The Great Pretender
Megan Monroe & @Shiloh Atkins

Shiloh ne sera pas difficile à convaincre, c’est forte de cette conviction que je prends le chemin de l’appartement en fin de journée. Je lui ai envoyé un message en début d'après-midi pour lui dire que j’avais une grande nouvelle à lui annoncer, aujourd’hui je vais le faire : je vais lui dire que je suis fiancée et que j’épouserai Damon au printemps. Elle sera surprise sans aucun doute, après tout, elle n’avait pas la moindre idée que je fréquentais quelqu’un jusqu’à il y a quelques semaines et elle ne l’a encore jamais rencontré, mais elle est trop romantique pour ne pas être émerveillée et attendrie par cette histoire de coup de foudre et de [i]certitude de vouloir passer notre vie l’un auprès de l’autre.

Là où j’ai plus peur de sa réaction, c’est concernant mes cachotteries. J’ai beau projeter de lui expliquer qu’elle traversait une périodes trop compliquée pour que j’étale mon bonheur, il n’en reste pas moins vrai que s’il y a bien quelqu’un qui sait tout de moi c’est ma colocataire et j’ai peur de l’avoir vexée d’une quelconque manière. Elle n’est pas capable d’en vouloir longtemps à qui que ce soit et c’est bien ce qui me rassure : si je me fiche de l’avis des autres, celui de la blonde compte pour moi plus que je ne l’admettrai jamais.

Depuis cette soirée, celle où je l’ai laissée dormir avec moi comme si elle était ma petite sœur réveillée en pleine nuit comme un cauchemar, je la sens à fleur de peau. Je la sens en proie à ses démons et je me maudis de ne rien pouvoir faire pour l’aider : elle refuse toute intervention de ma part. Oh, bien sûr, cela ne m’a pas empêché de commencer à creuser la vie privée de son ex et même de s’approcher de sa meilleure amie, mais cela ne calme en rien la détresse de mon amie. Un mariage à préparer et à célébrer, n’est-ce pas une bonne chose finalement ? Elle sera mon témoin, je ne laisserai pas à Saül Williams la possibilité de m’imposer quelqu’un d’autre et, de toute façon, il ne devrait pas s’opposer à mon choix : elle respire la douceur et l'innocence Shiloh, tout ce que je ne suis pas.

Armée des meilleures armes pour désamorcer un quelconque conflit avec la jeune femme - un pack dégustation de chez Ben & Jerrys - je monde deux par deux les marches jusqu’au quatrième étage en pestant une fois de plus contre l’ascenseur qui ne sera jamais réparé. Lorsque je pousse la porte de l’appartement, je réalise comme à chaque fois depuis quelques temps que je vais bientôt devoir déménager pour habiter avec un homme que je ne connais pas, dans un monde auquel je n’appartiens pas et je chasse ces pensées négatives pour ne me concentrer que sur l’annonce que j’ai à faire. « Shiloh, t’es rentrée ? » Je dépose mes clés sur le meuble de l’entrée avant de retirer mes chaussures et de pénétrer un peu plus dans l’appartement. Sa douce frimousse apparaît à l’angle du couloir qui mène aux chambres et je lui rends son sourire : elle doit être excitée comme une puce de savoir ce que j’ai à lui annoncer. « Oui oui je sais : désolée d’avoir été mystérieuse dans mes messages, je voulais te dire ce que j’ai à te dire en face à face. » Je ne laisse pas planer de doute sur la nature de la nouvelle : j’arbore un grand sourire et j’exulte de joie, un sentiment que j’ai appris à feindre depuis longtemps maintenant. « J’espère que la nouvelle va te faire plaisir... » Alors qu’elle me rejoint, je dépose le sac en plastique contenant les glaces avant de m’y accouder. « Je vais déménager, bientôt. » Un sourire énigmatique étire mes lèvres et, avant qu’elle ne se lamente de me voir quitter notre nid, j’ajoute. « Parce que je suis fiancée à Damon. Il m’a demandée en mariage il y a quelques semaines déjà, et j’ai dit oui. » La bombe est lâchée, je ne peux plus opérer de marche arrière à présent.

Complètement absorbé dans mes propres problèmes, enfermer dans ma bulle protectrice à essayer de tenir Lawrence à l’écart de mes pensées, je n’ai pas de suite repéré que quelque chose avait changé dans le comportement de ma colocataire. Les absences répétées de Megan n’avaient rien d’un indice en soit, tant elle a toujours été un électron libre voguant par monts et par vaux. Le post Instagram en revanche relevait d’un tout autre niveau quand jamais elle n’avait affiché une quelconque romance, encore moins avec une captation aussi niaise. La Megan que je connais, ma meilleure amie depuis bien des années, ne vire jamais dans le romantisme, vomis sur les rom com et passe son temps à scroller les réseaux sociaux pour se moquer ouvertement des couples qui, justement, poste ce genre de photos tout droit tirer du monde des bisounours. Selon moi, quelque chose cloche. Selon les messages, textes de la photographe, le garçon semblent bel et bien réels et dans sa vie depuis quelque temps. À tout avouer, je n’ai jamais été aussi pressé qu’elle rentre à l’appartement.

J’ai bien tenté de m’occuper en attendant le retour de la blonde, mais à la quatrième aiguille qui me rentre dans le pouce, je décide d’abandonner l’activité du moment. Ce serait bien trop idiot de laisser une goutte de sang sur ma dernière création. Voilà que je grappille quelques minutes d’occupation en rangeant mon matériel avant de faire un léger inventaire de ce qui pourrait bien me manquer dans les prochains jours. Mes pensées se mélangent entre tissu bleu et l’envie de retourner fouiner sur l’Instagram de Megan. La photographie du garçon est toujours là, dans une pose nonchalante, il semble apprécier le sol de fin de journée. Il a l’air mignon. Je vois qu’il a commenté et tente d’accéder à son compte personnel, mais je bute sur une page m’annonçant un compte privé. Tant pis. Continuant à m’activer, je retrace toutes les choses que Megan a bien pu me raconter dernièrement. Les informations sont maigres tant, je n’ai pas été de la meilleure des compagnies, perdue entre mon envie de disparaître de la surface de la Terre et cette petite voix – qui ressemble étrangement à celle de ma colocataire – qui me rappelle que je dois me battre tout en gardant la tête haute.

« Shiloh, t’es rentrée ? » A trop tergiversé, à trop vouloir comprendre avant l’heure, je me suis perdu dans un monde d’à côté, sursautant à la voix de mon amie. Trop presser d’entendre son annonce, je me lève bien trop précipitamment, manquant d’aller m’éclater le visage contre la porte de ma chambre. « Je suis là ! » Par politesse, je n’arrive pas en courant, mais presque. Megan a un léger sourire aux lèvres et surtout un sachet empli de glaces entre les mains. Est-ce que je dois commencer à m’inquiéter ? « Oui oui je sais : désolée d’avoir été mystérieuse dans mes messages, je voulais te dire ce que j’ai à te dire en face à face. » Mes sourcils se froncent alors qu’elle sonne bien trop solennelle pour me parler de son dernier flirt du moment. « Tu me fais peur. » On n'annonce jamais vraiment rien de bon en face à face, c’est toujours trop important, c’est toujours avec des conséquences. Me voilà à devenir nerveuse face à la jeune femme qui elle semble bien trop radieuse. « J’espère que la nouvelle va te faire plaisir... » Je me balance sur mes pieds sans jamais lâcher son regard alors qu’elle semble chercher ses mots un instant. Quoiqu’il arrive, je sais pertinemment que je serais heureuse pour elle. Enfin… Je crois ? « Je vais déménager, bientôt. » Son sourire s’agrandit à la vitesse ou le mien perd de son éclat. « Quoi ? » J’ai bien du mal à comprendre ce qui pourrait me faire plaisir dans cette révélation. C’est que je me suis habituée à notre colocation, c’est que j’ai développé ce besoin de la savoir non loin, toujours prête à me rattraper lorsque je pourrais flancher. Et voilà qu’elle pense à s’en aller. Perdue, je tente de lui sourire malgré tout, elle semble si heureuse. « Parce que je suis fiancée à Damon. Il m’a demandée en mariage il y a quelques semaines déjà, et j’ai dit oui. » - « Quoi ?! » Me voilà à caqueter comme un canard monosyllabique. Les informations sont trop nombreuses à la fois. Il y a les fiançailles, le prénom du beau blond et la notion de temps qui se mélange. « Félicitations ? » Je ne sais plus vraiment sur quel pied danser. C’est le moment où je dois sauter de joie en pleurant ? Est-ce que je dois lui hurler de me montrer la bague ? Ce serait le scénario idéal, mais il y a bien des choses qui s’embrouillent quand tout s’additionne enfin. « Quelques semaines vraiment ? » Pourquoi je n’ai rien vu ? Pourquoi elle ne m’a rien dit ? T’es bien trop égoïste Shiloh, regardes comme elle est excitée de te l’annoncer. La contradiction s’empare de moi alors que je ressens comme une trahison de ne pas avoir été la première à savoir et lorsque je réalise à quel point mon cheminement de pensée ne fait de moi qu’une mauvaise amie. Il y a cette voix qui me rappelle que je ne dois pas penser à moi, que je dois me concentrer sur le visage radieux de mon amie. Arrête d’être stupide. « Non, non, attends. » Je soupire un peu, passe une main sur mon visage et colle un sourire sur mes lèvres. « On reprend depuis le début-là. » Ce sera bien mieux. « Tu l’a connu où ? Il a mis un genou à terre ? T’as dit oui tout de suite ? Elle est où la bague ? » Je vais avoir besoin de bien plus de détails, le temps de comprendre.

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Megan Monroe & @Shiloh Atkins

Je m’attendais à la trouver survoltée ou excitée, je m’attendais à la trouver inquiète ou fébrile, je m’attendais en tout cas à une réaction vive de la part de ma colocataire et meilleure amie et je ne suis pas déçue. Sa curiosité cohabite avec son appréhension sur son doux visage, et je ne fais pas durer le supplice plus longtemps : je me jette à l’eau, consciente que ce que j’ai à lui dire sera une surprise pour elle, consciente que je vais devoir enfiler mon plus beau costume d’actrice : je suis à l’aise à l’idée de mentir et de prétendre, mais je n’avais que rarement eu à le faire avec la blonde. La seule part de mon existence que je garde secrète, même pour elle, c’est l’existence de Cameron et j’aurais préféré ne pas devoir lui mentir à nouveau. « Tu me fais peur. » - « T’as pas à avoir peur. C’est une bonne nouvelle. Ça va changer nos petites habitudes c’est sûr mais... » Et je passe aux aveux. Je parre mon visage d’un beau sourire quand j’annonce mes fiançailles et, comme convenu, elle semble tomber des nues et cela n’a rien de surprenant : je ne lui ai jamais présenté de petit ami sérieux jusque là et voilà que je lui annonce que je vais me marier. « Félicitations ? » - « Je suis certaine que t’as toujours pensé que tu serais la première de nous deux. » Persuadée qu’un peu d’humour aide à faire passer n’importe quelle pilule, je tente quelque chose et je plisse mes lèvres en un sourire mi sincère - mi grimace.

« Quelques semaines vraiment ? » - « Quelques semaines oui. Mais je voulais garder la nouvelle pour moi, rester sur mon petit nuage et puis... » Cette fois-ci, c’est une vraie grimace que j’esquisse. « Je me suis dit que c’était pas le moment pour toi. » J’ai honte de me servir de ses propres douleurs pour donner du corps à mon mensonge mais c’est la meilleure des excuses que je puisse trouver : j’ai gardé ça secret à cause de sa souffrance, à cause de Lawrence et tout ce qu’elle avait à gérer de son côté. Un jour, peut-être qu’elle connaîtra la vérité. Un jour, peut-être qu’elle me pardonnera, même si elle n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait. Je l’espère de tout cœur en tout cas. « Non, non, attends. » Doucement, je pose une main sur son épaule pour l’aider à se calmer et remettre de l’ordre dans ses idées. De toute les personnes que je côtoie, Shiloh est à la fois celle à laquelle je tiens le plus et la plus sensible : un cocktail explosif qui génère toujours beaucoup d’angoisse chez moi, lorsqu’il s’agit d’elle et de son bien être. « Tu l’a connu où ? Il a mis un genou à terre ? T’as dit oui tout de suite ? Elle est où la bague ? » - « Ah on y vient. » Mon sourire s’agrandit et, sans la moindre trace d’hésitation, je lui tends ma main gauche. J’ai enfilé la bague ce matin en partant de l’appartement, comme une promesse faite à moi même, comme un gage du fait que j’allais lui en parler. L’imposant bijou ne quittera plus mon annulaire à présent, autant que je m’y fasse rapidement. « Son père est CEO d’une boîte de joailliers, ou un truc du genre. » Je réponds aux quelques qu’elle me posera forcément quand elle réalisera que cette bague vaut une fortune. « Oui. Et un discours magnifique. » Mes yeux semblent briller de bonheur et d’émotion : je suis devenue douée dans l’art des faux semblants. « Je l’ai rencontré en janvier, dans une soirée. Je sais que tu vas me dire que c’est tôt, mais je suis sûre de moi. » Sûre que c’est lui, sûre que je veux vieillir à ses côtés, sûre d’avoir trouvé ma moitié, je sais que la blonde sera sensible à ce genre de choses, en tout cas.

« T’as pas à avoir peur. C’est une bonne nouvelle. Ça va changer nos petites habitudes, c’est sûr mais... » Il est juste là, le mot qui me terrorise, il tient à rien, dans ce tout petit "mais" qu’elle laisse flotter en suspense entre nous. Il renferme bien trop de scénarios possibles ce mot de rien du tout. Des cascades en répercussions de l’absence de sa présence à mes côtés, jusqu’à un changement dramatique qui ne ferait que chambouler à nouveau ce quotidien auquel je me raccroche telle à une bouée de sauvetage depuis mon retour en ville. Il renferme bien trop d’éléments qui m’effraye, ce petit mais sans que jamais il ne laisse entrevoir l’image qu’elle commence à me dépeindre. Une rencontre, un coup de foudre visiblement et soudainement une demande en mariage qui entraînera son déménagement et quoi d’autre encore ? Je reste bouche bée incapable d’aligner des mots intelligibles quand je me demande où a bien pu passer la fille que je pensais connaître. Quelque chose sonne différent, presque indicible dans les propos qu’elle avance, malgré son sourire, malgré l’étincelle qui fait briller ses yeux d’une tout autre manière. Me voilà partagé entre une avalanche de bonheur pour la photographe et une vague d’angoisse qui m’attrape par la gorge à l’idée de bousculer tout mon quotidien aussi rapidement. Je n’ai jamais eu autant peur de l’abandon quand les pensées se bousculent cherchant à m’entraîner dans le fond.

Malgré tout, je ne peux nier le rayonnement qui s’échappe de Megan, elle semble vibrer sur haute fréquence alors qu’elle retient de bondir dans tous les sens. Ma meilleure amie va se marier et je m’empresse de la félicité même si tout paraît bancal et un brin désordonné. « Je suis certaine que t’as toujours pensé que tu serais la première de nous deux. » Un léger rire m’échappe alors que je hoche la tête dans un signe d’approbation discret. « Je me retiens de me pincer. » que j’ajoute sans me défaire de mon sourire cherchant à plaisanter à ses côtés quand je n’ai, en réalité, jamais été aussi proche de m’assurer que je n’étais pas en train de rêver. Lentement, ses paroles s’additionnent donnant un sens différent à l’annonce qui vient d’arriver. Elle me l’avait caché et je ne sais trop comment l’interpréter. « Quelques semaines oui. Mais je voulais garder la nouvelle pour moi, rester sur mon petit nuage et puis... Je me suis dit que c’était pas le moment pour toi. » Tu ne fais que te plaindre Shiloh, tellement qu’elle n’a pas voulu t’annoncer sa grande nouvelle. Tout me frappe de plein fouet sans que je ne sache réellement le cacher, alors que mon sourire disparaît et que je cherche à croiser son regard. Dans la seconde, je vois à quel point elle semble gêner. Megan n’est pas du genre à s’embarrasser des émotions des autres, mais elle c’était soucier de moi et comment pourrais-je lui en vouloir ? Ma réaction semble bien disproportionner quand elle a tenté de penser à tout le monde dans son processus.

Alors, je tente de me rattraper. Alors, je veux comprendre tout ce qu’elle avait voulu garder comme un précieux secret avant de me le livrer. C’est qu’il doit être véritablement spécial ce fameux garçon. « Ah on y vient. » Nos rires se mêlent quelque peu alors que je me rapproche de la jeune femme pour mieux entendre toute l’histoire dans son intégralité. Les questions pleuvent sans que je ne le contrôle vraiment, j’ai besoin de savoir désormais. Dans un sourire, elle me présente sa main gauche où brille un diamant assez conséquent. « Holy shit. » Je ne sais retenir l’expression de surprise alors que je tire sa main vers moi pour venir coller mon nez à la bague. « Son père est CEO d’une boîte de joailliers, ou un truc du genre. » Un truc du genre ? C’est qu’il doit être le meilleur du coin à en juger la beauté qui trône désormais à son annulaire. « Il est riche ? » Autant se délecter de tous les potins, non ?! Elle me parle d’un discours qui semble l’avoir énormément touché et je relève les yeux vers ma meilleure amie. Elle est tombée pour un bijou et un beau discours ? J’ai un peu du mal à le croire et en retenant un rire, je viens poser le dos de ma main sur son front. « Non, je voulais juste checker si t’avais pas un peu de fièvre. » Je connais beaucoup de Megan, mais celle amoureuse avec les yeux en cœur, je crois que c’est une inédite. Vraiment très inédite. « Je l’ai rencontré en janvier, dans une soirée. Je sais que tu vas me dire que c’est tôt, mais je suis sûre de moi. » Le début de leur histoire me rappelle étrangement le commencement de la mienne avec Lawrence et sans que je puisse l’expliquer, c’est un véritable frisson qui s’empare de moi. « Il s’appelle comment ? » En rien, je ne veux ruiner le moment, mais soudainement, j’ai peur pour elle, alors que Megan est bien loin d’être aussi naïve que moi. « Tu es sûre que tu le connais assez ? » C’est plus fort que moi, j’ai besoin de demander, besoin de m’assurer que tout n’est pas trop précipiter.

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Megan Monroe & @Shiloh Atkins

Je sais que c’est injuste autant que c’est cruel, que d’utiliser la mauvaise expérience de la blonde comme excuse - fausse excuse - à mon silence de ces derniers mois. Je sais que si elle vient à connaître la vérité, elle sera certainement blessée par toute cette histoire. Mais j’ai toujours été une femme du feu de l’action : plutôt que d’anticiper, je ne sais que gérer dans l’urgence et lorsque je suis au pied du mur. Elle me pardonnera, Shiloh me pardonne toujours et je crois - à tort ou à raison ? - que notre amitié peut surmonter toutes mes excentricités sans exception. Par excentricité, comprendre mensonges et pas exception, ceux qui tiennent de l’impardonnable.

« Je me retiens de me pincer. »
« Exagère pas, je vais finir par me sentir insultée. »

Heureusement qu’elle ignore tout de ma liaison. Heureusement que je n’ai jamais osé lui avouer qu’une relation suivie, j’en entretiens une qui n’a rien de conventionnel depuis des années : cela l’aidera peut-être à ne pas remettre en question le conte de fée que j’ai bien l’intention de lui vendre. « Tu sais bien que ce genre de chose, ça tombe dessus sans crier gare. » J’esquisse un sourire amusé, un chouilla provocateur. « Même pour les filles dans mon genre. » Ca aurait pu être vrai, dans un autre monde. Presque. Si on oublie que je suis plus du genre à me blinder qu’à me laisser approcher par quiconque.

La bague, évidemment qu’elle veut le voir, cet énorme boulet accroché à ma main et choisi pour être assez gros pour que personne ne puisse le rater. Elle est sublime, elle l’est vraiment si on oublie tout le contexte qui va avec. Elle est tout ce qu’une fille peut rêver. « Holy shit. » Si tout ça avait été vrai, la réaction de ma colocataire est exactement celle que j’aurais voulu produire chez mes proches. J’aime en mettre plein la vue, j’aime montrer que je n’ai plus rien de la Megan qui a grandi bien loin de ces rêves de princesses. « Il est riche ? » - « Il est fils unique si c’est ça la question. » Pas de frère sur lequel mettre le grappin dessus. « Enfin, pas vraiment, mais faut être du genre cougar pour s’intéresser à son frère.  » Le demi-frère de mon fiancé n’est qu’un bambin, il lui reste quelques années avant de briser des cœurs. Ma main qu’elle n’a pas lâchée une seule seconde depuis que ses yeux se sont posés sur la bague de fiançailles m’échappe, attirée par Shiloh qui la dépose sur son front à ma plus grande surprise. « Non je voulais juste checker si t’avais pas un peu de fièvre. » Sincèrement amusée, j’esquisse un sourire avant de retirer ma main. « Ha ha ha. » Le rire est volontairement surjoué. « T’es hilarante. C’est si dur que ça de croire que j’ai un cœur ? » Si je prétends être vexée, il n’en est rien et elle le sait parfaitement : je ne lui ai jamais donné matière à croire que je pourrais être une romantique. A situation inverse, personne n’aurait été surpris.

« Il s’appelle comment ? »
« Il s’appelle Damon. »
« Tu es sûre que tu le connais assez ? »

Les questions importantes arrivent enfin, et je sais ce qu’elle sous-entend par là : c’est son expérience qui parle. Sauf qu’elle oublie un fait important : je ne suis pas elle. Je ne suis pas fleur bleue, je ne suis pas une petite fille qui rêve au prince charmant et le cherche dans chaque crapaud qui croise sa route. Je ne suis pas le genre de femme qu’un Lawrence peut faire tomber dans ses filets. « Je le connais. » Le plus drôle dans toute cette histoire c’est que, si Damon est un parfait inconnu, je suis par contre sincèrement persuadée qu’il est plus du genre à craindre de faire pleurer une femme que du genre à être l’orginie de ces sanglots. Je suis une tête brûlée, mais je suis persuadée d’avoir un bon instinct à ce sujet. « C’est quelqu’un de bien. Il est doux comme un agneau. » Pour la rassurer, je hausse les épaules et j’ajoute. « Il faut bien ça pour me supporter au quotidien non ? » Plus sérieuse, plus grave aussi, je conclus. « Y’a aucun loup. Pas de vice de fabrication. Tu seras rassurée quand tu le rencontreras. » Puisque même si je crains de voir ce jour arriver, il arrivera, c’est certain.

« Tu sais bien que ce genre de chose, ça tombe dessus sans crier gare. » Tout m’était tombé dessus sans crier gare au début de mon conte de fée. Lawrence avait débarqué sans prévenir dans ma vie et je l’avais suivi complètement aveuglé par l’amour que je pouvais lui porter. Lawrence avait débarqué sans prévenir dans ma vie et je l’avais suivi complètement aveuglé par l’amour que je pouvais lui porter. « Même pour les filles dans mon genre. » C’est probablement ce qui me rassure le plus dans tout cela. Les filles dans son genre ne tombent pas amoureuses parce qu’un beau garçon à décider de leur tenir la porte. Elle s’entête bien plus que cela, Megan, il faut un peu de subtilité et probablement beaucoup de charme. Tout sonne différent quand on connaît sa personnalité, mais une chose détonne depuis qu’elle est arrivée : c’est le sourire qui ne cesse de s’étirer sur son visage apaisé. « Je suis heureuse pour toi. » Je le suis, sincèrement. Megan mérite d’être heureuse, d’enfin trouver un équilibre, de se sentir aimée et choyée, qu’importe si elle fréquente la personne depuis des années ou seulement quelques semaines.

La bague brille de mille feux, de celle que l’on ne peut rater et qui se doit probablement de peser lourd sur sa main légère. Un bijou pas comme les autres autant dans sa finesse que sa beauté éclatante. Me voilà charmée. « Il est fils unique si c’est ça la question. » Je relève le regard, sourcil froncé ne comprenant pas trop ce qu’elle est en train d’avancer. « Enfin, pas vraiment, mais faut être du genre cougar pour s’intéresser à son frère. » - « Ewh. » Si je ne me vois pas entamer une relation avant un très long moment, il est également certain que je ne m’attarde pas sur des mineurs. « Je demandais pour le mariage banane. » Qui dit fils de riche, dit belle cérémonie, magnifique robe et tout ce qui fera de cette journée un véritable rêve éveiller. J’en aurais presque des étoiles pleins les yeux à la simple idée d’imaginer Megan dans une robe de mariée et déjà, l’inspiration semble fusée de tous les côtés. « Oh ! J’pourrais te faire une robe ? » Et si je sautille légèrement sur mes pieds, je me retiens de la supplier préférant lui offrir mon plus beau sourire. Je pourrais en parler avec James, créer quelque chose d’unique pour mon amie, un modèle que personne ne pourra jamais retrouver.

Si les idées fusent et si je m’emballe à la simple idée de participer, de près ou de loin, à l’élaboration de tout un mariage, je ne peux m’empêcher de taquiner Megan. « Ha ha ha. » Je tire la langue face à son air désespéré. « T’es hilarante. C’est si dur que ça de croire que j’ai un cœur ? » - « Honnêtement ? » Mes lèvres se referment en une fine ligne, cherchant à retenir un éclat de rire. Elle sait que tout n’est que plaisanterie tant je sais distinguées toutes les facettent de sa personnalité. La Megan publique se veut froide et distante, autant en plein contrôle de ses actions que de ses émotions. La Megan privée peut s’avérer par mille exemples différents. C’est bien ce qui fait toute la beauté de sa personne et probablement ce qui a fait chavirer le cœur de ce fameux Damon.

Malgré tout, je ne peux empêcher quelques doutes de subsister. Si je comprends le coup de foudre, l’envie passionnée, les papillons dans le ventre et tout ce qui va avec, j’ai du mal à voir Megan s’échapper aussi rapidement dans les bras d’un homme qu’elle connaît à peine. « Je le connais. » Ou peut-être que je me suis trompé. Je devrais lui faire confiance, elle a toujours été meilleure que moi pour analyser les gens, mais connaît on vraiment quelqu’un au bout de si peu de temps ? « C’est quelqu’un de bien. Il est doux comme un agneau. » Lawrence aussi était doux comme un agneau au départ, mais je me retiens bien de le mentionner. « Il faut bien ça pour me supporter au quotidien non ? » - « Peut-être même plus encore. » Je préfère rester sur le ton de la plaisanterie ne voulant gâcher son annonce et le reste de la soirée. Nos jours de colocations semblent être comptés et je veux absolument en profiter. « Y’a aucun loup. Pas de vice de fabrication. Tu seras rassurée quand tu le rencontreras. » Un rire m’échappe alors que je viens glisser mon bras sur ses épaules pour l’entraîner avec moi dans le canapé, sans oublier de chiper le sachet de glace au passage. « Et je le vois quand le prince charmant ? » J’espère bien qu’elle a conscience que je vais la harceler pour cela désormais. « Tu comprends je me dois de lui faire une liste de touuuuuut TES vices de fabrication. » Un instant, je fais semblant de me lancer dans une profonde réflexion. « On en a bien pour toute une journée. » Incapable de tenir mon air sérieux plus longtemps, j’éclate de rire m’éloignant gentiment au cas où il lui viendrait l’idée de se venger. Je fouille dans le sachet en plastique pour ressortir mon parfum de glace favori. « Tu sais toujours comment me parler. » Peut-être que ce soir encore, pour conserver le thème annoncé, je pourrais la convaincre de regarder l’un de mes films préférés. En attendant, un petit coin de mon esprit ne cesse de ruminer et s’en viens une question que j’hésite quelque peu à poser. « Quand tu disais que tu vas déménager bientôt… » La phrase reste en suspens tant je redoute l’idée qu’elle soit partie dans quelques jours seulement.

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Megan Monroe & @Shiloh Atkins

Bien sûr que Shiloh est heureuse pour moi. C’est ce qui rend les choses si faciles, ce qui me facilite la tâche alors que je fais quelque chose que je déteste faire : lui mentir à elle qui représente pourtant la seule bouffée de fraîcheur dans ma vie. Peut-être qu’elle n’apprendra jamais la vérité, voilà ce que je me répète alors que l’idée de lui briser le cœur m’est insoutenable. Si je la perdais, je ne me le pardonnerais pas. « Oh ! J’pourrais te faire une robe ? » Chassez le naturel, il revient au galop et, après la surprise, la demoiselle redevient la jeune femme candide et douce qu’elle a toujours été. « Je pensais en porter deux. Une pour l’église et la cérémonie, parce que sa famille était ce qu’elle est j’aurais pas une si grande latitude pour le choix de celle-là... » J’esquisse un sourire et, au fond, je me dit qu’accepter son offre est aussi un moyen de me faire pardonner, plus tard, quand elle apprendra la vérité. Si elle l’apprend un jour. « Et une pour le soir. Je serais honorée que tu t’occupes de celle-là. » Je suis même touchée qu’elle le propose. Dans une autre vie, dans d’autres circonstances, j’aurais passé des heures à imaginer ma tenue pour le grand jour. Savoir que tout ça n’est qu’une mascarade me prive de tout le plaisir qui va normalement avec ce genre de préparatifs, et si la blonde peut se réjouir à ma place cela me met au moins un peu de baume au cœur.

« Honnêtement ? »
« Tais-toi, espèce d’idiote. » Doucement, en riant, je viens lui taper dans l’épaule. Je sais ce que je suis, elle le sait aussi, et je ne suis pas idiote : tout le monde m’ayant fréquentée au moins deux ou trois heure sera surpris à l’annonce de ma future union. Je ne suis pas une romantique. Mes meilleures facettes, je les garde pour moi et quelques rares élus.
« Peut-être même plus encore. »
« Tu crois pas que t’en fais trop là ? »

La remarque n’est qu’un faux reproches, et je me laisse aller lorsqu’elle m’attire avec elle sur le canapé. Sa présence me manquera, lorsque je vivrai dans un appartement certainement bien trop grand pour deux et avec un homme qui ne ressentira pas la moindre affection à mon égard. Notre colocation me manquera. Seuls mes talents d’actrice m’aident à masquer l’étincelle de nostalgie qui menace de teinter mon regard. « Et je le vois quand le prince charmant ? » Bien sûr qu’elle veut le rencontrer, je savais que je n’y couperais pas. « Tu comprends je me dois de lui faire une liste de touuuuuut TES vices de fabrication. » A nouveau, je pense la tête sur le côté et mes lèvres esquissent une grimace boudeuse de composition. « On en a bien pour toute une journée. » - « Dans ce cas pas avant qu’il ait dit oui. » Comme si l’un de nous deux pouvait faire demi tour, de toute façon. « Tu aimerais ? Le rencontrer ? Je peux organiser ça rapidement mais je voulais te mettre aucune pression. » Au contraire, c’est plutôt moi qui en ressens et je réalise comment Damon a dû se sentir à l’idée que je passe une soirée seule en compagnie de Charlie.

« Tu sais toujours comment me parler. » - « J’ai fait Shiloh en langue étrangère au lycée. C’est pas bien compliqué comme langue, ça se résume à films d’amour et glaces aux parfums étranges. » C’est de me comprendre moi qui est un tour de force. Un exploit de la part de mon amie. « Quand tu disais que tu vas déménager bientôt… » Son allégresse se transforme en pudeur teintée de tristesse. Moi aussi, je perds mon sourire face à l’idée de quitter bientôt l’appartement. « La cérémonie aura lieu à la fin du printemps. On a pour projet de se mettre en ménage un peu avant. » Ça va arriver vite, bien trop vite pour tous les protagonistes sans exception. « On va commencer les recherches là, justement. » Si on nous laisse le choix de notre futur lieu de résidence, ce qui reste encore à prouver. « Je sais que ça va vite. Mais je peux parler au propriétaire, faire transférer le bail à ton nom. Et on fera une dernière soirée ici, une digne de ce nom. »

« Je pensais en porter deux. Une pour l’église et la cérémonie, parce que sa famille était ce qu’elle est j’aurais pas une si grande latitude pour le choix de celle-là... » Alors elle disait juste quand elle a souligné timidement que son désormais fiancé vient d’une famille riche. Il semblerait que cela soit au point d’adopter des traditions assez anciennes qui se veulent de suivre un schéma assez conventionnel. C’est presque intriguant de réaliser que Megan va entrer dans un cercle familial qui se veut décisionnaire sur la vie du fiston. « Et une pour le soir. Je serais honorée que tu t’occupes de celle-là. » J’en oublie bien vite la mention de sa future belle-famille quand elle me donne l’autorisation de pouvoir créer pour elle. Ce ne serait pas la première fois, bien au contraire, mais cette robe-là aura toute son importance, comme un cadeau symbolique entre nous. « On ira au magasin de tissu ensemble. » que je lui annonce alors que mon esprit cavale déjà entre plusieurs esquisses de robes, des modèles, des couleurs ou même des formes. « J’ai déjà tout un tas d’idées. » Elle n’en sera pas étonnée, elle connaît mes processus de création, les heures à dessiner pour trouver la courbe exacte et toutes les coutures qui s’entremêlent pour donner naissance à l’idée. « Tu seras magnifique. » Comme toujours, mais ce jour-là porte son importance, que tous les regards soient posée sur elle. Je serais presque émue de pouvoir ainsi participer à la construction des souvenirs de cette journée si particulière.

« Tais-toi, espèce d’idiote. »
« Eh. »
« Tu crois pas que t’en fais trop là ? »
« Un petit peu ? » Et en riant, je montre un espace vraiment réduit entre deux doigts que je brandis entre nous. Un peu, mais pas trop. Un peu, pour ne jamais vexer. Elle le sait.

Il est tout de même temps que je m’enquière un peu plus sur l’identité du fameux fiancé. Dans le fond, je peux comprendre sa démarche, cette volonté de garder la relation pour soi. Elle voulait vivre son histoire pour elle et non pas pour les autres, je serais bien mal placé de lui reprocher. Mais désormais, c’est une véritable curiosité qui me fait tressauter à ses côtés. Il doit vraiment avoir quelque chose de particulier cet homme et je voudrais en savoir plus. « Eh, attends, je t’ai pas demandé, mais il a quel âge ? » Parce qu’elle m’a dit qu’il était riche, qu’il avait un demi-frère trop jeune pour que ce soit légal de s’y intéresser, mais tout cela ne veut pas dire grand-chose. Tout comme le fait qu’il ne connaît probablement pas encore tous les petits défauts de Megan, ceux qui sont agaçants et ceux qu’il faut particulièrement bien maîtriser si on tient à la vie. « Dans ce cas pas avant qu’il ait dit oui. » Je ris un peu, amusé de la voir aussi protectrice de son couple. C’est tellement nouveau, tellement différent. « Je vais pas l’effrayer promis. » Ce n’est pas mon genre quand je vais très sûrement me retrouver à bégayer devant le jeune homme, je ferais bien moins la fière. « Tu aimerais ? Le rencontrer ? Je peux organiser ça rapidement, mais je voulais te mettre aucune pression. » Son excuse se veut louable, mais je vois bien que c’est elle qui semble soudainement stresser. « Je serais ravie de le rencontrer. » que je souligne en douceur avant d’ajouter : « Mais rien ne presse. » Je n’ai jamais senti Megan aussi timide et si elle a besoin de temps pour passer cette étape, si elle préfère vivre encore un peu dans leur bulle, je ne pourrais lui en vouloir. Elle sait qu’avec moi, il n’y aura jamais de souci. Je saurais être patiente malgré toutes les questions que j’ai déjà pu lui poser.

« J’ai fait Shiloh en langue étrangère au lycée. C’est pas bien compliqué comme langue, ça se résume à films d’amour et glaces aux parfums étranges. » Une nouvelle fois, je lui tire la langue avant de me lever précipitamment pour récupérer deux cuillères dans la cuisine. « Tu sais pas ce que tu loupes des fois. » Les parfums ne sont pas étranges, mais originaux. Il faut bien tout cela pour satisfaire mon palet fin connaisseur de crème glacée. Assise côte à côte dans le canapé, l’ambiance se veut bon enfant. Deux copines qui se racontent leur histoire de cœur, une relation retrouver après près de deux ans d’errance. Une relation qui viendra à nouveau s’étioler lorsque Megan quittera le nid ? Je refuse de la laisser m’échapper une seconde fois, mais l’angoisse est toute de même juste là, tapis dans l’ombre. « La cérémonie aura lieu à la fin du printemps. On a pour projet de se mettre en ménage un peu avant. » Cela ne laisse que quelques mois, c’est déjà énorme, mais tout me semble bien trop court pour en profiter. « On va commencer les recherches là, justement. » Je hoche la tête sans vraiment trouver de commentaire, préférant venir poser ma tête contre son épaule dans un câlin silencieux. « Je sais que ça va vite. Mais je peux parler au propriétaire, faire transférer le bail à ton nom. Et on fera une dernière soirée ici, une digne de ce nom. » Elle a déjà pensé a tout Megan, comme toujours. « On pourra en parler plus tard ? » Je ne crois pas être prête pour tout cela ce soir. J’ai besoin de me faire à l’idée, besoin de réaliser qu’il me faudra probablement chercher une autre colocataire lorsque je serais bien incapable de payer le loyer par moi-même. C’est trop de changement et je ne veux pas que la tristesse vienne teinter cette soirée. « Cette fois, on ne s’éloignera pas. » Ce n’est en rien une question, tout juste une affirmation quelque peu fébrile, mais qui amène le désir de ne plus fauter. Un homme avait réussi à nous séparer, je refuse qu’un second entreprenne le même schéma. Les choses seront différentes, parce que Megan sera heureuse, parce qu’elle semble avoir trouvé son amour et c’est bien tout ce qui compte. « Tu me montres à quoi il ressemble ? » que je demande timidement sans jamais relever ma tête de son épaule. « J’ai voulu fouiller son Instagram, en bonne meilleure amie qui se respecte, rien de plus hein, mais il est en privé. » Et la moue qui se dessine sur mon visage laisse sous-entendre toute ma déception et plus encore.

The Great Pretender
Megan Monroe & @Shiloh Atkins

« J’ai déjà tout un tas d’idées. » Bien sûr qu’elle a déjà tout un tas d'idées et, sans le savoir, elle est certainement bien plus enchantée par tout ça que je ne le suis. Moi, je fais semblant. Si je n’étais pas spécialiste des sourires de composition, j’aurais mal au cœur de la voir si heureuse pour moi quand je suis loin d’être aussi excitée qu’elle à l’idée de préparer mes noces. Ne pas lui avouer la vérité, c’est aussi entretenir une illusion dont j’ai besoin. Ne pas lui dire, c’est pouvoir m’évader et prétendre l’espace de quelques secondes que je ne suis pas morte de trouille à l’idée de tout ce qui m’attend. Étrangement, j’aime ces échanges qui donnent à ma future union avec Damon des couleurs de normalité, à l’image de cette soirée soirée ou bien de celle que j’ai passée en compagnie de Charlie, je les aime bien plus que l’après midi passée avec mes deux futures belles mères à marcher sur des oeufs en tentant d’empêcher la plus conventionnelle des deux de me faire passer une robe ressemblant plus à une burqa qu’autre chose pour la cérémonie. « Tu seras magnifique. » - « Je suis toujours magnifique. » Je lui adresse un clin d'œil et une moue d’effrontée : je ne serais pas moi si j’oubliais de simuler (ou pas ?) une certaine dose d’arrogance. Bien sûr, je ne me formalise pas qu’elle saute dans le train en marche et en profite pour rire à mes dépends : je l’ai bien cherché.

« Eh, attends, je t’ai pas demandé, mais il a quel âge ? » La surprise passée, la blonde est rattrapée par sa curiosité naturelle et je ne peux pas lui en vouloir : je le serai aussi, à situation inverse, et je ne m’attendais à rien d’autre de sa part. « Il a vingt-et-un ans. » Deux de moins que moi, mais j’ai été ravie de constater en le rencontrant que notre différence d’âge ne saute absolument pas aux yeux, j’en avais peur, aussi minime soit-elle. « Et avant que tu me poses la question, on s’est rencontrés un peu après le nouvel an, à une soirée organisée par des amis qu’on avait en commun. » Et depuis on ne se quitte plus, bla, bla, bla. Elle lui plaira cette histoire, sans l’ombre d’un doute. « Il m’a demandée en mariage à Bali. Il m’a invitée en week-end là-bas. » Comment lui en vouloir si tout ça l’enchante ? On dirait un conte de fée des temps modernes et me voilà Raiponce, rôle principal sans l’avoir pourtant demandé. « Je vais pas l’effrayer promis. » - « Mouais, je te connais, t’aime trop montrer que je suis pas si parfaite que je veux bien le faire croire. » Il n’en est rien, Shiloh est douce autant qu’elle est l’amie parfaite sous toutes ses coutures. « Je serais ravie de le rencontrer. Mais rien ne presse. » - « Je vais organiser ça. J’ai hâte que vous appreniez à vous connaître. » Elle est l’une des personnes les plus importantes pour moi et il est supposé tenir le premier rôle dans ma vie, alors je déroule mon script sans même avoir à réfléchir.

« On pourra en parler plus tard ? » - « Bien sûr. Quand tu seras prête. » Même si mon déménagement arrivera certainement très vite, bien trop vite pour la fragile demoiselle et, au fond, j’ai peur de ce qu’il arrivera quand elle se retrouvera seule : elle est fragile et a besoin d’un filet de sécurité. Jusque là, c’était moi, et j’aspire à me trouver un remplaçant avant de quitter l’appartement. « Je te montrerai des photos quand on commencera les visites. Tu devrais voir les annonces qu’il m’envoie, c’est hallucinant. » Pour l’instant c’est surtout Ariane qui m’en fait passer, mais le résultat est le même et le raccourci satisfera bien plus Shiloh. « Cette fois, on ne s’éloignera pas. » Je recule mon visage, surprise qu’elle juge seulement nécessaire de le préciser. « Bien sûr qu’on s’éloignera pas. » Je fronce les sourcils, avant de préciser. « Je suis sérieuse Shiloh. Je te promets que ça arrivera pas. » Pas de mon fait, en tout cas. Peut-être qu’elle le fera à cause de mes mensonges.

« Tu me montres à quoi il ressemble ? » J’esquisse un sourire, dégainant mon téléphone avant même que la jeune femme ne continue. « J’ai voulu fouiller son Instagram, en bonne meilleure amie qui se respecte, rien de plus hein, mais il est en privé. » - « Là je te reconnais. » En quelques clics, j’ouvre le profil du jeune homme et fait défiler ses photos sous les yeux de la blonde. « Alors ? » Je n’ai pas besoin de feindre la fierté qui illumine mes traits : il est plutôt mignon, Damon, c’est la première chose que j’ai remarquée chez lui, moi qui avais peur de me trouver face au bossu de Notre Dame.

Si la conversation était un brin hasardeuse suite à l’énorme surprise que venait de m’annoncer la blonde, j’en oublie bien rapidement l’effet de découverte pour me faire rattraper par mon esprit curieux. C’est que soudainement, je souhaite tout connaître dans les moindres détails, je veux comprendre qui est ce garçon qui a réussi à capturer le cœur de Megan au point de lui passer la bague aux doigts. La situation est somme toute plus qu’inédite et je me dois de l’interroger sur les différentes étapes, glissant si facilement, à nouveau, dans mon rôle de la meilleure amie un brin fouineuse. « Il a vingt-et-un ans. » Je hoche la tête un peu surprise qu’il soit bien plus jeune qu’elle. Enfin… De deux années, mais tout de même. J’avais toujours imaginé Megan sortant avec un homme plus âgé, il faut croire que mon radar avait fini par se rouiller au fil de mon absence à ses côtés. C’est un peu comme si je découvrais à nouveau la jeune femme et si une part de cette vérité me serre le cœur, je préfère me concentrer sur l’euphorie du moment. « Et avant que tu me poses la question, on s’est rencontrés un peu après le nouvel an, à une soirée organisée par des amis qu’on avait en commun. Il m’a demandée en mariage à Bali. Il m’a invitée en week-end là-bas. » J’écarquille les yeux face à ce dernier aveu. « Mama, il ne fait pas semblant. » Il a été biberonné aux douces attentions ? Où est-ce un véritable romantique dans l’âme ? « C’est encore mieux que tous mes films préférés réunis. » que j’avoue en sautillant comme une gamine à l’idée de tout ce que Megan a pu vivre. Serait-ce un peu de jalousie qui me tord les entrailles ? Cette pointe douloureuse qui me rappelle que ce dont j’avais toujours rêvé, c’était fini par quelques gifles et des mots hurler.

La culpabilité m’envahit dans la seconde d’avoir osé penser ainsi. Megan est heureuse. C’est tout ce qui doit compter, son bonheur et uniquement ce dernier. Si elle pense que Damon est le bon, alors elle doit croire en son instinct. Je n’ai jamais écouté toutes les réticences qu’elle pouvait avoir sur Lawrence, je me dois de lui accorder toute ma confiance quant à sa propre histoire. Elle rayonne, mais elle est timide la blonde. Comme si elle avait du mal à partager ce nouveau bonheur, comme si elle avait peur que tout s’envole en un claquement de doigts. Je la reconnais bien dans ses réactions et tente de la rassurer face à mon entrain, parfois quelque peu démesuré, il faut bien l’avouer. « Mouais, je te connais, t’aime trop montrer que je suis pas si parfaite que je veux bien le faire croire. » - « Menteuse ! » Je plaisante avec elle, mais lorsque l’on se retrouve en public, c’est bien toujours Megan qui a la parole quand j’ai toujours passé mon temps à me cacher derrière elle. « Je vais organiser ça. J’ai hâte que vous appreniez à vous connaître. » Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que j’imagine passer une soirée en leur compagnie. « J’ai hâte de te voir avec lui. » Découvrir une Megan amoureuse, c’est que cela tient dans les grandes premières.

Le chamboulement s’amène sous une forme différente lorsqu’elle évoque l’idée, on ne peut plus logique d’aller vivre avec son fiancé. Je ne peux pas lui en vouloir même si l’idée de me retrouver seule m’effraye bien plus que de raison. Elle semble avoir pensé à tout, mais je panique d’avance à l’unique pensée de vivre seule dans cet appartement. Tout s’enclenche un peu trop vite à mon goût sans que je ne puisse en garder le contrôle. « Bien sûr. Quand tu seras prête. » Quand je serais prête, c’est une bonne idée. Cela risque de prendre un peu de temps. « Merci. » que je souffle malgré tout avant de serrer sa main à nouveau. Je venais tout juste de la retrouver et voilà qu’elle s’envole vers de nouveaux horizons. « Je te montrerai des photos quand on commencera les visites. Tu devrais voir les annonces qu’il m’envoie, c’est hallucinant. » - « Tu va vivre dans un palace ? » Se concentrer sur sa bonne nouvelle, c’est bien tout ce qu’il me reste, même si l’angoisse s’infiltre par tous mes pores. Je ne m’imagine pas sans Megan dans la chambre d’à côté, elle était devenue ma stabilité depuis mon retour et les derniers événements m’ont confirmé à quel point j’avais besoin qu’elle soit présente. « Bien sûr qu’on s’éloignera pas. Je suis sérieuse Shiloh. Je te promets que ça arrivera pas. » Je lui adresse un sourire timide alors que mon regard croise le sien, cherchant cette conviction dont elle a toujours fait preuve. C’est elle le pilier fort de notre amitié. C’est elle mon ancre dans la tempête et dans un geste tendre, je viens embrasser sa joue. « T’es la meilleure. » que je murmure avant de serrer sa main à nouveau. « Et je suis vraiment très heureuse pour toi. »

« Alors ? » Penché sur son écran de téléphone, je fais défiler les différents clichés du fameux Damon. « Il est pas mal. » Autrement dit, il est plutôt très mignon même. Je tombe sur une selfie des deux et observe la photographie en souriant. « Alors ça, c’est adorable. » que je plaisante un peu tout en venant légèrement m’étaler contre mon amie. On regarde encore quelques photos tandis que je commente les épis du jeune homme ou son allure très bons chic, bons genre. Les minutes s’écoulent dans un silence confortable alors que j’hésite à poser une dernière question, le sujet ayant toujours été bien trop sensible. « Tu… Tu vas prévenir ta mère ? » C’est à double tranchant de s’aventurer sur ce terrain, mais je me devais de lui demander. On en parle jamais vraiment, parce qu’elle sait que je sais, parce qu’il n’y a jamais eu besoin d’explication quand j’ai si souvent vu de mes propres yeux.

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Megan Monroe & @Shiloh Atkins

« Mama, il ne fait pas semblant. » Je pourrais m'étouffer tant c’est en fait tout le contraire. Nous faisons tous les deux semblant et nous sommes plutôt doués pour cet exercice. Nos regards ne se sont pas croisés dans une soirée. Cela n’a pas été le coup de foudre dès la première seconde, il ne m’a pas emmenée à Bali et il n’a pas posé un genou à terre. C’est ce qu’il aurait fait, si ça avait été vrai, et quelqu’un d’autre, un femme ou un homme, aurait certainement été très heureux, comblé, follement amoureux. Moi, je me débats encore pour ne pas couler et me laisser entraîner dans le fond par le poids de mes mauvaises idées. Moi, je ne réalise pas encore tout ce que cette mascarade implique et à la façon dont je vais me sentir quand je serai seule de mon côté de notre futur appartement. « C’est un vrai gentleman. » Je ne suis pas à un mensonge près et, pourtant, ça je le pense. J’ai de la chance, ça aurait pu être pire, je ne suis pas coincée avec un malade au tempérament violent. « C’est encore mieux que tous mes films réunis. » Ca doit lui donner envie. Et parce que j’ai envie de préserver cette candeur qui lui est propre, je ferai tout pour qu’elle n’apprenne jamais la vérité. « Il reste des gars vraiment biens. Et t’en rencontreras un, j’en suis persuadée. » Shiloh mérite de toute façon ce genre de romance parfaite bien plus que moi. Elle mérite son prince charmant, et moi, est-ce que je mérite ce qu’il m’arrive ? « J’ai hâte de te voir avec lui. » - « Tu crois que je vais être différente ? » J’esquisse un sourire, amusée qu’elle m’imagine déjà en amoureuse transie. Je suppose qu’il faudra que je sois convaincante, si je veux me montrer à la hauteur de ses attentes.

« Tu vas vivre dans un palace ? » - « Pas un palace, mais sa famille a vraiment beaucoup d’argent et sa mère veut nous aider à emménager ensemble. Ses parents financent tout le mariage, d’ailleurs. » Je fais mine d’être gênée. « Je trouve que c’est trop… Mais je me dis aussi que je serais bien ingrate de me plaindre alors que je vais avoir un mariage de conte de fées. » Shiloh passera certainement une journée formidable qui lui mettra des étoiles plein les yeux. Il faut bien que quelqu’un profite de tout ça, non ?

« T’es la meilleure. Et je suis vraiment heureuse pour toi. » - « Je suis vraiment heureuse aussi. Et je suis contente de te l’avoir dit, tu peux pas savoir à quel point ça me démangeait de partager ça avec toi. » Si tout ça avait été vrai, elle aurait été la première personne à être au courant. Je lui aurais demandé de m’accompagner choisir ma robe, le lieu et la couleur du papier pour les invitations : autant de choses sur lesquelles je n’ai pas mon mot à dire. « Je voudrais que tu sois mon témoin. » Elle sera la mieux placée pour dire à la terre entière que notre histoire est belle et vraie et, de toute façon, je n’aurais jamais voulu de personne d’autre que Shiloh. « Et ma demoiselle d’honneur principale. Peut-être que par politesse et correction il faudra que j’en choisisse d’autres, des filles de la famille de Damon, mais je veux que ce soit toi qui soit à mes côtés quand je ferai une crise de nerf juste avant de remonter l’allée. » Je laisse échapper un rire, avant d’ajouter, en souriant. « Tu ferais ça pour moi ? » Je ne veux personne d’autre et ça, c’est vrai et important.

« Il est pas mal. » - « Arrête, il est plus que pas mal. » Je plisse les lèvres et fais mine de rougir. J’ai bien fait de remplir ma galerie de clichés et selfies du jeune Williams, je savais qu’elle voudrait le voir et ces photos sont réellement adorables. « Alors ça, c’est adorable. » Elle ouvre un selfie que j’ai pris à bout de bras. Nous sourions, pour les apparences certes mais, au moins, il est indéniable que nous sommes parfaitement assortis. Ce sera un beau mariage, et les plus romantiques imagineront déjà les traits de nos enfants blondinets. La tête sur mon épaule, Shiloh m’observe faire défiler les photos et, lorsqu’elle se décroche et recule un peu, je sens que le ton risque de changer. « Tu… Tu vas prévenir ta mère ? » Le coup de massue tombe. Je ne m’étais pas posé cette question et, si la réponse est une évidence, cela ne veut pas dire que je ne suis pas blessée pour autant. Mon coeur se brise et tombe en miette et si je n’en veux pas à Shiloh d’avoir posé cette question, mon mécanisme de défense le plus efficace reste la froideur. « Non. » Je m’en veux déjà de paraître si dure, mais c’est la seule façon dont je sache me protéger. « Je lui dirai que je me suis mariée, mais après. » Je déglutis et j’ajoute. « Je ne veux pas d’elle à mon mariage. » Et ça, ce serait vrai dans n’importe quelle circonstance, pas uniquement parce que sa venue m’attirerait les foudre de Saül Williams.

« Il reste des gars vraiment bien. Et t’en rencontreras un, j’en suis persuadée. » Rien n’hésite dans ses paroles, jamais sa voix ne tremble lorsqu’elle affirme qu’un jour, j’aurais l’occasion de vivre une histoire comme la sienne. C’est que je pensais auparavant… Après tout, on pourrait presque trouver des points communs pour le commencement. Une rencontre à une soirée, le coup de foudre immédiat, l’emménagement rapide. Pour moi, s’en est suivi une descente aux enfers et cette simple idée me fait frissonner à l’idée que Megan puisse être prise dans le même engrenage. Elle ne se laisserait pas faire, pas elle, j’en suis certaine. Pourtant s’installe dans un coin de mon esprit cette note de toujours veiller sur elle, de ne pas laisser le silence s’immiscer entre nous. Il nous faudra construire de nouvelles habitudes qui deviendront des rituels ancrés dans notre amitié. Je m’en fais la promesse. « Tu crois que je vais être différente ? » Sa question me tire de mes pensées tandis que je gagne quelques secondes à tenter de l’imaginer en compagnie de son petit-ami. « Non, je ne pense pas. » Ce n’est pas son genre d’être différente, de se laisser aller dans les démonstrations d’affection en publics. Elle sera juste Megan qui me présente un garçon pour qui elle semble avoir un véritable intérêt.

Tout va changer quand je l’écoute me parler de la famille de son conjoint, du mariage parfait que tout ce petit monde est en train de lui concocter. Il me faudra probablement quelques jours encore pour parfaitement réaliser tout ce qui va s’en venir pour elle, mais déjà le seul sentiment qui persistait est une véritable sensation de bonheur pour elle. « Je suis vraiment heureuse aussi. Et je suis contente de te l’avoir dit, tu peux pas savoir à quel point ça me démangeait de partager ça avec toi. » Je me contente d’un sourire préférant ne pas relancer la raison de cette retenue qu’elle avait eu envers moi. Heureusement, Megan semblait avoir bien d’autre chose à dire désormais. « Je voudrais que tu sois mon témoin. » Mes yeux s’écarquillent quelques secondes, le temps nécessaire pour réaliser que je ne viens pas de rêver les quelques mots prononcés par la photographe. « Et ma demoiselle d’honneur principale. Peut-être que par politesse et correction, il faudra que j’en choisisse d’autres, des filles de la famille de Damon, mais je veux que ce soit toi qui sois à mes côtés quand je ferai une crise de nerf juste avant de remonter l’allée. » Mes yeux se remplissent de larmes aussi rapidement qu’elle parle pour m’expliquer tout son plan. Je hoche la tête de manière frénétique sans avoir le temps de bégayer la moindre réponse. « Tu ferais ça pour moi ? » Un rire m’échappe avant que je n’articule la voix remplie d’émotions : « Je ferais n’importe quoi pour toi. » Mes bras viennent s’enrouler autour de son cou pour une étreinte un brin sauvage. « Je serais honorée d’être là pour toi. » Et probablement que dans deux jours, je lui présenterais un programme de toutes les idées qui me seront venu en tête pour faire naître la magie avant le grand moment. Dans un petit éclat de rire, je viens essuyer les quelques larmes qui ont coulé sur mes joues, bien trop heureuse pour pouvoir cacher mes émotions.

S’en venait alors une dernière question qui me taraude, mais que Megan élude d’un simple : « Non. » La réponse se veut presque féroce me faisant marquer une légère distance agrémentée d’un sourire, malgré tout. « Je lui dirai que je me suis mariée, mais après. Je ne veux pas d’elle à mon mariage. » - « Je comprends. » Et la discussion sera close sur ces quelques mots, Megan ne souhaite pas s’étendre et je ne suis personne pour venir juger sa relation avec sa mère. Ma curiosité se voulait mal placer et je ne souhaite pas que l’on se dispute pour quelque chose d’aussi insignifiant. Alors, je me contente de murmurer un petit : « Je serais là. » Avant de retrouve ma place bien caler à ses côtés pour lancer un épisode de série que Megan apprécie, comptant bien profiter de tous les derniers moments à ses côtés dans cet appartement.