Tu sais pas pourquoi t’as décidé qu’il te fallait mettre des talons pour aller au bal de la Pride. Tu les as trouvé en faisant tes boîtes et tu les trouvais cutes. Ils sont colorés et tu te disais que ça irait bien avec ta robe et puis la thématique générale de la pride. T’as oublié à quel point c’est une torture après trois secondes et quart par contre et pire encore, t’as oublié de te prendre une paire de souliers de rechange pour le moment ou t’en pourrais absolument plus de ces saletés de talons. Dans ta gueule Galloway, souffre maintenant. Le bal de la Pride bat son plein, il y a des gens partout et si l’ambiance est à son maximum, t’as vraiment du mal à te concentrer sur autre chose que tes pieds qui te font souffrir le martyr. Ça doit bien faire plus d’une dizaine de minutes que tu as perdu la trace de Ginny qui est partie vous chercher des bières et tu commences sincèrement à croire que les chances que vos chemins se recroisent à nouveau sont plutôt limitées tant il y a des gens et que vous êtes sans doute les pires personnes à chercher dans une foule de part votre manque de grandeur.

Tant pis. T’avais dit que tu l’attendrais près des toilettes, mais là t’en peux vraiment plus d’être debout, et t’en peux vraiment plus de tous les gens qui te bousculent dans leur besoin urgent de se rendre dans les toilettes qui elles aussi semblent constamment bondées. Tu réussis de peine et de misère à te faire un chemin jusqu’au centre de la pièce, là ou il y a des dizaines de tables d’installer. Comme le reste de l’endroit, chaque table semble occupé à son maximum, mais tu en aperçois une à l’opposé de la pièce qui est vide et tu serais sans doute en train de courir pour te rendre si ce n’était pas des maudits talons qui te ralentissent considérablement dans ta quête. Il ne te reste que quelques mètres à parcourir lorsqu’un grand blond vient prendre place sur l’une des chaises et si normalement, tu ferais demi-tour, gênée de t’inclure à la table de quelqu’un que tu ne connais pas, cette fois-ci, tu ne peux te résoudre à abandonner la chaise vide qui semble crier ton nom. Tu arrives à la hauteur du blond et tu lui offres un sourire. « I’m sorry, do you mind if I sit there? » que tu lui demandes en pointant la chaise. Tu t’apprêtes à la tirer et à t’asseoir avant même qu’il ait répondu, mais en faisant un pas de plus, tu trébuches sur tu-sais-pas-quoi et voilà que tu t’étales devant lui comme une idiote. Plus jamais les talons.

(outfit) T’es venu accompagné mais ici tout le monde connait plein de monde. Tu te retrouves seul quelques instants et tu as senti plusieurs vibrations dans ta poche tout le long de la soirée. T’as jeté des coups d’oeil à ton téléphone et ce sont des notifications de l’oiseau. Maintenant que tu te retrouves seul pour une durée indéterminée, tu lis les messages dans leurs intégralité. Le sourire sur tes lèvres est si large. Tu aimes avoir un bout d’elle dans ta soirée même quand elle n’est pas là. Elle pense à toi et tu es en train de répondre à ses messages debout, en marchant vers nul part, ce qui n’est pas la meilleure idée. Y’a du monde et tu manques de rentrer dans quelqu’un. T’aimes moyen ce genre de contact foudroyant imprévu, alors tu arrêtes de mater ton tel, tu cherches un coin tranquille. Une table se libère sous tes yeux. T’es si grand qu’il te faut peu de pas pour l’atteindre et t’y installer. « I’m sorry, do you mind if I sit there? » Tu relèves la tête de ton téléphone, parce que oui, tu l’y avais déjà replongé en un temps record. « It’s cool you can sit. »

Et voilà que tu retournes toute ton attention sur ton téléphone le temps d’une minute. Tu réponds à l’oiseau avec des mots tout aussi dirty que les siens. Bien sûr que vous vous retrouvez après la soirée. Bien sûr que tu vas profiter de sa présence tant que t’es encore dans le coin. Tu te mords la lèvre inférieure alors que tu te donnes envie de bien des choses de par ce que tu relis sur ton écran. Elle n’est plus en ligne alors tu verrouilles ton téléphone, le gardant dans ta main, prêt à dégainer dès la première vibration. Tu regardes la meuf en face de toi. « You lost your friends too? » Y’a tellement de monde. « Or they lost you? » Car c’est peut être ça qui est plus correct en ce qui te concerne. T’as pris la première occasion pour t’éclipser mais eh, ton invité de la soirée a le droit d’aller parler avec des gens qu’il connait aussi longtemps qu’elle le désire. T’aimes avoir une fenêtre comme ça où tu peux faire ce que tu veux. T’aimes être seul, ou en tout cas, ne pas te frustrer sur des choses, comme lire et répondre aux messages de l’oiseau. T’as encore un sourire BIEN TROP large sur tes lèvres. Le bonheur irradie de ta personne.

Il est tellement absorbé par son téléphone qu’il remarque même pas que tu t’étales comme une crêpe devant lui pendant quelques secondes. Tant mieux. Tu te relèves maladroitement, mais il te regarde toujours pas, personne ne semble avoir remarqué ta chute gênante alors tu fais comme si de rien était alors que son regard se lève finalement de son téléphone pour croiser le tien. « It’s cool you can sit. » « Thanks. » Tu fais attention cette fois-ci quand tu fais un pas de plus, et puis tu lâches un soupir de soulagement quand tu t’assois enfin et que tu sens la pression sur tes pieds enfin soulagée. T’es tentée de les enlever et de les laisser derrière, mais c’est sans doute pas le truc le plus safe à faire dans un endroit ou le plancher est sans doute collant de toutes sortes de liquides qui ont coulé des différents verres qui se passent de mains en mains et puis t’es pas non plus particulièrement emballée à l’idée de rentrer chez toi pieds nus.

T’es encore en train de réfléchir à la meilleure solution – talons ou pas de talons? - quand la voix du blond s’élève à nouveau. « You lost your friends too? » Tu lèves les yeux vers lui et puis tu hoches doucement la tête. « Yeah, about half an hour ago. She was meant to get us drinks and come back but it looks like she disappeared. » Tu hausses doucement les épaules. Tu sais pas trop ce que tu devrais faire maintenant. Rester ou rentrer? T’as besoin d’une pause de toute façon, tes pieds souffrent déjà assez comme c’est là. « Or they lost you? » « I’m not sure she’ll be able to spot me. I’m not exactly tall. » que tu dis dans un rire parce que lui, il a l’air de faire deux fois ta grandeur et c’est à peine si t’exagères vraiment. « What about you? Where are your friends? » Tu assumes qu’il est pas venu ici tout seul, même s’il a pas trop l’air dérangé avec son nez dans son téléphone et le sourire qui s’en suit. « It’s the first time I ever go to a Pride event. » Tu sais pas trop pourquoi t’ajoutes ce détail. T’as pas ton téléphone pour te distraire comme lui, c’est Ginny qui l’a, dans son sac.

« Thanks. » T’apprécies toujours quand les gens sont polis de la sorte alors que tu leurs files une sorte de service parce que tu es comme ça aussi. Tu prêtes que peu d’attention à la rousse qui s’installe en face de toi mais à l’intérieur elle aura déjà droit à bien plus d’intérêt de ta part qu’une autre personne qui aurait pu prendre place en face de toi. « Yeah, about half an hour ago. She was meant to get us drinks and come back but it looks like she disappeared. » Ca te fait sourire. Elle doit être en train d’attendre son verre avec intérêt. Si elle n’est pas déjà au bar pour s’en prendre un de son côté, tu te dis qu’elle n’est pas tant porté que ça sur la boisson. Un autre bon point. « I’m not sure she’ll be able to spot me. I’m not exactly tall. » Tu n’as pas fait attention à ce détail à son propos. Tu étais trop occupé dans ton téléphone.

« What about you? Where are your friends? »
« Somewhere around here. »

Une réponse nulle c’est clair. « I kinda took advantage of them being busy with other people for a minute. » T’aimes la compagnie mais t’aimes aussi être seul un moment. Comme pour recharger tes batteries d’introverti. On dirait pas comme ça avec tout les gens que tu côtoies et soirées où tu te rends, mais t’es toujours la personne la plus heureuse quand tu es enfin de retour chez toi, dans ton cocon. Tu te le formes là avec les SMS de Birdie qui te font du bien et te font oublier tous les gens ici l’espace de quelques minutes.

« It’s the first time I ever go to a Pride event. » Tu reportes ton attention sur la rousse alors que tu a jeté un rapide coup d’oeil à l’écran de ton téléphone. Toujours pas de message. « Oh yeah? How do you like it so far? Is it how you pictured it? » Ton sourire toujours immense sur ton visage, vraiment Jordan t’es le bonheur incarnée là. La musique qui change et c’est Dancing Queen de Abba qui commence. Ta tête qui se balance de droite à gauche au rythme de cette musique que tu aimes bien trop. Ça n’aide en rien à atténué le sourire sur tes lèvres. On pourrait croire que t’es high là, mais nope. T’es totalement sobre. T’es le plus beau de tout le bal. I'm not.

« Somewhere around here. » C’est plutôt vague mais en même temps, il te doit pas de détails comme il ne doit pas connaître leur emplacement exact dans la grande salle. L’ambiance bat son plein, la musique est forte, ça se promène de partout, c’est exactement le genre d’endroit ou il est facile de perdre quelqu’un de vu si vous ne restez pas collé en permanence. Ça ne te dérange pas vraiment de te retrouver toute seule, tu profitais bien même avant que tes pieds ne te fassent souffrir le martyr. Tu sortais pas beaucoup, avant. Quand t’étais la fille en couple, et puis celle qui était fiancée. Tu t’es bien reprise depuis toutefois. Quand t’étais au Canada, tu sortais tous les weekends. Tu profitais autant que possible d’être loin de tout et de tout le monde. Tu faisais jaser avec ton strong aussie accent et ça semblait attirer autant les amies de filles que les garçons avec qui tu passais tes nuits pour oublier tout le reste. « I kinda took advantage of them being busy with other people for a minute. » Un autre regard pour son téléphone, tu comprends facilement que c’est pour un peu de temps avec son écran qu’il s’est éclipsé de son groupe. « I hope I’m not interrupting anything. » Tu sais pas à qui il parle ni ce qui se dit, mais ça a l’air vraiment drôle. Tu regrettes de pas avoir ton téléphone avec toi, même si clairement, t’as personne qu t’envoie des sms aussi joyeux en ce moment.

« Oh yeah? How do you like it so far? Is it how you pictured it? » « I never actually thought much about it to be honest. » Si tes parents te savaient ici, il y aurait sans doute beaucoup de panique dans les yeux de ta mère et de la désapprobation sur le visage de ton père. Ils sont vieux jeux, tes parents et bien franchement, homophobes. Sans doute parce que c’est ce qu’ils ont appris de leurs parents et de l’église et qu’ils ont jamais pris la peine de se remettre en question. « I really like it. There’s just so much joy around. » C’est vrai après tout. L’ambiance est folle, tout le monde danse, tout le monde cri, tout le monde a l’air de s’amuser et personne se prend la tête. Ça fait du bien à voir, toute cette inclusion et cette diversité. Tellement loin de ce que tu connais et du monde dans lequel t’as été élevé. « Just makes me wish I didn’t wait so long before checking it out. » que tu ajoutes avec un sourire.

« I hope I’m not interrupting anything. »  « Nah, she’s not replying. » Façon à toi de lui faire comprendre que quand elle répondra, tu auras de nouveau ton nez dans ton téléphone, mais c’est pas tout de suite. Tu ne lâches pas ton téléphone pour autant. T’y jettes quelques coups d’oeil ici et là. Comme si ton téléphone pourrait louper une vibration et qu’un message se glisse subtilement sans que tu ne le saches.

T’es du genre à être intéressé par les gens et leurs points de vu. Tu sautes sur l’occasion à demander si elle apprécie la soirée. Tu connais pas grand monde dans sa situation, ça te rend curieux. Tes cercles sont tellement ouvert et tolérant, tout le monde a au moins déjà une fois mis les pieds à la Pride ou un évènement qui s’y rapporte. « I never actually thought much about it to be honest. » Tu chantes en playback Dancing Queen parce que c’est la base. Tu écoutes la rousse en même temps. « I really like it. There’s just so much joy around. » Ton sourire qui se fait plus large. « Just makes me wish I didn’t wait so long before checking it out. » Ca t’intrigue de pourquoi elle ne l’a pas fait plus tôt. Toujours affublé de ton plus beau sourire sur ton visage, tu reprends la parole.

« It’s cool you’re having a good time. How come you didn’t have any occasion before? You look like a nice person it would be the biggest plot twist if you’re actually a hater. But it is true we should never judge a book by its cover. » Parce que peut être qu’elle est homophobe deep down et qu’elle juge tout le monde avant de se rendre compte que c’est plutôt cool dans le coin. Birdie peut avoir l’air de la plus douce des personnes quand on la voit comme ça, alors que god damn c’est quelqu’un de super wild. But she’s no haters. Ou juste pour les gens qui le mérite à son avis à elle. « I’m Jordan by the way. » Que tu lances comme ça. Une partie de toi se dit que tu n’as sûrement pas besoin que tu lui précises tes pronoms ni même de lui demander les siens car elle a l’air newbie dans ce monde. Tu juges clairement sans savoir et de toute façon, tu n’as pas besoin d’utiliser de pronoms pour la qualifier pour l’instant. Et toi, tu n’as aucun soucis avec tous les pronoms, il n’y aura pas de problèmes de ce côté là. T’es du genre à juste vouloir vivre ta vie sans déranger personne. T’as vraiment beaucoup de chance de te sentir à l’aise avec toutes appellations à ton égard. Tu sais que ce n’est pas le cas pour tout le monde et tu penses bien évidemment à Trent et Libby.

« Nah, she’s not replying. »
« She looks like a lot of fun. »

T’as pas pu t’empêcher de faire un commentaire. I mean, c’est si obvious à la manière dont il regarde constamment son téléphone et ce sourire qui est accroché à ses lèvres depuis que tu t’es approchée de sa table. T’en oublies tes pieds qui te font mal assez rapidement, tu te concentres plutôt sur tout ce qui se passe autour et puis d’un œil distrait, tu regardes parfois vers le bar, juste au cas ou tu pourrais y apercevoir Ginny, mais elle semble pas là. T’as aucune idée de l’endroit ou elle est partie et pire encore, tu peux même pas essayer de la joindre parce que c’est elle qui a ton téléphone. C’est elle qui a tes clés pour rentrer chez ton frère aussi, en espérant qu’il soit encore debout quand tu vas rentrer sinon t’es bien dans la merde. Mais ça, c’est un problème pour plus tard.

Le blond chante sur du ABBA et ça te fait rire. Il a l’air de se foutre de tout et de tout le monde, ça le dérange pas de chanter entre deux questions et deux réponses de ta part. Tu trouves ça libérateur quelque part, de te trouver face à quelqu’un qui semble avoir no care in the world sur la façon dont les autres le regarde. Tu admires autant que tu envies ça. C’est un goal à atteindre selon toi, de trouver cette paix-là. T’es pas là du tout, mais tu y travailles. Doucement, en thérapie et dans les situations de la vie aussi. Comme celle-ci dans toute sa nouveauté et sa simplicité. « It’s cool you’re having a good time. How come you didn’t have any occasion before? You look like a nice person it would be the biggest plot twist if you’re actually a hater. But it is true we should never judge a book by its cover. » « I’m not a hater! » que tu t’empresses de répondre, parce que tu voudrais vraiment pas qu’il te regarde bizarre, ni que des gens autour entendent ça et s’imaginent que t’es là pour faire des problèmes. « But to be honest, I’m not sure my parents would approve of me being here. They are pretty old school. » Traduction pour dire que eux, ils sont un peu haters dans leur façon d’être et de penser. Mais pas toi. Ça fait longtemps déjà que tu sors du moule de ce qu’ils attendaient de toi en vieillissant, et même si t’es complètement hétéro, tu veux croire que tu peux être une alliée, ou du moins pas une ennemie de la cause. « I come from a very religious family. » que tu enchaînes, comme une explication qui est un brin outdated à tes yeux. Tu ne sais pas trop ou tu te situes par rapport à tes propres croyances et tu réalises que tu glisses sur un terrain potentiellement miné. « I’m Jordan by the way. » « I’m Autumn. It’s very nice to meet you. » Tu profites de ce moment pour changer légèrement la direction de la conversation. « Are you from Brisbane? » Tu préfères encore en apprendre plus sur lui, juste pour faire la conversation, que de parler plus longuement de tes parents et de leurs jugements arriérés.

« She looks like a lot of fun. » « She is. » Elle t’expose. Bien sûr que ça se voit sur ton visage que t’es de très bonne humeur et bien sûr qu’elle n’a pas loupé ton nez dans ton téléphone bien trop régulièrement. Ca te fait sourire un peu plus et tu ne peux pas t’empêcher de confirmer avec des mots en plus de tes airs, que oui, ton oiseau est énormément de fun.

« I’m not a hater! » Tu l’as bien fait réagir avec tes mots, tu te dis que c’est bon signe. Tu sais pas trop. Les gens sont tellement surprenant parfois. T’as aucune opinion à son propos, elle a l’air d’une sainte, mais peut être que c’est celle qui a eu le plus de pussies du bal. « But to be honest, I’m not sure my parents would approve of me being here. They are pretty old school. » Ca confirme ton idée que peut être deep down elle a énormément de préjugés. « I come from a very religious family. » Can’t relate. Apparemment ça l’excuse, t’es pas sûr comment tu dois prendre cette réponse et la vérité c’est que tu n’en fais pas état plus que ça. « Does it mean your family are haters? » Mais t’es quand même un petit con qui met les pieds dans le plat en plaisantant. Car oui, tu sais rire de sujets plutôt limites. Tu es de bien trop bonne humeur pour lancer un fight avec une parfaite inconnue. Si tu as vu juste, elle n’est sûrement pas comme sa famille puisqu’elle est ici.

L’important c’est surtout que… « I’m Autumn. It’s very nice to meet you. » L’important c’est que Autumn ne soit pas sous tes yeux à éparpiller de la haine. Ce serait la chose la plus stupide à faire en ces lieux, mais encore une fois, les gens sont souvent surprenant. « Are you from Brisbane? » Tu hoches la tête, la miss Autumn qui est doucement monté dans ton estime car elle n’a pas cherché à te serrer la main ou quoi suite à ces présentations spontanées. « I am. » T’es pas du genre à sortir le born and raised car ta naissance n’a pas été un cadeau et tu t’es élevé tout seul. « Should I assume you’re not? What brings you here tonight? Did you win tickets and had nothing better to do? » Tu es déjà en train de te faire les films qu’il a fallut pas mal de push du destin pour qu’elle se retrouve entre ces murs alors que ce n’est pas son habitude.

« She is. »

Ça te fait sourire. Tu voudrais bien savoir ce qu’elle peut lui dire d’aussi drôle, mais ce n’est pas de tes affaires et puis, c’est presque plus drôle d’essayer d’imaginer ce qu’elle peut bien lui envoyer. Peut-être que c’est des memes ridicules. Peut-être que c’est des idées de trucs complètement débiles à faire. Peut-être que c’est des sextos aussi. Tu pouffes de rire toute seule juste à te l’imaginer, peut-être que t’as un peu trop bu déjà mais tant que les pensées restent dans ta tête et ne franchissent pas la barrière de tes lèvres, everything is fair game.

Ou du moins, c’était le cas jusqu’à ce que la conversation dérape légèrement et que tu te retrouves à défendre le fait que t’es pas venue ici dans l’idée d’étaler de la haine envers les gens qui font partie de la communauté LGBTQA+ Au contraire, t’es fascinée par cet univers duquel tes parents t’ont toujours gardé trop éloigné et cette soirée, c’est un peu une chance pour toi de découvrir qu’il n’y a pas grand différence entre eux et toi. Une chance pour toi de réaliser que tes parents sont pleins de préjugés et que le monde ne se résume pas seulement à ce qu’ils ont pu vouloir vous inculquez à ton frère et toi. « Does it mean your family are haters? » Il pose la question avec une telle facilité et pratiquement un rire dans la vie, ça te déstabilise un peu tu dois bien l’avouer. Et dans un esprit de transparence total, tu ne peux que répondre « Yeah, I guess they are. » tout en haussant les épaules. Ce n’est pas avec fierté que tu l’admets, mais tu espères que ça montre que t’es là avec toute ta bonne foi et ton envie de te défaire de préjugés qui t’ont été transmis malgré toi. « I’ll do my best to educate them. » C’est sans doute peine perdue, mais ça te permet de sourire et d’essayer encore un peu de lever le voile sur un malaise que tu sembles être la seule à percevoir de toute façon.

« I am. »
« Do you like it here? »

T’es toujours curieuse de savoir comment les gens se sentent par rapport à cette ville. Tu n’es pas née ici, tu n’as vécu ici que de manière temporaire, pendant quelques années à peine, mais tu sembles toujours ramenée dans les environs pour une raison ou une autre. « Should I assume you’re not? What brings you here tonight? Did you win tickets and had nothing better to do? » Beaucoup de questions. Il y a toutes les réponses qui te viennent en tête les unes après les autres, mais tu prends le temps de répondre point par point. « I’m not. I’m from Toowomba. It’s a small town about 90 minutes from here. » C’est la campagne, vraiment. « Have you ever heard of it? » Sûrement pas. Il n’y a pas grand-chose dans le village, c’est très rural comme endroit et ça n’a rien de grandiose ni de flamboyant, à l’opposé même de cette soirée. « I’m here because a friend invited me. I need to get out more apparently. » C’est ce qu’elle a dit. Peut-être parce que depuis que vous habitez ensemble, elle voit que tes nuits sont faites d’insomnies et de pensées obsessives. Oups. « I’m not too sure how she got tickets though. » que tu admets dans un rire. « Why are you here? » To celebrate you idiot. Oui, mais encore?

Au moins ta question la fait rire. Mieux ça qu’elle fasse la meuf outrée et s’énerve d’un coup faisant éventuellement un volt face de la demoiselle sainte à la pire des dragons. « Yeah, I guess they are. » Tu ne t’attendais pas à cette réponse et son honnêteté fait qu’elle gravit une marche de plus dans les escaliers de ton estime.

« I’ll do my best to educate them. »
« Not giving up on them. Can’t relate. It’s very honorable of you. »

Tu ne serais pas faire ça. Ton père est un hater et tu ne sais pas s’il a des choses contre les personnes LGBT mais il en a contre toi et tu fais parti de ces gens là. Donc en conclusion, y’a une partie qui fait de lui un haters de la communauté de toute manière. Le petit - can’t relate - que t’as glissé pour qu’elle comprenne que toi et ta famille, c’est pas ça. Y’a des différents qui sont bien trop différents et t’es un petit peu dans le même panier qu’elle à ce niveau là, sauf qu’elle leur parle toujours. Sûrement que quand y’a de l’amour et des bons souvenirs au milieu ça aide à ne pas lâcher l’affaire quant à leur cas.

« Do you like it here? »
« Yeah it’s alright. Don’t you like it? »

Tu supposes qu’elle n’aime pas trop l’endroit pour qu’elle te pose une question pareille d’entrée de jeu. Tu ne comptes pas t’étendre sur pourquoi tu aimes cette ville. C’est bien trop d’informations à ton propos. « I’m not. I’m from Toowomba. It’s a small town about 90 minutes from here. » Tu hoches la tête.

« Have you ever heard of it? »
« Yeah I think I even passed through it once. »

Car tu as fait bien des tournées avec Northlane en tant que roadie. Mais t’étais surtout là pour t’amuser avec tes amis. « I’m here because a friend invited me. I need to get out more apparently. » Tu continues d’apprécier qu’elle réponde à tes questions malgré que toi à sa place tu te serais saoulé d’autant d’interrogation d’un parfait inconnu. « I’m not too sure how she got tickets though. » Tu te dis que si elle a des amis qui ont des tickets pour le Queen’s Ball c’est que c’est des gens bien.

« Why are you here? »
« It’s probably one of the best night out of the year. Can’t really miss it. »

Tu te sens bien ici mais t’as pas non plus envie d’entrer dans les détails. Elle va bien le comprendre toute seule que toi comparé à elle, tu te sens totalement à ta place entre ces murs, avec toutes ces personnes. « I hope you’re having a good time. » Car ça serait nul qu’elle ait un mauvais souvenir de cette soirée. Ça serait aussi nul que tu lui aies donné ton vrai prénom quand d’habitude aux relou tu files un pseudonyme bien à ton goût : Romeo.« Are you single and ready to mingle ? » Que tu ajoutes comme un cheveux sur la soupe. Tu es totalement en train de demander implicitement si elle compter goûter à autre chose qu’à un homme ce soir. D’après tout ce qu’elle t’a dit, tu la penses forcément qu’elle est hétéro. Ou qu’elle croit l’être en tout cas. « This is not an awkward move I’m doing on you. I’m very content on that horizon lately. » Si elle avait été doté d’un penis ton discours aurait éventuellement été différent - for fun - mais de ce que tu vois et sais d’elle, ce n’est pas son cas.

« Not giving up on them. Can’t relate. It’s very honorable of you. »
« Family issues? »

Il te pose pleins de questions, tu dois bien avoir le droit d’en poser en retour, non? Au pire, il évitera d’y répondre. Au pire du pire cela signera la fin de cette discussion improvisée. Mais t’as l’impression que ce ne sera pas le cas. Tu ne pourrais exactement dire pourquoi, mais il te donne une bonne vibe, le grand blond qui ne se prend pas trop au sérieux. « Yeah it’s alright. Don’t you like it? » Tu hausses doucement les épaules. Ce n’est pas que tu détestes Brisbane, au contraire. Tu te souviens encore de l’émerveillement que tu as ressenti quand tu es arrivée en ville la première fois. Tu n’avais jamais vécu dans une grande ville comme Brisbane avant, tu n’avais connu que le calme et la routine d’un village et de te retrouver au milieu d’un univers qui semblait allait à toute vitesse à tout heure du jour et de la nuit t’impressionnait bien plus que tu ne l’avais laissé savoir à l’époque. Pourtant aujourd’hui, Brisbane est seulement cet endroit ou les souvenirs sont lourds et ou les coins de rues sont remplis de lui qui ne quitte jamais complètement tes pensées et tu ne peux t’empêcher de remettre sans cesse en doute ton idée de revenir t’installer ici. « I don’t know. I mean, I don’t hate it. It’s a good city I guess. » C’est vague et clairement étrange comme réponse, t’en es consciente mais peu importe.

« Yeah I think I even passed through it once. »
« There’s not much to see or do there compared to here. » que tu admets en riant.

C’est vrai que Toowomba, c’est bien fade à côté de Brisbane. Surtout si tu compares ce party en particulier avec les quelques soirées que tu as pu avoir avec des gens du village. Ça ne se compare même pas pour être bien honnête. « It’s probably one of the best night out of the year. Can’t really miss it. » « That amazing huh? » Ton regard se perd une fois de plus sur les gens qui continuent de danser et de boire autour de vous. C’est vrai que niveau ambiance, t’as rarement vu plus festif. Ça fait du bien, ça te plaît bien plus que tu n’aurais pu te l’imaginer. « I hope you’re having a good time. » « I am. Even better once my feet stop hurting. » que tu rajoutes en riant. T’es vraiment tentée de perdre tes talons une bonne fois pour toute, mais c’est sans doute pas la meilleure des idées. « Are you single and ready to mingle? » La question te surprend et ça doit se voir sur ton visage car Jordan enchaîne rapidement. « This is not an awkward move I’m doing on you. I’m very content on that horizon lately. » Tu échappes un rire aussi soulagé que nerveux alors que tu sens le rouge te monté aux joues. Elle est ou Ginny avec ce drink, ça t’occuperait bien les doigts et pourrait même un bon prétexte pour tes joues colorées. Tant pis. « I’m single but I’m not sure I’d be anyone’s type. » Parce que les hommes ici sont sans doute pour la plupart intéressés par des hommes et que tu peines à imaginer qu’une fille puisse flasher sur toi. « I’ll admit some of the girls I’ve seen tonight are pretty cute. » Et part cute, tu veux vraiment dire hot mais t’es bien trop gênée pour l’admettre. Et puis, c’est pas parce que tu trouves une fille de ton goût que tu oserais quoique ce soit, pas vrai?

« Family issues? » Tu hoches la tête en laissant filer un rire car le terme est très faible à ton avis. T’as clairement pas envie d’aller de ce côté là mais ton air aura bien fait comprendre à ton avis. « I don’t know. I mean, I don’t hate it. It’s a good city I guess. » Tu peux pas la blâmer d’être mitigé de la sorte. Tu vois tout à fait ce qu’elle veut dire. Si tu restes ici toi, c’est parce que tu as ta maison et les Mendez. Tu avais une girlfriend dans le coma et tu ne t’imaginais pas partir dans une autre ville alors qu’elle pourrait se réveiller éventuellement. L’ironie c’est que tu étais à Melbourne quand elle s’est réveillé. Mais deux heures de trajet pour revenir à la maison en urgence, c’est encore facile. « There’s not much to see or do there compared to here. » Au moins elle voit quand même des trucs positif à Brisbane. Elle est mieux là que dans sa petite ville.

« That amazing huh? »
« Absolutely. Don’t you feel it? »

Que tu dis de manière réthorique plus qu’autre chose. Tu n’accepteras pas d’autres réponse de toute façon. « I am. Even better once my feet stop hurting. » Elle n’a pas choisi le bon outfit. Elle a dû croire que c’était une soirée où tu restes assis à ta table. Nope. Elle rougit suite à ta phrase un poil envahissante, mais t’as bien envie de la déranger la miss. La secouer dans ses habitudes. Elle est sur ton territoire si tu peux dire ça. Si tu peux lui faire découvrir des choses et ouvrir son esprit un peu plus, ce sera ça de gagner. « I’m single but I’m not sure I’d be anyone’s type. » Ah. « I’ll admit some of the girls I’ve seen tonight are pretty cute. » Elle n’a pas l’air si fermé que ça quand tu vois son air suite à ces mots là.

« And you didn’t see my girl. She’s the hottest. Well. If you don’t count Dua Lipa and Halsey. But these are more like a fantasy than anything else… » Ton téléphone qui vibre dans tes mains et ton sourire se fait plus large car c’est un nude que tu reçois de la part de ton oiseau. Nah she’s definitely the hottest. Que tu penses alors que tu mates sans gêne. « I’ve got to go. Enjoy the evening. » Parce que tu as bien envie de lui rendre la pareille à ta miss Cadburry. Tu cherches la direction des toilettes des yeux. Tu es là pour t’amuser et tu vas profiter de cette soirée à fond et au delà. T’es pas raisonnable et t’en as rien à faire. C’est bien ça le plus fun et surtout sans alcool, c’est un point non négligeable.