| (priadji) here's what I'll do, I'll take care of you |
| | (#)Ven 16 Juil - 0:19 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what I'll do, I'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji Tu ne te considères pas comme quelqu'un de particulièrement religieux. Ou même superstitieux, mais même toi, tu te dis que cela fait un peu trop et que si quelque chose d'autre, de négatif encore une fois, bloque la route des Khadji... tu vas véritablement intervenir et offrir plus que ta présence, des mots rassurants et des câlins plus que serrés pour remonter le moral et pour sortir certains de leur torpeur. Tu as encore en mémoire, et distinctivement en plus, l'expression de Yasmine au moment où tu as fait ton apparition au bout du couloir de son ancien lieu de travail, Fatima et Sohan non loin d'elle, tous les deux attendant la même chose. Avec la même expression sur le visage. Et, une chose complètement désagréable, il t'a fallu réaliser que tu ne pouvais pas vraiment aider, juste avec ta présence, juste en tenant la main de Yasmine, juste en t'assurant que Sohan ne se nourrisse pas seulement des quelques snacks du distributeur présent à l'étage et en tentant de convaincre Fatima Khadji de s'accorder quelques heures de sommeil, dans son propre lit. Pas une bataille facilement gagnée et franchement, tu ne peux pas vraiment la blâmer, il s'agit tout de même de son époux et comme tous les membres de leur famille et tous leur proche, toi aussi tu as pris la relève, pour venir rendre visite à Amjad Khadji le plus souvent possible et pour s'assurer de son état. Ou qu'on t'en dise plus. Attendre n'a jamais été ton fort, mais là, il s'agit de quelque chose de complètement différent et si tu te sens aussi mal, tu ne veux même pas imaginer ce que doit ressentir Yasmine. La brune est plus sur le qui-vive que d'habitude, là encore, tout à fait normal et tu as fait de ton mieux ces derniers jours, pour veiller sur elle et en assurant à la brune que non, vraiment, cela ne te dérange pas de le faire et en plus... à part être à ses côtés, où se trouve ta place ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus maintenant, tu es dans son orbite, elle est dans la tienne, ses problèmes sont les tiens, cette famille, c'est un peu la tienne désormais et comme tout le monde, tu attends, avec le cœur qui bat de manière un peu plus certaine que d'habitude, ayant toujours un regard pour Yasmine. Alors le coup de fil de Molly, tu y as tout de suite répondu, la rouquine est aux premières loges après tout et avant de décrocher tu t'es retrouvé à prier, espérer pour un changement et pour une bonne nouvelle... autant dire que tu es tombé de haut et que tu as manqué de lâcher ton téléphone quand elle t'a expliqué qu'un autre Khadji venait d'être admis en tant que patient et qu'il s'agissait de Yasmine. Do not move, stay with her, I'm on my way. Les seuls mots que tu as eu pour Molly avant de raccrocher et d'abandonner ce que tu faisais, installé à ton bureau à ton nouveau boulot, pas vraiment concentré sur quoi que ce soit. Et plus concentré du tout, tu ne sais même pas ce que tu fichais là d'ailleurs, à vivre ta vie comme si c'était normal, pour rassurer Yasmine dans un sens pour faire comme si tout allait bien et maintenant... Autant dire que tu n'as jamais été aussi content d'avoir le véhicule que tu as et que tu n'as jamais conduit aussi vite, te moquant bien des panneaux de circulation, de toute logique et de tout le bon sens, pas quand il s'agit de Yasmine, jamais quand il s'agit de Yasmine. Et vraiment, si Molly n'y était pas allée à grand renforts pour t'arrêter, tu aurais sûrement déboulé dans la chambre de la brune sans plus de cérémonie, mais ce n'est pas ainsi que fonctionne les choses et il t'a fallu attendre encore plus. Sans vraiment savoir, sans rien d'autre que les quelques regards de Molly, qui a tenté de reprendre la conversation une fois de plus, seulement pour que tu hoches négativement la tête. Comment échanger un seul mot avec qui que ce soit quand tu ne sais pas comment va la personne qui compte le plus à tes yeux ? L'attente bien que longue, a pris fin et enfin, tu as pu poser tes deux yeux sur la brune, lui prendre la main et t'assurer qu'elle va bien. Tellement bien qu'elle peut repartir de la clinique le jour même. Confus ? Tu l'es totalement, mais tu ne veux pas vraiment la blâmer de vouloir mettre de la distance avec l'endroit et si tu ne lui as pas lâché la main pendant les moments qui ont suivi, tu as fini par le faire pour la prendre dans tes bras.
Et maintenant, maintenant que tu te trouves dans la demeure des Khadji, en train de te brosser les dents, confronter à ton propre reflet dans le miroir, convaincu qu'il s'agit de la plus longue journée de toute ta vie. Elle n'est pas encore finie quand tu y songes, tu peux entendre des bribes de conversation et tu fronces même les sourcils quand ton prénom est prononcé, à quelques mètres de là, tu sais que Yasmine et Fatima sont en train d'avoir une autre conversation et tu dois probablement en être le centre. Tu te retrouves à hausser les épaules et tu finis par te rincer la bouche avant de retrouver, tout seul en plus, le chemin de la chambre de Yasmine, t'asseyant sur le bord du lit, attendant l'apparition de la brune, n'osant pas vraiment déranger quoi que ce soit en son absence. L'attente n'est pas très longue, pas si longue que cela et tu lui offres un sourire dès qu'elle passe l'embrasure de la porte. "Hey." C'est un bien maigre sourire, même toi tu sais que tu peux mieux faire, mais au lieu de trop y penser, tu tapotes l'espace sur le matelas juste à côté de toi, suivant toujours la brune du regard, nouant déjà tes doigts aux siens quand elle finit par te retrouver. Tu restes silencieux quelques secondes de plus, ton regard posé sur vos deux mains. "Je suppose que vous n'étiez pas en train d'avoir une conversation à propos de la pluie et du beau temps ta mère et toi, pas vrai ?" Qu'on ne s'y trompe pas, tu n'as pas vraiment envie d'avoir la réponse à cette question, cela serait s'aventurer sur une autre pente, plus que glissante, vous le savez très bien tous les deux, et ce n'est pas le but, tu le sais, la situation n'est pas idéale, tant pis. "Mais elle va devoir se faire à l'idée que je reste ici ce soir, juste histoire de..." Juste histoire de veiller sur toi, juste histoire de t'assurer que tu vas bien... tu ne dis rien de cela, incapable de finir ta phrase, incapable d'imaginer une alternative où vous ne seriez pas cela ce soir, et où tu ne pourrais pas lui tenir la main. Tu ne veux même pas y songer et il te faut prendre une profonde inspiration, pour chasser au loin toutes les pensées négatives et autres mauvais tours de ton esprit, avant de pouvoir redresser le regard et de faire face à la jeune femme. "Je sais qu'on t'a déjà posé la question des centaines de fois aujourd'hui et même ces derniers jours mais... ça va ?" Tu décides de prendre exemple sur la brune, te demandant ce qu'elle ferait si les rôles étaient inversés, et oui Yasmine est ta priorité, la seule d'ailleurs et c'est bien pour cela, comme elle l'aurait fait elle, que tu reprends l'instant suivant. "Et sache que tu n'es pas obligée de répondre, un silence est une réponse valable, un haussement d'épaules aussi, ou un simple non peut tout à fait suffire." Tu hoches la tête, sincère, sachant que tu ne peux pas la forcer à te dire quoi que ce soit et ce n'est pas vraiment le but en somme, peu importe le sujet, tu seras toujours content de lui parler. "Ou alors on peut rentrer direct dans le vif du sujet..." Tu marques une pause, ton regard toujours ancré dans celui de la femme que tu aimes et de tous les sujets du monde, tu vires complètement, parce que tu es toi. "Oui, je sais que je suis très beau dans mon pyjama, sorti spécialement pour l'occasion." Autant tenter d'alléger l'atmosphère, pas vrai ? |
| | | | (#)Mer 21 Juil - 18:16 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what i'll do, i'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price Il n’y a pas de battements de coeur, je suis désolée, Yasmine. Statistiquement, 10% des grossesses se terminent en fausses couches. Ce n’est pas de ta faute, et ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que ça arrivera encore. Il n’y a rien à faire, tu dois juste attendre que ça passe… ça devrait prendre 48 heures environ. Tu n’étais pas très avancée dans ta grossesse, tu vas ressentir des crampes plus ou moins douloureuses, et… Le Laïus du Dr Parker lui tournait en boucle dans la tête. Il avait été concis, bien que prononcé sur un ton aussi compatissant que lui permettait sa longue carrière et ses dizaines de milliers de cas similaires, tous traités avec le même professionnalisme, la même gentillesse. Mais avec tout le respect qu’elle lui devait, elle s’en fichait pas mal des statistiques. Tout ça, Yasmine le savait, ça ne rendait pas cette nouvelle plus facile à avaler, quand bien même il y avait à peine six heures de ça, elle ne se doutait même pas de son état. Elle avait fini par appeler Edgerton sans pour autant entrer dans les détails, expliquant simplement son coup de moins bien en omettant de lui révéler le fond du problème, s’inventant une anémie qu’il fallait qu’elle soigne en mangeant mieux et en dormant plus. Elle s’en voulait de ce mensonge, mais elle était trop épuisée pour réussir à rester calme si elle devait vraiment passer aux aveux ce soir. Elle avait suffisamment pleuré ces dernières heures pour prétendre ne plus avoir besoin de le faire avant quelques jours, alors elle s’était laissée étreindre par ses bras, retrouvant tout le réconfort qu’elle avait besoin, le nez enfoui dans le col de sa chemise. Ses hormones ne verraient sans doute pas les choses de la même manière à propos des pleurs, et à peine avait-elle émis l’envie d’aller embrasser son père avant de filer pour de bon et de quitter enfin l’hôpital, qu’elle avait senti ses yeux se mouiller. Mais c’était un problème qu’elle réglerait en allant, rien ne pressait vraiment. Et puis à quoi bon, de toute façon ? Ils n’allaient pas se morfondre sur quelque chose qui était reparti comme il était arrivé. En plus, une vilaine petite voix lui soufflait qu’en définitive, ce n’était pas aussi dramatique que ça ; elle aurait aimé que les choses soient aussi simples. Au fond d’elle-même, elle avait la sensation qu’on était en train de lui arracher quelque chose, une sensation que les douleurs qu’elle ressentait dans le bas du ventre ne rendaient pas moins palpables. Au contraire, au plus les minutes défilaient, au plus elle se sentait affectée par ce qui était tout juste en train de lui arriver. Sur le chemin du retour, tassée dans la voiture d’Edge, elle avait fait des calculs, et elle avait rejoué les dernières semaines avec une précision qu’elle mettait sur le compte de sa fâcheuse manie à se rappeler de choses qui n’avaient aucune importance. Yasmine aurait dû s’en douter, elle aurait réussir à mettre les mots justes sur ses siestes inopinées, sa sensibilité à fleur de peau, les fluctuations de son humeur, le dérèglement de son cycle ; elle n’avait pas été nauséeuse, elle n’avait pas subitement eu des envies farfelues ou des répugnances inhabituelles, et rien chez elle n’avait changé, que ce soit l’aspect de sa silhouette ou celui de son visage. Malgré tout oui, elle aurait dû en être capable… si la période avait été différente, et si son père n’avait pas été hospitalisé. Tous les petits signes avant-coureurs, elle les avait pris comme des manifestations habituelles de son anxiété, même le Dr Parker avait fait en sorte qu’elle ne se fustige pas de s’être laissée berner. Mais là encore, si c’était aussi facile que ça, la culpabilité de millions de femmes dans son cas n’aurait pas fait partie intégrante du processus qui l’attendait ces prochaines 48 heures environ. Le regard perdu dans la mousse dense de la vaisselle qu’elle s’était mise à faire aussitôt le repas terminé, Yasmine sursauta quand sa mère fit tomber au sol un couteau qui la ramena dans le moment présent. Elle n’avait pas boudé son besoin d’en faire trop, Fatima, ainsi quand elle avait appris que sa petite fille avait fait un aller-retour au service des urgences, elle s’était chargée de la mission de la faire saliver avec le liste de mets qu’elle était prête à lui préparer pour suivre les soi-disant conseils du médecin qui l’avait examiné. Résultat des courses, devant les plats savoureux de Fatima, Yasmine avait à peine picorer. Heureusement qu’Edgerton lui avait fait honneur, et dans le fond peut-être que c’était ça qui avait pencher la balance en sa faveur quand, débarrassant la table tous les trois, elle avait laissé entendre à la matriarche que ce soir, le jeune homme passerait la nuit sous son toit. Si elle avait été d’humeur, Yasmine ce serait amusée du retour dans le passé inopiné que cette faveur lui avait fait faire, mais à la vue de comment elle avait présenté les choses à la propriétaire des lieux, il ne s’agissait pas d’un sujet dont elles débattraient ce soir. La cadette de la famille avait besoin d’avoir son partenaire à ses côtés, et tant pis si ça transgressait plusieurs paragraphes dans le code strict des principes de maman Khadji.
"Sur le canapé, d’accord ?" l’entendit-elle lui murmurer à l’oreille, s’inclinant vers elle pour, en même temps, remettre le torchon humide à sa place. Fatima déposa un baiser sur la joue de sa fille. Cette dernière opina du chef comme seule réponse, consciente qu’il s’agissait là d’une exception, et qu’elle avait déjà de la chance d’avoir obtenu gain de cause sans avoir eu besoin de se battre avec elle. Elle tourna la tête dans la direction de sa mère et leurs yeux, tellement similaires, se croisèrent pendant quelques secondes. Le temps de faire monter des larmes dans ceux de Yasmine, et de faire dire à Fatima qui la guettait avec tous ses radars déclenchés "Repose-toi, tu veux bien ? Ça ira beaucoup mieux demain matin." Et un autre baiser, qu’elle rendit plus ferme en posant la main sur le visage de sa fille, finit par conclure le tout alors que Yasmine rinçait l’évier, et se concentrait sur les trombes d’eau pour ne pas se laisser atteindre par le pic de douleur qui lui vrilla les entrailles. Et il prit de l’ampleur quand elle comprit que très bientôt, elle se retrouverait seule avec Edgerton "Hey." lui répondit-elle en passant le pas de la porte de sa chambre, emmitouflée dans un sweat jaune, ses cheveux désordonnés par l’épaisseur de ses boucles lui tombant entre les omoplates. Encore une fois, si les circonstances avaient été différentes, elle lui aurait dit qu’il pouvait s’estimer grand privilégié ; son père, son frère, Hassan et Qasim avaient été les seuls hommes autorisés à entrer dans cette pièce lorsqu’elle était jeune fille "Pas vraiment. Je suis désolée, tu vas devoir migrer vers le salon." Elle ferma la porte derrière elle, puis après un très cours temps d’hésitation, elle alla le rejoindre pour s’asseoir au bord de son lit et attraper sa main qu’elle serra plus fort que d’habitude, ses doigts comblant l’espace entre les siens au point de devenir légèrement douloureux, soumis à la tension exercée par ses propres bagues "Mais si je peux te rassurer, le canapé est confortable. On a tous fait des siestes mémorables dessus, tu m’en diras des nouvelles." Elle voulut lui adresser un sourire, mais son effort lui parut trop minimale pour qu’elle s’y risque, et elle baissa la tête pour se mordre le coin de la lèvre en toute impunité en priant silencieusement dans le fond pour une seule et unique chose : qu’il ne lui demande pas comment elle allait. Parce qu’elle ne savait pas vraiment, et qu’elle redoutait la discussion qu’il faudrait avoir avec lui autant qu’elle redoutait ce qui se passait dans son ventre ; ça lui faisait autant de mal à vrai dire et quand il reprit la parole pour entrer dans le vif du sujet, ruinant sans le vouloir ses espoirs égoïstes, elle restant un court instant sans parler "Je sais pas quoi te répondre, Edge." avoua-t-elle sans faire de détour, mais d’une voix basse et douce. Elle releva la tête pour affronter son regard et cette fois, s’y efforçant tout de même, elle lui accorda un léger sourire quand elle ajouta "Je suis épuisée, et tu dois l’être aussi. Je vais sortir ce qu’il faut pour ta nuit." Et elle s’échappa du bord du lit, lui lâchant la main pour se diriger vers le placard de sa chambre qu’elle n’ouvrit pas tout de suite. Du bout de sa manche trop grande, elle se frotta le bout du nez en se tournant vers lui quand, expert en la matière, il tenta d’alléger l’atmosphère et qu’elle remarqua ce qu’il portait. Et ce n’était pas grand-chose, il portait un pyjama comme la majorité des hommes de cette planète à l’approche d’une bonne nuit de sommeil. Sauf que ce n’était pas dans ses habitudes, et que la délicatesse du geste, couplée au plus gros de son chagrin qu’elle retenait depuis plusieurs heures, sans compter la ronde de ses hormones qui ne comprenaient plus rien à ce qu’il se passait dans son corps, la firent éclater en sanglots dans sa manche.
Dernière édition par Yasmine Khadji le Sam 14 Aoû - 9:12, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 4 Aoû - 12:49 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what I'll do, I'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji Tu n’as pas de solutions miracles. Vraiment pas. Vous ne vous êtes jamais retrouvés dans une situation pareille, d’abord son père qui passe par la case hôpital et maintenant Yasmine... Non, jamais, aussi s’il y a quelque chose que tu pourrais dire ou faire pour retourner des semaines en arrière ou encore mieux, faire avancer les aiguilles d’une montre pour faire avancer les secondes, le temps lui-même et enfin t’arrêter sur un moment où tout le monde retrouve et a retrouvé le sourire, tu le ferais sans aucune hésitation. Et peu importe ce que tu dois donner, peu importe ce que tu dois sacrifier, tu le ferais, juste pour chasser les lignes d’inquiétudes et d’anxiété du front de Fatima, juste pour que Sohan retrouve une vraie place au sein de cette famille, pour qu’Amjad lui retrouve sa place ici, dans sa demeure, ou même dans le jardin pour qu’il t’apprenne tous les secrets de sa main verte et que ce soit une autre journée complètement normale et ennuyeuse à souhait. Tu pourrais espérer de toutes tes forces pour qu’une telle chose se produise, plutôt que ces longues secondes qui s’étirent une fois que Yasmine fait son apparition dans sa propre chambre, le teint un peu trop effacé, ses tâches de rousseurs mise en valeur pour une autre raison que son bronzage, ses cheveux trop désordonnés parce que tu sais qu’elle y a passé ses mains, plus d’une fois, pour chasser l’anxiété et simplement pas pour se recoiffer. Tu vois tous les signes, parce que tu la connais presque par cœur, parce que tu as passé du temps à observer, mais malheureusement, cela ne t’a pas donné plus d’indications sur ce que tu dois faire à cet instant précis. Quelque chose manque, quelque chose ne s’aligne pas, au point même que lorsque Yasmine s’empare de ta main, même ce contact-là semble avoir changé. Tu détestes cette sensation, ça, et le léger malaise, ou mal être, tu ne sais vraiment pas, qui est en train de se creuser en plein dans ton estomac pour remonter vers ta poitrine et ton cœur qui bat à un rythme différent, encore plus quand Yasmine t’annonce que tu vas devoir passer la soirée sur le canapé. "... Pardon ?" Un simple murmure, tu doutes vraiment qu’elle t’ait entendu, parce que c’est d’un ridicule à souhait, vous êtes tous des adultes et que c’est tout simplement stupide. Tu ne le vocalises pas, tu serais incapable de le faire sans être grossier et même toi tu sais que ce n’est vraiment pas le moment de te lancer dans une leçon de morale ou de faire remarquer que tu n’es ici que pour aider, et pas pour être un cliché ambulant comme semble le penser Fatima Khadji. Tu n’es pas là pour ça, tu es là parce que tu veux être côté de Yasmine, parce que la journée a été longue et que si tu n’étais pas là... ça ne ferait pas de sens, ça ne fait pas plus de sens l’expression qu’à Yasmine ce moment, complètement indéchiffrable, elle est là, près de toi et pourtant, des kilomètres vous séparent, elle est là mais elle est tellement loin. La blague que tu fais est pour détendre l’atmosphère, pour lui rappeler que rien n’a vraiment changé dans le fond, que c’est toujours toi, c’est toujours elle, c’est toujours vous deux et pourtant elle te lâche la main... avec une certaine facilité, tellement qu’il te faut prendre une profonde inspiration pour ne pas le prendre trop à cœur et tu as vraiment envie de croire qu’elle est juste fatiguée, qu’elle veut juste fermer les yeux et s’échapper vers un repos bien mérité, mais ce n’est pas ça. Il y a autre chose et le fait qu’elle n’ose pas croiser ton regard... il y autre chose, tu ne sais pas quoi, tu n’as aucune idée de ce qu’elle ne dit pas et si tu ne veux pas la pousser à bout, tu manques de tout, de mots, d’indications sur ce que tu dois faire et comment le faire et c’est déstabilisant, de ne pas savoir. Tu ne sais pas toujours avec elle, non, pas toujours, mais tu peux toujours faire confiance à ton instinct, à ce que te dises tes tripes, et vous trouvez toujours un rythme, toujours, sans vraiment faire exprès, sans le calculer, sans planifier quoi que ce soit... ce n’est pas le cas ce soir et tu laisses échapper son prénom, un simple : "Yasmine..." pour qu’elle te fasse face et te donne un semblant d’explication, n’importe quoi pour te mettre sur la piste et n’importe quoi pour te guider dans la bonne direction, comme elle le fait si bien d’habitude.
La sonnette d’alarme arrive au prochain son produit par la brune et tu es sur tes deux pieds l’instant suivant, réalisant que oui, Yasmine vient d’éclater en sanglots et ce sont bien des larmes qui sont en train de rouler sur ses joues. "Hey, hey, viens par ici, je suis là, okay ?" Il n’y a aucune hésitation quand tu passes tes bras autour de la brune et encore moins quand tu la serres tout contre toi, probablement un peu trop fort, mais faisant de ton mieux pour la protéger de tout ce qui ne va pas et du monde tout entier s’il le faut. C’est la première fois que tu la vois dans un état pareil, tu peux l’affirmer avec certitude et tu décides aussitôt que tu détestes cela, que ce soit les pleurs ou le fait qu’elle tremble contre toi, tu ne sais vraiment pas qui est responsable ou ce qui a causé cela, mais il va devoir en subir les conséquences, ça c’est certain. Tu resserres ta prise l’instant suivant, espérant que cela soit assez pour chasser tous les mots le plus loin possible et pour réussir à la calmer. "On n’est pas obligés de parler, d’accord ? Pas obligés du tout..." Tu es plus que sincère en disant cela, ne souhaitant pas la brusquer ou pire la forcer à avouer quelque chose qu’elle ne serait pas encore prête à admettre, tu as bien appris de tes erreurs et dans la présente, tu veux juste être là pour elle. Tu hoches même la tête à tes propres mots, essayant de te convaincre toi-même, essayant de la convaincre elle et tu déposes même tes lèvres contre son front à elle, comme tu as si bien l’habitude de le faire, histoire d’éliminer toutes les possibilités. Tu restes silencieux l’instant suivant, les deux bras toujours autour de la brune, le cœur battant, tu ne dis rien mais ton esprit tourne à plein régime, tentant de trouver une raison, une explication, logique ou pas d'ailleurs... Est-ce le stress ? Trop de pression de la part des autres ou pire encore, de ta part ? Est-ce qu’elle et sa mère ont échangé des mots durs, à propos de Sohan ou même, encore une fois, à propos de toi ? Est-ce le fait de savoir que son père est toujours à l’hôpital ? Ou alors son propre séjour médical qui a sûrement dû inquiéter ses proches ? Ce serait bien le genre de Yasmine, culpabiliser car elle a montré un semblant de vulnérabilité, tu lui as déjà dit par le passé et tu n’auras cesse de le lui répéter, elle est humaine, tout simplement, exiger la perfection d'elle-même tout en sachant excuser les fautes des autres... ce n’est pas compatible et c’est un exercice qui doit être plus que fatiguant à la longue. Le silence s’étend et tu remarques avec un temps de retard que la respiration la plus lourde dans la pièce est la tienne désormais et même si tu manques de mots, tu fais un effort pour t’éclaircir la gorge et trouver quelque chose à dire, justement. Parce que c’est important pour elle, tu le sais. "Tu m’as un jour dit que ma voix t’aidait à te focaliser sur autre chose et t’apaiser donc voilà... j’espère que c’est toujours le cas, encore une fois, tu n’es pas obligée de répondre, je peux juste... te dire que je suis très content de t’avoir là contre moi, et que je ne sais peut-être pas ce qui se passe, mais je veux aider, si tu me laisses le faire.... Et si ça veut dire que je dois aller dormir sur le canapé ou attendre que tu sois prête, je le ferais sans que tu aies besoin de me le demander plus d’une fois. Je te l’ai déjà dit Khadji et c’est encore plus vrai maintenant, tu es importante pour moi, toujours et tout le temps." Tu parles, tu fais de ton mieux pour faire des phrases cohérentes, ne sachant pas où tu vas avec ton discours, mais toujours là pour elle. |
| | | | (#)Sam 14 Aoû - 11:01 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what i'll do, i'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price Yasmine ne se sentait pas armée pour vivre ce qu’elle était en train de vivre. Elle avait tendance à être dure avec elle-même, à négliger les aspects les plus admirables de sa personnalité pour mettre en lumière ceux qu’elle exécrait et qui lui donnaient le plus de fil à retordre. Elle ne s’estimait pas particulièrement courageuse ou persévérante, encore moins inébranlable face à l’adversité d’une situation aussi douloureuse que celle-ci. Elle admirait nombre de personnes qui faisaient face sans jamais faillir, se sachant trop mauvaise dans ce domaine, et presque envieuse du talent de ceux qui y parvenaient, elle nourrissait l’espoir vain de pouvoir un jour y arriver. En revanche, elle se savait abominablement sensible, et là où son anxiété était parvenue à creuser son trou au fil des années et de ses traumatismes, elle y voyait de la lâcheté qui l’empêchait parfois d’agir avec raison. Son optimisme la sauvait de manière générale, c’était là la seule vraie qualité qu’elle était apte à se trouver. Effectivement, elle était dure avec elle-même, plus qu’elle ne l’était avec les autres, et le fait qu’elle se mette à pleurer à cet instant-là, elle le voyait comme une démonstration éblouissante de son incapacité à prendre sur elle pour ne pas tourmenter les autres. Mais aussi peu tolérante qu’elle était à son égard, elle devait bien l’admettre pour une fois, elle avait dépassé ses propres limites en matière de protection de son entourage. Ça n’excluait pas sa culpabilité, aussi lancinante que ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même, et qu’elle tenta de rendre moins effrayant aux yeux d’Edgerton en dissimulant son visage dans sa manche. Seulement, elle l’avait senti monter, le sanglot qu’elle avait laissé échapper et fatalement, elle s’en voulu de ne pas être en mesure de le retenir. Edge mit peu de temps à s’approcher d’elle pour la prendre dans ses bras et lui permettre de retrouver une sérénité qui lui paraissait infranchissable. Le sentir tout contre elle, c’était l’assurance d’une sécurité immédiate, d’un réconfort qui l’était tout autant — peut-être pas maintenant, car elle sentait que quelque chose se passait dans son propre corps, que même la présence rassurante de son partenaire ne saurait rendre moins douloureuse, moins insupportable. Pour autant, elle avait besoin de ça, de savoir qu’elle n’était pas seule pour surmonter ce qu’il ignorait encore. Elle n’avait jamais douté qu’il serait à ses côtés pour l’épauler, mais il y avait une part d’elle qui ne savait pas s’il était plus armé qu’elle à ce sujet. A dire vrai, elle se souvenait de son avis tranché sur l’idée d’avoir des enfants, et du caractère visiblement indélébile de sa décision ne pas faire d’exception ; elle y avait songé à la seconde où elle avait pris sens de son état, et tachant de le rationaliser, elle avait fini par se dire que ce n’était pas si dramatique en effet. Il valait mieux perdre ce à quoi elle n’avait pas encore goûté, que ce dont elle ne saurait plus se passer, et cette pensée l’avait fait se sentir indigne du statut qui aurait été le sien si la nature n’avait pas été aussi cruelle.
Elle posa ses deux mains sur les flancs du jeune homme, y enfonçant doucement le bout de ses doigts, et se laissa emmitoufler par ses bras dans lesquels elle s’était blottie sans y penser. Se perdant dans les paroles qu’il prononça dans le seul but de l’apaiser, elle ne cessa pas de pleurer pour autant. Il n’avait pas tort, il avait le pouvoir de savoir exactement quelles intonations emprunter pour forcer ses appréhensions à reculer. Mais la situation était différente, et même si le pire était déjà arrivé — était en train d’arriver —, elle ne pouvait s’empêcher d’être terrifiée par la manière dont elle devrait lui exposer les choses. Il n’y avait pas mille façons de le faire, elle le savait, et c’était ça qui lui faisait le plus peur : de devoir potentiellement manquer de délicatesse en se montrant d’une franchise trop brute, et en employant des termes aussi cliniques que l’était la situation. Elle le serra plus fort dans ses bras, fermant les yeux au point de déceler des éclairs foudroyantes sous ses paupières serrées tandis qu’elle lui chuchotait au travers de ses larmes, le nez enfoui dans la courbe de son cou qu’elle atteignit en se hissant sur la pointe de ses pieds nus "Je veux pas que tu dormes dans le salon. Je veux que tu restes ici avec moi. J’ai besoin que tu restes ici avec moi." Fatima y trouverait à redire. Yasmine n’y pensait même pas. C’était un problème pour un autre moment, quelque chose qu’elle pourrait surmonter. Son esprit était focalisé sur autre chose, sur la sensation qui grouillait en elle et qui lui vrillait le bas-ventre, mais surtout sur l’imminence de ce qu’elle avait à avouer à Edgerton. Plus elle attendrait pour le faire, plus ce serait difficile, c’était aussi évident qu’elle descendit de sa marche de fortune pour doucement rompre leur étreinte sans pour autant le lâcher. Ses mains s’agitèrent dans un semblant de caresse le long du buste du jeune homme qui lui permirent de changer leur position, et elle posa une main sur son épaule ; elle utilisa l’autre pour chasser les reliefs des larmes qu’elle avait sur les joues. Sans ouvrir les yeux, elle resta quelques secondes sans rien dire, forçant sa respiration à trouver un rythme plus tolérable à ses yeux ; elle entendait celle d’Edge être plus lourde, elle aussi. C’était aussi difficile que de trouver les bons mots pour prendre la parole. Elle ne devait pas y réfléchir, elle devait laisser les choses filer et peut-être qu’elle se sentirait soulagée du poids atroce qui pesait sur tout le bas de son corps qu’elle sentait fébrile. Yasmine eut besoin de s’asseoir, alors elle le fit en piétinant pour trouver sa vieille chaise de bureau, laissant Edgerton derrière elle. Pas pour longtemps, puisque d’un geste de la main, elle lui demanda de s’approcher puis de s’accroupir pour qu’ils soient sur un pied d’égalité, et que leurs yeux soient à la même hauteur. Là, elle réussit à affronter ceux du jeune homme. Elle passa une main sur son visage barbu, laissant son pouce traîner près du contour de ses lèvres pendant que les siennes se réduisirent en une ligne mince. Elle ne parvint pas à parler tout de suite. Au lieu de quoi, elle remua encore, et lui prit les deux mains pour mieux les faire reposer sur ses genoux quand enfin, prenant une profonde inspiration, elle se lança doucement "Je suis enceinte." Immédiatement, elle regretta de présenter les choses de cette façon, mais la réalité des choses étaient là : elle était enceinte à l’heure actuelle, elle l’avait été durant quelques semaines, et elle ne le serait plus dans quelques heures. Ça, elle ne parvint pas à l’exprimer autrement qu’en se heurtant aux questions qu’elle voyait défiler dans le regard de son partenaire et auxquelles elle répondit par un simple signe de dénégation de la tête. Ça eut le don de lui refaire monter les larmes aux yeux, de lui confirmer silencieusement qu’il ne fallait rien nourrir de plus à ce sujet qu’une déférence polie à l’égard de la petite chose qui flottait encore quelque part en elle — plus pour très longtemps. Yasmine reprit la parole avec urgence, comme si elle devait se justifier de ce qui lui arrivait. Et ses larmes coulèrent de nouveau sur ses joues. Elle tenta de les faire disparaître, les chassant à nouveau de la main pendant qu’elle lui disait "C’est pas de le perdre qui me fait le plus de mal." Elle minimisait. Ce qu’elle ressentait, c’était plus que de la douleur, c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais connu et qu’elle ne souhaiterait jamais connaître à nouveau tant ça englobait une multitude de choses qu’elle ne réussirait sans doute pas à démêler toute seule. Aussi, elle ne savait pas agir autrement. Alors bien sûr qu’elle minimisait "C’est que j’ai pas été capable de me rendre compte de quoi que ce soit. J’aurais voulu qu’on nous laisse le choix de décider." Qu’importe la décision d’ailleurs. Cependant elle tut le sentiment de déception latent qu’elle sentait s’ajouter au reste. Elle ne s’était jamais cachée de son désir d’enfants et de la certitude, très étonnante venant d’elle, que si elle était capable de faire quelque de bien, c’était d’être maman. Elle ferma à nouveau les yeux, juste le temps d’une seconde ou deux. Et puis elle tint à lui adresser un sourire triste au travers de la dureté de l’annonce qu’elle venait de lui faire, et elle les rouvrit en posant une main sur la joue du jeune homme qu’elle fixa pour mieux saisir toutes les subtilités de la mine qu’il lui présentait "Ça va aller ?" lui demanda-t-elle soudain, son visage empruntant l’expression concernée que tout le monde lui connaissait et qui permuta en un froncement de sourcils qui durcit ses traits tant elle était fâchée contre elle-même, et contre elle-même seulement "J’ai honte de m’être rendue compte de rien. Je suis infirmière, je suis sensée reconnaître les signes, et…" Et. Elle avait été sous pression à la seconde où elle avait trouvé Amjad inconscient. Elle avait vécu un choc de plus. Elle avait eu peur pour son père. Elle n’avait pas eu le temps de grand-chose. Ce n’était pas sa faute. Facile à dire pour les autres, il lui faudrait du temps pour l’entendre sans en douter. La pause qu’elle marqua lui fut utile simplement pour faire le point sur le visage d’Edgerton qui, plus encore que d’ordinaire, prenait des allures d’ancre à laquelle elle devait être amarrée pour ne pas sombrer "Je suis tellement désolée." lui murmura-t-elle avant de se pencher pour le prendre à nouveau dans ses bras. |
| | | | (#)Mar 17 Aoû - 21:07 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what I'll do, I'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji S’il y a bien une chose que tu as apprise et retenue au cours des dernières mois passés avec la brune, c’est que vous fonctionnez très bien en tandem. Et qu’il n’y qu’en sa présence que tu retrouves un semblant d’équilibre, et que le nier ne sert strictement à rien et que cela vous fait perdre beaucoup trop de temps. Et tu as fini de perdre ton temps justement, tu veux être avec elle, et c’est tout et même si tu ne sais pas comment résoudre le nouveau problème ou effacer les larmes qui sont en train de rouler sur ses joues, tu sais que tu exactement là où tu dois te trouver, tes deux bras fermement enroulés autour de la femme que tu aimes, avec aucune intention de la laisser partir. Tu sais très bien qu’elle ne laisse jamais vraiment la détresse ou la peine l’envahir de cette façon-là, même quand tu as fini par te rendre à l’hôpital le jour où son père a été admis, même là, Yasmine s’est efforcée de garder un semblant de contrôle et elle a continué de rassurer tout le monde. Y compris toi, alors qu’elle aurait eu toutes les raisons du monde de paniquer, de se montrer anxieuse ou hésitante mais non. Face à l’adversité, Yasmine ne craque tout simplement pas devant les autres et dans ces cas-là, plutôt rare dans votre dynamique de couple, c’est toi qui dois te montrer un minimum patient, jusqu’à ce que la brune réalise qu’elle aussi, elle est humaine et qu’elle aussi ressent des émotions, comme tout le monde. C’est parfaitement normal, c’est ce que tu essayes de te dire tandis que la brune resserre votre étreinte et tu te retrouves à faire la même chose, car cela a au moins le mérite de te réveiller et de te prouver que oui, elle est bien là avec toi. Elle va reprendre son souffle, t’expliquer ce qui ne va pas, et ensemble, vous allez trouver une solution, ensemble, vous allez essuyer ses larmes et tout simplement continuer d’avancer. C’est une certitude, c’est une évidence même, la seule chose qui fait du sens là tout de suite et quand la voix de la brune s’élève, brisant le léger silence, tu te retrouves à hocher la tête, ayant déjà pris ta décision. "Okay, je reste là, je reste avec toi." Pour la rassurer elle et qu’elle sache qu’elle n’a absolument aucune raison d’en douter, vous restés ainsi, l’un contre l’autre, un moment de plus avant que Yasmine ne bouge par elle-même et que tu te retrouves à suivre le mouvement. Elle assise, toi accroupi, tu scannes son visage à la recherche d’un indice, du moindre signe qui pourrait t’indiquer la gravité de la situation, cependant, tu ne trouves que des expressions que tu ne connais pas, ne réagissant quasiment pas quand les mains de la jeune femme trouvent ton visage. Tes mains sont sur les genoux de Yasmine, le silence est étourdissant et les prochains mots de la brune le sont tout autant. Simplement trois mots et pourtant, ils apportent trop de sens avec yeux, tes yeux marrons toujours ancrés dans ses yeux verts à elle, tu es certain que tu oublies de respirer pendant une seconde ou deux, ou alors quelque chose manque, ou alors quelque chose se brise vraiment, dans une autre pièce, dans ta tête, dans ton cœur. "Tu es..." Tu n’arrives même à finir la phrase, tu ne peux pas finir cette phrase, elle parle d’un absolu que tu n’avais jamais envisagé, que vous n’aviez jamais envisagé, et enfin ton regard dérive, tombe sur son ventre, où quelqu’un prend forme. Un peu d’elle, un peu de toi... n’était-ce pas ce que tu voulais, exactement ce que tu voulais, il y a des années en arrière ? Ce que tu veux toujours, dans le fond, un désir profond, caché derrière beaucoup de portes fermées, de l’inquiétude et la peur de transmettre tes tares et tes défauts à quelqu’un d’autre ? Oui? Non ? Tu ne sais pas, tu ne sais plus, c’est trop et pas assez à la fois et le coup de grâce arrive quand Yasmine reprend la parole. La nouvelle repart aussi vite qu’elle est arrivée et avec elle un champ de possibilités, avec elle des tas de discussions qui n’ont jamais commencées, des tas de plans pour le futur que vous n’aurez pas, que vous auriez pu dans une certaine mesure avoir. Et c’est cet entredeux qui fait le plus mal, ce et si qui te donne l’impression de manquer d’air, ou alors c’est l’air qu’il y a déjà autour de toi qui est beaucoup trop lourd, quoi qu’il en soit, c’est pesant. Le reste des mots de Yasmine ne font pas plus de sens et tu te redresses sur tes deux pieds l’instant suivant, persuadé que si tu ne le fais pas, tu vas vraiment sombrer. Car c’est maintenant, pas vrai ? C’est le moment que tu redoutais tant, c’est le moment où l’eau glacée finit enfin par pénétrer tes poumons, le moment où tu sombres enfin. "Je..." Les mots te manquent, si tu n’avais pas de réponses maintenant, c’est le néant à présent.
Tu n’aurais jamais pu imaginer cela, elle enceinte ? Non, pas du tout. Elle en train de... de... de quoi au juste ? De perdre votre enfant ? La pensée est plus terrifiante et glaçante que le reste, la réalité plus frappante que n’importe quelle insécurité que tu as pu enfouir le plus loin possible pour ne plus jamais y revenir. Et le pire dans tout cela ? Le moment va passer, vous ne pouvez rien faire, tu t’en rends compte la seconde d’après, te rends compte de votre impuissance, elle comme toi, elle surtout, plus que toi. Il s’agit de son corps à elle après tout, le principal concerné dans toute histoire, et cela se passe sans qu’elle ne puisse rien faire, comment est-ce que la tête de Yasmine n’a pas encore implosé ? Tu n’en sais rien, la tienne menace de le faire à la moindre seconde, de minutes en minutes, de secondes en secondes, tu es obligé de prendre une profonde inspiration, cessant de fixer le vide, pour poser tes yeux sur la brune. C’est toujours Yasmine, en dehors des cernes sous ses yeux, ses mèches brunes un peu dérangée et ses yeux toujours embués par les larmes... on pourrait se dire qu’elle n’a besoin que d’une bonne nuit de sommeil et un repas chaud et c’est tout ? Mon dieu, je suis un idiot fini, que tu ne peux t’empêcher de penser la seconde suivante, ne comprenant pas comment tu as fait pour louper cela ou à tout simplement attribuer tout ceci à de la fatigue. "Yasmine, je..." Non, ce n’est pas le bon ton, tu t’interromps tout seul, détestant entendre le tremblement dans ta voix. Elle n’a clairement pas besoin de cela maintenant, tu la connais assez pour savoir que si tu flanches, elle va penser qu’elle doit te venir en aide et venir te sauver, alors que c’est elle qui, plus que jamais, a besoin d’attention et un peu de repos. Elle mérite mieux que cela, mieux que toi et tu ne vas pas être égoïste, décidément pas maintenant, aussi, tu fais de ton mieux pour repousser tes états-d’âme et la culpabilité qui va sûrement ne pas te quitter pendant les prochaines semaines bien loin, hochant la tête ; approuvant la décision que tu viens de prendre tout seul. Tu viens t’asseoir au bord du lit, à côté de la brune, lui prenant la main, comprenant très bien ses larmes précédentes ou la détresse dans son ton. "Tu me demandes à moi si ça va aller, c’est moi qui devrais te poser cette question-là pas l’inverse... Tu n’as pas à avoir honte de quoi que ce soit et tu n’as absolument aucune excuse à me présenter, aucune." Il y a de la résolution dans le timbre de ta voix, plus que d’être déterminé, tu es sincère, car comment pourrais-tu lui en vouloir ? Cela serait tellement stupide que tu ne le considères pas une seule seconde... la dernière discussion que vous avez eu sur votre futur à deux sous-entendait de continuer à suivre le même cap que l'année que vous avez passé ensemble. Elle t’a dit vouloir des enfants il y a des mois de cela et si elle a rencontré un mur, cela n’avait rien à avoir avec elle, et tout avec toi, et c’est totalement injuste et cruelle l’impasse dans laquelle vous vous trouvez désormais. "C’est moi qui suis désolé." Plus que jamais, tu voudrais être celui qui dit les bonnes choses au bon moment, ce ne sera pas pour ce soir et pour l'instant, tu te contentes de resserrer les mains de Yasmine dans les tiennes. Parce que vous êtes en train de perdre quelque chose de précieux, que vous n’avez pas vraiment eu et pourtant la peine est là, et c’est le genre de peine que tu ne pensais jamais ressentir un jour. Est-ce qu’on peut vraiment parler de perte ou même de manque dans ce cas précis ? Tu n’en sais rien du tout, toutes tes certitudes ont disparu, effacées par la nouvelle et par les larmes de Yasmine. "Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?" Un murmure entre vous deux, ton regard de nouveau sur son visage à elle, tu ne sais même pas à qui tu poses la question, tu ne sais même pas si tu veux vraiment des réponses ou pas. Et, tu le réalises, c’est bien la première fois que vous êtes perdus tous les deux. D’ordinaire, tu sais qu’il suffit d’un mot de sa part, ou qu’au contraire, que ce soit toi qui sois un peu plus réceptif et communicatif pour aller de l’avant, mais à cette seconde précise ? Vous êtes perdus tous les deux. |
| | | | (#)Mar 24 Aoû - 18:04 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what i'll do, i'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price "Bien sûr que je dois te présenter des excuses." Bien que douce, la protestation est immédiate et sans appel. Yasmine se décolla d’Edgerton pour pouvoir le regarder au travers des larmes qui continuaient de noyer les traits de son visage. Altérant ses expressions pour les rendre graves, à l’image de ce qu’elle venait d’annoncer au jeune homme, elle l’observa un instant, les mains toujours posées sur ses épaules, le bout de ses doigts marquant les creux musculeux auxquels elle avait pris l’habitude de s’agripper dans d’autres circonstances "Ça fait des semaines que ça dure, cette mauvaise ambiance autour de ma famille et moi, et je supporte pas que tu sois au milieu à encaisser les répercussions de tout ça." lui murmura-t-elle avec détermination. Elle eut un regard furtif en direction de la porte de sa chambre, craignant qu’ils ne soient pas assez discrets pour les oreilles de Fatima qui n’hésiterait pas à faire irruption pour les rappeler à l’ordre, et à s’emparer elle-même de l’attirail de l’invité pour lui préparer son lit avec le soin particulier accordé par la maman attentive — et excessive — qu’elle était. Encore une fois, elle estima que c’était un problème pour un autre moment, et elle se contenta de baisser davantage le ton, son visage à quelques centimètres à peine de celui d’Edge. Elle finit par poser son front contre le sien, les yeux fermés avec une force tangible dans chaque plis que formèrent sa peau sous son entreprise "C’est pas ce que je veux pour toi, surtout pas après les efforts que t’as fait pour aller mieux." Elle prit une grande et douloureuse inspiration, lâchant prise et se redressant le temps de le regarder dans les yeux sans ciller "Je veux pas être la source de ton anxiété, je veux pas que tu prennes sur toi et que tu taises ce que tu ressens pour que je me sente mieux." Résolue à ce qu’il accepte ses regrets, elle ajouta sur le même ton "Alors si, je suis désolée. Pour ça, et pour tout le reste." Et elle les sentit s’enfoncer graduellement dans la peau de ses épaules, ses doigts, tenant juste à rendre le tremblement de ses mains moins perceptible sur le moment présent, aussi mal à l’aise que forcée d’admettre combien c’était douloureux de sentir que quelque chose se passait sans qu’elle n’y puisse rien, sans qu’elle ne puisse agir et faire en sorte que tout aille bien.
Elle était infirmière, elle avait été confrontée à nombre de situations où il fallait s’avouer vaincu et laisser la fatalité faire ce pourquoi elle était faite. Elle avait consolé sans jamais promettre, elle avait épongé des larmes, du sang et pire encore en essayant souvent de ne pas trop se laisser atteindre par le sentiment d’injustice qu’elle ressentait face à l’indicible. Elle n’avait jamais su s’y accoutumer, à cette maudite fatalité et au jeu qu’elle jouait arbitrairement, et c’était pour cette raison qu’elle avait cessé de se battre avec elle et qu’elle avait quitté son poste. Mais voilà qu’elle la rattrapait de nouveau, et qu’elle était bien décidée à faire d’elle sa pire ennemie. Seulement Yasmine n’était pas douée pour la dispute. Elle savait qu’elle partait avec des lacunes que chacun lui reconnaissait, les mettant sur le compte de sa gentillesse, et dont elle ne se cachait plus depuis des années. Elle n’avait aucun moyen de contrer les plans que la fatalité avait pour elle, et ce qui pesait si lourd sur le bas de son corps devint plus dense encore. Elle sentait son coeur battre trop vite, et son abdomen se contracter sous l’épaisseur du sweat jaune qu’elle portait comme rempart fragile à tout ce qui se passait dessous. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était acculée de cette manière, et pourquoi elle représentait la proie parfaite de quelque chose d’aussi peu objectif que la malchance. Elle déglutit difficilement, sentant chaque tendons de son cou se tendre quand elle reprit la parole avec, dans le timbre de sa voix, des accents de profonde tristesse et d’incompréhension "J’arrive pas à comprendre pourquoi à chaque fois que tout va bien, et que je réussis à me dire que c’est pour le meilleur, je me fais ensevelir sous une nouvelle vague de mauvaises choses." fit-elle en lâchant Edge pour s’essuyer le visage avec sa manche, les yeux opérant un mouvement furtif en direction du plafond rempli d’étoiles phosphorescentes qu’elle se souvenait d’avoir collées avec son frère à une époque où tout lui semblait plus favorable — pour elle, comme pour lui d’ailleurs. Elle était sans doute injuste de chercher à s’en remettre à son partenaire qui, lui aussi, devait gérer la nouvelle avec une force qu’elle lui enviait, mais elle était pétrie d’une certitude plus rassurante que n’importe quoi d’autre : il était son attache, celui qui lui permettait de s’enraciner fermement dans la clarté quand elle n’y voyait plus rien. C’était le cas à ce moment-là. Elle ne jouait pas les martyres, elle ne voulait pas attirer la pitié et encore moins tomber dans les démonstrations excessive de la détresse qu’elle sentait lui harponner les entrailles avec son vilain crochet, mais elle était perdue. Ses mains retombèrent sur ses genoux, et elle soupira si fort qu’elle sentit ses épaules s’affaisser en même temps "Et à chaque fois, elle est plus violente que la première, et à chaque fois ça réduit mes chances de remonter à la surface. Je suis fatiguée. J’y arrive plus." admit-elle la tête baissée avant de la remonter pour regarder fixement le jeune homme. Figée sur le bord de sa chaise de bureau, prête à dérouler le fond de sa pensée, Yasmine marqua un temps. Elle admira silencieusement la manière dont il reprit sur lui à la seconde où il avait senti sa voix flancher, et elle se demanda, le temps de quelques secondes supplémentaires, ce qui pouvait bien lui tourner dans la tête maintenant. C’était son passe-temps favori d’ordinaire, d’être assez maline pour scruter le champ infini des choses qu’il préférait ne pas dire. C’était un travail de longue haleine de tomber sur la bonne présomption et de se montrer assez délicate pour la porter au grand-jour et la rendre moins inquiétante aux yeux d’Edge. Il était plus expansif qu’elle ne l’était sur un tas de sujets et de comportements, aussi imposant et bruyant qu’on pouvait s’y attendre rien qu’en le regardant traverser une pièce remplie de monde et dont il se détachait parce qu’il était lui, et qu’il avait cette aura, il n’en était pas moins secret à sa manière et ses états d’âme, il était passé maître en la matière pour en faire des mystères qu’elle se jugeait de plus en plus douée pour déchiffrer. Mais ici, elle n’avait pas la force de se répandre en suppositions et d’éclaircir les ombres qu’elle voyait passer sur son visage. Elle y décelait son propre imaginaire, ou une vie à trois aurait été possible si les choses avaient été différentes, et s’ils ne se s’était pas s’agit d’une mauvaise farce de la part de la fatalité. Elle ne voulait pas se perdre là-dedans, elle savait qu’elle ne s’en relèverait pas aussi facilement que si elle se contentait de considérer cette situation comme autre chose qu’une fin immédiate à laquelle il ne fallait pas vraiment réfléchir, qu’il fallait juste accepter. Elle ne voulait pas se perdre dans le déroulé douloureux d’une autre vie que celle qu’elle était en train de vivre, et qui l’aurait certes rendu plus qu’heureuse tant elle y aspirait, mais qui ne serait pas d’actualité avant un bout de temps, qui ne le serait peut-être jamais car elle devait prendre en compte les désirs de son partenaire qui étaient éloignés des siens, elle le savait très bien. Il y avait trop d’interférences subitement, et elles venaient d’elle. Yasmine finit par se lever de sa chaise pour piétiner jusqu’à son lit sur lequel elle s’assit, mettant une distance inutile entre elle et Edgerton dans le simple but de l’exempter du tableau peu réjouissant qu’elle lui offrait. Elle tenta de s’arranger en passant une main dans ses longs cheveux, mais le geste lui parut superficiel, et sa main s’échoua sur l’espace couvert entre ses cuisses et ses genoux dénudés. Elle était fatiguée, vide, et plus encore, elle était sidérée par l’amoncellement de coups du sort dont elle était la victime toute désignée. Le soulagement n’était pas venu en rapportant la nouvelle à Edgerton. Au contraire. Elle se sentait plus coupable qu’elle ne l’avait jamais été, et ça englobait tellement de petites choses que, dans l’urgence du moment, elle se sentit tributaire d’une interrogation qui n’avait pas lieu d’être tant elle était naïve, mais qu’elle laissa filer tout de même "Qu’est-ce que je fais de si mal ? C’est une question qui me tourne dans la tête depuis que t’es venu me chercher à l’hôpital. Qu’est-ce que je fais de si mal ?" Elle marqua une pause sans pour autant l’étirer pour qu’elle ne devienne pas inconfortable, et les sourcils froncés, elle reprit "Je sais que je suis pas parfaite — on l’est pas, toi et moi, mais je crois pas qu’on le mérite, vraiment pas." Et probablement qu’elle était trop sûre d’elle à ce sujet, mais la conviction était aussi palpable que la peine qu’elle ressentait, et qui devint insupportable lorsqu’il vint s’asseoir à côté d’elle et qui lui demanda ce qu’ils étaient censés faire maintenant. Yasmine lui prit la main, bataillant avec les larmes qu’elle sentait monter à nouveau et tourna la tête vers lui pour lui dire doucement "On attend que ça passe." Et prononcer à voix haute l’espèce de protocole injuste auquel ils devaient se référer, c’était plus difficile que tout le reste puisque ça rendait les choses concrètes tout en les laissant abstraites sur plusieurs aspects. Est-ce qu’elle souffrirait vraiment, physiquement parlant, au cours de ces prochaines 48h ? Est-ce qu’elle aurait besoin de se reposer et de donner le change pour ne pas attirer les soupçons et prendre sur elle ? Est-ce qu’elle en serait capable ? Est-ce qu’elle serait assez forte pour ne pas se renfermer sur elle-même et faire ce qu’elle savait faire le mieux, prendre soin des autres et mettre de côté ce qu’elle ressentait pour s’assurer qu’Edgerton ne souffrirait pas trop lui non plus ? C’est en s’interrogeant intérieurement qu’elle en vint à lui dire, gardant la main dans la sienne, mais détournant le regard pour le poser sur le cadre de la fenêtre qui surplombait son ancien bureau "Je t’en voudrais pas, si tu veux prendre l’air et t’en aller pour passer la nuit chez toi." Elle ne le sous-estimait, elle ne le sous-estimait jamais, et elle savait qu’elle pouvait compter sur lui et sur tout ce qu’il représentait pour la soutenir et la soulager. Mais c’était son rôle aussi de lui rendre la pareille, et de lui permettre d’envisager une porte de sortie si c’était trop pour lui ; c’était trop pour elle, aussi elle ne le condamnerait pas de vouloir se protéger et c’est peut-être pour cette raison qu’elle ajouta, lui faisant un aveux entrecoupé par de légers mouvements de dénégations de la tête "En fait, j’ai pas envie d’être ici non plus. Mais je sais pas où me réfugier à part dans tes bras." Et ça aurait pu la faire sourire dans un autre contexte, d’être aussi dépendante de ce qu’il lui apportait tous les jours au point d’en faire une médication en laquelle elle croyait davantage que toutes celles dont elle avait la notion en tant que soignante, mais elle ne réussit pas à étirer suffisamment ses lèvres pour faire passer tout ça pour de la malice. Au lieux de quoi, elle prit conscience de quelque chose qui fit augmenter la crampe qui perça au creux de son ventre, et qui s’intensifia quand, tournant de nouveau la tête dans sa direction, elle lui demanda à voix basse "Dans tous les cas, ici ou ailleurs, ça changera rien à la situation hmm ?" |
| | | | (#)Ven 3 Sep - 23:39 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what I'll do, I'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji Non, les semaines précédentes n’ont pas été faciles. Pour elle, pour vous, pour tous les Khadji au final et cette dernière nouvelle... c’est comme un coup de plus et tu comprends très bien que ce soit trop pour Yasmine, même pour elle, même pour elle qui a l’habitude de porter tellement de choses à bout de bras, et constamment en plus. Mais ce soir, tu vois la brune craquer sous tes yeux et tu voudrais être en mesure de faire tellement plus pour l’aider. Tu n’acceptes pas ses excuses, pas quand elle les présente une deuxième fois, cependant, tu gardes cela pour toi, ne voulant pas repartir dans un autre cycle et une conversation sans fin, elle se sent coupable, c’est un fait, tu pourrais lui donner une liste avec tout un tas de raisons valables pour lui démontrer que ce n’est pas justifié, sauf que cela serait un peu hypocrite de ta part quand tu es rongé par les mêmes démons parfois. Souvent malheureusement. Cela ne veut pas dire que tu peux mieux aider la brune ou même la guider dans la bonne direction, tu es trop perdu entre ses mots à elle, la situation, tellement que tu demeures silencieux, à court de mots vraiment, ton esprit et ton cœur prenant encore la mesure de toute la situation. Et à chaque fois que ton regard se repose sur elle, à chaque fois que tu vois l’expression sur son visage, à chaque fois que tu remarques que son regard est un peu trop vide, c’est comme si on te l’annonçait encore une fois. Elle est enceinte et elle est en train de perdre votre enfant, en ce moment même. Dans quelques heures, ou alors est-ce quelques jours, tout sera passé fini, tu devrais sûrement lui demander les détails techniques, tu n’es pas courageux à ce point en réalité, tu ne sais pas ce qui est mieux, pouvoir comprendre tout ce qui est en train de lui arriver ou ne pas avoir toutes les informations clefs. Il n’y a pas de bonne solution, c’est un problème sans fin, tu le réalises bien, tout comme tu réalises que le raisonnement de pensées de Yasmine n’est pas le bon et qu’elle n’aura pas plus de réponses si elle croit que ... que... que tout ça lui arrive pour une raison, ou parce qu’elle doit être punie ou parce qu’elle a fait quelque chose de mal. Tu ne peux pas la blâmer pour s’exprimer ainsi, à voix haute, dans un moment tel que celui-ci, mais la tristesse dans sa voix et les larmes qu’elle tente de faire disparaitre de ses joues, cela te coupe le souffle pendant une seconde, puis deux et tu finis par hocher la tête quand elle propose la seule chose qui fait du sens : attendre. Attendre et espérer que les cicatrices laissées par toute cette soirée ne soient pas trop profondes, qu’elles finiront bien par s’effacer elles aussi, et qu’elles ne continueront pas de creuser pour révéler quelque chose de plus vulnérable encore. Tu ne sais pas si tu t’en remettras, tu ne sais pas si elle s’en remettra. Attendre est une solution viable pas moins douloureuse pour autant, tu le sais, Yasmine doit très bien s’en douter et vous êtes tellement loin de votre zone de confort respective que c’est à se demander si vous n’êtes pas des personnes différentes maintenant. Peut-être un peu dans le fond, personne ne cesse vraiment de grandir, pas vrai ? Cependant, quand Yasmine reprend la parole, cela te fait l’effet d’un coup en pleine poitrine, bien placé, un peu trop bien d’ailleurs, tellement que tu dois prendre une profonde inspiration, ta main rompant le contact avec celle de la brune. Vos regards se croisent, tu n’as jamais cessé de fixer ses yeux verts en réalité et tu laisses échapper un simple : "Je sais que tu essayes de prendre en considération ce que je ressens mais..." avant d’hocher négativement la tête pour appuyer ton propos. Mais c’est la pire chose qu’elle puisse dire maintenant, parce que la promesse que tu lui as faite en Février dernier s’applique toujours et qu’elle t’a bien fait comprendre que mettre de la distance entre vous deux n’était pas la bonne chose à faire. Alors quoi ? Elle t’accorde un temps-mort, un joker en quelques sortes, juste pour cette fois-là ? Juste pour ce soir ? L’idée est complètement ridicule, insultante dans un certain sens et tu demandes si elle s’attend à ce que tu acceptes son offre et que tu disparaisses de sa vue, pour la soirée. Et quoi ensuite ? Faire comme si son sort ne te concernait pas ? Hors de question, que tu penses l’instant suivant, prenant une autre inspiration pour tenter de trouver les bons mots. "Ne me repousse pas, pas maintenant, s’il te plaît, surtout pas maintenant..." Pas quand tout est aussi incertain, pas quand tu ne sais pas de quoi cette nuit-là ou la prochaine sera faite, surtout pas maintenant.
Aussi tu ne bouges pas pendant la minute qui suit et tu ne pars pas, tu ne rentres pas chez toi, tu ne veux pas lui donner raison et ensuite, tu n’as pas envie de partir. Tu es peut-être perdu, blessé dans un sens, dévasté dans une certaine mesure, mais l’idée de la laisser toute seule en proie à toutes ces émotions, ces doutes et sa propre détresse... Non, cela n’arrivera jamais, Yasmine Khadji est la femme que tu aimes, tu le lui as dit, à elle et à elle seule, uniquement elle, pas à une autre et si elle pense que c’est quelque chose que tu prends à la légère, elle se trompe sur toute la ligne. "Tu ne me dois pas d’explications et d’une certaine façon, tu viens de m’en fournir une." Ton propre ton est légèrement détaché mais tu es bien là, bien présent dans ce moment, cette soirée que tu ne risques pas d’oublier de sitôt et qui sera une autre date importante dans votre relation. Tout est un peu trop brute, ton propre souffle, la lumière dans la pièce qui est trop brilliante, ta propre voix... tu es là et il n'y a aucune échappatoire. "Ce n’est pas de ta faute Yasmine, okay ? Malgré ce que tu as l’air de penser et je sais que c’est difficile de prendre du recul sur toute la situation, surtout maintenant mais s’il y a bien une chose dont je suis certain là tout de suite et dont je serais toujours certain, c’est que ce n’est pas de ta faute." Tu te rapproches d’elle la seconde suivante et ne sachant pas quoi faire d’autre, quoi faire de plus, lentement et doucement, tu effaces les dernières larmes de ses joues avec tes pouces. Le geste est solennel, presque et tu prends ton temps pour essuyer les larmes et retracer les lignes de son visage, pour être certain de bien mémoriser son expression. Tu déposes un baiser sur son front et l’instant suivant tu es en train d’arranger ses mèches brunes, tu n’as pas envie de te lever pour aller t’emparer de sa brosse à cheveux, tu devrais vraiment, pour le moment, tu te contentes de ranger ses cheveux dans une natte assez simple avant de t’emparer de ses deux mains. Tu te laisses tomber à genoux devant Yasmine, plaçant les mains de la brune sur tes épaules l’instant suivant, hochant de nouveau la tête. "On attend que ça passe." Tu répètes les mots de Yasmine, espérant la rassurer de la sorte au final et quand tu t’empares une nouvelle fois d’une de ses mains, c’est pour la poser là où se trouve ton cœur, toujours en la fixant. "Et ça va passer, peut-être pas ce soir, ou demain, ou le jour d’après, ou même le jour suivant, je ne dis pas que ça va aller mieux non, ce sera juste différent." Tu n’as que ton expérience à offrir et le poids que tu portes déjà sur tes épaules, rien de plus, rien de moins. Il y aura des jours où tout ira bien, des jours où tout ira mal, cela ne va pas devenir plus facile, peut-être qu’elle pensera toujours à ce soir, peut-être que cela toujours présent dans son esprit, mais au moins, les jours passeront, au moins, ça ne sera pas pareil. "Tu sais la nuit où j’ai été admis à l’hôpital ?" Non, tu n’aimes pas en parler, avec elle, avec ta thérapeute, avec qui que ce soit, l’incident, trop mémorable et en même temps pas assez, a été rangé loin. Pas assez loin pour que tu sois complètement dans le déni à propos de cette soirée-là, mais assez pour savoir qu’il vaut mieux tourner la page. "Dans un sens, je ne me rappelle de rien avant mon réveil au St Vincent et parfois j’ai des moments de lucidité et je me souviens de tout. Et je ne me souviens pas d’avoir paniqué, j’étais étrangement calme avant qu’on me trouve et je me suis dit que j’étais exactement où je devais être. Je ne pensais pas qu’on allait me trouver, je ne pense pas que je voulais qu’on me trouve." Tu n’es pas censé dire tout ça à voix haute, tu le sais que cela n’a rien de particulièrement réconfortant dans la présente, c’est la vérité, un souvenir qui continue de te hanter mais qui ne t’empêche pas pour autant de vivre. "Sauf que c’était cette nuit-là, pas ce soir... ce que j’essaye de dire, de manière très maladroite, c’est que tu as le droit d’être fatiguée, tu as le droit de ne pas avoir toutes les réponses, tu as le droit de trouver tout ce qui t’arrive est complètement injuste et dans un sens ça l’est mais..." Mais vous êtes là tous les deux ce soir, ça ne fait pas de sens, ce qui lui arrive ne fait pas de sens et elle aura beau observer le problème sous tous les angles, toute la nuit s’il le faut, elle n’aura pas plus de réponses. Tout ce que tu sais c’est qu’il y aura un après et tu sais que Yasmine est assez forte pour l’après justement, si elle est fatiguée, alors tu seras là pour elle, tu la porteras à bout de bras s’il le faut et tu le répéteras au moins dix fois par jours que ce n’est pas de sa faute et qu’il continuera de lui arriver des bonnes choses. Tu feras toujours en sorte que ce soit le cas. "Mais rien ne me fera partir, on est une équipe, okay?"Pour le meilleur et pour le pire, que tu penses l’instant suivant.
Dernière édition par Edge Price le Lun 20 Sep - 13:17, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 9 Sep - 11:54 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what i'll do, i'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Edge Price Il y avait trop de choses qu’elle ressentait en même temps, et elle qui était si sensible à ses propres émotions, souvent trop fortes, elle se retrouvait à devoir faire le tri entre tout ce qui se passait dans son coeur. Ça le faisait gonfler si fort qu’au bout d’un moment, elle redouterait de le sentir éclater dans sa poitrine. Il y avait déjà la fêlure de la nouvelle que lui avait annoncé le docteur Parker qui fragilisait le tout, et parce c’était encore trop tôt, elle savait qu’elle ne la colmaterait pas tout de suite et que peut-être, elle la laisserait graduellement s’étendre avant de faire quelque chose et de la soigner pour de bon — de se soigner pour de bon, d’une manière ou d’une autre. Elle ne devait pas traiter qu’avec ses émotions qui plus est, et le temps d’un instant, elle ne sut plus ce qu’elle devait dire ou ne pas dire. Et ce fût davantage le cas quand elle comprit que d’une certaine façon, elle avait heurté Edge en lui assurant qu’elle ne lui en voudrait pas s’il voulait prendre la tangente pour aller faire le point sur ce qu’il ressentait lui aussi. Elle s’en voulait déjà assez pour ne laisser l’occasion à personne de lui en vouloir aussi, et ses larmes redoublèrent quand, de plus en plus démunie, elle lui dit d’une toute petite voix qui laissait percer non seulement sa lucidité vis-à-vis de l’idiotie de sa proposition, mais aussi tout l’abattement que lui imposait son état présent. Elle était aussi épuisée qu’on pouvait l’être "Je sais pas comment gérer tout ça, je sais pas quoi dire pour que ça soit moins terrible à vivre pour nous deux." Elle commençait à avoir horriblement mal au ventre, et la sueur froide qu’elle sentit naître sous l’épaisseur de son sweat, le long de sa colonne vertébrale ainsi que sur son front, à la bordure de cette masse de cheveux ondulés qui pesaient trop lourd sur ses épaules, elle la rendit de plus en plus mal à l’aise dans son propre corps qu’elle détestait encore plus qu’elle ne l’avait déjà fait dans le passé. Yasmine leva une main, qui retomba mollement une fois de plus, en même temps qu’elle ajoutait "C’est la première fois pour moi aussi tu sais." Soudainement, elle se mit à redouter autre chose, et c’était l’éventualité que ce ne serait peut-être pas la dernière. Pas en partant du constat qu’ils manqueraient de nouveau de vigilance, encore qu’elle avait la certitude que si elle était tombée enceinte, c’était encore une fois de la faute à pas de chance et non parce qu’ils étaient de jeunes irresponsables qui prenaient la contraception par-dessus la jambe. A vrai dire, ils étaient aussi prudents qu’on pouvait l’être après plus d’un an de relation, et la passion avait beau être présente, ils n’en restaient pas moins conscients des risques, et avec plus de clairvoyance depuis qu’il était évident qu’ils ne couvaient pas les mêmes envies à propos du fait de devenir parents. Non, c’était autre tout autre chose qui s’imposa à elle. Il y avait dans son entourage des cas de fausses-couches à répétitions. La pensée était paralysante, assez pour qu’elle sente ses muscles se raidir, se transformant en de douloureuses crampes qui s’ajoutèrent à celle qu’elle ressentait dans son ventre, et sa respiration se couper. Yasmine ne fût plus là pendant quelques longues secondes, le regard perdu au milieu des détails inaltérables de sa chambre d’enfant. Si elle commençait à penser à tout ça maintenant, elle ne s’en sortirait pas, c’était une certitude qu’elle réalisa quand Edgerton la fit revenir sur Terre par des gestes plus intimes que tout ceux qu’il avait eu envers elle depuis qu’ils s’étaient remis ensemble. Elle ne l’empêcha de rien, au contraire, elle se raccrocha à sa tendresse avec une volonté aussi farouche que lui permettaient ses petites forces à ce moment-là. Son regard se ranima pour se perdre dans celui du jeune homme qu’elle fixa en se demandant comment il faisait pour garder les idées claires. Il prenait le temps de la rassurer quand elle-même sentait le talent qu’elle avait pour cette discipline s’étioler tant elle se sentait meurtrie au plus profond de son être. Elle n’était capable que d’une chose, c’était de se fustiger pour ce qui était en train de se passer, et malgré les efforts de son partenaire pour lui faire entendre qu’elle n’y pouvait rien, que ça passerait effectivement, elle ne réussit pas à ne pas le contredire à nouveau à ce sujet, et elle murmura avec une urgence décelable dans le fond de ses iris imbibée de larmes "Peut-être que ça l’est pas. Je sais dans le fond que ça l’est pas. Mais là maintenant, je suis pas en mesure de penser à autre chose qu’aux deux derniers mois où j’étais convaincue que tout ce qui m’arrivait, tout ce que je ressentais dans mon corps, c’était dû à mon anxiété, et seulement à mon anxiété." La main qu’Edge lui avait prise pour la poser sur son coeur, elle la récupéra pour la poser sur son propre abdomen où elle ressentait quelque chose de désagréable, d’une vivacité étonnante quand on savait qu’il n’y avait en fait plus rien à sauver. Elle continua sur le même ton, ses yeux se fermant très fort à mesure qu’elle déroulait ce qui lui passait par la tête "Parce que j’ai l’habitude, parce que je suis toujours sur le qui-vive et que ça m’a même pas étonnée de m’écrouler cet après-midi à l’hôpital. J’ai trouvé ça normal alors que ça devrait pas, Edge." Elle se tut brusquement, puis s’essuya le front avec sa manche en répétant à nouveau, plus pour elle-même que pour lui en vérité "Je suis infirmière. Je suis sensée reconnaître les signes." Et puis elle rouvrit les yeux. Même s’il n’y en avait quasiment pas eu, de signes, elle aurait dû s’attarder sur celui qui avait été le plus évident, et ne pas le considérer comme un gage de normalité tant il avait fait partie de sa vie ces cinq dernières années. Depuis qu’elle était rentrée du Niger, elle avait eu tendance à traiter son angoisse comme un élément primaire de son fonctionnement émotionnel, alors qu’il représentait à peu près tout ce qui lui gâchait l’existence depuis qu’elle avait fait sa toute première crise de panique. Ça suffisait, il fallait qu’elle cesse de se considérer maîtresse de tout ça quand en vérité, elle en était prisonnière.
Comme elle était prisonnière du nouveau traumatisme qu’elle connaissait à cet instant, et qui une fois de plus, la fit se perdre dans ses propres pensées alors qu’Edgerton reprenait la parole. Elle posa ses yeux sur son visage, suivant les mouvements de ses lèvres qu’elle fixa dans l’espoir de mieux saisir ce qu’il laissait échapper en même temps qu’elle se raccrochait au timbre de sa voix qui, pour elle, avait toujours agit comme un antalgique assez efficace pour apaiser ses maux et ses doutes. Mais elle n’était plus là, elle flottait trop haut au-dessus du sol pour se sentir connectée aux paroles du jeune homme ; et de nouveau, elle s’en voulut sévèrement. Elle cligna des yeux pour mieux faire le point sur les siens "Je suis désolée. J’arrive plus à… à penser correctement." Avec un temps de retard, Yasmine essaya de le suivre, elle essaya de comprendre où il venait en venir, mais elle ne réussit qu’à se dire qu’elle n’avait pas envie de repenser à son passage aux urgences du St-Vincent maintenant. Elle se pencha vers lui pour le prendre dans ses bras et le serrer plus fort qu’elle ne l’avait jamais fait. Ce n’était sans doute pas assez, ses propres muscles opéraient une résistance tant ils étaient anesthésiés par tout ce qui se passait, mais elle était bien décidée à les obliger à se plier à sa requête ; qu’importe si ça lui faisait mal de solliciter le moindre nerf de son corps endoloris, qu’importe si elle se sentait éreintée rien que dans l’action de le serrer tout contre elle, et qu’elle avait peur qu’il perçoive à quel point son coeur lui faisait mal tant il battait à tout rompre, le sentant pulser là où il n’aurait pas dû, au creux de son ventre qui se contractait chaque seconde de plus en plus fort… il y avait une énergie chez Edgerton qui l’atteignait assez pour la faire remonter à la surface quand elle était immergée là où personne d’autre que lui ne pouvait l’atteindre. Elle fourra son nez dans son cou, et ferma les yeux au point d’être assaillie par l’apparition d’éclairs lumineux désagréables, et elle sentit ses larmes former une brume opaque là où elle avait enfoncé son visage qu’elle finit par relever, une main posée sur celui du jeune homme qu’elle regarda "J’ai autre chose à te dire." lui chuchota encore, comme si elle ne se sentait pas assez gaillarde pour lever la voix plus que ça ; et c’était le cas d’une certaine manière, la totalité de ce qui formait ce qu’elle était étant devenue un ectoplasme de souffrance, physique et morale, qu’elle essaya de rendre moins évidente en ne rompant pas le contact avec son partenaire qu’elle rassura en prolongea sa phrase "J’ai l’échographie et les conclusions du médecin dans mon sac." fit-elle simplement avant que ses yeux ne se baissent, le temps de reprendre sa respiration "J’ai pas envie d’y revenir ce soir. Mais si toi t’en as envie, je t’en empêcherais pas." Elle ne savait pas si c’était une bonne idée qu’il le fasse, elle ne savait pas non plus si ça lui ferait du bien, mais elle ne voulait pas lui retirer ce choix-là. Il n’apprendrait rien de plus que la datation exacte de sa grossesse, et il ne verrait rien qu’un point clair au milieu d’un espace qui redeviendrait complètement vide dans quelques heures. Aussi la décision lui revenait, et elle ne le retiendrait pas de faire ce qui le rendrait plus apte à accepter tout ça. Elle opina du chef, un peu machinalement, et puis après une longue minute à le fixer avec aussi bien de l’empathie que de l’amour profond et sincère, elle lui fit de nouveau la même confession "Je veux pas être ici." Dans sa chambre d’enfant, à contempler les heures qui les séparerait de l’inévitable tandis qu’elle sentirait son corps accuser le coup de quelque chose qu’elle n’avait pas venu venir ; pourquoi se sentait-elle si affectée alors ? Elle fit glisser ses mains du visage d’Edge à ses épaules, et lui demanda avec précaution "On… on pourrait aller quelque part ? Faire un tour ? Juste rouler. N’importe où. Ça m’est égal." affirma-t-elle avec un nouvel acquiescement pendant qu’elle répétait, ses yeux humides trouvant les siens "Je veux juste pas être ici. Si ma mère se rend compte de quoi que ce soit, je vais pas réussir à lui mentir, et c’est pas le bon moment… elle a pas besoin de ça, elle non plus." ajouta-t-elle après un regard furtif vers la porte. Elle lui dirait, plus tard, quand elle aurait la certitude d’avoir retrouvé ses esprits, et de supporter la déception qu’elle verrait naître dans ses yeux quand elle comprendrait qu’à elle aussi, on lui avait retiré quelque chose à laquelle elle avait aspiré une bonne partie de sa vie. Cette perception des choses, elle fit remonter les larmes aux yeux de Yasmine qui, dans une inspiration profonde et douloureuse, reposa ses yeux sur son partenaire vers qui elle s’inclina de nouveau pour pouvoir accoler son front au sien. Ses mains remontèrent le long de son cou pour s’arrêter sur son visage qu’elle tint doucement entre ses mains tandis qu’ils étaient proches "Ça va aller ?" lui demanda-t-elle à nouveau, ressentant le besoin qu’il le lui assure que ce serait le cas. Pour tous les deux. |
| | | | (#)Lun 20 Sep - 13:16 | |
| ≈ ≈ ≈ {here's what I'll do, I'll take care of you} crédit/(ssoveia) ✰ w/@Yasmine Khadji Les yeux ancrés dans ceux de Yasmine, tu n’es certain de rien. Tu ne sais même pas si tu as réussi à la rassurer un minimum, ou même l’apaiser ou juste réussi à faire quoi que ce soit... Tu ne sais même pas de quoi vont être faites les prochaines minutes maintenant que tu y songes, ou le lendemain, ou le jour d’après, ou le jour d’après... Tu n’en sais rien et si ce ne pas savoir ne t’a jamais effrayé par le passé, le sentiment est bien différent dans la présente et on est bien à des lieux ce que tu ressens en règle générale quand tu es aux côtés de la brune. Et pourtant tu étais sincère il y a quelques minutes de cela, tu l’es toujours, tu veux toujours être là et ce même si Yasmine pense que c’est trop dur ou trop affreux à accepter, à encaisser, que ce soit pour toi ou pour vous deux d’ailleurs. Elle a sans doute raison, ce n’est pas ça que tu remets en cause, mais tu ne vois pas ce que la solitude pourrait t’apporter à cet instant, pas du tout et cela est encore plus apparent quand elle reprend la parole et qu’elle s’excuse encore une fois... Elle n’est pas vraiment là, et tu ne peux même pas la blâmer, tu le vois dans son regard, tu le vois dans l’expression qu’elle a sur le visage et elle te le confirme et tes mots précédents ont sûrement dû lui échapper. Très probablement. Totalement. Vous avez beau être proches physiquement, dans sa chambre, sauf que Yasmine est plus loin que jamais, que les rôles sont presque inversés dans un sens et que tu es celui qui se demande ce qui se trame derrière ses yeux verts et comment faire pour l’ancrer de nouveau dans la réalité. Et le souci, c’est que tu ne sais même pas si tu devrais le faire, tu ne sais même pas si tu devrais dire à la brune de se concentrer sur uniquement ce soir et voir le reste plus tard. Qu’est-ce qui te dit que c’est la bonne méthode à employer pour soigner ce maux-là en particulier ? Et ce n’est pas que physique, tu en as parfaitement conscience et tu finis par prendre une autre inspiration te redressant légèrement pour de nouveau t’asseoir à côté d’elle et lui prendre les mains, et tenter de quoi... reprendre le contact avec elle ? Quelque chose comme cela. Elle a autre chose à te dire, et avec la nature des nouvelles ce soir, tu ne sais même pas si tu es prêt, mais à quoi bon... c’est déjà une nuit que vous n’allez pas oublier, qu’est-ce qu’un poids en plus pas vrai ? "Hmmm ?" Que tu répliques simplement, signe qu’elle a ton attention et non, encore une fois, pour la troisième fois ce soir, tu n’étais pas préparé pour les mots de Yasmine, pas préparé du tout et quand ta partenaire tente encore une fois de deviner ce que tu pourrais avoir envie de faire une situation pareille, elle se trompe lourdement, elle est aux pieds du mur et tu es derrière. A te demander si c’est la même personne à côté de toi ou si tu es tout simplement en train de rêver éveillé. Encore une fois, tu n’en sais rien, tu décides de ne pas te concentrer sur ce nouveau sentiment de malaise que tu peux sentir naitre dans ta poitrine mais sur les nouvelles informations qu’elle te donne. "Okay." Un simple mot, cela ne t’engage à rien et comme elle a dit, les résultats sont dans sa possession et tu, vous pouvez toujours y revenir plus tard. Tu es plus que perdu, ne sachant pas ce qui est mieux entre avoir une preuve tangible ou rester dans le flou sur ce sujet précis. Qu’est-ce que ça changerait d’avoir une véritable preuve ? Ce n’était pas comme si tu ne la croyais pas, oh tu la crois, la détresse sur son visage est lisible et si l’air est beaucoup trop lourd c’est bien pour une raison, il y a quelque chose qui a changé, avec elle, avec toi, tu serais bien incapable de le décrire avec des mots tant cela est profond, sauf que c’est là. C’est une nouvelle réalité, c’est votre réalité désormais, elle vous enveloppe lentement et sûrement, probablement pour des raisons qui vous échappe, probablement pour toutes les mauvaises raisons et le peu d’assurance que tu avais sur le fait que vous pouvez absolument tout surmonter, commence à s’effriter de secondes en secondes. Une partie de toi, la plus égoïste, aucun doute là-dessus, aurait voulu une réponse de la part de Yasmine, sur demain, sur vous deux, un signe, un geste, n’importe quoi pour t’indiquer qu’elle t’a bien entendu... Oui c’est totalement égoïste, tu t’en rends bien compte, tout comme tu sais qu’elle ne te doit rien du tout, absolument rien du tout, que de vous deux c’est elle qui souffre le plus, mais regarder depuis le côté n’est pas plus facile et la regarder se perdre sans pouvoir rien faire n’est pas plus juste. Oui, c’est cela qui te cloue le plus sur place en fait, c’est que tu ne ne peux rien faire pour lui faire remonter la pente, que rien de ce que tu ne diras ne va ramener à la vie ce que vous avez perdu ou vous donnez une chance d’aborder tout ceci un peu plus sereinement. Vous manquez déjà de temps en fait, vous l’avez perdu sans savoir que ce dernier était en train de passer. Aussi, quand elle exprime son désir de partir, tu comprends que c’est plus littéral qu’autre chose, tu hoches automatiquement la tête. Parce qu’honnêtement ? Tu n’as envie pas d’être ici non plus. Tu hoches la tête quand elle parle de Fatima et tu te souviens, l’information était rangée dans les tréfonds de ton esprit, que vous n’êtes pas seuls et que sa mère à elle n’a pas certainement pas besoin qu’on lui apporte d’autres mauvaises nouvelles.
Tu reprends ton souffle quand le front de la brune est collé contre le tient et quand vos regards se croisent de nouveau, sa question te fait l’effet d’un coup de poignard. La réponse est un non évident, mais la vérité n’aidera personne à cette instance et tu refuses de lui mentir, parce que tu ne sais pas et que tu n’as pas envie d’ajouter quoi que ce soit qui pourrait être mal interprété ou être mis de côté. Ce sera pour plus tard que tu penses avant de répondre un simple "Okay." pour exprimer ton accord et ton envie de partir également. Si elle compte ajouter quoi que ce soit ou te poser la question de nouveau, tu ne lui en laisses pas l’occasion, déjà sur tes deux pieds, déjà debout, déjà à la recherche de ta veste et de tes clefs de voiture, parce que cela ne fait plus aucun doute que vous n’allez pas passer la nuit ici. Ici ou sur la route, qu’est-ce que ça changera ? Tu n’auras toujours pas les bonnes réponses. "Allons faire un tour... Juste rouler..." Tu reprends les mots de Yasmine une fois ta veste sur les épaules et tu agites les clefs de ta Mustang, pour faire signe que plus rien ne vous retient vraiment ici. Cela n’a jamais été le cas de toute façon... Tu la laisses ouvrir la marche, il s’agit de la maison dans laquelle elle a grandi après tout, pas loin du tout derrière elle, prenant soin de refermer la porte de sa chambre derrière vous et de regarder par-dessus ton épaule. Au cas où Fatima Khadji aurait le sommeil léger. Ce n’est pas le cas et si tu laisses Yasmine fermer la porte à clefs derrière vous, tu en profites pour déverrouiller ton propre véhicule et ouvrir la porte du côté passager à la brune et si vos regards se croisent de nouveau, tu n’ajoutes rien, ne sachant toujours pas quoi dire. En fait, le silence est brisé uniquement au moment où tu trouves ta place derrière le volant, que tu allumes le moteur et que l’autoradio vient prendre sa place dans la nouvelle scène qui se dessine sous tes yeux. Il est tard, la chanson est beaucoup trop joyeuse et tu n’as même pas la force de baisser le volume, te disant que quelque part, ailleurs, vous êtes en train de chanter à tue-tête sur un refrain que vous connaissez tous les deux par cœur. Pas ce soir, décidément pas maintenant et si pendant les premières minutes du trajet, tu vas automatiquement et instinctivement chez toi, tu finis par te raviser et tu effectues un demi-tour particulièrement serré, pas ta meilleure manœuvre vraiment, avant de prendre la direction opposée, en dehors des limites de la ville et en dehors de Brisbane. Aller chez toi ne ferait que raviver d’autres souvenirs, pas douloureux du tout, non, tout le contraire, de tous les bons moments, passés dans ta demeure, certains qui vous ont même guidé là ce soir. Quand vous quittez vraiment Brisbane, tu jettes un bref coup d’œil à Yasmine, ayant plus qu’envie de lui retourner sa question et savoir si ça va justement. Mais non, tu connais déjà la réponse de toute façon, il n’y a rien de magique et votre position ne détermine pas vraiment ce qui se trame dans son cœur ou dans le tien, quitter Brisbane ne lève pas le voile sur les heures écoulées et ne rend pas les précédentes moins amères. Mais elle voulait rouler et vous roulez, vous filez sous un écran de nuit noir et dans un silence plus qu’ahurissant et surtout pour vous, et peut-être que tu aurais pu continuer pendant des kilomètres comme cela, sauf que quelque chose s’empare de toi quand tu finis par apercevoir une station de service. Vous empruntez la prochaine sortie et enfin le véhicule perd de la vitesse et vous vous arrêtez enfin, près d’un panneau beaucoup trop lumineux et une pompe à essence. Ton réservoir est plein, plus que plein, rien n’indique ce stop et pourtant tu détaches déjà ta ceinture, lâchant un simple : "Je reviens." en direction de Yasmine. Tu n’as pas besoin de sortir, tu le sais, tu pourrais juste continuer de rouler et tenir la main de la brune, tu le sais, et même en posant tes yeux face à la station et la petite boutique qui s’y trouve, tu te dis que peut-être tu es sorti pour acheter quelque chose, n’importe quoi, ou même pour utiliser les toilettes, sauf que tu sais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas, pas quand tes pas te guident dans la direction opposée, pas quand tu finis par arriver aux limites de cet air de repos, fixant le paysage les deux mains posées sur la rambarde en métal, plus que froide pour le coup. Cela ne fait pas de sens, partir t’apporte toujours des réponses, pas ce soir, pas maintenant : tu ne sais pas quoi faire, que tu penses l’instant suivant, tu ne sais pas quoi faire pour faire en sorte que tout cela soit un peu moins affreux et pour récupérer ce que vous avez perdu, tu n’es sûr rien. Tellement pas que tu te dis que tu es en train de rêver, c’est la seule explication, quand tu sens des larmes rouler sur tes joues... La seule explication. |
| | | | | | | | (priadji) here's what I'll do, I'll take care of you |
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