Though the sea will be strong, I know we'll carry on Cos if there's somebody calling me on… She's the one. @Nicole O'Connor & Maxwell
Lundi 28 juin 2021
J'avais passé une semaine complète dans un hôtel, car si la situation avait toujours été tendue avec Helen -ma mère-, j'avais réellement de plus en plus de mal à la supporter depuis qu'elle avait accueilli Scarlett chez nous. De plus, depuis que j'avais les yeux irrités par la bombe lacrymogène qui avait atterri à mes pieds lors de la Pride, elle ne faisait que se foutre de ma gueule et je commençais doucement à arriver à mes limites. Bien sûr, j'aurais probablement pu aller chez Nicole, mais d'une part, je ne voulais pas l'inquiéter pour rien et d'autre part, j'étais toujours si honteux d'avoir loupé son mariage que je l'évitais un peu ces derniers-temps. Après une semaine d'absence donc, j'étais revenu à la maison de l'enfer, vérifier si la marâtre en chef était toujours en vie.
Ce jour-là, en rentrant chez moi... Chez nous ? Chez elle ? Bref, en rentrant après avoir passé la nuit au centre d' appels d'urgence où je travaillais, j'avais retrouvé la maison en bordel. Rien n'était rangé, le sol semblait ne jamais avoir été lavé, des fringues traînaient partout et il y avait une montagne de vaisselle dans l'évier. Vraiment, j'avais l'impression d'être passé dans un trou temporel et que j'avais déserté l'endroit depuis des années. J'étais en train de découvrir le désastre de la cuisine quand j'avais entendu la porte d'entrée s'ouvrir. Saoulé, j'étais alors allé à la rencontre de ma génitrice. Elle était accompagnée d'un homme plus grand que moi, de carrure imposante, qui affichait une mine renfrognée et qui portait des tonnes de sacs de différentes boutiques. À priori, durant mon absence, Helen s'était trouvé un mec à plumer, donc. Ce n'était ni le premier, ni le dernier et, comme à mon habitude, je m'adressais à ma mère sans faire très attention à son accompagnant du moment.
"Sérieux Helen, t'as pas l'impression d'avoir abusé ? C'est quoi cette porcherie ? Je suis pas ta bonne, merde !" Mon ton était bien plus agressif qu'à l'accoutumé, sûrement dû au mélange de fatigue et de ras-le-bol. Sur le pas de la porte, Helen avait l'air de celle qui se foutait royalement de ce que je venais de lui dire. D'ailleurs, elle passa à côté de moi sans dire un mot. C'est l'homme qui la suivait qui eut une réaction... Improbable ? "Eh bien chérie, on voit que ton fils n'a pas eu de figure paternelle, sinon il n'oserait pas parler comme ça à sa mère." Fit-il, le plus simplement du monde, comme si je n'étais pas là. La colère qui commençait à me gagner monta encore d'un cran. Être ignorée par Helen, je pouvais le gérer, j'avais l'habitude. Par contre, être infantilisé par le plan cul de ma mère quand j'étais probablement celui qui était le plus adulte dans la maison, ça allait vite devenir ingérable pour moi. Je haussais les épaules, en regardant le type. "Et quelle mère ? On peut demander à ses autres enfants si tu veux, mais en ce qui me concerne, je n'en ai jamais vraiment eu non plus."
Je me retournais, près à aller me coucher, puisque cette conversation ne menait à rien. Sauf que je me retrouvais nez à nez avec Helen qui m'assena la gifle de ma vie. Je la regardais, incrédule, en plaquant ma main sur ma joue douloureuse. "Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que tu gâches tout ? C'est pas suffisant pour toi d'être un raté, il faut vraiment que tu viennes foutre la merde dans ma vie en plus ?" Ces mots étaient blessants, comme toujours. J'étais son fils, elle savait exactement comment me faire du mal et elle en profitait. Cependant, je ne saurais dire si c'était l'accumulation, le manque d'alcool qui commençait à se faire sentir après une soirée sans sortir ou bien la fatigue, mais cette fois, je prenais un autre chemin que l'ignorance.
"Va bien te faire foutre Helen !" Hurlais-je alors, en m'approchant dangereusement d'elle. Seize ans que je ne m'étais pas mis dans un état pareil, alors pourquoi aujourd'hui ? Si j'avais été totalement honnête, j'aurais reconnu que le manque d'alcool jouait pour beaucoup. Mais disons simplement qu'Helen était encore plus énervante que d'habitude. Pourtant, je n'étais pas totalement dingue, dans ma tête, une seule phrase résonnait en boucle : "surtout, quoi que tu fasses, ne la frappe pas." Je savais pertinemment qu'elle n'aurait aucun remord à porter plainte contre moi. D'ailleurs, elle restait impassible, comme si elle n'attendait qu'un mauvais geste de ma part pour passer à l'action. Cela dit, je n'eus même pas l'occasion de lui faire quoi que ce soit que je fus projeté en arrière, contre le mur, par son garde du corps du moment.
Le choc contre le mur fut plus violent que ce à quoi je m'attendais et j'eus du mal à m'empêcher de tomber. En temps normal, je ne serais déjà jamais allé jusque-là donc, si il n'y avait pas eu l'irritabilité due au manque d'alcool, j'aurais sans aucun doute quitté la pièce à ce moment-là. Sauf que, vous vous en doutez, ce n'est pas ce que je fis. Au contraire. "Mêle toi de ton cul, toi, connard." criais-je à l'inconnu, pris d'une haine que je ne me connaissais pas. J'avais moi-même du mal à me reconnaître, moi qui évitais toujours au maximum les conflits. J'avançais alors vers lui, sachant pertinemment que je ne faisais pas le poids. Il me demanda de ne pas m'approcher, mais comme je n'obéissais pas, il balança violemment son poing dans mon arcade sourcilière. Je vacillais, portant ma main à ma tête douloureuse. J'arrivais avec la plus grande peine à rester sur mes jambes. Très mauvaise idée. L'homme voulant certainement s'assurer que je serais définitivement inoffensif, il abattit une seconde fois son poing énorme, au niveau de mon nez. Cette fois, je ne pouvais résister à la violence du choc et je finissais au sol, le visage ensanglanté.
Mon regard se tourna sur Helen qui semblait choquée, dans un coin de la pièce. L'homme lui adressa une phrase que je ne compris pas avant de partir dans une autre pièce, sans se retourner. Un liquide chaud semblait s'écouler rapidement de mon arcade et mon nez était douloureux. Ma mère s'approcha doucement, sous mon regard sceptique. Je me demandais si, pour une fois, elle allait faire un geste vers moi. "Si tu crois que je dois te trouver moins pathétique parce que tu es mon fils, tu te trompes, moi je marche au mérite et toi, tu ne le mérites pas." Je déglutis en me redressant légèrement pour finir assis contre le mur. J'avais l'impression d'être de nouveau cet enfant qu'elle blâmait sans arrêt pour tout ce qu'il se passait de mal dans sa vie. Les vieilles angoisses ayant la vie dure, je me sentais mal, à la fois coupable et incapable. Comment arrivait-elle encore à avoir une emprise pareille avec ses paroles après toutes ces années ? D'ailleurs, je ne savais même pas ce qui faisait le plus mal entre la droite que j'avais reçue et ses mots. J'étais déjà à terre, minable et pitoyable, mais, pour Helen, ce n'était pas suffisant. Il fallait qu'elle donne le coup de grâce. Toujours. "J'aurais aimé que tu ne sois pas né." Cracha-t-elle avec tout le mépris dont elle était capable. Puis elle se retourna, prête à aller rejoindre le type, me laissant là, comme la merde qu'elle considérait que j'étais.
Je mettais quelques minutes à reprendre mes esprits, mais lorsque ce fut fait, je me relevais difficilement. J'attrapais le sac que j'avais en arrivant un peu plus tôt et je sortais de la maison. Je n'avais aucune envie de les recroiser, tout ce que je voulais c'était partir loin d'ici. Et boire. Boire jusqu'à tout oublier. J'en avais envie, plus encore que d'habitude, mes mains tremblantes en témoignaient. Cependant, mon arcade sourcilière saignait toujours, allant jusqu'à goutter sur mes vêtements. J'enlevais donc mon t-shirt pour le presser contre ma plaie et décidais d'aller chercher de l'aide ailleurs que dans une bouteille. Pour l'instant du moins. Dans la rue, les gens me regardaient étrangement et s'éloignaient un peu quand je passais près d'eux. Je ne leur en voulais pas, je ne devais pas avoir fière allure, à moitié à poil avec le visage défoncé.
Je marchais longtemps dans Brisbane, ne sachant pas vraiment où je voulais aller. Je ne voulais embêter ou inquiéter personne. Mes pas me conduisirent pourtant devant un immeuble que je connaissais bien : celui de Nicole, ma sœur. J'hésitais pourtant un peu avant de frapper à sa porte. Je me sentais mal de l'avoir évitée, j'avais la nausée, mes mains tremblaient, ma tête et mon nez me faisaient mal, j'étais fatigué, j'étais triste, j'avais envie de pleurer et par-dessus le reste, j'avais l'impression d'être un débile mental qui ne réussirait jamais rien. Lorsque la porte s'ouvrit enfin sur ma sœur, je n'eus même pas la force de prononcer un mot, je m'approchais doucement en ouvrant les bras pour lui faire un câlin. Parce que peu importe tout ce qu'il se passait autour, elle était celle qui avait toujours été là pour moi, la seule lumière parmi les ombres de ma vie.
On ne peut pas changer les ombres on peut juste les éclairer
▽ And the shadow of the day Will embrace the world in grey And the sun will set for you @Maxwell O'Connor ♡
Un matin comme un autre. Un ciel bleu, un temps doux de début d'hiver, j'avais ouvert les rideaux pour laisser les fins rayons traverser les baies vitrées du salon que j'entrouvrais légèrement pour aérer la pièce. Aujourd'hui, j'étais en télétravail pendant que Dani rencontrait un de nos clients ce matin et un autre cet après-midi. Les dossiers sur lesquels je devais bosser ne nécessitaient pas ma présence au bureau alors j'en profitais pour rester chez moi en avançant dessus. Si elle avait besoin de moi, elle savait qu'elle pouvait m'appeler.
Une journée tranquille était donc prévue enfin, c'était ce que je pensais. J'entendis toquer à ma porte sans avoir eu de sonnerie à l'interphone. Qui pouvait-être là ? La gardienne de l'immeuble ? Un voisin ? Je regardais par le judas. Max ! Il m'avait ignorée pendant une semaine - ou plutôt avait fait le mort après m'avoir abandonnée à mon propre faux mariage.
Mais qui étais-je pour le laisser attendre devant ma porte, je n'allais pas bouder davantage. J'ouvrais et ce que je vis m'horrifiait. Mon frère était plus qu'amoché, on aurait dit qu'un bus l'avait percuté. Il titubait vers moi les bras ouverts et je le prenais instantanément dans mes bras, paniquée.
" Max, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qui t'a fait ça ? "
Je jure que celui ou celle qui a fait ça va bouffer la poussière. Maxwell était dans un état pire que tout ce que j'avais pu voir et quelle qu'en soit la raison, c'était impardonnable. Je le serrais contre moi puis je réalisais que je lui faisais peut-être plus de mal encore ainsi. Je relâchais mon étreinte et l'aidais à entrer dans l'appartement et le guidais jusqu'au canapé pour qu'il puisse s'y poser. Je lui servais un verre d'eau pour qu'il reprenne ses esprits avant de me dire quoi que ce soit. Je m'asseyais à ses côtés attendant d'en savoir plus.
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Vu la tête qu’elle faisait, j’aurais probablement mieux fait de l’appeler pour lui dire de ne pas s’inquiéter avant de me présenter à sa porte. Avais-je vraiment une tête si affreuse pour qu’elle ait l’air si horrifiée ? Elle me serra dans ses bras et je l'enlaçais également. Vu l'heure, j'avais pensé qu'elle ne serait peut-être pas là, mais j'étais content qu'elle le soit. Sa présence était déjà un tel réconfort que j'avais envie de fondre en larme comme je le faisais dans ce genre de situation lorsque j'étais gosse. Mais je n'étais plus un enfant, alors je prenais sur moi pour ne pas surréagir. Elle demanda ce qu’il s’était passé. Qui avait fait ça. Je grimaçais dans son dos, bien que je n’aimais pas beaucoup lui faire des cachotteries, je n’avais pas très envie qu’elle débarque chez Helen pour me venger. Notre famille était déjà bien trop brisée à mon goût. Et comme j’essayais de maintenir un lien frêle depuis tout ce temps, je refusais d’être celui qui gâcherait ça aussi. Et j'avais peur pour elle également, que se passerait-il si elle se retrouvait face au nouveau mec de notre mère ?
"Je vais bien, Nini, j'ai juste un peu mal à la tête." Essayais-je de la rassurer alors qu'elle m'aidait à entrer dans son appartement. Elle me guida sur le canapé et je m'y asseyais en essayant de ne pas m'écrouler, histoire de ne pas affoler davantage ma sœur. Elle servit un verre d'eau que je buvais en cachant difficilement le tremblement de mes mains pendant qu'elle s'essayait près de moi, apparemment toujours disposée à savoir ce qu'il s'était passé. Je soupirai. "Ok, tu as gagné, je vais te raconter, mais promets-moi de ne pas t'énerver, d'accord ? Déjà, j'ai les yeux rouges depuis la semaine dernière, je me suis pris une bombe lacrymo dans la gueule à la pride, c'était pas une très bonne année pour moi à cet évènement. Et pour le reste, vraiment, tout est de ma faute, j'ai été con." Je déposais mon t-shirt sur le verre de la table basse avant de tourner la tête vers elle. J'avais rarement vu Nicole si épouvantée et je commençais à me demander si j'étais vraiment défiguré pour qu'elle le soit à ce point. "Arrête de me regarder comme ça Nini, tu me fais flipper. Je te dis que je vais bien, j'ai été un peu sonné, j'ai mal au visage et j'ai envie de boire. À part ça je vais bien." T'essayes de la rassurer ou de l'inquiéter plus, blaireau ? pensais-je alors que je touchais de nouveau mon arcade sourcilière toujours douloureuse. J'avais entendu dire que cette zone saignait toujours beaucoup, mais que les blessures y étaient rarement graves. J'espérais que ce n'était pas des conneries. "Déjà regarde ça, est-ce que ça saigne encore ? J'ai besoin de points, tu crois ?" Je faisais un signe de ma main gauche vers la zone gauche de mon visage pour lui montrer que je parlais de cet endroit -comme s'il y aurait pu y avoir une méprise-.
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Je savais parfaitement que Max voulait éviter toute forme de conflit mais de toute évidence, ceux-ci lui rentraient dedans, comme lorsque nous étions gosses. Il a longtemps été l'objet de harcèlement et a tenté de camoufler ça en se défendant comme il le pouvait. Et même lorsque nous l'avons su, Gideon et moi n'étions pas à la hauteur pour le protéger, quant à Helen, elle s'en battait les ovaires, cette salope. Des années plus tard, on en est au même point. Je me sentais toujours aussi impuissante face à ses problèmes et lui tentait de les dissimuler, de les oublier, de fermer les yeux. Et Helen le tenait captif dans son chantage affectif sans rien lui donner en retour. Rien ne me mettait plus en rage que de voir tout ça et d'être incapable de changer quoi que ce soit. Alors, lorsqu'il débarquait chez moi bousillé de tous les côtés, je soupçonnais que ça ait un lien avec cette connasse d'une manière ou d'une autre. J'avais bien compris que peu importe ce qu'il lui arrivait, il ne voulait pas m'en parler parce qu'il me connaissait que trop bien. Je marquais un temps de silence, je le regardais partagée entre la panique de voir mon frère mordre une fois de plus la poussière et l'agacement face à sa réaction. Après un instant, je me levais pour aller chercher ma trousse de secours. Je revenais pour commencer à le désinfecter. Et ma bouche commençait son flot, la voix mi-tremblante mi-énervée. Mais, vous savez ce début d'énervement où vous ne criez pas encore, comme une voiture qui commence à se chauffer avant de démarrer après avoir été dégivrée. Ça peut partir au quart de tour.
" Tu ne peux pas venir chez moi en ayant l'air de t'être pris un bus dans la tronche et espérer que je ne sois pas inquiète ensuite ! Je ne suis pas idiote et tu ne me dis absolument rien là ! C'est pas une bombe lacrymo qui t'a cassé la gueule. "
De mes fines mains, je m'occupais des blessures visibles, veillant avec précaution malgré un produit désinfectant qui allait forcément picoter. De ma voix que je tentais de ne pas trop élever pour ne pas braquer davantage mon petit frère, je me chargeais des plaies que personne ne voyait, sauf moi. J'avais peur pour lui mais je craignais aussi que mes réactions nous éloigne. Malheureusement entre ses œillères et mon télescope, nos points de vue divergeaient. Face à son aveuglement, je ne pouvais rester de marbre très longtemps. S'il jouait au sourd muet, je saurai porter la voix pour deux.
" C'est qui ? T'auras un verre d'eau après. J'ai tout mon temps aujourd'hui. " terminais-je malgré mon impatience
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Après un silence qui me parut interminable alors qu'il dura moins d'une minute, Nicole se leva pour disparaître dans la salle de bain. Je passais le court temps qu'elle passa là-bas à me demander comment j'allais me sortir de cette situation. Je n'avais pas vraiment envie de retourner chez Helen, encore moins maintenant, je me voyais mal débarquer chez ma meilleure amie dans cet état et je n'avais aucune envie de donner à Nicole les explications qu'elle réclamait. Elle revint, une trousse de secours à la main, sans que je n'aie trouvé de solution. Je reculais la tête dans un grognement alors qu'elle approchait son désinfectant de ma tête. Je voyais bien qu'elle était énervée et lorsqu'elle ouvrit la bouche, le ton de sa voix le confirma. Elle avait raison, j'étais bête d'être venu avec cette tête en espérant qu'elle ne s'inquiète pas trop.
"Je suis désolé, Nini, je ne voulais pas t'inquiéter. J'ai seulement insulté le mauvais mec... Aïe !" Annonçais-je, en espérant que ça lui suffirait alors qu'elle continuait les soins avec son coton infernal. Mais pour Nicole, bien évidemment, c'était loin d'être suffisant. Elle voulait un nom, savoir qui était cette personne. Son chantage me fit lever les yeux au ciel, comme si ça avait eu une chance de fonctionner.
"Ok." J'hésitais une seconde entre tout lui raconter et fuir. Mais, lui avouer ce qu'il s'était passé signifiait la mettre en danger elle. Et peut-être avais-je toujours peur de ce qu'il pourrait se passer lors d'une confrontation avec Helen. J'avais peur de ce qu'il pourrait se passer et j'étais terrifié par l'idée que notre famille n'en soit plus une. Il était certain que notre famille n'avait jamais été parfaite, mais j'avais l'impression qu'en enlevant Helen de l'équation, c'était comme si notre lien disparaissait. Le raisonnement était stupide, mais après tout, en enlevant nos pères de la même équation, notre mère n'avait-elle pas réussi à faire disparaitre le lien avec une potentielle deuxième famille ?
Alors, évidemment, il ne restait que l'autre solution. Celle que j'avais toujours pris, celle qui m'isolait un peu plus à chaque fois. Je soupirais. "Je suis fatigué Nini, j'ai pas envie de me battre avec toi." Je voyais d'ici sa remarque sur le fait que ce n'était pas avec elle que je m'étais battu, arriver. J'écartais doucement sa main de ma tête, attrapais mon t-shirt et je m'appuyais sur le canapé pour m'aider à me relever. Au fond, j'avais toujours su qu'en venant chez Nicole, on en arriverait là. Alors pourquoi étais-je venu ? Parce que j'avais envie que tout cela change, j'avais envie d'arrêter le massacre ici. Mais quand on a passé sa vie à fuir, il est difficile de réussir à faire autre chose. "Je t'assure que je vais bien." Est-ce que répéter cette phrase en boucle la rendait plus vraie ? Probablement pas. Depuis quand mon corps était-il devenu si lourd ? Je ne me souvenais pas de la dernière fois que j'avais eu autant de mal à me lever.
Et alors que j'avais eu la plus grande peine à me remettre sur mes jambes, Nicole m'obligea à me rasseoir sans aucune difficulté. "Aïe !" râlais-je de nouveau en me retrouvant à nouveau assis sur le canapé. Je lui lançais un regard désapprobateur. "Tu vas faire quoi, Nicole ? Me garder en otage jusqu'à ce que je parle ?" Je ne l'avais pas appelée par son nom complet depuis longtemps, si bien que cela me fit bizarre. Le regard de ma soeur était toujours planté sur moi, elle avait l'air plus déterminée que jamais. Soupirant à nouveau, je détournais le regard.
S'il te plait ne m'oblige pas à tout te dire, laisse-moi croire que tout va bien, laisse-moi croire que notre famille existe et que notre mère peut changer. Et surtout, ne m'oblige pas à être celui qui te met en danger.
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▽ Everything falls apart Even the people who never frown eventually break down The sacrifice of hiding in a lie Everything has to end You'll soon find we're out of time left to watch it all unwind The sacrifice is never knowing @Maxwell O'Connor ♡
Je comprenais ses intentions mais j'étais en total désaccord sur sa façon d'agir vis-à-vis de moi. De quoi avait-il si peur pour éviter le sujet à ce point ? Je claquais mes ongles entre eux, nerveusement. Tout ce que je voulais c'était son bonheur et ça me frustrait de le voir se laisser bousiller chaque jour par la vie. Il méritait mieux et parfois je me demandais si j'étais capable de l'aider vraiment. Enfin, il faudrait seulement qu'il veuille de l'aide. Essayer de me rassurer pour ne rien me dire, pour fuir, encore. Cela m'effrayait davantage. Plus il esquivait le sujet, plus je me disais que c'était grave. Et ça l'était ! Qui que soit l'agresseur ou la "raison" des coups. Evidemment, je me doutais que la vieille y était pour quelque chose surtout quand je voyais la détermination de Max à ne pas me répondre.
Pourquoi la défendait-il après toutes ces années ? Après tout ce qu'elle nous a fait ? Ça ferait de moi la méchante sorcière dans son conte ? Me raconte pas d'histoires, Max...
" Te garder en otage ? C'est vraiment comme ça que tu le prends... Maxwell ? Donc maintenant c'est moi qui t'agresse ? Oui, vas-y regarde ailleurs ou continues à bien fermer les yeux ! Puis tant qu'à faire bouches-toi les oreilles ! "
J'avais envie de casser des culs, couper des têtes et cogner le mur à m'en faire exploser les poings. Je ne supportais vraiment pas qu'on touche à mes frères mais voir Max à ce point dans le déni ça me faisait péter un plomb. Gigi et Max nous n'avions pas le même père mais jamais je ne les avais vus comme des demi-frères. Je haïssais Helen mais elle m'avait au moins fait deux magnifiques cadeaux en ce bas monde et il n'y avait rien de plus précieux qu'eux. Voilà, elle avait fait son taf, au delà de ça, elle n'existait pas à mes yeux. Gideon partageait mon point de vue. Maxwell... Je ne saisissais pas.
" Tu sais, tu es majeur et vacciné. Si tu veux partir, tu sais où est la sortie. Peut-être que j'aurais de tes nouvelles dans une semaine ou deux, hein. Dans le meilleur des cas, les urgences m'appelleront. "
Je ne me souvenais pas avoir été aussi sèche avec lui de toute ma putain de vie. J'enrageais intérieurement mais ma resting bitch face était de mise, les dents serrées. Je savais pertinemment que ce sale gosse pouvait tout à fait me prendre au mot et prendre la porte.
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Nicole s'énervait, si elle essayait de le cacher, c'était pourtant très clair. Sa position, son visage plus fermé que d'habitude et sa façon hyper stressante de claquer ses ongles entre eux. Et si j'avais encore un doute, lorsqu'elle ouvrit la bouche, il disparut instantanément. Elle m'appela par mon prénom complet, ce qui me fit relever les yeux aussitôt. Je serrais les poings en la fusillant du regard alors qu'elle terminait sa tirade.
"Ne m'appelle pas comme ça !"
Ma voix était bien plus forte que ce que j'aurais voulu, j'avais presque crié. Je ne voulais pas m'énerver contre elle, elle était seulement inquiète pour moi, comme toujours. Mais elle savait très bien que je ne supportais plus ce nom. Helen l'avait prononcé beaucoup trop de fois avec son air de dégoût habituel, je n'entendais plus qu'elle lorsqu'on m'appelait comme ça. Et Nicole le savait très bien. Sa voix sèche et son invitation à sortir finirent par me convaincre. Je me levais, toujours avec difficulté. Et si je n'avais pas envie de me disputer, le fait été que j'étais quand même vexé par ses piques à peines dissimulées. Et souvent, quand j'étais blessé, je parlais sans réfléchir.
"T'as raison, commence donc à faire des reproches sournois, c'est comme ça qu'Helen a commencé, elle aussi. Finalement, tu lui ressembles plus que ce qu'on pourrait penser !"
Est-ce que c'était mérité ? Probablement pas. Mais si elle voulait vraiment comprendre ce qu'il y avait dans ma tête, si elle voulait que je lui dise ce que je ressentais et ce qu'il se passait quand elle n'était pas là, elle allait d'abord devoir passer sur les années de colère refoulée et de ressentiments. Et contrairement à ce qu'on aurait pu penser, Helen n'était pas la seule à qui je pouvais en vouloir. J'en voulais à Gideon de nous avoir lâché au point de ne plus nous donner de nouvelles pendant des semaines parfois. Contrairement à ce que j'avais toujours dit, j'en voulais à Nicole d'être partie en sachant qu'elle me laissait derrière elle. Et avec qui elle me laissait. Je m'étais senti si seul et j'avais gardé ça en moi si longtemps que j'avais l'impression que c'était une boite de pandore.
"Mais t'as raison, je sais où est la porte et je vais la prendre, comme ça tu auras tout ton temps pour faire semblant de faire partie de la famille coréenne du quartier ! Mais spoiler alert Nicole, c'est pas parce que tu passeras ton temps chez eux que ta famille va disparaître."
J'arrivais enfin à la porte de l'appartement. Comme chaque fois que j'étais énervé, la voix de Gideon tournait dans ma tête, essayant de me calmer et me conseillant de fuir. Sauf qu'il ne s'agissait pas de notre mère cette fois. Cette fois c'était Nini. Et Nini, je n'avais pas envie de la perdre. Je ne pouvais pas la perdre. Et si je partais, elle ne reviendrait pas vers moi et je ne reviendrais pas vers elle. Et je ne pouvais pas perdre ma sœur comme ça, pas pour Helen. Aussi, au lieu de l'ouvrir, je balançais mon poing dans la porte avant de me retourner, la mâchoire serrée.
"Tu sais quoi ? Tu veux tout savoir ? C'est le nouveau mec d'Helen qui m'a cassé la gueule. Et elle a pas bougé." Je plaquais mon dos contre la porte pour me soutenir un peu et je soupirais. "Helen est un monstre, mais c'est notre mère. Et au moins, elle m'a jamais abandonnée, elle. "
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" T'as raison, commence donc à faire des reproches sournois, c'est comme ça qu'Helen a commencé, elle aussi. Finalement, tu lui ressembles plus que ce qu'on pourrait penser ! "
Première claque mentale dans ma gueule. Donc lui aussi se mettait à me comparer à cette sorcière. Cependant, il n'en avait pas encore fini avec moi. Alors que je serrais les poings, encaissant chacune de ses répliques cinglantes, il balança le sien contre ma porte et il me frappa de sa dernière pique. Mes ongles commençaient à me faire mal mais pas autant que lui.
" Helen est un monstre, mais c'est notre mère. Et au moins, elle m'a jamais abandonnée, elle. "
" Vas-y, dis-le clairement ! Je suis pire qu'Helen ! "
Je n'avais pas réalisé que mes yeux étaient devenus rouges et humides, il avait si vite enchaîné les reproches que je n'avais point eu le temps de saisir les émotions qui s'emparaient de moi. Colère, tristesse, regret, incompréhension... Entendre tout ce que Max pensait réellement de moi me rendait malade. La comparaison avec Helen était une chose mais que ça sorte de SA bouche, je ne le supportais pas.
Bien sûr, j'avais entendu la partie où il m'avouait enfin que c'était le nouveau Boy Toy de la sainte mère qui l'avait frappé." Et elle a pas bougé. " Mais bon, vu qu'ELLE ne l'a pas abandonné, c'est ok. TOUT. VA. BIEN.
" Tu sais quoi, j'en ai assez entendu. Le nombre de fois où je t'ai proposé de vivre avec moi et que tu as préféré vivre avec cette chère mère... MAIS PUTAIN, RETOURNES-Y ! T'Y ES SI BIEN ! "
J'avais fini par crier, je n'arrivais plus à me contrôler, mon sang froid s'était fait la malle. Non seulement, je ne lui étais d'aucune aide mais je m'en prenais plein la tronche alors que c'était lui qui s'était réfugié chez moi. Pas que je sois une martyre mais tout ce que j'avais voulu c'était lui apporter mon aide aussi maladroite soit-elle. Tout ce que j'avais gagné c'était de le perdre.
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" Vas-y, dis-le clairement ! Je suis pire qu'Helen ! "
Dans sa voix et dans son expression, je sentais à quel point mes propos avaient pu lui faire du mal, mais n’était-ce pas le but ? J’avais été vexé et énervé par ce qu’elle m’avait dit et j’avais voulu lui rendre la pareille, tel un gamin qui veut se venger.
“J'ai pas dit ça Nini ! Commence pas à déformer ce que je dis, putain !”
Non, moi j'avais seulement dit qu'elle lui ressemblait, qu'elle était comme elle, en sachant très bien que non seulement elle allait être blessée parce que c'était la pire des insultes possibles pour chacun d’entre nous, mais qu'en plus, c'était totalement faux. Je ne connaissais personne d'aussi odieux qu'Helen, excepté peut-être moi-même en cet instant. Lorsque j’avais aperçu ses yeux rouges, je m’étais immédiatement senti mal. Mais il était trop tard, j’avais été trop loin et je le savais. Et je pouvais être très con lorsque j’étais fatigué, énervé et que j’avais envie de boire. Si bien qu’au lieu de la supplier de m’excuser comme j’aurais dû le faire, je considérais avec sérieux la dernière phrase qu’elle venait de prononcer.
"Tu m'as proposé de venir vivre avec toi ? En prenant soin d'avoir un appart avec une seule chambre ? J'ai 30 ans Nini, c'est pas assez humiliant de vivre chez ma mère, il faudrait que je change pour vivre éternellement sur un canapé ? Je suis vraiment désolé, désolé de refuser de quitter une vie de merde pour en avoir une sans aucune intimité, désolée d'être un débile incapable de vivre seul…" D'accord, ça c'était peut-être les mots d'Helen, mais ça n'empêchait pas leur véracité. "Désolé de ne pas être comme vous et d'être incapable de laisser mourir ma mère toute seule même si elle est horrible et désolé encore d'être un boulet pour toi au point que tu sais que les urgences vont finir par t'appeler si je ne donne pas de nouvelles. Dans le fond, c'est peut-être moi qui suis pire que notre mère. Mais t'inquiète pas, je vais arrêter d'être un boulet toxique pour toi, l'hôpital ne t'appellera pas…" ma voix s'éteignit au milieu de ma phrase tant je regrettais déjà ce que j'étais en train de dire. J’avais l’impression de me battre contre moi-même. La main tremblante, j'attrapais finalement la poignée de cette fichue porte que j'ouvrais. C'est au bord des larmes, la voix chevrotante que je lâchais ma dernière phrase. "Et moi non plus. Tu n'auras plus de problème avec moi, je vais te laisser tranquille. Sois heureuse Nicole, je t'aime."
Et je refermais la porte derrière moi, le cœur lourd. Dans ma tête, cette histoire sonnait un peu comme un adieu, comme s' il y avait un risque réel que je ne la vois plus jamais. Alors, avant de partir, je me laissais glisser contre le mur près de la porte et restais là un moment, la tête enfouie dans mes bras, eux-mêmes croisés sur mes genoux, à laisser mes larmes couler.
Si j'avais pensé une seule seconde que ça pourrait finir comme ça, je ne serais jamais venu.
On ne peut pas changer les ombres on peut juste les éclairer
▽ Everything falls apart Even the people who never frown eventually break down The sacrifice of hiding in a lie Everything has to end You'll soon find we're out of time left to watch it all unwind The sacrifice is never knowing @Maxwell O'Connor ♡
" J'ai pas dit ça Nini ! Commence pas à déformer ce que je dis, putain ! "
" C'est comme si tu l'avais fait ! "
Mais mes paroles flottaient dans l'air. La tornade Max ne s'arrêtait plus.
" Parce qu'il fallait que j'attende que monsieur se décide pour choisir un endroit où vivre ? Je te l'ai proposé dès le départ ! Je te l'ai demandé dès ma première coloc y'a déjà 14 ans ! Et pas qu'une fois, bordel ! Je devrais te supplier pour que tu vives avec moi ou te faire croire que j'ai une maladie incurable ? Putain Max, écoute-toi parler ! "
C'était définitivement comme parler à un mur... Se rendait-il seulement compte de tout ce qu'il me balançait à la gueule ? Pas que je sois plus raisonnable... Si oui, pensait-il vraiment chaque mot ? Etais-je si horrible que ça comme personne ? Comme sœur ?
Je voyais bien l'état dans lequel il était. Quelle en était la véritable raison ? Etais-je alors responsable de tous ses malheurs ?
" Et moi non plus. Tu n'auras plus de problème avec moi, je vais te laisser tranquille. Sois heureuse Nicole, je t'aime. "
" MAX ! "
Alors que je criais son nom, il ferma la porte derrière lui, me laissant comme la conne que je devais être. De rage, je pris le verre qui aurait pu être le sien - s'il était resté boire de l'eau - et l'envoyais se briser sur la porte close. " Sois heureuse Nicole, je t'aime. " M'abandonner c'était sa vision du bonheur qu'il me souhaitait.
" C'EST ÇA, BARRE-TOI ! DEGAGE ! "hurlais-je seule, la voix pleine de sanglots" J'AI BESOIN DE PERSONNE ! "
Je me laissais tomber, le cul sur le canapé, prenais ma tête dans mes mains, j'explosais en larmes, la vanne était ouverte, je ne pouvais plus m'arrêter. Je n'avais pas pleuré ainsi depuis mon adolescence. Quasiment la moitié de ma vie donc. Bien sûr, j'avais connu des petits chagrins, des peines, des mauvais jours. Rien de tel. Mon estomac ne nouait, je perdais tout contrôle y compris celui de ma respiration. Crise d'angoisse. Ma plus grande peur s'était matérialisée et j'en perdais la raison. Max m'abandonnait, Gideon ferait sûrement pareil.
J'allais finir ma vie seule.
J'allais passer le reste de ma vie dans le noir. Ma lumière m'avait lâchée.