. »

SUJET TERMINÉ

GASMASK

@Maddy Griffiths [/quote]

not a saint

Lord knows I've got habits to break. I'm really good at being good at goodbyes. I'm gonna give you fair warning that I'm not a saint, but I could be if I tried • sheepirl.

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