Mon regard parcourt la silhouette de Monica tandis que je caresse son bras du bout des doigts tout en réfléchissant pendant qu’elle dort. J’espérais qu’au fil du temps des sentiments se développeraient, mais c’est la quatrième nuit que nous passons ensemble et je me sens toujours autant mort en-dedans que la première fois. La blonde a un corps qui en ferait rêver plus d’un, mais ses seins refaits ne compenseront jamais sa personnalité fade. Je dois me rendre à l’évidence qu’elle n’arrivera jamais à la cheville de Danika, l’amère désillusion. On sonne à la porte et je me dépêche d’enfiler une paire de pantalons avant d’aller ouvrir. « Salut. » Je fronce les sourcils, surpris de trouver Danika une fois de plus sur le pas de ma porte. Je me méfie, disons que la dernière fois que j’ai eu droit à une visite impromptue de sa part les choses ne se sont pas tellement bien passées. « Allô. » Je me frotte les yeux d’une main, encore un peu endormi, puis je croise mes bras contre mon torse en appuyant mon épaule contre le cadre de porte. « Qu’est-ce que tu fais ici? » Discrètement, je lance un regard furtif par-dessus mon épaule pour vérifier que Monica n’arrive pas derrière moi. « Je voulais te ramener le sac pour Maddox ce weekend et je me suis dit qu’on aurait pu peut-être prendre le petit déjeuner ensemble, discuter… » Un silence s’installe entre nous tandis que mon regard cherche le sien et que je tente de déceler chez elle un signe qui dévoilerait ses intentions. À première vue, elle semble exempte de toute animosité et je suis presque tenté d’accepter sa proposition pour voir de quoi elle veut discuter. Le seul problème : je ne suis pas seul et je peux encore sentir les effluves du parfum de la blonde sur ma peau. « C’est qui Lawrence ? Tu ne veux pas revenir au lit ? » Parlant d’elle. Les lèvres pincées, je tourne la tête vers la jeune femme qui s’approche de moi. « T’as commandé un truc ? » Je secoue négativement la tête tout en rapportant mon attention sur Danika. « Non. C’est juste la mère de mon fils. » Mon cœur se serre à ces paroles parce que j’aimerais que les choses soient autrement. « Tiens. » Je prends le sac que Danika me tend sans dire un mot, guettant avec attention les réactions des deux femmes qui se dévisagent sans aucune discrétion. La brune tend un sac à la blonde. « Des viennoiseries pour votre petit dej. » J’ouvre la bouche pour répondre à mon ex, mais je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu’elle s’éloigne en silence. Monica referme la porte et se tourne vers moi en souriant radieusement. « On retourne au lit? » Je réfléchis un instant en silence, tout en la fixant d’un regard mécontent. « J’aimerais mieux que tu t’en ailles. » Monica fronce les sourcils, visiblement surprise. « Quoi? Mais non, viens te recoucher. En plus l’autre là elle a apporté de quoi manger. » L’autre. Ma mâchoire se serre en l’entendant parler comme si Danika ne valait absolument rien. Plutôt ironique comme réaction quand j’essaie de l’oublier entre les cuisses de celle qui a prononcé ces paroles. Je lui arrache le sac des mains d’un mouvement sec tout en plantant mon regard dans le sien. « T’es sourde ou quoi?! Je t’ai dit de t’en aller. » Sans même attendre qu’elle parte de mon appartement, je prends mon cendrier posé sur une boîte et je sors sur le balcon. Monica n’est peut-être pas une cent watts, mais elle devrait pouvoir trouver son chemin malgré les boîtes de déménagement éparpillées dans mon appartement.
Je me rends au dojo le soir même sans même penser y trouver mon ex puisqu’elle se bat probablement plus souvent dans son foutu fight club dont elle m’a parlé il y a quelques semaines. Mais juste pour faire exprès, elle est là ce soir dans la même salle au fond qu’à son habitude. La même où je m’entraîne aussi et visiblement ça pose toujours autant problème qu’il y a quelques années. « J’utilise la salle Cabbott au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. » Sans même daigner la regarder, je laisse tomber mon sac au sol contre le mur et je me penche pour ramasser mes bandages. « Quoique tu me diras t’as peut-être laissé tes neurones entre les cuisses d’une pimbêche on sait jamais. » Je ricane en me tournant face à elle tout en enroulant mon bandage autour de ma main gauche. « Mes neurones je ne sais pas, mais j’y ai définitivement laissé autre chose. » Je suis presque tenté de m’empoigner l’entrejambe comme je l’ai fait il y a quelques années au même endroit, mais je me contente de lui adresser un clin d’œil avant de me pencher pour prendre mon deuxième bandage. « Ça va la jalousie sinon? Faut que je te rappelle qu’on n’est plus ensemble? » demandé-je d’un air arrogant. Dire que ma jalousie avait été un problème pour elle pendant notre relation et qu’elle se permet de me passer des commentaires alors que je ne lui dois plus rien. Après avoir terminé de mettre mon deuxième bandage, je m’installe devant un sac de frappe situé à l’opposé de la salle d’elle. « Tu connais le téléphone? C’est fucking nice. Ça permet d’appeler le monde pour les prévenir que tu t’en viens. Tu devrais vraiment apprendre à t’en servir. » lui dis-je tout en assénant une série de coups de poing sur le sac de frappe. Ça ne me fait pas particulièrement plaisir, mais il faut visiblement que j’établisse quelques limites entre nous.
« Parce qu’on était ensemble ? » Ses paroles viennent me chercher même si j’essaie du mieux que je peux de feindre l’indifférence. Je n’y arrive pas, Danika a toujours les bons mots pour m’atteindre, comme si elle me lacérait la peau à chaque fois qu’elle ouvre la bouche. Un sourire mauvais au coin des lèvres, je baisse les yeux pour concentrer mon attention sur mes mains le temps de terminer d’enrouler mon deuxième bandage. « I guess not, ça expliquerait beaucoup de choses. » Comme le fait qu’en quatre mois de relation elle ne m’ait jamais clairement dit qu’elle m’aimait. Mais malgré ça, je ne peux pas croire qu’il se serait repassé quelque chose entre nous deux si ça n’avait pas été réciproque à l’époque. Je veux dire… à moins qu’elle était désespérée au point de recoucher avec son ex qu’elle n’a jamais aimé et avec qui ça a toujours été compliqué. Ça ne ferait aucun sens. « Je suis pas jalouse Cabbott je m’inquiète pour le genre de fréquentation que mon fils pourrait croiser. T’as vérifié qu’elle n’avait pas laissé ses petites culottes traîner j’espère ? » Je me déplace autour du sac de frappe en sautillant, les deux poings levés devant moi en position défensive. Je ricane sans même daigner la regarder. « Et Maddox tu l’as vu où dans mon appartement ce matin, Danika? Oh, wait, il n’était pas là. Je ne suis pas un fucking sans-dessein, je suis capable d’attendre que mon fils ne soit pas là pour m’envoyer en l’air. » Ça ne vaut même pas que je réponde à son commentaire sur la culotte de Monica, Maddox devait bien voir celles de sa mère de temps en temps. Il doit être bien trop jeune pour comprendre ce que ça implique, de toute façon, pas besoin de s’énerver le poil des jambes pour si peu.
« Et toi tu devrais peut-être penser à te servir d’autre chose que tes couilles ça peut peut-être servir aussi. Je sais que les filles qui te supporteraient ça court pas les rues mais quand même, une avec un cerveau ça peut être pas mal. » L’intensité de mes coups sur le sac de frappe augmente au même rythme que ma colère. Je commence à bouillir et surtout à regretter de m’être entêté à rester dans la même salle qu’elle, mais pas question de la laisser gagner en lui laissant son espace. « Au moins quand elles n’ont pas de cerveau, elles sont trop épaisses pour raconter de la bullshit. Pis tes conseils à deux balles, tu peux les garder pour toi. Soit t’es pas capable de dire à quelqu’un que tu l’aimes, soit t’es pas capable d’aimer tout court. Dans les deux cas, t’es mal placée pour me donner des conseils sur ma vie amoureuse. Je vais fourrer qui je veux et quand je veux, j’ai pas besoin de ta permission ni de tes réflexions. » J’essaie de l’ignorer en me concentrant sur ma respiration, soufflant à chaque coup que j’envoie dans le sac de frappe, mais je la vois qui s’approche du coin de l’œil. « T’es devenu sourd ? Trouve toi une autre salle, celle là est occupée. T’as rien à faire là. » J’arrête ma série et j’immobilise le sac de frappe avec mes mains, tout en passant ma langue sur mes lèvres en secouant négativement la tête, énervé. Je passe à deux doigts de lui dire que l’espace ne lui appartient pas, mais je me retiens de justesse parce que l’endroit lui appartient, justement. « La salle est assez grande pour nous deux, si t’es pas contente t’as juste à aller ailleurs. » réponds-je d’un ton sec avant de donner un coup de pied circulaire dans le sac de frappe en faisant exprès de passer à deux doigts de la frapper pour qu’elle s’éloigne. « Ma salle Cabbott. Va jouer ailleurs. T’as pas envie de me voir non ? Alors ça devrait être simple. Tu veux que je te fasse un dessin peut être ? » Et elle se rapproche encore, elle me cherche et elle va me trouver. Je la dévisage en m’approchant d’elle à mon tour. « Ouais, s’il te plait. Une belle affiche avec un beau dessin et du texte qui dit que je ne suis pas le bienvenu ici. Je me servirai de ton modèle ensuite pour chez moi. » Peut-être qu’elle va comprendre comme ça que je n’apprécie pas ses visites impromptues et qu’elle devrait m’avertir avant de débarquer chez moi. Notre relation est déjà bien assez compliquée, je n’ai pas besoin de ces mauvaises surprises. Ses visites auraient pu me faire plaisir si les circonstances étaient différentes, mais les deux fois où elle est venue, dernièrement, ça ne s’est pas super bien passé. « Et by the way, c’est toi qui as commencé à me parler. On aurait pu s’entraîner chacun dans notre coin comme deux adultes, mais non, c’est trop te demander. T'es incapable de pas passer tes petits commentaires sur ce qui s'est passé ce matin. Et après tu vas me faire croire que t’es pas jalouse? Fuck, Dan, t’aurais dû te voir la face ce matin. On aurait dit que vous alliez vous sauter à la gorge. » Et peut-être que je devrais me réjouir de voir que ça l'atteint, mais c'est plutôt l'inverse. Ça me fait juste encore plus chier de me dire que ça ne sera jamais possible nous deux alors que, visiblement, nous voudrions tous les deux que ça marche.
J’ai été trop loin et je le sais rien qu’en voyant le visage de Danika se décomposer. Pendant un instant, mes traits se détendent alors que je regrette la violence des mots que j’ai prononcés, que je regrette que ce soit plus facile de lui faire mal que de la faire sourire. J’aimerais que les choses soient différentes entre nous, mais ça me semble impossible avec tous les non-dits qui nous déchirent sans arrêt. Et si je la blâme beaucoup dernièrement, je sais que je ne suis pas blanc comme neige moi non plus : je lui ai caché la véritable raison du décès de ma famille pendant des années. La communication n’a jamais été notre fort et il semble que ça ne se soit pas améliorée au fil des années. Tout le long de notre relation j’espérais l’entendre me dire qu’elle m’aimait elle aussi lorsque je lui communiquais mes sentiments. Et si je ne lui ai jamais mis la pression en la confrontant à ce sujet, je n’en étais pas moins frustré. Chaque absence de réponse me faisait mal à un point tel où, au bout d’un moment, je me suis fermé comme une huître et j’ai arrêté de lui dire que je l’aimais. Je me disais qu’au bout d’un moment peut-être que ça allait débloquer et qu’elle allait s’ouvrir à moi, mais ce moment n’est jamais arrivé et on connait tous la suite. Peut-être que j’aurais dû lui en parler à l’époque plutôt que de lui balancer des années de frustration en pleine face aujourd’hui, mais il est trop tard, le mal est fait et je ne peux pas revenir en arrière. Alors je l’observe en silence sans savoir quoi dire et je comprends lorsque son visage se ferme que la contre-attaque est imminente. « Fourre qui tu veux Lawrence, je m’en fous. » Je lève les yeux au ciel en grognant, frustré par son attitude. Elle réagit beaucoup trop fortement pour quelqu’un qui est indifférent et elle prouve que sur ce point-là aussi elle n’a pas changé : elle est toujours incapable de communiquer ce qu’elle ressent. Plus ça change, plus c’est pareil. « Sure, si tu le dis Dan. » À quoi bon essayer de la faire avouer l’inverse? J’ai assez donné de mon énergie à cette relation qui ne fonctionnera jamais.
Danika me demande de partir de la salle et je refuse, ne désirant pas la laisser gagner malgré mes propos blessants d’un peu plus tôt. Pour Maddox, nous devons apprendre à bien nous entendre et ça devrait être facile au dojo alors que nous pouvons nous entraîner chacun dans notre coin sans nous parler. Mais Dan n’est pas du même avis et elle me le fait savoir à plusieurs reprises. Elle ne lâchera pas le morceau. « T’inquiètes je vais arrêter de venir, je vais arrêter d’essayer tout court ! » Ma tête a un mouvement de recul tandis que je la fixe en fronçant les sourcils. « Arrêter d’essayer quoi?! On ne peut pas dire que t’étais vraiment en état de parler la première fois. » Non, elle m’était sautée dessus presque aussitôt que j’avais ouvert la porte de mon appartement. Considérant qu’elle était en état d’ébriété, il n’était pas question que je prenne avantage sur elle en la laissant faire tout ce qu’elle voulait. Elle l’aurait regretté le lendemain, j’en suis persuadé. De toute façon, ça n’aurait rien fait de bon à part compliquer davantage les choses entre nous alors qu’elles l’étaient déjà bien assez. Nous avons besoin de parler, pas de coucher ensemble et c’est probablement pour ça que nous n’arrivons à rien. Disons que nous avons toujours eu plus de facilité avec l’un que l’autre.
J’essaie de lui faire comprendre que nous aurions pu agir comme des adultes, mais qu’elle est incapable de ne pas passer de commentaires sur ma vie sexuelle comme si elle avait son mot à dire. J’ai bien vu les éclairs que Monica et Danika se lançaient avec leurs yeux alors que je ne dois rien ni à l’une ni à l’autre. « J’ai pris exemple du meilleur alors ? » Je plonge mon regard flamboyant dans le siens en haussant les épaules. « Au moins on était ensemble quand ça m’arrivait! » réponds-je du tac au tac même si je ne suis pas spécialement fier de mon problème de jalousie. « Tu sais quoi, pourquoi on règle pas ça comme au bon vieux temps ? Un combat. Je gagne tu dégages de cette salle. Tu gagnes, je ne débarque plus jamais chez toi à part pour déposer Maddox. » Je reste silencieux un instant en soutenant son regard, réfléchissant. J’ai une impression de déjà-vu, mais je sais cette fois-ci que la conclusion ne sera pas la même. Cette fois-ci, je ne suis aucunement motivé par l’espoir d’arriver à mes fins, de réussir à la séduire après des années à taire mon attirance pour elle. Je n’ai rien à gagner dans ce combat ridicule où les deux conclusions ne me feront pas plaisir. Je suis fatigué de me battre pour rien, mais l’orgueil me pousse à accepter quand même. « Comme tu veux, je m’en fou. » Je me place devant elle et je lève mes poings en position défensive. « Vas-y, je te laisse frapper en premier pour te laisser un peu d’avance. T’en aurais eu besoin la dernière fois. » dis-je en lui faisant un clin d’œil pour la provoquer.
Nous avons toujours eu plus de facilité à nous exprimer avec nos poings qu’avec des mots, utilisant les combats comme moyen d’atténuer la tension entre nous pour mieux nous retrouver ensuite. Jusqu’à la prochaine fois, jusqu’à ce ne soit plus suffisant comme aujourd’hui. Ce combat ne sert à rien, si ce n’est que la satisfaire elle. Dans les deux cas, la distance entre nous ne fera que s’élargir et tôt ou tard nous atteindrons le point de non-retour. Laquelle des conclusions est la moins pire? Je n’arrive pas à le déterminer alors je décide de la provoquer, sachant déjà d’avance qu’elle sera incapable de ne pas réagir. « T’es sûr je voulais pas détruire le reste de ton cerveau ? » En temps normal j’aurais probablement ricané à son commentaire, mais je n’ai ni envie de rire, ni de sourire en ce moment. « Il faudrait déjà que tu réussisses à m’atteindre. » Les poings en position défensive, nous nous déplaçons tous les deux en suivant les mouvements de l’autre telle une danse qui n’a rien à voir avec celle que nous aurions dû exécuter au carnaval. Je la laisse frapper en premier, me contentant de bloquer ses coups au départ sans même essayer de la déconcentrer en lui parlant comme je le fais habituellement. Au bout d’un moment, j’envoie un premier coup de poing dans sa direction, puis un deuxième, jusqu’à ce que je réussisse à la faire tomber au sol et que je prenne place entre ses cuisses en bloquant ses mains de part et d’autre de sa tête. J’attends qu’elle se débatte, qu’elle essaie de me frapper, mais la contre-attaque ne vient jamais. Sans rien d’autre pour me distraire, je me retrouve confronté aux souvenirs de nos débuts, à la deuxième chance qu’on aurait pu se donner si Danika m’avait fait confiance. Pourquoi tu m’as donné une raison de partir? La question me brûle les lèvres mais ne les franchit pas tandis que je l’interroge silencieusement du regard, la gorge nouée. Lui poser ne servirait à rien si ce n’est que tourner le couteau un peu plus dans une plaie beaucoup trop vive.
« T’as gagné, t’es content ? » Si seulement j’éprouvais la satisfaction d’avoir gagné ce combat, mais il en est tout autre. Peu importe lequel de nous deux remportait la victoire, j’allais en ressortir perdant. J’ai beau lui dire que ses visites impromptues m’importunent, je ne souhaite pas réellement qu’elle y mette fin, tout comme je ne désire pas lui laisser l’exclusivité de la salle dans laquelle nous nous trouvons actuellement et pour laquelle nous nous chamaillons depuis une dizaine d’années comme deux enfants. Même lorsque nous étions ensemble il a toujours été plus facile pour nous de nous battre l’un contre l’autre que d’unir notre force pour faire équipe et Maddox ne suffit apparemment pas à ce que le vent tourne malgré l’espoir que les choses soient différentes cette fois. Et pour le protéger de notre guerre à nous, je sais qu’il serait mieux que Danika et moi limitions au maximum nos rencontres. Même si je suis convaincu qu’il s’agit de la chose à faire et que je devrais me réjouir qu’elle prenne ses distances, je peux difficilement ignorer mon cœur qui la réclame. Tout comme nous, ma tête et mon cœur sont en désaccord. « D’après toi? » Difficile de l’être lorsque je dois me contenter de la pousser le plus loin possible de moi alors que je préfèrerais mille fois me réveiller à ses côtés comme lorsque nous nous sommes retrouvés pendant ma convalescence. Danika me pousse finalement pour que je me retire de sur elle, je n’offre aucune résistance et je m’assois sur le tatami à côté d’elle. C’est dans le silence que je retire mes gants, le bruit du velcro résonnant dans cette salle beaucoup trop grande pour nous deux. Je me relève ensuite et je m’éloigne d’elle pour me diriger vers mon sac dans lequel je range mes gants avant de dérouler mes bandages de dos à elle. « Je vais regarder pour m’inscrire à un autre dojo. Ça devrait faire ton affaire, depuis le temps que tu veux la salle pour toi. » dis-je sur un ton maussade en laissant mon regard parcourir la pièce comme pour imprimer le moindre détail dans mon esprit une dernière fois. Le dojo a toujours été pour moi comme une deuxième maison et jamais je n’aurais cru qu’un jour je cesserais d’y venir, mais y croiser mon ex est devenu trop difficile et je dois bien me rendre à l’évidence que je n’arriverai pas à passer à autre chose si je la côtoie régulièrement et que j’espère toujours tomber sur elle aux tournants des couloirs.