Son coeur palpitant résonnait dans sa tête. Elle avait beau chercher à se rasséréner, rien n’y faisait. Pourtant, elle était plutôt terre à terre, Callie. Enfin, lorsque cela touchait au travail ou à ses passions. Mais en dehors de cela, elle lâchait la bride très facilement. Ajoutez à cela qu’elle avançait dans l’inconnu le plus total, vous obtiendrez une idée du tableau. En effet, ce soir, elle attendait Diego. Ce n’était pas la première fois qu’ils se voyaient ces deux-là, bien au contraire. Il leur arrivait souvent de déjeuner ensemble, de boire un café au parc ou de s’appeler pour se laisser aller à quelques confidences.
Toutefois, depuis quelques semaines, les deux jeunes s’étaient rapprochés. Les déjeuners étaient plus réguliers, les appels plus longs et les prétextes à cela toujours plus saugrenus. Et puis il y avait eu cette proposition. Diego avait demandé à Callie de le retrouver au planétarium ce soir. Elle était naïve Callie, mais pas aveugle. Elle avait bien réalisé que la présence de Diego était devenue électrisante pour elle. Peut-être se trompait-elle, mais il lui avait bien semblé que lui aussi, parfois, s’empourprait lorsqu’elle le regardait un peu trop longtemps. Elle n’avait rien vu venir, mais elle était tombée amoureuse de Diego Gutiérrez.
Alors ce soir, c’était un mélange de terreur et d’excitation qui coulait dans ses veines. Plus le temps passait, plus ce cocktail s’intensifiait. Ses mains délicates serraient nerveusement l’anse de son sac à main. Son regard s’attardait sur de stupides détails, la faisant stresser davantage. Peut-être aurait-elle dû attacher ses cheveux. Peut-être aurait-elle dû choisir une autre tenue que cette robe de soie crème. De toute façon, il était trop tard maintenant. Une silhouette familière s’avançait vers elle. Elle adressa un sourire à Diego, ses mains toujours plus serrées sur son sac à main. « Bonsoir, Diego. » parvint-elle à articuler, contre toute attente. Elle avait la sensation que si elle cherchait à parler davantage, elle débiterait un flot de paroles incompréhensibles.
Ce soir était le soir où tout changerait. Diego se l’était répété encore et encore. Cela faisait trop de fois qu’il avait laissé passer sa chance, trop de fois où Callie et lui s’étaient retrouvés dans une même pièce, avaient discuté longuement. Trop de fois où leurs doigts s’étaient effleurées, où son regard s’était attardé sur ses lèvres rouges, où il avait remis une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles. Leurs joues ne cessaient rougir, leurs mots se perdaient trop de fois et il y avait déjà eu bien trop d’occasions où Diego aurait pu faire le pas de plus, où il aurait pu embrasser la jeune femme et faire accélérer les battements de son cœur.
Ce soir la soirée devait être parfaite. Il l’avait conviée au planétarium et avait tout prévu pour que la soirée soit la plus romantique possible. Il était nerveux, remontant trop souvent ses lunettes sur ses yeux, passant sa main sur sa nuque, regardant sa montre, vérifiant qu’il avait tout dans sa glacière. Il la vit arriver dans sa robe crème, un large sourire étirant ses traits. « Bonsoir Diego. » Callie était belle, très belle et son cœur s’accéléra de nervosité. « Bonsoir Callie. Tu es très jolie. » Peut être qu’il aurait dû choisir un autre adjectif ? Peut-être que ça aurait été mieux s’il avait osé la regarder dans les yeux plus de trois secondes ? Il rougit, venant déposer un rapide baiser maladroit sur sa joue. « Je me suis dit qu’on pourrait commencer par la visite de la carte des étoiles et qu’après on pourrait manger un petit piquenique dehors il parait qu’il y a une vue magnifique pas loin. » souffla-t-il doucement en la regardant. « Tu as passé une bonne semaine ? »
Une pause, il l’observa un instant réalisant soudainement un fait essentiel : « Tu m’as manqué depuis la dernière fois. » lui dit-il avec un sourire doux. Ce qui n’était que la vérité, parler avec Callie calmait son angoisse et sa solitude, parler avec Callie l’apaisait.
« Bonsoir Callie. Tu es très jolie. » En quelques mots, il avait fait voler en éclat son assurance de façade. Si Callie avait pu soutenir son regard plus de quatre secondes, elle aurait probablement vu que, lui aussi, n’en menait pas large. Pour l’heure, elle se sentait entre deux eaux. Un courant doux la portait, mais elle devait prendre garde. Elle craignait de dériver complètement, de se laisser entraîner dans un torrent incontrôlable. Elle ne réussit à murmurer qu’un « Merci » tout juste audible. Ses joues étaient à deux doigts de se changer en pivoines d’un soir de juin.
Le baiser déposé par Diego n’arrangea pas les choses. « Je me suis dit qu’on pourrait commencer par la visite de la carte des étoiles et qu’après on pourrait manger un petit piquenique dehors il parait qu’il y a une vue magnifique pas loin. » proposa le brun. Ce programme allait parfaitement à Callie. En fait, il aurait presque pu lui proposer de rester tous les deux plantés là, qu’elle n’aurait pu lui refuser. « Excellent programme, Monsieur Gutiérrez. » répondit-elle sur le même ton. « Tu as passé une bonne semaine ? » poursuivit-il. Ah, s’il savait. Elle avait fait plus ample connaissance avec Mila, vendeuse chez Dotti, qui lui avait confectionné cette robe sur mesure en un temps record. Si cela venait aux oreilles de ses parents ou pire, de son frère, il y avait fort à parier que Callie passerait un bien mauvais quart d’heure. En effet, elle n'avait pas été gratuite, cette robe. La jeune vendeuse avait aussi retrouvé son téléphone portable, au passage. Callie avait acheté et lu un bouquin de développement personnel dans le but de réduire son stress pour rendre ce jour parfait. Elle n’avait pas vraiment tout saisi son contenu, d’ailleurs. Du coup, elle avait essayé le yoga, mais son sens de l’équilibre discutable avait compliqué la chose. Les prospections en terme d’emploi étaient toujours aussi floues, mais elle ne perdait pas espoir pour autant. Et puis, elle se sentit soudainement ridicule en comparant ses ridicules soucis avec la vie mouvementé de Diego. « Oh, tu sais, les choses habituelles : recherche d’emploi, aider à la maison… Rien de très… Enfin, tu vois. Et... Et toi ? » bafouilla-t-elle. « Comment ça se passe, à l’hôpital ? » Se risqua-t-elle à demander. Elle avait toujours eu pour habitude de parler ouvertement avec Diego, et elle n’était pas très à l’aise avec les codes des rencards. Diego était-il toujours son ami ? Pouvaient-ils toujours se confier l’un à l’autre, ou avait-elle tout faux ? Et puis, qu’est-ce qu’ils étaient vraiment, au juste ?
« Tu m’as manqué depuis la dernière fois. » et bam, sans crier gare, son coeur qui manque un battement, son sourire niais qui s’amplifie. Elle pinça ses lèvres, comme si cela pouvait masquer cela. « Je… Tu m’as manqué aussi. » confia-t-elle. Elle s’éclaircit la voix pour se donner un semblant d’assurance. « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » Demanda-t-elle en désignant le contenant au bras de Diego. Pourvu qu'il y ait un moins un litre de glace, qu'elle redescende un peu.
N’importe quel regard extérieur sur les deux jeunes gens aurait cru voir un petit couple d’adolescent, tant ils semblaient s’éviter du regard pour s’y accrocher la seconde d’après, les joues rougissantes et les mains fébriles comme si soudainement les deux amis ne savaient plus réellement comment se comportaient tous les deux.
« Merci. » la voix douce de Callie raisonne dans la nuit et alors qu’elle ne le regarde pas le regard de Diego s’attarde sur son visage si fin avant de lui annoncer le programme de la soirée qu’il a planifié de A à Z pour que cette soirée soit parfaite, car tout doit l’être. « Excellent programme, Monsieur Gutiérrez. » Il sourit, passant une main dans ses cheveux un peu gêné.
« Oh, tu sais, les choses habituelles : recherche d’emploi, aider à la maison… Rien de très… Enfin, tu vois. Et... Et toi ? Comment ça se passe, à l’hôpital ? » Il l’écoute attentivement, aurait pu l’écouter pendant des heures, chaque détail ‘l’intéressant, cela avait toujours été le cas. S’ils savent tous les deux que cette soirée a plus des allures de rencards que de soirées entre amis, Callie n’en reste pas moins une de ses plus proches amies. Après tout c’est à elle qu’il a pu se confier quand l’oreille de Eddie n’était jamais tournée vers lui. C’est elle qui a apaisé ses angoisses qu’elle connait depuis des années, c’est elle qui a dû, en plus de jouer son propre rôle, prendre un peu celui de Eddie qui lui semble avoir complètement oublié Diego. Diego qui n’arrive à se confier qu’à de rares personnes, qui a un mal fou à admettre quand cela ne va pas. « Ca va...Je t’avoue que j’ai du mal à me concentrer je… » Diego ne peut empêcher la honte qui apparait sur les traits de son visage parce qu’il a toujours eu le sentiment de devoir réussir partout et ne supporte pas une période de creux. « Disons que je suis plus préoccupé par ma vie hors de l’hôpital. J’ai emménagé dans un nouvel appartement aussi avec un type qui s’appelle Garret il ne peut pas me supporter je crois. » souffle-t-il doucement. Il se force à rire, pour détendre l’atmosphère. « Enfin je ne veux pas t’embêter avec ça ! » Non, Diego ne veut embêter personne. « Raconte moi le pire et le meilleur de ta semaine ! »
Il préfère se concentrer sur le reste, avouer qu’elle lui a manqué et le sourire de la brune le fait sourire à son tour. « « Je… Tu m’as manqué aussi. » C’est à son tour de virer rouge pivoine. « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » Cette fois-ci c’est un sourire malicieux qui étire ses lèvres alors qu’il glisse sa main dans la sienne et l’entraîne vers le planétarium .« Devine ! » lance-t-il sur le ton d’un défi. « Il se pourrait que ce ne soit que ce que tu préfères… » Oui Diego a spécifiquement choisi que des choses qu’elle adore, aussi bien sucrée que salée. Ils commencent la visite et Diego lève la tête vers le ciel pour observer les étoiles. « C’est le moment pour t’avouer que je n’y connais pas grand-chose aux étoiles. » souffle-t-il un peu penaud.
Elle avait couru dans tous les sens Callie, cette semaine, pour faire de cette soirée avec Diego la plus belle de toutes. Voir sa silhouette se concrétiser devant elle avait, l’espace d’un instant, effacé tout le stress et les questions accumulés. Lentement, quelque chose de doux, chaud, réconfortant, s’était mis à tapisser son ventre. Ca chatouillait un peu, aussi, mais c’était bon. La discussion sembla s’engager naturellement. Enfin, compte tenu qu’on parlait là de Callie et Diego, évidemment. Elle lui dit que de son côté, tout allait bien. Diego n’avait pas besoin de savoir combien d’idées saugrenues elle avait concrétisé pour en arriver là aujourd’hui. De toute façon, ce qui l’intéressait, c’était comment lui allait. « Ca va...Je t’avoue que j’ai du mal à me concentrer je… » commença-t-il. Leurs pas lents résonnaient légèrement sur l’allée de pierre. La brune tourna légèrement la tête vers Diego. Ca va aller, tout va bien. « Disons que je suis plus préoccupé par ma vie hors de l’hôpital. J’ai emménagé dans un nouvel appartement aussi avec un type qui s’appelle Garret il ne peut pas me supporter je crois. » poursuivit-il. « Enfin je ne veux pas t’embêter avec ça ! » s’empressa-t-il d’ajouter. Evidemment. « Raconte moi le pire et le meilleur de ta semaine ! » Callie tourna cette fois-ci franchement son visage vers Diego, plissant légèrement les yeux, comme on analyserait une peinture complexe. « Je ne compte plus le nombre de fois où tu me demandes ça. Pourtant, je serai curieuse de savoir à combien on en est. » souligna-t-elle, tentant de renverser la situation. Il allait bien falloir qu’il prenne conscience de certaines choses, le joli brun. « Ce Garret, pourquoi penses-tu qu’il ne peut pas te supporter ? Tu lui as terminé ses céréales ? Ruiné ses vêtements ? Peut-être que ce n’est juste pas un grand bavard… Peut-être que c’est un ours. » elle haussa les épaules. Les possibilités étaient nombreuses, et Diego bien trop doux pour qu’on le haïsse gratuitement.
Callie se plongea dans ses pensées, décidée à ne pas ignorer la dernière question de Diego. Restait à savoir quoi lui répondre. En effet, elle ne se voyait pas lui avouer qu’elle avait essayé le yoga pour canaliser son stress et était restée bloquée cinq longues minutes en tentant un pont inversé. Ni qu’elle n’avait toujours aucun retour positif à un entretien d’embauche. « Le pire… Je crois que c’est ce type, au centre commercial, qui tenait un stand de dégustation de chocolats. Il m’a proposé de goûter un nouveau parfum. J’aurais dû demander avant… Crevettes poivrées au chocolat. » Elle ne put s’empêcher de grimacer. Elle n’était pas difficile, Callie, mais là, c’était trop, même pour elle. « Le meilleur… » elle ne répondit pas de suite. Elle mourrait d’envie de lui dire qu’elle avait attendu ce moment toute la semaine, mais elle n’y parvint pas. « Il est peut-être encore à venir. » laissa-t-elle échapper, sa voix diminuant en intensité à mesure qu'elle parlait. Ses joues se mirent à chauffer légèrement. « A ton tour ! » lança-t-elle, bien décidée à ne pas laisser cet inconfort prendre toute la place.
La main de Diego dans la sienne lui plaqua un sourire niais au visage. Lorsqu’elle s’en rendit compte, elle redoubla d’effort pour le minimiser. Soit normale, Callie. Mais comment faire alors que son ami était si attentionné ? « Il se pourrait que ce ne soit que ce que tu préfères… » le regard de Callie pétilla davantage. « J’ai hâte de voir ça. « Connaissez-vous bien les goûts de Callie Yang, première édition » » répondit-elle avec une voix de présentateur de jeu télé. Du moment qu’il n’y avait pas de chocolat à la crevette là-dedans, tout irait bien. Leur visite débutait seulement et déjà un ciel étincelant s’offrait à eux. « C’est le moment pour t’avouer que je n’y connais pas grand-chose aux étoiles. » Callie posa sur lui un regard doux. Elle caressa ensuite les cieux du regard. Drapé d’un bleu d’encre et constellé de points clairs, ce tableau était magnifique, et elle ne s’en lassait pas. « C’est le moment pour t’avouer que… Moi non plus. Tout ce que je sais, c’est qu’elles sont magnifiques. Elles sont terriblement loin, certaines sont même déjà éteintes, mais nous avons la chance de profiter encore de leur beauté. Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Les savoir là, quelque part, me suffit. » elle s’interrompit, se rendant compte qu’elle monopolisait complètement la parole. Elle s’éclaircit la voix comme si cela pouvait dissimuler ce fait. « Je connais juste deux ou trois trucs... Là, tu as la Croix du Sud. » désigna-t-elle de l’index. « Tu la vois ? » Il faut dire que le ciel était clair, ce soir. La pollution lumineuse était faible, des conditions parfaites pour observer le firmament.
Si les mots de Callie eurent le mérite de faire revenir un sourire sur son visage à l’idée que Garret puisse lui en vouloir à propos d’un vol de céréales, il prit quelques secondes pour réellement réfléchir à la question. Pourquoi le garçon lui en voulait il ? Pourquoi dès le départ, il n’avait pas semblé l’apprécier ? Parce que je suis chiant. Parce que je ne suis pas intéressant. Parce que je ne suis pas le genre de personne fun.
Les possibles réponses s’entrechoquèrent dans son esprit sans qu’il n’en prononce aucune. Non, son regard fuya le visage de la jolie brune, il passa une main dans ses cheveux, haussa les épaules. « Je ne sais pas trop, il fuit l’appartement, mais t’as pas peut être raison c’est peut être un ours. » Il sourit amusé. Elle n’avait toujours pas répondu à sa question et lui préférait de loin parler d’elle plutôt que de sa propre vie qu’il estimait aussi inintéressante que trop compliquée et lui donnait l’impression qu’il ne faisait que se plaindre. La jeune femme lui expliqua sa dernière aventure qui l’avait conduite au centre commercial pour une dégustation de chocolat. Cette fois-ci le brun éclata de rire à la mention des crevettes poivrées qau chocolat mais surtout de la grimace qu’il vit apparaître sur le visage de la brune. « L’horreur ! Crevette au chocolat, beurk, rien que de l’imaginer ça me donne envie de vomir ! il y a vraiment des gens qui achètent ça ? » Heureusement c’était bien le pire de sa semaine et il avait hâte d’entendre le meilleur. Pour lui, le meilleur se résumait à cette soirée qu’il allait passer avec elle, car la jeune femme arrivait toujours à étirer un sourire sur son visage. Lorsqu’il laissa échapper que le meilleur était à venir, son regard surpris se braqua sur elle, ses joues rougissant en même temps qu’elle, un petit sourire timide étirant ses lèvres. « Je n’ai pas envie de parler du pire…mais le meilleur, le meilleur tu as raison, il reste à venir. » dit-il doucement en glissant sa main dans la sienne.
Il avait ramené dans son panier tout plein de petites choses que la jeune femme aimerait, du moins il ‘l’espérait, avec un peu de chance il ne s’était pas trompé. Ils commencèrent la visite du planétarium, leurs doigts entremêlés le regard rivé vers le ciel et lorsqu’elle commença à parler de son amour des étoiles, le regard de Diego ne la quitta pas des yeux. La jeune femme avait une telle douceur en elle, une poésie qui plaisait au garçon qui lui faisait se rappeler pourquoi elle était son amie. Mais n’était-elle pas en train de devenir plus ? Elle se racla la gorge pour lui montrer une étoile et il mit un moment à arrêter de la regarder et à sortir de ses pensées, rougissant. « Je la vois. » Mais il ne regardait pas l’étoile, il regardait Callie. « J’en vois surtout une autre d’étoile, elle est juste en face de moi. Je me demande comment je l’ai pas vu avant. » Sa voix n’était plus qu’un murmure. C’était la suite logique, il le savait. C’était comme ça que ça devait se passer. Le garçon hésita, mais il sembla prendre son courage à deux mains, sa main venant remettre une mèche des cheveux de Callie derrière son oreille, laissant le moment s’étirer, le silence se faire. Puis lentement et doucement, ses lèvres vinrent effleurer les siennes.
« Je ne sais pas trop, il fuit l’appartement, mais t’as pas peut être raison c’est peut être un ours. » répondit Diego. Cette réponse laissa Callie perplexe. Diego n’avait donc réellement aucune piste expliquant la froideur de son colocataire. Au moins, la pointe d’humour de Callie eut le mérite de le faire sourire. D’ailleurs, ce n’était pas vraiment de l’humour… Peut-être que le fameux Garret n’était pas un garçon très sociable ? Drôle d’idée de vivre en colocation, dans ce cas. Ce petit mystère intriguait un peu Callie. Mais pas au point de la captiver tout la soirée.
La mention du chocolat à la crevette, lui, eut le mérite d’arracher un franc rire au brun. Malgré le fait que cette aventure ne fut pas spécialement plaisante pour la benjamine Yang, elle se dit alors que c’était un faible prix à payer pour voir Diego sourire ainsi. « L’horreur ! Crevette au chocolat, beurk, rien que de l’imaginer ça me donne envie de vomir ! il y a vraiment des gens qui achètent ça ? » Callie rit à son tour. « Il faut croire que oui… » mais elle n’osait pas imaginer l’haleine douteuse que ce type de douceur devait conférer. Quand ce fut au tour de Diego de parler du pire et du meilleur de sa semaine, il fit l’impasse sur le pire. A l’instar de Callie, lui aussi pensait que le meilleur était à venir. Sa main qui se glissa dans la sienne dissipa toute envie à Callie d’en demander plus quant au pire de sa semaine. Elle n'insista pas, connaissant Diego. S'il peinait parfois à se confier, Callie ne tenait pas à insister vainement et à le froisser.
Le planétarium n’était pas fréquenté, ce soir. Tant mieux pour eux. Le spectacle astral qui se dévoilait sous leurs yeux n’en était que plus beau. Callie en profita pour expliquer à Diego les quelques connaissances qu’elle avait au sujet des étoiles. Elles n’étaient pas nombreuses, mais elle était ravie de partager ça avec lui. « Je la vois. » répondit Diego lorsque Callie lui désigna une étoile. Trop concentrée sur la voûte céleste, elle ne remarqua pas que Diego s’était détourné des astres, au profit d’un autre. « J’en vois surtout une autre d’étoile, elle est juste en face de moi. Je me demande comment je l’ai pas vu avant. » La main de Callie resta suspendue dans les airs un instant. Son sourire retomba un peu, n’étant pas certaine d’avoir correctement entendu les murmures de Diego. Ses doigts se glissèrent dans ses cheveux de jais. Un frisson la parcourut, mais il n’était pas désagréable. Au contraire. Son visage ne semblait trahir aucune émotion, mais intérieurement, toute sa mécanique connut un grand tressaillement. Un silence s’installa. Il n’était pas de ceux que l’on souhaitait briser. C’est comme si celui-ci était nécessaire. Lorsque les lèvres de Diego se déposèrent sur les siennes, ce fut comme si son corps entier s’apprêtait à la lâcher. Une vague brûlante la submergea, prenant naissance eu creux de son ventre et irradiant dans tout son être. Pourtant, elle ne lutta pas. Elle sentait qu’elle pouvait s’abandonner, juste un instant. Elle laissa ses paupières se clore, pressant doucement ses lèvres contre les siennes, se laissant bercer par ce moment. Elle avait été à mille lieux d’imaginer que son premier baiser, elle l’offrirait à Diego. Mais elle ne le regretta pas un seul instant.
Lorsque ce moment prit fin, elle rouvrit doucement un oeil, puis le second. Elle prit alors conscience de ce qui venait de se produire. Le rose lui monta aux joues et une bouffée de chaleur, bien moins agréable, la traversa. Elle baissa les yeux sur ses mains. « Je, je… Je… Diego… » baragouina-t-elle. Elle tâcha maladroitement de présenter des excuses. La vérité, c’est qu’elle ne le regrettait pas, ce baiser. Elle ne pouvait plus ignorer ses pensées, désormais. Elle finit par réussir à regarder à nouveau Diego dans les yeux. Il ne semblait pas agacé, ou en colère. Un timide sentiment de soulagement chemina en elle. Et si tout ceci n’était, finalement, n’était pas si terrible ? Elle hésita mais replaça une bouclette dans la chevelure du brun. « Je crois que... Je la vois aussi. » chuchota-t-elle. Elle pinça ses lèvres, recula un peu sans le quitter des yeux. Il était là, le meilleur de sa semaine.
Ses lèvres se joignirent aux siennes et dans le silence il eut l’impression que son cœur fit bien trop de bruit. Un véritable tintamarre qu’on aurait pu lier à des sentiments amoureux d’un jeune homme un peu perdu. Sauf que c’était une angoisse sournoise qui le faisait battre, qui lui faisait croire qu’elle n’allait pas lui rendre ce baiser. Et lorsqu’elle pressa ses lèvres sur les siennes, le soulagement et la douceur n’arrivèrent pas à effacer la pointe de doute. Ce doute qui lui disait que son cœur ne battait pas de la bonne façon, que ce n’était pas ce qu’il voulait. Pas totalement. Pas vraiment. Pas de cette façon. Ce doute qui aurait dû le faire reculer et qui ne fit que le pousser à serrer doucement la demoiselle contre lui pour se rassurer. Il voulait simplement être normal. Il ne pouvait pas la lâcher, il ne pouvait pas reculer. Il ne voulait plus ressentir ce doute dès qu’il embrassait une jeune femme. Il était fatigué de l’entendre, préférant étouffer ce sentiment que ce n’était pas ce qu’il recherchait. Que son cœur ne battait pas au bon rythme.
Pourtant Callie lui coupait le souffle. Callie l’impressionnait. Callie l’apaisait. Callie comblait l’absence si douloureuse de Eddie.
Il pensa à Eddie et son cœur se serra, alors qu’il mit fin au baiser, ouvrant lentement les yeux sur le visage aux jolies couleurs de Callie. « « Je, je… Je… Diego… » Elle bafouilla et lui se mit à rougir à son tour, soudainement gêné par son geste. Avait-il eu tort de l’embrasser ? Lorsqu’elle remit une boucle de ses cheveux en place, il sourit un peu timidement, soulagé. « Je crois que... Je la vois aussi. » Diego glissa de nouveau ses doigts dans les siens pour les serrer, son corps bien trop proche de la jeune femme. « Tu ne m’en veux pas ? » Comme toujours il s’inquiétait bien trop, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. « Ca fait longtemps que j’avais envie de faire ça. » Et pourtant cela n’avait pas été complètement ce qu’il espérait. Il chassa ses doutes, s’accrochant aux sentiments bien réels qu’il ressentait pour celle qui était présente pour lui depuis des semaines si ce n’est des années en réalité.
« Je…je t’apprécie beaucoup Callie. » Il rougit, peu doué pour les mots, mais conscient de la nécessité de les exprimer. « J’aime passer du temps avec toi » il ajouta malgré ses joues rougissantes. « J n’ia jamais envie que la soirée s’arrête avec toi. » De sa main libre il caressa sa joue avec tendresse. « Merci d’être là. » Elle savait toujours trouver les mots pour apaiser ses angoisses et il n’aurait échangé cette soirée pour rien au monde.