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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyMar 13 Juil 2021 - 3:08



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w/@Raphael Elly


En règle générale, je me considère comme une personne assez intelligente. À l’école, j’avais de bonnes notes quand je me forçais à bien faire (pas souvent, donc, mais ce n’était pas tant par manque d’intelligence que par manque d’intérêt et de motivation) et j’ai aucun mal à apprendre de nouveaux concepts quand j’en ai envie. Ça ne veut pas dire que j’ai seulement de bonnes idées, évidemment. Même que j’en ai eu mon lot de mauvaises… mais jamais autant que celle que j’ai décidé de mettre à exécution aujourd’hui.

Debout sur le trottoir, je me retiens juste de faire les cents pas pour ne pas avoir l’air encore plus bizarre que j’en ai déjà l’air en étant planté devant ce foutu immeuble depuis un quart d’heure. Les mains enfoncées dans les poches de mon jeans, je scrute le trottoir attentivement comme si j’allais trouver la réponse à toutes mes questions dans les lignes inégales du ciment. Sans succès, forcément. J’aurais plus de chance au fond d’une tasse de thé et pourtant je n’ai jamais cru à la divination. J’ai l’estomac noué, le cœur au bord des lèvres. Si je ne me décide pas bientôt, je vais me claquer une crise cardiaque juste là, devant l’appart de mon demi-frère. Alors je prends une grande inspiration, ignore les hoquets inconfortables qui secouent ma poitrine et mes mains moites qui glissent contre le plastique trop lisse du petit porte-documents que j’ai apporté avec moi, et m’avance enfin jusqu’à la porte.

La vitre me renvoie mon reflet et je m’immobilise le temps d’y jeter un coup d’œil. J’ai le teint trop blême, des cernes trop sombres sous les yeux. J’ai mal dormi la veille, douloureusement conscient que j’allais enfin mettre à exécution mon plan foireux aujourd’hui. Mais au moins mes cheveux sont propres et bien coiffés, avec ma frange indécise qui frôle mes sourcils au lieu de se recourber en bouclettes huileuse sur mon front. Et je porte un t-shirt sans trous ni taches de gras, avec par-dessus ma chemise préférée. J’ai presque l’air présentable. Presque assez différent aussi pour que Raphael ne me reconnaisse peut-être pas sur le champ et me laisse une précieuse minute pour lui parler avant de me renvoyer d’où je viens.

Vaguement encouragé par ma conclusion, je tire sur la poignée pour entrer dans le hall. La porte intérieure est verrouillée, mais je ne me laisse pas décourager. Je me tourne simplement vers l’interphone et appuie sur tous les boutons en ordre, ignorant toutefois celui de l’appartement où habite actuellement Raphael, jusqu’à ce qu’une personne imprudente m’ouvre sans me demander de décliner mon identité. La technique fonctionne après cinq essais et, guidé par le bourdonnement désagréable de la porte qui se verrouille à nouveau dans mon dos, je m’introduis dans l’immeuble. Je trouve un peu trop facilement le numéro 178. J’aurais presque espéré me perdre, mais c’est pratiquement impossible quand l’étage est uniquement composé d’un long couloir. Avant de me dégonfler, je frappe à la porte. Deux coups rapides. Assez forts pour que quelqu’un les entende à l’intérieur. Du moins, je crois. J’espère. Je pique du nez, observe le motif un peu moche imprimé dans le tapis qui recouvre le plancher du corridor pour absorber le bruit des pas des gens qui s’y promènent.

Je ne devrais pas être ici. C’est complètement absurde. Je n’aurais jamais dû chercher son adresse, encore moins me pointer devant chez lui. Sauf qu’après notre rencontre fortuite de l’autre jour, au resto, je n’ai pas arrêté de penser à notre discussion foireuse. À l’impression médiocre que j’ai sûrement laissé à mon demi-frère. Au fait qu’il ignore totalement qui je suis. Et malgré le malaise évident que nous avons partagé, mon envie d’apprendre à le connaître ne s’est pas amoindrie. Même qu’elle est devenue plus forte. Assez pour me convaincre que le risque de passer pour un stalker louche en vaut la chandelle.

Heureusement, d’ailleurs. Parce que j’entends des pas qui approchent, puis le déclic d’un verrou. La porte s’ouvre, révélant Raph derrière. Quelque part au fond de mon esprit, je pousse un soupir de soulagement. Je crois qu’il n’habite pas seul et je ne sais pas ce que j’aurais fait si ça n’avait pas été lui qui m’avait ouvert. Mais ce soulagement n’a jamais l’occasion de fleurir dans ma poitrine parce que le regard vaguement curieux de Raphael se charge de méfiance tandis qu’il m’observe… et me reconnaît visiblement. « Euh… Salut. » Mais quelle entrée en la matière nulle! Il me dévisage un instant, esquisse un mouvement. Je crois qu’il veut me claquer la porte au nez. Alors je panique et tends le bras, mon porte-document serré contre ma poitrine, pour essayer de la bloquer. « Attends ! » La nervosité m’assèche la bouche mais je tente quand même de passer une langue un peu râpeuse sur mes lèvres. « Je sais que c’est… euh… bizarre. Que j’sois ici. Je sais. Mais j’ai pas réussi à trouver un autre moyen de te contacter. » Pas de compte Instagram ni Facebook. Pas même une adresse courriel. Il en a sûrement une, mais je n’ai pas pu mettre la main dessus. Je me garde bien de lui préciser toutes les recherches que j’ai eu l’occasion de mener et me contente plutôt de négocier avec toute l’assurance que je n’ai pas pour le convaincre de m’écouter. « J’aimerais t’parler. Quinze minutes, c’est tout c’que je demande. Et si c’que j’ai à te dire ne t’intéresse pas, j’te promets qu’tu me reverras plus jamais. » Parce que je suis peut-être un peu louche et décidément trop têtu, mais j’ai l’habitude qu’on me rejette et je n’ai pas l’intention de courir après quelqu’un qui ne veut pas de moi.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptySam 31 Juil 2021 - 4:37



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w/@Billy Stewart


Le plafond mal peinturé est toujours aussi mal peinturé. Raphael observe les mêmes hachures qui sont apparues sous le pinceau, probablement parce que ses poils étaient séchés, et qui n’ont pas été effacées par une seconde couche de blanc. Il se dit qu’il aurait certainement fait un meilleur travail que ça, qu’il aurait mérité son salaire.

Il se redresse dans le canapé. La télévision, qu’il ne regarde plus depuis une quinzaine de minutes déjà, n’est plus qu’un bruit de fond rempli de publicités pour des produits ménagers ou pour des nouvelles voitures électriques qui arrivent à détecter les lignes au milieu de la rue. Le garçon jette un coup d’œil dans la cuisine vide, puis dans le couloir vide, puis dans la chambre, qu’il perçoit au coin du mur, vide aussi. Un soupir gonfle sa poitrine et il se laisse à nouveau tomber sur le canapé. Sa tête, au contact du coussin, soulève la poussière. Il éternue juste après et porte un mouchoir à son nez en geignant une sorte de plainte animale. Qu’est-ce qu’il s’ennuie. Il a terminé de bosser sur ses chorégraphies et a envoyé les démos par mail : il attend maintenant la réponse de Weatherton. Son front n’est plus couvert de sueur car il a pris une douche après avoir dansé devant la caméra. Un espace a été dégarni au sol pour lui laisser un peu de place et moult objets en tout genre ceinturent ce périmètre. Il rangera plus tard. Avant que Molly ou Kieran ne reviennent en fin de journée, sûrement. Pour le moment, il s’ennuie trop pour daigner faire quelque chose.

Il se relève après avoir insulté le programme télévisé. Qu’est-ce qu’il est ennuyant, en journée. Il a revu les mêmes nouvelles passer trois fois. Le pas mou et les jambes très légèrement engourdies par l’effort qu’il a fourni, il se dirige vers le réfrigérateur pour se préparer une collation. Il attrape deux grandes carottes qu’il coupe en bâtonnets et qu’il trempe dans un contenant d’humus au poivron rouge. Au moment où ses dents croquent dans le premier légume, il entend deux coups précipités à la porte d’entrée. Silencieux, il l’observe, se demandant s’il a rêvé. Kieran a oublié ses clefs ? Non. Il ne frapperait pas de cette façon. Molly non plus, d’ailleurs. Il attend seulement quelques secondes et la curiosité finit par prendre le dessus sur lui. Il va ouvrir, très doucement, tentant de voir le visage du visiteur avant que lui-même ne voit le sien. Carotte en main, il pose le battant contre le mur et la poignée claque doucement. Il louche trois secondes de trop sur le visage qui semble un peu trop familier. Il lui faut un peu de temps avant de se rappeler le nom de ce garçon complètement maladroit qui lui a bousillé sa matinée de lendemain de veille quelques semaines auparavant. « Euh… Salut. » Ne lui demandez pas de lui expliquer quel genre d’impulsion l’a poussé à refermer la porte, il ne pourrait pas trouver les mots : mais il l’a tenté de le faire. La pile de dossiers que tenait Billy l’empêche de se clancher complètement. Raphael lâche un grand soupire après avoir appuyé très légèrement sur la poignée et il finit par rouvrir la porte. « Je sais que c’est… euh… bizarre. Que j’sois ici. Je sais. Mais j’ai pas réussi à trouver un autre moyen de te contacter. » Lèvres pincées, il hoche vivement la tête de bas en haut. « Très bizarre, oui. Tu es chez moi, là où je préfère… Être seul, tu vois ? » Il marmonne en fixant les documents que tien le jeune homme dans ses mains. Il hausse un sourcil tandis que Billy lui explique la raison de sa venue. « C’est à propos de ces documents louches que tu tiens dans tes mains ? » Il ose demander en passant sa main sur sa bouche, redirigeant celle-ci au niveau de son cou qu’il gratte nerveusement. Il a l’impression qu’il est en train de se faire arrêter par un policier beaucoup trop jeune et très peu crédible. Le seul point positif, c’est qu’il ne sent pas la friture ; ou alors il n’est pas encore assez près de lui et de sa peau imprégnée du parfum du fastfood. Hésitant un moment, Raphael finit par se pousser sur le côté pour laisser l’invité surprise entrer. Il referme derrière lui en ne cessant d’observer le moindre détail sur Billy. Il se surprend même à vérifier s’il ne cache pas une arme à sa ceinture. On ne sait jamais (il se fait trop de films, surtout). « Qu’est-ce que tu veux me dire ? Tu veux m’avouer que tu ne faisais pas vraiment partie du tournage de la publicité du fromage ? Tu n’avais pas besoin de te déplacer pour ça, j’avais deviné. » Il lui pointe le siège décoloré et dont le coussin a été déformé permanemment par les nombreuses allées et venues des trois occupants actuels, mais aussi de celles des anciens propriétaires, et probablement ceux d’avant. On parle ici d’une relique de la guerre, sans aucun doute. « Quinze minutes, tu as dit. » Il le relance, s’asseyant à son tour dans son canapé. Il jette un autre coup d’œil à la pile de dossiers que Billy tient dans ses mains et il tend la main pour attraper la table basse qu’il glisse entre eux. Le son du frottement des pattes contre le bois fait grincer les dents des souris.  
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptySam 14 Aoû 2021 - 3:44



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w/@Raphael Elly


Raphael semble particulièrement intéressé par le dossier que j’ai traîné avec moi. Son regard ne cesse de se poser dessus et je regrette de ne pas avoir pensé à le dissimuler dans ma veste ou dans un sac. Surtout quand il me dévisage, l’air vraiment peu convaincu et me demande : « C’est à propos de ces documents louches que tu tiens dans tes mains ? » Je m’accroche au fait que mon demi-frère semble aussi mal à l’aise que moi – même si clairement nos raisons sont différentes – pour m’empêcher de faire demi-tour et de prendre mes jambes à mon cou. Parce que même si je donnerais tout pour être n’importe où ailleurs qu’ici, y compris peut-être devant mon évier et mes piles de vaisselle sale, je sais bien que si je me dégonfle cette fois-ci je ne retrouverai jamais le courage de remettre les pieds devant cet appart… ou même dans un rayon de 100 mètres de Raphael. Alors je déglutis péniblement, hoche timidement la tête en serrant mon dossier contre ma poitrine jusqu’à ce qu’il semble finalement se résigner et s’écarte d’un pas sur le côté pour me laisser entrer. Avec l’impression désagréable de me jeter tout droit dans la gueule du loup (même si Raph ne semble pas du genre à vouloir faire de mal à une mouche, rien ne dit qu’il ne voudra pas faire de mal au demi-frère trop curieux qui a fouillé assez loin dans sa vie pour trouver son adresse), je m’introduis dans l’appartement, le cœur battant. Je sens son regard lourd comme une chape de plomb s’appuyer sur ma nuque tandis qu’on traverse le couloir étroit jusqu’au salon. Je suis tellement mal à l’aise que je n’ose même pas vraiment observer le décor. Je me concentre surtout sur le bout de mes Converses comme si la vue des demi-cercles en caoutchouc pouvait me rassurer. « Qu’est-ce que tu veux me dire ? » Sa voix me fait sursauter et, par réflexe, je relève la tête. Il se tient debout à quelques pas de moi. Les yeux ronds, je l’observe, figé à l’idée de devoir expliquer la raison de ma visite. Heureusement, il n’a pas fini de parler : « Tu veux m’avouer que tu ne faisais pas vraiment partie du tournage de la publicité du fromage ? » Je ne réussis pas totalement à retenir la grimace embarrassée qui me tord les lèvres au souvenir du mensonge complément ridicule que j’ai essayé de lui faire gober l’autre jour… sans succès, visiblement. « Tu n’avais pas besoin de te déplacer pour ça, j’avais deviné. » Les lèvres pincées, je me perche sur le rebord du fauteuil cabossé que m’a gracieusement offert Raph. Je suis beaucoup trop nerveux pour essayer d’avoir l’air confortable, encore moins me détendre pour vrai. « Quinze minutes, tu as dit. » Le crissement de la table qu’il place entre nous recouvre le bruit blanc qui bourdonne dans mon cerveau. Parce que maintenant que je suis là, je n’ai absolument aucune idée de ce que je devrais dire ni de par où commencer. Avec soin, je pose le dossier devant moi, lisse un pli imaginaire dans la couverture de carton beige en ignorant le regard de Raph posé sur moi. J’ai l’impression que mon t-shirt m’étrangle et je recourbe un index maladroit autour du collet pour l’écarter de ma gorge. « Si j’suis là, c’est que j’ai… euh… découvert un truc à ton sujet ? » Bordel, ça commence bien. Je pourrais difficilement faire plus bizarre que ça. Je soupire, triture distraitement le coin du dossier. « Je… J’ai grandi avec seulement ma mère. Mon père s’est enfui et il n’a plus donné signe de vie depuis des années. » Même si je sais que ça doit être impossible à suivre pour lui, je m’accroche, tente de me convaincre qu’il sera au minimum sensible à cet aspect de mon histoire. Après tout, il doit savoir ce qu’on ressent quand l’un de nos parents se fait la malle, comme sa mère est partie et a décidé d’avoir un autre enfant – moi – au lieu de lui revenir. La gorge un peu serrée, j’ose enfin relever la tête pour regarder Raphael. Il semble à peu près aussi confus que je l’imaginais et étrangement ça me rassure que sa réaction jusqu’ici ait été un peu prévisible. Probablement parce que je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il pensera de la suite. « Je suis plutôt doué avec les ordinateurs et en cherchant… » Un truc pour la convaincre d’être moins sur mon dos avec les cours, même si pas question d’avouer ça à Raph, il me trouve déjà bien assez louche comme ça. « …quelque chose, j’ai trouvé un truc sur son passé. Sur sa vie avant qu’elle ne rencontre mon père. » Du bout de la langue, j’humidifie nerveusement mes lèvres sèches. Soigneusement, presque avec révérence, j’ouvre mon dossier pour en tirer une photo qui repose par-dessus les autres. « Je t’ai trouvé toi, » que je souffle en la faisant glisser vers Raph. Sur la photo, j’ai peut-être cinq ou six ans et je suis installé sur les genoux de maman, qui me serre dans ses bras et tourne vers la caméra et mon père derrière un sourire radieux. À la dernière seconde, je songe qu’il risque peut-être de ne pas la reconnaître. Luttant contre la panique grandissante à l’idée que ma preuve photographique ne soit pas suffisante, je vibre presque d’impatience au bout de mon siège en attendant la réaction de mon demi-frère.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyMer 1 Sep 2021 - 2:37



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w/@Billy Stewart


Billy est silencieux. Il pénètre dans l’appartement de Raphael comme un voleur en plein jour. Ce dernier se contente de se joindre à son silence et à son malaise en s’assurant que ses souliers sont propres et ne tachent pas le sol. En vérité, il se fiche complètement des miettes de terre qu’il pourrait laisser derrière lui, il a seulement envie de ne pas avoir de souvenirs de lui une fois qu’il sortira de l’appartement pour le laisser tranquille. Il ne l’aurait certainement pas invité à s’installer dans le salon s’il ne tenait pas dans ses mains la pile de documents à l’allure officielle. Il ne peut désormais plus détacher son attention de la paperasse, sa curiosité ayant monté en flèche maintenant qu’il a posé ses fesses sur le canapé après avoir proposé à Billy de faire de même. Son teint est blafard mais il a l’impression qu’il ne s’agit pas d’un état inhabituel. Lors de leur première rencontre, Raphael a aussi pu remarquer la pâleur de ses joues encadrées par des mèches de cheveux grasses. Il se dit qu’il est naturellement comme ça. Naturellement bizarre. « Si j’suis là, c’est que j’ai… euh… découvert un truc à ton sujet ? » Soudainement, les sourcils du danseur se froncent. Une pensée déstabilisante lui vient à l’esprit et il se met à imaginer le pire. Est-il là pour cette histoire d’agression sexuelle qui tourne sur les réseaux sociaux depuis des mois ? Ce sont des preuves compromettantes qu’il cache dans la petite montagne de dossiers posée sur la table basse ? Raphael est déjà prêt à se défendre, les poings serrés et les phalanges blanchies. Il ne savait pas que Byers s’en était pris à Penny. Il ne savait pas, il ne savait pas, il ne savait pas. Alors, la bouche asséchée, il hoche doucement de la tête pour inviter Billy à continuer. Il préfère qu’il ne tourne pas le couteau dans la plaie plus longtemps. « Je… J’ai grandi avec seulement ma mère. Mon père s’est enfui et il n’a plus donné signe de vie depuis des années. » Il entrouvre les lèvres, laissant un souffle muet s’en échapper, puis il les referme vivement comme s’il comprenait seulement maintenant qu’il n’était pas question de cette histoire hollywoodienne. Les mots réverbèrent dans sa tête tandis qu’il tente de trouver leur sens. « Je ne suis pas ton père, si jamais c’est ce que tu viens me dire. » Le jeune homme marmonne comme s’il préférait trouver la réponse à l’énigme avant qu’on ne lui offre la réponse. Ainsi, il aurait moins l’impression de perdre le contrôle sur la situation. Son hypothèse est rapidement réfutée. Ses yeux inquiets se mettent à scruter le dossier pour lire à travers lui les mots qui s’y cachent tandis que Billy continue dans son habituelle aisance. « Je suis plutôt doué avec les ordinateurs et en cherchant… » Oui, ça il le savait déjà. Peu de gens arrivent à approfondir les recherches assez loin pour trouver son nom sur le site de la marque de fromage pour laquelle il s’est vêtu d’un costume de chèvre terriblement pesant et étouffant. « …quelque chose, j’ai trouvé un truc sur son passé. Sur sa vie avant qu’elle ne rencontre mon père. » Son intérêt est soudainement capté. Il se fait transporter par sa voix comme s’il écoutait un conte féérique. Son cerveau commence déjà à établir quelques liens qu’il s’entête à rejeter du revers de la main. Non. Ce serait impossible. Et pourtant.

La main tremblante de Billy lui tend un cliché à l’apparence aussi fragile qu’un manuscrit datant de l’Égypte ancienne. Raphael se penche vers l’avant sans oser s’en emparer. Il reste impassible en reconnaissant la femme figée dans le temps. Dans ses souvenirs, ses yeux étaient un peu moins ridés. Les photos qu’il possède encore d’elle sont moins récente, il se doute, mais une voix au fond de son crâne s’obstine à répéter en boucle : c’est impossible. Un gloussement faux s’échappe de sa gorge. Un seul, sec et froid. Et il observe le petit garçon, qui n’est pas lui, dans les bras de sa mère. Il n’a pas besoin de relever le nez pour comparer son visage enfantin à celui de Billy, toujours silencieux devant lui. Il reconnaît ses traits particulièrement uniques ; les quelques défauts, les quelques qualités. Ses sourcils épais, même à un si bas âge. Seulement ses cheveux se sont assombris. « Tu m’as dit que tu avais vingt-cinq ans, c'est ça ? » Il finit par dire pour rompre le calme effrayant qui s’était installé entre eux. Il sourit faussement après avoir terminé de faire les calculs dans sa tête. « Alors elle a attendu seulement quelques mois avant de retomber enceinte. » Après son départ. Quand elle a abandonné son fils de trois ans. « C’est marrant. » Son ton est ironique. Seulement maintenant, il trouve assez de courage pour observer Billy. Son regard est différent. Pas menaçant, seulement… dubitatif. Il n’en a jamais voulu à sa mère de disparaitre. Il avait réussi à se convaincre qu’elle avait de bonnes raisons de le faire. Qu’elle ne pouvait pas élever un enfant. Et pourtant, Billy est bien vivant devant lui. Socialement handicapé, certes, mais vivant. Il n’est lui-même pas le meilleur exemple de succès à ce niveau-là. « C’est pour ça que tu me suis, alors. » Il détache son regard de la photo et se pose contre le dossier du canapé. « Pour me dire que ma mère s’occupait d’un autre petit garçon ? Qu’elle avait trouvé mieux ailleurs ? » Nouveau gloussement vide d’énergie. « Je comprends pourquoi elle n’a jamais cherché à me revoir. C’est gentil d’être venu me rendre visite pour me dire ça, Billy. »        
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyDim 12 Sep 2021 - 3:33



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w/@Raphael Elly


Raphael laisse échapper un petit son étranglé, à mi-chemin entre un hoquet et un soupir. Sans grande surprise, je ne sais pas du tout ce que ça veut dire. Je ne suis pas forcément doué pour interpréter les émotions des autres dans des circonstances idéales et, franchement, cette situation n’a absolument rien d’idéal. Au moins, ses traits ne se sont pas plissés de confusion comme je le craignais. Même qu’une lueur étrange s’est allumée dans son regard depuis qu’il observe le cliché. Avec une pointe de soulagement, je comprends qu’il a bien reconnu la femme sur la photo. Je n’ose pas parler pour autant, terrifié à l’idée de briser maladroitement le silence. De toute façon, je ne sais pas ce que je pourrais lui dire. Je ne sais même pas ce qu’il pense de ce que je viens de lui apprendre. « Tu m’as dit que tu avais vingt-cinq ans, c’est ça ? » Un peu surpris par sa question qui n’est pas du tout celle à laquelle je m’attendais, je hoche frénétiquement la tête. « Alors elle a attendu seulement quelques mois avant de retomber enceinte. » Les lèvres pincées, j’observe le visage parfaitement neutre de Raphael dans lequel je semble pourtant déceler une touche de douleur. À moins que ça ne soit mon esprit qui me joue des tours. « C’est marrant. » J’ai beau ne pas être un expert des relations humaines, je vois bien qu’il ne trouve pas vraiment ça marrant. Quand il relève les yeux, j’ai envie de me cacher derrière ma chaise mais je tiens bon. Pour la première fois, je remarque que la couleur de ses iris est semblable est la mienne, comme un signe indubitable de notre lien de parenté. « C’est pour ça que tu me suis, alors. » Ce n’est pas une question. C’est peut-être ce qui me convainc de garder le silence même si j’aurais envie de souligner que je l’ai seulement suivi une fois en fait, que notre première rencontre était le fruit du hasard et rien d’autre. C’est peut-être aussi qu’au fond, ça n’a pas vraiment d’importance. Parce qu’il ne semble pas particulièrement heureux de cette nouvelle et que, même si je ne m’attendais pas à ce qu’il saute de joie, j’aurais espéré autre chose que cette apathie un peu blessante. Blessante surtout parce que que je ne peux m’empêcher de me demander si c’est d’apprendre qu’il a un demi-frère qui ne lui fait pas plaisir ou si c’est que le demi-frère en question est le mec un peu bizarre qui l’a emmerdé alors qu’il essayait juste de se commander de quoi faire passer sa gueule de bois. « Pour me dire que ma mère s’occupait d’un autre petit garçon ? Qu’elle avait trouvé mieux ailleurs ? » Les sourcils froncés, je fais signe que non. Évidemment que ce n’est pas pour ça que j’ai voulu le retrouver. Je ne suis pas le genre de personne à prendre plaisir en infligeant de la douleur à quelqu’un. De toute façon, je ne prétendrais jamais qu’elle a trouvé mieux ailleurs, avec moi. Je sais trop bien que ce n’est pas le cas. « Je comprends pourquoi elle n’a jamais cherché à me revoir. C’est gentil d’être venu me rendre visite pour me dire ça, Billy. » Confusément, je devine qu’il reporte sur moi la colère qu’il dirige probablement depuis des années vers notre mère, mais étrangement ça ne me fait pas vraiment sentir mieux de le savoir. « Je ne sais pas pourquoi elle n’a pas cherché à te revoir. Ni pourquoi elle ne m’a jamais parlé de toi. » J’ai quelques théories, évidemment. Notamment, qu’elle a préféré éviter de faire subir à son fils chéri les hauts et les bas de sa santé mentale instable. Mais comme j’ignore si Raph est au courant pour ça et que je n’ai pas envie qu’il m’accuse d’essayer de ternir l’opinion qu’il a d’elle, je me tais pour l’instant. « Mais ce n’est certainement pas parce qu’elle a trouvé mieux. » Je me pince les lèvres en laissant échapper un petit rire sans joie. « Tu sais, j’étais pas… voulu. Je suis juste… né. Et toute ma vie, elle a essayé de me transformer en quelque chose que je n’étais pas. » Je ressens encore la chaleur cuisante de mes joues qui brûlaient chaque fois que je ratais mes pointes et le poids de ses regards remplis de déception. « J’ai jamais compris pourquoi. Pourquoi elle me poussait autant. Pourquoi j’étais pas assez bien pour elle. Avant de tomber sur toi. » Nerveux, je n’arrive pas à empêcher ma jambe de tressauter tandis que je repousse du bout de l’ongle l’une de mes cuticules asséchées par le savon industriel et l’eau chaude de ma station de plonge. « J’pense qu’elle voulait que je sois… toi. Et ça n’a pas marché. » Je risque un coup d’œil rapide en direction de Raphael, sans oser m’attarder sur son expression, terrifié à l’idée de découvrir qu’il me trouve aussi pathétique que je me sens en cet instant. « C’est con, mais… j’me suis toujours senti un peu seul au monde. Et quand j’ai su que t’existais… j’me suis dit que peut-être que toi aussi. » Réfugié derrière un air un peu boudeur, je hausse les épaules comme si ça ne me faisait rien du tout. Malheureusement, comme cette histoire de pub de fromage de chèvre nous l’a confirmé, je ne sais pas toujours mentir de façon convaincante.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyLun 4 Oct 2021 - 4:52



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w/@Billy Stewart


Les nerfs de Raphael brûlent. Il a l’impression qu’il se frappe sans arrêt le coude là où le coup envoie des chocs électriques dans l’entièreté de son corps en petites vagues désagréables. Il tape des talons au rythme d’une chanson qui n’existe pas, replace son col, ses cheveux, ses pantalons sans arrêt parce qu’il ne sait pas où mettre ses mains depuis qu’il s’est éloigné de la photo déstabilisante en la reposant sur la table basse. Il n’aurait jamais pensé voir une nouvelle photographie de sa mère. Il avait tout de suite remarqué sa coiffure différente, plus courte notamment, parce qu’elle portait toujours une longue tignasse blonde dans les clichés que son père avait gardés seulement pour se souvenir de celle qui lui a donné un fils. « Je ne sais pas pourquoi elle n’a pas cherché à te revoir. Ni pourquoi elle ne m’a jamais parlé de toi. » Personne ne sait. Elle a été le bing bang de sa galaxie ; elle a implosé pour former de nouvelles choses mais a disparu en le faisant. Raphael est seulement surpris d’apprendre qu’elle existe encore quelque part dans cette ville, comme s’il s’était imaginé qu’elle avait quitté le pays pour instaurer le plus de distance avec la famille qu’elle a créée puis abandonnée. Étrangement, il ne lui en avait jamais voulu parce qu’il était trop jeune pour se souvenir d’elle, et parce qu’il n’échangerait son beau-père pour rien au monde. Il avait été présent et avait comblé le trou dans la vie d’un petit garçon.

Et pourtant, de la revoir en portant dans ses bras un autre gamin, ça lui serre les dents. Il aurait préféré ne jamais la revoir, peut-être. « Mais ce n’est certainement pas parce qu’elle a trouvé mieux. » Il détache enfin ses yeux de ses mains pour relever ses deux yeux froncés vers un Billy à la voix incertaine. Il l’interroge du regard en attendant la suite, haussant même ses épaules pour feindre un désintérêt alors qu’il veut savoir, il veut comprendre pourquoi le garçon a décidé de frapper à sa porte en lui tendant ces documents. « Tu sais, j’étais pas… voulu. Je suis juste… né. Et toute ma vie, elle a essayé de me transformer en quelque chose que je n’étais pas. » Un gloussement aussi faux qu’une guitare désaccordée s’échappe de sa gorge. « Et tu sais réellement ce que tu es, aujourd’hui ? » Qu’il demande sèchement, ne contrôlant pas la frustration qui s’échappe de sa bouche à coups de reproches cachés. Il suffit de regarder Billy et toute l’absence de grâce dans ses mouvements pour comprendre qu’il est un pingouin au milieu du désert : il n’est pas à sa place, il ne sait pas ce qu’il veut devenir, il ne sait pas où placer ses efforts. Il a tellement de temps à perdre, la preuve étant sa présence ici aujourd’hui. « J’ai jamais compris pourquoi. Pourquoi elle me poussait autant. Pourquoi j’étais pas assez bien pour elle. Avant de tomber sur toi. » Il baisse à nouveau la tête. Il a l’impression de déjà entendre la suite comme s’il l’attendait égoïstement. Oui, il est certainement mieux que Billy. Ce serait difficile de faire pire, après tout. « J’pense qu’elle voulait que je sois… toi. Et ça n’a pas marché. » Cette fois, ce n’est pas un seul gloussement qu’il pousse mais un rire creux et faible. « Elle ne me connaissait pas. Elle est partie quand j’avais trois ans. Comment pourrait-elle vouloir te transformer en moi si elle ne savait rien de qui j’étais ? » Son regard se fait insistant alors qu’il attend de bonnes explications. Ça ne fait pas de sens. Il savait à peine parler et exprimer ses émotions avec des mots. « C’est con, mais… j’me suis toujours senti un peu seul au monde. Et quand j’ai su que t’existais… j’me suis dit que peut-être que toi aussi. » « Et tu voulais qu’on soit seuls ensemble ? » Il demande rapidement, sans lui laisser le temps de respirer après avoir terminé sa phrase. Il inspire lourdement et un soupir long s’échappe de sa bouche alors qu’il prend sa tête entre ses mains pour se masser les temps. Il a envie de pleurer mais il ne le fera pas. Il n’est plus un gamin de trois ans. Il a fait le deuil de sa mère depuis longtemps. Ça ne devrait pas l’affecter. « Écoute. Je ne sais pas si tu attends de moi d’être un frère, ou peu importe. » L’hésitation se lit dans la pause qu’il prend avant de continuer : « Elle n’est pas ma mère. Je n’ai pas de mère. Elle est sortie de ma vie avec tout ce qui lui appartient. Toi y compris. » Il n’ose pas regarder Billy. Il entend la rudesse de ses mots mais il n’a pas assez de recul pour se reprendre. « Je me suis senti seul quand j’ai compris qu’elle était partie. J’ai pensé que c’était ma faute, peut-être, mais j’ai appris à côtoyer ma solitude. Elle fait encore partie de ta vie, pas vrai ? » Il relève les yeux pour l’interroger du regard. « Alors tu n’es pas réellement seul. » Il n’a pas le droit de comparer sa douleur à la sienne. Il n’a pas été abandonné quand il avait trois ans.  
     
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w/@Raphael Elly


Je ne sais pas ce que j’espérais. Tout de même pas qu’il me tombe dans les bras en pleurant de joie de s’être trouvé un demi-frère inconnu. Je ne suis pas con, je sais bien que personne n’est heureux d’apprendre que sa famille n’est pas tout à fait comme il l’avait imaginé. Je suppose que j’aurais voulu qu’il soit au moins un peu intéressé, un peu curieux, à l’idée d’apprendre à me connaître. Sauf que ce que n’est pas du tout ce qui se passe et que chacune de ses paroles s’enfonce dans mon cœur. Et ça fait mal. Ça fait mal, même si je ne comprends pas vraiment pourquoi.
Peut-être parce que quand il dit Et tu sais vraiment ce que tu es, aujourd’hui ?, j’entends T’as aucune idée de ce que tu fous et tu sers à rien.
Que lorsqu’il demande d’une voix incrédule Comment pourrait-elle vouloir te transformer en moi si elle ne savait rien de qui j’étais ?, je me dis que c’est tout simplement qu’elle espérait que je devienne quelqu’un d’autre, n’importe qui.
Et que, quand il ajoute enfin Et tu voulais qu’on soit seuls ensemble ?, je comprends Pourquoi je voudrais être associé à toi ?
Vraiment, je n’aurais pas cru un instant que ma véritable découverte de la journée, ça serait d’apprendre que mon demi-frère, sans même vraiment me connaître et en m’ayant seulement parlé une fois, a déjà de moi la même opinion que la petite voix qui me hurle souvent que je ne serai jamais rien ni personne. Et, pour la première fois, je doute vraiment d’avoir fait le bon choix en me pointant comme ça chez lui.

Je devrais probablement me sentir mal de le voir aussi visiblement secoué par mes révélations. Parce qu’il s’est replié sur lui-même et qu’il se masse le front comme si je lui avais donné une migraine particulièrement désagréable. Mais je n’y arrive pas. Je me sens comme tout engourdi à l’intérieur. « Écoute. Je ne sais pas si tu attends de moi d’être un frère, ou peu importe. » Je hausse les épaules, même s’il ne me regarde pas. Parce que je ne sais pas si c’est ce que j’attends. Je ne sais même pas ce que c’est, d’être un frère ou d’en avoir un. Raphael non plus, évidemment. Je suppose qu’on aurait pu apprendre ensemble. « Elle n’est pas ma mère. Je n’ai pas de mère. Elle est sortie de ma vie avec tout ce qui lui appartient. Toi y compris. » Il ne me regarde toujours pas, même si moi je le dévisage. Comme si j’espérais que le poids de mes yeux qui restent obstinément fixés sur lui allait lui donner le courage de relever la tête pour me cracher son venin au visage, au lieu de s’adresser à la table comme si c’était elle qu’il reniait. « Je me suis senti seul quand j’ai compris qu’elle était partie. J’ai pensé que c’était ma faute, peut-être, mais j’ai appris à côtoyer ma solitude. » Je le comprends mieux qu’il ne l’imagine sans doute. J’ai souffert de la même façon quand mon père est parti, même si moi j’ai toujours su que c’était la faute de maman. Je n’ai jamais compris pourquoi il ne m’a pas amené avec lui. Peut-être qu’il craignait que je sois comme elle.

« Elle fait encore partie de ta vie, pas vrai ? » Enfin, il me regarde, mais ça ne me fait pas sentir mieux. « Alors tu n’es pas réellement seul. » Les lèvres pincées, je soutiens son regard. L’engourdissement disparaît, remplacé par une colère froide qui pulse quelque part entre mes côtes. Il ne me connaît pas. Il ne sait pas à quoi ressemble ma vie. Encore moins tout ce que j’ai vécu de difficile à cause de notre mère. Parce que c’est aussi la sienne, qu’il le veuille ou non. « Toi non plus. » Ma voix n’était qu’un mince filet mal assuré, comme si la contradiction était restée coincée à l’abri dans ma gorge. Mais le froncement de sourcil confus de Raphael me donne le courage de répéter plus fort. « Toi non plus. » Je me déplie, me redresse, les mains posées à plat sur mes cuisses, mes doigts crispés s’enfonçant dans mes genoux. « Tu peux bien jouer les martyrs si ça t’amuse, mais t’es pas seul. » Je le sais parce que j’ai vu les photos de famille, ces clichés où tout le monde souriait qui document l’enfance de Raphael et que ses pères imprudents ont partagés sur leur compte Facebook, à la portée du premier demi-frère trop curieux. « T’as encore ton père. Et t’as ton beau-père aussi, et vous semblez tout très heureux ensemble. » J’en révèle trop, je sais. Mais contrairement à notre première conversation au restaurant, je me fiche bien maintenant de ce qu’il peut penser de moi. Il a déjà été très clair là-dessus. De toute façon, ça m’étonnerait qu’on se revoie une fois que j’aurai mis les pieds hors de cet appartement. Il a été très clair là-dessus aussi. « C’est peut-être pas grand-chose pour toi, mais c’est déjà deux parents aimants et responsables de plus que moi. »  Une ombre passe sur son visage. Je crois que c’est de la colère. Qu’il n’aime pas ce que ça sous-entend de notre mère. Tant pis. « Quoi ? Ça te choque d’apprendre qu’une femme qui abandonne son premier enfant pour aller en faire un autre avec le premier venu était plutôt instable ? »
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w/@Billy Stewart


Trop d’informations que Raphael ne peut pas avaler. Non seulement Billy s’est présenté chez lui comme un inspecteur de police, il se prend en plus pour un prophète apportant les bonnes nouvelles. Évidemment que Raphael aurait aimé avoir un frère en grandissant, évidemment qu’il aurait aimé se sentir moins seul à l’école, évidemment qu’il aurait aimé pouvoir fermer les yeux devant les moqueries et trouver du soutien si près de lui. Par défaut, des frères sont là l’un pour l’autre, mais c’est trop tard. Raphael n’a plus besoin de personne, il est devenu un adulte, et ses pensées sont assez brouillées pour qu’il se mette à penser que Billy ne serait qu’un boulet à traîner derrière lui. Il aurait préféré ne jamais voir de nouvelles photos de sa mère. Elle faisait partie de son passé, et Billy souhaitait faire partie de son futur. La formule ne fonctionnait pas.

Il crache ses insécurités camouflées sous des reproches, mais enfin le garçon devant lui arrive à prouver qu’il a des couilles. « Toi non plus. » Il aura quand même eu besoin de le dire deux fois pour que le plus vieux l’entende. « Tu peux bien jouer les martyrs si ça t’amuse, mais t’es pas seul. » Il a toujours joué les martyrs et c’était plus simple comme ça. Il préfère éviter les fausses joies parce que son cœur s’est trop souvent fait piétiner. Il ne s’attache pas aux personnes qui le ressemblent alors la déception est toujours immense quand il se fait fermer la porte au nez. « T’as encore ton père. Et t’as ton beau-père aussi, et vous semblez tout très heureux ensemble. » Il fronce les sourcils, œil noir. Encore une information que Billy ne devrait pas posséder. Il connait effectivement les ordinateurs comme le fond de sa poche. Raphael n’a jamais posté de photos de sa famille sur Facebook, même sa photo de profil actuelle date d’au moins six ans. On le voit de très loin sur une scène, et l’éclairage empêche même de bien distinguer ses traits. Billy a dû trouver d’autres photos sur les profils de ses pères. « Tu n’espionnes pas que moi, alors. » Il marmonne entre ses dents. « Tu t’attends à ce que je te félicite d’avoir trouvé toutes ces informations sur moi ? » Heureusement, son compte Instagram était maintenant privé et il ne se souvient pas avoir accepté l’abonnement d’une personne qu’il ne connaissait pas.

C’était plus facile pour lui de blâmer Billy d’avoir joué les espions que d’écouter ce qu’il a à lui dire. Il ne veut pas croire que le garçon ait pu grandir seul lui aussi alors que le dernier souvenir qu’il garde de sa mère, c’est ses mains douces dans les siennes et les lumières des guirlandes de Noël qui reflètent dans ses yeux bleus. Même si elle est partie du jour au lendemain, il ne peut s’imaginer qu’il n’y a plus de lumière dans ses yeux. Le souvenir est figé dans le temps. « C’est peut-être pas grand-chose pour toi, mais c’est déjà deux parents aimants et responsables de plus que moi. » Sa gorge se serre alors qu’il ancre son regard à celui de son frère.  Il est soudainement curieux d’entendre ce qu’il a à dire, bien qu’il appréhende la suite. Il ne veut pas briser cette image de mère parfaite mais ailleurs qu’il entretient dans sa tête depuis trop longtemps. Il a pensé qu’il n’était pas assez bien pour elle et sa perfection et que, pour cette raison, elle avait plié bagages. « Quoi ? Ça te choque d’apprendre qu’une femme qui abandonne son premier enfant pour aller en faire un autre avec le premier venu était plutôt instable ? » Sa respiration ralentit. Soudainement, il redevient nerveux, timide, renfermé sur lui-même comme un bernard-l’hermite dans sa coquille. « Avec le premier venu qui n’est pas resté pour t’élever. » Il déduit, le ton mou. Ses doigts se mettent à pianoter sur ses genoux et sa pose ressemble énormément à celle de Billy. On aurait presque dit des frères. Un homme et son reflet dans le miroir. « Je ne sais pas quoi te dire. » Il commence, franc. Il hausse les épaules pour se défaire de toute responsabilité. Balayer du revers de la main l’importance de cette discussion, faire d’elle une minuscule tempête qui laissera derrière elle ni bris ni dégâts. Il lui faut puiser dans tout son courage pour demander : « Comment elle est, alors ? » Fracasse cette image que j’ai d’elle pour tourner la page sur sa silhouette faussement angélique qui me hante encore aujourd’hui. « Est-ce que vous dansez ensemble ? » La question est tellement innocente mais démodée. Billy n’est plus un petit garçon, il ne devrait pas comparer leurs histoires.    

     
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w/@Raphael Elly


Raph n’est pas particulièrement content que j’aie trouvé tous ces renseignements sur lui. Je le comprends, évidemment. Après tout, même si ce n’est pas vraiment illégal, c’est un peu moralement douteux et très intrusif. Et normalement, j’aurais jamais commis une telle erreur de débutant en déballant tout ce que j’ai appris comme ça, mais j’en ai marre d’encaisser sa mauvaise humeur. J’suis doué pour me faire souffre-douleur comme ça, mais j’ai ma limite comme tout le monde. Rien ne se passe comme prévu, et c’est peut-être ma faute parce que j’imaginais que notre rencontre ressemblerait à ces films Hallmark qui finissent toujours bien et font pleurer tout le monde alors que c’était improbable, pour ne pas dire impossible, mais je ne pouvais pas continuer à endurer son mépris sans rien dire. Sauf que contre toute attente, ma petite montée de lait a plus ou moins calmé mon demi-frère au lieu de jeter de l’huile sur le feu. Pour la première fois depuis mon arrivée, je vois sur son visage quelque chose qui ressemble à de la compréhension quand il marmonne : « Avec le premier venu qui n’est pas resté pour t’élever. » Ça fait mal. Très mal même. Ce n’est pas un secret pourtant, je lui ai dit essentiellement la même chose tout à l’heure. Pourtant, on dirait que de l’entendre comme ça de la bouche de quelqu’un d’autre rend mon expérience de vie encore plus pathétique. Après tout, qu’est-ce que ça dit de moi que mon père n’a pas voulu rester pour s’occuper de moi ou m’amener avec lui et qu’il ne prend plus de mes nouvelles depuis des années, et que ma mère a passé toute mon enfance à essayer de retrouver en moi le fils qu’elle aimait le plus et qu’elle a laissé derrière « Je ne sais pas quoi te dire. » Son ton est un peu froid, loin d’être réconfortant. Mais au moins, ses paroles ne me blessent pas comme tout à l’heure. Je suppose que c’est du progrès. Il hausse les épaules et je me mords l’intérieur de la joue, les lèvres tordues en une moue incertaine. « Comment elle est, alors ? » Surpris, je tourne les yeux vers lui. Une curiosité prudente et un peu méfiante sur ses traits, il me dévisage. « Est-ce que vous dansez ensemble ? » Son expression se transforme, se teint de quelque chose de plus doux. Un air étrange qui ressemble à une nostalgie enfantine, comme si la version de lui qui existe dans les maigres souvenirs auxquels il se raccroche sûrement tentait de refaire surface.

Je suis presque soulagé de pouvoir secouer la tête, lui confirmer sans un mot que les moments qu’il a gardés en mémoire n’ont pas été corrompus par la découverte de mon existence. « Non... » Je pince les lèvres, plisse le nez. « Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Elle m’a forcé à suivre des cours de danse pendant toute mon enfance. » J’esquisse un sourire frêle, presque comme pour m’excuse de lui avoir involontairement volé cette expérience qu’il aurait certainement adorée. Parce que même si je sais somme peu de choses sur sa personnalité malgré mes recherches, je sais qu’il est aussi passionné par la danse qu’elle. Autant j’avais envie de mourir dès que je devais monter sur scène pour faire des pointes, autant il aurait adoré sentir l’approbation de sa mère et recevoir ses conseils sur son exécution de la chorégraphie. Moi, je rêvais que le sol s’ouvre pour m’engloutir. Lui, il aurait sûrement voulu s’exercer encore et encore jusqu’à atteindre la perfection. « Je détestais, mais elle m’a obligé à danser jusqu’à l’adolescence. » Je croise les bras, hausse les épaules en me concentrant sur son autre question, qui me semble mille fois plus simple et plus complexe à la fois. « M’man est... » J’inspire un grand coup, expire bruyamment en essayant de trouver les bons mots. « C’est une danseuse incroyable, une vraie artiste. » Parfois, je me disais qu’elle était aussi clairement faite pour danser qu’elle n’était pas faite pour être mère. « Elle est douce et affectueuse. Intense, aussi. » Surtout quand il lui prenait l’envie de se prendre pour un général pendant les cours de danse. « Plutôt absente. Souvent absente, même. » Nerveusement, je pianote du bout des doigts sur mes avant-bras. Tout à coup, je m’inquiète que Raph pense que j’essaie de dire du mal d’elle pour qu’il n’ait plus envie de la rencontrer ou pour m’attirer sa sympathie. Les yeux ronds, je m’empresse alors d’ajouter : « Et je ne dis pas ça pour être méchant ou pour changer ton opinion d’elle. J’te jure. » J’hésite. Je ne voulais pas nécessairement aborder ses problèmes de santé mentale, mais en même temps, je me demande si ce n’est pas encore le meilleur moyen d’expliquer à quoi a ressemblé mon enfance. Et, peut-être, d’apporter un nouvel éclairage à celui de Raph, pour lui donner les pistes qui l’aideront à comprendre la raison qui se cache derrière la blessure causée par le départ brutal de notre mère. « Elle... euh... elle est bipolaire. Et, souvent, elle arrête de prendre ses médicaments. Alors elle a les émotions en montagne russe. Quand ça a bien, ça va trop bien, elle a des idées de grandeur et elle pense qu’elle peut tout faire, tout accomplir. Sauf qu’après, elle finit toujours par s’écraser et refuser de sortir du lit pendant des semaines. » Je grimace, un peu gêné tout à coup. J’ai l’impression d’en avoir dit trop et pas assez à la fois. « C’était pas facile de grandir avec elle, » que je finis par résumer d’une petite voix hésitante.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyMer 2 Mar 2022 - 4:50



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w/@Billy Stewart


Une dizaine de minutes plus tôt, Raphael se serait refusé de poser la question. Ce souvenir qu’il a gardé de sa mère, ou plutôt cette esquisse qui hante ses pensées comme le ferait un mauvais rêve en plein jour, il l’entretient comme un précieux bijou depuis toujours. Il le garde au creux de ses mains, le caresse du bout des doigts et le revoie tourner en boucle dans sa tête quand il ferme les yeux avant de passer une audition, avant de monter sur scène, même avant de seulement danser pour le plaisir quand il a l’espace pour le faire – ce qui se fait de plus en plus rare. L’appartement qu’il partage avec son colocataire (nous ne le nommerons pas, c’est mieux ainsi) est étouffant et ses murs se referment sur lui quand il tend les bras vers le haut ou à l’horizontale. Il n’est pas bien, ici, mais il ne pourra jamais se l’admettre parce qu’il continue de croire naïvement que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes s’il serre assez les poings. Il retrouvera le goût de la danse, sa peau tachetée d’eczéma retrouvera sa douceur d’antan, l’odeur du déodorant de son colocataire (anonyme) cessera de faire bouillir en lui des sentiments contradictoires, et il retrouvera son ami comme il l’avait perdu le jour où il est parti avec sa copine (que nous ne nommerons pas non plus).

Alors pourquoi, soudainement, le jeune homme a besoin d’entendre son demi-frère raconter une histoire qu’il ne connait pas encore ? C’est vrai. Il ne sait pas comment est sa mère biologique. Son père ne parle pas d’elle et il ne pose pas de questions. Elle aurait pu être gentille, arrogante, motivée, charmante, mais il ne le saura jamais s’il n’ose pas faire un pas vers l’avant – ou un pas vers l’arrière ? « Non… Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Elle m’a forcé à suivre des cours de danse pendant toute mon enfance. » Des cours que Raphael a lui aussi suivi avec toute la volonté et la passion qu’il avait. Sa gorge se noue. Il n’a rien obtenu de tout ce qu’il rêvait, sa mère non plus. « Je détestais, mais elle m’a obligé à danser jusqu’à l’adolescence. » Ses sourcils se froncent et ses lèvres se pincent comme si, seulement maintenant, il réalisait qu’il y avait quelque chose qui cloche dans ce récit. Elle l’a forcé à faire de la danse alors qu’il n’en avait pas envie ? « Tu avais certainement ton mot à dire, mais tu ne voulais pas la décevoir, pas vrai ? » Il demande d’une voix pleine d’espoir, déjà prêt à tout faire pour préserver cette image magique qu’il a de sa mère, son précieux bijou qui ne doit jamais, au grand jamais, se couvrir d’une couche de rouille. C’est certainement Billy le problème dans tout ça. S’il n’aimait pas la danse, il aurait dû le lui dire. Puis le garçon continue de nommer les qualités de sa maternelle, les lèvres de Raphael s’étirent très légèrement pour former un sourire nostalgique, comme s’il savait de quoi il parlait. Oui, elle était une artiste douce et affectueuse. Intense aussi. Dans sa tête, de nouveaux souvenirs qui n’existent pas se forment et il se met à ronger le bout de son ongles comme il le faisait juste avant de monter dans un manège, ou juste avant d’ouvrir un cadeau de Noël. L’anticipation, l’excitation. « Plutôt absente. Souvent absente, même. » Il plane une seconde de plus sur son nuage mais rapidement ses sourcils se froncent et il interroge Billy d’un regard sévère. « Absente ? Qu’est-ce que tu dis ? » Elle ne pouvait pas être aussi absente qu’elle l’a été dans la vie de Raphael. C’est ironique. Le danseur ne veut pas y croire. « Elle... euh... elle est bipolaire. Et, souvent, elle arrête de prendre ses médicaments. Alors elle a les émotions en montagne russe. Quand ça a bien, ça va trop bien, elle a des idées de grandeur et elle pense qu’elle peut tout faire, tout accomplir. Sauf qu’après, elle finit toujours par s’écraser et refuser de sortir du lit pendant des semaines. » Le silence qui suit est bruyant. Contemplant le vide, Raphael laisse sa silhouette se poser contre le dossier du canapé, soulevant au contact une nuée de petites poussières qui s’envolent et filtrent le rayon de soleil qui pénètre par la fenêtre du salon. Son cœur palpite dans sa poitrine. Sa mère (leur mère) est malade, alors. « C’était pas facile de grandir avec elle, » Il déglutit et s’en veut soudainement, ce qu’il n’admettra pas à voix haute. Ses pères l’ont traité comme un roi et il n’a jamais pu se plaindre de son enfance, parce qu’il avait grandi auprès de parents aimants et présents, surtout. « Désolé. » Il souffle, incapable de dire un mot de plus. Ses poings sont serrés autour de ses genoux, ses ongles s’enfoncent dans sa peau, et il ne remarque pas que les deux garçons arborent exactement la même position. On aurait dit des frères. « Je ne sais pas quoi te dire. » Il pourrait lui en vouloir d’avoir bousillé cette image qu’il avait de sa mère mais peut-être qu’au fond il savait déjà depuis le début qu’il y avait une coquille quelque part. Après tout : elle était partie, et les gens qui vont bien ne font pas ça. « Où est ton père biologique ? Tu le connais ? »
 
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w/@Raphael Elly


Pour la première fois depuis mon arrivé, la façade un peu froide derrière laquelle Raphael se réfugie semble fondre un peu. Assez pour laisser apparaître quelque chose qui ressemble dangereusement à de l’empathie au fond de ses yeux clairs. Il pousse même l’audace jusqu’à l’avouer à voix haute : « Désolé. » Je hausse les épaules. C’est pas sa faute. Comme c’est pas la mienne si, de nous deux, c’est moi qui ai hérité d’une enfance passée en compagnie de notre mère, n’en déplaise aux regards qu’ils me lance depuis que je lui ai révélé la raison de ma visite. « Je sais pas quoi te dire. » Étrangement, ça me réconforte. Peut-être parce que c’est complètement honnête ou alors parce qu’il n’essaie pas de me faire sentir mieux. Peut-être aussi parce que le petit fond de malaise dans sa voix me rappelle ma propre façon de communiquer. À croire qu’on a véritablement un air de famille, même si on ne se connaît pas vraiment. Sûrement que la génétique est plus forte qu’on croit. « Où est ton père biologique ? Tu le connais ? » Je grimace, pas particulièrement enchanté à l’idée de répondre à sa question. Mais je me dis aussi que j’ai suffisamment envahi sa vie privée pour qu’il ait le droit d’exiger que je lui en révèle un peu plus à mon sujet. Alors j’inspire un grand coup et je hoche la tête. « Je le connais, ouais. Enfin, je le connaissais. » De la paume, je me frotte le nez pour chasser le chatouillement de dédain qui menace de me faire éternuer. « Il a foutu le camp quand j’avais huit ans. Il est parti avec sa collègue et apparemment il n’avait pas envie de m’amener avec lui. » Il en avait marre de sa vie avec maman, n’en pouvait sûrement plus de gérer les hauts et les bas et les conflits. Ça se comprend. Ce que je comprends moins, c’est pourquoi il a pensé que ça serait une bonne idée de laisser un gamin en arrière pour gérer ce qu’un homme adulte n’a pas réussi à supporter à long terme. Ou pourquoi il n’a même pas fait l’effort d’essayer de me garder dans sa vie. Même si je suppose que la réponse à cette question n’est pas si difficile à trouver : il ne voulait pas vraiment de moi, tout simplement. Ça fait mal, oui, mais c’est la réalité. « Aux dernières nouvelles, il habitait Wollongong avec sa nouvelle femme, qui n'est pas la collègue avec qui il s’est enfui de Brisbane, et leurs jumelles. » Après plus ou moins huit ans de silence, il m’a envoyé une carte postale avec une photo de leur mariage, auquel je n’ai même pas été invité. Une photo de lui et d’elle sur la plage, les pieds dans le sable, avec son voile qui flotte dans la brise et deux gamines potelées en petites robes roses installées devant eux sur la plage. J’ai failli la brûler mais au final je n’ai pas réussi à me résoudre à le faire, alors je l’ai enfouie au fond de ma boîte à souvenirs, avec les rares lettres et cartes d’anniversaire qu’il m’a envoyées au fil des années. « C’était il y a trois ans, donc va savoir s’ils sont encore ensemble. Si ça se trouve, il a divorcé une deuxième fois. » Mais je ne le saurais pas, évidemment, parce qu’il pense à moi une fois par décennie. S’il veut renouer avec moi un jour, il sait où me trouver. Maman habite la même maison depuis ma naissance. En attendant, c’est comme s’il n’existait plus. Je ne suis pas d’humeur à m’épancher plus longtemps sur l’histoire tragique de ma relation avec mon paternel. Je préfère de loin détourner la conversation vers Raph une fois de plus. « Et toi… t’as jamais cherché à la retrouver ? » Sa présence semble lui avoir manqué, c’est évident. Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’il ait tenté de creuser pour essayer de savoir ce qui lui était arrivé et je me demande pourquoi.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyJeu 24 Mar 2022 - 2:45



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w/@Billy Stewart


Ce n’est pas une discussion qu’il espérait avoir au cours de sa vie. Il pensait avoir réussi à tourner la page sur ce passé qui n’est plus le sien, sur cette femme qui ne s’est jamais occupée de lui, sur les réalités derrière son départ. Il préférait se dire qu’elle avait disparu ; pas qu’elle avait décidé de partir. Aujourd’hui, Raphael est confronté à des vérités qu’il n’aurait peut-être jamais cherché à déterrer. Il devrait sauter de joie en voyant à quel point lui et Billy se ressemblent. Leurs yeux, leur silhouette mince, leur tête dépitée, leurs mains, aussi, serrées autour de leur genoux comme si leur vie en dépendaient. C’est comme s’il se regardait dans le miroir sans reconnaître ce qu’il y voit. Lui et son frère n’ont toutefois pas la même histoire à raconter. « Je le connais, ouais. Enfin, je le connaissais. » Cette intonation dans le ton de sa voix signifie que quelque chose cloche. Il a l’impression d’entendre les guillemets comme s’ils avaient été écrits dans le script. Silencieux, Raphael note le réflex du plus jeune. Sa main est nerveuse et tremblante quand il se la passe au milieu du visage, comme pour chasser des mouches invisibles. « Il a foutu le camp quand j’avais huit ans. Il est parti avec sa collègue et apparemment il n’avait pas envie de m’amener avec lui. » Il faut croire que c’est la malédiction de leur famille. Les enfants se font abandonner un jour ou l’autre. Et ils seront condamnés à penser que c’est leur faute. Qu’ils n’étaient pas assez biens ; et ils continuent à le croire jusqu’à aujourd’hui. Un fardeau qu’ils trainent à leur cheville. « Aux dernières nouvelles, il habitait Wollongong avec sa nouvelle femme, qui n'est pas la collègue avec qui il s’est enfui de Brisbane, et leurs jumelles. » Compréhensif, Raphael baisse les yeux en se mordant la lèvre inférieure. Il reste ainsi dans cette position, stagnant comme au milieu d’une mer tellement calme qu’il en perd ses repères. Le vide est profond et inquiétant sous ses pieds. À présent, ses mains sont glissées sous ses cuisses, comme pour les empêcher de s’envoler ou de fuir le reste du son corps, ce qu’elles feraient sans y réfléchir deux fois si elles en avaient la possibilité. S’éloigner de ces deux garçons paumés, c’est probablement la chose la plus saine à faire. Ils font un joli duo, ces deux crevettes au dos courbé. « C’était il y a trois ans, donc va savoir s’ils sont encore ensemble. Si ça se trouve, il a divorcé une deuxième fois. » Il hoche de la tête en esquissant un sourire sans joie. « Je vois le genre. » Un homme qui ne peut supporter le poids des responsabilités. Un homme qui agit avant puis qui réfléchit après. Un cliché. « Et tu… On a d’autre famille ? » Il ne pourra jamais s’habituer à l’idée de ne plus être enfant unique. « Des tantes ou des oncles ? Du côté de maman, je veux dire. » D’autres gens qui pourraient le décevoir eux aussi.

« Et toi… t’as jamais cherché à la retrouver ? » Il relève doucement la tête, laissant ses yeux s’égarer sur le moindre détail de l’appartement qu’il partage avec Kieran. Sur le tapis devant la porte d’entrée, il peut compter quatre paires de chaussures ; seulement les siennes. Toutes plus colorées les unes que les autres. D’entre elles, la paire rouge détonne le plus. Elle lui a été offerte par un ange gardien apparu de nulle part dans une friperie. L’anecdote qu’il s’amuse souvent à relever quand il n’a plus rien à dire (c’est-à-dire souvent). « Non, jamais. » Il regarde enfin Billy. Son frère. Billy son frère. « J’avais peur de connaître la vérité alors je me suis inventé des histoires. » Il déglutit difficilement avant d’esquisser un sourire faux. « Écoute. Ne le prends pas personnel mais je crois que j’aurais préféré ne jamais savoir qu’elle était malade. C’est peut-être égoïste de ma part mais… » Il n’a pas de raisons, non. C’est complètement égoïste. Il ne peut s’empêcher de se demander si les troubles bipolaires sont héréditaires, maintenant. Il passera sa soirée sur Google. « Voilà… Je ne sais plus quoi dire. Rien ne m’aurait préparé à ta visite. » Il jette un nouveau coup d’œil aux dossiers ouverts sur la table basse et les referme en soufflant tout son air par son nez. « Mon coloc va bientôt rentrer. » Il n’en sait rien. « Je crois que je préférerais éviter de lui… expliquer tout ça. Tu comprends ? » Il n’ose même plus le regarder dans les yeux.  

 
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptySam 26 Mar 2022 - 22:19



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w/@Raphael Elly


« Je vois le genre. » Je pince les lèvres, misérable. C’est si classique, si cliché. Évidemment qu’il voit le genre. « Et tu… On a d’autre famille ? Des tantes ou des oncles ? Du côté de maman, j’veux dire. » Ça me fait étrangement chaud au cœur de l’entendre se reprendre et dire qu’on a la même famille. Je hoche la tête, comme pour dire ni oui ni non. « Maman a une sœur, mais je ne l’ai jamais vue. Je crois qu’elles ne se parlent plus. » Je ne sais pas qui a coupé les ponts avec qui en premier, et je n’ai jamais cherché le savoir non plus. Au fond, je m’en fichais un peu. Et comme je ne veux pas m’éterniser sur le sujet, je pose une autre question à Raphael. Je lui demande s’il a déjà cherché à retrouver notre mère. Si oui, il n’a pas réussi. C’est clair, il était bien trop surpris pour avoir su où elle vivait. Et quelque chose me dit qu’il n’est pas plus doué que moi pour mentir. Son regard me fuit, balaie la pièce comme s’il la voyait pour la première fois. Aussi patiemment que possible, je joue avec un fil qui dépasse de la couture de mon pantalon. Je devrais le couper. « Non, jamais, » finit-il par me répondre. Et puis son regard tombe sur moi, vaguement distant même si ses yeux sont plongés dans les miens. « J’avais peur de connaître la vérité alors je me suis inventé des histoires. » Il me sourit. Le genre de sourire qui n’éclaire pas le visage, retrousse à peine les lèvres. Un sourire de circonstances, pour faire passer le malaise. Ça ne marche pas vraiment. « Écoute. Ne le prends pas personnel mais je crois que j’aurais préféré ne jamais savoir qu’elle était malade. C’est peut-être égoïste de ma part mais… » Je fronce les sourcils, pas trop certain de comprendre. Il aurait vraiment voulu ne pas savoir pourquoi elle est partie ? Moi, je sais que j’aurais voulu savoir, ne serait-ce que pour ne pas avoir à douter que c’était à cause de moi. Parce que je n’étais pas assez bien pour elle, pas assez ce qu’elle voulait, pas assez aimé pour qu’elle veuille de moi dans sa vie. Vaguement, je songe qu’il craint peut-être d’apprendre qu’il souffre d’un trouble bipolaire lui aussi. Une angoisse que je connais bien. Mollement, j’ouvre la bouche pour lui confirmer que c’est rarement héréditaire, mais il continue à parler comme s’il n’avait rien remarqué du tout. « Voilà… Je ne sais plus quoi dire. Rien ne m’aurait préparé à ta visite. » Timidement, je hoche la tête. Je comprends, c’est vrai que je suis apparu de nulle part pour lui balancer une véritable bombe. Il baisse la tête, observe un instant le dossier encore ouvert sur la table comme s’il l’avait personnellement offensé. D’un geste vif, il replie la couverture en carton sur les photos et le repousse. « Mon coloc va bientôt rentrer. Je crois que je préfèrerais éviter de lui… expliquer tout ça. Tu comprends ? » Dans ma poitrine, j’ai l’impression que mon cœur émet un grincement sinistre. « Oh… » Machinalement, je tends la main vers mon dossier, le récupère et le serre contre ma poitrine comme à mon arrivée. Ma voix n’est qu’un filet lorsque je réponds : « Je comprends. » Je comprends surtout qu’il a honte de moi et probablement honte de notre mère, et j’ai beau avoir des sentiments ambivalents envers elle, je sais qu’elle ne mérite pas que son fils ainé, celui qu’elle préfère à son cadet et avec qui elle espère sûrement renouer un jour si je me fie aux recherches qu’elle fait, ait honte d’elle. Alors je me lève, traverse le salon trop petit en quelques enjambées. Je m’arrête sur le pas de la porte, jette un coup d’œil à Raph qui fixe toujours la table. Je reviens vers lui, me plante face à lui et fouille dans mon dossier. Enfin, je mets la main sur ce que je cherchais. Une photo de maman alors qu’elle était encore toute jeune, probablement peu après qu’elle ait eu Raph. Elle sourit à la caméra, un martini entre les doigts et les yeux brillants. À l’arrière, j’ai griffonné son adresse de mon écriture en pattes de mouche. Je la pose devant mon demi-frère sans espérer qu’il la prenne. « Au cas où tu changes d’idée. » Et puis, parce que je suis un peu blessé même si j’essaie de le cacher, j’ajoute : « Ça ne devrait pas être trop difficile à cacher à ton coloc au moins. » Puis, sans attendre qu’il ne me raccompagne jusqu’à la porte – je connais le chemin de toute façon, son appart n’est pas beaucoup plus gros que le mien – je sors du salon et de l’appartement. Je referme la porte sans bruit derrière moi. Le cœur gros, je repars par où je suis venu, mon dossier serré contre ma poitrine. Ça ne s’est pas passé comme je l’espérais, mais je suis fier d’avoir réussi à le confronter avec la vérité. Vu mon caractère, rien n’était moins sûr. Je n’ai peut-être pas gagné un frère, mais au moins j’aurai essayé.
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Message(#)i don’t want this weight i’m dragging around my collar • raph EmptyDim 27 Mar 2022 - 21:52



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w/@Billy Stewart


« Maman a une sœur, mais je ne l’ai jamais vue. Je crois qu’elles ne se parlent plus. » Ce sera plus simple, alors. Pas d’autre famille à détester. La curiosité ne se rallume pas. Raphael reste muet dans le canapé en opinant. Aujourd’hui, il ne se découvre qu’un nouveau frère. Pas de cousines et de cousins mystères, personne à espionner sur les réseaux sociaux comme l’a fait Billy pour trouver l’autre aujourd’hui. Ce sera plus facile à gérer, s’il ne décide pas de fermer la porte au nez du jeune homme et de rayer cette mésaventure de sa mémoire pour ne pas creuser davantage dans un passé qui aurait dû rester caché. Du moins, c’est ce qu’il pense. Si Raphael n’avait pas trouvé l’excuse du colocataire, il n’aurait pas su comment demander à sa visite de s’en aller. Il est incapable d’affirmer sa volonté, et ce serait certainement un malaise inconfortable qui aurait rempli l’atmosphère au point de les faire transpirer tous les deux. Avec un peu de chance, Billy aurait compris le message et serait parti par lui-même, mais c’est beaucoup plus facile de blâmer le retour de Kieran qui écoutera leur échange. Mais, même s’il ne s’agit qu’une d’une excuse, Raphael ne pense pas avoir le courage de parler de Billy à quiconque. Après tout, s’il aborde le sujet, ça le rendra encore plus réel. Pour le moment, il peut encore espérer que ce n’est qu’un rêve. Il se réveillera bientôt, rassuré d’apprendre que sa mère n’est pas malade et que personne ne l’a espionné sur internet. « Je comprends. » Pourtant, il semble là en chair et en os et, quand il se relève doucement du canapé, poings fermés sur ses genoux et embarras dans le visage, l’ainé déglutit. Silencieux, il le laisse récupérer ses affaires sans jamais accorder de dernier regard à la pile de dossiers sur la table basse, ne souhaitant pas imprégner l’image dans son esprit. Elle serait susceptible de lui provoquer des cauchemars. Du coin de l’œil, il voit la silhouette de Billy se diriger vers la sortie et, au dernier moment, il se retourne pour se rapprocher à nouveau de son frère. L’odeur de friture revient à ses narines. La gorge nouée, il l’observe chercher quelques choses et un soupir discret s’échappe de ses lèvres lorsqu’il trouve enfin une petite photographie qu’il remet à Raphael. Il ne la regarde pas tout de suite. Il la laisse accumuler la poussière, incapable de bouger. « Au cas où tu changes d’idée. » Il acquiesce en se mordant la langue. « Ça ne devrait pas être trop difficile à cacher à ton coloc au moins. » Et seulement maintenant il réalise la portée de ses propos. Il entrouvre les lèvres, incapable de prononcer les excuses qui lui chatouillent pourtant le fond de la gorge, et il se contente de s’insulter lorsque Billy sort de l’appartement. Seulement quand il se retrouve seul, il frappe à poings fermés dans le canapé et aussitôt les larmes montent à ses yeux. Il attrape la photographie sans la regarder et va la ranger dans le tiroir de sa table de chevet, le refermant brusquement derrière. Il a un frère. Sa mère a bâti une autre vie, à Brisbane. La Terre a continué à tourner et, lui, il est toujours le même petit garçon perdu qui n’a jamais trouvé les clefs pour ouvrir la porte vers son futur. Dans le lit, il s’écrase et se coince la tête sous l’oreiller en espérant couper l’air qui se rend jusqu’à son cerveau, en espérant oublier cette rencontre pour retourner au dernier chapitre de sa vie… pourtant celui dans lequel il s’est coincé.    

 
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