| jannah + it's always been a smoke and mirrors game |
| | (#)Ven 14 Aoû 2015 - 15:50 | |
| ►Sorti de la voiture, je me retrouve devant la villa où vit Hannah, dans Pine Rivers. C'est un samedi terme et froid, le genre de ceux que je passe bien volontiers à traîner à la maison en général, blotti sur le canapé avec Joanne à discuter ou regarder quelques films. Le genre de temps qui ne donne envie de rien faire, et qui, pourtant, rappelle un peu l'Europe et me rend légèrement nostalgique des pluies très fines et tièdes qui s'abattent régulièrement sur Londres en automne. J'ai peut-être pris l'habitude du soleil finalement. Je traverse la rue et me retrouve sous le perron de la bâtisse qui, sous le ciel gris, a des airs assez hostiles à vrai dire. Mais tous les bâtiments relativement imposants deviennent plus ou moins inquiétants lorsque le paysage a perdu ses couleurs. Je frappe à la porte et c'est un majordome qui m'ouvre. J'hausse un sourcil. J'ai perdu l'habitude de me faire ouvrir la porte par quelqu'un d'autre qu'un visage amical. Même mes parents, pourtant on ne peut plus conservateurs et appréciant étaler leur fortune, ont cessé d'avoir un majordome lorsque nous avons quitté le relais de chasse en campagne pour nous installer dans la capitale britannique. Je souris, amusé, et l'homme face à moi a l'air de le prendre pour lui. Alors je ravale mon manque de manières ; « Jamie Keynes, je suis attendu par Miss Siede. » Il acquiesce d'un signe de tête et me laisse entrer avant de filer à l'étage prévenir Hannah de ma venue. C'est la première fois que je mets les pieds ici. Depuis le soir où nous avons flâné dans Brisbane jusqu'aux première heures du matin, la jeune femme et moi nous sommes revus peut-être deux ou trois fois, souvent pour se balader. Le reste de nos contacts s'effectue plutôt par téléphone, étant bien trop pris pour accorder à la miss Siede plus de temps que cela. Elle avait décidé de me faire une surprise. M'attirer dans un endroit que je ne connais pas pour faire quelque chose dont je n'ai pas l'habitude ; une invitation mystérieuse en soi, mais surtout une bonne excuse pour se voir un après-midi où j'ai bien été obligé de laisser Joanne. En attendant Hannah, mon regard parcours le hall et se glisse dans les pièces adjacentes dont les portes sont ouvertes. « Et on ose me dire que ma maison est trop grande… » je murmure en observant chaque détail de la villa. Le bruit de talons sur le parquet à l'étage me fait lever les yeux vers le plus haut palier de l'escalier qui se dresse devant moi, et l'actrice ne tarde pas à apparaître, toujours délicieuse et apprêtée. J'essaye de deviner l'endroit où elle compte m'emmener à sa tenue, mais je n'y trouve aucun indice. « Tu t'amuses à te faire toujours plus belle uniquement pour me faire de l'ombre, c'est ça ? » dis-je avec un sourire alors qu'elle arrive au rez-de-chaussée. N'étant pas friand de bises, je la serre quelques secondes dans mes bras. « Comment tu vas depuis la dernière fois ? » je demande pendant qu'elle enfile une veste. Ce qui n'est pas en trop, vu la manière dont il risque de pleuvoir à tout moment. J'espère que notre destination n'est pas en extérieur ; le fait est que mon métier, et surtout depuis que j'anime de nouveau à la radio, ne me permet pas de prendre le risque d'attraper froid. « Je t'avoue que je ne suis pas rassuré par ton invitation surprise. » Nous sortons de la villa, traversons la rue et rejoignons ma voiture. Hannah s'installe côté passager. « Allons-y, guide moi. » D'une pression sur un bouton, le moteur démarre. Je quitte ma plac sur le trottoir et m'engage dans les rues de Brisbane, sous le pilotage de la jeune femme qui sait très exactement où elle nous mène. « J'ai lu de superbes critiques à ton sujet, tu sais. » je fais remarquer pendant la route. Pour l'avoir vu au théâtre, il était évident que son interprétation d'Antigone allait conquérir la presse aussi bien qu'elle avait su me conquérir. « J'ai glissé un mot au sujet de la pièce pendant l'émission de lundi dernier, mais tu ne l'écoutes pas, n'est-ce pas ? » Hannah ne m'a pas l'air du genre à écouter la radio, je ne sais pas pourquoi. Je la vois plutôt préférer tenir entre ses doigts le papier d'un quotidien, elle qui aime tant les romans. |
| | | | (#)Sam 15 Aoû 2015 - 14:29 | |
| « Miss Siede, votre invité est là. » « Oh vraiment? J’arrive. »
Hannah n'avait pas prévu de faire attendre Jamie plus que nécessaire. Non, c’était les gens qu’elle voulait impressionner qui avait le droit à ce genre d’accueil. Pas de cela avec Jamie, du moins pas dans ce sens. C’était principalement ce qu’Hannah appréciait chez l’autre homme, plus de faux semblant, plus besoin de prétendre maintenant qu’il avait compris. Probablement plus qu’un autre mais… C’était pour cela que les amis étaient là, non? Hannah eut un maigre sourire avant d’enfiler sa paire de talons et de jeter un dernier coup d’oeil à son reflet dans le miroir. Encore une fois, elle ne cherchait à séduire personne mais elle avait toujours ses propres réflexes et ses propres habitudes. Quoi que… Elle et Jamie allaient être bien entourés ce soir. Rien à voir avec leurs précédentes sorties où ils avaient principalement arpentés les rues de Brisbane, Hannah avec un café les deux mains, observant Jamie donner son avis sur le sujet du jour. Ils avaient parlé comédie bien entendu, ils avaient parlé art également et Hannah avait ri en entendant son avis sur certaines choses, ravi de voir qu’ils se comprenaient sur bien des points. Jamie était son ami, une perspective plus si effrayante que cela dans le fond et après un dernier tour sur elle-même, Hannah sortit de sa chambre, dévalant les escaliers pour rejoindre Jamie. L’accueil fut chaleureux et elle lui adressa son fameux sourire narquois avant de répliquer un simple: « Hmm… Non je le fais parce que c’est très facile. Et te faire de l’ombre est devenu mon nouveau passe-temps, tu ne le savais pas? » Le sourire d’Hannah s’agrandit lors de leur étreinte et elle l’observa à son tour. Elle était ravie de le voir porter un costume, ça avait été l’une des seules indications qu’elle lui avait fournies. Hannah était d’ailleurs surprise qu’il prenne du temps pour elle et ses requêtes infantiles.
Un jour, tu t’ennuieras de moi, lui avait soufflé Hannah, toujours aussi dramatique au possible et fixant l’horizon plutôt que Jamie. Elle ne prédisait pas le futur non, mais elle connaissait les hommes et Jamie en était un. « Je crois que je serais déçue si tu avais l’air aussi confiant que d’habitude. J’aime beaucoup casser ta routine et chambouler ton petit monde. » La Siede aimait bien le voir ainsi, intrigué, c’était une bonne chose. La laisser être en charge de tout était encore mieux et Hannah se disait déjà que ça allait être une bonne journée. Elle prit le soin d’enfiler une veste et elle le suivit en dehors de la villa. Hannah n’était plus étonnée de l’absence de chauffeur, elle-même laissait le sien chez elle parfois, au lieu de cela elle grimpa dans le véhicule et boucla sa ceinture. Rapidement, Hannah le guida vers le centre de Brisbane. Elle aurait tout aussi bien pu lui indiquer l’adresse, il connaissait bien la ville après tout, mais elle préférait le laisser dans l’ombre jusqu’à leur arrivée, c’était plus simple ainsi. Cela ne sembla pas le déranger outre mesure, la preuve, il ne s’inquiéta pas et parlait d’elle. Hannah eut un sourire, profitant du feu rouge pour se tourner vers le jeune homme, appuyée contre son siège. « Est-ce que tu m’en veux si je te réponds que non? » Il avait vu juste, bien sur que Jamie avait vu juste, elle n’était pas une grande fan de la radio. Et encore moins la télévision, elle préférait de loin lire, que ce soit des nouvelles ou même de la fiction. « J’écoute de la musique classique donc j’ai abandonné la radio depuis très longtemps. Mais si tu veux, tu peux me reposer la question et je ferai semblant, après tout, il a été dit quelque part, que je suis une bonne actrice. » Hannah laissa échapper un rire avant de ranger une mèche de cheveux brune derrière son oreille. Elle prit une profonde inspiration et posa sa main sur l’épaule de Jamie pour lancer d’une voix toute à fait convaincante: « Oh Monsieur Keynes j’adore ce que vous faites… je vous écoute toutes les semaines, est-ce que je peux avoir un autographe? S’il vous plait? Je ne le dirai à personne promis. » Et Hannah était une bonne actrice, tellement qu’elle pouvait rougir sur commande et qu’elle ruina en quelques secondes son maquillage avec le rouge qui lui montait au joues et son petit air béat et émerveillé. Tout ça parce qu’elle était en présence du grand Jamie Keynes.
Il redémarra la voiture et Hannah laissa échapper un autre rire se remettant correctement en place dans son siège. Comme si c’était son genre de se montrer admirative… « Je suis persuadée que tu dois avoir un tas de fans et que ton égo n’a pas besoin d’être boosté hmm? » Elle l’écouterait en temps et en heure voilà tout, sans rien lui dire parce que c’était ainsi qu’Hannah fonctionnait. Au virage suivant, Hannah lui fit signe de se garer. Ils étaient devant un hôtel cinq étoiles, dont Jamie avait surement déjà du entendre parler, il était impossible de rentrer dans le dit établissement sans avoir un compte en banque qui affichait des tonnes de zéro. « Okay. » commença lentement la brune en détachant sa ceinture. Elle cherchait encore une bonne façon de lui dire, après tout, il pouvait toujours faire demi-tour si ça ne lui convenait pas. « Tu te souviens de notre petite discussion sur ta faible consommation d’alcool, hmm? » Elle se souvenait de l’avoir trouvé mignon et de s’être promis de le faire boire. Beaucoup. « Eh bien j’ai décidé de t’initier à ce genre de vices, enfin, on va commencer simplement, avec du vin. Pas besoin de t’effrayer en sortant directement le whisky? Hmm… Bref, nous avons cordialement été invité, enfin j’ai été cordialement été invitée par un des … nous dirons amis, de mon père pour une petite dégustation de vins. » Hannah allait s’étendre plus tard sur les relations qu’elle entretenait avec les amis de son père, beaucoup plus tard. La plupart d’entre eux ne voyait qu’en elle un chemin vers le coeur et l’approbation de Nathan. Mais c’était se tromper que de penser que la comédienne était naïve. Elle cachait bien son jeu voilà tout. « Le commun des mortels se contente d’une verre et de quelques amis… mais ce n’est pas assez pour ceux qui ont un énorme compte en banque et qui font parti de notre monde. Il nous faut une dizaine de domestique, du caviar, de la musique, des rires et … une très bonne compagnie. » Hannah ponctua sa phrase par un clin d’oeil, toute son attention tournée vers Jamie. À un point tel qu’elle sursauta légèrement lorsqu’un employé de l’hôtel vint tapoter à la fenêtre du coté de Jamie, probablement pour leur ouvrir la portière et garer la voiture. « Alors qu'en dites vous Monsieur Keynes? » Hannah se mordit la lèvre inférieure, elle attendait sa réponse. Qu’elle espérait positive. Qu’elle voulait positive, et cette fois-ci, l’expression sur son visage était plus que sincère. |
| | | | (#)Sam 15 Aoû 2015 - 18:08 | |
| Hannah semble parfaitement sûre d'elle et de sa surprise, alors que je me contente de faire de mon mieux pour avoir l'air moins craintif que je ne le suis en réalité -appelons ça de la fierté. Le fait est que je ne sais jamais vraiment à quoi m'attendre avec la jeune femme. Même si je m'octroie une certaine capacité à la décrypter, à la comprendre, il reste une immense part de mystère chez elle que je lui laisse bien volontiers ; elle fait tout son charme après tout. « J'aime bien ma routine pourtant. » j'avoue en haussant les épaules pendant que nous rejoignons la voiture. Je suis le genre de personne qui affectionne grandement le quotidien, les habitudes, les traditions et les rituels de tous les jours et qui voit dans leur répétition quelque chose de rassurant. « Mais j'aime aussi quand tu viens la casser. » j'ajoute en ouvrant ma portière, un sourire complice sur les lèvres avant de m'engouffrer dans l'habitacle. Guidé par Hannah, je e contente de suivre ses indications sans poser de questions. Je pense que cela l'ennuierait que je cherche à tout prix à savoir où est-ce qu'elle compte m'emmener. Et pour que la surprise soit totale, je ne fouille même pas dans ma mémoire pour tenter de me souvenir où telle ou telle route m'a déjà mené par le passé, si je reconnais tel itinéraire ou non. J'ai envie de jouer parfaitement le jeu, aussi naïvement que possible. A un feu, Hannah m'avoue, comme je le pensais, qu'elle n'écoute pas mon émission. Je secoue négativement la tête, soupirant ; « Je suis terriblement vexé. » dis-je sans le moindre sérieux. A vrai dire, je préfère autant qu'elle ne s'y intéresse jamais. Comme ça, nous n'en parlerons pas. C'est un sujet que j'aborde déjà bien assez souvent comme ça. Sans que je m'y attende, la jeune femme se lance dans une parfaite imitation d'une quelconque adoratrice de l'émission. Impossible de m'empêcher de rire, me disant qu'elle ne manque décidément jamais une occasion d'utiliser ses talents d'actrices. « Seigneur… » je murmure en riant, me demandant s'il y a la moindre possibilité que ce genre de scène m'arrive réellement un jour. « On ne m'avait jamais encore demandé d'autographe. » j'avoue en toute sincérité. Ce n'est pas un cas de figure qui est apparu, et je doute vraiment qu'il ait lieu un jour. Être une voix à la radio, ce n'est pas être acteur ou rock star. Cela confère parfois une certaine popularité, mais pas à ce point. « Mon ego se porte merveilleusement bien. Mais je ne dirais pas que j'ai des « fans »… Parfois on me reconnaît, on me glisse un compliment sur l'émission, rien de plus. Et de temps en temps, j'ai une jeunette qui sort de nulle part, qui ne sait pas vraiment qui je suis ou ce que je fais, mais qui a vu ma tête sur une des publicités dans la rue et tient à faire un selfie avec moi. C'est tellement ridicule. » dis-je en redémarrant la voiture maintenant que le feu est passé au vert. De toute manière, à chaque fois que je suis reconnu, cela me met terriblement mal à l'aise. Je suis habitué à être connu des hautes sphères, d'abord comme fils de Lord à Londres, et ici comme rédacteur en chef, mais pas du reste du « peuple ». Je n'ai été dans la lumière que deux fois en Angleterre ; la première à cause d'un scandale éclaboussant mon père (les articles « Qui est sa femme ? Comment est sa famille ? » avaient alors fleuri de partout), puis après le suicide l'Oliver (« Qui était-il ? Quelles sont les raisons de sa mort ? » et autres témoignages exclusif sur « sa descente aux enfers »). Deux mises en avant par les médias qui auraient du me les faire haïr, et non pas bosser pour eux. Les indications d'Hannah nous mènent au pied d'un hôtel des plus prestigieux. Pour le coup, je suis assez perdu. Mon regard, interrogateur, se pose sur la jeune femme. Lorsqu'elle évoque ma consommation d'alcool, soudainement, je comprends. C'est un objectif commun au onde entier que de me faire boire à l'excès, juste pour contrarier mes principes qui sonnent si ridicules à une époque où les courses au taux d'alcoolémie le plus élevé en un rien de temps est devenu un sport national. J'ai donc été mené à une dégustation de vins de première classe. J'ai bien envie de préciser qu'il est hors de question que je touche au caviar, puisque je ne vais pas boire et trahir mon régime végétarien pour ses beaux yeux, mais je m'abstiens. « J'en dis que si je termine avec un coup dans le nez devant des personnes que je connais, j'aurais ma vengeance, crois-moi. » dis-je avec un sourire amusé. J'ouvre ensuite la portière et sors de la voiture, la confiant au chauffeur de l'hôtel. En entrant dans le hall, je pose une main dans le dos d'Hannah alors qu'elle me guide jusqu'à la pièce où nous devons nous rendre. « Je n'y connais strictement rien en vins, je vais être d'un ridicule... » je murmure en secouant la tête. Le plan afin de ne pas être la risée des invités consistera très simplement à faire exactement comme la jeune femme. En arrivant dans la salle de la dégustation, une voix s'élève non loin de nous ; « Jamie Keynes ! C'est bien le dernier endroit au monde où j'aurais pensé vous croiser. Bonjour Hannah ! » Nous nous serrons la main. Mince, c'est au pire moment que ma mémoire des noms me fait défaut, elle qui est pourtant infaillible. Néanmoins, il s'agit d'un homme d'un âge avancé que je croise régulièrement à des réceptions, et qui sait aussi bien que tout Brisbane que je décline toujours les coupes de champagne qu'on m'offre. « Vous vous êtes décidé à cesser de vous comporter comme au temps de la Prohibition alors ? » demande-t-il. J'hausse un sourcil, le trouvant légèrement indélicat, mais je ne m'en formalise pas. « A vrai dire, Miss Siede a voulu me surprendre en m'emmenant ici. Et c'est assez réussi. » dis-je en lui adressant un regard. « Quelle présence d'esprit elle a eu ! » il s'exclame avant de nous laisser. Mon regard glisse sur les autres personnes présentes, et je suis assez soulagé de voir que cette personne est la seule ici que je connaisse vaguement. Le sommelier, debout au milieu de la salle, fit tinter son verre. « Prenez place, nous allons commencer. » Mal à l'aise, je me contente de suivre Hannah jusqu'à une table et n'ose pas vraiment engager la discussion avec qui que ce soit autour de celle-ci, gardant toute mon attention sur le spécialiste, accompagné d'un œnologue. « Nous débutons avec ce vin blanc nous venant d'Afrique du Sud, un Kleine Zalze, millésime 2010. Une bouteille plutôt modeste qui nous permettra de nous mettre en bouche avec une première dégustation qui vous intéressera, j'espère, aux vins trop méconnus de ce continent. » débute-t-il d'une voix que je trouve assez monotone, en faisant un stéréotype parfait de l'intellectuel barbant et nombriliste des hautes sphères -celui qui se fait toujours un plaisir d'étaler son savoir à tout bout de champ, persuadé de changer votre perception du monde à chaque mot qui sort de sa bouche. Pendant qu'il parle, des serveurs versent le vin en question dans l'un de nos verres. Il y en a six en tout -donc cinq autres dégustations sont à prévoir. Je me vois déjà avec les pommettes roses et d'humeur joyeuse. « La robe est d'un doré profond laissant deviner un vin aux saveurs particulièrement concentrées. Sa grand viscosité, quant à elle, traduit un vin moelleux. Au nez, les senteurs multiples se devinent pourtant aisément ; citron, entre autres agrumes, melon, et comme une sensation d'herbe sèche. Vous le trouverez fort peu tanné en bouche, mais légèrement terreux en revanche ; à la fois rond, léger, et très frais sur ses dernières notes où le citron se fait plus pétillant en fin de bouche. » Alors là, je suis perdu. Je me penche vers Hannah, en essayant de garder mon sérieux alors que je suis pris d'une certaine envie de rire, et lui chuchote ; « Dis moi que je ne suis pas le seul à n'avoir pas compris un traître mot de ce qu'il vient de dire. » - Spoiler:
Du pavé en veux-tu, en voilà
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| | | | (#)Dim 16 Aoû 2015 - 15:47 | |
| Hannah allait continuer de sourire une bonne partie de la soirée semblait-il. Jamie était plus innocent qu’elle sur bien des points. Visiblement, il n’avait pas l’habitude d’attirer l’attention de parfaits inconnus à cause de son travail. Pas à cause de son nom, pas à cause de sa fortune, mais bien à cause de quelque chose pour lequel il avait travaillé d’arrache-pied et dont il pouvait être fier. C’était la meilleure des sensations selon Hannah qui savait qu’elle serait là pour l’épauler lorsque le moment serait venu. En attendant, il fallait vraiment qu’il dise oui. Et il le fit au plus grand plaisir d’Hannah qui le suivit aussitôt hors de la voiture. « Toi? Te venger? Encore une bonne raison de plus à notre venue pas vrai? » le taquina la brune tandis qu’on leur ouvrait la porte. Hannah abandonna rapidement sa veste dans les mains d’un autre employé, la brune tout à fait à l’aise. Elle n’en était pas à son premier coup d’essai non, parfois son père l’accompagnait à ce genre de soirées, Nathan passait plus de temps à discuter qu’à boire, il n’était pas un très grand fan de vin et tout tournait souvent en une discussion d’affaire avec lui. Chose qu’Hannah détestait, ce type d’événements était précisément ce qu’il fallait pour relâcher la pression tout en gardant une certaine dose de contrôle. Hannah ouvrit la marche, d’un pas assuré, la main de Jamie posée sur son dos. « Ne t’inquiète pas, tu crois que je sais ce qu’il se passe autour de moi, non! Je fais semblant… et ça commence maintenant pour toi. » La brune aurait voulu lui donner quelques conseils supplémentaires mais Jamie commençait déjà à se faire reconnaitre. Vraiment, il fallait qu’il s’habitue à ce genre d’attention. Hannah colla un sourire, impeccable au possible, sur son visage, restant toujours proche de Jamie. Elle observa le petit échange en silence et elle retint un éclat de rire face à l’honnêteté de la question. Oui, le Keynes passait de l’autre côté et c’était en partie… non totalement de sa faute. La dite Miss Siede eut un franc sourire tandis que l’attention des deux hommes se portaient vers elle. « Les surprises c’est ma spécialité. Mais Monsieur Keynes est entre de bonnes mains ce soir. »
Hannah adressa un regard taquin à Jamie et Jamie uniquement, juste le temps d’une seconde cependant car la soirée commençait. La salle était toujours aussi joliment décorée et était organisée en six tables rondes et hautes disposées en cercle. Le but était bien entendu de boire mais aussi de communiquer entre chaque vin qui allait être proposé. Hannah posa un coude sur la seule table libre, suivie de près par Jamie. Elle n’écouta absolument pas les explications, son regard noisette se promenant sur la salle. Il n’y avait qu’une quinzaine de personnes, l’événement se voulait privé après tout, il y avait quelques inconnus mais dans l’ensemble, Hannah était dans son élément. Elle sourit aux mots de Jamie et leva les yeux vers lui. « Oh please… personne ne comprend vraiment, ce sont tous des hypocrites qui sont là uniquement pour se faire bien voir et pour tenter de soutirer des informations à leur voisin. Reste près de moi et tout ira bien. » Elle se tourna alors vers le vin en question. « Mon dieu je déteste le vin blanc. » souffla la brune sans absolument aucune retenue. Elle sentit un regard sur elle, l’un des serveurs qui se retenait de rire et elle le gratifia d’un clin d’oeil avant de poursuivre. « Si tu dois faire semblant, autant bien le faire pas vrai? » Sa première fois remontée à bien des lustres, elle avait quel âge.. vingt ans? Plus? Moins? Peu importe, elle avait fini légèrement éméchée à l’arrière d’une limousine et… Oh. Hannah sourit quelques peu au souvenir, définitivement pas une histoire qu’elle allait raconter à Jamie. « On passe généralement une vingtaine voir même une trentaine de minutes sur chaque vin et sur chaque bouteille. Ça peut durer plus longtemps si quelqu’un décide d’étaler sa connaissance bien entendu, ce qui entre nous, arrive un peu trop souvent à mon gout mais soit… » Soupir dramatique. Hannah s’empara de son verre alors que les conversations commençaient dans la salle. Pas de doute que dans quelques instants, quelqu’un viendrait demander leur avis à Hannah et à Jamie.
« Tout d’abord, tu commences avec une simple observation visuelle. N’hésite pas à pencher ton verre pour observer le vin. Est-ce que tu vois quelque chose dans le vin? Est-ce que le vin te parait clair ou foncé? Ça te donnera des indices sur l’intensité et sur ce qu’on appelle la robe. Ensuite, il faut que tu mettes littéralement ton nez dans ton verre…Si je t’assure, les grands experts n’hésitent pas à sentir le vin, si tu arrives à reconnaitre certains parfums c’est que le vin est ouvert. Tu peux aussi légèrement faire tourner le vin, mon père dit que ça aide à dégager plus d’arômes mais entre nous… Je pense que c’est des bêtises et enfin la partie la plus fun… La dégustation. » Hannah avait accompagné le geste à la parole pendant son explication, faisant de son mieux pour apprendre les bases à Jamie. Son père lui avait tout expliqué dans les mêmes termes, un air d’ennui supplémentaire car non, définitivement non, Nathan Siede n’aimait pas le vin. Hannah termina son petit discours en vidant la moitié de son verre, sans meme y penser à deux fois. « Tu es censé boire une toute petite quantité et la recracher ici. » Elle mentionna la bassine en argent au centre de la table. Hannah grimaça légèrement et enchaina rapidement: « Mais je ne crache pas, je préfère prétendre et me souler gratuitement, je ne suis pas la seule à le faire regarde. » Hannah montra discrètement l’homme qui se trouvait à deux tables de distance d’eux et qui lui aussi vidait tranquillement son verre. Il portait un costume fait d’une horrible matière qui brillait sous cet éclairage, il avait la cinquante passé et commençait à perdre quelques cheveux. « C’est notre hôte, celui qui verse environ cent mille dollars juste pour une bouteille de vin. Blaise quelque chose. Je suis incapable de retenir son nom complet. Il a des parts dans la compagnie de mon père, quelque chose comme 3% mais il croit que de ce fait que cela lui donne une place dans la grande et belle famille des Siede. » Une expression de dégout passa sur le visage d’Hannah avant qu’elle ne boive une autre gorgée de vin blanc. « Il a essayé de me draguer un jour et je lui ai très répondu poliment que je préférais me faire le Pape devant une assemblée de bonnes soeurs et d’évêques plutôt que d’envisager sortir avec un ami de mon père. »
Peut être qu’Hannah aurait du dire cela un peu moins fort, mais franchement, elle ne parlait qu’à Jamie. Cependant, à en juger par l’air choqué de leur voisine la plus proche, une dame qui semblait avoir piqué son style vestimentaire et même son visage à la reine d’Angleterre, quelqu’un l’avait entendu. Hannah leva son verre en direction de la vieille dame, tout sourire. « Très belle soirée pas vrai? » - Spoiler:
Je n'aime pas le vin. Je ne bois pas de vin. MERCI GOOGLE XD
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| | | | (#)Mar 18 Aoû 2015 - 12:32 | |
| Mes zygomatiques ont bien du mal à se tenir ; l'environnement, le langage de l'oenologue, la manière dont Hannah décrit ces gens qui nous entourent me donnent vraiment envie de rire. C'est souvent le cas en sa présence. Je la trouve toujours très amusante, même lorsqu'elle ne le fait pas exprès. Ou, en tout cas, je ne peux pas m'empêcher de sourire largement. Je crois que nous avons une vision du monde assez similaire, mais la lange de la jeune femme est plus déliée que la mienne, et son caractère plus farouche. Je crois que cela est bien plus accepté de la part d'une femme que d'un homme pour le peu de crédit qu'on leur accorde le plus souvent. Les temps ont beau changer, je crois que cette part de machisme ne partira jamais vraiment. Hannah soupire, avouant qu'elle n'aime pas le vin blanc. J'hausse un sourcil. « Donc tu étais tellement obsédée à l'idée de me faire boire que tu m'a invité dans une dégustation de vin alors que tu n'aimes pas ça ? » je demande, assez surpris, mais pas moins amusé. Je ne devrais même plus m'étonner des stratagèmes que mon entourage met en place pour me faire boire. Il suffit de voir Floyd qui trouve toujours un moyen de glisser une goutte d'alcool dans mon verre lorsque je lui rends visite. Avec la complicité de Marius, il n'y a rien de plus simple à faire. « Je dois déterminer si je trouve ça impressionnant ou juste bizarre. » j'ajoute pour la taquiner. Je tiens mon verre par son long pied fin, et joue avec le vin à l'intérieur, le faisant glisser sur les parois anarchiquement. Je crois deviner ce que l'oenologue entendait par ''viscosité'', mais tout le reste de son discours reste un grand mystère pour moi. Je comprends chaque mot, mais pas leur assemblage. Et sa voix monotone n'aide en rien. Mon amie se met en tête de m'apprendre les rudiments du rituel de dégustation. « Sérieusement, qui a besoin de trente minutes pour déterminer si un vin est blanc, rouge, bon ou sans intérêt ? » je m'exclame, un brin trop fort à mon goût. Je me pince alors les lèvres et laisse Hannah poursuivre son exposé. Elle illustre chacun de ses mots avec son propre verre. Mon sourire a disparu tant je suis attentif. Le fait est que même si un sujet ne m'intéresse absolument pas, alors qu'une personne prend le temps de m'en parler, je deviens immédiatement complètement absorbé par ses paroles et les enregistre quelque part dans ma mémoire -que j'ai terriblement bonne. La jeune femme prend une grande gorgée de vin, avant de m'expliquer que ce n'est absolument pas ce qu'il faut faire, et que le petit seau à côté de nous sert à recracher chaque lapée. « Quel gâchis. » je murmure. Mais bien entendu, personne ne recrache. Ce qui ne m'étonne absolument pas. Mon regard se pose sur l'homme qu'elle m'indique, notre hôte donc. Un homme qui me détesterait certainement pour le nombre de caisses de vins prestigieux qui prennent la poussière dans ma cave. Je le quitte des yeux et fait mine de me concentrer sur mon verre pendant que mon amie m'explique que ce Blaise lui avait fait des avances. Son refus m'arrache un rire cette fois. « Il faut que j'efface cette image de ma tête. Tu es affreuse. » dis-je en essayant de reprendre mon sérieux, caché dans une gorgée de vin -délicieux, il faut le dire. J'ai sûrement l'imagination trop fertile, mais mon esprit n'a pas pu s'empêcher de voir assez clairement Hannah et le Pape dans une position faisant pâlir et tomber en syncope les membres de l'assemblée en question un à un. Plus calme, je reprends au sujet de l'actionnaire ; « Je trouve les aristocrates tellement différents ici de ceux de Londres. A Brisbane, ils sont plus… bruts. Je crois qu'on a un tel respect religieux pour l'étiquette du Moyen-Âge, en Angleterre, que ce genre de chose paraît impossible et grotesque. » Sérieusement, draguer la fille d'un ami ayant la moitié de son âge ? Rien que l'idée m'inspire un profond dégoût. Je suis mal placé pour critiquer les différences d'âge dans une relation, je le sais bien, mais de là à consentir à avoir des rapports avec une femme de l'âge de ma mère… Non, merci. « Quoi que, j'ai grandi chez les Conservateurs. Je crois que les Libéraux sont plus… libres. » j'ajoute, haussant les épaules, avant de reprendre une gorgée de vin. Mon regard glisse sur le reste des invités présents. Beaucoup de cheveux poivre et sel. Et beaucoup de teintures pour cacher les tempes grisonnantes. Je crois qu'Hannah et moi sommes les plus jeunes, sans compter le sommelier et l'oenologue qui n'ont pas l'air bien âgés -seul leur air suffisant leur donne quelques années de plus. Je tombe sur l'homme que nous avons croisé plus tôt. Celui qui me croit sorti tout droit des années 20. « Cela que nous avons vu en arrivant, d'où est-ce que tu le connais ? » je demande en me penchant vers la jeune femme, n'hésitant pas à indiquer le personnage en question d'un signe de tête. Je ne vois pas pourquoi je ferais preuve de discrétion après son indélicatesse. Et oui, je suis vexé. Un autre homme se dresse devant nous et pose une question que je n'écoutais absolument pas. « Pardon ? » « Un avis sur le vin ? » Sur ce, je prends mon air le plus sérieux qui soit, et reproduit à l'identique les gestes d'Hannah ; j'incline légèrement le verre, plonge mon nez dedans, et pendant que je le fais tourner, je m'adresse à l'oenologue ; « Eh bien… Comme vous dites, je trouve que les agrumes sont très présents. » Trop facile. Le temps de trouver mieux, je porte le verre à mes lèvres et prends une très fine gorgée de vin -que je n'ai pas l'hypocrisie de recracher. « Il est très léger, sans manquer de caractère. A vrai dire, on sent parfaitement l'influence des vieilles vignes et de la sécheresse sur le vin ; la chaleur a véritablement concentré les saveurs. C'est très intéressant, merci pour cette découverte. » j'ajoute avec une grande sincérité, sans l'ombre d'un doute. L'homme ne tarde pas à repartir. Je me tourne vers Hannah et hausse les épaules, l'air innocent ; « J'ai entendu le couple derrière moi dire tout cela. » Je me suis contenté d'assimiler les termes et reconstruire les phrases. Mauvaise habitude de journaliste que d'écouter autant de conversations possibles la fois. « Assez convainquant à ton goût ? » je demande avant de finir mon verre. Je me doute que je n'ai pas le talent d'acteur de la jeune femme, néanmoins, je n'ai jamais eu de problèmes pour me montrer convainquant lorsqu'il était question de faire croire quelque chose à mes interlocuteurs -et le fait est que j'ai réussi à tromper tout le monde pendant quinze ans, je ne dois pas être mauvais. |
| | | | (#)Mar 25 Aoû 2015 - 15:41 | |
| « Non je ne suis pas affreuse… Je suis parfaite, tu te souviens? » avait répliqué Hannah le plus naturellement du monde, son verre levé et ne quittant pas Jamie du regard. Tout ceci était nouveau pour lui, la brune pouvait le deviner en un simple regard et si elle n’était pas arrivée au bras de Jamie elle serait allée lui demander s’il ne s’était pas perdu en chemin. Cependant, c’était précisément ce que l’actrice appréciait chez Jamie, tout ceci, c’était son monde, il aurait du tout connaitre, tout ceci n’aurait du avoir absolument aucune surprise pour lui mais… Il y avait encore moyen de le surprendre, de l’émerveiller et dans ce cas-là de le faire sourire. Après tout, Hannah avait ça dans le sang, c’était son métier de distraire les autres et de les amuser. Avec Jamie? La trentenaire le faisait gratuitement et sur son temps libre. Elle avait des tas d’anecdotes à lui raconter sur elle et sur les amis de son père, en tout cas, Hannah était rassurée de voir qu’il trouvait cela un minimum… disons hors de propos faute de meilleurs termes. Hannah était habituée, elle n’aurait pas du l’être mais qu’est-ce qu’elle allait faire? Courir se cacher derrière Nathan à chaque fois que quelqu’un se disait qu’elle était prête à être en couple? Hannah ne l’était pas, absolument pas, elle préférait de loin faire l’idiote devant Jamie qui ne semblait pas encore fatigué de ses manières. « Et je l’ai rencontré à un des grands diner qu’organise mon père une fois par an. Fais gaffe Keynes, maintenant qu’il t’apprécie, tu vas te retrouver avec une invitation… et tu seras obligé de venir. » Et le pire dans tout ça, c’était qu’Hannah n’exagérait même pas. Elle connaissait son père, elle avait compris que si elle appréciait bien la compagnie de Jamie, il en serait de même pour Nathan. Il voyait surement dans le Keynes un homme solide sur lequel sa fille pouvait s’appuyer, oui, Jamie aurait forcément une bonne influence sur elle… Pas vrai? C’était pourtant Hannah qui le trainait à des dégustations de vins donc non. C’était plutôt elle qui avait une bonne influence sur lui.
Hannah retint une exclamation de rire alors qu’on venait les interrompre, quelqu’un venait leur demander leur avis. « Oui Jamie. » Hannah passa son bras autour de celui de Jamie, son sourire ne faiblissant pas. « Dis lui ce que tu penses du vin, une réussite n’est-ce pas? » Hannah s’attendait à ce que Jamie lui lance un regard noir et qu’il la maudisse mais gentleman comme il était, il se prêta au jeu. Le brun était bon acteur mais surtout bon élève, il imita les gestes de la comédienne à la perfection en donnant son avis. Hannah dut se mordre la lèvre inférieure pour se retenir de rire, elle seule pouvait voir qu’il ne pensait pas un mot de ce qu’il disait et qu’il n’était absolument pas sérieux. Une fois qu’ils furent seuls, la brune laissa échapper le rire qu’elle retenait depuis plusieurs secondes déjà. Bien entendu qu’il avait déjà entendu ces mots de la bouche de quelqu’un d’autre. « Tu étais parfait! Continue comme ça Keynes et je vais pouvoir te trainer à toutes mes soirées absolument ennuyeuses et… Qu’est-ce que je peux dire, il faut bien que joue la fille parfaite, hmm? Maintenant j’ai trouvé un moyen de rendre ça intéressant. » Hannah ne rigolait qu’à moitié cette fois-ci. Nathan ne lui demandait jamais explicitement de venir mais elle était assez intelligente pour comprendre le message. Comme cette invitation qu’elle avait reçu pour aujourd’hui, elle n’avait pas songé une seule seconde à refuser, non on attendait d’elle qu’elle soit là, avec un grand sourire aux lèvres et avec un verre à la main. Il fallait qu’elle soit polie et toujours charmante en toute circonstances. Deux choses qu’Hannah n’avait pas envie d’être sur commande et ce même si elle devait jouer le jeu et que cela faisait parti de son monde. La brune n’était vraiment pas faite pour suivre les règles des autres tout simplement et purement. « Je n’aime pas le vin blanc, attend qu’on passe au rouge et je serai absolument intenable et là tu auras une assez bonne raison de dire que je suis affreuse. » commenta t-elle simplement. Elle était très tentée de prendre la main de Jamie et de le tirer hors de cette scène en fait, mais ils venaient tout juste d’arriver et cela aurait été complètement impoli.
« Mon dieu regarde les.. » Hannah faisait référence à tous les gens autour d’eux et de leur hôte qui n’avait de cesse que de jeter des coups d’oeil en sa direction. Elle lui renvoya un sourire charmant avant de se coller un peu plus contre Jamie, signe plus qu’évident que non, elle n’avait strictement aucune envie de parler et de faire semblant d’être intéressée. C’était son monde mais parfois elle avait l’impression d’étouffer et à moins d’être accompagné de la bonne personne, n’importe qui se serait senti de cette manière. « Viens. » Hannah tira Jamie vers l’un des serveurs et elle attrapa sans absolument aucun ménagement la bouteille de vin blanc et elle prit soin de les servir tous les deux. « J’aimerais que nous levions un verre et tu me promettes qu’on ne deviendra jamais comme ça. Jamais aussi hypocrite, jamais aussi froid, jamais aussi distant et qu’on aura toujours le temps pour s’amuser toi et moi… On peut même inviter Joanne mais je n’aime pas beaucoup te partager mais ça je pense que tu t’en doutes déjà, pas vrai? » Elle lui lança un autre clin d’œil avant de poursuivre. « Bref, tu dois promettre. » |
| | | | (#)Lun 31 Aoû 2015 - 20:13 | |
| Cela a fait partie des grandes hontes de mon père ; avoir un fils refusant de toucher à l'alcool. A croire qu'un homme n'en est vraiment un à ses yeux qu'avec un verre de whisky à la main. Plusieurs fois il a tenté de me faire siroter ne serais-ce que du champagne, et je refusais toujours, attirant des regards en coin de ces personnes qui se demandaient ce qui pouvait bien clocher chez moi. Cela est rapidement devenu une énième manière pour Edward de me tourner en dérision. Le plus souvent, j'en ris également. Pas de mon mode de vie, mais de ces gens pour qui il semble si étrange. Ni alcool, ni cigarette, ni viande. Ainsi, je n'ai jamais été traîné dans une dégustation de ce genre, et je crois que malgré mes stratagèmes pour que cela ne se voit pas de trop, certains, dont Hannah, sont parfaitement capables de le deviner. Je suis comme un poisson dans l'eau pour la plupart des occasions, galas, cocktails, dîners pour tous les prétextes possibles et inimaginables, mais pas pour ce genre d'événement, que je découvre à ce moment même. Comme quoi, même à moi, il m'échappe encore des choses de mon propre monde. Il faudra que je le dise à Joanne, elle aura du mal à le croire, et cela pourrait bien la faire rire. Mon amie m'explique que son père organise un très grand dîner une fois par an, et qu'il y a désormais de grandes chances que j'y sois invité pour les prochaines éditions. « J'exigerais d'être assis à côté de toi alors. » je réponds avec un sourire. Et, à vrai dire, ce n'est même pas une plaisanterie. Je sais que désormais, partout où nous irons, dans toutes les soirées où nous pourrons nous croiser, j'aurais en Hannah un point de repère auquel je m'accrocherai. Une complice pour passer la nuit et chasser l'ennui. Nous sommes interrompus par le sommelier qui demande mon avis sur le vin ; une jolie comédie que je lui livre avec brio. Même la jeune femme s'accorde à dire que mon petit jeu était impeccable. Ses plans consistent à faire de moi son cavalier pour toutes les occasions ennuyeuses de ce genre, voyant en moi un moyen de les rendre moins pénibles. « Moi ? Je trouve que je suis capable d'être aussi mortellement ennuyeux que toutes ces personnes. » dis-je alors que mon regard glisse sur les autres convives. « Si pas plus, d'ailleurs, tant j'aime économiser mes mots quand je suis en dehors de la radio. » Sans oublier le fait que je déteste parler de ma personne et que je ne réponds qu'à peu de questions à ce sujet. Je suis vraiment l'invité le moins bavard qui soit -un comble pour quelqu'un travaillant dans la radio- mais aussi le plus attentif. J'écoute constamment une ou deux autres conversations en même temps que celle que j'entretiens sans grande difficulté. Une gymnastique qui m'amuse beaucoup en réalité, bien plus que d'alimenter des discussions inintéressantes. L’œnologue redemande l'attention de l'audience. Mais Hannah et moi continuons de discuter à vois relativement basse. Le prochain vin est encore un blanc. Elle m'avoue préférer le rouge. « Honnêtement, je ne sais absolument pas si j'ai une préférence. Mais peut-être que tu finiras dans un plus mauvais état que moi, au final. » dis-je en m'imaginant la jeune femme s'engloutir goulûment une bonne demie bouteille de vin à elle seule. Soudainement, elle me prend par le poignet pour me tirer quelques mètres plus loin, vers un serveur auquel elle subtilise l'une des bouteilles du nouveau vin à déguster. En nous servant, elle me demande de promettre que nous ne serons jamais comme cet entourage qui suscite si bien tant d’antipathie de notre part. Je fronce les sourcils, me demandant d'où elle sort de pareilles demandes. Et pourquoi je devrais promettre quelque chose qui me semble aussi évident que naturel. Je ne pense pas être un jour capable de ressembler à ceux qui pullulent autour de nous. Ce n'est pas dans ma nature. Peut-être en existe-t-il des résidus de mon éducation. Mais cela ne fait pas partie de mon fort intérieur. « Vous me faites promettre beaucoup de choses, miss Siede. » dis-je avant de faire tinter nos verres, et porter le vin au bord de mes lèvres, retrouvant un léger sourire. « Mais je promets. » Mes mots résonnent dans le verre, puis j'aspire une fine gorgée de vin. Je ne suis pas certain d'en voir la différence avec le précédent -et j'espère que l'on ne viendra pas me demander mon avis à son sujet. « En revanche, tu n'auras pas d'autre choix que d'accepter de me partager avec Joanne. » je reprends, haussant les épaules. « Tout comme je devrais accepter de te partager avec l'homme de ta vie, quand tu le trouveras. » Si elle le trouve. Si elle accepte de se faire enfermer volontairement dans une cage. A moins qu'elle ne trouve une personne qui saura parfaitement la comprendre, la laisser libre, et même l'aider à s'épanouir ainsi. Je le lui souhaite, mais je doute que cela existe de là où nous venons. Je ne sais pas s'il existe une chaussure pour aller au pied d'Hannah. Si, sous d'autres aspects, il est facile de penser qu'elle et moi aurions pu faire un couple fort bien assorti, il est un détail, et pas des moindres, qui fait voler l'hypothèse en éclat ; mon éternelle jalousie, ma possessivité. J'aurais été le premier à la mettre dans une cage. A vrai dire, en me côtoyant, elle se trouve déjà derrière les barreaux invisibles que j'impose à mon entourage. Mes biens sur lesquels je veille. « Et là tu goûteras à ma légendaire possessivité. Je suis capable d'être l'homme le plus étouffant qu'il soit à ce qu'il paraît. » j'ajoute en songeant aux multitudes de critiques que me lance Madison à la moindre occasion. Joanne semble moins s'en plaindre. Mais je crois que nous aimons l'idée de nous appartenir l'un à l'autre. « A ce moment là, ton homme me détestera, et peut-être que ça sera toi qui ne voudras plus de moi. » dis-je plus bas avant de prendre une nouvelle gorgée de vin, et, finalement, vider mon verre. Le sommelier passe rapidement au troisième vin, le dernier blanc de la dégustation, que je trouve toujours aussi similaire au tout premier ainsi qu'au précédent. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2015 - 7:42 | |
| « Évidemment que tu seras assis à coté de moi. Compte sur mon père pour tout arranger en fonction de son propre agenda. » avait répondu Hannah presque aussitôt, avant de se rendre compte qu’elle et Nathan étaient exactement pareils, prêts à tout faire pour obtenir ce qu’ils voulaient. La pomme ne tombait jamais bien loin de l’arbre, pas vrai? Oui, c’était tout à fait cela, sauf que Nathan aurait encore plus accepté ce comportement de sa progéniture si elle était un homme. Un homme pouvait se permettre ce genre d’excès sans problème et ce sans avoir le jugement des autres, un homme pouvait sans aucun problème. Mais Hannah se moquait bien de ce genre de restrictions et c’était sans aucune retenue, encore une fois, qu’elle avait tiré Jamie pour l’emmener faire ce qu’elle voulait purement et simplement. Elle se fichait du programme de la soirée ou des quelques regards qui leur étaient adressés, elle voulait juste que Jamie rigole un peu et profite de sa compagnie, sans se soucier de son travail ou… de tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec l’extérieur. « Jamie, tu penses que je te trainerai à ce type de soirées si je n’avais pas un minimum de résistance à l’alcool… C’est mal de penser que tu vas pouvoir jouer les princes charmants, très mal. » dit-elle en posant enfin la bouteille.
Elle faisait cela depuis trop longtemps pour ne pas connaitre les combines et en plus, elle était actrice. Jouer la fille polie et normale était son meilleur rôle et le plus magnifique, trente ans qu’elle faisait la performance, au moins trois fois par semaine pour son père Nathan. Où était donc l’académie pour l’applaudir? Où était donc son oscar? Peut être que c’était le sourire de Jamie alors que l’homme lui faisait souligner que c’était beaucoup de promesses pour un seul soir. Oh vraiment? Elle n’avait pas remarqué au final. Hannah avait un fin sourire sur le visage alors qu’elle vidait son propre verre et elle leva un sourcil, intéressée, tandis qu’il parlait de Joanne. La brune ne voyait pas vraiment où était le problème, Joanne était la femme qui l’aimait, ni plus ni moins. Une chose qu’Hannah pouvait respecter sans aucun problème, certes, elle ne comprenait vraiment pas le sentiment qui habitait les deux jeunes gens mais… Ce n’était pas parce qu’elle ne comprenait pas qu’elle devait se permettre de juger et de critiquer, non, il devait bien savoir qu'elle au dessus de tout cela. Jamie avait choisi la vie de couple et cela lui allait très bien. Ça méritait même un second verre. Un second verre qu’elle faillit recracher aussitôt, faillit seulement, alors que le Keynes parlait de son futur à elle. Elle leva vers lui un regard désapprobateur vers l’homme. Okay, elle était tentée de lui demander s’il allait vraiment être aussi jaloux qu’il le décrivait, ça paraissait un peu excessif mais néanmoins intéressant. Devait-elle souligner qu’elle ne s’offusquait absolument pas en le voyant avec Joanne? C’était forcément en rapport avec son égo d’homme, forcément. Jamie ne pouvait pas être parfait sur tous les bords, après tout.
« Oh je crois que tu te trompes sur le sujet. » commença lentement Hannah. Elle se redressa un peu et lui expliqua le plus simplement du monde: « Je ne suis pas comme toi, je ne suis pas comme Joanne, je n’attends absolument rien des gens que je rencontre, s’ils décident de me surprendre et de rester dans mon sillage tant mieux. Chose que tu as su faire avec brio d’ailleurs. » Elle leva son verre à cela. En dépit de ce que les apparences pouvaient suggérer, Hannah était vraiment heureuse pour le couple, elle ne se leurrait absolument pas sur ses sentiments pour Jamie. Et puis de toute façon… Ils n’auraient pas pu être en couple. Jamais. Partager le même lit pour quelques nuits? Oui. Rester en contact pendant quelques mois? Oui. Mais avoir un degré d’intimité complètement différent, lui faire confiance et le laisser la voir telle qu’elle était? Non. Hannah ignora superbement cette petite voix qui lui chuchotait que d’une certaine façon elle le faisait déjà… Ce n’était pas pareil, ils étaient amis, juste amis, et ça faisait toute la différence. « Mais tu ne me verras jamais courir après quelqu’un ou verser de larmes pour quelqu’un… En dehors de la scène évidemment. » continua la brune en tournant la tête pour fixer le reste des invités. Comment la conversation avait dérivé sur sa vie amoureuse? Elle n’en savait vraiment rien, Jamie avait un véritable don pour la prendre par surprise, c’était certain.
« Je ne suis pas faite pour être en couple, Keynes. J’aime trop… être moi, je crois qu’il faudrait être fou pour m’accepter tel que je suis. Ce qui en dit beaucoup sur toi au passage mon cher. » Elle eut un léger rire et se retint d’ajouter qu’elle n’était qu’une distraction. Elle lui avait dit lors de leur première véritable discussion, il allait se lasser d’elle, il ne la trouverait plus si amusante et si hors du commun et même sa promesse, même si elle avait été scellé par un verre de bon vin, ne vaudrait alors plus rien. Hannah était plus que prête à cette éventualité, elle ne se voilait pas la face, c’était lui l’optimiste, pas elle. En tout cas pas sur ce point. « Et puis… Je tiens à te faire remarquer que si par le plus affreux des hasard, je trouve chaussure à mon pied, j’insisterai toujours pour te voir aussi souvent que possible. Ce qui énervera mon hypothétique homme. Donc tu le détesteras et il te détestera… Magnifique n’est-ce pas? » Et oui, il n’y avait qu’Hannah pour sourire à une telle possibilité. |
| | | | (#)Jeu 10 Sep 2015 - 12:17 | |
| « J'ai l'impression d'être une souris de laboratoire. » dis-je en portant mon verre à mes lèvres. Et Hannah s'amuse avec moi, à m'expérimenter, me poser dans un petit labyrinthe pour voir comment je vais m'en sortir. Elle m'emmène par surprise dans l'unique genre d'événements où je n'ai jamais voulu mettre les pieds, et regarde comment je me comporte, se délectant sûrement de me voir bien obligé d'enchaîner les verres de vin jusqu'à ce que ce peu d'alcool me monte légèrement à la tête. Bien sûr qu'elle tiendra bien mieux que moi. Je ne suis qu'au troisième verre, et je sens déjà mes neurones se laisser porter par les effluves de vin blanc, m'abandonner à mon sort. Et dire qu'il en reste encore trois à goûter. Non, comme le dit Hannah, je ne pourrais pas jouer les princes charmants ce soir. Je vais devoir me contenter d'être une souris. Je ne sais déjà plus par quelle logique nous avons atterri sur le sujet de la vie amoureuse de la jeune femme. Sur le moment, cela me semblait évident, et quelques secondes à peine après avoir prononcé ces mots, je ne sais plus ce qui m'y a fait penser. C'est idiot à quel point quelques verres de vin me font perdre le fil, alors qu'il y a quelques mois, j'arrivais même à prendre le volant pour rentrer chez moi avec Joanne après avoir subi je ne sais plus combien de tournées de shots de vodka. Je suppose que les circonstances expliquent tout. A moins qu'il n'y ait simplement aucune logique à cela. Hannah m'explique qu'elle ne se considère pas comme une personne capable d'être en couple. Qu'elle attend que le monde vienne à elle, que les gens qui apparaissent assez intéressants pour qu'elle daigne leur prêter attention, mais qu'elle reste parfaitement indépendante, même sentimentalement. « Fais-moi penser à demander à ce qu'on ne t'invite pas à mon enterrement. Je veux voir les gens pleurer ce jour-là. » dis-je avec un sourire pour la taquiner, histoire de dédramatiser un peu la conversation. Mais Hannah reste très sérieuse, croyant qu'il est impossible pour qui que ce soit de l'accepter telle qu'elle est -excepté moi, peut-être. « Ne dis pas n'importe quoi, pas besoin d'être fou pour voir que tu es quelqu'un qui vaut le coup d'être connue. » Encore faut-il qu'elle accepte de se livrer aussi facilement qu'elle l'a fait avec moi, ce qui ne doit pas arriver tous les jours. Dans ce cas, il suffit d'être armé d'une immense patience et de persévérance pour que toute personne ayant décelé ce joyau puisse espérer en atteindre le coeur. A la réflexion, vu la difficulté de la chose, il s'agit peut-être d'une forme de folie. « Néanmoins, je suis bien le dernier à me trouver sain d'esprit, alors qui sait... » j'ajoute en haussant les épaules, pour des raisons qu'elle connaît bien. La jeune femme fait remarquer que si un jour mari il y a, nous resterions amis, et continuions de nous voir régulièrement. Une perspective qui me plaît grandement -qu'importe si je dois me faire haïr de son cher et tendre. « J'ai déjà hâte d'y être. » dis-je en prenant une première gorgée du nouveau vin que l'on vient de me servir. Observant le fond de mon verre avec une certaine consternation, je soupire ; « J'ai vraiment l'impression de m'être fait servir trois fois le même vin. » Mais si le compte est bon, il s'agit de mon quatrième verre. Qu'importe, il m'est si inintéressant de m'attarder dessus que je le vide très rapidement -juste avant que le sommelier ne vienne nous interrompre pour avoir notre avis dessus, lui faisant tourner les talons avec une moue déçue. Vient le quatrième vin, rouge cette fois-ci. J'adresse un large sourire à mon amie, qui désespérait de ne boire que du blanc. « Oh, les choses sérieuses commencent. » Les serveurs rincent rapidement nos verres afin que les goûts ne se mélangent pas, et les remplissent assez généreusement. Cette fois, par curiosité, je m'amuse à reproduire les gestes enseignés par Hannah, histoire de voir toutes les différences avec les précédents vins -autres que la couleur, bien sûr. Mon analyse personnelle terminée, je tends mon verre vers la comédienne. « Tiens, trinquons à l'espoir que tu ne trouves jamais chaussure à ton pied et que tu demeures toute à moi pour toujours. » dis-je en laissant parler le monstre d'égoïsme que je peux être parfois. Bien sûr, j'exagère, et je souhaite vraiment à la jeune femme de connaître un jour le même genre de bonheur que le mien. Mais je sais qu'il me sera difficile de la partager. Je porte le vin à mes lèvres et bois une assez grande gorgée. Au point où j'en suis, plus besoin de faire dans la dentelle, je sais déjà dans quel état Hannah souhaite que je finisse. J'ouvre la bouche, m'apprêtant à reprendre la parole afin de lui poser une question, lorsque le sommelier cette fois, ne nous manque pas et m'interrompe juste à temps pour nous demander notre avis sur le vin. Je fais mine d'observer intensément mon verre, et lape une fine gorgée. L'air le plus sérieux qui soit, mais laissant le regard que je lui jette traduire mon agacement, je réponds ; « Eh bien, je dirais qu'il y a assurément du raisin dans ce vin. Et toi, Hannah ? » Oui, une évidence, et un brin de cruauté. C'est qu'être interrompu m'horripile au plus haut point. Lorsque le sommelier est enfin parti, je soupire et termine mon verre d'une traite. « Est-ce qu'on ne peut pas s'en aller ? Prenons une bouteille et allons à la plage. » |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2015 - 15:05 | |
| Troisième verre? Quatrième verre? Hannah ne savait même plus, le vin n'avait pas d'importance, toute son attention était portée et accaparé par son ami qui n'avait de cesse de l'étonner. Elle ne l'aurait jamais rangé dans la catégorie des hommes jaloux, c'était... touchant dans un sens. Un vilain trait de personnalité mais cela devait traduire un désir plus profond de ne pas vouloir se retrouver seul dans le fond. Jamie n'avait pas de soucis à se faire, qu'il y ait quelqu'un dans la vie d'Hannah n'était pas le problème, du moment que la brune avait décidé où elle devait être, absolument rien ni personne ne pouvait la faire changer d'avis. Si elle décidait de rester en compagnie de Jamie, rien ne pouvait changer cela, c'était une vraie promesse, ça c'était certain. "Est-ce que c'est le vin qui te rend aussi jaloux ou c'est ton état naturel? Peu importe, ton voeu va peut être se réaliser, risque de se réaliser même." Hannah trinqua, elle trinqua avec lui à leur amitié et à leur futur ensemble, pendant qu'il était en couple et qu'elle demeurait une éternelle célibataire. Elle avait envie de lui faire remarquer la beauté et la tragédie de la chose mais elle était trop occupée, soudainement, à regarder ce vin qui venait d'être servi et qu'on lui présentait comme un grand millésime. Oui, ils n'étaient pas seuls à cette petite soirée et leurs frasques ne passaient pas inaperçu, leur hôte leur lançait un regard des plus désapprobateurs et Hannah lui adressa un signe de la main, toute sourire et en vidant encore une fois son verre. Sans vraiment apprécier le grand cru et en ruinant quelque part la dégustation. Tant pis, se dit la brune.
Elle avait trouvé plus intéressant et faire semblant n'était pas nécessaire avec Jamie à ses côtés, elle ne faisait pas semblant et c'était tant mieux. Elle avait l'impression d'être enfin elle-même pour la première fois en trente ans, et elle n'était pas cynique au possible ou encore ennuyeuse et barbante, non, elle s'amusait vraiment. Elle s'amusait en voyant l'air agacé de Jamie, lui non plus n'avait pas envie d'être interrompu. Comme quoi, il ne plaisantait pas en disant qu'il ne voulait la partager. Elle aurait pu déposer un baiser sur ses lèvres tant elle trouvait ça noble dans le fond, presque, Hannah finit par se retenir et elle hocha la tête. Bien sûr qu'il y avait des raisins dedans, et tout un tas de bonnes choses... Partir d'ici semblait être une bonne idée. Il ne leur avait suffit que d'une quarantaine minutes pour ruiner la soirée de toutes les personnes ici présente. Un record, en général, Hannah faisait bonne figure pendant au moins une heure. "Vu que nous avons fait si bonne impression..."L'actrice poussa un soupir faux au possible, exagéré et très travaillé dans le fond avant de se déchausser. Oui, au beau milieu de cette grande salle de réception et de la crème de la crème de Brisbane, Hannah ôta sa paire de talons, et, pied nu, sur la pointe des pieds à dire vrai, elle gracia son assemblée d'une révérence parfaite. "Au revoir!" souffla Hannah avant de pivoter sur elle-même et d'entrainer Jamie vers la sortie. "Ah oui j'oubliais." Hannah pausa un instant pour adresser un magnifique sourire à l'un des serveurs et de s'emparer d'une bouteille de vin encore pleine. Là ils pouvaient partir.
Sans demander son reste, Hannah quitta la salle de dégustation pour se retrouver dans la réception de l'hôtel, déjà en train d'éclater de rire. Elle montra la bouteille de vin à Jamie, un grand cru, un très bon choix. "Tu sais ce que mon père dit de toi, que tu es quelqu'un de stable et que tu vas avoir une bonne influence sur moi... Je crois que c'est le contraire qui est en train de se produire Keynes et je te soupçonne de me laisser faire mais..." Hannah s'interrompit, à court de mots cette fois-ci. Devait-elle dire à Jamie qu'elle appréciait vraiment sa compagnie et qu'elle non plus ne voulait pas que tout ceci cesse. Elle était heureuse, oui, heureuse pour la première fois depuis des mois... La brune roula des yeux intérieurement et se dit que c'était le vin, l'alcool et toute cette agitation qui lui montait à la tête. Rien de plus, rien de moins. "... J'aime bien ça alors." Elle haussa les épaules et bouteille à la main, elle alla pousser les portes battantes, sans vraiment se soucier du portier qui voulait le faire pour elle. Toute la ville était à eux semblait-il. Jamie avait parlé de la plage, bonne idée, cela commençait à devenir leur lieu de prédilection favori. "Est-ce que tu as des sous pour un taxi hors de question que je marche... Oh non je sais, allons manger je meure de faim. Allons voir qui va nous accepter quand on ramène notre propre bouteille et que je n'ai pas mes chaussures." Hannah ne tenait déjà plus en place et cela n'avait rien avoir avec l'alcool. |
| | | | (#)Jeu 17 Sep 2015 - 16:57 | |
| Oui, la jalousie et la possessivité sont dans ma nature. Une chose que je n'ai jamais pu refouler, même à Londres. Il n'y a sûrement rien de plus typiquement moi que de me voir glisser un bras autour de la taille de Joanne pour montrer à toute l'assemblée qu'elle est mienne, par exemple. Un geste que je pourrais également effectuer envers Hannah à l'occasion, lorsqu'un autre homme tenterait d'être trop amical avec elle. C'est mon besoin de contrôle, de me rassurer. Avoir la main mise sur mon entourage me permet de croire que j'ai du pouvoir sur les événements, sur ma vie. Je n'aime pas la savoir instable, incertaine. Ce qui est le principal qualificatif de la vie, en soi. Hannah est la touche d'imprévu qui me secoue. Elle souffle un léger vent de tempête sur mon quotidien, juste de quoi me donner goût à nos frasques, à ses actes et ses phrases inattendues. Je m'engouffre avec plaisir dans ce monde parallèle au mien dans lequel elle vit ; la même sphère si hautement perchée au dessus du commun des mortels, mais avec une touche de folie, quelque chose de plus… Hannah. Je crois que je préfère voir notre monde à travers ses yeux, et adopter son regard. Nous avons la même authenticité qui fait tâche dans le décor ; chacun à notre manière, une incapacité à être autre chose que nous-mêmes, et un manque de volonté à l'idée de nous intégrer là-dedans. Nous savons prétendre à la perfection, mais le naturel revient au galop. Surtout lorsque nous sommes dans la même pièce. A vrai dire, à cet instant, j'ai tout bonnement envie de m'échapper avec elle, fuir cet endroit, ces gens, arrêter de prétendre et filer nous amuser ailleurs, continuer de faire tomber les masques. Je ne me retiens pas plus longtemps de lui avouer mon envie de partir. Prendre une bouteille et aller à la plage. Mon endroit de prédilection, là où je me sens le mieux en dehors de chez moi. Le sable, l'eau, même le bruit de la vie tout autour sait me ressourcer. Hannah acquiesça à cette idée. De toute manière, plus personne ne veut de nous ici. La comédienne n'hésite pas à en rajouter une couche, ôtant ses hauts talons sur place et saluant l'assemblée théâtralement. Je suis trop occupé à me mordre les joues pour ne pas pouffer de rire ; je me contente d'un signe de tête et la suit vers la porte. Elle attrape une bouteille de vin au passage. J'hausse les épaules en adressant un large sourire amusé au serveur. Ce n'est qu'une fois dans le hall de l'hôtel, marchant vers la sortie, que nous éclatons tous deux de rire. Bon dieu, cette femme est intenable, et je l'adore pour cela. « C'est très, très mal me connaître que de dire de moi que je suis stable. » je lui réponds, ce qu'elle découvrira bien assez tôt. Néanmoins, je reste le plus sage de nous deux, celui qui suit avec curiosité et délice les équipées clandestines de la jeune femme. Peut-être pourrais-je l'assagir un jour, une autre fois… si je ne suis pas trop occupé à mettre le feu à un autre cocktail avec elle. A l'extérieur, le voiturier me tend les clés de l'Audi. Je saute dans le véhicule avec Hannah, et la conduit au pied de la plage. Là où je connais un minuscule restaurant qui, pour sûr, nous changera de nos standings habituels. Un endroit si modeste qu'ils prendront notre seule présence comme la meilleure des campagnes de publicité et nous laisseront faire absolument tout ce que nous voulons à partir du moment où le monde saura que le gars de la radio et la comédienne de Broadway sont venus ici. Il est hors de question pour moi de me rendre dans un autre établissement qui soit à la fois la définition du chic, de la classe et du snob. J'y ai assez mis les pieds pour aujourd'hui. J'ai envie que nous fassions tâches dans nos habits chics entre les mortels, que nous soyons saouls comme des mortels, et parlions, énormément, de tous ces gens du monde étrange dont nous débarquons, cette autre planète ; des gens que nous détestons et qui ne mériteraient pas que nous parlions d'eux s'il n'était pas aussi amusant de nous en moquer et si agréable de nous en sentir si radicalement différents, uniques et sauvages. |
| | | | | | | | jannah + it's always been a smoke and mirrors game |
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